Sang et cendres

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Tayuya
Gennin
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Message par Tayuya »

...

J'en ai marre.

Non franchement, je t'assure j'en ai marre.

...

Mais nom d'un chien c'est pas humain d'écrire comme ça, ça devrait même être interdit par soucis envers le moral des autres fanficeurs :lol: rah, je suis presque écoeurée...

¨Parce qu'en même temps, j'aime tellement cette histoire que je ne pourrais me résoudre au meurtre, fût-il virtuel :roll:
Arakasi, Arakasi... que dire que dire... bof nan tu le sais déjà t'façons.

Excellent, vraiment. Toujours ce réalisme qui vous prend aux tripes (c'est fou mais j'ai toujours l'impression de dire la même chose... c bon signe à 18 ans, ça ?)
Le passage sur Kakashi était génial ; comme a dit lebibou le "mes gosses !" était... ouah ^^
Super mention pour Musachi toujours aussi... lui. Ce perso me fait trop rire.

Fin bref, à l'instar de mes deux confrères c'estune façon détournée de dire que j'ai beaucoup aimé et que tu dois te dépêcher de mettre la suite ;-)
Jainas
Jounin
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Message par Jainas »

Le passage avec Musachi était particulièrement exceptionnel... Avec sa manière d'engueller Kakashi tout en masquant plus o moins que de le voir dans cet état lui fout un sacré coup au moral...
Musachi considéra quelques secondes l’homme évanoui, les sourcils froncés, se demandant si une nouvelle séance de gifles s’imposait, depuis quand Kakashi était marié et où diable pouvait bien être le rapport avec Gai et la flamme de la jeunesse.
A la réflexion il décida de renoncer aux coups et entreprit de détacher les doigts crispés du jounin de son uniforme.
Non, franchement, que veux-tu ajouter de plus ?

Ho, si, une chose... Ha mes aieux, le jokari... :lol: ;-)

Quand a notre Oro national, c'est assez étonnant de le voir comme ça. La fixation que tu fais sur la description de ses mains donne l'impression qu'il est totalement fébrile. En colère oui, mais je ne suis pas tout a fait certaine que la rage absolue chez lui se traduirait de cette manière...

Et le pauvre, mine de rien ça doit lui faire tout bizard de se retrouver sans bras droit... :roll:
Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Vous me haissez tous alors? :cry:
Moi je vous adore ^ ^

Je ne sais pas si vous pouvez sentir les ondes d'affection déclenchées par vos commentaires via Internet mais je vous assure qu'elles existent!

Yep Oro is back et il ne va pas tarder à venir chercher des poux à Ohira et co. Il est peut-être effectivemment assez nerveux mais on peut dire qu'il a de quoi être légérement déstabilisé: effectivement depuis le temps qu'il se traîne ce pauvre Kabuto, il doit se sentir bien seul (plaignons le, plaignons le... :lol: ) et il a quand même un futur corps lâché en pleine nature et en grand danger de destruction imminente.
Et puis il paraît que les reptiles n'aiment pas beaucoup le froid... :roll:

C'est gentil de faire l'effort de me faire des review assez longues ;-)
Ca donne du coeur à l'ouvrage et cela me stresse égalemment car maintenant j'ai la trouille de vous décevoir.
Cette fic me stresse... Ce n'était pourtant pas fait pour bon sang!
Se faire plaisir, faire plaisir aux lecteurs, pfiouuuuu... ^ ^

Jainas:
re PS MDR le jokari... Pas de flash back en noir et blanc sur la plage ?
:lol:
Je me demandais si tu ticquerais ^ ^
On cherche une comparaison pour faire sourire le lecteur et tiens! on se rappelle un film drôle mais passablement idiot que l'on a vu la veille...
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Kydash
Chunnin
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Message par Kydash »

Ton Musachi sombre de plus en plus dans la carricature et la décadence et ce n'est pas pour me déplaire. (En fait, mon Petit bras dans l&o etait prévu pour fonctionner comme ca mais j'ai un peu changé les plans).

Dans l'ensemble, je n'ai plus à faire mon chieur professionnel car je suis enfin satisfait.
(bon j'ai des corrections et un chap a finir moi =>)
Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Un chapitre qui a pris un peu plus de temps que d'habitude, mais j'ai un peu coincé par moment et j'ai été traversée par une phase de flemme foudroyante, assez vite passée ceci-dit.
Je viens de me taper deux heures de relecture, je sais, je sais, je ne suis pas trés rapide, pov'de moi...

Comme d'hab', une trés bonne lecture!


CH19 : Pauvre petite sotte.




Un filet de feu courait le long de sa peau.
Sasuke pouvait le sentir serpenter sur son visage et sa nuque, couvrir son dos et ses omoplates humides de sueur. Le jeune déserteur n’avait besoin d’aucune lumière pour deviner que la marque vampirique rongeait à nouveau son corps, s’étendant comme une lèpre, dévorant ses bras et ses jambes. Le métal froid contre lequel il s’appuyait était un soulagement, un baume glacé mais apaisant.
Il s’enjoignit au calme, serra les dents dans la pénombre.
Tu peux la contrôler. Tu le peux.
Tu l’as déjà fait.
Desserre les poings, ferme les yeux, respire, respire. Pas de haine. Pas de colère.
Oublie. Oublie pour un instant.
Le vide. Le vide apaisera ta douleur comme il l’a toujours fait.

Mais la colère ne s’en alla, ni la souffrance et du sang coula de ses paumes écorchées. Il leva ses mains invisibles dans l’obscurité, commença à lécher machinalement le sang qui en couvrait les ongles avant de s’arrêter avec une grimace dégoûtée. Un réflexe qui ressemblait bien trop aux habitudes du Serpent. Ce maudit reptile pervers goûtait la saveur du sang, du sien comme celui des autres. Il avait même semblait-il développé un penchant tout particulier pour celui de son jeune élève.
Un frisson le traversa, frisson qu’il aurait bien voulu pouvoir imputer au froid réfrigérant qui transformait ses membres aux plomb, gelant le sang dans ses veines malgré la chaleur de la marque. Mais ce n’était pas le froid qui le faisait grelotter, pas seulement.
Une ombre de sourire désabusé glissa sur ses lèvres. Sasuke avait sa fierté mais n’avait jamais été homme à se cacher des vérités désagréables, du moins si l’on exceptait un certain jour et un certain combat trois ans plutôt, un combat qu’il avait été incapable d’achever, incapable de mener jusqu’à son issue finale et tragique… Mais c’était une autre histoire, une autre époque et il avait mûri depuis, avait appris ce qu’il en coûtait d’hésiter, de faire des concessions.
Mûri toi?
Amusant… Ce qui explique probablement ta position actuelle :désarmé, l’estomac aussi vide qu’une bourse de mendiant, prisonnier comme un ours en cage, le dos en sang, perclus de crampes, en train de te faire bouffer de l’intérieur par la marque d’un reptile mégalomane. Brillant, réellement brillant ! Et tellement… Tellement digne d’un noble descendant de la famille Uchiha…

Sasuke grinça des dents, puis finit par lâcher un ricanement bas. Oh oui, en vérité il avait belle allure le fameux descendant des Uchiha ! Et il devait avoir assurément l’air bien redoutable ainsi recroquevillé dans son coin, faible et aussi inutile qu’un nouveau-né. L’idée lui vint qu’il avait d’une certaine façon réussi à échapper aux poursuites d’Orochimaru et son rire redoubla emplissant de ses éclats sinistres l’étroite prison de fer. Le vieux fou n’aurait jamais son corps pour la bonne raison que ledit corps ne serait plus qu’un monceau de chairs sanguinolentes avant la fin du voyage. La brûlure de la marque augmenta soudain comme sensible et indignée de son hilarité. Le jeune homme grogna sourdement et posa son front contre ses genoux repliés. Un brusque cahot le fit basculer et son dos blessé heurta une paroi, lui arrachant un nouveau grondement plus rageur que douloureux.
Orochimaru n’abandonnerait pas la partie aussi facilement, pas après trois ans d’entraînement intensif et sa marque perdurerait jusqu’à la mort de son créateur. Il existait bien entendu un autre moyen de s’en débarrasser…
Allez mon garçon, tu as le choix !
Que préfères-tu ? Donner ton corps en pâture à un fou furieux assoiffé de puissance et accessoirement en quête de l’immortalité ou te faire dépecer vivant par un hurluberlu non moins cinglé pour les dieux seuls savent quelle raison…

En vérité, il y avait vraiment de quoi rire.
Et quelqu’un se mit bel et bien à rire.
Un rire clair, franc et joyeux mais où résonnait une note désagréable et discordante. Un rire s’éleva, à moitié étouffé par l’épaisseur du métal, dura quelques secondes avant de mourir dans un murmure. Le premier son extérieur qu’il entendait depuis le début de son enfermement. Sasuke se rencogna dans un coin de la cage, ignorant de son mieux une nouvelle série de chocs qui lui lancinèrent les muscles ainsi que les battements désordonnés de son propre cœur. Perdus entre les ombres, deux yeux gris inflexibles semblaient le toiser, flottant à la limite de sa vision.
Un goût amer lui tapissait la bouche.
Qui n’était du ni à la peur, ni à la honte, ni même au souvenir repoussant des mains blanches et maigres du sanin caressant son visage, de sa langue chatouillant son menton.
Mais au souvenir de deux noms murmurés.
Kakashi Hatake et Sakura Haruno.


* * * * * * * * * * * * * * * * * * * *



Ne pleure pas.
Une shinobi ne pleure jamais. Ne s’humilie pas.
Même face à la peur, à la souffrance, à la mort de tes amis. Tu ne pleureras pas.
Ils en tireraient trop de plaisir.

