Nouveau chapitre! J'ai eu du mal à le finir celui-là suite à une semaine un peu beaucoup chargée. Enfin dés Jeudi prochain, je pourrai trouver plus facilement le temps d'écrire. Pas trop tôt...
Il me plaît assez ce chapitre, j'espére qu'il n'est pas trop chaotique par moment. Trés bonne lecture!
CH 17 : Combat de fauves.
- Sais pas ce qui c’est passé. Le… Le village a euh… Il a… Il a explosé ! Je vous assure ! Enfin… Hum… Je crois. Parce que en fait je n’ai pas vu grand-chose. Rien du tout en fait. Hum… Parce qu’on était sous terre. Enfin pas de la terre. De la roche. Euh… Le sol, vous voyez ? Donc, en fait… Où j’en étais ? On est sorti de la terre. De la roche. Du sol, pardon. Alors euh… Hum… ha…
Hijo s’embrouilla, sécha lamentablement et finit sa phrase dans un bredouillement incompréhensible, sous le regard impassible de l’officier anbu. Regard qu’il devinait en tout cas impassible, professionnel, peut-être même légèrement méprisant. Pas très facile à juger étant donné que rien ne filtrait à travers les minces entailles du masque de chat qui le toisait. Le chuunin trouvait cela extrêmement perturbant et était incapable de fixer longtemps la face lisse et blanche, préférant se concentrer sur la ceinture de son interlocuteur.
Il était tombé sur le groupe d’anbus pas pure chance, ou plus exactement les anbus lui étaient tombés dessus. Une seconde auparavant il courrait seul dans la forêt, les arbres filant à ses côtés, silhouettes sombres et décharnées rendues floues par la vitesse, une main crispée sur ses côtes douloureuses. Les ninjas avaient surgi de nulle part, tels des fantômes ou quelques esprits des forêts jaillissant de l’écorce même. Le premier réflexe d’Hijo avait été de tenter de prendre les jambes à son cou, réflexe salvateur qui lui avait plus d’une fois rendu service, mais également réflexe inutile, voire suicidaire quand on se retrouve brusquement entouré d’une demi-douzaine de ninjas plus puissants, plus rapides, bien mieux entraînés et en meilleur condition physique que soi.
Après une crise de panique d’assez courte durée, il avait enfin reconnu l’uniforme des anbus de la feuille.
Et avait manqué de s’en évanouir de soulagement.
Il s’était lancé dans un discours un peu hystérique, avalanche de propos incohérents qui avait fini par expirer sous les regards froids des masques aux effigies animales. Le pire étant celui du capitaine. L’homme s’était planté devant lui et l’avait écouté sans l’interrompre, sans émettre un son, pas même un grommellement d’irritation. Impossible de deviner la moindre expression. Le moindre sentiment. Si un anbu était capable d’éprouver ce genre de choses.
Le bref aperçu qu’il avait eu de l’univers de ces hommes durs et violents à travers l’attitude et la fin tragique du capitaine de la sixième unité et de ses subordonnés ne lui avait pas donné envie d’en faire plus ample connaissance.
Hijo fit un nouvel effort héroïque :
- Tout avait cramé, marmonna-t-il. Les maisons, les gens, les arbres et euh… les maisons ? Pardon. Nos équipiers, le dém… le garçon et Sakura, ils avaient disparu. Avec Ohira. Vos copains, euh non ! Pardon ! Les autres anbus. Ils étaient tous morts. Pas bien morts. Hum, je veux dire… C’était pas très… beau. Hein ?
Silence. L’autre ne l’aidait vraiment pas.
- Il les avait… Je veux dire : Ohira les avait… Ha… Euh… Vous comprenez ?
- Non, je suis sourd comme un pot. Et légèrement attardé sur les bords aussi. Et cesse de causer à ma braguette mon garçon, tu veux ? Je commence à trouver ça déstabilisant.
Le chuunin releva la tête en sursaut, mâchoire pendante.
L’officier laissa échapper un profond soupir, rejeta son masque sur sa nuque et posa un regard brun, calme et plutôt bienveillant sur le jeune homme paralysé. Celui-ci considéra incrédule le visage bronzé et mal rasé à l’expression un peu distraite.
