Souvenirs d'un Hollow.

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

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Aizen
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Souvenirs d'un Hollow.

Message par Aizen »

[HRP] Bon petite fanfic sur l'univers de Bleach, espérant qu'elle vous plaira. Evidemment commentaires attendues ^^. J'ai pas fait le début trop long comme ça si ça ne vous plaît pas bah inutile de continuer, alors que si vous aimez et bien les suites arriveront régulièrement^^.[/HRP]

~PROLOGUE~

Où suis-je ? Quelles sont ces lumières qui grésillent au dessus de ma tête ? Que m’est-il arrivé ?

Une pièce vide, non, une table opératoire… Que fais-je dessus ? Pourquoi ces lumières aveuglantes au dessus de ma tête ? Du carrelages… blanc… Curieuse impression, celle d’être dans un bloc opératoire. Essayons de bouger… Aïe, quel est donc ce bruit sourd qui hante mon crâne ? J’ai la sensation de recevoir des coups de burin. Comme cette salle me paraît immense, sans fin… Où ai-je bien pu atterrir ? Ne serait-ce pas une table là-bas. Je distingue quelques objets… des scalpels… des seringues… des produits étranges aux couleurs variées.

Ce sont mes premiers souvenirs, en tant que Hollow. Enfin étais-je réellement un Hollow ? Je ne le sais toujours pas, tant de choses sont arrivés si soudainement. Tout a disparu, en un instant. A ce moment-là, à cette heure là, je ne vivais plus, ne respirais plus. Mon corps n’était plus. En me palpant, je pouvais distinguer mes deux bras, en me levant je me tenais aussi sur mes deux jambes. Au premier abord, cela ne me semblait pas si étrange que cela, j’étais humain, dans la mort je gardais ma forme, rien de plus normal. Pourtant, en me levant, en sortant de cette absurde pièce, ce que je rencontrais m’effrayait. Mes pas résonnaient dans ces couloirs vides et aseptisés. Rien ne semblait troubler ce silence macabre.

Je marchais, j’avançais, tel l’enfant amoureux de cartes et d’estampes. L’univers est égal à son vaste appétit, que le monde est grand à la clarté des lampes, aux yeux du souvenir que le monde est petit.

Ma mémoire me fait défaut, n’ai-je vu cette pièce qu’une fois ? Tout semble se confondre dans les méandres de ma mémoire. Ma vie de Hollow, ma vie d’humain. Tout se mélange pour donner un souvenir confus, diffus, brumeux.

Qu’ai-je fais pour atterrir dans ce monde désolant, sans vie. Le bruit des scalpels hantent ma mémoire, je les entends, je les sens. Ils triturent mon corps. Seraient ce eux qui m’ait donné cette apparence si…humaine.

Pourtant je le sais, je le sais, je le sais… Je méritais ma mort. Je la voulais. Je l’ai décidé.

Je revois ces corps déchirés par les lames de mon couteau. Je te revois criant, hurlant, m’ordonnant d’arrêter. Pourtant comment aurais-je pu me stopper ? Te voir comme cela, dans les bras d’un autre. Mon cœur ne pouvait en souffrir d’avantage. Je t’ai tué, je l’ai tué, je me suis tué. Et j’ai atterri ici.

Seul, désemparé, traînant ma solitude comme un fardeau. J’errai.

Au loin quelques Hollows, paraissaient festoyer, je m’approchais d’eux. Quelques éructations primaires semblaient leur seul discours. Quelle vulgarité dans leur manière de manger leur proie. Sommes nous des animaux ? L’un d’eux s’approchât de moi, et à mon grand étonnement se mit à me parler, d’une voix calme et grave.


Chapitre I/ La rencontre

_Nouveau ?

Je le regardait fixement, ne voulant pas répondre. Celui-ci éclatât de rire.

_Oui, je vois nouveau. Vraiment nouveau, tu sors tout juste du labo, et tu sais pas où tu as atterri. Je me trompe ?

Je me décidais à répondre, surtout qu’il ne semblait pas particulièrement méchant malgré ses deux mètres trente, et sa bave dégoulinante.

_Non, effectivement je viens d’atterrir ici. C’est bizarre, on dirait que toute vie à abandonner ce monde.

_Hmm, tu n’as pas tout à fait tort mon petit, mais je te laisse découvrir petit à petit les richesses que recèlent ce monde. Ce serait dommage de te gâcher le plaisir maintenant.

Il me souriait de toutes ses crocs, l’air légèrement ahuri. Il commençât à s’éloigner, le sol tremblait à chacun de ses pas. Puis marquant un temps d’arrêt, il me fit un signe de tête m’enjoignant à le suivre. Légèrement sur la défensive j’obtempérais. Je n’étais pas rassuré. J’étais au milieu d’un monde, où le soleil n’existait pas. Où les ténèbres nous entourait de leur chaleur glacial. Quelques blancs nuages transperçait ce manteau, suivant le flot du léger vent qui parcourait ce monde.

_Bon tu viens petit ?
_Désolé je regardais le paysage.

Un rire gras fut la seule réponse que j’entendis. Nous parcourûmes la lande, lui bondissant sur ses pattes, moi, surpris par ma vitesse, j’arrivais à le suivre, courant derrière lui.

_Tu sais tu vas rapidement en faire le tour du paysage. Moi ça fait deux cents ans que je suis là donc tu peux me croire, il n’y a pas beaucoup d’originalité. Quelques montagnes, quelques roches, des marais ici et là. Et puis des bâtiments disséminés un peu partout, mais pas de réelle organisation bureaucratique comme tu as pu le voir chez les humains.

Je ne savais pas pourquoi ce Hollow avait décidé de me chapeauter de cette manière. C’était peut-être ainsi pour chacun de nous à notre arrivée. Un ancien se chargeant de notre apprentissage.

