L'Héritage, saison 2

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

lebibou
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Message par lebibou »

Bien, je viens de finir les deux premiers chapitres.

Tout d'abord, je sais pas si ça vient de moi où bien le personnage principal ressemble à s'y méprendre à Kenshin le Vagabon ?
Roux, cicatrice cruciforme sur la joue…
Mais bon, on s'en moque, ce n'est pas le passage le plus important.

Je vais reprendre ce qui a déjà été dit par Sakamoto Julietta mais je trouve le premier chapitre un peu trop abrupte. Je suis conscient que Kanji ne fait que réécrire les chapitres originels mais tant qu'à les reprendre, autant faire une refonte complète dans l'organisation des chapitres plutôt que de ne reprendre que les points déjà cités dans le chapitre.
Je me doute que ça doit être un sacré boulot, déjà de juste réécrire les premiers chapitres, et j'imagine que c'est à cause de ça que le Passé Blanc n'a pas encore reçu de nouveaux chapitres.
Le style : Ben c'est du Kanji, c'est beau, bien écrit mais ça reste encore un peu trop lent à mon goût.
Un reproche tout de même. J'ai été déçu par l'entrée d'Akodo dans Konoha. Je m'attendais à ce que la ville soit décrit comme étant quelque chose de grouillant, d'hyper-actif. Ça aurait bien contrasté avec la marche qui a été plutôt vide de vie, donc je trouve que son entrée dans Konoha tombe à plat.
Détail purement scénaristique : l'âge de l'Hokage ne tendrait pas plutôt vers le 60 ans ? (50 à la fin de la première saison, ce qui lui fait 57 au moment de la fic.)
Bon, dès le premier chap je fais un double post
En même temps, si tu réponds à chaque review, c'est sûr que tu es obligé de faire double post pour poster ton chap. :lol:
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Kanji
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Message par Kanji »

lebibou a écrit :Bien, je viens de finir les deux premiers chapitres.

Tout d'abord, je sais pas si ça vient de moi où bien le personnage principal ressemble à s'y méprendre à Kenshin le Vagabon ?
Roux, cicatrice cruciforme sur la joue…
Mais bon, on s'en moque, ce n'est pas le passage le plus important.

Je vais reprendre ce qui a déjà été dit par Sakamoto Julietta mais je trouve le premier chapitre un peu trop abrupte. Je suis conscient que Kanji ne fait que réécrire les chapitres originels mais tant qu'à les reprendre, autant faire une refonte complète dans l'organisation des chapitres plutôt que de ne reprendre que les points déjà cités dans le chapitre.
Je me doute que ça doit être un sacré boulot, déjà de juste réécrire les premiers chapitres, et j'imagine que c'est à cause de ça que le Passé Blanc n'a pas encore reçu de nouveaux chapitres.
Le style : Ben c'est du Kanji, c'est beau, bien écrit mais ça reste encore un peu trop lent à mon goût.
Un reproche tout de même. J'ai été déçu par l'entrée d'Akodo dans Konoha. Je m'attendais à ce que la ville soit décrit comme étant quelque chose de grouillant, d'hyper-actif. Ça aurait bien contrasté avec la marche qui a été plutôt vide de vie, donc je trouve que son entrée dans Konoha tombe à plat.
Détail purement scénaristique : l'âge de l'Hokage ne tendrait pas plutôt vers le 60 ans ? (50 à la fin de la première saison, ce qui lui fait 57 au moment de la fic.)
Bon, dès le premier chap je fais un double post
En même temps, si tu réponds à chaque review, c'est sûr que tu es obligé de faire double post pour poster ton chap. :lol:
Pour Akodo/Kenshin, c'est on ne peut plus exact, et c'est tout bêtement dû au fait qu'Akodo (l'auteur) a conçu le personnage avant même de connaître Kenshin, et est tombé sur une image qui correspondait parfaitement à ce qu'il voulait pour le personnage. Il se trouve que cette image figurait Kenshin. Donc voilà, hasard complet, même si ça peut paraître difficile à croire.

Tout de même, si tu repasses sur l'arrivée d'Akodo, tu noteras que Konoha est décrite comme un truc énorme, cosmopolite et plein de vie. J'ai peut-être pas assez insisté dessus, mais c'est surtout que, comme je prends le point de vue d'Akodo, la réaction presque immédiate à la foule c'est la faim, donc je n'ai pas pris le temps de décrire par le menu la foule, préféran rester sur les réactions d'Akodo.

Vingt dieux que c'est difficile...il faut vraiment que je fasse un effort sur mon écriture, parce que plus ça va plus je me rends compte que ma tendance à l'épanchement est un défaut majeur, voire qui finit par tout gâcher...enfin à voir vos commentaires (que j'apprécie et qui sont toujours constructifs, c'est pas le problème) c'est vraiment mon talon d'Achille et Pâris n'hésite pas à me le mitrailler au moindre chapitre...Je me demande si je vais pas repasser sur les autres réécritures et essayer de rafraîchir le tout...

Quant au problème de la réécriture, c'est effectivement que je n'avais pas envie de passer trop de temps dessus, doncc je me suis contenté de reprendre la trame globale. Enfin sachez tout de même que dans le chap original, la période d'un an était expédiée en 2 lignes...

Et pour l'âge de Tsunade...oui effectivement, mais ce n'est pas non plus d'une grande importance : de toute façon, 50 ou 60 ans, elle en paraît toujours 20.
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Asano Akodo
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Message par Asano Akodo »

pour ce qui est du coup de Kenshin, j'avoue que le hasard est assez surprenant (ou peut être du à une réminiscence d'un personnage que j'avais vu et dont je ne connaissais pas le nom) toujours est il que j'appris qui est Kenshin sur Mirage. Une différence est qu'Akodo porte sa cicatrice sur sa joue droite ( Kenshin l'avait sur la gauche ce me semble).

pour ce qui est du style de Kanji, c'est vrais que ces chap font très PB, mais avant refonte ils faisaient très euh... vide, même si je suis d'accord pour reconnaitre que là ça fait long. Mais ça devrait se tasser dans les deux chap qui vont suivre, et avoir un peu plus de vie ensuite (et de punch, du lourd)
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Message par Kanji »

Juste, et d'ailleurs à priori ce sont surtout les réécritures qui vont paraître assez lourdes : je me suis trop relâché en les écrivant. Les chapitres suivants devraient être plus légers et plus rapides. De toute façon je suis en train de repasser sur les réécritures pour les alléger un peu.

