Ecrits divers (titre palpitant n'est ce pas ? oui je sais..)

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

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Aizen
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Ecrits divers (titre palpitant n'est ce pas ? oui je sais..)

Message par Aizen »

Ca a l'air d'être une période poésie sur le forum... enfin je dis ça :razz: . Plus sérieusement comme c'est aussi sympa de se démarquer de l'univers de la fanfic, il y a quelques temps, je me suis dit pourquoi pas poster d'autres écrits n'ayant rien à avoir avec l'univers de la fanfiction... cette idée suivant son chemin, je l'ai longtemps laissé de côté. La flemme sans doute et peut-être autre chose, certainement... enfin voilà, un topic 100% hors manga, hors Naruto, hors fanfic. J'espère que d'autres auteurs feront la même chose et nous gratifieront d'autres écrits que leurs superbes fics (j'ai quelques noms en tête que je ne citerai pas ^^, ces noms là j'ai vraiment hâte de les lire hors univers préconstruit :) ). Bref, la majeure partie de ces écrits sont des poésies ou ce que l'on pourrait appeler ainsi. J'en ai quelques une d'avance, je les posterai au fur et à mesure, en attendant j'espère que cela vous plaira...


Onomatopées


Crispe
Une nuit
Nuit
S’enlise
Dans le parfum
Macabre
Que cabre
Un cheval

______________________________

Pourriture
D’une nourriture
Vomit
Sur les dalles
Des Halles
Où le veau mit
Ses plus beaux apparats

______________________________

Pleure
Une consoeur
Qu’on serre
Enserre
Dans ses serres
Corps
Dépourvu
De cœur

______________________________

Triste nuit
Désir
Enfuit
Enfouit
Plaisir
Crispé

______________________________

Un homme
S’étonne
Tonne
Camion
Mille tonnes
Ecrasés
Sous le poids
De son poids
De sa voix
De sa voie

_____________________________

Fracasse
Et casse
Le capitaine
Fricasse
Ses Mitaines
Sans haine
Et tienne
Son rang
L’homme
Sans nom
Jambon

_____________________________


« Il pleure sur mon cœur
Comme il pleut sur la ville »

?
?
?
Ai-je déjà entendu ce refrain ?
Trop de lassitude
Répétition infinie
Des mêmes pleurs
Des mêmes rancœurs
Et pourtant aujourd’hui finit
Durant cette pénible nuit
Un espoir né
Qui ce soir tristement périt
Quels coups lui furent portés
Rattrapé dans ma rêverie
J’atterris
Elle a tout emporté
Dans ce cœur flétri
Propice aux veuleries

J’aimerai me souvenir des promenades le long de la mer baigné par le soleil couchant tendrement lové au creux de mes bras dans ce paysage ironiquement cliché je sentais ton parfum se mêlant à celui de l’écume ton sourire timide perçant mon cœur par sa fragilité sa douce fugacité je respire cet air devenu tien entre mes doigts glisse ce sable qui t’appartient je ris tu m’embrasses mon visage s’illumine aujourd’hui il n’est qu’un rictus sans forme odieux et hideux

Mais quel est donc ce cri que j’entends au loin ?
Les Concertos Brandebourgeois ?
Le deuxième ?
Alors ce n’est pas la trompette de ma propre mort ?
Sonne-t-elle plutôt le glas d’un amour mort-né ?
Tu ne réponds pas ?
Quelle est donc sur ton visage cette légère crispation ?
Tu ne réponds pas ?
Tu n’oses pas ?
Résonne-t-elle à nouveau ?
Nous suit elle pas à pas ?
Aurais-tu jeté tes belles déclarations au caniveau ?

Je n’entends plus rien
Ni la trompette
Ni ta voix
Le silence s’installe
Triste silence
Sans fin
Insatiable
Irrémédiable

Sur ma joue coule une larme
Et ce soir je rends les armes



~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Mon coeur

Mon cœur est ce vaisseau
Fantôme
Sans âme sans capitaine

Pensant toucher du doigt le bonheur
Je contemple au bout de celui-ci
L’humidité de ma larme fraîchement écrasée

Dans ce miroir
Mes yeux rougis
Et désespérés
Ne voit qu’un monstre
A la figure
Déchirée

Mon cœur s’écoeure…


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Un cri

Un cri
S’écrie
S’étire
Se déchire

S’entend
Se tend
S’épand
Se pend

Fugace
Agace

S’éprend
Et prend

Le temps
Le taon
Etang

Saumâtre
Marâtre
De l’âtre

De l’être
De lettres
Deux lettres

Non ! Trois !
Troyes !
Non ! Troie !

De la belle Hélène
Belle ? Elle l’aime

Paris
Parie

Sa ville
Ce vil

Prince
Rince

Ses sujets
Son sujet

Le je
Ce jeu
Que je

Développe
Enveloppe

Dans un
Dessin
Des seins
Des saints

Pas niais
Panier
Pas nié

Où sont
Ourson

Recueillit
Accueillit
Et cueillit

A froid
Effroi

Glaçant
Glaçon
Glissant

Sur ton
Serre ton

Corps
Cor

Bouché
Boucher

De ses âmes
De ces âmes
De sésame

Ouvre-toi !

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Vivre

La douleur
Est un leurre
Le parfum des fleurs
Aussi écoeurant
Que le goût des liqueurs
Toutes ces emphases
Pour de simples phrases
Tout paraît tristement
Navrant
Sans cœur

Le soleil recouvert de son voile
Fête son propre deuil
Il ricane des hommes
Comme la hyène
Du cadavre
Errant
Dans le désert de sa conscience

Mes larmes sont aussi sèches
Que la terre est aride
Mon cœur se ride
Revêt cet aspect revêche

Je suis sourd
Sourd et saoul
Sous ce monceau
D’amertume
Tu me pleures
Je te crie
Je t’écris
Ce crissement
Ce cri se ment
Le mensonge
Le ment songe
Songe à ces heures
Songe à César
Franchissant le Rubicon
Franchis sans rubis
Dépourvus de ces richesses
Tape à l’œil
Sommaire
Et vulgaire
Guerre
A l’homme
Sanglant
Songe
Aux cendres de ce cèdre que l’on répand
Triste Liban
Vulgaire terre à canon
Comme la chaire
Si peu chère
Aux yeux des hommes
Quels hommes ?
Des hommes de foi
Ceux qui croit à la guerre
Ceux qui croit au sang
Ceux qui assouvissent
Leur vice
Dans la vivisection
De la vie
Sang sec
Sec et rigide sur les murs des maisons
Délabrées
Cristallisées
Coagulés
Ton sang
Sent
Sans fin
S’envenime
Hymne à la guerre
Hymne à la mort
Seul voie de l’homme de foi
Ton meuglement
N’est qu’aveuglement
Et tu ne mens
Qu’à toi
Pantin armé
Crispé sur le poignard de la forfaiture
Crispé sur la mitraillette
Comme le satyre à sa braguette
Comme le branleur à sa quéquette
Pleure de ne vivre que dans les ténèbres
Inutile quête
Que la mort arrête
Mots vains
Et sans fin
Insatiable
Et sans faim
Un homme dans le désert
Avance
Brûlé par le soleil
Meurtri par les balles
Meurtri par le souvenir des sirènes d’alerte
Par le sifflement des avions
Par le sifflement des bombes
Ravalé au rang de dégât collatéral
Déchu de son statut d’homme
D’être de chair et de sang
Statistiques
Sur un bulletin d’information
Déshumanisons
Déshumanisons
Continuons
Poursuivons
Notre mission
Pressons sur le bouton
Et éliminons ces cafards
Grouillant
Ces intrus
Ces mal-pensants
Pensant différemment
Tuons sans relâche
Les lâches
Osant revendiquer
Le simple droit d’exister
Le mortier
La mort y est
La mort triée
Triée
Criée
Pleurée
Larmes de sang
Rose des sables
Ecarlate
Cri
Crissant
Cri sans
Voix
Voie bouchée
Sans issue
Issue
De l’étroitesse d’esprit
De la démagogie
De quelques hommes
Dans le mépris
Du plus simple droit
De l’homme
Celui de
VIVRE