_Au fait quelles crimes tu as commis pour arrivée dans ce monde ?
_Pardon ?
_Bah oui, seul les meurtriers peuvent devenir des Hollows, tu ne le savais pas ?
_Comment l’aurais-je su ? Je viens d’arriver.
_Ahaha je vois, susceptible comme garçon, je m’appelle Machia, enfin c’est mon nom de Hollows parce que lorsque j’étais humain… mince je m’appelais comment déjà ? Bah ce n’a pas une grande importance. Alors ?
_Bah, ce n‘est pas très intéressant à savoir.
_Je vois. Timide ? Moi, si tu veux j’ai été un de ces ronnins que les seigneurs payaient pour faire le sale boulot durant les grandes guerres, les grandes luttes d’influence. En gros je tuais pour de l’argent et ne regardais pas trop qui je tuais. Enfin que veux-tu, j’ai pas trop à me plaindre. J’ai plutôt bien vécu, et je vis toujours bien, même dans la mort.
_Bah, moi, j’ai tué ma femme… et son amant.

Un silence s’en suivit, nous continuâmes notre route.

Chapitre II/ Découverte

Machia reprît la parole, nous traversions ces paysages mortuaires. Au loin, on pouvait distinguer des montagnes, se dressant, fières et solitaires. Dans ce monde tout semble désespérément triste. Il y a bien par moment un peu de vie, mais tout ceci semble disséminé un peu partout sans réelle unité.

_Cela n’a pas du être évident à prendre comme décision.
_Quoi donc ?
_Bah tuer sa femme et son… enfin tu vois ce que je veux dire.
_Amant ? Tu sais tu peux le dire, de toute façon, c’est passé… donc pas d’importance… ce qui est fait est fait. Pas de regrets à nourrir… Malheureusement.

Mes yeux se perdirent dans le vague, dans le vide. Je revoyais tous ces moments heureux passés avec elle. Ces fugaces moments de bonheur, ces heures où le temps semblait s’arrêter. Où rien ne pouvait venir nous perturber. Tous ces moments perdus que je ne retrouverais jamais.

_Et tu es mort comment si ce n’est pas indiscret ?
_Suicide…

Un lourd s’installât, il me regardait du coin de l’œil. Je me demande ce qu’il a pensé à ce moment là.

_Juste après les avoir tué.
_Je vois, moi je suis mort dans un combat, une sorte de duel. J’ai trouvé meilleur que moi, ce jour-là. Fallait bien que cela arrive.

Il éclatât de rire, un rire rauque et sonore, qui emplît le silence et se perdit dans cette immensité macabre. Notre route continuait, je me demandais où nous allions, pourquoi nous courrions depuis si longtemps. Il ne m’avait rien dit sur le but de cette course échevelée. Je me décidais à reprendre la conversation.

_Et tu ne t’ennuies pas trop ? Parce que deux cents ans, c’est beaucoup. Et vu les activités qui apparemment jalonne notre route, cela ne doit pas être la fête tous les jours.
_Oh, rassure toi, un Hollow n’a pas le temps de s’ennuyer. Je dirais même c’est plutôt le contraire. Mais tu vas vite pouvoir le constater par toi-même. D’ailleurs nous arrivons bientôt.

Nos pas soulevait une légère poussière grisâtre, celle-ci tourbillonnait après notre passage. Le vent nous fouettait le corps. J’aimais cette sensation grisante de vitesse, ce nouveau corps aux capacités insoupçonnées.

_Au fait tu ne m’as pas dit ton nom. Comment dois-je t’appeler ?

Apparemment les Hollows ne portent pas le nom qu’il possédait de leur vivant. Quel nom, devrais-je donner ? Aucune idée et le premier qui me sortit de la bouche fût :

_Sanjuro. Appelle-moi Sanjuro.
_Pourquoi, tu étais quarantenaire au moment de ta mort ?

Un léger sourire triste vint assombrir mon visage. Je soupira légèrement, ma tête se baissa, puis me tournant vers lui :

_Non, tu n’y es pas du tout. C’était le titre d’un film et le nom d’un personnage que ma femme et moi aimions par-dessus tout. Un film de Kurosawa, si ma mémoire est bonne… Avec son acteur fétiche. Mifune Toshiro.

_Ah oui le cinéma, une de ces inventions récentes. J’aime bien y aller, mais pas pour les mêmes raisons que les humains.

A cette époque je n’avais pas compris le lourd sous-entendu de cette phrase. Comment l’aurais-je pu ? J’étais encore vierge à tous points de vue dans ce monde hostile.

Notre route continuât, nous tuâmes le temps, parlant de tous et de rien. Finalement nous arrivâmes en haut d’une colline, où un grand trou noir, béant, nous attendait, tournoyant dans le vide.

_Voilà, Sanjuro, on y est ! On est Arrivé ! Maintenant on va pouvoir s’amuser comme des petits fous.


Chapitre III/ Un monde nouveau, ou presque

Je fus surpris en traversant ce trou, je m’attendais à un long voyage, entre deux dimensions, or ce ne fut pas du tout le cas. Nous atterrîmes immédiatement en centre ville. A première vue, j’aurais dit celui de Tokyo, et j’en eus la confirmation quelques instants plus tard par mon camarade. Je dois reconnaître mo, étonnement en voyant la faune invisible qui se promène dans les villes humaines. C’est assez sidérant, d’ailleurs je pense que si les humains en voyait ne serait ce qu’un dixième, il serait loin d’être rassuré -- ce qui est somme toute assez compréhensible au vue de ce musée des horreurs ambulants--. Nous promenâmes quelques instants, au milieu des néons et des immeubles. La nuit était bien avancée. On pouvait apercevoir certains jeunes hommes sortant à peine du travail prendre un bol de ramen dans une quelconque échoppe. Dans un de ces restaurants ouvert sans discontinuer, nous entendîmes quelques échos et inconsciemment je me dirigeais vers eux.

