Konoha Gaiden

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Jainas
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Message par Jainas »

En fait j'ai surtout galéré sur le pov Sakura (c'est la seule chose que j'avais prévu lorsque j'ai commencé a l'écrire...) Tout les autres pov sont passés comme des lettres a la poste, ou presque
Cela dit, celà pourrait expliquer le délais... Peut-ëtre que les postiers étaient en grève ?? ^^ :roll:
Kanji
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Message par Kanji »

Bon chapitre...on n'a pas abordé le retour de Sasuke, à mon grand dam, mais la partie médicale était intéressante. Le POV de Sakura était effectivement un peu long. Et la situation politique...je m'en lèche les babines.
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Flore Risa
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Message par Flore Risa »

Comme dab... super chapitre que tu nous as pondue! ;-)
Arakasi
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Message par Arakasi »

YEP!
On l'aura attendu celui-là!

Tout bon, histoire d'être originale!
Sakura s'attarde un peu mais bon... son point apporte un aspect intéressant au récit, même chez les ninjas les femmes sont forcées de regarder les hommes partir se faire tuer au combat... Même si elles font de sacrés efforts d''émancipation ^ ^
montre aussi un aprecu du boulot des médics chargés de réparer les dégats dus au trop-plein d'enthousiasme de leurs coéquipiers.

Sai est trés bon.
La derniére partie m'a particuliérement plu: brillant le bonhomme! Je ne sais pas de qui il s'agit mais il me plait déjà!!! :grin:
Encore un qui va tenté de rafler toute la mise mais il m'a l'air un peu plus malin que les autres...
Il trouve cela tellement amusant le chaos politique?

Bonne continuation!

Hum... J'aurais quand même bien voulu que l'on s'intéresse un peu plus au retour de Sasuke. Prochain chapitre?
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Jainas
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Message par Jainas »

Me connaissant comment pouvez vous douter un seul instant que je traiterais pas le retour de Sasuke et ses conséquence en long en large et en travers voir même en 3 D ? ^^
Je prend juste mon temps pour vous faire mariner. :twisted:

Arakasi en toute honnèteté j'ai pensé a toi en écrivant le dernier POV. Je savais que tu aimerais (ou du moins je l'espérais fortement...)
Quand a savoir de qui il sagit... Mystère et boules explosives. :D (quoi ? Comment ça je dis ça parce que je ne sais pas moi même qui il est ? N'importe quoi !)
:roll:

Quand a Sai, en toute honnèteté j'ai crains que son évolution ne fasse trop copié/collé par rapport au manga...
lebibou
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Message par lebibou »

Bon, je risque de surprendre, de choquer, de brusquer, d'effaroucher, mais pendant que je lisais le chapitre, lorsque l'on en est arrivé au POV de Sai, je me suis écrié :

« MAIS POURQUOI ELLE NOUS CASE LE POV DE SAI ALORS QUE NARUTO ET SASUKE SONT EN TRAIN DE CREUVER !?»

J'avoue que sur le coup je n'ai pas compris (Après coup non plus d'ailleurs).
On a un sublîme POV centré sur Sakura, avec le rythme digne des meilleurs Urgences puis pouf on tombe sur Sai.
Certes, le passage est aussi bien écrit que le reste mais pour tout te dire, sur le moment, j'en avais strictement rien à faire.
Mettons que l'on regarde Star Wars. Paf le combat entre Anakin et Obi-Wan, passage super tendu, puis pouf, un passage de Lost In Translation.
C'est ce qui m'a le plus choqué.
Je n'ai d'ailleurs pas trouvé le POV de Sakura trop long. Un peu plus ça ne m'aurait pas dérangé du tout.
Pour reprendre une expression d'Itachi-san, ce chapitre est passé comme une tartine de nuttela.

Ah oui, une dernière question : c'est quoi une déplétion ?
J'ai cherché mais je n'ai pas trouvé.
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Jainas
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Message par Jainas »

déplétion c'est le manque, avec un sous entendu de perte, de "vidage"...

...
Alors comme ça le pov de Sai tombe comme un cheveux sur la soupe ? :???:
*embêtée*
En même temps les autres ont eu l'air de trouver le pov de Sakura un peu long, alors si j'avais mis tout d'une traite, je craignait que ça le rende totalement indigeste...

J'aimerais bien avoir l'avis des autres sur ce point... :-|
lebibou
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Message par lebibou »

Ne le prend pas trop au serieux.
C'est juste que j'étais en plein dans le POV de Sakura, mais vraiment à fond. Je voyais tout ce qu'elle faisait. Et je trouve que le POV de Sai casse le rythme.
Ce qui me faisait le plus peur, c'était qu'il n'y est pas de suite au POV de Sakura ce qui fait que j'ai eu une vision assez négative de la scène.
J'ai d'ailleurs failli la sauter parce que je voulais m'assurer que Sakura revenait en force derrière.
Mais c'est vrai qu'il eut été mieux amené je pense, en début de chapitre, ou alors, au début du chapitre suivant.
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Tayuya
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Message par Tayuya »

ça m'a pas choquée, personnellement... j'étais même contente qu'il y ait une rupture avec le POV de Sakura :lol: (cherchez pas, cherchez pas, je l'aimerai jamais cette nana)

On peut trouver que le rythme est cassé mais c'est pas l'impression que j'ai eu
Hitto-sama
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Message par Hitto-sama »

J'ai lu et j'ai aimé mais j'aurai encore plus apprécié s'il n'y avait pas eu de fautes. Surtout les toutes bêtes du genre "tu va" ...
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Jainas
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Message par Jainas »

RRhhaaaa !
Fichues phôte d'aurteaugraf.... Mais vois ne perdez rien pour attendre, je vous aurais, dusse-je racheter un becherel ... :evil: :roll:
Hitto-sama
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Message par Hitto-sama »

Je peux te corriger tout ça rapidement, dans la semaine prochaine. Y'a pas grand chose, vraiment.
Et ça m'occupera en attendant la suite ¬____¬
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Jainas
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Message par Jainas »

Je t'adorerais -encore plus que je ne le fais déjà- si tu faisais ça :D
Hitto-sama
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Message par Hitto-sama »

C'est parti =D Tu recevras ça dans le courant de la semaine dans ta boîte mail ou je t'avertirai par MP ... Total HS XD

Pour retourner dans le sujet : LA SUITE LA SUITE.
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Message par Jainas »

Vous allez jamais y croire.
Après tout ce temps voilà le chapire 6. :roll:


---


Chapitre 6 : Jours Gris



Le silence plana quelques secondes, après que le shinobi ait fini de parler. Quelques secondes qui s’étirèrent et se distordirent, tandis que l’Hokage de Konoha restait debout où elle se trouvait, la tête penchée et les bras croisés sous son opulente poitrine, –le ninja du sable détourna stratégiquement le regard- ses poings se serrant et se desserrant lentement contre ses avant-bras.
Son expression contrastait avec la jeunesse apparente de son visage, et la qualité de l’énergie étroitement contrôlée qu’elle dégageait aurait fait reculer n’importe qui.
Puis elle redressa la tête d’un mouvement vif, et frappa à plat sur son bureau, avec une force démentielle qui fendit nettement le lourd plateau de pierre en deux.
« Et merde ! » Ignorant le pauvre ninja qui se remettait d’un presque arrêt cardiaque, elle pivota sur elle-même en direction de la porte, et rugit les noms des deux malheureux chuunins qui avaient la malchance d’être de garde à la Tour ce soir-là.
« Hijo, Kotestu ! »