Mais c’était difficile, bien plus difficile que tout ce qu’elle avait pu imaginer jusqu’à là : retenir l’eau traîtresse qui lui montait aux yeux, serrer les dents, lutter contre les sanglots qui menaçaient de la submerger, encaisser sans broncher chaque coup, chaque moquerie imbécile, chaque regard concupiscent. La démonstration mémorable d’Ohira avait bien éloigné les mains indiscrètes mais n’avait pas pour autant découragé ses ravisseurs. La fille était bien jolie et nul ne pouvait blâmer un brave homme harassé de se rincer discrètement l’œil. Marcher était un supplice mais Sakura se prit rapidement à redouter les courtes poses où la horde de maraudeurs ne tardait pas à se chercher des divertissements plus excitants que la partage de quelques coupes de mauvais saké. Ohira semblait se moquer éperdument de ces pratiques et avoir complètement oublié la présence de sa jeune prisonnière. Ce dont elle ne se plaignait pas :l’idée d’être forcée d’endurer injures, coups et obscénités sous le regard narquois de cet homme lui retournait l’estomac.
Les mercenaires se livraient à un certain nombre de jeux, montrant en la matière une imagination étonnante. L’un des plus populaires avait été celui de la «garce noyée» qui consistait à poser en équilibre sur la tête de la prisonnière une petite coupe remplie à déborder de saké, puis à lancer avec une habilité plus ou moins prononcée diverses armes de jet, shurikens, kunais, voire d’autres projectiles plus hétéroclites mais tout aussi tranchants dans le but de trancher une mèche de cheveux roses ou d’entailler une joue pâle. Celui qui parvenait couper la plus belle mèche remportait la manche. Au moindre mouvement de la jeune fille, l’alcool se renversait, lui inondant le visage, brûlant ses yeux comme du vinaigre, l’aveuglant pour plusieurs longues minutes.
Malgré son succès, le jeu avait pris fin assez rapidement. Suite à un lancé particulièrement hasardeux qui avait laissé une longue marque ensanglantée sur la gorge de Sakura, un ninja aux cheveux clairs presque gris de saleté qui s’était contenté de regarder la partie d’un œil renfrogné avait fait remarquer d’un ton rogue que le pauvre couillon qui aurait la malchance de couper une oreille à la gamine se verrait assurément arracher oreilles, yeux et tête par la même occasion par le patron dés que celui-ci serait rentré de sa ballade. L’atmosphère s’était soudain refroidie et chacun s’était trouvé une occupation pressante à accomplir.
Faute de mieux, ils se livraient pour l’instant au jeu intitulé « Taquiner la gueuse pour voir quand elle se déciderait à chialer ». Assis en demi-cercle autour de la jeune fille, les hommes se faisaient passer de main en main une lourde ceinture cloutée puis chacun à son tour en cinglait brutalement le visage de la kunoichi. Le jeu était accompagné de force rires et commentaires obscènes qui redoublaient à chaque fois que la ceinture arrachait un fragment de vêtement à sa tunique déjà endommagée. Sakura serrait les dents à s’en briser les mâchoire, encaissait encore et encore, foudroyant ses tourmenteurs du regard. Une erreur, elle le savait bien. Son mépris et son défi ne pouvaient que les irriter. C’était des larmes qu’ils voulaient voir, des larmes et des gémissements de douleur, des supplications et des prières. A défaut de ne pouvoir la chevaucher, ils voulaient la voir geindre sous la douleur.
Mais elle ne baisserait pas les yeux, pas devant cette meute de chiens errants. Je préférerais encore crever. Non. En fait je préférais les voir crever tous. Tous jusqu’au dernier.
Sakura se demanda brièvement entre deux gifles quelle réaction auraient pu avoir Naruto et Kakashi-sensei s’ils avaient eu l’occasion de la voir dans cette situation. Elle ne la connaissait que trop bien. Naruto aurait hurlé, agoni les mercenaires d’injures, se serrait jeté sur eux de tout le poids de sa rage pour l’arracher à mains nues s’il le fallait de leurs griffes. Il les auraient réduits en pièces, réduits en lambeaux sanglants, le petit Naruto aux grands yeux rieurs. Et Kakashi-sensei ? Lui n’aurait rien dit, aurait peut-être à peine froncé le sourcil, crispé les mâchoires mais quelque chose en elle pressentait que l’explosion de sa fureur n’aurait presque rien eu à envier à celle de son élève.
Et Sasuke ? Qu’aurait-il fait, Sasuke ?
Aurait-il regardé tout cela d’un œil glacé et indifférent, le regard que l’on réserve à une étrangère, à une moins que rien, à une ennemie ? Une partie d’elle-même refusait de croire un telle chose, tandis que l’autre la craignait sourdement. Elle voulait croire, elle avait besoin de croire qu’il aurait… Qu’il…
Ah, saleté ! Saleté de bâtard d’Uchiha ! Si seulement tu pouvais aller te faire voir, toi et ta stupide vengeance ; me foutre au moins la paix dans ces circonstances. Ou venir à mon aide. Revenir. Revenir auprès de moi. Oh, Sasuke…
Inattentive, elle ne vit pas venir la gifle suivante. Le sang jaillit de sa joue entaillée par la boucle aux bords rendus acérés par l’usure. Un des hommes jura avec énergie tandis que les autres s’esclaffaient bruyamment. Le coup avait été mal donné et n’aurait du occasionner qu’un bleu s’il n’avait pas frappé la visage de la jeune fille en oblique. De l’argent changea de mains. Sakura résista avec difficulté à l’envie pressante de sauter à la gorge des joueurs pour leur arracher la glotte à coups de dents.
Tu n’arriverais qu’à t’étaler sur le ventre. Et ils riraient. Ils riraient à s’en tenir les côtes.
L’un des mercenaires détourna les yeux et interpella un de leurs compagnons qui émergeait de l’arrière d’un rocher, le pas un peu hésitant.
« Hé Yarua ! beugla-t-il. Viens tenter ta chance, mon vieux ! La p’tite pute a bien appris ses leçons, la moitié de ma paie qu’t’arrives pas à la faire brailler ! Viens, merde ! »
L’intéressé lui jeta un regard vide et s’essuyant la bouche d’un revers de main, s’éloigna en chancelant. Sakura eut le temps de reconnaître l’hommes aux cheveux blonds et au regard morose qui avait rabaissé l’enthousiasme de ses compagnons lors des jeux précédents. Livide à présent, il semblait avoir du mal à se tenir debout. Elle distingua une matière marronnasse qui souillait l’avant de sa tunique et de son pantalon. Des excréments ou du vomi…
« Putain de pète-sec, grommela l’autre faisant circuler la ceinture. Pas capable de s’amuser. Et un trouillard avec ça, bon qu’à se chier dessus à…
- Uko s’est fait zigouiller, l’interrompit son voisin. Ca a de quoi vous retourner les tripes un frère qui se fait zigouiller sous votre nez. »
Il surprit le regard de la chuunin, cracha au sol et brandit l’épaisse lanière :
« Kest’ce tu regardes, sale petite putain ?! T’en veux encore ? Dis-le qu’t’en veux encore ! »
Sakura se raidit dans l’attente de la douleur tandis que la ceinture fendait l’air en sifflant semblable à la queue d’un fouet. Elle la vit s’abattre, ferma les yeux au dernier moment de peur d’être aveuglée.
Aucune morsure. Pas de douleur.
Juste un claquement sec et sonore, suivi d’un lourd silence.
Ohira arracha la ceinture étroitement enroulée autour de son poing de la poigne pétrifiée du ninja, s’en claqua avec désinvolture la cuisse.
« Quelle regrettable manque d’inventivité, gloussa-t-il. Alors qu’il est possible de se livrer à d’autres activités tellement plus divertissantes avec ce genre d’ustensiles. Si vous y tenez, je peux facilement vous faire une démonstration… Un volontaire ? »
Il dénuda brièvement ses dents blanches dans un sourire vorace. Les mercenaires se répandirent en remerciements embrouillés avant de se souvenir d’un feu à allumer et d’un abri à construire en toute urgence.




Ohira s’inclina vers la jeune chuunin :
« J’imagine que pas plus que la dernière fois vous n’avez l’intention de me remercier, mmmh ?
- Plutôt me faire foutre par la moitié vos bâtards galeux, cracha-t-elle. Sommes-nous vraiment obligés d’en passer par tous ces simagrées ? Peu vous importe ce qui peut m’arriver et moi je n’ai qu’une envie, celle de vous voir au diable. »
Nullement décontenancé, Meiyamoto Ohira redoubla de gloussements :
« Savez-vous que vous avez un langage incroyablement ordurier pour une si frêle jeune fille ? Et un sacré courage également. Digne élève de Tsunade-san semble-t-il…
- Vous ne savez rien de Tsunade-sensei ! »
Cette fois-ci, l’homme éclata ouvertement de rire et s’assit souplement en tailleur devant elle, toujours en proie à l’hilarité.
« Crois-tu ? s’amusa-t-il passant au tutoiement. Je l’ai tenu entre mes cuisses ta sensei. Et tu peux me faire confiance, elle a aimé ça. Je l’ai fait gémir et hurler de plaisir comme une chienne en chaleur. Tu refuses de me croire ? Je te jure que c’est vrai. Si tu le souhaites, je peux te donner plus de détails… Par exemple, elle possède une assez belle cicatrice juste en dessous du téton droit et elle aime oh… particulièrement que l’on lui lèche cette cicatrice en descendant vers la naissance du sein pour…
- Assez ! »
Sakura détourna les yeux, déglutissant avec peine. A tout prendre la présence des mercenaires et leur jeu stupide étaient peut-être mille fois préférables à ce genre de discussion. Ce n’est pas vrai ! Il ment ! Il tente de te déstabiliser mais il ment, il ne peut que mentir. Tsunade-sensei n’aurait jamais… Jamais…
« Je… n’ai pas besoin d’en entendre davantage.
- Ce en quoi tu as tord, répliqua Ohira. On ne devrait jamais négliger de s’instruire et n’était-ce pas toi qui souhaitais mettre fin aux simagrées ?
- Vous êtes répugnant, murmura la kunoichi, le cœur au bord des lèvres. Un assassin, un tortionnaire, un monstre. Espèce… Espèce de démon ! »
Un court instant, elle crut qu’Ohira allait derechef s’esclaffer mais un changement soudain se produisit dans la physionomie de l’homme assis au sol. Les sourcils noirs se froncèrent et pour la première fois, l’autre la dévisagea avec sérieux et une froide perspicacité. Au bout de quelques secondes, il se remit à sourire mais d’un sourire singulièrement macabre, presque un rictus. Les yeux gris plus acérés que des lames de rasoir posèrent sur elle un regard de noir mépris, tandis que leur propriétaire laissait échapper un ricanement rauque.
« Démon ? » éructa-t-il.
Un frémissement dans le regard d’acier où elle crut voir danser fugitivement une flamme écarlate. Il dévoila ses dents qui lui firent un instant l’effet de crocs étincelants, les crocs brillants et aigués d’un carnassier, de quelque gigantesque fauve prés à jeter sur elle pour déchirer ses chairs et se repaître de ses entrailles palpitantes. Au lieu de cela, Ohira lâcha un petit rire mais il aurait aussi bien pu s’agir d’un grognement.
« Démon… Voilà qui est amusant. Moi, je suis un monstre ? Un démon ? »
Sakura tenta de reculer sous l’haleine brûlante de l’homme qui se penchait sur elle, se sentit défaillir et ne dut la conservation de son équilibre qu’à la main qui lui saisit durement le bras. Elle retint un hoquet de douleur. Des éclairs sanglants semblaient traverser les yeux étrécis de Meiyamoto.
« Petite sotte, gronda-t-il. Pauvre petite sotte. Je suis un tortionnaire ? Un assassin ? Remarque je ne nie aucune de ces accusations, elles sont toutes pleinement justifiées mais tu oublies tout de même un petit détail. Je ne suis pas le seul.
- Je… Je vois pas de quoi vous voulez parler. Je n’ai jamais connu… Aucun être de votre espèce ne serait admis dans mon village, nos chef ne le permettraient pas. »
Un aboiement rocailleux :
« Ah ! Parlons en de ton village ! Parlons en de tes chefs. Beau ramassis d’hypocrites tous autant qu’ils sont. Ne pas perturber la jeunesse. Protéger nos enfants, les pauvres petits innocents. Mentir donc. Car ils vous ont menti. Ils vous ont menti à tous.
- De quoi…
- Le portrait craché de Tsunade effectivement, ricana-t-il. Tout aussi obtuse. Voyons petite sotte, fais un effort. Est-ce moi qui ait ravagé Konoha il y a quinze ans de cela ? Est-ce moi qui ait abattu vos murailles et brûlé vos maisons ? Est-ce moi qui ait tué vos pères et éventré vos mères ? Fauché vos hommes et vos enfants ? Ensanglanté vos rues ? »
Les yeux soudain emplis de larmes amères, Sakura lutta pour calmer sa respiration et les battements hystériques de son cœur. Elle avala sa salive, réussit à balbutier :
« Kyubi est mort. Le Yondaime l’a tué. »
La remarque déclencha la féroce jubilation d’Ohira.
« Parce que tu crois qu’un démon cela se tue aussi facilement ? Kyubi n’est pas mort. Il a été scellé, rendu inoffensif, du moins c’est ce que ces imbéciles se plaisent à croire. Depuis des années il rôde parmi vous et vous êtes trop aveugle pour vous en rendre compte.
- Qui… ? »
Elle n’avait pas voulu poser la question mais le mot avait franchi ses lèvres avant qu’elle n’en prenne conscience. Qui ?
Ohira laissa échapper un reniflement dédaigneux :
« Pourtant pas bien difficile à deviner. Qui a toujours été exclu, rejeté et brimé ? Qui n’a jamais eu droit aux mains d’une mère, aux sourires d’un ami ? Qui ? Allez encore un effort, petite sotte, je suis sûr que t’en doutes. Il ne peut en être autrement. »
Incapable d’en supporter davantage, Sakura ferma les yeux et ressentit une violente bouffée de haine contre elle-même et sa propre faiblesse quand un liquide fluide commença à couler sur ses joues. Il ment. Il n’a jamais cessé de mentir. Je sais. Je sais qu’il ment. Je le sais.
Au bout d’un instant, elle entendit Ohira lâchait un curieux petit rire. Quand elle releva le regard, cils empoissés par les larmes, il la considérait avec un léger sourire, toute tension évaporée. Mais le mépris perdurait dans les yeux froids à nouveau amusés. Meiyamoto se remit debout, lui jeta un dernier bref regard où se mêlaient sarcasme et indifférence.
« Tsss tsss… Quand je te disais qu’il ne fallait jamais négliger une occasion de s’instruire. En fait, ajouta-t-il avec une dernière grimace moqueuse, tu devrais peut-être songer sérieusement à me remercier. Ce voyage risque fort de se terminer assez abruptement pour toi mais, crois-moi gamine, tu aurais vraiment fait une shinobi exécrable, beaucoup trop émotive. C’est pitié que de t’achever maintenant. »
Et sur ces mots il l’abandonna, jetant un ordre à l’intention d’un brigand désoeuvré.
Sakura enfouit son visage entre ses genoux relevés, convulsée de sanglots qu’elle n’osait laisser entendre, le cœur déchiré par le doute.
Il ment… Oh Naruto, il ment…



