Pars vite et Reviens tard - Fred vargas - Versus littéraire

Un peu de repos dans ce monde à 200 km/h. Y a-t-il plus grand plaisir que de lire et relire son livre de chevet ? Parle-nous donc ici de tes coups de coeur littéraires, ainsi que de tes BD & Comics favoris.

Modérateur : Ero-modos

Arakasi
Gennin
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Pars vite et Reviens tard - Fred vargas - Versus littéraire

Message par Arakasi »

Pars vite et reviens tard
de Fred Vargas.
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Couverture édition chemins noctures:
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Couverture édition poche:
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Résumé :

Sur une petite place parisienne le père Joss ancien marin breton à la retraite clame les dernières nouvelles entouré d’une foule de passants parisiens ravis et intrigués. Mis au chômage après avoir copieusement tabassé le propriétaire de son navire, L a trouvé un travail incongru pour terminer ses vieux jours.
Amis parisiens, venez tromper votre ennui et votre flemme légendaire en venant écouter le dernier « crieur » de France!

Le père Joss crie toutes sortes de messages, tendres, intéressés, loufoques ou totalement absurdes, parfait moyen pour les doux dingues de la capitale de se faire entendre du grand public et de tromper un instant leur solitude :
« Marie, je t’ aime, retrouve-moi au café à 5 heures ! »
« 5 kilos de patates à échanger contre 3 kilos d’aubergines ! »
« Baiser comme des phoques et n’emmerder pas votre prochain ! »
« Faites l’amour, pas la guerre ! »
« Dans la nature, on oublie trop souvent le pouvoir extraordinaire de la courge ! »


Un jour pourtant, le ton des messages change brutalement.
On ne parle plus d’amour, ni d’aubergines, ni d’angoisse existentielle, les messages se font grinçants, sinistres, presque menaçants, sous les mots cultivés et distingués perce une véritable malveillance. Quelqu’un sur la petite place remplie d’habitués est consumé par une haine tenace et prend plaisir à l’exhiber au grand jour.
« Quand les animaux qui vivent dans les profondeurs des galeries souterraines abandonneront leur habitat naturel, quelque chose est en marche et qui va bientôt émergé."

Les passants frissonnent puis se désintéressent de la question. On ne peut tout de même se préoccuper de tous les déments qui encombre les rues de Paris, n’est-ce-pas ? Et celui-ci finira bien par se lasser de son jeu malsain et inutile.
Ils ont tort et la menace ne tarde pas à se préciser. Dans plusieurs quartiers de Paris, une main malveillante à tracer sur les portes d’appartements une large croix de peinture blanche et sous elle trois mots :
« Cito, longue, tarde ».
Vite, loin, longtemps.
Pars vite et reviens tard.

Un vent de panique souffle sur Paris, le public crie au scandale, accuse les médias, la police, le gouvernement. La peur enserre de la capitale.
Car il s’agit bien de la Peste.
Le Fléau de Dieu. La Mort Noire. Une maladie vieille de plusieurs siècles, surgissant soudain des profondeurs de l’Histoire et terrifiant toute la capitale, car rien n’est plus terrible que les peurs ancestrales, celles qui demeurent ancrées dans la conscience des peuples, prêtes à ressurgir à tout moment. Une maladie qu’un dangereux dément assoiffé de pouvoir est bien décidé à remettre au goût du jour.

Quelques jours plus tard, on découvre un premier corps, le corps noirci et le visage déformé par une grimace de terreur. Le Fléau est libéré. Puis un second. Un troisième. Un quatrième. Les victimes n’ont aucun lien entre eux, ne se sont jamais croisés de leur vie, mais pour une obscure raison la maladie semble les avoir pris pour cible.