Les éclats de rires fusaient, le saké coulait, au loin une légère musique d’ambiance berçaient le tout de son flux continu. Les notes voletaient parmi les paroles. Je m’approchais discrètement, cette musique me paraissait si familière. Le poste était au fond de l’échoppe. Un vieux poste, fatigué poussiéreux, une cassette tournait. Le son d’un saxophone soprano résonnât d’un son, d’un timbre inimitable. Je le reconnus immédiatement : John Coltrane !

J’en fus retourné ce fut un profond choc émotionnel pour moi. J’étais plongé dans cette musique, celle de mon adolescence. Je me revoyais dans ces cabarets de ma jeunesse, alternant sax soprano, clarinette et piano : à la recherche du son ! Cela peut paraître quelque fois vain, mais je répétais sans cesse de mon vivant, avec ce maudit sax, cet instrument doré sur lequel mes doigts glissaient. Mon esprit vagabondait, j’étais complètement pris par la musique. Je reconnaissais ! Il s’agissait sans doute de l’adaptation qu’il avait fait des « Feuilles mortes » de Cosma et Prévert à Graz en 1962, un de ces enregistrement public où l’on pouvait s’apercevoir à quel point il était plongé dans sa musique. Où tout semblait s’évanouir autour de lui. Je battais du pied la mesure depuis le début, et ce fut un cri qui me sortit de ma torpeur. Les tables commençait à trembler, les gouttes des soupes éclaboussaient l’ensemble du restaurant. Mon compagnon était plié de rire devant ce spectacle grand-guignolesque. D’un geste des narines (enfin ce qui peut ressembler à des narines), il commençât à respirer les âmes présentes dans le restaurant. Instinctivement je sentis le danger, et je bondis immédiatement sur lui pour l’empêcher de commettre pareil crime.

_Ca va pas ?!!! On ne tue pas des gens qui écoutent Coltrane ! C’est sacrilège, si t’as faim allons autre part ! Mais ne nous nourrissons pas dans cet endroit sacré !

Je saisis mon compagnon par la patte et le traînais hors de ce lieu.

_Dis moi petit, je te trouve bien autoritaire pour un bleu ! Tu te prends pour qui ? Tu crois que l’on me dicte ma conduite comme ça à moi ? Je vais te montrer qui est le maître entre nous deux, petit morveux !

Je demeurais impassible devant ces éructations. Il s’élançât vivement vers moi, écumant de rage. Je l’esquivais facilement, mais habilement il se retrouvât derrière moi. Imperceptiblement, mon bras passât derrière mon dos créant un mouvement de balancier qui me permit d’éviter son coup de griffe. Je ne quittais pas mon sourire narquois. Mais au moment où je me précipitais vers lui, une forte énergie spirituelle fit son apparition à nos côtés.

Un Shinigami venait d’apparaître.


Chapitre IV/ Des souvenirs diffus...

Je sentis la lame me frôler. Une sensation délicate et jouissive me parcourût. Une cicatrice se formât sur mon corps. Irrésistiblement, je fus pris d’une envie de rire. Depuis ma mort, je me sentais pour la première fois… vivant. Voir cette hémoglobine glisser délicatement sur mon torse m’excitait. Le Shinigami__ Ryu Murakami, je le sus plus tard__, me regardait, dubitatif, ne comprenant pas comment je pouvais toujours être devant lui après une telle blessure. Un sentiment de crainte envahit son visage, il serra son zanpakutô à deux mains (évidemment pour moi à l’époque ce n’était qu’un simple sabre).

Il se précipitait vers moi, tête baissé, sabre au clair. Machia depuis le début du combat, n’avait guère bougé. Il se contentait de regarder avec délectation le duel qui nous opposait :

«_Technique numéro de 3 du Hâdo ! »

Une boule de feu se dirigeait vers moi, je l’esquivais ! Mais dans mon dos… Un cri !

« _TROP LENT ! »

J’eus à peine le temps de bouger, le katana vient se planter dans mon thorax. Je réussis à me dégager quelque peu ; mais je titubais, mon sang de Hollow giclait, inondait la rue. J’avais peur, j’avais mal. Une larme coula le long de ma joue, une larme de sang. Mon visage blafard, illuminé par cette trace de ma défaite.

Je rampais tant bien que mal vers Machia, l’implorant de me secourir. Il se contentât de me sourire, s’approchât, et me glissât à l’oreille.

« Tu n’es pas encore fini, c’est pour ça. »

Puis un voile de brume se formât, ma vue se brouillait. Mon sang me réchauffait. Je gisais là, à moitié conscient. Mes yeux se fermèrent. Quelques bruits __réelles ou imaginaires ?__ me parvenaient. Des cris, de la fureur, un bruit de sabre brisé. Un hurlement !

On tentait de me nourrir, je sentais que l’on essayait de me redonner quelques forces, c’était bon. Pourtant je perdis complètement connaissance. Quelques souvenirs revinrent à ma mémoire.

Brun, les cheveux crépus, ma peau noir ébène, mon arrivée à l’aéroport de Tokyo en 1947. Un aéroport comme n’importe quel autre. Froid et impersonnel, avec ces sièges alignés et ces couloirs interminables, recelant de milles détours. Je revois encore cette moquette, rose usé qui nous accueillit à notre arrivée. Nous étions quatre, un batteur, un pianiste (moi), un bassiste et un trompettiste. La guerre à peine achevée (j’avais à peine vingt ans), avec des amis d’enfance nous avions décidé de fonder notre jazz band. Nous pratiquions régulièrement depuis deux ans. Mais je dois le reconnaître, ce que nous faisions alors n’était pas terrible.