D'ailleurs, je vous pose la question parce que c'est une innovation majeure : qu'est-ce que vous pensez de Konohamaru ?
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Tayuya
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Message par Tayuya »

Je le trouve assez juste. Il a grandi donc son immaturité est beaucoup moins flagrante et en même temps il reste cette fierté d'être le petit fils du Sandaime. J'ai bien aimé le fait que tu doubles cette fierté à celle d'appartenir à Konoha. Il est moins impulsif et il se plie plus aux ordres... oui je trouve qu'il est bien traité ^^
Sakamoto Julietta
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Message par Sakamoto Julietta »

Citation:
Bon, dès le premier chap je fais un double post


En même temps, si tu réponds à chaque review, c'est sûr que tu es obligé de faire double post pour poster ton chap.
C'est l'excitation des nouveaux, on est tous passé par là... ;-)
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Message par Kanji »

Visite médicale

Le monde avait changé si radicalement en si peu de temps qu’Akodo avait l’impression de n’être plus la même personne. Il se sentait perdu. D’autant plus qu’il n’entendait presque plus rien. Enfin pas exactement. Son cœur battait si fort qu’il en venait à se demander pourquoi les fenêtres ne se brisaient pas. Il n’y avait que le rythme sourd du sang pulsant dans ses veines, tandis que son corps s’efforçait de fonctionner.

Cela faisait plus d’une heure qu’il combattait. Il se demandait quand l’Hokage s’estimerait satisfaite. Elle lui avait dit de ne pas avoir peur de forcer. Mais il était sans doute trop tard pour s’en faire : il avait presque l’impression que cinq minutes de plus à ce régime seraient les dernières. Les exercices s’étaient enchaînés très rapidement, presque violemment, de l’entraînement au tir en passant par des démonstrations des bases du ninjutsu et du genjutsu. Mais ce fut les passes interminables de taijutsu qui marquèrent Akodo.

Les premiers exercices n’avaient pas été trop éprouvants, et il avait surtout l’impression de passer une sorte d’examen. Il se contenta de faire de son mieux, sachant que ça restait ridicule comparé à un shinobi de son âge. Mais certaines choses le perturbèrent : le clonage et la permutation n’avaient jamais été aussi ardus à produire. En près de 10 ans de pratique, jamais il ne lui avait été aussi difficile de façonner son chakra pour produire ce qui pourtant faisait partie des bases. A l’inverse, la métamorphose était devenue un vrai jeu d’enfant : il prenait avec une facilité déconcertante l’apparence de Kotetsu, Izumo ou Konohamaru.

C’était anormal, et ce n’était pas arrivé par hasard : il n’avait plus pratiqué le nindô depuis la mort de ses parents. Ces changements étaient peut-être liés au changement de sa propre nature. Plus il explorait ses possibilités, plus il en avait l’intuition. Et la fatigue amenait aussi le besoin irrépressible de se ressourcer.

Le taijutsu n’avait pas changé, mais si les autres exercices avaient amené un malaise, le combat rapproché devint d’autant plus insupportable que la fatigue allait grandissante. Kotetsu et Izumo ne se battaient pas sérieusement, pas suffisamment pour l’amener à donner le meilleur de lui-même. Au bout d’une demi-heure, le doute n’était plus permis : il avait commencé cette série d’exercices en croyant qu’il s’agissait d’une sorte d’examen pour juger si oui ou non il était digne de devenir shinobi de Konoha. Mais plus le temps passait plus il s’apercevait que quelque chose clochait.

Les deux chuunins ne semblaient pas vraiment le tester : au bout d’un moment une routine s’était mise en place, de sorte que le combat ne le menait qu’à la fatigue et à l’ennui. Pendant ce temps, Tsunade restait accoudée à son bureau, Shizune prenait de temps à autre des notes et Saito observait fixement Akodo de son Byakugan à présent activé. Tout cet entraînement ne semblait mener à rien. Et un étrange sifflement commençait à se faire entendre dans ses oreilles.

Toute l’attention d’Akodo se reporta sur le combat. Ce n’était pas tant ses adversaires que lui qui le préoccupait : il n’aurait pas dû être aussi épuisé. Le combat avait adopté un rythme régulier, ni trop lent ni trop rapide, et il lui avait été facile d’y adapter ses efforts pour se ménager. Mais il s’épuisait rapidement. Si rapidement en fait que la soif était revenue très vite, alors qu’il avait eu l’impression d’en être débarrassé il y a si peu de temps par la pilule brune qu’Izumo lui avait donnée.

Akodo savait qu’il lui suffisait de le vouloir pour se requinquer en un clin d’œil, mais il s’y refusait. Malgré l’étrangeté de cet examen, il s’accrochait toujours à l’espoir qu’il pouvait trouver la solution à ses problèmes à Konoha : il avait vu la peur et la méfiance dans les yeux de Konohamaru, et par-dessus tout il craignait que sa malédiction ne lui ferme les portes du village. Il fallait qu’il apprenne à la contrôler, à la réprimer. Il continua donc le combat, malgré la douleur qui commençait à étreindre ses os et à brouiller ses sens, à tel point qu’il n’entendait plus rien. Pas même ce qui se disait à quelques mètres de lui.

Une fois éveillés, les yeux de Saito étaient aussi fixes et insensibles que le reste de son clan, mais son visage exprimait une inquiétude croissante.
-Vous ne devriez pas le pousser à bout.
-Si on ne le fait pas, on ne saura jamais ce qu’il a dans le ventre, répliqua Tsunade. Dis-moi plutôt ce que tu penses de lui.
-Les possibilités, la puissance et le danger potentiels de son pouvoir sont proprement terrifiants.
-En tout cas il a l’air assez endurant, observa Shizune.
-C’est parce qu’il alterne. Le ninjutsu et le genjutsu lui coûtent beaucoup, d’autant plus qu’il se refuse à se ressourcer. Heureusement que le contact qu’implique le taijutsu retarde un peu la fatigue : il est capable d’absorber le chakra par sa simple volonté, mais la simple proximité provoque une légère absorption, une quantité négligeable. Il a l’air naturellement endurant, mais je doute qu’il puisse supporter la pratique continue du ninjutsu, et la fatigue accélérée pose le problème de toute activité physique prolongée. Quant au Henge, il semblerait qu’il puisse mémoriser inconsciemment la signature spirituelle du chakra qu’il absorbe et la restituer lorsqu’il se métamorphose.