L’autre lui adressa un hochement de tête :
- Et ramasse ton menton, continua-t-il. Tu vas finir par bouffer de la terre.
Hijo se fit mal aux dents en les claquant sèchement dans sa hâte d’obtempérer. Mais il ne pouvait s’empêcher aussi facilement de fixer d’un œil exorbité son interlocuteur qui paraissait pour l’instant l’avoir oublié, trop occupé à lever un regard las vers la ciel.
- Rhaaaaa… gémit-il. Bien prévisible ! Mais qu’est ce qu’il leur a pris de confier une équipe à ce morveux de Gabanju ? Un petit crétin de plus, pas foutu de trouver son cul avec un atlas ! Et on nomme ça capitaine… Ca-pi-tai-ne ! A ce compte là, pourquoi vont pas les chercher à l’Académie leurs foutus capitaines ?
Puis revenant sans transition à la mission :
- Et Hatake ? Qu’est-ce qu’il est en train de foutre celui-là ?
- Ha… Hatake ?
- Kakashi Hatake, précisa gentiment l’officier. Jounin. Cheveux gris. Un œil rigolo. Lit des bouquins pornos. Pas très sociable. Tu le remets ?
Hijo réussit de justesse à éviter un nouveau décrochement de mâchoire, tentant vainement de comprendre quel sens son vis-à-vis pouvait bien donner au mot « rigolo ».
- Ou…Oui. Il est parti à leur poursuite. Pour ses élèves, je crois… Il… Il avait peur.
Il ne se rendit compte que trop tard de se qu’il venait de proférer. Véritable blasphème pour bon nombre de shinobis moyens de Konoha. Kakashi Hatake était un génie. Kakashi Hatake ne pouvait avoir peur.
Mais l’homme qu’il avait observé sur les ruines d’Hashika avait bel et bien peur.
Etait terrifié en réalité.
Quoi qu’il en soit, le capitaine ne releva pas la remarque, se contentant d’un mouvement d’épaule fataliste.
- Foutu imbécile suicidaire, commenta-t-il. Sa réputation lui est montée à la tête. Mais un bon pisteur. Un des meilleurs, pas comme les abrutis qu’on nous fourre dans les pattes aujourd’hui.
- Justement euh…
Un haussement de sourcils interrogatif. Hijo prit son courage à deux mains : quitte à dire des blasphèmes autant ne pas s’arrêter en si bon chemin.
- Il… Il n’avait pas l’air d’aller… très bien. Depuis le début de la mission, il… Quand je suis parti, il paraissait un peu…
Il chercha de son mieux le terme le moins embarrassant et finit par opter pour :
- Hum… Détraqué.
- Ah ouais ?
Pour la première fois quelque chose qui pouvait passer pour de l’inquiétude glissa dans les yeux placides. Un léger froncement de sourcils :
- Mouais. Faudrait peut-être envisager de repartir en vitesse, alors. Pas plus de temps à perdre. On…
- Mon capitaine ? l’interrompit une voix féminine, grave et mélodieuse.
L’officier, masque toujours relevé, tourna un regard intrigué vers l’anbu au masque de chouette qui venait de prendre la parole. Celle-ci étendit un bras silencieux vers l’horizon. Vers les nuages épais et gris sombre qui s’étendaient lentement au dessus de l’Est.
Au dessus d’Hashika.
- Et merde, asséna avec conviction l’homme.
* * * * * * * * * * * * * *
Kakashi dérapa dans la boue, faisant gicler de tous côtés des éclaboussures de neige mêlée de terre. Projeté en arrière par un coup asséné avec la violence d’un taureau, le jounin patina sur le sol glissant, cherchant à recouvrer son équilibre. N’en eu pas le temps. Son bras gauche se releva au dernier moment, parant du tranchant du kunai la lame acérée qui s’abattait sur sa poitrine.
L’acier crissa sur l’acier.
Une nuée d’étincelles s’éleva brièvement recouvrant les deux hommes.