* * * * * * * * * * * * * * * * *


Recroquevillée sur le sol, jambes ramenées contre la poitrine, la jeune chuunin n’avait pu trouver le sommeil. Les hommes l’avaient jeté au sol à quelques distances du feu de camp et la chaleur des flammes n’atteignait pas sa position reculée. Elle tentait de son mieux de réchauffer ses membres engourdis puisque personne ne semblait se soucier de lui apporter une couverture ou juste un peu de nourriture. Peut-être aurait-elle du attirer l’attention, prier qu’à défaut d’un peu de chaleur on lui apporte un quignon de pain, une gorgée d’eau. Mais elle n’aurait réussi qu’à s’humilier en vain.
L’une des deux sentinelles agenouillées auprès du feu partit d’un rire éraillé.
Qu’ils crèvent tous.
Son regard haineux et désespéré glissa sur les corps endormis que l’on devinait affalés sur le sol à peine effleurés par la lueur des flammes. Certains trop pauvres pour s’offrir une paillasse dormaient à même le sol gelé enroulés dans d’épaisses couvertures. De temps en temps un ronflement sonore s’élevait du groupe, suivi de grognements et de grincements de dents assourdis. Une heure ou peut-être trois ou quatre auparavant, elle n’aurait su le dire, un homme avait poussé un hurlement affolé dans son sommeil réveillant ses compagnons paniqués et faisant sauter en l’air les sentinelles. L’importun avait été bourré de coups de pieds et couvert d’insultes. Puis le silence s’était rétabli à nouveau, uniquement interrompu par les murmures des sentinelles et les soupirs des dormeurs.
Un silence profond, lourd de craintes et de tension que ne troublait nul bruit nocturne. En tout autre lieu, auraient retenti les bruits de la forêt et de la vie nocturne : craquements des buissons couverts de givre, battements d’aile étouffés, souffle du vent dans les feuilles, pas léger d’un jeune renard affamé, attiré par les lueurs dansantes du feu. Mais pas ici. Pas dans ce lieu désertique couvert par les glaces et la pierre.
Ohira avait disparu à la tombée de la nuit comme il le faisait chaque soir depuis qu’ils avaient quitté la forêt si familière de Konoha pour la roche et la poussière. Il s’était éloigné aussi silencieux qu’un grand loup noir, avait disparu dans les ténèbres qui les cernaient. Personne ne savait où il se rendait et à quelle activité il se livrait durant ces escapades au clair de lune et nul n’avait été assez stupide pour poser la question.
Avec un chuchotement indistinct un garde se leva, étira ses bras ankylosés avant de disparaître dans les ombres. Son compagnon grelottant se rapprocha de feu rougeoyant. Sakura l’entendit jurer à voix basse quand un tison brûlant s’écrasa prés de son pied. L’homme jeta un regard inquiet sur les alentours s’attardant sur les deux caisses qui gisaient en marge du groupe.
Sakura frémit. Dans une de ces caisses était enfermé Naruto, Ohira le lui avait affirmé. Il avait également dit bien d’autres choses…
Mensonges. Mensonges que tout cela.
Elle aurait tant voulu pouvoir s’en convaincre. Mais les cruelle paroles assénées par son ravisseur avaient eu l’accent glacé de la vérité et elles expliquaient tant de choses… La solitude du blondinet, le mépris méfiant que semblait lui vouer la plupart des adultes du village, la peur d’Hijo, la lueur sombre qui s’allumait parfois au fond du regard de la Godaime, l’ombre d’inquiétude qui affleurait par moment dans l’œil noir de Kakashi-sensei. Tant de choses qu’elle n’avait pu comprendre, tant d’indices dont elle n’avait su saisir le sens.
Il a raison, j’ai été aveugle. Si stupidement aveugle.
Son monde s’effondrait autour d’elle et elle ne savait comment s’y opposer. Sasuke disparu, Kakashi-sensei et Hijo enfouis sous les cendres et Naruto…
Immergée dans de douloureuses pensées, elle ne prêta aucune attention au manége des deux gardes, l’un surgissant de nouveau des ténèbres pour s’accroupir aux côtés de son compagnon. A quoi bon ? Elle était pieds et poings liés, jambes et bras raidis par le froid, l’estomac déchiré par la faim et n’aurait pu s’opposer aux deux gardes, à plus forte raison aux trente hommes d’Ohira. Impuissante. Encore une fois.
Elle s’était pourtant jurée… Avait fait tant et tant d’efforts…
Ne plus être un poids. Devenir une shinobi. Une vraie. L’égal de Naruto, de Sasuke, de Kakashi, des hommes qu’elle aimait et souhaitait aider, protéger.
Mais les railleries et les coups des mercenaires ne lui avaient que trop cruellement rappelé la condition de toute femme plongée dans un monde masculin et stupidement violent.
« Petite sotte. Pauvre petite sotte »




Une main agrippa son avant-bras.
Sakura ouvrit la bouche pour hurler, des doigts crasseux s’y engouffrèrent aussitôt réduisant ses cris à un gargouillement étranglé. Un bras replié s’appuya sur sa poitrine, la plaqua contre la pierre tandis qu’un corps osseux roulait sur elle, l’immobilisant de son poids. Au bord de la nausée, elle essaya de mordre, ne réussit qu’à saliver abondamment. Un souffle chaud contre sa joue, une respiration hachée à son oreille. S’il vous plait ! Je ne veux pas ! je ne veux…
« Vtr’gueule, bordel ! murmura furieusement une voix tremblante. Vous voulez qu’on nous trucide tout les deux ou merde ? Fermez la. »
Sakura cessa de se débattre et écarquilla les yeux dans le noir, tentant de distinguer la visage de l’homme allongé sur elle. Une masse sombre s’agita au dessus de son visage et le poids qui l’encombrait se retira, la main rugueuse toujours pressée sur sa bouche.
« Je vais retirer ma main mais aux noms des enfers ne hurlez pas, grogna-t-il. Les deux gardes sont morts. Faut foutre le camp d’ici avant que quelqu’un se réveille ou que l’autre taré revienne de ballade. »
Les yeux de la chuunin pivotèrent vers le feu de camp auprès duquel gisait allongé le premier garde toujours enveloppé dans son manteau. Elle hocha la tête, prit une aspiration haletante quand l’air atteignit à nouveau ses poumons, ravala une brusque envie de vomir, le goût de la poussière et de la sueur lui maculant encore l’intérieur du gosier.
L’homme recula sur les genoux, entreprit de libérer les poignets de la jeune fille.
« Qui… Qui êtes-vous ? Pourquoi… ?
- Je vous ai dit de la fermer, putain ! glapit-il. Yarua. Teshimoto Yarua. Et qu’est-ce que vous en avez à foutre ? Je suis en train de vous tirer de là, ça devrait vous suffire. »
Les mains agitées d’un frémissement presque frénétique, il se pencha sur se chevilles. Sakura réprima un nouveau mouvement de recul.
« Vous êtes un des leurs.
- Plus maintenant, m’est avis. Pas après avoir tranché la gorge à San et Yoko.
- Vos amis… mais pourquoi… ?
- Z’êtes sourde ou stupide ? cracha-t-il à voix basse. J’veux pas crever, me laisserai pas trucider par ce fils de chienne. Nous tuera tous si on reste ici. J’le sais, j’le sens ! Pas envie non plus de me faire rétamer par les roquets de Konoha. Fais pas ça pour vos beaux yeux. »
Yarua se redressa tandis que la jeune fille vacillante reprenait son équilibre. Le sang affluant librement à ses doigts gelés manqua de lui arracher un geignement de douleur. Un bras brutal la força à se remettre sur pieds sans lui laisser le temps de masser ses poignets douloureux. Avant d’avoir pu reprendre ses esprits, elle se faisait entraîner vers les amoncellements de rochers qui bordaient la route.
Alors que les lueurs du feu s’évanouissaient derrière eux, Sakura se dégagea.
« Attendez, souffla-t-elle. Je ne peux pas partir maintenant, je ne peux pas abandonner mon équipier. Il faut revenir sur nos pas. Je ne peux…
- Quel putain d’équipier ? »
Son sauveur, bien que ce terme ne sembla guère indiqué, fit volte-face écumant de fureur et de terreur.
« Mon… » commença-t-elle avant de s’arrêter la gorge asséchée, un boule acide lui nouant le ventre. Qu’était donc Naruto pour elle à présent ? Un ami, un frère d’arme, un coéquipier ou un parfait étranger, l’incarnation d’une obscure terreur, celle des flammes et de la rage démoniaque ?
« Mon équipier est enfermé dans une de ces cages, nous devons…
- J’m’en branle, répliqua le mercenaire. Sais pas c’qu’y a dans ces saloperies mais j’ai aucune envie qu’ça en sorte ! Du suicide de revenir en arrière. Faudrait traverser tout le camp. Si vous tenez tant que ça à vous faire zigouiller, pourquoi z’allez pas balancer des tisons sur la gueule de ces abrutis ? Plutôt enculer toutes les vieilles gâteuses du conseil de Suna.
- Je n’abandonne pas un membre de mon équipe.
- Ah ouais ? Moi ça me gênerait pas plus que ça. Je vous dis que vous vous ferez tuer ! Z’arriverez jamais à le sauver. Le seul moyen c’est de partir pour r’venir avec des renforts. D’la connerie pure et simple de rester. L’autre monstre ne tardera pas à r’venir de sa chasse et j’resterai pas là pour l’attendre ! »
Paralysée par l’indécision, Sakura secoua la tête dans un refus véhément. Elle ne pouvait partir, ne pouvait laisser derrière elle Naruto. Dans sa situation le jeune genin lui n’aurait jamais songé à l’abandonner.
Mais Naruto n’avait jamais été particulièrement doué pour analyser une situation et pour agir au mieux des intérêts d’un groupe. Un médic se devait de savoir considérer avec une froide objectivité les risques de ses actes, de cela dépendait bien souvent la vie de ses compagnons, Tsunade-sensei le lui avait répété maintes et maintes fois. Et à sa situation présente, la froide logique n’offrait qu’une réponse…
Retourner libérer le jeune homme revenait à se jeter dans la gueule du loup.
Une absurdité qu’aucun ninja responsable n’aurait envisagé.
Tu as voulu être kunoichi ?
Et bien agis en tant que telle !
Assume tes choix ou tu n’es rien de plus qu’une gamine pleurnicheuse jouant à la guerrière ! Rien de plus qu’une « petite sotte »…

Un sanglot de peur, de colère et d’impuissance désespérée la secoua. Ecartelée par un choix qu’elle ne pouvait se décider à prendre, Sakura voyait ses convictions s’éparpiller en lambeaux déchiquetés. Tant de choses qu’elle avait tenu pour acquises et qui ne lui étaient pourtant à présent d’aucune aide. Elle qui avait toujours tiré une telle fierté de la vivacité de son intelligence, ne pouvait à l’heure du choix que geindre et se morfondre.
Peut-être Ohira n’avait-il que trop raison.
Peut-être n’était-elle qu’une exécrable shinobi.