Pour contrer cette étrange menace, la brigade criminelle sont enquêteur le plus singulier. Brouillon et intuitif, désinvolte et lent, génial et flegmatique jusqu’à en être parfaitement exaspérant, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg s’élance (mais dans le calme et la nonchalance, s’il vous plait) à la poursuite du propageur de peste.
Une enquête qui le conduira loin dans le cœur des hommes où fourmillent d’hideuses vermines : vengeance, haine, jalousie, cruauté…





Avis personnel :

Fred Vargas nous plonge dans un univers inhabituel et fascinant, à la fois proche de nous et étrangement décalé, fourmillant de personnages amusants et insolites. Inutile de le préciser, la grande force des romans de Vargas se situe dans cette galerie de personnages très hétéroclites, tous plus fascinants et plus attachants les uns que les autres.

On fait avec plaisir la connaissance du Père Joss ex-marin bourru, batailleur et chaleureux, reconverti dans une profession aussi improbable que réjouissante, de Décambrais, ancien instituteur à la retraite, trompant son ennui en jouant les conseiller en « choses de la vie » et en espionnant ses voisins de pallier, d’un médiéviste survolté et d’une ancienne prostitué reconvertie en cuisinière à domicile.

Et dominant tous ces charmants hurluberlus : l’inoubliable Adamsberg.
Adamsberg, le brouillon. Adamsberg, le nonchalant. Adamsberg reboutonnant ses habits sur le lieu d’un meurtre ou se promenant en bras de chemise sous une pluie torrentielle. Adamsberg, le lent, le rêveur, se promenant d’un pas un poil hasardeux sur les chemins du crime, sous le regard oscillant entre exaspération et émerveillement de son adjoint Danglars. Adamsberg et sa dangereuse douceur. Adamsberg, toujours hésitant, toujours vacillant, tentant de rassembler ses idées en fuite pour résoudre une dangereuse affaire. Adamsberg, l’indifférent. Adamsberg que la belle, la douce Camille tente de nouveau de fuir, effrayée par son trop mouvant, trop fluctuant et bien trop inconstant amant.
(Oui, je l’avoue, j’adore ce type. Et alors, hein ?)

Dans ce monde brouillon et tapageur, vient se greffer une intrigue d’une surprenante noirceur. Le coût de génie de l’auteur étant d’avoir fait resurgir l’une des plus vielle peur de l’humanité : une maladie médiévale, spectre terrifiant revenant d’entre les morts pour venir hanter le monde contemporain.
On se laisse prendre au jeu et avec tous les personnages, on tremble face à cette menace d’outre-tombe, impitoyable et imparable, car prétendument divine.

En conclusion, un superbe roman policier passionnant, mais possédant également une dose non négligeable d’humour noir ou léger. Une de mes références du moment, je dois l’avouer.




EXtraits:
Dés que possible, j'espére pouvoir les mettre demain.





L’auteur (« rendons à César, ce qui est à César » comme disait l’autre):

Médiéviste et spécialiste de la peste (si ! si ! si !) de son état, Fred Vargas s’est rapidement essayé à la littérature policière.