Que faisions-nous au Japon ? Nous avions réussi à produire un disque par une station locale de la Nouvelle-Orléans, en 1946. Nous étions, à ce moment là, plus proche du blues que du jazz. Le bassiste grattait la vieille guitare de son père, et je ânonnais quelques chansons mais ma voix n’avait pas la rocaille nécessaire pour crier la douleur de mon peuple. Nous avons connu un succès d’estime avec des chansons comme : « The Blues rules in the Mississipi », ou encore « Let the woman cry ». Avec l’argent de ce disque nous avions décidé de quitter notre terre natale pour découvrir le pays qui avait tenu tête durant quatre ans à notre armée. J’étais stressé, nerveux, pour la première fois je voyageais au-delà de nos frontières, j’allais à l’autre bout du monde, loin de toute misère accablante. Quelques rires fusaient parmi nous. Des MP défilaient dans cet endroit hautement sécurisé, formant un ballet récurrent et presque ridicule. Le bruit des bottes frappés par terre, nous inspirait fournissant par la suite la base des rythmiques de nombres de nos morceaux.

Evidemment le plus dur était la barrière de la langue.


Chapitre V/ Dédales


Je me rappelle une anecdote qui nous arrivât quelques jours après notre arrivée. Nous venions de passer la nuit dans un bar, à enchaîner les bœufs. Quelques peu fatigué, le jour pointant le bout de son nez, nous décidâmes de rentrer. Il devait sans doute être cinq heure du matin, à vrai dire je ne me rappelle plus très bien de l’heure. Ce dont j’ai souvenir par contre, c’est de l’humidité ambiante, la fraîcheur et la légère brise caressant nos visages en sueur. Notre hôtel se trouvait un peu à l’écart du centre ville. Les rues de Tokyo forment un dédale qui pour le novice lui laisse l’occasion de se perdre, de flâner en tout quiétude.

A la recherche de nos chambres, nous marchions depuis près d’une demi-heure… pas moyen de retrouver notre chemin. Harassés par notre nuit, nous cheminions lentement et sans grande conviction. Lorsque nous croisâmes une personne âgée, se rendant vraisemblablement à son travail… Décidés, nous essayâmes de lui faire comprendre que nous étions perdus, et cherchions notre hôtel. Après de grands gestes et du baragouinage anglais, cet homme nous comprît. Aussi tentât-il de nous expliquer. Il faisait de signes indiquant sans doute : première à droite, seconde à gauche, cent mètres tout droit, au carrefour continuer tout droit et ensuite première à droite., mais nous restâmes muets. Voyant nos mines éberluées, il me prît par la main puis commençât à trotter devant nous, s’inclinant tous les trente mètres pour nous prier de le suivre. Surpris, nous marchions derrière.

Profitant de ce guide, je me surprenais à contempler le paysage. Aujourd’hui encore j’en ai la chair de poule et les larmes au yeux. Contempler ce désastre, ces maisons détruites, ces immeubles en pleine reconstruction, je me sentais mal à l’aise, responsable de ce spectacle. Chez moi, je me sentais tellement loin de toute cette agitation, c’est à peine si je connaissais Hitler. Nous avion bien d’autres chats à fouetter, vivre notamment. La guerre ne nous intéressait pas, c’était une affaire de Blancs à traiter entre Blancs (du moins c’est ce que ma mère me disait). Voir ce spectacle me plongeait dans un effroi, qui m’angoissât. J’avais à peine vingt ans et je découvrais que je n’étais pas le seul à souffrir. J’éprouvais un sentiment de culpabilité envers ce peuple.

Que les militaires s’entretuent, c’est normal, puisqu’ils ont choisit de mourir ainsi mais que des civils soit impliqués me dépassaient. Je n’avais que vingt ans et ce fut la première chose qui me vint à l’esprit et me marquât lorsque j’atterris sur cette terre décharnée. Quelques ouvriers arrivaient et commençaient leur manège, ils rebâtissaient. Quelques militaires, prenaient place, surveillant les rues, dans ce manège continuel et obsessionnel qui leur est caractéristique.

J’entends encore leurs rires gras et la senteur de leurs cigarettes écrasés. Tout de suite, on pouvait sentir en eux la puissance égoïste et narcissique du vainqueur. Leur regard envers les habitants de ce quartier se faisait méprisant. Je me croyais revenir chez moi, je revois « l’employeur » de ma mère, l’insulter de tous les noms et la battre parce qu’il trouvait que le ménage n’était pas fait suffisamment rapidement.

Mon père m’a toujours dit de ne pas généraliser, et ainsi j’éviterai de les mettre tous dans le même panier, mais je sais que nous avons souffert_ trop, beaucoup trop _. Et puis il y avait les moments de gaieté ! Les retrouvailles, chaque dimanche à l’Eglise… Ma mère en train de chanter… Mes premiers arpèges pianistiques… Dès l’âge de dix ans, j’accompagnais le pasteur dans son sermon. Je garde, un souvenir ému de ces instants, car ce furent de réels moments d’intense bonheur. Ils étaient purs. Nous nous débarrassions de tous nos tracas, et nous nous libérions pour chanter. C’était de la folie, les éventails volaient, les gens étaient heureux. L’atmosphère était électrique et ces hommes et femmes ressortaient heureux, prêts à subir une nouvelle et dure semaine de labeur.

Tiré de mes pensées par mes compagnons, je remarquais que nous étions arrivés. Le vieil homme, nous avait ramené chez nous. Nous saluant une dernière fois, en s'inclinant, il reprît le chemin le menant à son travail (du moins je le suppose).


Chapitre VI/ Retour à la réalité


Ce furent mes derniers souvenirs avant que je repris connaissance. Beaucoup de bruits m’entouraient, un brouhaha continu, des cris ici et là, des rires aussi, bien gras. Posté à mes côtés Machia devait sans doute conter ses exploits devant une assistance conquise.

_Mais tiens ! Le voilà qui se réveille ! Bien dormi ?

Il me souriait, ses crocs et sa gueule démesurée me firent m’esclaffer. A vrai dire, je n’aurais pas pu expliquer ce qui m’avait amusé à ce moment là. Une chose est sûre, je riais. Je riais en le voyant.