Tsunade soupira.
-S’il n’est pas capable de tenir le rythme pour ce genre de choses, il est hors de question d’en faire un shinobi : il ne tiendrait jamais sur un champ de bataille.
-Le problème ne se pose pas sur le plan des potentialités, lui répondit Saito, ne vous en faites pas. S’il a pu survivre aussi longtemps, c’est que son métabolisme s’est adapté à son changement ; à mon avis le problème vient essentiellement du fait qu’il refuse d’utiliser ses capacités.
Le regard de Tsunade se fit étrange, à la fois nostalgique et perçant.
-Et s’il en a peur, c’est qu’il ne les maîtrise pas. Conclusion il faut lui apprendre à se contrôler.
Elle s’interrompit un moment, remarquant que les mouvements d’Akodo ralentissaient.
-Et si nous voulons savoir comment lui apprendre, nous devons d’abord savoir ce qu’il en est de ses capacités.

Il n’y eut même pas besoin d’un regard. Saito détourna les yeux du combat et se tourna vers Tsunade.
-Pour résumer, il possède une quantité de chakra virtuellement illimitée, mais d’après ses performances en ninjutsu et genjutsu, je dirais qu’il n’a qu’un contrôle limité dessus, voire aucun.
-Une quantité de chakra monstrueuse et une maîtrise inexistante… Tsunade sourit. Voilà qui me rappelle quelqu’un… Son regard redevint sérieux. Voyons ce qu’il en est de son endurance.

Godaime se contenta de lever la main et de la laisser retomber sur le bureau. Le claquement qui en résulta n’avait rien d’impressionnant, mais il eut un effet presque surnaturel sur Izumo et Kotetsu qui cessèrent immédiatement le combat. Akodo resta un instant en garde, l’air incrédule, avant de baisser les bras, haletant. Il avait l’impression d’être trop fatigué pour pouvoir réfléchir, un peu comme si le combat l’avait vidé plus que de ses forces, mais de son essence même, de toutes ses ressources.

Shizune lui présenta une chaise, sur laquelle il s’affala sans autre forme de politesse. Son regard était vide, sa poitrine se soulevait lentement, difficilement, ses bras pendaient, inutiles, inertes. Saito se tint accroupi devant lui et posa doucement une main sur son front. Sa mâchoire se crispa pendant quelques secondes, et Akodo rouvrit brusquement les yeux, écartant instinctivement le visage de la main de Saito, qui lui sourit simplement, plein de sollicitude. Son Byakugan à présent désactivé exprimait un profond soulagement.

Il se releva et déroula devant Akodo un long parchemin, représentant une silhouette humaine, parcourue par un réseau, lui-même ponctué de plusieurs points.
-Tu as dû te rendre compte qu’il ne s’agissait pas d’un examen.
Akodo aquiesca, sans parler. Le peu de chakra lui avait communiqué Saito l’avait un peu ressourcé, mais il était toujours aussi désorienté.

Akodo venait de se rendre compte de deux choses : il ne pouvait pas fuir ou ignorer ses capacités, qu’il les considère comme un don ou une malédiction. Il avait essayé de toutes ses forces de réprimer la faim, mais si son esprit pouvait tenter de s’en protéger, son corps ne pouvait pas tenir la distance. Mais grâce au geste de Saito, il avait compris que ces pouvoirs ne lui fermaient pas les portes de Konoha pour autant : certaines personnes étaient prêtes à l’accepter tel qu’il était, à se faire à ses capacités.

Mais le Hyûga avait repris son expression docte et sérieuse, sans que toutefois ne s’éteigne la lueur de tendresse nostalgique qui ne devait plus jamais quitter ses yeux en présence du jeune homme. Lorsqu’il s’adressa à Akodo, Saito avait pris un ton légèrement péremptoire et un vouvoiement qui était apparemment de pure forme.
-Bien. Ces exercices avaient pour but de vous placer en situation telle que je puisse analyser votre particularité. Je pense être en mesure de parler sans trop me tromper à votre sujet.
Akodo était plutôt déconcerté. Cet homme qui il y a une heure lui avait fait l’effet d’un oncle lui parlait à présent comme un médecin urgentiste à un patient inconnu. Seuls ses yeux, pourtant si profonds et unis, lui montraient discrètement qu’il n’en ressentait pas moins. Sa mère lui avait déjà parlé du clan Hyûga, mais c’était la première fois qu’il était confronté à cette noblesse froide qui semblait investir chacun de leurs faits, mots et gestes. Même atténuée par le statut de la Bunke, cette hauteur aristocratique restait impressionnante, surtout pour un enfant des montagnes tel que lui.

Saito prit un crayon et désigna la silhouette figurée sur le parchemin.
-Ceci est le keirakukei, le système de canaux et vaisseaux communiquant le chakra à l’ensemble du corps.
Les quelques leçons de sa mère refirent lentement surface, ranimant son esprit embrumé par la fatigue. Saito poursuivit.
-Ce n’en est qu’une représentation stylisée : en effet, comme on ne peut trouver deux personnes identiques, il n’existe pas deux keirakukei identiques. Certains sont défaillants : ils peuvent être atrophiés à certains endroits, ou avoir des tenketsus manquant voire même supplémentaires. Cependant ces déformations sont de naissance, et de ce point de vue votre keirakukei était en parfait état à votre naissance, je peux en témoigner.
Akodo fronça les sourcils.
-Vous étiez…
-Oui, je vous ai vu alors que vous étiez plus petit que cette chaise. Et il n’y avait aucune raison de s’alarmer à votre sujet à ce moment : Mayumi avait toutes les raisons d’être fière de vous.

Tsunade toussa discrètement. Akodo se demanda si elle souriait comme Saito.
-Bref, reprit-il, votre keirakukei est caractérisé par une malformation plus rare. Le yabureme est une sorte d’entaille sur un des canaux, qui a tendance à perturber la circulation.
Il traça quelques traits sur l’esquisse.
-Chez une personne normale, on en compte tout au plus 20. Ce nombre est commun, et il ne gêne en aucune façon significative l’usage du chakra : ce n’est qu’une particularité à laquelle on s’habitue.
Akodo suivait tant bien que mal. Mais il avait du mal à voir où Saito voulait en venir, ou plutôt il avait du mal à essayer de le voir, comme si dans son esprit il ne voulait pas trop y penser.
-Mais vous en possédez beaucoup plus. Près de 200 en fait. Il semble qu’ils se soit multipliés avec le temps, d’un nombre normal à votre naissance, jusqu’à la quantité actuelle.
-C’est pour ça que je…
-Non. Ce nombre est anormal, mais il ne pose pas un tel problème ; certes, cela implique que votre chakra s’écoule lentement vers l’extérieur, de lui-même. La quantité n’est pas si énorme, cela ne ferait que limiter votre endurance, et de plus cette perte mineure est compensée par une réaction automatique de votre métabolisme. C’est avec cette réaction que les choses sérieuses commencent.