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

P.S. : Ya des trucs que je ne supporte plus dans ce que j'écris... particulièrement dans un des écrits postés ici... enfin bref, j'espère que la lecture vous aura plus =). La suite au prochain épisode ^^.
sevee
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Message par sevee »

Aizen tu me rappelles un peu les poètes des années 50 et 60 (Eluard et cie).

Y'a beaucoup de sensibilité dans tes poésies, après je sais pas si tu écris en un seul jet ou est-ce que ce sont des sujets maîtrisés sur le long terme. Je les trouve plutôt spontanés, mais ça reste agréable à lire.

Peut-être...une petite suggestion : en proposer moins à chaque post pour qu'on les apprécie tous à leur juste mesure ?
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Temari_in_love
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Message par Temari_in_love »

Je ne te savais pas poète ;)

Même si la poésie n'est pas trop mon truc, j'ai trouvé ça bien à l'oreille, et un poil triste de temps en temps ...

Par contre c'est vrai qu'en mettre moins par post serait plus agréable ^^

Bravo :p

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Message par Guts Rendan »

:columbo: Hum voilà qui est intéressant !

D'abord félicitations ! Déjà pour la réalisation de ces écrits d'hiver et variés mais surtout pour avoir osé les mettre à disposition du forum ! Personnellement je crois que s'il y a bien un courage que je n'ai pas la force de prendre à deux mains tellement il me paraît insurmontable, c'est celui de donner à lire ce que je peux écrire ! :jap: Bravo donc ! :jap:

Ensuite je trouve très intéressants la partie onomatopées :razz: j'aime beaucoup ces homophones qui s'enchaînent si naturellement qu'on a l'impression que leur homophonie est une marque de famille ! et pourtant rien n'est mis côte à côte au hasard ! C'est pour moi une des caractéristiques de la poésie en général : des mots mis les uns derrière les autres qui donnent un tel effet qu'on en vient à croire qu'on aurait du penser plus tôt à associer ces termes là ! Sérieux faut que je fonde une agence matrimoniale de la langue française ! ça va copuler sec et poétiquement moi j'vous le dis ! :lol: :lol:

Hum pardon reprenons moi ! :mrgreen:

Le cri aussi attire mon intérêt. Certainement parce que j'adore le procédé des homéotéleutes qui donnent une note (musicalement parlant) au poème et donc une rythmique qu'on a l'impression d'entendre dans la tête lorsque l'on lit.

Pour ce qui est du reste, disons que, sans vouloir être désagréable, que j'ai une impression de déjà vu, de déjà entendu dans de multiples chansons françaises à textes. C'est pourquoi également que la tonalité générale, plutôt triste mélancolique amère, ne me surprend pas. je ne saurais comment expliquer précisément ce qu'est ce sentiment mais bon au final ça ne me séduit pas autant que les autres cités plus haut.

Si il y a quand même un gros passage de Vivre qui me plaît : de "Je suis sourd" jusqu'à "écarlate".
Le début je le trouve superflu ou mal amené : il est censé introduire le poème mais ne fait qu'alourdir un lancée qui se serait bien passée d'être plombée. De même, la fin est pour moi à reformuler même si l'idée de conclure sur vivre est adaptée au poème et que le fond est à garder, je n'aime pas comment tu as formuler ces idées sur la fin.
Perso ça me donne l'impression que tu t'es lassé en cours de route et que, focalisé sur l'idée de conclusion avec le verbe finir, tu as oublié de te concentrer sur la façon de formuler ces dernières idées censés être le grand final, ce qui lie tout ce qui a précédé, ce que tu mets en cause plus que tout...enfin je sais pas mais un truc important comme une conclusion ! et là ben tellement absorbé par l'envie de coller ces dernières idées tu as oublié de réfléchir à leur mise en matière.

Bon je m'arrête là sinon on va dire que je suis un monsieur connard en puissance mais je préfère faire un commentaire honnête, constructif je l'espère et lourd je le crains :???: :lol: Je ne critique pas ton travail, je le respecte comme toi d'ailleurs mais ça tu le sais. ;-)

en tout cas continue et comme l'on dit mes charmantes pré-posteuses : un poème par post c'est mieux :grin: Comment ça le multiple post est interdit ? :mrgreen: Ah ben oui mais bon faut faire avec hein :lol: :lol:
Aizen
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Message par Aizen »

J'ai du mal à comprendre le sens de cette phrase sevee ^^...
Je les trouve plutôt spontanés, mais ça reste agréable à lire.
Si je comprends bien ce qui est spontané, n'est pas forcemment agréable à lire =) ? Enfin je préfère attendre ta réponse mais c'est vrai que ton commentaire m'a laissé une saveur étrange comme si tu n'osais pas vraiment dire le fond de ta pensée, qui (en l'occurence et je me trompe peut-être =) ) signifiait que tu trouvais ça sympathique mais que ce n'était clairement pas ta tasse de thé... ou de café :mrgreen: .
Cela dit merci tout de même du commentaire =), pour le fait d'en poster plusieurs cela n'aurait été valable uniquement que pour le premier post qui agissait comme une introduction. Donc j'en ai mis plusieurs pour "planter l" décor" et qu'il y ait un peu de matière à lire =).

Mais j'ai bien compris qu'il ne fallait pas que je recommence :lol: .

Merci Alex pour le comm ;-) .

A ton tour mon petit Gutsounet :mrgreen: . Tout d'abord merci de m'avoir gratifié d'un commentaire aussi long et aussi franc =). Crois moi cela me fait plus que plaisir et tu es loin de passer pour un chieur et ce genre de commentaire ne peut vraiment pas me blesser loin de là ;-) .

Je suis d'accord avec toi en ce qui concerne, l'impression de déjà-vu et cela m'a surtout fait ça en relisant "Mon coeur" qui à la relecture, je trouve d'une niaiserie absolue. Maintenant la fin d'Onomatopée part sur une citation d'un poème de Verlaine et surtout sur le fait de l'impression de déjà-vu incessant dans des tonnes d'écrits, il n'empêche que cela peut retrancrire une réalité. Maintenant ce n'est pas non plus le genre d'écrit qui me fait ban... sauter au plafond. Mais il n'en demeure pas moins formateur de s'essayer à l'exercice.