_Et bien je vois que tu es complètement remis. Amuse toi avec nous !
_C’est vrai, je vais bien. Merci de m’avoir ramené… et sauvé.

Je rougissais légèrement d’avouer ainsi ma faiblesse devant tant de monde. Je me sentais mal à l’aise. Sans doute est-ce un sentiment exclusivement Hollow de ne pas aimer avoir été protégé. En tout cas, je ne l’avais jamais ressenti étant humain. Mais peut-être est ce parce que je n’avais jamais été sauvé. En tant qu’humain, je dois admettre que je fus chanceux. Trop jeune pour la deuxième Guerre Mondiale, j’étais trop âgé pour celle au Viêt-Nam.

La salle était en ébullition. En réalité, il s’agissait d’un des bars les plus côtés de la partie sud du monde Hollow. Le patron était un joyeux drille, son commerce se nommait « Pas âmes qui vivent », et en plus petit, un peu en dessous, il avait ajouté « Normal, on les bouffe ! ».

_Allez sers moi un verre de saké, mélangé avec du soj’âme.
_Mais tires toi de là, tu te crois où !
_Non je ne te payerai pas un autre verre ! Tu as suffisamment bu !
_Dégage de là, si tu ne veux pas devenir mon plat de résistance !
_A ta santé, Desmonac !

Parmi le brouhaha, des cris se dégageaient, de ci de là. Un vacarme assourdissant envahissait l’ensemble de la salle. Mes oreilles sifflaient, je n’étais plus habitué à un tel bruit. Je décidais de me lever pour commander un verre. Le serveur affable me sourit, une tête démesurée, un corps ridiculement petit, de grandes pattes toutes fines, des bras immensément long et surtout au nombre de quatre, tel était le portrait succinct de l’être qui se dressait devant moi.

_Euh excusez-moi, je suis nouveau ici. Que me conseillerez vous ?
_Hmm, vous êtes plutôt alcool,fort, sucré, amer ?
_Bah lorsque j’étais humain, j’appréciais le whiskey, la vodka, le cognac, mais surtout le rhum, enfin le ti’punch.
_Je vois, je vois. Attendez quelques instants, je vais vous cherchez un truc, vous m’en direz des nouvelles !

La mine réjouie, je le vis se baisser et complètement disparaître derrière le comptoir. Puis, subitement se relevât, tenant une bouteille à la main, souriant à pleine dents.

_Ahahahaha ! Tu vas voir ! Ca c’est du bon !

Il prit un verre poussiéreux, l’essuyât avec un torchon sale, et me le tendit. Je le pris, l’air quelque peu suspicieux, mais il ne me laissât guère le temps de m’attarder sur l’hygiène déficiente du bar. Car dans la foulée, il me servit, et un liquide jaunâtre emplit mon verre. Quel goût cela avait ? Bizarre, il s’agissait sans doute de quelque chose de très fort mais le tout était adouci par un arôme de banane, mélangé avec de la mangue et de la goyave. Cette mixture, absolument délicieuse me ravit. Je demandais au barman de me resservir, puis retournais m’asseoir au côté de Machia.


Chapitre VII/ Retrouvailles


Il regardât mon verre rempli, puis me sourit.

« _Et bien je vois que tu t’en fais pas mon grand ! On te refile pas de la merde pour ton arrivée ! »

Un rire gras accompagnât sa réflexion. Je souris légèrement préparant ma réponse.

« _Mais j’en suis ravie même si j’ai encore en travers de la gorge le fait d’avoir perdu contre ce Shinigami !
_AHAHAHA, ne t’en fais pas ! C’est normal tu débutes ! Il ne fallait pas que tu t’attendes à faire des miracles pour ton premier combat. »

Il avait retiré son masque pour me glisser un clin d’œil qui me soutirât un léger sourire.

« _ Au fait lorsque j’étais humain mon nom c’était Calvin Roy !
_Pardon ? Tu peux répéter s’il te plaît ?
_CALVIN ROY ! »

J’étais quelques peu désemparé par la réaction de mon ami. Il me fixait éberlué. Brusquement, je le vis se lever !

«_Putain c’est pas vrai ! Urokoru ! Viens voir !
_Quoi ?
_Pose pas de questions ! Viens voir !
_Pff, j’arrive, j’arrive. »

Le monstre que je vis arriver, ne portait pas de masque. Sa gueule noir, sa taille démesurée, me firent forte impression, mais lorsque je l’entendis parler pour la première fois, une immense joie m’emplît.

« Qu’est ce que tu veux ?
_Tu sais qui c’est le nouveau là ?
_Pff… C’est quoi ces questions à la con ? J’en sais rien. »

Il haussa les épaules prêt à partir.

« _Non, non attends, c’est Calvin Roy !
_Pa…par…don ?
_Oui ! Oui ! »

A ce moment là, il se tournât vers moi. Un large sourire zébrait son visage !

« Oh merde ! C’est pas possible ! Calvin ! Calvin, c’est Andy Walrath ! »

Ce nom, cela devait faire dix ans que je ne l’avais pas entendu. La dernière fois, c’était durant son enterrement. Je gardais un souvenir ému de ce moment là. J’étais revenu du Japon pour assister à la cérémonie. Je revois ce petit cercueil en bois, où quelques proches étaient venus se regrouper pour rendre hommage à ce batteur hors paire. Triste fin pour un homme, qui lors d’une rixe à Chicago dans les années 80, avait tué un homme à coups de couteau et écopé de quinze ans de prison. Endroit où il finit ses jours à l’âge de 73 ans.