Saito reposa le parchemin et inspira, l’air pensif et plongé dans ses pensées, comme s’il les rassemblait.
-Votre corps a réagi à cette perte en développant la capacité à absorber le chakra directement depuis le keirakukei d’un autre. Ceci constitue déjà une particularité unique.
-Comment c’est possible ?
Akodo avait quelquefois entendu sa mère lui parler d’objets ou de techniques capable de voler le chakra, mais d’après elle c’était là des phénomènes extrêmement rares, issus de siècles de travail, dont les procédés d’élaboration étaient pour la plupart oubliés depuis le temps des guerres féodales. Penser qu’il disposait du même genre de capacités avait de quoi faire frissonner.
-L’explication précise et complète est bien trop complexe pour que je l’expose ici, mais je vais tenter de vous expliquer grossièrement de quoi il retourne. Vous savez sans doute que le chakra, pour être équilibré et stable, doit être façonné en équilibrant la part d’énergie physique et d’énergie spirituelle ?
Akodo acquiesça : il n’osait toujours pas vraiment parler. La masse de connaissances et de choses nouvelles que cette journée faisait pleuvoir sur lui semblait le clouer à sa chaise et commencer à lui donner un sérieux mal de crâne.

Saito poursuivit. Son regard devint plus brillant, presque inquiétant d’intensité à mesure qu’il parlait :
-Le chakra est donc lié très étroitement à l’énergie spirituelle, qui est produite plus ou moins par nos émotions, notre concentration et les autres états de notre esprit. Néanmoins l’énergie physique a également une influence, qui peut se révéler bien plus grande qu’on le croit : ici, il se trouve que par réflexe, votre esprit a inconsciemment créé une sorte de technique. Votre corps ressentait l’anomalie et votre esprit inconscient, votre instinct de survie, naturellement lié à l’état de votre corps, a modifié vos capacités.
Akodo mit quelques secondes à assimiler ces informations, mais son intuition guida sa réponse.
-Alors si je comprends bien, je suis capable d’absorber le chakra depuis le début ?
-C’est sans doute apparu au fil des années, avec le développement de vos yabureme. Mais la réaction de votre esprit a accompagné celle de votre corps : il s’est naturellement configuré pour faciliter l’absorption. Votre état d’alors, comme je vous l’ai dit, n’était pas alarmant : vous absorbiez naturellement un peu de chakra au contact des gens. Ce n’était qu’une quantité négligeable, un peu comme celle que les Hyûga utilisent pour porter un coup de jyûken. Donc, vous n’aviez besoin que d’une relative proximité avec les gens, sans que l’absorption ne se remarque.

Akodo baissa les yeux. Voilà donc de quoi était fait sa personnalité. S’il avait été un enfant amical et affable, ce n’était que parce que son corps avait besoin de chakra pour survivre… Il avait l’impression d’avoir vu son être se réduire tout entier, avec son histoire et son âme, à cette soif qui l’horrifiait. Est-ce qu’il n’était finalement que cela ? Il frissonna en songeant à l’intelligence dont avait fait preuve son « instinct de survie » pour modifier ainsi sa personnalité et ses actes. Comment son comportement avait-il pu changer, pour passer ainsi du garçon pouvant se lier avec tout le monde à l’adolescent renfermé, sans cesse accablé par une soif irrépressible de vie, de la vie des autres ? N’était-il finalement que le jouet de ses pulsions ? Avait-il seulement le contrôle de ses actes ?

Saito attendit qu’Akodo relève les yeux pour poursuivre. La lueur dans ses yeux blancs s’était éteinte.
-Votre état a radicalement changé avec la mort de vos parents. Comme je vous l’ai dit, les émotions sont liées au chakra, et comme votre esprit s’était lié à votre corps par sa réaction à votre tare, le traumatisme qu’a engendré leur mort s’est répercuté sur votre corps.
Il prit le crayon et traça d’autres traits.
-Tout d’abord le nombre de yabureme a augmenté. Mais ce n’est pas le plus inquiétant.
Il prit son crayon comme un couteau et taillada littéralement le parchemin, laissant une bonne douzaine de grands traits barrant en tout sens la forme humaine, des cicatrices de papier qui faisaient affreusement penser à des déchirures ou des plaies béantes.

Akodo frissonna et crut que les larmes allaient lui monter aux yeux. Il était si fatigué de souffrir et de constater sans cesse à quel point le destin avait été cruel avec lui. Il se rappelait cette sensation terrible de déchirure qu’il avait ressentie. Bien plus qu’une émotion, c’était une blessure que son corps portait lui aussi. En voyant cette esquisse, cette représentation d’un homme, il se dit qu’il n’était finalement qu’une blessure, tant dans son corps que dans son âme. Une blessure qui semblait ne jamais devoir se refermer : il avait eu un an pour se rendre compte que la souffrance, contrairement à l’homme, avait la vie dure.

Saito regarda un instant Akodo, puis il ferma les yeux et se força à continuer. Il parlait d’une voix monocorde, qui n’exprimait aucune émotion, et Akodo se demanda ce qu’il éprouvait à cet instant.
-Ces plaies sont des yabureme bien plus grands, et de véritables portes grandes ouvertes qui laissent s’échapper le chakra en grande quantité. Normalement aucun être vivant ne tiendrait plus d’un jour avec un keirakukei dans cet état. Mais votre organisme savait déjà comment pallier cette perte rapide : il en avait déjà fait l’expérience en compensant le surnombre de vos yabureme. Il s’est contenté d’amplifier le phénomène : pour vous maintenir en vie, votre organisme a développé encore vos capacités d’absorption, et il semblerait qu’il tente parfois d’en faire usage sans que vous en soyez conscient, voire même contre votre gré.