En ce qui concerne "Vivre" c'est l'exemple parfait del'écriture automatique (d'où sans doute le côté spontané qu'à noté sevee =) ), il n'y a pas de vrai construction, juste un enchaînement, un collage, où les répétitions sont énormément présentes comme un martèlement (c'est surtout clair dans "Le cri" ). La première partie est un collage pur et simple, un peu comme en peinture si tu veux =), tu mêles différents styles et matériaux et tu en tires un tableau. La construction de ce poême est identique, l'écriture automatique déstructure la pensée et donne parfois l'impression d'un joyeux bordel et souvent d'une pensée diffuse et hétéroclite. Et même à tel point que le titre est venu une fois la poésie achevée donc tu constateras par toi-même que j'avais pas vraiment l'intention de finir par cela et encore moins (au départ) de conclure ainsi, pour faire une sorte de bouquet final, de pirouette afin d'arriver au titre du poème =).

Cela dit, je prends excellente note de ton commentaire, je ne voudrai pas que tu crois que je me cherche des excuses ou autre, je suis vraiment tout ouïe à tes critiques et je suis certain qu'elles m'aideront à m'améliorer pour mes poèmes futurs ;-) .

Sur ce j'enchaîne avec un poème, écrit il y a quelques temps de cela =).


La pendule

Lorsque j’aperçois cette pendule remontée
Sonorité égale et à jamais à l’heure
Je revois, nostalgique, ces moments passés
Que le souvenir, refrain incessant, effleure.

Aujourd’hui cette pendule s’est arrêtée
Regard désespéré
Vers un mécanisme désemparé

Instant funeste mon cœur pleure
Lorsqu’arrive l’heure
Où sonne le glas
Où l’on passe de vie à trépas

Contemple cette pendule
Que tu as tant de fois remonté
Pourquoi aujourd’hui me laisser
Seul et pleurant incrédule

Ecoute n’entends tu pas
Ce tiraillement cette voix
Lugubre ininterrompue impromptu
Désemparé desséché éternelle

La lumière illuminant nos vies
S’est éteinte un matin
Nous laissant dans le chagrin
Le tic-tac de l’envie

Pareil aux lendemains
Contemple ton absence
Sur ces cartes où manque ta main
Ton écriture art et renaissance

Je souris les cicatrices se referment
Pourtant comme un abysse insondable
Le frottement du stylo sur la table
Le bruit du capuchon que l’on ferme

Tous ces instants à jamais perdu
Une musique qui s’est tue
Un sourire figé
Une larme glacée

Je ris
Je pleure
Mais plus rien n’a la même saveur
gamabeta
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Message par gamabeta »

je dirais ,mon cher aizen, que ton poeme me laisse aussi un gout de deja vu............................. ;-) mais pas au niveau de l'ecriture ,du style ......non non, juste parce que j'ai lu tout les poemes que tu as eu la gentillesse de nous faire partager et que ,celui-là, tu l'as deja mis dans la section poesie!!!!! :razz: :razz: :razz: ..............et sinon ,comme pratiquement à chaque fois, à pars quand ton style devient trop lourd et pompeux (!!!!!), j'ai adoré......ça sent le mec cultivé, ça sent aussi le mec lassé, ou....plutot blasé ,désabusé..... je ressens ça par rapport à la construction de tes récits, on dirait à 1ere vue que tu aimes les normes mais tu les aimes à ta sauce......enfin bon j'ai aimé quoi....ça sent aussi ce coté jazz....un peu fou ,à la fois ici et là bas.....'fin ch'ais pas si j'me fais bien comprendre.....ya un coté jazzy,un peu freestyle.....I like it!!!! ;-) ;-) PEACE
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"FFNPA-TEAM".....et une fois qu't'es peace, on t'offre un brushing.....
sevee
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Message par sevee »

Aizen a écrit :J'ai du mal à comprendre le sens de cette phrase sevee ^^...
Je les trouve plutôt spontanés, mais ça reste agréable à lire.
Si je comprends bien ce qui est spontané, n'est pas forcemment agréable à lire =) ? Enfin je préfère attendre ta réponse mais c'est vrai que ton commentaire m'a laissé une saveur étrange comme si tu n'osais pas vraiment dire le fond de ta pensée, qui (en l'occurence et je me trompe peut-être =) ) signifiait que tu trouvais ça sympathique mais que ce n'était clairement pas ta tasse de thé... ou de café :mrgreen: .
Tasse de café ET chocolat noir.

Tu as raison j'ai tourné autour du pot ; je voulais te cacher qu'en fait, je n'ai lu que le poème ONOMATOPEES jusqu'au mot "jambon" (oui comme ça tout de suite ça fait moins poétique :mrgreen: ) (à moins qu'après on passe à une autre poésie sans titre ? ) et j'ai lu UN CRI.
J'ai laissé de côté les poésies plus construites, avec des vraies phrases.

Pardon :oops: Effet trop à lire d'un coup oblige (tu vas me dire j'ai bien réussi à venir à bout d'un méga post de Smog :roll: ).

Où je voulais en venir ? Ah oui !

Ces deux poèmes sont basés sur un enchaînement de mots, qui ne créent pas de phrases et peu de sens, valent surtout pour le rythmique, et pour le sens un peu bizarre qui se forme malgré tout... comme le jeu du parchemin où quelqu'un écrit un mot puis un 2ème écrit un verbe sans savoir ce qu'a écrit le premier...

J'aime bien ces poèmes :-) Ils m'ont semblé spontanés, c'est à dire écrit d'un coup, sans réel arrêt et prise de tête sur la formulation.

Mais je sais qu'il existe aussi des poèmes peu construits en apparence et qui sont faussement spontanés (dont Eluard est l'exemple parfait, et le seul que j'ai d'ailleurs ;-) ) et qu'il faut relire des dizaines de fois pour en apprécier toute la complexité.

Comme je ne sais pas trop si tu as potassé un max sur ces poèmes ou s'ils sont sortis tous seuls en 5 minutes, je voulais pas faire de gaffe.

Donc que ton écriture est été rapide ou mature, je les trouve bien de toute manière.

Voilà, j'ai répondu à ta question ?
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Kanji
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Message par Kanji »

J'ai moi-même quelques poèmes que je posterai sans doute à l'occasion, mais pour l'instant j'ai une nouvelle, qui fait à peu près la taille d'un chapitre conventionnel, et qui est tiré d'un univers de jeu de rôle (je sais, je sais, je ne change pas...). Le texte n'a jamais été tout à fait retravaillé, ni beta-readé, mais j'en ai reçu de avis positifs et il n'est pas vraiment nécessaire de connaître l'univers pour l'apprécier.