Je n’ai pas su tous les détails, je vivais au Japon à cette époque. Notre groupe était séparé depuis au moins cinq ans. Mais il se tenait là devant moi, je bafouillais quelques mots. J’avais du mal à croire que cela fut vrai. Tout se passait si vite ! Cela semblait irréel ! Comprenant sans doute, les sentiments qui surgissaient du plus profond de mon être. Je le vis sourire et calmement :

« _On se joue un truc ? Comme au bon vieux temps ? Je vais demander aux autres d’aller dans le monde humain nous chercher un piano et une batterie. »

Je ne savais pas quoi répondre, je balbutiais.

« Oui, bo… bonne idée… On va se faire ça…Ca peut être sympa. »

A ce moment là, je contemplât mes mains.

«_ On a de la chance dans notre transformation, on a gardé des mains à peu près humaine. J’espère que cela va revenir !
_Ah ! C’est comme le vélo, ça s’oublie pas ! »


Chapitre VIII/ Révélations


_Oui effectivement, cela devrait revenir assez facilement.

Je souriais, j’étais heureux, je me retrouvais enfin avec des êtres qui semblaient me comprendre, après la solitude qui m’avait étreint ces dernières années. La foule compacte s’écartait légèrement à notre passage. Pourtant un étrange malaise me parcourût… comme si au milieu de cette assistance, une énergie maléfique nous broyait. Après quelques pas, je ne pus que m’écraser par terre, les jambes flageolantes, l’esprit mal à l’aise. Cette pièce aux lumières macabres me comprimait la poitrine. Le mal semblait me pénétrer de parts en parts.

Je les voyais, ils me souriaient. Le visage n’exprimait rien si ce n’est le dégoût. J’avais peur, que m’arrivait-il ? Impossible de savoir… Pourtant la foule se fendit et au milieu, le diable apparût. Son visage angélique souriait. Son sourire était doux, chaleureux. Comment une telle douceur pouvait elle cacher une telle noirceur.

Une main se tendit vers moi. Je la saisit après un effort surhumain. Dans mon oreille, sa voix doucereuse et mielleuse, se glissât tel un poison dans mon sang.

_Alors ? Que fais-tu parmi nous ?
_Je… je…

La terreur s’était emparé de mon être. La tempête m’agitant déracinait les arbres de ma raison. Les larmes glissant le long de mes joues, n’étaient plus que des lames transperçant mon cœur. Je n’étais plus moi, un autre être était né.

_Tu vis tes fantasmes par procuration ?

Il me souriait, sa voix si chaude me terrorisait. Je ne pouvais plus bouger.

_Crois-tu que l’on puisse me cacher quelque chose ? Tu rêves de tuer ta femme… ton amie devrais-je plutôt dire… mais tu n’en a pas le courage. Aussi tu préfères, venir ici sous une fausse identité…
_N… n… non… c… c’est… faux.

Mes membres étaient écrasés par sa pression.

_Ku ku ku, tu me traiterais de menteur… Antoine ?

Ce nom avait résonné dans mon cœur comme les trompettes de la destinée, il me connaissait… cet homme connaissait mon autre moi.

_Tu as pris cet homme, pour te cacher, pour éviter de te révéler une vérité qui te serait insupportable. Ne fais plus qu’un avec lui…

Antoine arrachât les fils enfoncés dans son cou. Sa chambre obscur n’était plus éclairé que par l’écran de l’ordinateur. Une page bleu s’affichait, tremblotante, lumière blafarde dans ce sombre endroit. Il titubait, un mal de crâne le prit subitement. Son pied tapât dans quelques boîtes de surgelés posées ici et là. Arrivant finalement à l’interrupteur, la lumière chassât les ténèbres. Antoine respirait enfin.

Mais que lui était il arrivé… tout ceci ne devait être qu’un jeu. Sa curiosité le fit s’approcher de son bureau, au milieu de son bordel, traînait une pochette, où l’on pouvait lire :

INSIDE BLEACH


Chapitre IX/ Un monde réel…


Il retournait cette pochette dans tous les sens, quelques inscriptions en anglais, d’autres en japonais, dans le coin une mise en garde pour les épileptiques. Rien de bien inquiétant, au final, alors pourquoi cette désagréable sensation, d’avoir vécu ce rêve comme un réalité ? Antoine se retournât, sa ludothèque s’étalait devant lui, des centaines de jeux, de vieilles consoles traînaient encore, n’attendant plus qu’une main bienveillante veuille bien les rebrancher.

Nes, SuperNes, PS1, Dreamcast, N64, PS2, GameCube, PS3, DS, PSP, Nintendo Révolution, toutes ces machines posées, mis au rencard, obsolètes et périssables, objets de consommation, trop vite consumé. La poussière s’amoncelant sur ces objets, le désespéra. Se rendant dans la buanderie attenant à sa chambre, il se saisit d’un torchon, et commençât à faire la poussière. Son amusement fut grand lorsqu’il retrouvât quelques jeux qu’il pensait perdu ou qu’il considérait ne pas avoir. Garçon très bordélique, sa chambre ressemblait plus à un capharnaüm qu’à la chambre de l’étudiant modèle qu’il était censé être aux yeux de ses parents. L’angoisse de la solitude l’étrennait par moments, le confinement de sa chambre l’angoissait.

Sur son bureau, une lecteur laser était posé, à côté on remarquait une platine pour les vinyles. Au dessus, clouées, vissées au mur, plusieurs étagères où se tenait mal rangés, maladroitement posés, plusieurs rangées de CD, de vinyles. Antoine en était resté à l’âge du CD… pourquoi ? Sans doute la flemme de transférer ou de racheter ce qu’il avait déjà, et puis qu’elle importance le support lorsque la musique est belle.

Sortant à peine de sa léthargie, il prit le volume deux des Ouvertures de Rossini par Ricardo Chailly. Le tiroir avalât le disque, la musique commençât, le Barbier de Séville emplit la pièce. Il fermait les yeux, emporté par la musique, ses bras brassait l’air à la manière d’un chef d’orchestre, une étonnante énergie émanait de cette être habituellement si renfermé. Peut-être se sentait-il enfin libre.