Akodo trembla violemment : ses craintes prenaient forme, et cette forme, c’était lui. Cette chose dans son ventre, c’était lui. Cette soif de mort et de souffrance, c’était lui. Tout ce qui avait fait de l’année dernière cette putain de mauvaise année, en fin de compte, c’était uniquement et entièrement lui. C’était officiel, estampillé et prouvé scientifiquement.

Saito posa doucement sa main sur son épaule.
-D’après ce qu’on m’a dit, vous aviez déjà fait un usage majeur de vos capacités sans le vouloir.
Akodo aquiesca. Il parla d’une voix mal assurée.
-J’ai déjà perdu le contrôle de moi-même et tué quelqu’un. Je crois que c’était par manque de chakra à l’époque ; je suis devenu bien plus solitaire qu’avant après la mort de mes parents, j’imagine que le manque de contact m’a affaibli et que la soif a augmenté de plus en plus.
-Et lorsque tu t’es disputé avec Konohamaru ? demanda Tsunade.
-Là aussi c’est le manque, je suppose, la foule aussi… j’avais peur de céder à la tentation…
Sa voix faiblit.
-Je pense que je ne me serais jamais battu avec lui en temps normal. J’ai l’impression d’avoir perdu le contrôle de moi-même…
La main de Saito se fit plus insistante sur son épaule, comme si elle voulait le ramener à la réalité. Akodo essaya de se calmer, de s’accrocher à quelque chose qui puisse l’éloigner de ce qu’il se voyait devenir.

Tsunade lui laissa le temps de se reprendre, et posa la question inévitable.
-Jusqu’où peuvent aller ces crises ?
-Je ne sais pas. La plupart du temps je ne me rappelle de rien de clair, et le pire c’est qu’elles se produisent sans aucune logique. Parfois je sens que je suis en train de perdre le contrôle : j’ai le temps de m’isoler, mais…
-Mais tu n’as aucun contrôle sur elles, acheva Tsunade.
Akodo fit non de la tête. Il garda les yeux baissés. Il était dans le noir, il ne savait pas ce qui allait advenir de lui, comment il allait se voir par la suite, s’il y avait une suite. Tous ses malheurs de l’année précédente semblaient avoir trouvé leur consécration avec les explications de Saito, et il se retrouvait au pied du mur.

Tsunade soupira légèrement.
-Bon, tout ça me paraît clair. Maintenant il va s’agir de…
Elle fut interrompue par un courant d’air venu de la fenêtre voisine. Le souffle subit fit voler quelques papiers et sembla évoquer la présence toute simple d’un homme. Un œil droit se posa sur Akodo et Saito.
-Tiens, il y a des gens aujourd’hui. Bonjour tout le monde, fit une voix paresseuse dont le ton apathique laissait transparaître une note d’insouciance.
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Sakamoto Julietta
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Message par Sakamoto Julietta »

Et bien, on peut dire que je me suis fait deux heures de Kanji cett après midi :grin: ...

Alors j'ai lu les deux derniers chapitres de cette fic et j'ai remarqué que les defauts que j'avais cité pour le premier chapitre avaient disparus. Et même si le deuxième chapitre semble avoir été plus laborieux, tout cela reste de bonnes factures...

Ceci dit, Akodo, il me fait mechamment penser à Rogue des x-men. Même état d'esprit et tout et tout...
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Asano Akodo
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Message par Asano Akodo »

c'est vrais que maintenant que c'est dit c'est vrais que c'est à peu près ça
sauf que moi je ne vole pas les jutsus des autres (je fais mieux NIARK)
Kanji
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Message par Kanji »

Et voici un nouveau chap...Reviews :oops: , plise ?

Une voie de plus

Akodo apprendrait par la suite que l’entrée dite du « coup de vent » était célébrissime dans tout Konoha, et qu’elle était surtout réputée comme un excellent moyen de s’attirer les foudres de Godaime, à tel point que les passants avaient appris à garder le nez en l’air lorsqu’ils passaient devant le bâtiment des Hokage, afin d’éviter toute retombée de la fureur de Tsunade. Bien sûr cela donnait lieu à un nombre incalculable de collisions inter-piétons, et à un certain nombre de prises de contact subites entre divers bâtiments, murs, poteaux et ninjas distraits, occupés à surveiller les fenêtres du bâtiment ; mais qu’était un poteau récurrent face à la colère d’un Sannin, fut-elle par projectile interposé ?

Enfin bref.

C’était cette entrée même qui avait eu lieu sous ses yeux, une entrée contraire à toutes les règles d’approche militaire, paradoxale, dont la mise en place était d’une discrétion absolue, et dont l’exécution tenait de la dernière des esbroufes. Mais c’était un moyen comme un autre de compenser l’ennui profond de la remise de rapport par un peu d’autosatisfaction. Curieusement, ce genre de phénomène n’arrivait qu’à Konoha. Tsunade en était venue à se demander si elle n’aurait pas dû devenir Raikage, loin au nord dans un pays de landes et de collines, avec des villes plates et peu de fenêtres.

Comme l’indiquait l’étrange pause dans l’accumulation de tension qui battait son plein il n’y a pas 5 minutes, il semblait que l’entrée de ce shinobi suffisait à détendre plus ou moins l’atmosphère. Ce n’était pas tant qu’il était particulièrement impressionnant ou apte à s’accaparer l’attention (comme le prouvait l’absence de reluisance de sa dentition), mais plutôt que sa voix semblait faite pour résonner et faire répercuter son timbre, affleurant dans l’espace silencieux comme un nuage paresseux dans un ciel d’azur. Il avait ceci de particulier que sa voix seule installait un climat de légèreté, avec une touche de dérision inénarrable.

Le shinobi en question portait l’uniforme traditionnel de Konoha ; son âge restait assez indéfinissable pour trois raisons : la relative jeunesse de ses traits supérieurs, la couleur argentée de ses cheveux et l’absence relative de traits inférieurs, dissimulés qu’ils étaient par un masque de tissu. Sans parler de la timidité proverbiale de son œil gauche, pudiquement voilé par son bandeau. Comme souvent, Kakashi arborait ce sourire que lui seul avait à faire, une sorte de sourire oculaire, qui consistait simplement en un œil droit fermé et un coup de pouce quelconque à l’intuition physionomiste de son interlocuteur.