Ses subordonnés se matérialisèrent dans l’embrasure de la porte en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Kotetsu consciencieusement occupé à remplir un mouchoir en papier, et Hijo avec l’expression d’un herbivore pris dans le regard d’un fauve… Les colères de la Godaïme Hokage de Konoha étaient… réputés, et nulle personne saine d’esprit n’aurait eu la moindre envie de s’y trouver impliqué.
« Kotetsu, trouve-moi les Escadrons Cinq et Sept, et ordonne leur de venir aussi vite que possible. » Le chuunin ouvrit la bouche. « Et je me moque qu’ils soient en permission. Trouve les. Vite. »
Kotetsu disparu avec un nuage de fumée et la diligence de celui qui a appris depuis bien longtemps à obéir aux ordres de son supérieur, aussi improbables ou surprenants soient-ils, sans poser de question. Surtout quand ledit supérieur avait sur le visage une expression à mi-chemin entre le psychotisme pur et l’inquiétude la plus totale.
« Hijo. Va me chercher ce crétin de Jiraya et dit lui que je le veux dans mon bureau dans la minute. » Elle s’accorda une fraction de seconde d’expression de rage, et paru de nouveau sur le point de casser quelque chose. « Récolte d’informations, mon cul oui… Si ce putain de fichu pervers avait été plus efficace et avait fait son boulot correctement, on en serait pas là ! »
Il fallut quelques secondes au chuunin pour se remettre du choc provoqué par l’une des Légendes Vivantes de Konoha mentionnant une autre Légende dans des termes si… colorés –pour sa défense il n’avait pas eu l’occasion d’être affecté très souvent à la Tour, et jusque là jamais quand l’Ermite aux Crapauds était dans les parages-, puis il émit un petit bruit de gorge étouffé et très peu dignifié avant d’essayer de son mieux de se redresser et d’avoir l’air sérieux et compétent.
« Ji- Jiraya-sama ?... Où… »

Le regard que l’Hokage jeta sur l’horloge aurait probablement pu démanteler la machine sur place si elle avait pris la peine d’y ajouter un peu de chakra.
« Les bains sont encore ouverts a cette heure-ci. »
Hijo eut besoin d’une nouvelle fraction de seconde pour réaliser que c’était sa réponse, et alors qu’il formait les derniers signes du jutsu de téléportation, l’Hokage ajouta du bout des lèvres : « Cherche du côté du bain des femmes. »
Il disparut à son tour dans un nuage de fumée, laissant une Tsunade à l’expression sombre, et un jounin du Sable dont le visage inexpressif dissimulait avec une remarquable efficacité l’improbable mélange d’inconfort, d’incrédulité et de vague désapprobation qui l’envahissait…
Les choses ne se passaient définitivement et absolument pas comme ça à Suna.
D’abord Gaara-sama ne jurait pas.
Et il ne cassait pas non plus le mobilier quand on lui apportait de mauvaises nouvelles (bon, du moins pas tant que le Sable restait dans la Gourde), pas plus qu’il ne se laissait aller à de telles démonstrations de colère (et chacun priait pour que cela reste ainsi, parce que quand Gaara-sama se laissait aller tout court, ce n’était en aucun cas bon signe…)

On racontait évidemment beaucoup de choses sur la Princesse aux Limaces de Konoha… Les rumeurs contaient sa beauté (et son tour de poitrine, pour les versions réservées aux adultes) légendaires malgré son âge, sa force stupéfiante. On la disait capable d’abattre une montagne d’un geste, de faire se relever les morts, de perdre au jeu l’équivalent du budget annuel d’une petite nation.
On disait bien d’autres choses, toutes plus romanesques et invraisemblables les unes que les autres. Et comme tout bon jounin qui se respecte Takada Ashikimi connaissait la majorité des rumeurs et ne leur prêtait qu’un crédit tout relatif (ce qui ne l’empêchait bien entendu pas de contribuer à les propager à l’occasion, quand le cœur le lui en disait ou que l’information était vraiment juteuse.)
Maintenant, il venait de découvrir de première main qu’au moins deux des rumeurs étaient véridiques –quoique, une montagne, c’était probablement un peu enjolivé…-, et il observait avec une pointe d’inquiétude l’Hokage aller et venir dans son bureau comme un lion en cage.

Le froid prenant qui l’avait assaillit depuis qu’il avait mis le pied dans le pays du Feu avait été momentanément repoussé par la flambée et le thé que la Cinquième l’avait forcé à ingérer.
Il avait hésité à accepter la boisson. Le froid qui vrillait ses membres avait presque été plus fort que ses instincts de préservations, plus fort même que ce professionnalisme excessif que les ninjas de Suna portaient comme une bannière. Il avait bien failli se précipiter sur le thé chaud, et le vider en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Après tout, il avait tenu uniquement sur pilules du soldat, et n’avait rien avalé de chaud durant les quatre jours qui lui avaient été nécessaires pour rallier la Feuille en luttant contre la tempête… Et puis Konoha était allié à Suna, il apportait des informations vitales et n’avait aucun secret spécial à dissimuler…
Il avait finalement accepté la boisson avec un remerciement sec, uniquement parce que c’était l’Hokage qui offrait, et qu’elle lui avait jeté un coup d’œil indiquant qu’elle n’accepterait pas de refus. C’était la première fois qu’il la rencontrait, mais il était favorablement impressionné -ce qui voulait dire beaucoup de la part d’un homme qui ne craignit vraiment que son Kazekage –et éventuellement la sœur de celui-ci (quand elle était vraiment sérieuse à propos de quelque chose, Temari-sama pouvait se montrer très… effrayante.)
Il avait bu lentement, toujours droit, prenant bien soin de masquer toute trace de la délectation presque indécente qu’il ressentait à siroter le liquide délicieusement chaud.
Il ne comprenait pas comment ceux de la Feuille faisaient pour supporter un temps pareil plus d’une semaine. C’était inhumain.
Aucun des oiseaux de Suna n’aurait survécu au voyage… Les aigles, leurs meilleurs longs courriers, étaient taillés pour la vitesse et le désert. Ils pouvaient se jouer du vent et du sable, mais certainement pas de la neige. Ce qui expliquait sa présence à lui, dans le bureau d’une des femmes les plus puissantes des cinq pays : Gaara-sama avait aussitôt fait envoyer son messager le plus rapide, avec instruction expresse de ne pas s’arrêter ne serait-ce qu’une seconde avant d’avoir atteint Konoha.
C’est ce qu’il avait fait, et à présent il se demandait pourquoi le contenu du message crypté qu’il avait délivré à l’Hokage provoquait une telle agitation –certes, l’information était préoccupante, et les ramifications qu’elle impliquait étaient plus qu’inquiétante… Il pouvait même comprendre pourquoi Gaara-sama avait eu l’air inhabituellement tendu en lui récitant le message qu’il aurait à transmettre -tâche qui était d’ailleurs normalement déchue à l’un de ses aides…
Mais l’Hokage de Konoha ? Prendre tant à cœur le destin d’un individu alors que les implications de la nouvelle étaient bien plus grande… Quoique, si Konoha tenait autant que Suna à la force de son ‘arme secrète’…

Takada Ashikimi était un jounin du Sable loyal et efficace. Il ne questionnait pas les ordres de son Kazekage, et il savait garder sa curiosité pour lui.
En l’occurrence, les ordres stipulaient de rallier Konoha, de transmettre les parchemins et le message oral à l’Hokage, puis de se mettre à sa disposition si elle le souhaitait… (et s’il ne tombait pas d’épuisement avant.)
Il croisa ses mains dans son dos, se redressa comme si les quatre jours de course ne comptaient pas, et attendit les hommes dont la Cinquième avait requis la présence.