Where dreams fear to tread

L’enfant ouvrit les yeux. Il ne savait que deux choses : son nom, et que ce nom était tout ce qu’il avait. Puis il sut qu’il faisait froid, et que quelque chose était sur lui, sur sa peau, jusque dans sa bouche et ses yeux. Quelque chose l’entourait, saturait ses sens. Malgré son jeune âge, il savait que c’était sale, insidieux et dangereux. Qu’elle était partout et qu’il ne pouvait pas y échapper. Il le savait, parce qu’elle ne parlait pas à sa mémoire ou son esprit, mais à quelque chose de plus profond, de plus primaire. Personne ne s’habitue à l’Âprecité. Elle est comme une blessure qui s’infecte et suppure : elle vous tue, ou elle reste jusqu’à vous tuer. Mais elle ne guérit jamais.
Ce qui entra dans la ruelle à ce moment aurait pu s’appeler un chien ailleurs. Ici il avait un nom aux accents cassants et aux sons rauques qui évoquaient la menace d’un grognement et le craquement des os. Mais ici ou ailleurs, son instinct était le même, et son nez lui disait que quelque chose de vivant et de petit était à découvert. Une proie facile. Il s’approcha prudemment ; l’enfant ne bougea pas ; il inspecta la proie d’un nez qui pouvait discerner chacune des senteurs putrides qui souillaient le petit être. D’un coup de langue, il goûta sa peau. L’enfant rit et se tortilla avec insouciance. D’un coup de crocs, il goûta sa chair. Un cri heurta les murs de la ruelle ; avant d’avoir pu achever sa victime, le prédateur sentit de petites mains agripper sa gorge avec une force insoupçonnée. La force des choses mourantes, des choses menacées. La force de la vie qui se débat.
L’enfant ne savait pas ce qu’il faisait. Mais ses mains savaient ce qu’il fallait faire. Elles serrèrent tandis que les jambes encerclaient le corps malingre de la bête. Lorsque les soubresauts du chien faiblirent, elles tournèrent d’un geste ferme, aussi sec que le craquement léger qui retentit. La carcasse tomba sur lui. Il sentit le cœur de sa proie ralentir et le sien s’accélérer. Il sentit le sang couler de sa plaie, et le souffle froid de l’air effleurant sa chair nue. La puanteur de la rue et la force dans ses bras. Il hurla de tous ses poumons pour prouver au monde qu’il avait défié la mort. Puis, une fois son corps vidé de ses forces, il bascula dans la boue et l’oubli pour savourer la paix qu’il avait conquise.

***

Ahmad ouvrit les yeux et sourit. Il était vivant. Une nuit de plus. Il se plaisait parfois à penser qu’en tellement de temps, l’Âprecité n’avait pas réussi à le tuer. Il se redressa sur sa paillasse et son cou pivota avec vivacité, vérifiant les angles morts, les coins d’ombre et les issues. L’air était moite et la nuit avait encore quelques heures à vivre. Il pouvait sentir les effluves rances de sa sueur et de celle de ses hommes : elle masquait une odeur bien plus légère. La fragrance âcre du sang, si familière. Dans le silence, une respiration feutrée, à peine un murmure. Ses muscles se tendirent comme des câbles et il plongea dans les ombres. Il y eut un gémissement étouffé, des bruits de lutte dans la poussière, le sifflement aigu de l’acier contre la pierre. Dans le même souffle, un feulement rauque et un râle déchirant. Une série de craquements presque visqueux précéda de peu le silence. Le premier souffle s’arrêta dans l’instant et ne fut pas ranimé. Le second était resté parfaitement régulier.
Des lumières s’allumèrent et les hommes s’éveillèrent avec des cris de panique et d’alerte. Sur le seuil de la porte, entre leur chambre et celle du chef, était une forme allongée et grotesque, comme un pantin désarticulé, ses membres formant des angles improbables, sa poitrine défoncée, son ventre percé par des pieux sanglants qui autrefois étaient ses côtes. Son visage n’était pas plus beau à voir : ses yeux étaient exorbités et sa bouche dégoulinait du sang que ses dents brisées avaient laissé échapper. Et au-dessus de la carcasse, la silhouette immense d’un homme, son corps nu couvert du sang de sa victime et enlacé par les ombres nocturnes. Son visage était un mur aux angles si aigus qu’on aurait pu s’y couper la main, ses yeux des promesses à vous glacer le sang, ses mains crispées des armes de chair informes.
-Qui était de garde ?
Sa voix était calme. Il n’avait pas besoin de colère pour tuer. Personne ne répondit. Il donna un coup de pied au cadavre, qui fit entendre un bruit pitoyable de chair crue.
-Quelqu’un doit payer pour avoir laissé entrer ça. Si ce n’est pas la sentinelle, ce sera quelqu’un d’autre. Peu m’importe.
On poussa devant lui un être malingre, vêtu de haillons qui formaient un semblant de manteau. A sa ceinture étaient passés des couteaux et autre lames. La crasse sur son visage laissait entrevoir les traits fuyants caractéristiques des Gonzague. Il tremblait.
Son nom était Shang. Dès sa jeunesse, il avait compris les règles du milieu, lorsque ses parents l’avaient revendu au receleur le plus proche pour avoir de quoi manger. Ce qui veut dire qu’ils n’avaient pas eu les tripes pour en faire de quoi manger. Son nouveau propriétaire vit quelque potentiel chez lui, et commença par l’employer, se disant qu’il pourrait toujours s’en débarrasser plus tard pour un menu profit. L’enfant attendit patiemment son heure. L’heure où son maître dormirait, et où Shang pourrait lui ouvrir tranquillement la gorge. Certains l’auraient traité de lâche. Mais il savait bien qu’une seule chose comptait : échapper à la mort. Le meurtre attira l’attention des clients du receleur ; cela aurait pu lui coûter la vie, mais il faut croire que l’Âprecité ne s’était pas encore lassé de lui. Au lieu de mourir, il fut promu. D’année en année, il s’était frayé un chemin à travers les gangs et les victimes, vers un peu de sécurité. Il espérait avoir enfin échappé à la peur, puisque c’était à son tour de l’inspirer. Mais personne n’échappe à l’Âprecité.
Il leva les yeux. La peau était tannée par le soleil, les coups et les cicatrices. Le visage, auréolée de mèches sombres, était sans âge. Ses yeux étaient de plomb. Personne ne le connaissait vraiment : certains disaient qu’il n’avait pas vingt ans, mais qu’il s’était meurtri le visage pour paraître plus vieux. D’autres racontaient qu’il vivait depuis des siècles, et qu’il ne pourrait mourir qu’avec l’Âprecité. On racontait beaucoup de conneries sur beaucoup de choses, mais en cet instant, Shang était prêt à tout croire.
-Dans ce monde, il y a ce qui te tue, et ce qui te rend plus fort. Et la différence n’est pas difficile à faire. Tu aurais dû savoir que ça te tuerait, dit-il en montrant du doigt le cadavre. Manque de bol pour toi, il m’a rendu plus fort.
Shang porta la main à sa ceinture. Les ragots, la peur, les souvenirs, tout s’effaça devant une seule chose : le besoin impérieux de survivre. A tout prix. Une main de fer agrippa son poignet et fit faire un numéro de contorsionniste à ses ligaments. Une masse de chair et d’os heurta son nez, broyant le cartilage et faisant danser des étoiles devant ses yeux. Il tomba dans la poussière et se débattit convulsivement alors que tout le poids de son adversaire s’appliquait à le tuer, pesant sur sa poitrine. Son souffle le quitta lentement tandis que ses membres s’agitaient de plus en plus faiblement. Ahmad le Poing retira son pied du sternum déformé. Il était temps de passer au petit-déjeuner.