Les jambes du jounin plièrent sous le choc qu’il tenta tant bien que mal d’encaisser. Y réussit presque. Tomba à genoux, les bras raidis au dessus du front, soutenant à présent à deux mains la force de l’attaque. L’autre pesa de tout son poids sur le sabre, faisant crier l’acier. Les regards meurtriers se rencontrèrent au dessus des lames entrecroisées, rouges tout deux, emplis de fureur, brûlants d’une lueur démente.
Kakashi avait réussi à peine quelques secondes auparavant à arracher la seconde arme de son adversaire, payant cette réussite d’une balafre à l’épaule droite. Pas la première du combat, ni la dernière. Un maigre prix à payer tout compte fait. Si Teshiro avait toujours possédé son sabre, le combat se serait probablement arrêté là et lui aurait été fauché par un coup transversale.
Une épreuve de force, mais ses bras le lancinaient déjà. La sueur et le sang rendaient sa prise traître, ses mains tremblaient sous l’effort, ses épaules blessées hurlaient des protestations stridentes dont il ne pouvait tenir compte.
Calme-toi. Calme-toi ! Il est puissant, mais il combat aveuglement. Ta seule chance. Ne te laisse pas aller. Ne te laisse pas aller ! Reste lucide. Lucide.
Kakashi entrevit une occasion, un échappatoire. Se jeta brusquement sur le côté, libérant ainsi sans prévenir la lame de son assaillant qui lui déchira une manche au passage, sans parvenir à entamer la chair. Teshiro trébucha, enterra en partie son arme dans la neige, ne put éviter le coup de pied qui le cueillit au menton. Le ninja barbu ne tomba pas mais tituba en reculant, crachant du sang et secouant la tête, tentant de s’éclaircir les idées.
Le copy ninja en profita pour se remettre sur pieds, assurant ses jambes flageolantes. Repartit aussitôt à l’attaque. Pas le temps de se reposer. Pas le temps de s’accorder la moindre tranquillité.
Pas face à un tel adversaire.
L’autre était bon, excellent même, doué d’une rapidité hors du commun, de réflexes effrayants, d’une force brute qui ne l’était pas moins. Un adversaire à sa mesure. Et malgré les vies de Naruto et de Sakura pesant dans la balance, Kakashi ne pouvait chasser l’exaltation sauvage qui l’envahissait, le galvanisait, rendant ses gestes plus rapides, plus meurtriers, mobilisant toutes les forces qui lui restaient.
Il arrivait encore à garder suffisamment de contrôle et de recul pour analyser la situation : son plus grand avantage. Cela et son utilisation du Ninjutsu. Plus que probable que son adversaire soit capable d’utiliser toutes les ressources du combattant ninja en temps normal mais toute technique élaborée lui semblait inaccessible pour l’instant.
Teshiro Nihame n’était plus que vitesse, violence et instincts, se battant à la manière d’un bête fauve, dominé par une rage aveugle.
Et déjà terriblement dangereux.
Insensible aux blessures qui ensanglantaient ses vêtements, l’une lui zébrant la cuisse, l’autre assez profonde juste en dessous de la gorge ainsi que quelques égratignures mineures, Teshiro ne semblait guère disposé à diminuer le rythme et la vitesse de ses assauts. Et Kakashi fatiguait… Ses gestes ralentissaient ; sa respiration devenait irrégulière et heurtée ; chaque esquive devenait plus difficile, plus lente, moins maîtrisée. Il ne pourrait tenir encore bien longtemps. Finirait forcément par commettre une erreur qu’il paierait de sa vie car l’autre ne lui laisserait pas la moindre chance.
Il devait en finir.
Et tout de suite.
A la moindre occasion. La moindre ouverture.
Tu n’auras pas de deuxième chance.
Le sharingan s’étrécit, les mains gantées s’animèrent alors qu’il feintait sur la gauche.
- Elément eau : lances de glaces !
Jaillissant du sol à ses pieds des pic acérés de l’épaisseur d’une flèches fendirent l’air formant des arcs de cercle scintillants.
Nihame ne se donna même pas la peine de les esquiver. Le sabre dansa, tranchant sans difficultés la glace, réduisant à néant la technique.
Un sourire bref et mauvais dissimulé sous le masque.
Maintenant.