--

L’Hokage avait eu raison.
Hijo trouva Jiraya-sama exactement là ou elle lui avait dit de chercher, c’est-à-dire aux bains publics de Konoha, plaqué à la palissade qui séparait le bain des hommes de celui des femmes.
Bon, elle ne l’avait pas prévenu qu’il serait en train de prendre des notes tout en gloussant des commentaires qu’Hijo n’avait absolument aucune envie d’entendre… mais il n’était pas non plus totalement stupide, et il connaissait la réputation de l’Hermite aux Crapauds…
Malgré tout cela lui fit un choc de localiser la crinière immaculée du Sannin à l’autre bout de la pièce, au travers des langoureuses volutes de vapeur qui montaient des bassins. Il y avait un vide suspicieux autour du Légendaire, et les autres hommes lui jetaient des regards en coin de temps en temps, quand ils pensaient que nul ne s’en rendrait compte.
Hijo se demanda si c’était de la gêne, de l’indignation silencieuse, ou le regret de ne pas oser en faire autant…

À son grand soulagement Jiraya-sama abandonna sans trop se faire prier son poste d’observation… Sans se faire trop prier, mais pas sans plaintes et divers commentaires.
« …juste au moment où cette si charmante brunette commençait à nettoyer le dos de sa compagne… » Regard perdu dans le vague de la part du Sannin, et grognement non-compromettant de la part d’Hijo qui s’appliquait à ne pas écouter et aurait tout donné pour se trouver n’importe ou ailleurs. « …rien de plus beau que les mains d’une femme sur la peau d’une autre… lentement… Ça, gamin, c’est la vrai source de l’inspiration, tu peux me croire. Et ces seins, gamin, ces seins… »
Hijo ne le croyait que trop, et à cet instant précis il aurait fait un très intéressant cas de combustion spontanée, s’il n’avait pas été occupé comme il l’était à ne pas imaginer la scène que Jiraya-sama décrivait avec un réalisme digne de ses talents d’écrivain.
Pense à quelque chose d’autre Hijo. Je sais pas moi, un choux ? C’est bien un choux… Ne te laisse pas déconcentrer, tu es en mission… Je me demande quelle information a pu mettre la Godaïme dans un état pareil… Ça doit être grave… -insérer ici une image mentale de Tsunade, le visage empourpré de colère, son décolleté plus que plongeant ondulant de manière… fascinante à chaque mouvement brusque…- HUM… Un choux, donc. Un choux qui en masse un autre et qui-NON !! Un choux tout bête, planté dans la terre. Vert. Certainement pas un choux-avec-une-peau-si-douce…
S’il n’avait pas été si occupé à essayer de penser à un choux, il aurait certes risqué une dangereuse augmentation de température interne, mais il n’aurait pas marché droit devant lui sans regarder… Et par conséquent il ne serait probablement pas tombé tête la première dans un bassin…
Mais bon.

-

Avant même qu’ils ne quittent la douce chaleur des bains pour le froid glacial de la tempête, l’expression de Jiraya était devenue étonnamment sobre.
« Un jounin du Sable dis-tu ? Fichtre… » La voix du Légendaire était soudainement songeuse. Vu l’état d’énervement de la Godaïme précédemment, Hijo était à peu près certain que c’était du ‘songeuse négatif moins-moins.’ Comment avec la simple mention de l’origine du messager Jiraya-sama était capable de déterminer si la nouvelle était mauvaise ou non laissa le jeune homme un peu rêveur. Ça devait être un truc de génie, probablement…
Le Légendaire étant de manière notoire un génie, il y avait finalement une certaine logique interne. C’était plutôt rassurant d’un certain point de vue…
La remarque du sannin le tira de la mortification consternée dans laquelle l’avait plongé l’épisode du bain, et une fois n’est pas coutume son cerveau prit le pas sur son instinct de survie habituel, qui consistait à se faire le plus petit possible en espérant que les ennuis s’attaquent plutôt aux génies (qui eux étaient de taille à leur faire face, aux ennuis, c’est après tout pour ça qu’ils étaient là non ?)
« Je pense que c’était un anbu, Jiraya-sama. »
Cette déclaration lui valu un coup d’œil en coin qui le laissa vaguement terrifié par sa propre impudence.
« Un anbu, vraiment ? »
« Je… je crois oui. Je pourrais pas le jurer, mais enfin… il avait cette manière de se déplacer, vous savez… enfin je peux me tromper, mais… enfin je crois… que c’en était un, oui. »
Pour toute réaction, Jiraya-sama sombra dans un mutisme absolu, et accéléra l’allure, laissant Hijo se demander quelle mouche l’avait piqué de faire part au Sannin de sa stupide intuition. Sans compter que ses vêtements mouillés collaient à sa peau et qu’en plus d’être très inconfortable, c’était aussi très froid. Il n’avait eu le temps d’appliquer qu’un demi jutsu de séchage avant qu’ils n’émergent des bains.

Ils atteignirent la tour de l’Hokage en un temps record selon les critères d’Hijo, et ne prirent même pas la peine de pénétrer le bâtiment par la grande porte. Jiraya-sama s’élança et gravit le mur à toute vitesse malgré les dispositifs anti-adhésion sensés empêcher ce genre d’intrusion.
Hijo le suivit de son mieux, courant dans sa trace et s’efforçant avec une certaine hystérie de ne pas envisager la possibilité que les sceaux anti-chakra se réactivent et la chute probablement mortelle qui s’en suivrait forcément… Ils atteignirent la fenêtre du bureau de l’Hokage en un seul morceau, ce qui provoqua une nouvelle accélération cardiaque chez Hijo. Tsunade-sama avait spécifiquement indiqué qu’elle castrerait personnellement le prochain qui entrerait par la fenêtre… Mais peut-être que Jiraya-sama avait une dérogation et que celle-ci s’étendrait à Hijo pour cette fois ?
Parce que personnellement, il pensait tout à fait l’Hokage capable de mettre sa menace à exécution…

Jiraya passa la fenêtre en même temps qu’un tourbillon de neige, atterrit souplement sur le tapis, et jeta un bref coup d’œil autour de lui.
« Ah, » fit-il quand son regard tomba sur le jounin du Sable, « le gamin avait raison alors, le Kazekage nous a vraiment envoyé un anbu… Quelles sont les nouvelles ?»
Hijo atterrit derrière l’ermite, trébucha d’un pas et s’empressa fébrilement de refermer la fenêtre derrière lui. Inutile de provoquer l’Hokage plus que de raison en laissant la neige envahir le bureau.
« Les nouvelles sont qu’il y a eu une putain de fuite, et que l’Akatsuki à apprit que Naruto avait été envoyé à la frontière dans un bled paumé à un jour de trajet des renforts les plus proches, voilà ce qu’il y a ! »
Tsunade fulminait, mais Jiraya prit les choses avec un calme presque surhumain uniquement démentit par la ride soucieuse qui se creusa sur son front.
« L’Akatsuki ? D’où vient l’information ? »
L’anbu émit une toux discrète pour réclamer la parole.
« Après l’attaque contre Gaara-sama cet automne, les services de renseignement du Sable se sont attachés à identifier tout les contacts de l’Akatsuki au pays du Vent, ainsi qu’à remonter les différentes traces qu’ils avaient laissé… »
C’était un euphémisme. Le ‘sacrifice’ du Kazekage avait ouvert les yeux de ceux qui doutaient encore de sa dévotion à son village… Ils ne l’en craignaient pas moins, mais près ce qui était arrivé à Gaara, Suna avait bouilli d’une rage énorme et sourde, invisible, puissante. La mort de Sasori du Sable Rouge n’avait pas été suffisante pour laver l’offense. Les ninjas du Sable étaient en chasse, et bien décidés à faire chèrement payer ceux qui avaient frappé au cœur de leur territoire.
« Leur chef n’a pas été identifié, mais on a mis la main sur certains de leurs informateurs. L’un en particulier était un marchand qui voyageait souvent au pays des Vagues. Il nous a appris que deux des membres identifiés de l’Akatsuki, Hoshigashi Kisame, de la Brume, et Uchiha Itachi, de la Feuille, se dirigeaient vers un avant poste du pays du Feu où se trouvait un Jinchurikki. En vertu du traité qui lie nos deux nations, Gaara-sama m’a immédiatement envoyé vous avertir…»
Jiraya jura à mi-voix.