Fatigué par cette exercice peu commun, il tirât sa vieille NES, la branchât sur son téléviseur, sortant une cartouche de sa pochette, il ne put réprimer un bâillement. Ses muscles étaient comme anesthésiés par sa plongée dans le monde de Bleach. Parasitant le CD toujours en train de tourner, les notes du premier Mario esquissèrent un sourire sur le visage d’Antoine. Rapidement il coupât le son.

Son personnage bondissait dans une faune, une flore, maintes fois reprises et améliorés par la suite. Les plantes carnivores étaient toujours aussi vivace. Notre plombier pouvait changer de taille, ne craignait pas les champignons venimeux, ni les gros lézards crachant du feu, lui-même pouvant envoyer des boules de feu, après un régime spécial.

Le plaisir de rejouer à ce jeu ancestrale mis en joie Antoine, les touches d’une manettes peu ergonomique, firent naître des ampoules sur les doigts du jeune homme, mais cela importait peu à ses yeux. Seul le plaisir de pouvoir goûter à nouveau à ces moments perdus, la joie de retrouver une réalité virtuelle, le contact de cette manette sur sa peau, l’emplissait d’aise.

Après près d’une heure de jeu, la fin se profilait, le dernier Bowser tombait dans la lave incandescente du dernier donjon traversé, labyrinthe que seul un connaisseur peut parcourir sans encombre. La princesse est libre, Mario tombe et le jeu recommence.

Tout comme notre étudiant qui doit maintenant se rendre en cours.


Chapitre X/ Une apparition ?


Refermant délicatement la porte derrière lui, le flot incessant des passants parisiens l’écrasait, une désagréable sensation d’oppression le submergeait. Il regardait cette faune, le regard vide, amorphe. Il était resté près de quatre jours assis sur son fauteuil, ses muscles étaient désormais plus qu’endormis, ses mouvements paraissaient lents et maladroits. Il marchait péniblement, fantôme, visage cadavérique, ses longs cheveux gras et noirs formant des mèches, bâtons d’ébènes frappant cette peau translucide. Le portillon de la station, s’ouvrit pour le laisser passer. Il traversât les couloirs de la station Grands Boulevards, un métro fit son apparition. Le wagon où il s’installât était quasiment vide. Le bruit des roues sur les rails, mélopée dont se satisfaisait Antoine pour plonger dans une léthargie mi consciente, mi inconsciente. Son MP3 dans les oreilles, il écoutait le concerto pour violoncelle en Do Majeur de Haydn, interprété par Jean-Guihen Queyras. Les notes glissaient dans son oreille, matelas pour son sommeil, il évitait de poser ses mains encore pleines d’ampoules sur l’accoudoir de son siège.

Ainsi le métro filait vers son université. Arrivant à destination, après quelques changements, il fut soulagé en voyant ce ciel grisonnant. Il n’aimait pas le soleil. Il trouvait cela extrêmement vulgaire et commun d’apprécier le beau temps. Rien ne valait il pas une bonne pluie bretonne, perçant vos vêtements, vous mouillant la moëlle, rafraîchissant votre visage ? Jussieu, sa tour, et son architecture saugrenue, usine à étudiant s’étendait désormais devant lui.

Récemment il avait appris par un de ses professeurs en architecture de la ville, Histoire des sociétés, que la faculté de Jussieu avait été construite selon le modèle des universités brésiliennes. La base de leur construction étant de faire circuler le vent, à Paris, en plein mois de décembre, on se retrouvait avec des bourrasques d’un vent gelant les os. Cette absurdité s’ajoutait à la longue liste qu’Antoine avait dressé sur la connerie humaine.

Son cours d’aujourd’hui portait sur la pauvreté et son histoire. Leur professeur se lançât dans une énumération des symptômes pouvant définir un pauvre. Antoine se sentait de plus en plus étranger à toutes ces choses, ce misérabilisme l’énervait. Il n’avait de cesse de regarder sa montre. Et cette trotteuse qui n’avançait pas ! Le temps semblait se figer lorsqu’il était en cours.

Il se tenait à l’écart de sa classe, les cancans quotidien et les paroles creuses des étudiants l’exaspérait de plus en plus. L’espèce qu’il détestait le plus ? Le bourgeois révolutionnaire ! Il avait tendance à les assimiler aux petits révoltés qui ont fait mai 68 et qui ont fini aux plus hautes places de la société… ou du moins bien au chaud.

Désormais il n’avait qu’une hâte, que ses cours se finissent pour aller jette un coup d’œil à la bibliothèque et en savoir plus sur ce Calvin Roy. La BNF était encore ouverte à cette heure, il se précipitât donc dans le métro pour arriver le plus rapidement possible à la Bibliothèque François Miterrand. Son sac sur les épaules, il sifflotait. Le métro arrivât à Gare d’Austerlitz, là il prît le Rer C. Une station le séparait du but de son voyage, mais quelle étrange sensation de se sentir seul dans son compartiment à une heure où habituellement les gens se pressent les uns contre les autres pour tenter de rentrer dans un wagon.

Il s’assit, mais derrière lui un souffle vint caresser sa nuque. Qui était là ? Comment se faisait-il qu’il ne l’avait pas aperçu plus tôt ?

Un homme, à moitié masqué se tenait devant lui, un sabre sur le côté, un trou dans la poitrine. Il souriait en regardant Antoine. Sourire sarcastique ? Sourire énigmatique ? L’étudiant avait du mal à définir l’expression qui se lisait sur le visage de la personne en face de lui.

« Ohayooooooooo ! Comment va ? Ahahaha »
_…
_Ne fais pas le timide mon grand ! Je ne te veux aucun mal.
_… Qui… qui êtes vous ?
_Hola ne sois pas si pressé de le savoir.
_Qui êtes vous ?

Au fur et à mesure, Antoine reprenait confiance, et regagnait en assurance. La désagréable impression que lui avait laissé cette personne s’était envolée. Désormais il le fixait droit dans les yeux.