Oh Tsunade-sensei! Tsunade-sensei!
Que puis-je faire?
Que dois-je faire?





* * * * * * * * * * * * * * * * * *


La conscience lui revint par fragments, chacun de ses sens s’éveillant paresseusement. La sensation du tissu frais sous ses doigts, de pansements humides sur ses plaies, si réconfortante qu’il en aurait soupiré d’aise. Une puanteur acide lui agressa soudain les narines effaçant aussitôt ce bref sentiment de bien-être. Il grimaça, s’agita faiblement. Un odeur douçâtre et désagréable flottait dans l’air un peu en arrière-plan, une odeur qu’il ne connaissait que trop : corps en sueur, antibiotiques et désinfectants.
Un hôpital. Je suis dans un hôpital.
Il eut un peu plus de mal à distinguer la source de la première odeur, finit par reconnaître qu’elle ne pouvait avoir qu’une seule origine. Ce qui lui arracha un second rictus.
Dieu c’est moi qui shlingue comme cela ?
Quelque chose lui effleura l’avant-bras.
Il se tendit inconsciemment, paupières toujours closes, tentant de réunir ses maigres facultés de concentration pour localiser l’intrus. Se détendre. Respirer calmement. Eviter tous mouvements suspects. Malgré la fatigue et ses membres alourdis, les bons vieux instincts paranoïaques rappliquèrent en flèche, lançant des signaux d’alerte en tout sens. Ses blessures avaient été soigneusement pansées et aucune contention ne bridait ses bras, deux points incontestablement positifs qui auraient pu contribuer à le détendre si il avait eu les idées un peu plus claires. Ce qui n’était hélas pas le cas.
Un déplacement d’air à sa gauche.
Un mouvement brusque.
Il se jeta sur la côté, roula sur un surface molle, tentant d’échapper à une hypothétique attaque.
L’explosion de douleur imprévue qui suivit le plia en deux. Il hurla, s’emmêla les jambes dans un drap détrempé de sueur, chuta. Deux bras la saisirent à bras-le-corps lui évitant de peu une collision des plus douloureuses avec le sol carrelé.
Un beuglement jovial lui fracassa les tympans :
« BRAVO !!! Quelle énergie ! Voici une conduite positive et énergique qui change des tes perpétuels maussaderies ! Je savais que je finirai par avoir une bonne influence sur toi, bien que ce ne soit peut-être pas exactement le moment de se livrer à ce genre de démonstrations ceci dit… »
L’œil exorbité, Kakashi fixa avec stupeur la chose vociférante penchée sur lui. Incapable de réagir alors même qu’elle le saisissait sous les aisselles pour le remettre au lit. Un élancement de douleur lui arracha un jappement plaintif que l’autre ignora superbement, l’enfonçant énergiquement entre les couvertures.
« Le manque d’entraînement ! rugissait à plein poumons Gai tout en bordant son cher rival avec les soins délicats d’une mère attentionnée. Le manque d’entraînement ! Combien de fois me suis-je échiné à te le répéter, HEIN ? Mais est-ce que tu m’écoutes ? Est-ce que tu m’écoutes, HEIN ? Non tu ne m’écoutes jamais. Perpétuellement méprisant et supérieur voilà ce que tu es.
- Hng… ? tenta vaillamment le jounin.
- Tout à fait ! brailla en réponse Gai plongé dans sa propre conversation intérieure et nullement soucieux de s’entendre donner la réplique. Et voilà à quoi te mènent tes airs dédaigneux ! Te voici encore une fois faible et amoindri alors que je me dresse devant toi éclatant de santé et de saine virilité.
- Hng… ?
- Et ne tente pas de détourner la conversation ! Sans l’intervention courageuse et héroïque de Musachi tu ne serais plus qu’un glaçon aux formes fantaisistes. Et sans MA propre intervention il t’aurait probablement égorgé lui-même avant l’arrivée à Konoha. Mais il ne te viendrait jamais à l’idée de me présenter tes humbles remerciements, HEIN ? HEIN ? »
Kakashi ferma les yeux, essayant vainement de faire abstraction de la présence bruyante de Gai (ce qui se révéla quasiment impossible, Gai avait toujours été très difficile à ignorer). Je suis à Konoha. L’hôpital militaire de Konoha. Comment suis-je arrivé ici ? Et comment…
Ses mains se crispèrent sur le drap blanc.
« Une vraie loque, assenait impitoyablement le jounin à la coupe invraisemblable, ponctuant chacune de ses déclarations d’une grande claque sur la table de chevet contre laquelle il s’appuyait. Incapable de faire un pas. Et tu l’as bien cherché ! Se faire ainsi mettre en pièces par un seul adversaire de rien du tout ! Saches-le, tu baisses…
- Gai…
- … dans mon estime ! Les prétendus génies ne sont que des lavettes boursouflées d’orgueil imbécile. Kakashi no sharingan, AHA ! Rien de plus…
- Gai…
- … qu’un crétin suicidaire et égocentrique dépourvu de la moindre étincelle de…
- Gai! » aboya soudain le blessé.
L’interpellé interrompit son monologue, l’air mi-surpris, mi-vexé d’avoir été coupé en si bon chemin. Après un coup d’oeil interrogatif à la main bandée qui enserrait sa manche, il croisa le regard de son ami. L’inquiétude succéda à l’indignation sur sa face bronzée.
« Nihame » souffla Kakashi.
Le jounin fronça les sourcils, perplexe :
« Qui ?
- Teshiro Nihame, s’obstina rageusement l’autre. Mon… Mon adversaire… Blessé… Sais pas si… Vivant ? Vivant
Gai garda le silence quelques secondes, une impression étrange, inhabituelle effleura un instant ses traits habituellement épanouis. Il finit par hocher la tête :
« J’imagine que l’on peut dire ça. Mais il n’a pas ouvert les yeux depuis qu’on l’a secouru. Pas un mot, pas un geste. Il respire, c’est tout ce que l’on peut assurer pour le moment. Les chances de réveil sont extrêmement faibles. »
Il s’interrompit un instant, considéra les traits figés de son interlocuteur, haussa les épaules :
« Je suis… navré. »
Le jounin aux cheveux gris ne répliqua pas, se contenta de détourner le regard et enfonça sa tête dans l’oreiller sans mot dire. Visage vide aux traits tirés, insensibles.
Gai ne reprit pas la parole.




Au bout d’un instant, Kakashi l’entendit se lever et quitter la chambre.


* * * * * * * * * * * * * * * * * *



Pourquoi Sakura prend-elle autant de place dans cette fic alors que je n'arrives pas à la saquer? Pourquoi?
Une énigme de plus à laquelle je ne trouverai probablement jamais de réponses...
Bien que je m'avoue une certaine sympathie pour MA Sakura (pas pour le machin rose braillard du manga...)
Dernière modification par Arakasi le mer. 14 juin 2006, 10:08, modifié 1 fois.
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Tayuya
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Message par Tayuya »

oui voilà exactement, c'est la question que j'allais te poser : que vient faire Sakura à un moment où on (enfin je :lol: ) aurait préféré zoomer sur Ohira ou bien l'interrogatoire de Nihame ou encore un pov de Naruto comme tu nous les fais si bien...

Sans vouloir être offensante, les pov de Sakura sur comment elle est traitée par les toutous d'Ohira, je commence à en avoir un peu assez. Passage trop long à mon goût par rapport à ce que ça apporte. C'est extrêmement bien décrit, là n'est pas la question. Bah je suppose que ça vient de ma haine incorruptible pour ce personnage :lol: personne n'arrivera à me la faire aimer je crois...
Cela dit, j'aime bien la façon que tu as d'amener sa faiblesse sur le tapis. Prise de conscience, je t'aime ^^

Passage avec Gaï et Kakashi nickel et hilarant comme toujours. Et Oro dans l'histoire ? il fait quoi ?

Ah oui quand même un truc : il me semblait que tu partais du principe que Sakura était au courant pour Naruto. Quand Hijo fait allusion au truc, elle prend sa défense. Fin je l'avais compris comme ça. Ptet que j'ai mal fait, c possible aussi :lol:
lebibou
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Message par lebibou »

Pourquoi Sakura prend-elle autant de place dans cette fic alors que je n'arrives pas à la saquer? Pourquoi?
Vengeance peut-être. Plaisir sadique d'une simplicité effroyable qui consiste à faire torturer (ce qui est équivaut à torturer soi-même, car l'écrivain est Dieu) un personnage que l'on deteste par l'intermédiaire de personnage que l'on fait agir.
D'une inventivité proche d'un Orochimaru lorsqu'il s'agit de torturer Sakura, Arakasi se venge.

Bon… La seule pensée qui m'a traversé l'esprit lorsque je lisais ce chapitre était :
« Mais merde ! Qu'est ce que j'ai foutu pendant tout ce temps là ! »
Tu écris des scènes que je n'ai jamais osé écrire, par pudeur, peut-être.
Tu créés un univers glauque que je t'envie.

Raah !!!! Dès que mon ergo Proxy est fini, je me remet à ma fic. C'est ta faute !
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Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

lebibou a écrit :Vengeance peut-être. Plaisir sadique d'une simplicité effroyable qui consiste à faire torturer (ce qui est équivaut à torturer soi-même, car l'écrivain est Dieu) un personnage que l'on deteste par l'intermédiaire de personnage que l'on fait agir.
Bonne théorie ^ ^, mais elle a des points faibles.
J'aime beaucoup Kakashi et Sasuke et je m'acharne dessus avec d'autant plus d'enthousiasme. Pourtant deux types biens pour moi (en tout cas un type bien et un autre qui aurait pu le devenir si on lui en avait laissé l'occasion) qui n'ont pas mérité leur sort.
Bah pour Sakura, cela ne peut que lui faire du bien (à condition qu'elle en réchappe bien entendu, niark! :mrgreen: ), les ennuis forgent le caractére. Inner-Sakura commence déjà à ressortir, au moins niveau vocabulaire :roll:

Je trouve effectivemment son POV un peu long, disons que je me suis laissée un peu emporter dans l'écriture.
J'aprécie tout de même assez ce passage, en fait j'aime bien les gibiers de potence d'Ohira. Ils sont loin de l'image habituelle du ninja, voire du déserteur stylé genre Akatsuki.

Et non, Sakura n'a jamais été au courant pour Naruto mais elle n'a pas pu ne pas remarquer le mépris et la méfiance du village à son égard.
Elle prend sa défense face à Hijo et est d'autant plus indignée qu'elle ne connait pas les véritables motivations de la peur de celui-ci.
Les marginaux inspirent souvent la méfiance sans pour autant posséder de démon coincé quelque part entre le nombril et les côtes.

Le prochain chapitre devrait arriver plus rapidemment car c'est une partie que j'aprécie particuliérement et que j'avais envie d'écrire depuis un bout de temps.
Long flash-back pour ceux que cela interesse ^ ^

Ceci dit merci beaucoup à tous les deux :grin:
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Jainas
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Message par Jainas »

me voici me voilà, tardivement porteuse de ma review.

Le choc de Sakura ne m'a pas étonné, il me semblait bien qu'elle n'était pas au courant... Quel sadique ce Ohira toput de même... "dans le top 5 des choses que l'on ne veut absolument pas savoir en détail : la vie sexuelle de sa professeur".

Bref, bon chapitre. Le pov de Sakura était très bon, et c'est pas moi qui me plaindrait de sa longeur après avoir fait de même dans Konoha Gaiden ^^...
Gai est... comment dire, égal à lui même ? :lol:

Mais ce chap me fait me poser des questions : pk Ohira voulaitr garder Sakura... Pour manipuler les garçons ?? ou parce qu'il faut en prime égorger une vierge sur un autel quelconque ? ^^
Et puis elle est pê libre la p'tite Sakura, mais m'est avis qu'il va faloir qu'elle se batte pour le rester, parce que dès que son départ sera découvert...
A ce propos, j'ai bien aimé le petit passage ou elle veut y retourner, et la remarque sur la manière dont Naruto aurait réagit...
Et si elle avait su que Sasuke était là aussi, elle aurait fait quoi ? :roll:

Le pov de Sasuke d'ailleurs, très bon aussi, même s'il ne fait pas avancer le schmilblik.
Et comment se fait-il qu'on ne l'enrtende pas "rire" depuis l'extérieur ? (rire entre paranthèse, parce que ça doit ressembler à tout sauf à un rire...)
Kydash
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Message par Kydash »

merde, et dire que j'avai lu ce chapitre depuis lgt et que j'ai pas commenté.