***

L’enfant était encore jeune : trop jeune pour savoir que le sommeil est dangereux dans l’Âprecité, trop dangereux pour lui abandonner aussi facilement sa vigilance. Heureusement pour lui, cette erreur n’allait pas lui coûter la vie. Lorsqu’il ouvrit les yeux pour la seconde fois, il n’y avait qu’une bande de ciel gris encadré par deux murs noirs qui formaient une ruelle. Une voix chaleureuse et profonde dissipa le froid et le contact repoussant de la carcasse. Une grande silhouette avançait d’un pas confiant dans la boue, incongru, insouciant, comme si ce monde de mort ne l’affectait pas.
-Tu dois avoir dans les cinq ans…on peut dire que tu as de la chance.
Le destin d’un enfant isolé dans cet enfer n’est jamais heureux. Mais l’Âprecité semblait décidée à épargner Ahmad.

***

La main longue et fine qui avait déjà pris deux vies cette nuit repoussa avec délicatesse un rideau de toile grossière.
-Abuelo ?
-Je suis là, fils.
Ahmad entra d’un pas lent. Ce n’était qu’une pièce, mais à chaque fois, il lui semblait marcher au milieu de dizaines de mondes. Toute la pièce, depuis la porte jusqu’au plafond, en passant par les murs et le sol, était couverte d’objets en tout genre : tissus, armes, mobilier, ustensiles de cuisine, rations de survies, aliments…Chaque receleur a un antre différent, qui reflète bien la personnalité de son propriétaire : Ahmad en avait vu des dizaines. Il en avait dévasté la moitié. Celui-ci avait l’avantage d’être familier. Quand il était encore jeune, il se plaisait souvent à laisser son regard s’égarer dans la myriade de breloques et autres bibelots. Aujourd’hui il se contenta de s’assurer qu’il n’y avait pas de futurs macchabées en embuscade, avec autant de rigueur que s’il entrait chez un ennemi juré.
-J’ai besoin de nourriture, dit simplement Ahmad.
-Et tu n’es plus capable de t’en procurer dans la rue ? répondit la silhouette qui se cachait dans l’ombre, par delà le comptoir. Le visiteur ne répondit pas. C’est sans doute que tu as besoin de venir la chercher ici…
-J’ai pas besoin de discuter.
-Mais il faut bien que tu me payes.
-Je peux te payer avec autre chose.
-Tu dois me payer avec ce que je veux, le coupa la voix profonde. C’est toi qui es venu ici, ce n’est donc pas moi qui suis dans le besoin.
-Ce que je veux, je le prends, vieillard, gronda le Poing.
Il s’avança lentement vers le fond de la boutique, laissant ses pieds écarter sans respect ce qui reposait sur le sol.
-Tu ne m’aurais pas dit cela il y a quelques années.
-Ces années ont passé, Abuelo, et ni toi ni personne ne peux les ramener. Et tu devrais m’être reconnaissant qu’elles t’aient épargné.
Il y eut un moment de silence.
-Je ne crois pas me rappeler te devoir tant.
-Si je ne veillais pas sur toi, tu serais mort il y a bien longtemps.
-Et qui m’aurais tué ? Toi sans doute.
Sa paume s’abattit sur le bois sale du comptoir.
-Je t’ai demandé quelque chose.
Une main vieille et parcheminée, étrangement semblable à la sienne, fit glisser une boîte d’étain vers lui.
-Il devrait y avoir assez pour trois jours. A présent paye-moi.
-Je te garde en vie. Ca devrait suffire.
-Tu vas m’écouter maintenant !
Sa mâchoire se crispa avec un bruit désagréable.
-Installe-toi.
Il s’assis sur le comptoir et fit passer ses jambes de l’autre côté. Le vieil homme lui tournait toujours le dos.
-Tu as dix-huit ans aujourd’hui.
Il resta silencieux un bon moment.
-Ca fait beaucoup ?
-Dans l’Âprecité, oui.
-Et…ailleurs ?
-Dans la Cité, c’est l’âge où on devient adulte.
-Adulte ?
-Dans la Cité, d’habitude, les dix-huit premières années sont différentes de celles qui suivent : c’est une période où l’enfant est pris en charge par les parents, où il n’a pas à se soucier de sa survie. A dix-huit ans, il a normalement appris ce qu’il faut pour survivre seul.
-Il n’y a pas d’enfants ici, constata Ahmad.
-Non, il n’y a pas d’enfants ici, répondit le receleur en écho.
Le vent siffla dans la rue et fit tinter les babioles qui était suspendues au dessus du seuil.
-J’avais arrêté de compter.
-Oui.
-Depuis combien de temps ?
-Je ne sais plus. Des années.
Des minutes entières agonisèrent, tandis que le silence leur donnait des visages d’heures.
-Quelle heure il est ? demanda Ahmad d’une petite voix.
Le cou ridé bougea légèrement.
-Huit heures et douze minutes.
-Qu’est-ce que ça veut dire ?
Il y eut un soupire fatigué.
-…Rien.
Le jeune homme se leva brusquement.
-A quoi ça me sert de le savoir ? A quoi tu me sers ?!
Il agrippa le vieillard par le col et le souleva de sa chaise sans effort. Autrefois il avait été immense et invulnérable, comme une montagne de sagesse, mais à présent il était vieux et fragile entre ses puissantes mains.
-Je pourrais te briser facilement…
Sur son visage, la rage le disputait à la peur. La conscience de sa propre force.
-Et pourquoi ferais-tu ça ?
Le ton paternel du vieillard cachait bien sa frayeur. Même à présent, il semblait ne pas craindre la mort.
-Parce que je peux le faire, et parce que tu m’es inutile.
-Ce serait anéantir tout ce que je t’ai appris en treize ans.
-Tes leçons ne m’ont jamais aidé.
-Sans elles tu ne vaudrais pas mieux que ce monstre que tu sers à présent ! Tu peux bien tuer ceux qui barrent ta route, mais tu sais au fond de toi qu’il existe mieux qu’ici.
-J’en ai assez de t’entendre…
Le vieux fauteuil gémit lorsqu’Ahmad y jeta l’homme qui l’avait vu grandir pour le dépasser. Ses longs doigts agrippèrent la boîte en étain ; ce n’était qu’un petit objet inoffensif. Mais entre ses mains expertes, même la chose la plus anodine pouvait devenir une arme. Il leva le bras puis hésita. Le visage ridé portait un masque de sévérité et d’ombres diffuses.
-J’ai sauvé ta vie alors que tu n’étais rien de plus qu’un repas pour les chiens. J’ai pris en charge ton éducation et ta survie pendant des années.
Le vent siffla à nouveau.
-Pourquoi l’ai-je fait ? Parce que je pense que l’humanité mérite mieux que cet enfer. Parce que tu méritais mieux que la mort dans cette ruelle. Le mérites-tu encore ?
-…Peu importe ce que je mérite, Abuelo…Personne n’échappe à l’Âprecité. Personne.
-Si tu en es si sûr, tu n’as qu’à me tuer.
Ahmad tourna les talons, la boîte en étain toujours à la main. Il écarta brusquement le rideau et foula la poussière de la rue. Avant de poursuivre son chemin, il leva les yeux vers le ciel et vers les tours orgueilleuses des Seigneurs Gonzague, horriblement lointaines dans les brumes du matin.