Fred Vargas est née à Paris en 1957 d’une mère scientifique et d’un père intellectuel, véritable encyclopédiste humaniste, comme elle se plait à le décrire.
Fred est le diminutif de Frédérique.
Vargas est son nom de plume pour les romans policiers, pseudonyme emprunté au nom d'artiste peintre de sa sœur jumelle, Jo, choisi en référence à Maria Vargas, rôle tenu par Ava Gardner dans La Comtesse aux pieds nus.
Jo, sa première lectrice, tente d’effacer les doutes qui assaillent parfois sa sœur. Passionnée par les fouilles depuis sa plus tendre enfance, Fred passe son bac et se lance dans des études d’Histoire. Elle s'intéresse à la préhistoire, puis choisit de concentrer ses efforts sur le Moyen Âge. Elle devient archéologue médiéviste. La personnalité et l'enseignement de son père ont tenu un rôle déterminant dans sa formation. Éprouvant le besoin de se trouver une autre occupation que son travail, elle s’essaie à l’accordéon sans grand succès. Finalement, en 1986, elle publie son premier roman policier ou « rompol », comme elle qualifie elle-même ses œuvres. En 1996, on décerne le premier prix du festival de Cognac à son premier roman, Les jeux de l’amour et de la mort, (éditions du Masque). En 1992, elle rencontre la maison d’éditions Viviane Hamy, qui deviendra son éditeur attitré.
Une similitude est certaine entre sa profession de tous les jours, et le roman policier: l'empreinte et l'enquête. Et c'est au tour de ses personnages de fouiller et de gratter derrière l'apparence des choses. Dans ses polars, Fred Vargas recherche avant tout le son des mots. « Un livre, c'est aussi une construction musicale », dit-elle pour justifier ses fantaisies verbales. Elle compare le polar à une tragédie grecque : « Il doit servir à mettre en scène le bien et le mal, à parler du monde qui est le nôtre pour atténuer nos angoisses. »
Fred Vargas mère d’un petit garçon vit à Paris.

Bibliographie :
• Les Jeux de l’amour et de la mort. Éd. Originale, 1986 / Le Masque, 1997. (Prix du festival de Cognac)
• Ceux qui vont mourir te saluent. Éd. Originale Viviane Hamy, 1987. / J’ai lu, 2001.
• Debout les morts. Éd. Originale Viviane Hamy, 1995. / J’ai lu, 2000. (Prix Mystère de la critique 1996)
• Un peu plus loin sur la droite. Éd. Originale Viviane Hamy, 1996. / J’ai lu, 2000.
• L’Homme aux cercles bleus. Éd. Originale Viviane Hamy, 1996 / J’ai lu, 2002.
• Sans feu ni lieu. Éd. Originale Viviane Hamy, 1997. / J’ai lu, 2001.
• L’Homme à l’envers. Éd. Originale Viviane Hamy, 1999. / J’ai lu, 2002. (Grand Prix du roman noir de Cognac 2000)
• Les quatre fleuves. Éd. Viviane Hamy, 2000. (Prix Alph-Art du meilleur scénario au festival d’Angoulême 2001)
• Pars vite et reviens tard. Éd. Viviane Hamy, 2001. (Prix des libraires)
• Petit Traité de toutes vérités sur l’existence. Éd. Viviane Hamy, 2001. (Essai où se mêlent la philosophie et l'humour, l’amour et le désamour, la guerre, la distraction, le politique.)
•Coule la Seine. Éd. Originale Viviane Hamy, 2002 / J’ai lu, 2004. (Recueil de trois nouvelles)
• Critique de l'anxiété pure. Éd. Viviane Hamy, 2003.
• Salut et liberté, Éd. J'ai lu 2004.
• Sous le vent de Neptune. Éd. Viviane Hamy 2004.
• La Vérité sur Cesare Battisti. Éd. Viviane Hamy 2004, collection Bis (poche).
• Dans les bois éternels. Éd. Viviane Hamy 2006, collection Chemins nocturnes.





Voili, voilou ! ^ ^
J’ai peu d’espoir de voir ce livre gagner le versus, mais il était de toute façon grand temps qu’une rubrique sur Fred Vargas soit créée (et je lui devais bien ça !). En espérant vous avoir donné envie de lire le livre, parole de moi, vous ne le regretterez pas !