Au contact de l’acier la glace explosa en une myriade de copeaux miroitants, enveloppant Teshiro d’un nuage de cristal. Les grains translucides se glissèrent dans les yeux rouges, sous les paupières qu’il n’avait pas eu le temps de fermer, les brûlant cruellement. Aveuglé, l’homme hésita un instant, recula, portant une main à ses yeux avec un grondement de rage et de douleur. Un instant. Une demi seconde.
Kakashi bondit en avant.
Lièvre. Lapin. Singe… Et le hurlement des « Mille oiseaux » lui déchira les tympans, les éclairs bleus et blancs l’éblouissant à moitié. La pression de l’air glacé sur son corps. Le vent lui hérissant les cheveux. Le paysage rendu indistinct par la vitesse bondissant à ses côtés. Une enivrante sensation de puissance. Les battements du cœur qui quintuplaient alors qu’il se précipitait droit sur l’adversaire. Pour tuer. Pour broyer. Déchirer.
Teshiro frappa du dos un arbre, releva les yeux, les écarquilla.
Kakashi vit la compréhension apparaître dans le regard écarlate du shinobi acculé.
Le vit se raidir
Vit la lame du sabre se mettre en mouvement.
Vit l’acier flamboyer un instant.
Comprit en un éclair que ce même acier lui perforerait le ventre au moment de l’impact.
Comprit qu’il serait incapable d’éviter le coup.
Pas à cette vitesse. Pas s’il voulait en finir maintenant.
Et il s’en moquait. A cet instant précis, malgré ses élèves disparus, malgré sa propre fatigue, malgré toutes les règles qu’on lui avait soigneusement inculpées à l’Académie puis durant toute sa vie d’adulte, Kakashi Hatake se moquait de tout. Avait tout oublié : les fanfaronnades de Gai, les rires de Naruto, les sourires de Sakura, les silences de Sasuke. Les tombes des amis disparus, les noms gravés sur la pierre, le dernier soupir d’Obito, le corps de son père affalé sur le sol. Ne restait plus que lui et sa cible. Et une colère terrible, dévorante.
* * * * * * * * * * * * * *
Musachi Usama atterrit sur une branche basse, reprit sa course, bondissant de d’arbre en arbre, le pas mal assuré sur l’écorce recouverte de givre. Une course dangereuse même pour des anbus aguerris mais ralentir était exclu. La prudence aurait voulu qu’ils ne dépassent pas une vitesse de sécurité, quitte à perdre un certain temps du moins seraient-ils arrivés à destination avec tous leur membres en bon état.
Au vu des circonstances, la prudence pouvait aller se faire foutre.
- Bordel… !
Son pied dérapa, il vacilla avec un juron, reprit son équilibre de justesse avant de s’élancer à nouveau. Quelques secondes de perdu. Il dut accélérer l’allure pour revenir à la hauteur de ses hommes au risque de se casser le cou. Selon la procédure, il aurait du en envoyer au moins deux en éclaireurs pour repérer les lieux et prévenir d’éventuelles mauvaises surprises.
A la réflexion, la procédure pouvait également aller se faire foutre.
Sur ses sages réflexions, Musachi rejoignit son unité à temps pour voir un anbu chanceler et manquer de dégringoler de son perchoir. Le capitaine grimaça.
Foutrement intérêt à être encore vivant, maudit copieur.
Ca m’emmerderait assez de ramener ton cadavre à Konoha. Le vieille psychopathe m’arracherait les yeux et je me ferais probablement encore virer… Remarque, après être passé entre les griffes de Gai ce serait sûrement moindre mal…
Sois gentil Kakashi: évite de crever. Tu me rendrais service.
* * * * * * * * * * * * * *
La douleur ne vint pas tout de suite.
Un choc sourd, rien de plus. Un léger éblouissement. Kakashi cligna des paupières, abaissa machinalement les yeux et considéra d’un air hébété la lame d’acier profondément enfoncée entre ses côtes. Aucune douleur. Stupéfiant… Le sang commençait à couler le long de sa hanche et de sa jambe sans qu’il songea à en arrêter le flot.