***

Cela faisait déjà trois ans, et pourtant le souvenir était toujours vivace. La mémoire est capricieuse dans un endroit où chaque instant est une bataille à mener. Mais au fond de son cœur, Ahmad espérait qu’il n’oublierait jamais cette journée. L’air était humide et chaud, presque poisseux, souillé par la poussière grise de la rue. Le Poing avait avec lui cinq hommes, pour escorter un bien précieux vers la demeure de Kraaien. C’était un long et dangereux voyage, des bordures des domaines du centre jusqu’au cœur des bidonvilles de l’est. Il fallait un homme que nul n’oserait défier et qui connaissait les dangers du chemin ; selon Kraaien, Ahmad était celui-là. Quant à savoir ce qu’était cette chose si importante ou ce que le Corbeau comptait en faire, peu importait. Du moins lorsqu’il commença ce voyage, Ahmad n’en avait rien à faire.
Au cœur de l’Âprecité, le monde semble toujours le même : villes de fortune, déserts emplis de carcasses mécaniques ou paysages étranges de cratères et des collines, elle s’étendait à perte de vue. Seuls les routes aériennes, perchées sur leurs immenses piliers, témoignaient de l’existence d’un autre monde. Mais à mesure que l’on se rapprochait des frontières de la Cité, on pouvait voir les tours et les immeubles, parfois même sentir les odeurs ou entendre les bruits de la civilisation. On se prenait alors à penser à un monde meilleur, différent de l’univers impitoyable de l’Âprecité. Puis on apercevait les hautes murailles et on réalisait à quel point ce monde était éloigné. Trop pour qu’on puisse un jour espérer l’atteindre. Le genre d’endroit qu’Ahmad s’efforçait d’éviter.
Le souterrain était répugnant, même selon les critères de l’Âprecité. L’odeur des immondices, mêlée à celle de la sueur omniprésente, se répandaient en miasmes dans l’obscurité, et l’air même semblait sale. La faible lueur d’une torche mourante éclairait à peine. Les gardes n’étaient que des silhouettes trapues sans visage. Et au centre de la petite pièce, sur une caisse, une vision presque absurde tant elle était incongrue. Dans un autre endroit, on aurait pu l’appeler de bien des noms, et l’Âprecité avait un nom pour elle. Mais Ahmad pensa qu’il ne pourrait jamais lui donner un nom qui lui fasse justice. Ses vêtements étaient à peine déchirés, sa peau dévoilée, son corps tout entier semblait vierge de la crasse de ce monde et les sens aiguisés d’Ahmad captèrent un parfum subtil émanant d’elle, au milieu de la puanteur de la pièce. Bien plus que sa beauté, c’était son incongruité qui faisait sa valeur. Elle était un symbole de ce monde meilleur dont on ne pouvait que rêver. La preuve qu’il existait mieux, et qu’on pouvait y accéder. Cette créature évoquait et provoquait tant de choses dans son esprit qu’aucun nom n’aurait pu tout renfermer. Peut-être était-ce cela qui faisait sa valeur aux yeux de Kraaien. Mais Ahmad n’en avait cure. A peine avait posé ses sens sur elle qu’il savait : il la voulait. Et il l’aurait.
Deux gardes et les cinq hommes de l’escorte. La pièce était étroite, mais mal éclairée. Ahmad laissa sa rage et sa frustration l’envahir. Le garde de droite sursauta tandis que sa vigilance lui révélait le danger. La torche sauta de ses mains, sa lumière mourut rapidement et le Poing ne fut plus qu’une ombre parmi d’autres. Il y eut un cri et la jeune femme ouvrit les yeux. Ses souvenirs étaient flous, mais elle cessa bien vite d’essayer de se rappeler. Dans les ténèbres impénétrables, elle entendait des grognements, des gémissements de douleur et la rumeur effrayante des blessures naissantes. Et, dominant le bruit de la mêlée et les sensations abjectes de la pièce, le chuintement feutré d’un corps en mouvement constant, qui s’imposait à mesure que les autres mouvements cessaient. Le silence se fit, et elle n’osa pas le troubler. Quelques pas dans la poussière, puis la chaleur d’une main sur son visage, et l’odeur de la sueur sur sa peau. Elle voulut se débattre. Mais le contact se fit délicat, presque hésitant. Ses poumons laissèrent échapper un gémissement d’appréhension.
-Sshh…
La voix était basse et douce. Depuis des jours, elle n’avait connu que la peur, le danger et le dégoût. Elle s’abandonna à la fatigue et à la sûreté. Quelques minutes plus tard, Ahmad émergea du souterrain dans la lueur grise du soleil de midi, couvert de sang et tenant dans ses bras ce trésor inconscient qu’il venait d’arracher à l’Âprecité.