Une veine saillit légèrement sur le front de Tsunade.
-Kakashi… commença-t-elle.
Le ninja copieur eut ce que chez quelqu’un d’autre on aurait pu appeler un élan de précipitation.
-Au rapport. Et j’apporte aussi celui de Naruto, il a croisé Iruka et…
-Ca va, je connais la suite, le coupa sèchement Tsunade, exaspérée à la fois par son entrée, par le rajout de paperasse à la liste et aussi par le désespérant manque de professionnalisme qu’elle notait chez le jeune shinobi (sans toutefois noter le sien quant aux tâches administratives, il est vrai, mais curieusement personne ne lui fit la remarque).

Kakashi descendit du rebord de la fenêtre et alla déposer les deux formulaires sur le bureau de l’Hokage, qui pour sa part alla s’asseoir dans son fauteuil, histoire de s’assurer un peu de repos et d’autorité par la même occasion. Le ninja copieur adressa un salut de la main à toutes les personnes présentes, et leva légèrement le sourcil droit en voyant Akodo.
-Ah, Kakashi-san, voici… commença Saito.
-Asano Akodo, fils de Byakugan no Mayumi, termina Kakashi avant de le saluer cordialement.

Akodo ne répondit pas. Il prenait conscience, de plus en plus clairement, de la différence presque effarante entre le monde qu’il venait de quitter, et du fait qu’il se trouvait en présence de deux légendes vivantes. Tsunade ne trahissait pas sa réputation, mais de Kakashi on ne connaissait généralement que sa valeur au combat, son sang-froid et son œil gauche, pas son air apathique, son sens inné de la dérision et d’une manière générale tous ces détails plus ou moins ridicules dont ses ennemis et ses contemporains de bataille ne témoignent presque jamais. La transition n’en était que plus incroyable : dans les campagnes, on entend parler des quelques légendes militaires, d’autant plus qu’on a une mère qui travaille dans ce même domaine. Mais il semblait à Akodo qu’en franchissant les portes de Konoha, il venait de pénétrer au cœur même de ces légendes, dans leur intimité, là où on peut voir le mortel derrière la machine de guerre. C’était à la fois rassurant et effarant.

C’est là que se fit la rupture. Akodo eut l’impression d’être en colère. Mais il n’était pas en colère, enfin ce n’était pas exactement lui. C’était cette chose dans son ventre. L’espace d’un instant il se dit que le chakra ne lui manquait pas, que sa vie n’était pas en danger et donc qu’il n’y avait aucune raison pour son corps de chercher la vie. Et pourtant il pouvait entendre ce sifflement enfler dans ses oreilles comme le feulement cruel d’un fauve avide de sang.

Il ne ressentait pas ce vide insupportable, cette faiblesse qui envahissait son corps comme une maladie et appelait un remède immédiat : c’était différent. Il lui semblait que ses entrailles grondaient de rage, non pas contre son refus de se nourrir, mais contre le monde entier, contre toute la vie dans cette pièce… Akodo se sentit tomber en arrière, aussi bien physiquement que mentalement, et sentit quelque chose remonter des profondeurs de son âme, se frayer avidement un chemin à travers son esprit paralysé et tenter de le déloger de la conscience. Et au moment où ils entrèrent en contact, au moment où il lui sembla que sa vie même était sur le point de changer de visage, il comprit, comme s’il était frappé par la foudre.

Cette chose, qui couvait et ruminait sa rage dans ses entrailles, fulminait contre la paix qui s’était emparée de la pièce. C’était cette atmosphère de calme et de détente qui lui insupportait, comme si elle était faite pour anéantir la sérénité et la paix. Akodo ressentit jusque dans ses os le contact de cette force belliqueuse, il la sentit se glisser lentement dans son corps et tenter d’en prendre le contrôle. Il eut un sursaut de dégoût.

Tout ceci semblait avoir duré des siècles pour lui, mais en réalité il ne s’était pas écoulé une seconde pour l’assistance. Mais cette seconde avait amplement suffit. Saito avait été le premier à remarquer que quelque chose n’allait pas. Au moment où il avait entendu Akodo pousser un gémissement étouffé, son Byakugan s’était activé par réflexe, et ce qu’il vit le fit frissonner. En tant que médecin, il savait parfaitement qu’il était pratiquement impossible à un corps humain de contracter tous ses muscles à l’unisson. Mais Akodo semblait décider à défier tous ses pronostics.

Pendant un infime instant, si rapide que Saito crut avoir rêvé, le corps du jeune homme fut prit de convulsions. Ou plutôt d’une convulsion. Un seul spasme, d’une force et d’une ampleur telles qu’il semblait s’emparer de la pièce toute entière. Comme lorsque brusquement la terre s’ébroue et fait frémir les villes avec elle.

Ses yeux mordorés se révulsèrent, il s’évanouit et tomba de sa chaise. Et tous crurent qu’ils avaient rêvé. Mais lorsque Shizune se précipita pour porter assistance au pauvre jeune homme qui était pitoyablement allongé par terre, le cauchemar refit surface.

Les traits d’Akodo se contractèrent et son corps trembla. Une tension terrible monta dans la pièce. Elle enflait et pulsait comme un cœur ; c’était une promesse effrayante de souffrance, résonnant puis se taisant, comme la mer s’avance puis recule, tandis que le visage du jeune homme était pris de spasmes de plus en plus rapides. La pièce toute entière semblait trembler devant les pulsations de cette agressivité, qui sans cesse grandissait puis retombait, comme si le souffle d’Akodo battait contre sa poitrine, désirant plus que tout s’en échapper.

Les vitres gémirent et vrombirent tandis que les pulsations prenaient de la force. Akodo ne bougeait toujours pas, mais ses cheveux roux se mirent à se soulever sous l’effet d’une force invisible et à frémir comme autant de serpents. Lentement, comme dans un rêve, son visage se souleva du sol, ses traits vides semblant mépriser la tension qui régnait dans la pièce. Saito ne rêvait pas : ses muscles étaient parfaitement inactifs. Malgré son chakra qui s’échappait continuellement des plaies béantes de son keirakukei, son cœur ne cessait de battre, presque avidement, et ses muscles restaient inertes. Et pourtant son corps se soulevait, comme un pantin tiré par des fils invisibles, se redressant sans bouger de lui-même.

Bientôt il fut suspendu au-dessus du sol, le visage levé vers le plafond de pierre, de sorte que Saito ne put voir ses yeux ; la chaise vola en morceaux, le bureau de Tsunade commença à trembler et les vitres gémirent, sur le point de se fendre. Et entre les murs retentit un gémissement étouffé qui s’échappait des lèvres closes d’Akodo.