« Il y a combien de temps ? »
« Je suis parti il y a quatre jours. J’aurais pu faire bien moins sans la tempête, mais… »
« Quatre… Il est trop tard alors. »
L’Hokage arrêta de faire les cent pas. Son visage était de marbre.
« Probablement. Mais il a avec lui quelques ninjas de haut niveau. Ça pourrait faire la différence… »
Jiraya hocha la tête, et sa longue queue de cheval ébouriffée et dégoulinante de neige balaya son dos.
« Eventuellement. Nous nous occuperons des implications politiques plus tard. Pour le moment la priorité et d’envoyer une escouade de renfort. »
« J’ai déjà fait appeler les escadrons Cinq et Sept… »
« C’est une bon-… »
Un son sec provenant de la fenêtre l’interrompit.
Hijo, dont tout le monde semblait avoir oublié l’existence mais qui était resté puisqu’on ne lui avait pas donné l’ordre de partir, s’empressa d’ouvrit le battant, juste à temps pour amortir à bras ouverts un aigle aux ailes empesées de neige.
Avec un glapissement fort peu digne du ninja qu’il était censé être, le chuunin bascula en arrière et atterrit aux pieds de l’Hokage dans un maelström de flocons et de plumes tandis que l’oiseau un peu sonné se débattait aveuglement pour se dégager. Il pesait terriblement lourd, et les plumes sous ses doigts étaient raidies par la glace. À se demander comment il avait réussi à voler jusqu’ici.
Une serre s’enfonça dans son épaule et une autre dans sa main, mais Hijo tint bon et parvint à apaiser le rapace tandis que Tsunade-sama le contournait pour refermer la fenêtre. Il parvint même à détacher le parchemin de la patte droite du volatile sans perdre un œil dans l’opération.
L’Hokage attrapa le cylindre et le déroula. De sa position au sol Hijo pu voir qu’il était vide.
Puis elle forma quelques signes, attrapa au vol le sceau officiel que Jiraya lui lança depuis le bureau, et l’apposa contre le papier en formant quelques signes supplémentaires. Une tache d’encre se répandit, et en l’espace de quelques secondes, trois lignes d’une écriture serrée avaient fait leur apparition au milieu de la feuille auparavant vide.

L’on frappa à la porte, et la tête de Kotetsu apparu dans l’embrasure.
« Hokage-sama, la Cinq est au complet, et les deux derniers membres de la Sept sont en chemin. Ils sont à vos ordres. »
Tsunade fit signe qu’elle avait entendu et ordonna au chuunin de faire mener l’anbu du Sable aux baraquements réservés aux invités, il avait certainement besoin de repos.

Puis elle lança le parchemin à Jiraya-sama.
«Il se peut que l’on n’ait pas besoin des escouades finalement. »
Hijo trouva que pour une nouvelle qui était plutôt positive, elle faisait une drôle de tête tandis qu’elle observait l’ermite aux crapauds parcourir la missive.
« Bordel !» Fit Jiraya. Lui aussi faisait une drôle de tête à présent. « C’est… surprenant. Si ce n’était pas l ‘écriture du disciple de mon disciple, avec tout les codes, je croirait que c’est un faux… Tu avais raison Tsunade. Cet hiver s’annonce plus… mouvementé que ce que prévu.»
L’Hokage lui adressa un regard étrange, et soupira.
« Je n’arrive pas y croire… Ce gamin… Il a réussi finalement. »
« Je sais… Ça défit toutes probabilités n’est-ce pas ? Et il a réussi à se faire descendre dans le processus… »
L’Hokage regarda de nouveau le papier qu’il tenait entre ses mains, puis l’ermite.
« C’est vraiment le numéro un des ninja pour ce qui est de surprendre ses alliés autant que ses adversaires, » soupira-t-elle avec ce qui ressemblait à s’y méprendre à un sourire –et Hijo aurait donné sa main droite pour savoir de quoi ils parlaient, si celle ci n’avait pas déjà été lacérée par le rapace.
Mais bon.

« C’est louche, » dit Jiraya-sama comme s’il délivrait une Vérité Ultime, et l’Hokage hocha distraitement la tête. « Après toutes ces tentatives, qu’ils renoncent aussi facilement… »
« Probablement. Tout ce qu’ils font est louche, dans le meilleur de cas et si on est dans un jour favorable... Le message est trop court. Il faudra attendre leur retour pour en savoir plus. »
« Attendre… S’ils ramènent vraiment le mouton galeux du village, il y a mieux à faire… »
Tsunade soupira de nouveau, s’appuya contre le plateau de son bureau et pressa son front d’une main.
« Bordel, le Conseil… C’est pour ça que je déteste ce boulot… Les Hyuuga vont vouloir sa tête sur un plateau, la moitié des Anciens voudra le faire exécuter tout de suite et l’autre préfèrera probablement attendre qu’on l’ait fait procréer pour qu’il poursuive sa ligné avant de le faire exécuter… »
Jiraya haussa les épaules.
« Dieu sait dans quel état il est en plus… Les Uchiha ont toujours été une source inépuisable de problèmes, si tu veux mon avis. Surtout les deux derniers... Il n’y a que Naruto pour ne pas s’en rendre compte, ou choisir de l’ignorer. »

La conversation aurait pu se poursuivre, si le volatile qu’Hijo tenait étroitement serré contre lui n’avait choisi ce moment pour faire entendre un criaillement haut perché et tenter une fois de plus de s’échapper.
Hijo n’était pas un très bon ninja, il le reconnaissait lui-même avec empressement quand il n’était pas en train de paniquer ou de se demander ce qu’il foutait là et pourquoi ça –quel que soit le ça en question- tombait immanquablement sur lui.
Mais son nindô, qui consistait à éviter les ennuis autant que possible en se faisant tout petit, lui avait donné une efficacité tout à fait hors norme dans le domaine de la dissimulation de sa présence. Hijo avait la capacité appréciable de parvenir parfois à totalement faire oublier qu’il était là. Il employait avec une adresse qui démontrait une longue pratique la méthode “phasme“, qui consistait à se figer totalement, et à essayer de convaincre les gens qui se trouvaient dans les parages que vous n’étiez pas vraiment là, que vous n’étiez qu’un élément de décors auquel il n’y avait aucune raison de prêter attention et qu’il était tout à fait inutile d’essayer de tuer ou d’envoyer en mission dangereuse.
Malheureusement, la méthode phasme avait parfois tendance à le lâcher aux moments les plus inopportuns.
Comme maintenant par exemple.

Tsunade le toisa longuement tandis qu’il se remettait sur ses deux pieds tout en continuant de tenir fermement son aigle, puis elle secoua la tête, soupira, et flatta la tête du rapace, qui à la vague surprise du chuunin n’essaya même pas de l’amputer d’un doigt –c’était toujours ça de gagné, au moins un truc dont on ne pourrait pas le rendre responsable…
« Ramène le à la volière, et précise au chuunin responsable de bien s’occuper de lui, il vient de loin. Après tu pourras rentrer chez toi. »
« À vos ordres Hokage-sama, » balbutia Hijo avec un semblant de garde à vous –ce n’était pas des plus évidents avec un aigle callé contre l’épaule droite qui essayait de vous boulotter une oreille déjà fragilisée par le froid…
« Tu renverras l’escouade Cinq, et envois moi le Capitaine de la Sept. » Hijo n’eut pas le temps de répondre. « Rompez ! »
« À vos ordres Hokage-sama ! »

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Kisame passa son pouce sur le rebord du col gelé de sa tunique, et jeta un coup d’œil à sa droite.
Itachi était toujours là où il s’était laissé tomber après avoir allumé le feu, les jambes croisées sous lui et les bras reposant sur ses genoux, les yeux fixés sur les flammes. La lumière orangée jouait sur son visage, le rendant plus mobile et moins sévère qu’a l’accoutumé malgré l’expression fermée qui marquait ses traits.
Le regard du ninja de la Brume descendit discrètement le long de la tunique rouge et noire, jusqu’à se poser sur la plaque de protection de l’avant-bras droit qui dépassait du tissu empesé. L’alliage de métal et de céramique était visiblement en miette sous les gants longs qui s’imbibait lentement de rouge…

Kisame avait du mal à se souvenir de la dernière fois qu’il avait vu Itachi sérieusement blessé.

À la réflexion il n’avait jamais vu Itachi sérieusement blessé. Et certainement pas à la suite d’une attaque directe.
Sharingan oblige, l’Uchiha se tirait de la plupart des affrontements physiquement indemne… Parfois des éclats de roches ou le rebond imprévisible d’un jutsu pouvaient le surprendre, mais dans la majorité des cas le résultat tenait plus de l’éraflure que d’autre chose.
Que son petit frère ait réussit à s’approcher assez près pour faire ce genre de dégât était des plus surprenant.