Du sang maculait également son bras droit, parsemait son visage d’éclaboussures écarlates. Pas le sien. Il releva le regard au bout d’un instant. Deux yeux d’un rouge brûlant exorbités par le choc le foudroyèrent à seulement quelques centimètres de son visage.
Les deux combattants étaient presque poitrine contre poitrine, imbriqués l’un dans l’autre. Kakashi pouvait sentir sous sa paume l’écorce rêche de l’arbre, bras enfoncé jusqu’au coude à la jointure de l’épaule de Teshiro, doigts pétrissant le bois de l’arbre contre lequel l’autre était appuyé. Sonné, le jounin ne put que lui rendre son regard en silence, l’esprit occupé par une seule et unique pensée :
Je l’ai raté.
Alors que l’homme se raidissait difficilement, que la lame figée dans sa chair frémissait, lui-même s’avéra incapable de bouger, incapable d’avoir une réaction intelligente.
Il va me tuer. Même ainsi. Même transpercé de part en part, il va me tuer.
Mais cette pensée n’amena pas la réaction de panique qu’elle aurait du susciter. L’absence de douleur le fascinait.
Puis Nihame se figea, fut agité d’un violent tremblement. Le regard flamboyant vacilla et redevint d’un bleu pâle et délavé. La main crispée qui agrippait le sabre se détendit. Le shinobi au visage amaigri considéra pendant quelques secondes le jounin avec ce qui ressemblait à de l’incrédulité avant de se tordre brusquement en avant, vomissant du sang sur l’épaule du copy ninja.
Kakashi recula, arrachant son bras de l’épaule de Teshiro qui s’affala lourdement contre l’écorce ensanglantée et le lame de celui-ci de sa propre chair.
La souffrance explosa, un brouillard rougeâtre lui obstrua la vue.
Il ne se rappela pas s’être effondré mais se retrouva à quatre pattes, mains enfouies dans la neige, visage effleurant presque le sol, luttant désespérément pour retrouver son souffle.
Reste conscient. Ne t’évanouis pas. Ne t’évanouis pas. Respire. Respire ! Le monde pris de folie tournoyait autour de lui, des éclairs éblouissants traversaient sa vue.
Reste conscient. Lucide. Conscient. Lucide.
Au bout d’un laps de temps qu’il ne put déterminer, la douleur reflua un peu, lui permettant de se redresser sur les genoux. Teshiro aussi livide qu’un cadavre la considérait d’un œil froidement indifférent. Le sabre avait glissé de sa main privée de force et gisait à ses côtés.
Kakashi se traîna jusqu’à lui :
- Ohira et les autres… gronda-t-il, la voix réduite à un aboiement rauque et bas. Où sont-ils ? Où les a-t-il amené ?
Une ombre de surprise dans le regard cerné. L’autre répondit d’une voix assez claire et forte au vu de son état :
- Que vous importe, maintenant ?
Les mâchoires du jounin se crispèrent brièvement, la souffrance un peu mise en retrait, la fureur affluait à nouveau dans ses veines.
- Ce qui m’importe ?! Vous allez me dire où ils sont partis…
- Et qu’en ferez vous ? répondit Teshiro avec calme. Vous seriez incapable de partir à leur recherche et encore moins de les rattraper… Et si par miracle vous y arriviez, Ohira vous mettrait en pièces.
Kakashi résista au désir soudain pressant de rouer de coups le visage vide de son vis-à-vis, contrôla difficilement sa respiration sifflante.
Il a raison. Il n’a que trop raison. Tu ne serais pas capable de faire trois pas sans aide, alors affronter Ohira… Cette prise de conscience ne l’aida pas à se contrôler, loin de là en fait.
- Vous vous… feriez tué pour rien. Aucune chance.
- A moi d’en juger, lâcha le jounin.
- Croyez-vous ?
Une très légère ironie dans la voix cassée, comme si à l’approche de la mort, Teshiro Nihame semblait capable de se conduire avec un peu plus d’humanité.
- De toute façon au point où nous en sommes… Vous et moi… Nous allons mourir tout les deux. Moi d’abord probablement… Vous après… C’est mieux ainsi.
Un main couverte de sang agrippa l’épaule valide de Teshiro et le plaqua contre le tronc de l’arbre. Les yeux du shinobi se révulsèrent alors qu’il lâchait une exclamation étouffée.