Chapitre comme d'habitue impeccable à lire mais je constate un ralentissement dans le scénario depuis un ou deux chapitres. tu soulèves par contre quelques trucs que l'on retrouve rarement dans les fic comme pour le cas de sakura.

pour moi il y a juste le rythme à faire monter un tout petit peu et ca sera du tout bon ;).
Arakasi
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Message par Arakasi »

Kydash a écrit :merde, et dire que j'avai lu ce chapitre depuis lgt et que j'ai pas commenté.
Humph! Pas moi qui vais t'en vouloir vu le temps que JE mets à commenter certains de tes chapitres.

Une petite baisse de rythme? Je pense que cela doit être du en partie à l'étalement du POV de Miss Sakura avec toute la premiére partie où il ne se passe en fait pas grand chose (mais donne l'occasion de soulever comme tu l'as dit quelques points peu exploités)

En fait je coincais n peu sur ce chapite et je ne savais pas trop qu'en penser (mouais... Ceci dit, je ne sais JAMAIS que penser de mes chapitres) donc je suis soulégée de voir qu'il a été bien acceuilli dans l'ensemble.
Mais ce chap me fait me poser des questions : pk Ohira voulaitr garder Sakura... Pour manipuler les garçons ?? ou parce qu'il faut en prime égorger une vierge sur un autel quelconque ?
Des nouvelles questions?
C'est ma spécialité. Reste à savoir si j'arriverais à y répondre :roll:
(mais non je ne fonce pas à l'aveuglette, enfin pas la plupart du temps...)
Pour celle-là la suite aux nouveux chapitres!^ ^

merci à vous deux ^ ^
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Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Nouveau chapitre Msieurs dames!
J'ai manqué de temps pour l'écrire car j'ai eu pas mal de boulot ces temps-ci mais avec de la persévérance...
J'avais l'intention d'écrire cette partie depuis un bout de temps. Assez difficile à écrire, je vous laisse deviner pourquoi.
Et je sais que je suis une grande malade, inutile de me le signaler :roll:

Bonne lecture!


CH20 : Vie brisée.






« Mais défends-toi, petit imbécile ! Défend-toi donc ! »
La lame s’abattit dans un sifflement, fauchant les hautes herbes jaunies par le soleil, manquant de peu sa cible qui esquiva d’un bond désespéré. L’enfant glapit de terreur et recula en trébuchant aussi vite qu’il le pouvait. Mais on n’est pas bien rapide sur des frêles jambes de bambin et le coup suivant le cueillit en pleine poitrine, l’envoyant roulé à terre. Le plat seul de la lame avait frappé et la chair ne fut pas entamée mais le choc suffit à lui couper le souffle, étranglant les sanglots qui lui déchiraient à la gorge.
Il se roula en boule, suffoqué, mains sur le visage dans une tentative futile de protection.
Voulut parler, supplier. Mais les paroles lui manquèrent également et les larmes l’aveuglèrent à nouveau, dérobant à sa vue son cruel agresseur. Un coup de pied bien placé l’envoya valser à nouveau dans la poussière.
Les cailloux lui lacérèrent les mains alors qu’il reculait précipitamment, fuyant encore, fuyant toujours, fuyant les rugissements féroces, les yeux de glace étincelants, les sabres acérés qui frappaient, coupaient, fendaient l’air. Des sabres qu’il connaissait si bien, oh si bien. Des sabres qu’il avait tant de fois caressé avec respect et délice, aimant à sentir leur douce fraîcheur contre ses paumes. Des sabres qu’il avait vu manier si souvent, non pas pour tuer, non pas pour cisailler, déchirer et mordre la chair, mais pour sculpter habilement de ces délicates figurines de bois que l’on offre parfois aux enfants de cinq ans. Le dernier en date avait été un petit cavalier de frêne, à la hallebarde plus fine qu’une épine de ronce, au cheval aux longues jambes effilées. La trop fragile lance s’était brisée tandis qu’il s’essayait pour la première fois à le faire galoper dans les fougères. Il en avait pleuré de frustration.
Il avait à présent bien d’autres raisons de pleurer.
« Tu ne comprends donc pas ? Réagis, aux noms des enfers ! REAGIS ! »
Pourquoi ? Oh, pourquoi ?
Le gamin sanglota, se traîna au sol en geignant. Un hideux cauchemar, il ne pouvait s’agir que de cela. Rien d’autre ne pouvait expliquer cette explosion de violence et de sauvage colère. Il n’avait pourtant rien fait de mal, n’avait rien brisé ni abîmé, n’avait pas pourchassé les oiseaux qui nichaient dans les buissons qui bordaient la maison ni même cherché à dérober leur nid. Et de tels larcins communs à tout gamin un peu espiègle et curieux ne lui avaient jamais attiré qu’un sermon vaguement amusé, voire une légère taloche. Alors pourquoi ?
Pourquoi me fais-tu mal ? Pourquoi me frappes-tu ?
« Si tu ne te défends pas… » martela la voix grave si terriblement familière.
Un claquement sec et la pointe d’acier se planta dans le sol, frôlant presque au passage son visage strié de larmes. L’enfant leva un regard apeuré par l’incompréhension sur l’homme qui se dressait de toute sa taille devant lui, ombre noire et menaçante qui lui dérobait le soleil, obscurcissant le monde de sa rage concentrée. Deux paires d’yeux bleus se croisèrent, du même bleu pâle, bleu de glacier, si surprenants en de tels climats, si parfaitement identiques.
« Si tu ne te défends pas… JE VAIS TE TUER ! »
Il voulut hurler de terreur mais n’aboutit qu’à un gémissement horrifié. Même à ce moment, même alors que l’adulte s’avançait à grands pas dans sa direction, il refusait d’y croire, refusait de penser que celui-ci puisse réellement désirer sa mort. Pas lui. Pas cet homme-là. Cet homme qui, la veille encore, se vautrait volontiers dans l’herbe à ses côtés pour l’écouter déblatérer des histoires sans queue ni tête sur de courageux ninjas et de terribles dragons, l’encourageant d’un sourire, riant de ses maladresses et compatissant gentiment aux malheurs du cavalier à la hallebarde fracassée.
Mais il n’était plus question de rires ou de plaisanteries.
Plus question de soldats de bois.
Les yeux qui le toisaient ne reflétaient à présent qu’une noire colère, une terrible envie de sang et de meurtre. L’adulte carra les épaules et dans un grondement, éleva à nouveau les deux armes jusqu’à hauteur d’épaules.
Les mots jaillirent enfin, gargouillis lamentable :
« Papa… Je t’en prie, papa… Arrêtes, ne me fais pas de mal… Papa… »
Un légère hésitation, l’ombre d’un ébranlement sur le visage impassible penché sur lui. Puis les mains armées se raffermirent. L’homme écarta les jambes, assura son coup.
Une femme cria :
« TESHIRO ! NOOON !!! »
Et son père se figea dans un sursaut, sabres toujours brandis.
L’enfant recroquevillé le vit détourner le regard, le poser sur la jeune femme livide immobile sur le seuil de la maison, vit ses lèvres bouger, formant silencieusement un nom.
« Kisura… »





Il se haïssait de faire cela.
Haïssait chacun de ses gestes, chacune de ses paroles, chaque coup, chaque injure. Etait consumé par le dégoût le plus intense qui l’ait jamais envahi depuis l’instant où il s’était éveillé ce matin, un goût de pourriture dans la bouche, le cœur empli d’une noire certitude. Je n’ai pas le choix. Je devrai le faire tôt ou tard. Cette année ou la suivante, ce mois-ci ou le prochain, aujourd’hui ou demain.
Je n’ai pas le choix.