« On a bien fait de s’arrêter, cette fichue tempête n’a pas l’air de se calmer… C’est une bonne chose que nous ayons repéré cette cabane de berger la dernière fois que nous sommes passés dans le coin… » Le ninja à la peau bleu étendit ses mains vers le feu, et sourit de toutes ses dents –qui étaient forts nombreuses et toutes extrêmement acérées. Il ne fit aucun commentaire sur la blessure qu’Itachi laissait saigner, ni sur l’état de son poignet. Après tout c’était pas ses oignons.
« Tu pouvais peut-être continuer comme ça, mais moi je ne vois pas la nécessité de faire la course dans ce temps de chien, on est suffisamment loin et de toute façon c’est pas comme s’ils allaient nous poursuivre… » Et de toute manière, juste au cas où, les parages de la cabane dans un rayon de deux cents mètres étaient truffés de pièges tous plus mortels les un que les autres.
- Dommage qu’on ait dû battre en retraite, ça avait pourtant bien commencé… Mais bon, les ordres sont les ordres –je dois dire que le plan est particulièrement retord… Du genre élégant, j’aime ça… » Il tapota avec affection la Shamehada comme si l’épée venait d’acquiescer et eut un rictus amusé.
- Évidement tout ça c’est de la politique, mais il faut avouer que c’est plutôt bien ficelé. Cela dit, si ça avait été cet espèce d’excité en vert de la dernière fois à la place du Copieur, j’aurais vraiment regretté de devoir en rester là… Ca fait deux fois que je suis obligé d’interrompre le combat, et ce type m’énerve… Il a oublié qu’on s’était battu ! C’est un adversaire plutôt intéressant… Si on avait le temps de s’y mettre sérieusement, ça pourrait donner un combat distrayant –enfin, ce n’est que partie remise…»

Itachi ne répondit rien, mais de toute manière Kisame n’en attendait pas moins de sa part. Si le Uchiha avait les dispositions et les mêmes prétentions sociales qu’un cube de glace, lui était un peu plus exigeant… Et quand il lui prenait l’envie de parler, tant qu’Itachi ne le menaçait pas de mort violente pour le faire taire et l’écoutait (ou pas d’ailleurs, mais il était là et humain malgré les apparences, et c’était suffisant…), ça lui allait. Même un tueur de classe S avait besoin de compagnie de temps à autre.

Il bailla, et fouilla dans une de ses poches intérieures.
« Décidément le Neuf Queues pose bien plus de problèmes qu’il n’en vaut… J’ai trouvé que son hôte avait fait quelques progrès d’ailleurs, étant donné les combats qu’il avait déjà dans les pates, il s’en est plutôt pas mal sortit, même si évidemment il n’avait pas sa chance... –mais du orange, vraiment… Ce gamin n’a aucun sens commun. » Il tira un paquet de barres de rations, et en ouvrit une avec les dents tout en caressant machinalement la lame bandée posée à côté de lui.
Il s’apprêtait à embrayer sur le beau boulot qu’avait fait Orochimaru sur le gamin Uchiha, mais un regard en coin sur son équipier l’en dissuada. Ce dernier n’était pas bavard en temps normal, mais là c’était à peu près du degré cinq mille de non-communication sur l’échelle ouverte d’Itachi…

Il en était à sa troisième ration et s’apprêtait à s’enrouler dans sa cape et à s’étendre pour la nuit quand Itachi s’arracha à son immobilité. (Il commençait d’ailleurs à se demander si ce dernier n’avait pas été plus sérieusement blessé que ce qu’il avait cru, et s’il n’était pas tombé dans les pommes, ou s’il ne faisait pas une commotion… ça aurait indubitablement été une première…)
Lentement il se défit de la protection en morceaux, et arracha sans hésiter le tissu mêlé de sang et d’eau qui adhérait à la plaie, révélant la blessure qui cerclait son poignet. La brûlure lie de vin était marbrée de violet et de bleuâtre, et suintait désagréablement. Elle avait la forme exacte d’une main ayant agrippé l’avant-bras.
Itachi articula quelques sceaux de la main gauche et posa deux doigts nimbés de vert sur son poignet droit. C’était un jutsu de soin sommaire, qui réduirait les risques de nécrose ou d’infection en attendant de pouvoir faire mieux.

« Tu devrais laisser sécher, » fit remarquer Kisame bien que son avis n’ait nullement été sollicité. « Si tu bandes maintenant, ça va pourrir… Tu peux la bouger ? »
Itachi ne répondit pas, mais éleva sa main à hauteur de ses yeux, paume face au feu, et plia lentement les doigts en guise de démonstration. Les fibres musculaires mises à nu de la brûlure frémirent, et une minuscule ride qui pouvait être dû à la concentration ou à la douleur apparut sur le front du jeune homme, mais son poing se referma. Il tourna son regard éteint vers son partenaire, et abaissa son bras.
« Bien, je n’aurais pas voulu avoir à t’aider à faire tes lacets... »

Les ninjas déserteurs étaient par nature (ainsi que par nécessité) farouchement indépendants, et d’une manière générale, plus ils étaient recherchés, plus cette indépendance et ce mépris des autres tendaient vers la sociopathie. Les Akatsuki ne faisaient pas exception à la règle –et du point de vue de n’importe qui, même le plus faible d’entre eux restait très puissant…
Ils n’acceptaient de travailler en tandem que parce que dans leur… profession, avoir quelqu’un pour couvrir ses arrières de temps à autre pouvait se révéler profitable (même si évidemment aucun d’entre eux n’aurait admis en éprouver la nécessité…), et que tous reconnaissaient que le Boss avait plutôt raison en estimant qu’en mission la compagnie constante d’un autre Akatsuki réduisait les chances de voir l’un d’entre eux faire cavalier seul sur un coup de tête… (mais ça ne l’empêchait pas, comme l’avait découvert à ses dépens l’ancien équipier d’Orochimaru dans des circonstances qui restaient fort obscures. Pas de chance pour lui.)
Ils n’étaient pas camarades, ils étaient alliés. Cela signifiait qu’ils toléraient l’autre parce qu’ils avaient des buts communs, et reconnaissait sa force comme celle d’un égal.
Cela signifiait aussi qu’ils étaient tenus de ne pas s’entretuer, mais également que dans la mesure du raisonnable ils devaient plus ou moins veiller à ce que l’autre ne subisse pas de dommages trop importants… Eventuellement ils nettoyaient et bandaient les blessures que l’autre ne pouvaient atteindre, et s’entraînaient parfois ensemble quand leurs caractères respectifs ne les poussaient pas à s’entretuer… Ils voyageaient ensemble, et se répartissaient les tâches selon leurs capacités ou envies respectives. Mais cela n’allait pas plus loin. Ils ne se mêlaient pas des affaires de l’autre, chacun gardait ses secrets, ses buts et ses –rares- états d’âme pour lui, et c’était fort bien ainsi.

Quand ils avaient commencé à bosser ensemble Itachi n’avait qu’une quinzaine d’années –mais ce qui était valable à l’époque l’était encore aujourd’hui. Le gamin avait été excessivement silencieux et plutôt étrange, mais Kisame devait avouer que bosser en compagnie d’Uchiha Itachi pouvait se révéler… fascinant. On pouvait aisément rêver d’un partenaire un peu moins taciturne, mais sur le plan strictement pratique, il ne pouvait qu’admettre que le jeune était un sacré tueur doublé d’un génie. Le voir en action valait presque la peine de se le coltiner tous les jours. Lui-même avait beau être plus âgé, plus expérimenté, et connaître la manière de se battre du déserteur du Feu, il ne faisait peu de doute dans son esprit que si un jour ils devaient se battre, le jeune homme serait extrêmement dur à tuer –si même il y parvenait.
Ça n’en rendait leur collaboration que plus intéressante, en attendant d’atteindre leur but…

Itachi haussa imperceptiblement les épaules, et s’appuya contre le mur de pierres mal serties sans faire mine d’attraper les bandages qu’il gardait dans sa poche d’arme.
« Je prend le premier tour, » annonça t’il à la place, avant de fermer les yeux et de laisser sa tête reposer très légèrement contre le mur dans une posture qui indiquait qu’il se laissait glisser dans une transe méditative légère qui le laisserait parfaitement capable de détecter toute intrusion.
« Comme tu veux », grommela Kisame. « Réveille-moi dans quelques heures. »
Autour de la cabane perdue dans l’immensité blanche, la tempête continua de hurler.