- Parlez pour vous, grinça la voix de Kakashi à son oreille. Je n’ai pas l’intention de mourir. Pas avant de les avoir retrouvé. Que leur veut-il ?
- Le fille… probablement déjà morte, parvint à dire l’autre. Elle ne l’intéresse pas. C’est les deux garçons qui…
- Les
deux garçons ?! hoqueta Kakashi.
Un nouveau vacillement dans le regard vide, presque imperceptible.
- Effectivement, vous ignorez… Il voulait ce gosse aussi : Sasuke Uchiha.
Son cœur fit un nouveau bond et le jounin vacilla, fixant son interlocuteur d’un regard où s’affrontaient le choc et l’incrédulité. Son esprit surmené peinait à suivre le flot de nouvelles informations. Sakura morte. Sasuke de retour.
- Pourquoi ? Où… ?
- Inutile, murmura Teshiro. Et quelle importance cela peut-il avoir pour vous ? Ils ne vous sont rien… OWGH !
La tête du shinobi partit en arrière, frappa le bois quand un poing ganté percuta soudain sa mâchoire. Pas un coup bien puissant en vérité mais décoché à un mourant même par un homme lui-même gravement blessé, il était plus que suffisant. Kakashi faillit bien perdre l’équilibre suite à ce mouvement trop brutal et s’effondrer sur l’autre ninja.
Calme-toi ! Au nom du ciel, calme-toi ! Il ne durera pas bien longtemps si tu es incapable de te contrôler. Il tremblait de colère et de fatigue, confronté à cette question aussi soudaine que troublante :
Que sont-ils pour toi ces gosses ?
Et la réponse lui vint comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du monde :
Une petite sœur.
Deux petits frères.
Une famille. Ma famille.
Il en resta un instant ahuri, stupéfait de cette évidence qu’il n’avait jamais été capable de reconnaître jusqu’à ce jour-là. Une famille.
A quel moment s’était-il mis à les considérer ainsi ? Il aurait été incapable de le dire. A quel moment avaient-ils cessé d’être les sales marmots qu’on lui avait confié de force sous prétexte qu’un jounin se devait de prendre une équipe sous sa tutelle ( et également qu’il était de son devoir d’homme viril et triomphant de « protéger, chérir et enseigner aux splendides héritiers de la flamme sublime et éternelle de Konoha », dixit Gai mais Gai disait tant de choses…) pour devenir
ses gosses ?
Mais ceci, il n’avait aucune envie de le confier à Teshiro. En revanche, il se pencha à nouveau sur le ninja blessé, approchant son visage du sien jusqu’à presque l’effleurer et cracha :
-
MES élèves. Ce sont mes élèves, espèce de salopard.
Teshiro battit des cils à plusieurs reprises, parut légèrement troublé mais ne rétorqua pas. A cet instant les rôles semblaient inversés et c’était le copy ninja qui avait tout du tigre tournant en rond autour de sa proie en grondant, frôlant dangereusement l’incontrôlable.
Kakashi approcha un kunai de la gorge de son ennemi, s’efforçant d’ignorer la manière dont l’épuisement faisait trembler la pointe métallique.
- Je vous laisse cinq secondes pour vous décider. Où sont-ils ?
Un silence.
- Un…Deux…
Un sourire étrange releva le coin des lèvres de Nihame. Sourire qui se mua en un ricanement rauque. Ricanement qui s’amplifia pour devenir un véritable fou rire. Un rire épouvantable, grinçant, douloureux qui convulsait l’homme gisant, lui arrachait des quintes de toux mêlées de sang. Pétrifié, le jounin le fixait sans réagir : il n’avait jamais entendu un rire pareil. N’y avait jamais entendu résonné autant de souffrance destructrice, de désespoir.
Pour la première fois depuis prés de dix ans Teshiro Nihame riait à en perdre haleine, à s’en briser les côtes, à s’en déchirer la poitrine.
Hilarant.
A crever de rire.
A crever tout court.