***

La pièce était sûrement vaste, mais l’ombre et la fumée brouillaient les distances. Ahmad sentait le tabac imprégner l’air et irriter ses sens, les tapis sur le sol compromettre son équilibre et les ténèbres cacher les gardes qui étaient postés tout autour de lui : aucun des luxes que le Corbeau s’accordait n’était superflu. Kraaien était un des hommes les plus puissants de l’est de l’Âprecité ; le roi d’un champ de ruines, mais un roi tout de même. Cela faisait bientôt 8 ans qu’Ahmad travaillait pour lui. D’année en année, il s’était taillé une place dans son royaume : pour jeune qu’il était, le Poing s’était avéré être l’un des meilleurs tueurs que la région pouvait proposer, et le seigneur du crime semblait s’être attaché à lui. Cela faisait trois ans que cette collaboration avait pris fin, et s’aventurer jusque dans le nid du Corbeau était plus que risqué.
Dans la pièce enfumée et enténébrée, deux silhouettes attiraient l’œil. Deux formes imprécises et inquiétantes, qui se jaugeaient et se narguaient, chaque regard et chaque mot menaçant de provoquer une explosion de violence.
-Je n’ai jamais compris pourquoi tu as tout laissé tomber pour une femme…fit la voix rauque et sifflante de Kraaien. Si c’était une femme que tu voulais, j’en avais des centaines à ta disposition.
-Tu ne sauras jamais ce que je veux, répliqua Ahmad, sa voix tendue tranchant avec le ton détaché du Corbeau.
-Il me semble bien que tu ne le sache pas non plus…Et ici, l’hésitation tue, Ahmad.
L’atmosphère sembla se glacer. Chaque muscle de son corps était tendu à se rompre. Puis il se détendit lentement, s’assurant en sa force.
-Tu ne me tueras pas, Kraaien.
-Non, mes hommes s’en chargeront. Mais tu t’imagines peut-être sortir d’ici vivant ?
-Tu ne me tueras pas.
-Vraiment ?
Ses dents lancèrent un crissement sinistre.
-Les contacts et les connaissances de cette fille auraient pu m’assurer des affaires florissantes avec la Cité ! Et après m’en avoir privé, tu t’imagines que je vais t’épargner ?
-Tu l’as bien fait pendant trois ans.
Il y eut un long silence.
-Tu ne me tueras pas, Kraaien : je ne peux pas t’apporter autant qu’elle, mais je peux t’assurer le contrôle sur la rue.
-Tu n’es pas le seul à le pouvoir…
-Mais je suis le meilleur. Pendant trois ans, j’ai préservé tes affaires, et tu ne m’as toujours pas tué.
Ahmad imaginait bien à quel point cela devait être frustrant pour lui. Et il adorait ça. D’ici quelques années, il se serait peut-être taillé une place au-dessus de Kraaien, assez haute pour négocier avec qui il voudrait.
-Ma mort est un luxe que tu ne peux pas te permettre.
Roi ou loqueteux, personne n’échappe à l’Âprecité.
Le Corbeau franchit le mur des ombres et entra dans le faible cercle de lumière qui emprisonnait déjà Ahmad. Ils se ressemblaient étrangement : le corps du Poing était élancé et puissant, modelé par dix-huit ans de lutte pour la survie ; celui de Kraaien était tout aussi élancé, mais bien plus maigre comme s’il avait peu à peu perdu l’habitude du combat, alors même que grandissaient son pouvoir et son influence. Sa silhouette malingre et ses mouvements brusques lui donnaient une aura menaçante.
-Soit. Tu vis. Mais à une condition.
Il prit son temps et Ahmad devint inquiet : le baron du crime savourait ce qui allait suivre.
-Je veux être sûr que je peux compter sur toi. Tu vas donc faire quelque chose pour moi…Vois-tu, il y a un receleur qui refuse de collaborer.
Il leva les yeux et sourit de toutes ses dents. Ahmad fronça les sourcils et n’écouta pas son cœur hurler. Abuelo.