---

Quand elle s’éveilla, la pièce était pongée dans une pénombre bleuâtre, et le hurlement de la tempête a l’extérieur n’était plus réduit qu’a un murmure lancinant auquel elle avait fini par s’habituer.
Entre le fouillis de ses mèches et la masse de la couverture, tout ce qu’elle pouvait voir était une lumière diffuse qui tombait d’un soupirail en une mince cascade blanche, baignant le pied de l’un des lits d’une clarté fantomatique. S’accrochant dans les tubes d’une perfusion, traçant une ligne blanche sur le fond sombre. La scène était paisible, et elle failli refermer les yeux.
Puis elle se souvint d’où elle était, et elle n’eut plus du tout envie de dormir.

Elle s’était réveillée à la manière des ninjas, comme ses professeurs lui avaient enseigné à le faire, et comme la nécessité le lui avait inculqué : totalement en l’espace d’un souffle, immobile, sans modifier le rythme de sa respiration… Et pourtant.
« Bonjour Sakura. Bien dormi ? »
Elle se redressa lentement, ramenant ses jambes sous elle. Sentit sa blessure s’étirer et décida de l’ignorer. Puis elle découvrit le reste de la salle d’un seul coup d’oeil. Il lui fallut une poignée de secondes pour réaliser que la fenêtre était bouchée sur presque toute sa hauteur par la neige, ce qui produisait simultanément l’ombre bleue et le rayon de lumière. Kakashi-sensei était avachi sur une chaise entre les lits des deux garçons, le nez plongé dans Le Paradis de la Drague et les pieds confortablement croisés sur le lit de Sasuke.
« Sense-… »
Sur le lit de Sasuke.

C’est à ce moment, dans la pénombre spectrale de la chambre d’une annexe médicale décrépie, que Sakura réalisa ce que cela signifiait vraiment.
Ils avaient réussi : ils l’avaient ramené. Sasuke.
Il est là.
La réalisation la frappa avec la force d’un poing. Elle se sentit étouffer, un peu comme cette fois là à l’entraînement, lorsque Tsunade-sensei l’avait frappée sans se retenir, pour la forcer à absorber le choc et à soigner immédiatement les dommages internes… L’air n’entrait plus dans ses poumons, et elle cru qu’elle allait faire de l’hyperventilation avant de réussir à avaler une douloureuse goulée d’air. Elle sentit monter une brusque nausée et crispa ses doigts sur la couverture, menaçant de déchirer le tissu pourtant épais.
Nous sommes tous là.
L’équipe 7…
Au complet.

« Sakura ? »
Elle aspira une grande goulée d’air.
« Ça va sensei… »
Kakashi ne la croyait pas, si elle se fiait à son seul œil visible qui s’était détaché des passionnantes aventures d’avantageuses héroïnes court-vêtues…
« Je vais bien, je vous assure. »
« … »
«Je ne suis pas blessée sensei. C’était juste un étourdissement. »
Elle s’adossa au mur, tira les couvertures sur ses membres et ferma un instant les yeux, pour s’accorder le temps de reprendre contenance et parce qu’elle se sentait incapable de se lever immédiatement.
«Que… quel jour sommes nous ? »
Même à travers ses paupières closes elle pouvait sentir sur elle le poids délibéré du regard de Kakashi Hatake.
« L’attaque a eu lieu il y a environs trente heures, » dit Kakashi, -ce qui évidemment était la réponse à la question qu’elle avait réellement posée.
« Ha, » fit Sakura.
Et parce que le poids du regard ne la quittait toujours pas et que jamais elle n’aurait cru avoir dormi aussi longtemps, elle repoussa les couvertures et glissa ses pieds dans les sandales qui l’attendaient le long de la couchette.
Le temps qu’elle ait atteint la couche de Sasuke, Kakashi était de nouveau plongé dans sa lecture comme si elle n’existait pas, ce qui exaspéra notablement la jeune femme.
Comme à l’accoutumée l’homme n’émettait rien d’autre qu’une qualité de désintéressement stupéfiante, et parvenait malgré tout à porter sur les nerfs de n’importe qui en une durée ridiculement courte. C’était à se demander si le fait d’avoir récupéré Sasuke signifiait quoique ce soit pour lui…
Mais… Sans doute oui. Sasuke avait toujours été son préféré.

La respiration des garçons était lente et faible, mais régulière, et pour le moment c’était l’essentiel. Il n’y avait pas l’air d’avoir d’abcès.
Sasuke était un tout petit peu moins pâle, mais le contraste avec ses mèches sombres était toujours aussi frappant. Les stigmates du combat marbraient sa peau de manière hideuse, et quand Sakura souleva une paupière et dirigea le faisceau de la lampe ses pupilles s’agitèrent une fraction de seconde. Ce n’était pas grand-chose, mais mieux que rien. Pour ce qui était des éventuels dommages cérébraux on ne pouvait qu’attendre.
Elle avait du mal à y croire, ses mains sur la peau de Sasuke.
Ils avaient attendu ce moment tellement longtemps, et c’était pour se retrouver avec l’Uchiha presque mort et Naruto dans les choux, inconscient du fait qu’il avait fini par tenir sa promesse ?
C’était injuste.
Et pour être tout à fait honnête, assez anti-point d’orgue.

Elle s’était attendu… à autre chose. Une grande confrontation peut-être, un combat titanesque juste pour eux trois, durant lequel elle se serait montrée brave et forte et aurait pu mettre son poing dans la figure de Sasuke.
Ou quelque chose du même genre. Peut-être avec des grands discours rageurs de la part de Naruto –c’était probablement un point non négociable-, et une déclaration émouvante de sa part, qui aurait touché Sasuke au plus profond de lui-même et lui aurait finalement fait voir la stupidité incommensurable de ses actes.
Elle savait bien que c’était la partie non rationnelle de son esprit qui voulait cela, la part qui n’avait pas tout à fait renoncé au fait que Sasuke puisse être ramené, que les choses redeviennent comme elles devraient être, et que l’histoire s’arrête là, avec un arc-en-ciel et un « et ils vécurent heureux et vieux et eurent plein de petits ninjas » pour faire bonne mesure. Même le bout sur les petits ninjas n’était qu’une option a vrai dire, elle se serait juste satisfaite de les avoir tous les deux à ses côtés, sans demander rien de plus…
La partie de son esprit qui n’avait pas été infectée par Naruto et son optimisme désespéré savait bien que cela ne pouvait se passer comme ça, qu’elle ne devrait pas être déçu par ces retrouvailles si peu satisfaisantes…

« Sakura, ça va ? »
L’œil de Kakashi était fixé sur elle par-dessus la couverture orange, et elle réalisa qu’elle avait arrêté d’examiner Naruto et qu’elle fixait stupidement l’oreiller à côté de son oreille droite.
« Ça va. Je n’arrive pas à voir ce qui ne va pas avec Naruto. Ses stats vitaux sont plutôt bons, et il est à peu près stable… Mais il ne répond pas, rien, c’est comme s’il était dans le coma, sauf que ça ne correspond pas tout à fait et que ce n’est pas normal et que je ne sais pas… »
Ses mains se crispèrent sur le drap. La perspective soudaine que Naruto, l’indestructible Naruto, puisse être plongé dans quelque chose d’aussi mort qu’un coma la terrifiait et la faisait se sentir terriblement impuissante.