Les yeux mi-clos, allongé sur le dos, Teshiro avait contemplé en silence les premiers rayons du soleil se glissant furtivement par la fenêtre entrouverte de la chambre, s’efforçant de se convaincre qu’il n’y avait effectivement aucune autre solution et qu’il saurait lui-même se montrer assez fort pour la mener à bien, faire ce qui devait être fait. Difficile. Presque aussi difficile que de brandir le sabre sur son propre fils, sa propre chair.
Quand sa femme avait ouvert les yeux à ses côtés, cheveux ébouriffés et visage brouillé par le sommeil, il avait trouvé la force de sourire, ignorant la nausée qui lui tordait brièvement l’estomac. Il l’avait attirée à lui, l’avait embrassée, une main effleurant affectueusement un sein découvert. « Bonjour mon amour… » Et Kisura lui avait rendu son sourire, s’était pelotonnée un instant contre lui avant de se dégager un peu regret. « Plus tard » avait-elle murmuré et il avait protesté pour la forme, le cœur douloureusement noué.
Comme il était facile, si facile de mentir aux gens que l’on aimait…
Teshiro avait suivi des yeux la jeune femme alors qu’elle descendait la colline, se dirigeant vers le village que l’on pouvait entrapercevoir en contrebas à moitié dissimulé par les replis du paysage, petite bourgade isolée et pacifique de la province d’Iwa. Il l’avait regardée disparaître au tournant d’un bosquet, avait attendu encore quelques longues minutes supplémentaires, terrifié à l’idée qu’elle puisse changer d’avis, revenir sur ses pas et remettre cette excursion à un autre jour. Mais elle n’en avait rien fait.
L’homme aux cheveux sombres s’était alors détourné, s’était vivement dirigé vers la petit maison isolée au milieu des bois et en avait tiré sans un mot le gamin surpris. « Qu’est ce qu’il y a ? Pourquoi maman est partie sans moi ? Moi aussi je veux aller au village ! Moi aussi je veux… »
Puis l’enfant s’était mis à gémir, à pleurer. Teshiro avait vu l’angoisse et l’incrédulité envahir le regard bleu et innocent et il n’avait jamais été aussi proche de flancher, de laisser tomber les armes, de tomber lui-même aux genoux du bambin pour le réconforter, l’enlacer. Il ne l’avait pas fait. Pas le choix… Je suis désolé mon petit. Oh tellement désolé. Puisses-tu un jour me pardonner.
L’enfant trébucha et s’effondra au sol.
Des yeux embués de larmes se levèrent vers lui.
« Papa… Je t’en prie, papa… Arrêtes, ne me fais pas de mal… Papa… »
Ses jambes tremblèrent un instant sous lui mais les sabres s’élevèrent tout de même, implacables.
Une femme cria.
Teshiro fit volte-face, abasourdi. Il ouvrit la bouche pour parler, se justifier, bredouiller il-ne-savait-quoi exactement mais le regard que lui jeta la jeune femme pâle comme un linge le paralysa, bloquant un instant jusqu’à sa respiration haletante. Un regard glacial, si froid, si froid… Un regard qui jugeait et condamnait sans pitié ni merci et où régnait une peur terrible. Peur de la bête. Peur du monstre. Du démon. Ses forces lui manquèrent et sa vision se troubla. Le monde qui l’entourait vacilla sur ses frondaisons.
Oh non, pas elle. Je vous en supplie pas elle aussi !
Il aurait du parler, aurait du courir vers elle pendant qu’il en était encore temps. Il en fut incapable. Pas plus qu’il ne songea à l’arrêter quand elle se précipita vers le garçonnet en pleurs pour l’emmener dans ses bras, courant vers la sécurité de la cabane. Fuyant. Fuyant loin de lui. Teshiro reprit enfin ses esprits et se jeta à leur poursuite. Une pierre le fit trébucher, la même qui avait déchiré les tendres mains de son fils quelques secondes auparavant, et il s’étala à plat ventre, visage frappant durement la terre.
« Kisura ! Je t’en supplie, Kisura ! Attends… Je vais t’expliquer… Je… Je… KISURA ! » tenta-t-il.
Trop tard. Bien trop tard. Et la porte d’entrée claqua avec violence, un claquement qui résonna dans tout son être, vibrant et féroce, emprunt d’une sinistre fatalité.
L’homme se releva difficilement, essuyant machinalement le sang qui commençait à couler sur son visage jaillissant d’un sourcil fendu par le choc. Les montagnes boisées tournoyaient autour de lui, bondissaient en tous sens dans une folle sarabande. Il tituba puis se remit à courir au risque de s’effondrer à nouveau. Un effort bien inutile, la porte était à présent solidement fermée.
Au désespoir, Teshiro envisagea un instant de l’enfoncer avant d’y renoncer, terrorisé en songeant à la réaction que pourrait susciter une telle entrée. Ils partiraient. Ils s’enfuiraient. Ils l’abandonneraient et il se savait incapable d’endurer cela, de les perdre tous deux à jamais.
Fou que tu es ! Fou ! Fou ! Fou ! Tu les as déjà perdu… Jamais, jamais elle ne te pardonnera…
Mais il ne pouvait y croire, ne pouvait l’accepter. Peut-être était-ce stupidité, peut-être était-ce lâcheté, refus de reconnaître la réalité mais il ne pouvait s’y résoudre, ne le pourrait jamais. Il avait trop besoin d’eux, de leur amour, de leur confiance. Tambouriner de toutes ses forces contre le bois ne lui apporta aucun soulagement et il s’effondra à genoux, épuisé presque sanglotant.
« Ecoute-moi… souffla Teshiro aux planches malmenées. S’il te plait… S’il te plait… Ecoute-moi juste un instant, je vais tout expliquer ! Kisura… »
Le silence seul lui répondit.
Un instant il se crut bel et bien sur le point de fondre en larmes, chialant comme un nourrisson. Mais cette envie se dissipa, remplacée par un abattement écrasant. Comment ? Comment avait-il pu s’imaginer un seul instant qu’elle lui pardonnerait ? Quelle femme ferait une chose pareille ? Quelle mère ? Il ne sut trop ce qui le poussa à continuer d’une voix morne et basse, sans espoir d’aucune clémence. Pouvait-il raisonnablement en attendre une ? L’homme qui s’attaque à son propre enfant mérite-il la moindre pitié ?
« Je devais le faire… Pour lui. Pour toi. Pour moi. Oh mon Dieu, pour lui ! Pour Shonto ! Je devais savoir… Savoir si… si… si il était comme… moi. »
Ces derniers mots lui déchirèrent la gorge et ses ongles raclèrent la bois usé. Pas un son ne s’éleva. Pas même une insulte ou une malédiction.
« Si il y avait eu un autre moyen… Oh, n’importe lequel… Mais il n’y en avait pas. Il n’y en avait pas ! On ne pouvait pas savoir autrement… Il était trop jeune pour haïr. La peur… C’était le seul moyen. Le seul. La terreur, la panique, le choc. Oh si tu savais… Si tu savais comme je m’en veux… »
Teshiro appuya son front contre la porte, tremblant de tous ses membres.
« Mais je ne pouvais pas attendre. Vivre dans la peur et dans l’incertitude chaque jour… Je ne pouvais pas. Et toi non plus. Comment aurais-je pu t’imposer cela alors que tu endurais déjà ce que j’étais ? »
Un craquement bas et la porte s’ouvrit.
L’homme agenouillé et la femme debout sur le seuil échangèrent un long regard, tout deux immobiles, tout deux muets. Lui, la gorge sèche, ne pouvait émettre le moindre son. Elle ne disait mot, son regard sombre abaissé gravement sur son époux.
Au bout d’un temps qui lui sembla durer une éternité, elle soupira.
« Est-il… ? » finit-elle par murmurer.
Teshiro déglutit, réussit à émettre :
« Non. Il… C’est un petit garçon. Juste un petit garçon comme les autres. »
Un silence. Un si long silence…
La jeune femme ferma un bref instant les yeux, un frisson la parcourut.
« Il n’y avait vraiment aucun… ?
- Aucun, répondit-il dans un souffle. Je… Je suis navré. Tellement, tellement… »
- Non » le coupa-t-elle d’une voix ferme.
Et Kisura Nihame s’accroupit lentement et noua ses bras autour des épaules de son mari, glissant son visage au creux du cou de celui-ci. Teshiro sentit son haleine tiède lui caresser la joue et des larmes chaudes inonder son épaule, imprégnant ses vêtements tandis qu’elle ajoutait doucement:
«C’est moi qui suis désolée. Je te demandes pardon. »





L’enfant dormait.
Son souffle régulier s’élevait dans la pénombre, si calme, si apaisé. Un rayon de lune se glissait furtivement par un volet mal refermé effleurant le visage blanc et lisse enfoui parmi les plis de l’oreiller. Un visage sans ombres ni duretés, tout en rondeurs enfantines, un peu trop pâle mais ce n’était peut-être qu’une illusion due à la lumière nocturne ou son propre esprit qui lui jouait des tours. Tant de tranquillité… Tant de douceur… Comment cela pouvait-il être possible ? Après les hurlements, la peur et les coups, comment pouvait-on dormir aussi paisiblement ? Comment pouvait-on seulement trouver le sommeil ?
Les enfants cicatrisent vite, ils savent oublier, chasser de leur esprit les sombres souvenirs, les gifles et les injures. La réalité se dissipe dans les brumes du sommeil et ne laisse au matin que le vague souvenir d’un mauvais rêve. Une faculté fascinante et tellement, tellement enviable.
Un mouvement léger, engourdi par le sommeil et le drap glissa à terre, révélant le corps à moitié nu du petit garçon. Teshiro se pencha en avant doucement, lentement pour ne pas éveiller l’enfant endormi. Les pieds de sa chaise grincèrent sourdement sous son poids et il s’immobilisa, hésitant. Un faible soupir s’éleva de la paillasse surélevée.
La main de l’adulte se remit en mouvement, ramassant le drap pour en recouvrir le gamin, survola l’hématome violacée qui s’étalait sur la maigre poitrine sans oser le toucher. Shonto ne bougea pas, ni même ne frémit.
Comme cela dort bien un enfant de cinq ans.
Dors mon petit. Dors et oublie si tu le peux. Et si oublier est impossible, alors pardonne… Pardonne-moi. Un jour peut-être tu comprendras. Du moins, je l’espère. Je l’espère…
Un frôlement se fit entendre dans son dos. Il ne se retourna pas, écouta les pas légers qui s’approchaient. Ne dit mot quand deux mains s’appuyérent sur ses épaules, effleurant sa nuque au passage. Teshiro rejeta la tête en arrière et adressa un vague sourire à la jeune femme. L’œil grave, visage bronzé à moitié dissimulé par sa chevelure brune et abondante, traits calmes et fermes, Kisura Nihame resta impassible.
Son époux détourna les yeux.
Un court silence suivit entrecoupé par les soupirs étouffés du petit dormeur.
« Je t’ai effrayé. »
Une simple constatation énoncée avec un calme qu’il s’étonnait de pouvoir encore conserver. Un fait simple et dur qu’elle ne tenta d’ailleurs pas de nier.
Il n’eut pas besoin de lever les yeux pour deviner son léger haussement d’épaules.
« Tu m’as terrifiée.
- Kisura, je suis si… » commença-t-il
Elle l’interrompit :
« Nous avons déjà parlé de cela. Je ne te reproche rien. Et entre nous… »
Une nuance taquine s’introduisit soudainement dans sa voix, aussi inattendue qu’un rayon de lumière perçant un ciel d’orage. Un rire étouffé, réellement amusé. Un petit miracle qui le laissa bouche bée tandis qu’elle achevait :
« … Qui eut la plus belle terreur aujourd’hui ? Toi ou moi ?
- Kisura… »
Teshiro tenta bien de continuer mais les mots s’étranglèrent au fond de sa gorge le laissant désemparé et muet. Elle souriait à présent. Il le savait. Il connaissait si bien ce sourire, avait cru un instant en être à jamais privé. Une pensée insupportable, inhumaine.
« Et la peur t’as ôté tout sens de la répartie, continua-t-elle de ce ton si particulier où se mêlaient à part égale gravité et légèreté. Si ce n’est pas malheureux…»
Les mains posées délicatement sur ses épaules s’activèrent, caressant et massant ses muscles contractés, descendant jusqu’au bas de son dos pour remonter en serpentant le long de sa colonne vertébrale. L’homme immobile frissonna. Teshiro tendit le bras et saisissant le poignet de sa femme, l’attira face à lui. L’obscurité ne lui permettait pas de distinguer clairement ses traits mais il ne lui sembla pas y lire la moindre surprise.
« Que suis-je pour toi ? » demanda-t-il.
Un demi-sourire presque imperceptible à la faible lumière de la lune.
Plus de gravité que de légèreté dans le ton :
« Mon mari. Mon amant. Le père de mon fils. Quoi d’autre ? »
Teshiro prit une profonde inspiration, libéré de la sensation d’oppression qui n’avait cessé de comprimer sa poitrine depuis son éveil, sensation dont il ne mesurait que maintenant la douloureuse emprise. Il trouva enfin la force de rire avec elle, porta la main qu’il tenait toujours à ses lèvres, en baisa tendrement la paume fraîche et douce sous ses doigts.
« Je t’aime.
- Je le sais » énonça-t-elle calmement
Et de rire à nouveau tout bas, tout en repoussant d’une caresse la main qui se posait sur sa hanche et cherchait à l’attirer.
« Mais tu m’aimeras aussi bien hors de la chambre de ton fils, ne penses-tu pas ? ajouta-t-elle. Tu ne voudrais pas le réveiller, n’est-ce-pas ? »
Il acquiesça.
Bras glissé autour de la taille souple de son épouse, Teshiro la reconduisit à l’entrée de la chambre d’enfant, non sans prendre le temps de s’arrêter sur le seuil pour fermer soigneusement la porte derrière lui. La main posée sur la poignet, contemplant une dernière fois le petit endormi, il esquissa un demi-sourire et se laissa aller à un soudain élan d’optimisme. La pensée lui vint que peut-être… peut-être en n’avait-il enfin fini avec la crainte et la fuite, qu’il avait eu plus que sa part de rejet et de mépris et que cette chose idyllique et fugitive que les niais imbéciles nomment le bonheur lui était enfin accordée. Peut-être…
« Que croyez-vous donc être ? Un ninja ? Un homme ? Un être humain ? Si vous pensez vous illusionner longtemps, vous vous trompez. »
Son sourire se figea.
Il se détourna un peu trop vivement, suscitant un regard inquiet de Kisura. Son compagnon la rassura d’un murmure et l’enlaça à nouveau. Pendant quelques secondes le visage enfoui dans la chevelure de sa femme, Teshiro Nihame se laissa aller à penser que pour une fois Meiyamoto Ohira avait fait erreur.



Comme il est facile, si facile de s’aveugler soi-même.