Oh et deux mots sur le film au passage, sorti cette année au cinéma: un sabordage, mes pauvres amis, un sabordage...
D'un roman policier décalé et amusant, les scénaristes ont fait un triller classique et franchement décevant pour tout fan qui se respecte.
Dommage...
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bourrinos
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Message par bourrinos »

J'avais vu le film mais pas lu le livre, et je m'étais bien fait chier. Mais tu me donnes envie de laisser une seconde chance et je vais lire le bouquin.
http://one.piece.trad.free.fr/ : Nouvelle adresse, même qualité

"Qu'est-ce qui est le plus inquiétant pour les valeurs françaises? Trois filles qui portent un foulard et qui finissent par l'enlever ou bien le fait que tous les jours des millions d'enfants voient des dessins animés japonais où on s'entretue." S.Royal

Mme Royal [a interrogé] Mme Fukushima sur la condition des femmes au Japon et avait considéré que le problème pouvait venir de l'impact des mangas (Asahi Shimbun)
istari
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Message par istari »

Je trouvais le début de ton résumé assez intrigant .. Mais je trouve l'histoire de la Peste véritablement décalée... Et du coup .. je me désintéresse un peu de l'apparition de la maladie ...

Je ne juge pas ici le livre car je ne l'ai pas lu.. je juge le résumé (qui est celui qui me donnera ou non l'envie de lire le livre)

De plus si le résumé est ainsi, le livre doit en prendre un peu la couleur... à une moindre mesure :/
Peut être en dit-il trop et qu'il aurait du se limiter au fait que des gens sans lien meurent subitement...

Dommage aussi que tu juges le film aussi mal :/ J'aurais bien voulu voir le long métrage pour me faire une idée avant d'entamer le livre :)
Au moins je tente de noter le nom de l'auteur dans un creu de ma tête =P
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sevee
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Message par sevee »

Je connaissais de nom mais je suis passée à côté du phénomène. Certainement parce que ce sont plutôt les couvertures argentées que noires qui m'intéressent...

A la lecture de cette présentation, ça donne vraiment envie de le lire, mais en même temps, ça a un petit côté redondant...

Dans les policiers du moment, soit on a droit aux enquêtes historiques (aux temps médiéval ou de l'Angleterre victorienne...) soit on a droit aux polars contemporains qui verse dans l'histoire (par le biais d'un tableau, d'un livre, ou ici d'une maladie) avec des meurtriers illuminés. Est ce que Pars vite et reviens tard se distingue des autres du genre et en quoi ?


Tous les livres de Vargas mettent ils en scène le commissaire Adamsberg ?
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Arakasi
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Message par Arakasi »

Pour répondre à Sevee,
Pars vite et reviens tard (comme la plupart des Vargas) se distingue plus des autres policiers contemporains par la façon originale dont le récit est mené et par le traitement de ses personnages que par l'intrigue elle-même.
Tous les protagonistes sont des types un peu décalés, un peu perdus, mais plein de fantaisie. On est trés loin des personnages stéréotypés du roman policier classique.
Tout le monde n'accroche pas à la lecture des romans de Vargas et c'est compréhensible. Il faut un certain temps d'adaptation pour accepter leur aspect un peu décalé mais une fois qu'on est bien plongé dans l'histoire, c'est réellement jouissif! :grin:

Et non, Adamsberg n'est pas le seul personnage principal des romans de Vargas et n'apparait pas dans tous les romans (même si je continue à lui garder une affection toute particuliére ^ ^, un flic pareil, on aurait presque envie d'y croire...).

Dans une autre série de romans de Vargas (débutant par Debout les morts), les enquêtes sont menées de façon plus ou moins chaotique par un vieux flic pourri, flanqué de trois historiens loosers, chômeurs et pathologiquement célibataires: Marc le médiéviste hyper-nerveux, Lucien le spécialiste de la grande guerre sous amphétamines et Mathias l'impertubable "chasseur-cueilleur" spécialiste de la préhistoire.
Et vous savez quoi?
C'est fou ce que c'est bon pour le moral! :grin:
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Jainas
Jounin
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Message par Jainas »

Le chasseur-cueilleur... yeah
C'est vrai que les évangélistes (ainsi surnommés en raison de leurs patronymes bibliques) sont tout à fait géniaux dans le genre personnages décalés... Ils font d'ailleurs une apparition dans Pars vite et reviens tard d'ailleurs.
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