* * * * * * * * * * * * * * * *
Les mains crispées sur une branche d’arbre, Hijo chancelait de fatigue. Un vertige le prit tandis qu’il jetait un coup d’œil au sol une dizaine de mètres sous ses pieds. Il craignit un instant de perdre l’équilibre, de s’écraser sur le sol gelé. Glorieuse façon de finir une mission.
Le capitaine de la treizième unité l’avait congédié avec autant de désinvolture que Hatake lui-même bien que de façon légèrement plus aimable. Lui faisant comprendre en termes explicites qu’il ne serait qu’un poids mort pour l’équipe. Le chuunin avait bien tenté de protester, ne recevant en réponse qu’un « On s’en fout » plutôt amical.
Les « foutus renforts » du village lui-même n’allaient pas tarder à arriver sur les lieux lui avait assuré l’officier et quelqu’un devait être là pour les guider vers Hashika. Hijo avait compris sans que la chose est eue besoin d’être formulée qu’il était ce quelqu’un en question. Il s’était exécuté avec une dernière pensée nostalgique pour les choux de la maison familiale. Le moyen de faire autrement ?
Il se sentait bizarrement inquiet pour le jounin qu’il avait laissé seul parmi les ruines fumantes d’Hashika. Une inquiétude des plus absurdes qu’il ne confesserait à personne mais qu’il ne pouvait nier.
J’espère que tout se passe bien. Euh… Relativement peu de chances, ça…
Au moins que rien n’est empiré…
Il en doutait.
* * * * * * * * * * * * * * * *
Il s’est traîné sur les mains et les genoux dans la neige humide. A réussi à atteindre un arbre, s’y tient à présent lourdement appuyé, le front posé contre l’écorce, les mains agrippées au bois. Un contact étrangement réconfortant, presque chaleureux.
Quelques minutes auparavant, la rage l’emplissait entièrement mais fureur et haine se sont envolées ne laissant qu’un vide morne.
Il a fallut que la rage s’en aille, s’écoule hors de lui comme du mauvais pue d’une blessure béante pour qu’il se rende compte de l’état de colère constant dans lequel il a vécu ces derniers jours. Colère contre Ohira et ses machinations. Colère contre Hijo et son incompétence. Colère contre Gai qui lui assénait des vérités qu’il n’avait aucune envie d’entendre. Colère contre Naruto qui avait trop changé en trop peu de temps. Colère contre Tsunade. Contre Konoha. Contre le monde entier.
Contre lui-même.
Une fureur qui date de peut-être bien plus longtemps que le début de cette maudite mission… Fureur contre Sasuke et sa trahison. Fureur contre Obito parti trop vite. Contre Rin qu’il n’a pu dissuader de s’engager au sein des anbus. Contre son père et son abandon. Une fureur concentrée, dissimulée, endormie qu’un moment de crise intense à suffit à éveiller.
Envolée à présent.
Evaporée.
Douchée par le rire sans joie de Teshiro.
Il se sent vide, apathique, épuisé. Complètement épuisé. Comme si une vie entière de combat et de lutte constante venait de s’abattre sur ses épaules, broyant ce qui lui restait d’énergie, terrible contrecoup de ces dernière heures. Recroquevillé dans la neige, pour la première depuis qu’il a dépassé l’âge de six ans Kakashi Hatake a désespérément besoin d’aide. Besoin d’une main réconfortante posée sur son épaule, des doigts de son père lui ébouriffant les cheveux avec affection, besoin que quelqu’un le rassure, lui dise que tout ira bien, qu’il en a assez fait.
Un désir bien inutile que ne peut se permettre un shinobi et encore moins un jounin de Konoha.
A défaut de mieux, une voix amicale suffirait, lui amènerait un semblant de réconfort. Mais Gai toujours aussi contrariant, après l’avoir harcelé durant toute une semaine, semble s’être volatilisé de son crâne, l’abandonnant lui aussi.
Maudit… Maudit Gai…
Il est seul, complètement seul. La présence de l’autre homme dont la respiration s’affaiblit de minute en minute ne compte pas. Il ne s’est jamais attendu à mourir autrement. Ne pense pas avoir vraiment mérité une mort différente. Il a tué, torturé, assassiné plus qu’à son tour et une certaine justice sombre lui semble apparaître dans cette mort solitaire et glacée. Justice également pour toutes les erreurs qu’il a commises, pour toutes les dettes qu’il n’a pu payer.