* * * * * * * * * * * * * * * * * *



La pluie tombait sans interruption, une de ses rudes averses de printemps dont les gouttes acérées comme de fins poignards vous transpercent la peau et frigorifient le sang dans vos veines. Le rythme régulier des gouttes frappant le bois emplissait la nuit parfois interrompu par un lointain roulement de tonnerre. Une nuit grisâtre, peuplée de brumes et de brouillard, où de lourds nuages dissimulaient les étoiles.
Teshiro essuya de la main droite son front humide, repoussant les mèches imbibées d’eau qui lui obstruaient la vue. Les tremblements fiévreux de ses doigts empirèrent et se communiquèrent au reste de son corps. Un tremblement absurde, risible, dénué de toute raison. Une nuit comme tant d’autre, froide mais pas tant que cela, humide mais il avait eu l’occasion de voir bien pire. Aucune raison de s’inquiéter. Aucune.
Juste cette porte ouverte à tous vents, ouverte malgré la pluie qui s’introduisait à l’intérieur du cabanon, éclaboussant le seuil. Une porte qui aurait du être fermée comme chaque soir. Une bête porte de bois rongée par les intempéries aux planches disjointes. A l’intérieur brillait le lueur jaunâtre d’une lampe à huile, lumière familière et rassurante.
Qu’as-tu donc ? Elle a mal fermé la porte et n’a pas eu le courage de t’attendre pour aller dormir. Ce ne serait pas le première fois. Qu’as-tu ?
Il s’arracha un maigre sourire d’autodérision. Il fallait croire que le vie familiale l’avait rendu nerveux et peureux comme un animal sauvage trop longtemps traqué. Ses craintes étaient ridicules et il devait avoir l’air remarquablement stupide planté devant chez lui, incapable d’y pénétrer, paralysé par ses doutes insensés.
Et ce fut presque un ricanement aux lèvres que l’homme se dirigea vers l’entrée, épaules un peu voûtées sous la pluie battante. Avant de se figer.
Sur le mur assombri par l’humidité une large tâche brune se déployait tout prés de la chambranle de la porte.
Teshiro resta un long moment à la fixer, stupide et pétrifié. L’eau glacée inondait sa nuque, transperçait ses vêtements sans qu’il y prête la moindre attention. Une pensée effleura son esprit inerte puis s’y cramponna en chassant tout autre idée cohérente :
Fuis.
N’entre pas.
Pars. Pars vite.
Pars loin d’ici avant qu’il ne soit trop tard.

Mais la connexion entre son cerveau et ses membres semblait temporairement interrompue. Ceux-ci se mirent en mouvement lentement, laborieusement, sans qu’il ait conscience de l’avoir désiré. Une impression des plus troublantes, presque surnaturelle, un étrange dédoublement de personnalité lui donnant l’impression de jeter sur la scène un regard extérieur à la fois fasciné et effrayé. Il se vit repousser doucement la porte vers l’intérieur. Se vit pénétrer d’un pas hésitant dans la pièce, plisser un court instant les yeux dans la lumière. Se vit abaisser le regard.
Et réintégra brutalement son corps. L’impression absurde presque amusante en d’autres circonstances de sentir le sol frapper sèchement la plante de ses pieds lors de ce retour forcé à la réalité.
Puis plus rien.
Rien qu’une sensation d’immense stupeur, un étonnement tel qu’il anhilait jusqu’à la douleur, jusqu’à la terreur.
L’œil rond, ahuri, Teshiro Nihame fixait d’un air incrédule le cadavre de son fils.
Une seul plaie marquait le corps de l’enfant mais si abominable qu’elle attirait le regard et semblait dévorer tout l’espace autour d’elle. Le coup avait été donné avec tant de violence que la tête s’était presque entièrement détachée du corps, seulement retenue par un lambeau de chair déchirée. Désarticulé, le reste du corps gisait en tas informe au centre de la pièce, éclairé crûment par la jaune lumière de la lampe. Une marre de sang couvrait le sol, commençant déjà à sécher et à cailler sur les bords, virant du rouge profond au noir charbonneux.
Absurde… Comment un si petit corps pouvait-il contenir tant de sang ?
Il aurait du hurler. Aurait du se jeter sur le corps sans vie. Aurait du avoir mal, terriblement mal. Mais il ne fit rien de cela, se contentant de contempler en silence l’enfant massacré, incapable de la moindre réaction, incapable de comprendre ce qu’il voyait, d’y trouver le moindre sens. La souffrance viendrait ensuite, seulement ensuite quand le brouillard opaque qui lui paralysait l’esprit se serait enfin dissipé mais pas tout de suite. Pas tout de suite.
Comme cela dort bien un enfant de cinq ans.
Teshiro réussit au bout d’une éternité à détacher les yeux du gamin. Son regard hébété fit machinalement le tour de la pièce, nota sans y accorder d’importance particulière la porte entrouverte de sa propre chambre d’où s’échappaient des rires graves et des exclamations incompréhensibles. La chambre d’enfant à sa gauche était plongée dans la pénombre. Son œil incertain dériva encore vers le petit cadavre pour se poser ensuite sur les deux sabres que ses propres mains agrippaient. Quand les avait-il dégainer et pour quelle raison exactement, il aurait été incapable de l’affirmer.
De belles armes sans contredit, splendides même, qu’il n’avait jamais manqué de soigneusement entretenir bien qu’ils aient été bien peu utilisés durant ces six dernières années. Ils avaient à l’époque fait déjà couler bien assez de sang, avaient eu plus que leur comptant de meurtres, bien plus… Quelques mois après leur rencontre, Kisura l’avait pressé de s’en débarrasser. Elle avait toujours détesté ces armes alors que Shonto pour une obscure raison en raffolait. Il avait refusé arguant de l’époque dangereuse, des routes mal gardées mais peut-être y avait-il à ce refus une raison plus profonde et moins avouable.
Peut-être ne pouvait-il tout simplement envisager de s’en séparer, de renoncer entièrement à la sensation de puissance et de contrôle que seul pouvait lui donner le rugosité du cuir entrelacé sous ses doigts, l’odeur dense et chaude du sang frais…
Une mouche bourdonnante se posa sur le visage du gamin avant de se remettre à tourbillonner, son vrombissement étonnamment audible malgré la pluie qui n’avait cessé de tambouriner sur la toiture.
Absurde… Tellement absurde…
Un hurlement d’agonie déchira le nuit jaillissant de la chambre.
Et le brouillard se leva.




La vie est pleine d’imprévus et elle peut parfois se révéler étonnamment cruelle.
Si l’on avait demandé deux ans plus tôt à Shokei où le mèneraient ses pas dans les années à venir, il n’aurait certes pas fait mention d’une maison isolée et perdue dans les bois quelque part au nord d’Iwa, pas plus qu’il n’aurait songé au meurtre d’un petit garçon et au viol de sa mère durant une sombre nuit pluvieuse. Il n’y aurait peut-être même pas songé deux heures plus tôt alors que lui et ses compagnons d’infortune cherchaient vainement un abri où échapper à l’orage qui s’annonçait. Un abri ou un lieu à piller.
Il n’avait jamais été dans ses projets non plus de devenir un déserteur, un brigand et un assassin mais la vie vous joue de ces tours stupides. Cet nuit entre toutes, Shokei prit conscience que le contrôle de la sienne lui avait totalement échappé et ceci depuis déjà un certain temps.
Rien ne s’était passé comme prévu. La faute à « pas de chance » comme on dit parfois dans ce genre de situation. La faute au hasard, au destin, à la malchance éprouvante qui s’était abattu sur le jeune homme un an plutôt lorsque sa famille accusée de trahison et collaboration avec l’ennemi avait du quitter en catastrophe son village natal sur les hauteurs du mont Kuga. Une malchance qui n’avait cessé dés lors de lui coller au train, l’entraînant de vols en brigandages à cette petite pièce mal éclairée où une femme se tordait sur le sol en gémissant.
Ni elle, ni le gamin n’auraient du se trouver là. La chaumière aurait du être vide, abandonnée. C’était pure démence que d’abandonner une femme et un enfant dans un lieu si isolé par une telle nuit. Pure démence. Ils n’étaient pas venus pour cela, ni pour tuer, ni pour violenter, juste pour chercher un lieu où dormir, un toit où se protéger de la pluie glacée. Mais le poisse en avait décidé autrement. Encore cette malchance, cette foutue, foutue malchance.
Shokei aurait presque pu jurer qu’ils n’avaient pas même eu l’intention de faire du mal à la femme ou au gosse, du moins pas au début.
Mais les choses s’étaient soudainement emballées.
L’enfant avait braillé. Leur chef avait voulu le faire taire d’une gifle. Peut-être avait-il frappé trop fort, assez fort en tout cas pour faire valdinguer la gamin. La femme avait crié. Elle avait saisi un poignard. Avait frappé, blessé. Il y a avait eu empoignade et lutte.
En quelques secondes le garçon gisait à terre et les lames dégoulinaient de sang. Et quelques minutes plus tard la jeune mère était écartelée à même le sol dans la pièce voisine. Et ses cris et sanglots éclataient, perçants, si perçants.
Shokei avait quatorze ans cette nuit-là. Il était encore puceau. N’avait encore jamais tué un homme, ni une femme et encore moins un enfant. Il n’aurait jamais du se trouver là, n’aurait jamais du participer à une telle infamie et aurait presque tout donné pour qu’il en soit autrement. Tout donner pour revenir au temps heureux où il avait encore un foyer, une famille, où la vie paraissait si simple et où les petits garçons ne se faisaient pas égorger pour le seul crime de s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Tentant de son mieux de cacher son écoeurement, il s’était recroquevillé dans un coin de la pièce, le regard concentré sur la pointe de ses scandales sans oser le lever. Le jeune homme aurait aimé pouvoir également se boucher les oreilles mais ce geste aurait trop attiré l’attention. Il avait donc du entendre, n’avait pu s’en empêcher : les halètements de plaisir, les grognements, les geignements, les bruits mous de friction, le frottement des corps contre le plancher. Accroupi dans son coin, les larmes lui étaient montées aux yeux.
Peut-être aurait-il du s’interposer, tenter de venir en aide à la victime_ leur victime_, au moins protester. Mais même cela, il en avait été incapable. A quoi bon ? Il n’aurait réussi à sauver personne, n’aurait abouti qu’à perdre lui-même la vie. Vivre en rat valait parfois mieux que de ne pas vivre du tout.
Les heures s’étaient écoulées.
Les autres avaient fini par se lasser.
Shokei vit leur chef dégainer un kunai en piètre état, se pencher sur le corps blanc qui se convulsait encore faiblement. Il détourna rapidement la tête, incapable d’en supporter d’avantage. Elles paraissaient si loin, si terriblement loin les blanches pentes enneigées du mont Kuga.
Qui aurait cru que la femme puisse encore crier si fort ?
Que dans son état, elle puisse encore souffrir ?
Un cri aigué qui lui retourna le cœur. Un ultime hululement d’agonie.
Auquel répondit un rugissement terrifiant issu de la pièce voisine.
Tous les hommes présents firent volte-face juste à temps pour voir la porte s’ouvrir avec fracas tandis qu’une silhouette sombre bondissait dans la pièce. Des glapissements de stupeur jaillirent de tous côtés mais le nouvel arrivant ne leur prêta aucune attention, ne leur accorda pas même un regard. Ses yeux se posèrent aussitôt sur le corps étendu et il émit un nouveau son inarticulé, à peine humain, avant de se précipiter au sol. Shokei entraperçut un visage livide aux traits glabres tordus par la souffrances, deux yeux très pâles exorbités par le choc brièvement éclairés par la lumière de la lampe. Eberlués les bandits le virent s’effondrer avec un feulement étranglé sur le cadavre encore tiède, l’enserrer dans une étreinte de fer, enfouir son visage dans les cheveux de la morte.
Et il gémissait, râlait.
Des lamentations rauques, animales, épouvantables à entendre. Des supplications entrecoupées de sanglots écorchés. Parfaitement inconscient de la présence de Shokei et de ses compagnons comme de sa propre dignité, l’homme agenouillé ne pleurait pas : il hurlait. Hurlait à la mort comme le font parfois les loups sur le corps de leur compagne.
Il hurlait.
Et eux terrifiés n’osaient faire un geste, tétanisés par cette douleur sauvage, aveugle au reste du monde. Leur chef fut le premier à reprendre ses esprits et fronça furieusement des sourcils en direction du reste de sa troupe. Des regards furent échangés et sans un mot, les armes à nouveau dégainées. Les bandits se regroupèrent prudemment autour de leur cible, hésitèrent un instant encore, s’encourageant mutuellement des yeux, personne n’osant porter le premier assaut.
L’autre n’avait toujours pas levé les yeux, ne semblait même pas avoir noté la présence de ses assaillants. De nouveaux gémissements rauques avaient succédé aux hurlements d’où s’échappaient parfois quelques mots incohérents :
« Pitié… Vous en prie… Pas cela… Je l’avais fait pour lui… Pour lui ! Pitié… Pitié… Pitié… Pitié… »
Pitié pour qui ? Pour quoi ? Suppliait-il pour sa propre vie ? Ou bien inutilement pour celle de la jeune femme ? Pour l’enfant massacré dans la pièce voisine ? Shokei n’en savait rien, ne le saurait jamais et de toutes façons le temps de la pitié était passé depuis bien longtemps.
Agacé par l’absence de réaction de ses compagnon, leur chef fit un pas en avant, suivit d’un autre qui l’amena dans le dos de sa victime. Et le kunai s’abattit une seconde fois fusant vers la nuque découverte. Un coup efficace, meurtrier qui aurait du mettre un point final à cette maudite nuit.
Une gerbe écarlate.
Une exclamation de stupeur étranglée.
Le brigand recula en chancelant, pointant devant lui son arme ensanglantée. Les gémissements s’étaient tut. L’homme affaissé se détacha enfin de la morte, essuya sans un frémissement sa main transpercée de part en part sur sa tunique, puis éleva le regard. Les dévisagea silencieusement de ses yeux brûlants. Tour à tour.