***

C’était nouveau, et c’était embarrassant. Voilà déjà près d’une heure qu’Ahmad avait sauvé cette fille, sacrifiant ainsi une bonne partie de sa réputation et de ses relations avec Kraaien. Et la seule chose qu’elle trouvait à faire, c’était rester inconsciente. Il avait agi par instinct, et à présent il se rendait compte qu’elle lui était probablement inutile ; et dans l’Âprecité, ce qui est inutile meurt rapidement. Mais il attendit tout de même, jusqu’à ce qu’elle ouvre les yeux d’elle-même. Elle sembla d’abord effrayée et tenta de se relever, avant de se rendre compte qu’elle était toujours attachée. Ahmad n’était pas naïf à ce point. Mais ça ne semblait pas la calmer pour autant.
-Calme-toi, dit-il rapidement, une note d’exaspération dans la voix.
Bien sûr, elle ne comprit pas un mot. A ses oreilles, l’Âprelangue n’était qu’une suite saccadée et erratique de sons rauques et cassants, à peu près aussi compréhensible et engageante que les croassements et grognements d’animaux sauvages. Mais elle avait étudié très longtemps l’Âprecité, et put donc deviner à demi-mot qu’il s’efforçait de la rassurer.
-Parle plus lentement, s’efforça-t-elle d’articuler, avec difficulté. Le rude langage semblait lui écorcher la bouche.
-Je te dis de te calmer, répéta-t-il en prenant le temps, avec tout autant de difficultés. Il n’avait jamais appris à être patient, ni à rassurer qui que ce soit.
-Je m’appelle…
Elle hésita un instant.
-Constance. Constance Albeval.
Ahmad écouta attentivement les syllabes ponantaises former son nom, à des lieues des accents grossiers de l’Âprelangue.
-C’est toi qui m’as sauvée ?
-Il y a quelque chose que je voudrais en échange.
Constance recula et tenta instinctivement de resserrer ses vêtements : elle avait étudié suffisamment longtemps l’Âprecité pour savoir qu’elle avait eu une chance inouïe jusqu’à présent, et qu’il ne l’avait probablement pas secourue par charité. Aussi fut-elle surprise de constater à nouveau la délicatesse spontanée de son sauveur.
-Du calme, dit-il précipitamment en écartant ses mains.
-Qu’est-ce que tu veux de moi ?
-Tu viens de la Cité, non ? Est-ce que…
Il chercha ses mots un instant, avec un air maladroit.
-Est-ce que je pourrais t’y raccompagner ?
Quelques heures plus tard, l’un comme l’autre étaient émerveillés, mais pas par la même chose. Ahmad ne cessait de regarder en l’air et d’admirer la ville : depuis les couloirs gris et sombres de la Cité Jumelle jusqu’aux canyons urbains du centre-ville, tout lui semblait être un enchantement. Alors même qu’ils traversaient le quartier du Comptoir aux Epices, il fut frappé par les rues, si parfaitement parallèles, et les bâtiments à la stature solide et fiable. Au bout d’une demi-heure, il se rendit compte qu’il n’avait plus besoin de surveiller ses arrières ; personne ne tenterait de lui planter un poignard dans le dos à chaque instant. Mais le plus incroyable fut pour lui le centre-ville et ses géants de verre et d’acier, à la grandeur telle qu’ils dépassaient toutes les imaginations. Ici, les tours colossales que certains dans l’Âprecité vénéraient avec déférence n’étaient que des éléments du quotidien, et l’on semblait vivre en ignorant la légion de dangers qu’Ahmad devait combattre chaque jour. C’était une terre de rêves et d’ambitions devenus réalité.
Constance, de son côté, était émerveillée par l’émerveillement d’Ahmad. Elle aimait sa spontanéité étrange, à mi-chemin entre l’aisance et la maladresse, sa façon qu’il avait de la traiter avec délicatesse, comme si elle était un objet précieux, et la manière qu’il avait de voir le monde comme si c’était la première fois. Après avoir passé quinze minutes à lui expliquer ce qu’était la loi, elle aborda le principe de l’emploi. Et arriva la question inévitable :
-Et toi, tu fais quoi comme…emploi ?
-Je suis…
Elle hésita encore : l’Âprelangue n’avait pas de nom pour ce qu’elle faisait.
-Journaliste, dit-elle en Ponantais.
-Journaliste…répéta-t-il lentement. Et c’est quoi ?
-Eh bien…en gros, je fais connaître aux autres les informations importantes, en les publiant dans un journal qui leur sera vendu.
-Donc finalement tu passes ta vie à aider les autres.
-Oui, si on veut.
-C’est complètement con.
Constance voulut répondre, mais se ravisa avec un sourire. Il y a des années, elle aurait été scandalisée, mais, les années passant avec leur cortège d’échecs, de tentatives de corruption et de menaces, la jeune femme avait perdu une bonne partie de sa ferveur.
-Si tu veux vivre ici, il faudra que tu acceptes que c’est différent de ce que tu as connu avant : ici, les gens vivent en communauté, ils s’entraident et se respectent. Rappelle-toi de ce que je viens de te dire sur la loi : ce n’est pas chacun pour soi, c’est tous pour la communauté.
Ahmad ne se départit pas de son air rêveur et prit tout son temps pour réfléchir.
-C’est vraiment possible ? Tu n’essayes pas de me mentir ?
Constance sourit et posa la main sur l’épaule du Poing. Elle jeta un coup d’œil aux mines éberluées des passants avant de parler.
-Je sais que ça doit être difficile à croire pour toi, mais c’est la vérité : tu n’es plus obligé de penser uniquement à ta survie. Tu peux choisir ce que tu veux faire de ta vie et y arriver, parce que tu n’es pas seul.
Ils arrivèrent devant un modeste immeuble, entre le centre-ville et les zones résidentielles. Elle prit sa main et arrêta la marche.
-Pourquoi est-ce que tu m’aides ? demanda Ahmad, un sourire sur son visage buriné et une lueur de méfiance dans ses yeux. Est-ce que tu aurais aidé n’importe qui d’autre ?
La jeune femme sourit et passa ses bras autour de son cou. Il fut presque surpris lorsqu’il la laissa faire.
-Je te l’ai dit : tu n’es pas seul.
Ahmad sourit à son tour. Il se laissa aller à croire qu’il lui avait enfin échappé.
Il faisait sombre lorsqu’il se réveilla. Les draps étaient doux, l’air frais et pur et la nuit tranquille. Un instant lui revinrent à l’esprit la douceur de la peau de Constance, la sécurité de ses bras et la passion de ses yeux. Puis il se leva et s’approcha de la fenêtre. Quelques minutes après, il avait réussi à l’ouvrir. Le ciel était clair et dégagé, et les visages lisses des immeubles luisaient sous l’éclat de l’Oeil Rouge.
-Quel âge as-tu ?
Il tourna la tête. Elle s’était enveloppée dans les couvertures.
-Pourquoi cacher ton corps ? demanda-t-il.
-Je suis nue.
-Il ne fait pas froid.
Elle sembla ne pas comprendre.
-Quel âge as-tu ?
Il redirigea son regard vers la fenêtre.
-Quinze ans.
Constance ne répondit pas. Elle ne pouvait pas le comprendre, et elle ne le comprendrait probablement jamais : elle n’avait pas vécu ce qu’il avait vécu, et elle n’était pas capable de le vivre. Mais par certains aspects, ils étaient si irrésistiblement identiques…
-Tu m’as menti.
Sa voix était sans équivoque. Elle hésita un instant puis soupira.
-Comment tu le sais ?
-Je le sais, c’est tout. Je connais ton corps maintenant.
-Tu te méfies toujours de moi ?
-Non. Mais je sais que tu m’as menti : ce n’est pas le monde que j’imaginais.
Il la regarda de nouveau.
-Je veux la vérité.
-La vérité ? La loi existe bien, mais la misère aussi, parce que les puissants le sont suffisamment pour manipuler les lois, et prendre pour eux ce qui permettrait de bannir la misère.
Ahmad s’assit sur le bord du lit et prit sa tête entre ses mains. Le silence ne fut brisé qu’au bout de plusieurs minutes.
-Quelle heure il est ?
-Deux heures du matin.
Il se redressa.
-Ton monde ne vaut pas mieux que le mien, Constance.
Elle se pressa contre son dos, comme pour le retenir.
-Pourquoi m’avoir menti ?
-Tu ne m’as pas écoutée ? Tu n’es pas seul. Moi aussi je pense que le monde devrait être différent. Mais je ne peux pas le changer. Je n’ai jamais réussi, et je commence à croire que je ne réussirai jamais.
Elle déposa un baiser sur son omoplate, là où la main d’un autre avait laissé une longue cicatrice. Il passa sa paume calleuse sur sa joue et la regarda fixement : il étudia sa bouche fine, ses pommettes légèrement saillantes, ses yeux bruns sans fond et ses longs cheveux roux. Avec le temps, il avait cessé de prêter attention aux bruits de ses propres pas sur le sol, à la caresse du vent et à la forme des nuages. Et comme lorsqu’il avait posé les yeux sur les merveilles de la ville, il s’émerveilla de l’attention avec laquelle il l’observait, de l’importance qu’avait le fait de simplement la regarder.
-Je dois rentrer.
-Où ?
-Dans l’Âprecité.
-Non !
Elle s’agrippa à son cou.
-Pourquoi est-ce que tu retournerais là-bas ?
-Je ne peux pas vivre ici.
-Pourquoi ?
-Parce que chaque moment me dirait que le monde ne va pas bien, et que je ne peux rien y faire.
Il se leva.
-Là-bas, au moins, j’ai l’habitude.
Elle se leva à son tour, toujours enveloppée dans les draps.
-Ahmad…
-Et tu ne peux pas vivre là-bas, Constance. Je reviendrai te voir souvent…Mais je ne peux pas lui échapper.
Ses bras enserrèrent son cou, laissant tomber les couvertures au sol.
-Rappelle-toi bien une chose : tu ne peux pas m’échapper non plus, chuchota-t-elle après l’avoir embrassé.

***

Ahmad bougea comme un somnambule : il savait parfaitement ce qu’il faisait, mais il avait l’impression que ce n’était pas lui qui agissait. Il écarta d’une main fine et longue le rideau et entra, écrasant et bousculant les babioles au fil de ses pas. Le vieil homme le vit et garda le silence. De puissants bras le soulevèrent sans aucun effort. Son visage resta fermé, alors même que son fils le jetait à terre et laissait son pied transmettre le message du Corbeau à ses côtes fatiguées. Le jeune homme prit un vieux briquet de métal sur le comptoir et se dirigea vers la sortie lentement, titubant presque. Juste avant de sortir, il fit naître une petite flamme au creux de sa main et l’approcha du rideau.
-Si tu le fais, tu franchis la ligne.
La forme jaune dansante vint lécher le tissu rapiécé et se transmit à lui, le consumant lentement. Ahmad sortit et ferma les yeux un instant. Puis il fit volte-face. Quelques instants plus tard, il ressortait en tenant dans une main le vieillard et dans l’autre le rideau en flammes. Tous deux gardèrent le silence.
-Je ne t’ai jamais expliqué mon nom, dit enfin le père.
-Tais-toi, fit le fils.
-Dans une langue d’autrefois, Abuelo signifie grand-père.
-Alors tu porteras pour moi un autre nom.
-Va-t-en.
Le Poing fit quelques pas dans la poussière. Demain, il irait voir quelle mission le Corbeau lui réservait. Il réussirait, il monterait dans son estime et il gravirait les échelons à nouveau. Et la vie se poursuivrait ainsi, jusqu’à ce qu’un jour l’Âprecité se lasse de lui. Mais Ahmad leva les yeux et ils rencontrèrent les tours des Seigneurs. Un jour, peut-être…
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