Kakashi tressailli derrière son bouquin et passa une main dans sa crinière argentée avec l’air tout à coup très embarrassé.
« Haaa… Je crois savoir ce qu’a Naruto… »
« Ce qu’a-… » Sakura lui fit face avec la vivacité d’un serpent prêt à frapper. « ET VOUS NE ME L’AVEZ PAS DIT ? »
Kakashi agita les mains devant lui dans une tentative avortée d’avance pour l’apaiser.
« Du calme Sakura… J’ai dit que je croyais le savoir… Je m’en suis rendu compte en venant voir les garçons, et tu dormais si bien que je n’ai pas voulu te déranger… Et après j’ai comme qui dirait oublié.»
« OUBLIE ?? » Il soustrailli son Paradis de la Drague aux mains vengeresses de Sakura qui avait apparemment l’intention de l’assommer avec, et ajouta d’un ton plus sérieux.
« Il n’y a rien que tu puisses faire Sakura. S’il a comme je le pense été victime du Mangekyou Sharingan, seule Tsunade-sama sera à même de faire quoi que ce soit. »
La colère la jeune fille s’apaisa aussi vite qu’elle était montée.
« Mangekyou… Sharingan ? C’est… la technique que son frère a… utilisée sur Sasuke, non ? Et la même attaque que la vôtre, sensei… »
Kakashi secoua la tête.
« Le mien n’est qu’une version très édulcorée, et le nom est le même mais les résultats sont très différents, comme tu l’as vu avec Deidara. Le Mangekyou original est une technique d’illusion lié à une évolution spécifique de l’œil du Sharingan. Il plonge la victime dans un monde créé et régit par le possesseur du Sharingan, pour une durée aussi longue que celui-ci l’a décidé. »
« … Et ? »
« Et rien. C’est un instrument très utile pour briser les gens. Tout y est… totalement réel. Tous les sens, et la douleur. Quand Itachi a utilisé le Mangekyou sur Sasuke, il lui a fait revivre la nuit où il a tué leurs parents et massacré le clan Uchiha. »
Sakura resta un instant muette, les yeux fixés sur ses mains.
« Alors c’est pour ça… Je ne savais pas, mais… il était différent après, tellement plus sombre… Je pensais- que c’était juste parce qu’il avait revu son frère, mais… »
« Il est effectivement fort probable que ce soit ce qui ait déclenché son combat avec Naruto, et l’ai décidé à aller rejoindre Orochimaru. »
Le ninja plus âgé avait fait cette réflexion d’une voix sans inflexions, presque désintéressées. Les mains de Sakura se nouèrent en poings tremblants.
« J’ai lu tous les rapports, mais il n’y avait rien là-dessus… Que- »
« Il n’y avait rien parce que je ne l’ai pas mis. J’ai dû arracher chaque mot de ce qui s’est passé à Sasuke, et… J’ai décidé de ne pas en faire mention. Ce n’était que des détails. »
Elle le fixa un instant en silence, comme si elle cherchait ce qui se cachait derrière le masque. Kakashi lui rendit son regard avec toute l’inexpressivité dont il était capable.
« Et… Naruto ? »
« Itachi ne le connaît pas aussi bien qu’il connaissait Sasuke… Il a probablement opté pour la torture. » Le visage de la jeune femme se contracta. « Quoique, sachant que Naruto est un Jinchurikki, son point faible n’est pas très difficile à deviner. »
« Son… point faible ? »
Kakashi la regarda comme si elle venait de le décevoir personnellement en disant quelque chose de particulièrement inepte.
« La plupart du temps l’Akatsuki n’a même pas besoin de se battre pour obtenir les Bijus. Les villageois livrent les jinchuriki parce qu’ils les détestent, qu’ils ont peur d’eux. Qu’ils ne sont que des démons… »
« … »
« Un songe dans lequel tous ceux auxquels il tient le rejettent, le craignent et le haïssent à cause du renard qui a déjà causé tant de morts… »
Sakura recula d’un pas, les épaules contractées comme si la tension physique pouvait donner plus de poids à son cri de dénégation et les yeux écarquillés.
« NON ! Je- On ne ferait jamais ça, Naruto le sait ! Il est notre ami- je ne lui ferais jamais ça, jamais… Il n’est pas un démon ! Il ne croirait jamais un tel rêve !» Elle retint un sanglot court, convulsif. Le nez de Kakashi avait de nouveau disparu derrière son livre.
Quand elle essuya les larmes d’un poing aussi rageur que tremblant, il émergea de nouveau et la regarda en silence.

« Il ne croirait jamais ça si c’est ce qu’Itachi lui a montré, j’en suis sure… Jamais ni moi ni les autres ne le considèrerons comme un démon, il le sait. Il le sait forcément. » Sa voix était minuscule.
« Peut-être devrais-tu le lui dire, quand il sera réveillé. »
Elle observa de nouveau le visage masqué de son professeur.
« Pourquoi me dites-vous tout ça maintenant, sensei ? »
L’expression de l’œil visible se brouilla, et Kakashi haussa les épaules.
« Ça pourrait s’avérer utile. L’information est la clé de la survie. Et mon rôle en tant que capitaine est de m’assurer que vous surviviez. Ne t’inquiète pas pour Naruto, Sakura. Il ira bien, il a la tête plus solide qu’une bûche. »
Il était déjà levé et à mi-chemin en direction de la porte quand Sakura l’interpella.
« Sensei ! Ce que vous m’avez dit, sur le Sharingan, c’est Sasuke qui vous l’a dit ? »
Il se calla nonchalamment dans l’embrasure et secoua la tête.
« Sasuke ne savait pas grand-chose sur le Mangekyou. Tout juste la manière de l’obtenir. Disons que j’ai… fait des recherches dans les rouleaux de technique interdites du clan Uchiha. Et j’ai… assisté une fois à son utilisation. Toutes ces informations sont évidemment confidentielles. »
« À… À vos ordres, Kakashi-sensei. » Au moment où il se détournait de nouveau elle l’appela, masquant sa détresse sous un débit trop rapide et une façade professionnelle. « Puisque Naruto doit être traité par Tsunade-sama, que comptez vous faire ? Il faut le rapatrier sur Konoha, mais Sasuke est trop gravement blessé pour être facilement transportable… Et si on reste ici on risque d’être attaqué de nouveau par l’Akatsuki ou le Son, et…»

« J’ai déjà envisagé les diverses possibilités Sakura. Il fallait attendre que la tempête se calme –ce qui à présent fait- et que tu reprennes suffisamment de forces et que tu reconstitues ta réserve de chakra pour pouvoir tenir le voyage-… »
« C’est bon ! J’ai beaucoup trop dormi, je suis en pleine forme maintenant ! » Elle illustra sa déclaration par une rotation du bras et un sourire confiant. « Je suis prête à partir quand vous voulez, mais comment allons nous faire pour transporter les garçons sans-… »
« Bien… dans ce cas il me reste quelques préparatifs à faire. Va récupérer les affaires de Naruto et trouves-moi Sai, nous partons dans quelques heures. »
Et sur ses mots, il disparut avec une célérité suspecte, laissant Sakura seule avec un tout nouveau lot d’inquiétudes et de questions sans réponse.

---

Quelques heures plus tard, Sakura fulminait devant l’entrée de l’antenne médicale.
Non seulement Kakashi était en retard, mais en prime Kaede-san était introuvable. Et elle ne pouvait pas préparer les garçons pour le transport si elle ignorait comment ils repartiraient.
Elle rerentra dans le bâtiment, et tapa ses bottes sur la grille métallique pour enlever la neige tout en adressant un sourire tendu à Temaï qui sommeillait vaguement sur une chaise boiteuse et à Setsuko qui était assise par terre contre le mur.
« Il est toujours aussi à la bourre votre capitaine ? »
« M’en parle pas… »
Sur l’autre chaise boiteuse, de l’autre côté de la salle d’attente, Sai leva les yeux de son dessin, paru sur le point de dire quelque chose, puis disparu de nouveau derrière le parchemin. Il était inhabituellement silencieux depuis qu’elle avait mis la main sur lui alors qu’il errait sans but apparent sur les toits enneigés… Cela dit, si cela signifiait qu’elle n’avait pas à le frapper parce qu’il proférait des horreurs…
Elle sortit, rentra de nouveau, tourna un peu en rond pour vérifier que tous les sacs étaient bien là, resortit puis rentra une fois de plus.
« Sakura, assied toi. »
Pas d’insulte, pas de ton moqueur… Sai la regardait d’un air vide, et ne souriait pas.
Elle lui rendit son regard, et ce fut soudain comme si un interrupteur avait été tourné. Comme par magie le sourire fut de retour, à peine plus crispé que d’habitude.
« Voir ton gros postérieur s’agiter dans tous les sens me donne le tournis. »
Je le savais, c’était trop beau pour être vrai.