Au plus profond de lui-même, Akodo savait ce qui allait se passer : il allait faiblir, céder le pas, et peut-être se réveiller pour voir un champ de ruines empli de poussière et de sang. Ou ne jamais se réveiller, que sa conscience ait été engloutie ou que son corps ait été tué. Et il pouvait se rendre compte que ça valait peut-être mieux ainsi. Après tout, ce qui était indispensable à sa survie était aussi conçu pour attenter à celle des autres. Il pouvait clairement se définir à présent : un être qui, pour vivre, doit tuer.

Il savait bien qu’il existait bien des solutions pour compenser la perte de chakra, mais il savait aussi, maintenant, que ce n’était pas que la perte de chakra qui déchaînait cette chose dans ses entrailles. Même s’il trouvait le moyen de vivre une vie tranquille, loin de l’irrépressible haine que tous finissaient par lui porter, il arriverait forcément un moment où cette chose allait lui voler le contrôle de ses actes et déchaîner sa frustration. Mieux valait en finir maintenant, plutôt que d’endurer des années de souffrance et de mort.

Au moment de se laisser glisser, d’abandonner la conscience, il repensa une dernière fois à avant… avant cette putain de mauvaise année. A son village, à ses amis qui en étaient venus à le détester eux aussi, à son père et surtout à sa mère, si douce et franche, qui lui avait appris tout ce qu’il savait.

Il se rappelait les heures qu’il passait à l’écouter parler des légendes du Pays du Feu, des temps anciens et des mythes guerriers, de l’ère féodale et de ses grands seigneurs, régnant sur les batailles comme des dieux vivants, de Konoha et des heures noires d’avant sa création, des shinobis qu’elle avait côtoyés et qui étaient par la suite devenus célèbres… Elle lui avait dit tant de choses…

« Les shinobi tels que lui se bâtissent leur propre voie… »

Akodo se souvint de l’air profondément nostalgique qu’avait sa mère lorsqu’elle parlait de lui. Il n’avait jamais su ce qu’il était devenu… sans doute était-il mort au combat. De tout ces héros dont il avait entendu l’histoire, c’était sans doute lui qu’il admirait le plus. Peut-être était-ce cette façon qu’elle avait d’en parler, comme si pour elle il était infiniment plus héroïque que les autres. Akodo avait été d’emblée impressionné par l’histoire pourtant si simple de ce jeune homme qui avait défié tout un clan par sa vie. Peut-être était-ce le fait que, contrairement à tous les autres, il n’avait été au départ qu’un jeune homme comme les autres, vivant sa vie ici, dans ce même village…

« Il n’a jamais abandonné. » répétait-elle souvent, avec cette voix emplie de nostalgie.

Quelque chose changea. Akodo se souvint qu’il avait souhaité pareille destinée pour lui-même. Peut-être n’était-ce qu’un rêve d’enfant, mais ce rêve avait aujourd’hui une chance de se réaliser. Tous s’accordaient pour le dire, il était exceptionnel ; certes ce don était dangereux, mais il n’en restait pas moins exceptionnel. Il se rappela l’importance qu’attachait sa mère aux leçons qu’elle lui donnait : pourquoi l’avait-elle élevé ainsi, si ce n’était dans l’espoir de ce jour ? Il se rappela la tendresse et la tristesse qu’il avait vues dans les yeux de Saito : pouvait-il vraiment l’abandonner à son deuil ? Il se rappela cet homme qu’il avait tant envié : pouvait-il vraiment trahir sa mémoire ?

Il ne se sentait pas le droit d’abandonner. Il pouvait vivre pour maîtriser cette chose dans son ventre, vivre pour faire la fierté de sa mère malgré les épreuves, pour se prouver à lui-même qu’il avait tort. Il se devait de le faire. Ne serait-ce que pour oublier cette putain de mauvaise année, pour racheter les crimes que sa faiblesse lui avait fait commettre, il devait faire en sorte d’être heureux. Il fallait essayer. C’était sa volonté, son devoir, sa voie.

Tout ceci n’avait duré que quelques secondes. Que Kakashi avait immédiatement mises à profit pour révéler son Sharingan et analyser la situation. Il n’eut pas le temps de voir grand-chose que les choses changeaient soudainement. Akodo tomba, aussi soudainement qu’il s’était élevé lentement. Il resta à genoux, et sa respiration reprit peu à peu de la force. Un gémissement rauque remonta le long de son poitrail et roula dans sa gorge tandis que ses mains se serraient si fort que ses phalanges blanchirent.

Et tous sentirent. Les fenêtres avaient tenu, mais pourtant un vent froid effleurait leur chair, les faisant frissonner de sa caresse glaciale. Une brise macabre qui griffait leur peau et traversait leur corps pour rejoindre Akodo, laissant derrière lui la froide trace de son passage, comme la mort prélevant son dû. Kakashi et Saito virent ce qu’eux seuls pouvaient voir : de frêles volutes bleutées étaient dérobées aux vivants pour venir entrer en Akodo, absorbées par de grandes lignes brillantes qui parcourraient son corps. De la vie à la vie.

Akodo ouvrit sur le monde des yeux mordorés qui brillaient d’une détermination farouche. Plus rien dans son attitude ne rappelait la faiblesse qui l’avait pourtant saisi tout entier il y a quelques secondes à peine. Il se tenait droit, ses cheveux roux brillant sous le soleil comme une couronne de feu écarlate.

Tsunade marmonna :
-Alors c’est décidé…
Elle se leva et parla d’une voix forte, imposant sa présence à tous.
-Akodo. Comme tu as pu le voir en arrivant ici, le Pays n’est plus aussi sûr qu’avant. Les escarmouches frontalières se multiplient, et la diplomatie commence à se faire à couteaux tirés. Autrement dit, nous sommes au bord de la guerre. Et en guerre, nous avons besoin de ninjas : tu as acquis les bases grâce à Mayumi. Elle savait ce qu’elle faisait, et il est possible de faire de toi un bon shinobi avec un peu de temps et beaucoup d’effort.
Elle marqua un temps avant de reprendre.
-Mais en guerre nous avons aussi besoin d’armes. Je ne vais pas jouer les idéalistes, parce que la situation ne me le permet malheureusement pas : tu es une arme, une arme terrible. Du moins tu peux le devenir en développant tes capacités. Nous pourrions en avoir besoin dans les temps à venir, mais plus encore, nous n’avons certainement pas besoin que d’autres personnes, des personnes moins conciliantes et avec des intentions bien moins louables s’emparent de toi et t’utilisent contre nous. Autrement dit, soit tu restes ici de ton plein gré, en tant que shinobi de Konoha, en acceptant de mettre tes pouvoirs au service du village, soit tu es gardé prisonnier et abattu si tu tentes de t’échapper. A toi de choisir.