Une humidité sur sa joue.
Kakashi trouve encore assez de force pour s’en étonner : une larme ? Il ne pleure pas, n’a jamais pleuré depuis sa petite enfance, n’en a jamais été capable. Et effectivement il ne s’agit pas de pleurs. Des flocons blancs dansent dans les airs, tombent de plus en plus dru alors que le jounin remarque enfin les nuages gris qui s’amassent au dessus de sa tête. La neige poudreuse commence à recouvrir le paysage environnant, à recouvrir les traces d’Ohira et de ses hommes.
Plus de piste à suivre. Plus d’espoir de retrouver les jeunes ninjas. Et lui va mourir ici.
Quelque chose se brise eu fond de sa poitrine, un petit craquement qu’il est le seul à entendre. Sa résolution ? Sa volonté de lutter ? De vivre ? Un point de rupture a été franchi, il ignore lequel et s’en fiche éperdument.
Il a fait tout ce qui était en son pouvoir. On ne peut lui en demander plus. Tout le monde a le droit de craquer un jour, n’est-ce-pas ? Tout le monde a droit à un peu de repos.
Du repos… C’est tout ce que je demande. Qu’on me laisse enfin faire une pause. Juste une pause. Une heure. Une minute… J’ai envie de dormir. Je souhaite seulement dormir un peu…
Tu les abandonnes.
Il roule sur le dos, l’écorce de l’arbre lui semblant soudain incroyablement confortable. Le douleur de ses blessures semble déjà s’atténuer.
Tu les abandonnes.
Je n’abandonne personne… Je meurs. Tout le monde a le droit de mourir, non ?
La neige virevolte au dessus de la clairière, se dépose doucement sur les corps des deux hommes, commençant déjà à former une pellicule immaculée sur les cheveux gris ébouriffés et sur ceux noirs maculés de sang. Deux pairs d’yeux se ferment d’un commun accord, laissant aux autres le soin de lutter, de combattre. Le soin de vivre.
Tu les abandonnes…
* * * * * * * * * * * * * * * * *
Une heure plus tard Ibaku contemplait sans un mot les corps martyrisés de ses anciens coéquipiers, tentant d’ignorer la boule amère qui lui obstruait la gorge. Il était anbu, avait vu de nombreux massacres dans sa jeune vie. Mais jamais rien de tel. Jamais rien de tel.
La gorge serrée, il trouvait un certain réconfort dans le silence consterné de ses compagnons.
Un profond soupir à sa droite.
D’un geste lent le capitaine repoussa son masque sur le front, tira sa pipe de sa poche et sans prendre la peine de l’allumer se la coinça entre les dents. Ibaku ne songea même pas à s’en indigner comme il l’aurait probablement fait ce matin.
- « Mission B en difficulté », marmonna Musachi d’un ton morne. Tu parles d’un putain d’euphémisme…
D’un mouvement du menton il désigna sans grande espoir les gisants à ses subordonnés, s’éloigna lui-même en direction du corps d’un homme masqué couvert de sang et de boue séchée. S’immobilisa, contemplant le cadavre une lueur attristée au fond du regard.
- Ah le con… l’entendit murmurer sombrement Ibaku.
L’officier tâtonna dans une de ses poches probablement à la recherche d’un briquet, s’arrêta soudain. Ibaku le vit froncer soudainement les sourcils. S’agenouiller après une hésitation au côté du jounin aux cheveux gris. Les doigts habiles firent glisser le masque de tissu, dévoilant le visage livide et le cou de l’homme, s’appuyèrent contre sa gorge à la recherche de la jugulaire.
Musachi se figea, écarquilla les yeux puis se laissa retomber sur les talons avec un long sifflement admiratif :
- Pas possible… Cui-là est toujours vivant.
Il se tourna vers Ibaku, remarqua son regard, lui fit un clin d’œil :
- Faut croire qu’il y a un dieu pour les abrutis à pulsions suicidaires.
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Bah... Ils ont à nouveau tout changé le forum...
Je préférais avant mais bon...