Elle fit craquer les articulations de son poing.
« Sai… »

Setsuko émit un gargouillement étranglé, mais avant que Sakura n’ai pu s’approcher assez près et représenter un danger plus que réel pour l’intégrité corporelle du ninja-dessinateur, Temaï s’interposa.
Ou plus exactement il bondit entre eux deux, dos à Sakura, avec presque autant d’énergie que Lee y aurait mis dans la même situation.
« Comment oses-tu insulter Sakura-san de cette manière ?! Un artiste comme toi devrait pourtant apprécier sa beauté resplendissante et ses formes parfaites ! »
Sakura, qui avait été sur le point de lui dire de se mêler de ses affaires –aucune kunoïchi n’appréciait lorsqu’un ninja chevaleresque venait à sa rescousse, c’était déjà assez dur comme sa de se faire respecter sans qu’ils en rajoutent, et puis elle était parfaitement capable de latter la face de Sai toute seule !- interrompit son mouvement, et rougit légèrement à la place.

S’entraînant de manière assez régulière avec Lee, elle avait le droit tout aussi régulièrement à ce genre de commentaires enflammés sur sa beauté et sa grâce incomparables, ce qui la faisait immanquablement sourire et avait comme conséquence immédiate de lui remonter le moral, mais cela n’allait pas plus loin.
Après tout c’était Lee, pour lequel les mots “enthousiaste”, “chevaleresque”, “audacieux” et “bizarre” semblaient avoir été inventés… -quoique non, ils avaient probablement été inventé pour Gai, et Lee les avait repris avec une ferveur à la mesure de sa détermination…
Venant du flegmatique Temaï, c’était… flatteur (non pas que la dévotion de Lee ne soit pas elle aussi plus que flatteuse, mais c’était… enfin…différent.)

Sai haussa un sourcil que Sakura devina sarcastique, mais le sourire mielleux ne quitta pas son visage.
« Tu crains vraiment d’avoir une si petite bite qu’il te faille te jeter à la défense de mocheté ici présente pour te rassurer sur ta virilité ? »
Temaï, qui n’était pas habitué au parlé… cru de Sai, manqua de s’étouffer sur place.
« Parce que si c’est le cas, désolé de te dire ça mais tu es probablement un eunuque, mocheté n’a pas besoin de toi pour la défendre, elle frappe plus fort qu’un bûcheron. »

Si dans l’esprit de Sai c’était une sorte de compliment, il était plus qu’étrangement tourné.

Avec une insulte qui valait les pires obscénités du dessinateur, Temaï recula d’un pas et se laissa glisser en position de garde, scalpel en main.
« Temaï, arrête… »
Mais avec un mouvement bref, Temaï plongea en avant, et la main qui tenait le scalpel fendit l’air vers Sai… jusqu’à ce que l’avant bras du jeune homme n’entre violement en contact avec celui de Sakura.
« Temaï… J’ai. Dit. Arrête… »
« Voyons voyons… que ce passe-t-il ici ? »

Les trois ninjas présents et Setsuko sursautèrent avec plus ou moins de discrétion, et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le bistouri avait disparu et Temaï se tenait à quelques pas de Sakura.
Kakashi était appuyé contre le chambranle de la porte d’entrée, Kaede-san juste derrière lui, et l’expression de son œil contredisait toute indolence qu’aurait pu indiquer sa posture.
« Quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe ici ? »
Seul un silence tendu lui répondit.
« Je vois… » Sans que nul ne l’ai vu bouger, il fut au milieu d’eux, la voix basse mais vibrante de colère contenue. « Que ce soit bien clair… Je veux bien admettre que vous êtes tous fatigués et sur les nerfs. Mais vous êtes des shinobi de Konoha, et vous êtes en mission. Alors le prochain qui joue à ce genre de jeux, je m’assure personnellement qu’il soit rétrogradé et n’ai que des missions de rangs D pour l’année à venir, c’est bien compris ? »
Les trois ninjas s’étaient instinctivement mis au garde à vous, et même le sourire de Sai avait été balayé par la bouffée irrationnelle de colère étouffée qu’émettait le jounin. En silence Kaede-san marcha jusqu’à lui, et frôla son épaule d’une main légère. Quand le regard du ninja copieur s’arrêta sur elle, elle secoua négativement la tête, et à la stupeur muette de Sakura, le courroux de Kakashi retomba. Il haussa les épaules et les toisa tour à tour. « C’est bien compris ? »
Avec un ensemble qui en disait long sur l’impression produite par l’éclat du capitaine, les chuunins aboyèrent la seule réponse imaginable.
« Oui monsieur ! »
« Bien. Sakura, Temaï, Kaede va vous montrer comment préparer les garçons pour le transport. Elle a bien voulu nous fournir deux des traîneaux et une partie des chiens du village. Sai, avec moi… »

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Quand ils émergèrent dans la lumière aveuglante du matin, les deux traîneaux étaient rangés devant la porte, l’un attelé de chiens à la robe fournie étalés par terre et haletants doucement, mais les lignes du second traîneau étaient vides. Kakashi était en train de parler avec Sai avec une once de menace dans sa posture, mais s’interrompit quand il les vit. Sakura ne pu que saisir les derniers mots au vol : « nous en reparlerons. »
Le ninja en noir acquiesça et sourit, avant de venir aider Kaede à arrimer Sasuke dans les fourrures qui couvraient le traîneau tandis que Temaï montrait à Sakura comment faire de même avec Naruto.
« Invocation !! »
Dans une explosion de fumée grise, cinq chiens apparurent. Ce n’étaient pas les chiens ninjas habituels de Kakashi, tous couverts de bandages fantaisistes et portant le bandeau de Konoha. Ceux-là ressemblaient bien plus à de vrais chiens, mais l’impression disparut vite quand le ninja leur ordonna de se placer et qu’ils trottèrent docilement s’installer près des jougs, et qu’après les avoirs harnachés avec une célérité qui dénotait une grande habitude, Kakashi tint ce qui ressemblait furieusement à une brève conversation avec le chien de tête –qui battit de la queue, et lécha le visage masqué quand le ninja au sharingan eut terminé.
Quand il sentit le regard de Sakura sur lui il la rejoignit d’un pas qui avait retrouvé toute sa nonchalance, et son œil se plissa d’une manière qui sembla un peu forcée à la jeune femme.
« Kaede-san ne peut pas nous confier plus d’un attelage, et de toute manière aucun d’entre vous ne sait musher… Je prendrais le traîneau avec les chiens du village, et tu auras l’autre. » Il sourit devant l’expression un peu paniquée de Sakura. « Ne t’inquiète pas, tu n’auras qu’à leur crier des ordres en cas de besoin, mais sinon ils se débrouilleront seuls. Je leur ai demandé d’être gentils avec toi. Sai sera notre éclaireur. »
« Ho… heu… D’accord… »
« Bien. » Puis à voix haute. « Vous avez vos affaires tous les deux ? Ok, on est parti alors. »

Ils se séparèrent devant les portes du village. Kakashi alla s’incliner galamment devant Kaede-san et échangea quelques mots avec elle à voix basse –elle avait l’air un peu inquiète, mais Sakura n’aurait pu dire si c’était à cause des risques du trajet, ou pour une autre raison.
Elle sourit à Temaï, et s’inclina légèrement.
« Merci pour tout Temaï, vraiment. »
Il lui rendit son sourire en plus large, et haussa une épaule.
« Ça a été un plaisir de bosser avec toi Sakura, à une prochaine fois peut-être… Et bonne chance avec tes équipiers. » Il désigna le traîneau d’un signe de tête. « J’espère que ça se passera bien. »
« Je… Merci. Setsuko, Kaede-san… »
Avec un petit signe de main, elle remonta à l’arrière du traîneau. Sai était déjà loin devant.
Et dans le crissement des patins contre la neige, les chiens s’élancèrent, laissant la passe de Mailhoe derrière eux.


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TBC

ouf
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