L’expression d’Akodo ne changea pas, mais le silence sembla porter un moment en lui les paroles de Tsunade. Le jeune homme sourit : voilà qui scellait son destin. Mais ce n’était pas pour lui déplaire. Il s’inclina profondément.
-Hokage-sama. J’accepte.
Tsunade sourit à son tour et approuva du chef. La tension qui avait imprégné l’atmosphère sembla se dissiper tandis que chacun exprimait son soulagement à sa façon.

Godaime fit un signe de la main.
-Shizune. Amène Akodo aux quartiers des étudiants, montre-lui la chambre qui lui a été préparée. Saito, Izumo, Kotetsu, vous pouvez disposer.
-Suivez-moi Akodo-kun, fit Shizune.
Il ramassa ses affaires et suivit Shizune, seul Kakashi restant dans le bureau.

Le ninja copieur reste devant le bureau et attendit que Tsunade prenne la parole, une fois la pièce vide.
-Alors ?
-Alors j’en dis qu’il promet, mais qu’il faudra y faire attention. Si vous voulez mon avis il faudra traiter le problème de la même façon que pour Naruto.
-A ceci près qu’Akodo est moins dangereux, mais aussi bien moins stable. Sans parler du danger accru que ça représente pour lui, sachant que le manque peut finir par le tuer.
-Vous pensez le confier à qui ?
-Sarutobi-sensei t’avait confié Naruto. Je pense que je peux te confier Akodo pour l’instant, du moins jusqu’à ce qu’on trouve quelqu’un de plus adapté. Je demanderais à Saito de me faire un rapport avec ce qu’il sait, histoire que je puisse y réfléchir.
Kakashi réfléchit un moment.
-…En premier lieu, je pense qu’il faudrait peut-être même songer à deux personnes, ne serait-ce que pour le surveiller, voire même tester ses capacités.
-A qui tu penses ?
-D’abord quelqu’un avec assez de chakra pour compenser les pertes d’Akodo, mais qui ne souffrirait pas trop de lui en avoir donné, et ensuite quelqu’un capable de le maîtriser rapidement.
-Mieux vaut que cette deuxième personne puisse employer autre chose que des ninjutsu, on ne sait pas encore à quel point les pouvoirs d’Akodo lui permettent de les contrer. Sans parler du fait que s’il perd le contrôle il faudra réparer les dégâts qu’il aura subis.
-Bref je pense qu’ils sont tout trouvés.
-Et ?
-Et je pense qu’au début ils ne pourront pas s’encaisser…

Tsunade et Kakashi sourirent.
-De toute façon ce ne sera que temporaire, nous avons surtout besoin de quelqu’un pour l’entraîner. J’organiserai une réunion pour lui trouver un sensei. Je compte sur toi pour essayer d’en découvrir un peu plus sur ses capacités en attendant, histoire de faciliter le choix.
-Comptez sur moi.
-Tu peux disposer.
Kakashi s’évanouit dans les airs après un signe de tête respectueux.

Tsunade poussa un gros soupir et se leva. L’air songeur, sans avoir la tête à ce qu’elle faisait, elle suivit son habitude et commença par ouvrir un des tiroirs de son bureau, un grand tiroir au massif ventre de bois, qui auparavant contenait les dossiers financiers du village ; auparavant, parce que ce que Tsunade venait d’en sortir n’avait pas vraiment l’air d’un dossier financier, à moins que les finances n’aient soudainement pris un tour plus orienté vers l’alcool de riz. Une coupelle plus tard, elle s’était assise dans ses appartements.

Dans cette petite pièce modeste étaient accrochés au mur les portraits de 5 des plus grands shinobis que ce village ait jamais vu. De Shodai, son grand-père, à elle-même, en passant par Sandaime, son maître. Tous deux avaient du maîtriser quelque chose de bien pire qu’Akodo. Le jeune homme n’était pas un Jinchûriki, il n’était pas aussi dangereux, mais il n’en restait pas moins problématique. Elle n’avait plus à s’inquiéter au sujet de Naruto, et ce depuis près de 3 ans maintenant. A présent il fallait se soucier de ce qui allait advenir du jeune Asano.

Tsunade poussa un grand soupir : des ennuis ? Trois fois rien pour l'instant, mais sûrement un paquet en perspective...
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Jainas
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Message par Jainas »

Décidément j'adore cette réécriture :D

Un,e toute petite longueur au début sur le passage avec Kakashi, mais sinon c'est du tout bon.
Je connais déjà la suite, mais ça ne m'empèche pas de la réclamer a cors et a cris ... :D
:grin:
Kanji
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Message par Kanji »

Merci^^

Ah oui le passage sur Kakashi...c'est vrai qu'il est assez long, mais c'est un peu le seul passage léger et humoristique du chapitre, donc autant s'y attarder un peu.

D'ailleurs si tu veux tellement la suite, elle est sur Mirage.
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Sakamoto Julietta
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Message par Sakamoto Julietta »

Ah c'était agréable à lire... Mais que de mystère dans ce chapitre!!!

Ah oui, cette histoire de bête me fait méchamment penser à la frénésie de l'âge des ténèbres...
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Kanji
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Message par Kanji »

De mystère ? Tant que ça ?
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Asano Akodo
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Message par Asano Akodo »

Sakamoto Julietta a écrit :Ah c'était agréable à lire... Mais que de mystère dans ce chapitre!!!

Ah oui, cette histoire de bête me fait méchamment penser à la frénésie de l'âge des ténèbres...
chouette y en a un qui a trouvé, effectivement un des meilleurs exemple que l'on puisse trouver pour illustrer le principe de la "Bête" (oui les guillemets et majuscules sont de rigueur) aussi bien pour le truc d'Akodo que pour les Gîru, c'est la Bête dans l'univers de Whitewolf (Vampire, Mage, Loup-garou), très usité comme principe mais qui fonctionne bien
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