Et Shokei dut faire face à un certain nombre de certitudes aussi soudaines que désagréables. Entre autres, celle que nul ne sortirait vivant de cette petite pièce aux murs de chêne usés. Que lui-même ne reverrait jamais les falaises du mont Kuga, ni les toits enneigés de son village.
La faute à « pas de chance ».
A cette maudite, maudite poisse.


* * * * * * * * * * * * * * * * * * * *



Le soleil se levait, caressant de ses chauds rayons les arbres encore humides. Un vent léger soufflait, agitant les herbes hautes, dispersant les cendres encore tièdes qui tapissaient la clairière. Du pauvre édifice de bois ne restaient que quelques charpentes noircies et brûlées, quelques planches brisées. Une odeur fade, un peu écoeurante flottait dans l’air que n’arrivaient pas à dissiper les senteurs printanières. Cendres, souffre et chair brûlée.
La brise était fraîche. La chaleur délicieuse.
La journée promettait d’être belle.
Magnifique en vérité.
Assis sur un tronçon de poutre à moitié calciné, l’homme contemplait d’un air absent les ruines qui l’entouraient. Il tripotait parfois machinalement les sabres entrecroisés sur ses genoux, en testait le tranchant d’une main distraite, admirait leur éclat luisant dans le soleil matinal. Une tache de sang attirait de temps en temps son œil et il l’essuyait soigneusement. Chose étrange, il avait en revanche négligé le sang qui le couvrait de la tête aux pieds, maculant ses vêtements, formant en séchant une croûte épaisse sur ses mains et son visage. Des mouches indiscrètes, attirées par l’odeur, poussaient parfois la hardiesse jusqu’à se poser sur son front et ses épaules, avides et affamées. Il n’y portait pas plus d’attention, les laissant faire à leur guise. Un certain nombre se pressaient autour de sa main blessée et un frisson involontaire lui échappa quand quelques unes effleurèrent la chair à vif. Un geste machinal les chassa .
Le regard pâle et vide dériva sur la végétation roussie, les murs fracassés, s’arrêta un instant sur les cadavres entassés à quelques distances. Deux corps avaient été traînés un peu à l’écart. Il devait y avoir à cela une raison quelconque même si il était incapable pour l’instant d’affirmer laquelle.
Cela n’avait probablement pas d’importance.
Rien n’avait vraiment d’importance.
Quelques heures auparavant il se rappelait avoir extrait les corps de la cabane avant d’y mettre le feu, avoir longuement regardé les flammes danser, animant la nuit de leur lueurs fantasques, sans en éprouver d’émotions particulières. Il aurait du pourtant. Il aurait du. Quelque chose en lui s’obstinait à prétendre que cette indifférence n’avait rien de naturelle. Son foyer se consumait devant ses yeux. Sa vie s’effritait, s’éparpillait comme cendres au vent. Et il était incapable d’y accorder une once d’intérêt.
Etonnant que le bois si humide se soit enflammé avec tant de facilité.
Vraiment étonnant.
La pensée lui vint qu’il était peut-être censé faire quelque chose pour ces deux corps-là. Une sépulture. Les enterrer. Les brûler tout comme avait brûlé la maison. Ce genre de choses se faisait, c’était la coutume et dans certaines situations, il était important de respecter les coutumes.
L’homme fronça un peu les sourcils en posant les yeux sur sa main déchirée. La chair commençait déjà à gonfler et ne tarderait pas à s’infecter. Une telle blessure pouvait facilement vous coûter la perte d’un membre. Soit. Il n’en ressentait aucun trouble, constatait juste un fait sans trouver en lui le désir d’y remédier.
Des détails que tout cela.
Il n’aurait su dire combien de temps il était resté ainsi, assis sur sa poutre, l’esprit parfaitement vide, au repos. Longtemps probablement. Plusieurs heures peut-être. Mais il ne pouvait rester éternellement ainsi aussi tentante que puisse paraître pour l’instant cette idée.
Une chose restait à faire.
Une seule.
Une simple formalité.
Un autre petit détail à régler.
Teshiro Nihame se leva, jeta un dernier regard indifférent sur les ruines de ce qui avait été le centre de son existence. Le sabre était étonnement léger entre ses mains quand il le saisit, le retourna et en appuya la pointe sur sa poitrine.
Une formalité. Un pas en avant. Une inspiration. Une seconde à peine de concentration.
Rien de plus.
Il ferma les yeux, assura sa prise, se tendit.



Maintenant.



* * * * * * * * * * * * * * * * *



Deux yeux gris attentifs et narquois.
Un sourire étincelant.
Un rire léger, amusé qui se mua en une grimace faussement navrée alors qu’une voix calme et railleuse laissait froidement tomber :
« Vous vous êtes raté. Sacrément dommage, hein ?»



* * * * * * * * * * * * * * * * *


Boarf..
Humph...
C'est d'une gaieté...
J’ai plus ou moins réussi à me foutre le cafard toute seule, moi… J’aime beaucoup Teshiro mais ce mec va finir par me rendre dépressive. Et même moi, je commence à trouver que cette fic prend un drôle de tour, c'est dire. je devrais peut-être surveiller un peu mes lectures...

Ne soyez pas avares de commentaires ;-)
Bye
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Jainas
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Message par Jainas »

Prems' !

Si je te dis que c'est triste, poignant, et magistralement écrit, ça t'ira ?

Parce que franchement je ne vois pas quoi dire d'autre.
C'était peut-être difficile à écrire, mais honnètement, ça ne ce voit pas. :lol:
Et d'ailleurs je ne vois pas de reproche à faire stylistiquemement parlant. Quoique... Si, une (mais faut creuser...^^)
Pourquoi me fais-tu mal ? Pourquoi me frappes-tu ?
C'est le POV d'un gamin de cinq ans qui crève de peur. Même si c'est moins correct du moint de vu de la syntaxe, " Pourquoi tu me fais mal ? Pourquoi tu me frappes ?" passerait sans doute mieux.


Bon, à par ça, si on ne ressentait pas de compassion pour Teshiro avant, si on en ressent pas maintenant, c'est vraiement que l'on à un coeur de pierre.
Kisura n'est qu'esquissée, mais on se prend à l'aimer, et Teshiro est absolument poignant (hum, je me répéte...)
Le plus glauque dans tout ça, c'est qu'Ohira n'y est pour rien, et c'est d'autant plus fort... Comme dit si bien ton gamin qui va mourir, c'est la poisse tout court. C'est d'une noirceur quasi totale. Et la fin, ventresaintgris, la fin ! :shock:
Ohira n'a peut être rien a voir là dedans, mais mortbleu, qu'est ce qu'on peut le détester...

Au final de ce chapitre, on en sait peut être pas beaucoup plus sur Teshiro (mis a part sa "malédiction"), mais on se prend à espérer stupidement (parce que c'est stupide, je le sais, tu n'as pas fini de le maltraiter... :roll: ) qu'il aura son "happy end" ou du moins un repos final... (Tu vas voir ça, si tu continues comme ça on va finir dépressives à deux... ou alors ils faut former le club des gens Définitivement Déprimés Par Le Destin Tragique De Teshiro... ça t'amuse de traumatiser les lecteurs ? )
Dis, tu ne voudrais pas écrire une histoire avec des chiots tous poillus et mignons, et la maman-oiseau qui arrive pour chasser le chat à temps, pour changer ?


Non, franchement, que veux tu dire de plus face à un tel chapitre ? :heink2:
Je sui irrémédiablement jalouse de ta capacité à tourner tes phrases.
Et puis ça me rappelle qu'il faut vraiment que je m'y remette... Si seulement la pérsévérance était suffisante pour moi aussi...

Voilà.
Et les gens, reviewez, franchement. :humm:
yukiyoruno
Gennin
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Message par yukiyoruno »

Quatre chapitres d'un coup...

Je suis maintenant familiére de ton style d'écriture. Toujours aussi sombre, glanque et gore... :???: Le dernier chapitre est particulièrement triste mais assez courant dans les romans de Fantasy.

Mention spécial à Musachi et à Hijo. :lol: Même dans les situations pas gais, ils restent drôles et Musachi, ah! "tu ne veux toujours pas qu'on couche ensemble" :lol:

Musachi est un perso assez insolite. Là, encore, il y a un peu de l'influence de Fred Vargas dans Musachi: les persos assez décalés, marginaux.

Quelques petites fautes de frappe invisibles d'oeil non entraîné. Mais ce n'est pas important.

J'aime le moment où Kakashi sent le bien-être d'abandon.
Et puis, chapitre 17, on commence par "Blanc", ça me fait penser à mon propre one-shot "Blanc". C'est un joli mot pour commener un chapitre. :oui:

Tu décris avec brio les sentiments complexes et contradictoires des personnages (notamment Kakashi, Gai et Sakura)

Naruto était peu présent dans ces dernières chapitres mais je m'en fous car je n'aime pas Naruto.Par contre, j'aurais bien aimé qu'Orochimaru soit un peu plus présent dans les prochains chapitres.

Je suppose que le prochain chapitre traite la rencontre entre Ohira et Teshiro.

et voilà, tel était mon commentaire pas si intéressant.

Arakasi, je pense qu'il vaut mieux d'écrire un one-shot gai ou drôle pour
changer un peu.

Ps: Jainas, on est en vacances donc pas très étonnant qu'il y a peu qui laissent les commentaires. Plus le soleil est présent, plus on est mou et on préfère de faire des autres choses.
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Tayuya
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Message par Tayuya »

Désolée, un peu à la bourre...

Honnêtement, j'ai tout de suite regardé ton chapitre et pi quand j'ai vu qu'il s'agissait entièrement d'un flash back sur Teshiro, j'ai un peu grimacé et je suis allée faire autre chose. Ne le prend pas mal mais c'est un personnage auquel je n'accroche pas particulièrement en dépit de son histoire pour le moins tragique.

Et pi quand même je l'ai lu. Et j'ai été bluffée. Univers glauque à souhait et carnage mis à part, c'était superbement écrit.
Bon, le début avec le petit garçon qui tente de s'échapper, peut-être un peu long mais le reste est excellent.
Comme dit Jain', si on compatit pas pour Teshiro là... ya un problème. Me demande vraiment ce que c'est sa "malédiction". C'est terrible pasque quand sa femme lui pardonne, on s'accroche à l'idée que ptet il aura une chance. Alors qu'on sait pertinement que non ^^ C'est... poignant

Le passage sur Shokei m'a fait un peu sourire curieusement. Tes expressions "foutue, foutue poisse", ça m'a fait pensé à Kakashi et ses "fichu, fichu Gaï" et j'ai réussi à trouver le truc plutôt marrant. Ouais mais par contre, quand ça décrit le viol de la mère, là, j'ai plus trouvé ça drôle du tout (encore saine d'esprit, ça va).

Et la fin... nom de dieu... c'est vraiment horrible. Ce sarcasme désolé c'est... gerbant

Voilà, excellent toujours ^^ juste un truc : attention aux fautes, yen a des grossières
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