_Ku ku ku... Comme tu es amusant petit humain insignifiant. Evite de me regarder de cet air péremptoire si tu ne veux pas te retrouver embrocher misérable créature ! Aurais-tu oublié à qui tu dois d’être toujours en vie ! Aurais-tu oublié ce que tu as fait ? Pensais-tu que cela serait sans conséquence ?

Antoine se retrouvait écrasé sur le sol, la pression spirituelle que dégageait cet être était incommensurable. Il se retrouvait petite fourmi à la merci d’un humain malveillant et de son coup de talon. De multiples pensées traversaient son esprit… mais qui était il donc, que faisait il là ?


Chapitre XI/ Un regard désespéré


Le regard désespéré, il regardait son futur bourreau. Tout était noir autour de lui, excepté cet être brillant d’une lueur angélique le contemplant du haut de sa puissance.

_Nous te surveillons Antoine. Ne l’oublie pas. Nous te surveillons. Tu ne peux pas nous échapper. Regarde autour de toi. Que vois-tu ?

Il ne pouvait bouger, écrasé, rien ne sortait de sa bouche.

_Umph, tu vois tu ne vois que du noir, je suis ta seul lueur d’espoir pour te sortir de ce monde pourri ne l’oublie pas. Je suis ton guide, celui qui ne t’abandonnera pas. Mais pour cela, tu devras suivre mes recommandations… à la lettre… petite et insignifiante créature.

Un hurlement retentit, le Hollow disparut, le wagon était plein, les gens le regardait. Bête curieuse venant de rompre la monotonie de leur trajet, l’animal était en sueur. Il suffoquait, il voulût ouvrir une des fenêtres du compartiment pour prendre l’air mais un des voyageurs lui saisît le bras.

_Monsieur, il pleut et il fait froid dehors, vous ne voudriez pas que le bébé qui est assis à vos côtés attrape une pneumonie.

Antoine ne bougeait plus, il le regardait de haut en bas, pupilles écarquillées. Il se tenait là, en face de lui, ne sachant que répondre, idiot de sa position devant un wagon qui l’avait ausculté puis était retourné à ses inutiles occupations.

_Excusez moi monsieur mais je me sens mal… j’ai besoin d’air. J’ai besoin d’air… j’ai besoin d’air.

Les portes venaient de s’ouvrir, se faufilant il parvint sur le quai de la gare. Essayant de reprendre son souffle, les gens ne se souciaient pas de ses besoins. Ils le bousculaient, le pressaient, l’écrasaient. Une violente migraine l’assaillit, se tenant la tête entre ses mains, il avançait parmi la foule, titubant. Il approchait de la bibliothèque lorsqu’une douleur pareille à un poignard transperçant son crâne se fit ressentir. Ne pouvant résister à cette détestable sensation, il s’évanouit.

L’homme qui l’avait chassé du jeu, se tenait en face de lui. Son visage à moitié squelettique, masque à moitié disparu, laissant apparaître un visage d’une extrême candeur. Il s’approchait d’Antoine, inconscient, lui susurrât :

« Retourne au jeu, Antoine… Demain… reconnecte toi. »

Il était à présent allongé sur son lit. Comment avait il pu revenir chez lui ? Tout ceci n’était il donc qu’un rêve ? Pourtant tout lui avait parût si réel. Mais sa chambre était toujours aussi peu rangé, aucun objet appartenant à son bazar n’avait été dérangé, à quoi cela rimait-il donc. Il mit ça sur le compte de la fatigue et décida de faire un somme.

Au milieu des tours infinies, lueurs éclatées répandant une aura funeste sur la ville, une tour contemplait les autres de son royale mépris. Au dernier étage de celle-ci, une petite lampe éclairait un bureau, cachant le visage d’un homme assis sur un de ces fauteuils de ministre que l’on voit dans les films de mafieux.

Une personne pénétrât dans la pièce, tenant une serviette à la main.

_Bonsoir maître.

L’individu s’était incliné, marquant ainsi son respect devant ce fantôme l’observant. De sa sacoche, il sortit une foule de documents.

_Tenez, voici recensé tous les joueurs le possédant.
_C’est du bon travail, Shin.
_De rien maître, c’est un honneur de vous servir.


Chapitre XII/ Une vie près de toi


_Shin ?
_Oui, maître.
_Regarde, cette ville, n’es-tu pas ébloui par la diversité et les richesses de ces lumières ?
_Certainement.

Incessamment, avec la même obséquiosité, il répétait les même gestes, les mêmes paroles. Depuis bien longtemps, il avait abandonné l’idée d’avoir une femme, fonder une famille, élever ses enfants. Il était devenu son objet, son esclave. Il n’avait jamais lutté contre. A cela aucune raison particulière… si ! Peut-être le manque d’envie de se libérer de ses chaînes. Il se sentait bien dans son cocon. Les jours s’écoulaient monotones auprès de ce vieux monsieur, monstre enfermé en haut de sa tour de verre, regardant le monde avec mépris.

_Puis-je me retirer maître ?
_Oui, va… Shin et… merci.

Il lui avait sourit, cela faisait bien longtemps que cette vieille face ridée n’avait pas exprimé un sentiment. Shin hésitât avant de lui rendre son sourire, cela faisait tellement longtemps qu’il le connaissait. Vingt ans, pour être exact, à l’époque jeune orphelin, il fut recueilli par lui, et élevé. Il avait brillamment poursuivi ses études de droit et d’économie. Goûtant aux plaisirs de la vie, il gardait un souvenir emplit de tendresse pour cette époque. Par moments, il lui arrivait de se demander ce que sont devenues ses conquêtes d’alors. Ce passé avait aujourd’hui une valeur mythique, mi rêve, mi réalité, se demandant presque s’il avait eu une vie avant de vivre dans cette tour.

Cela faisait maintenant huit ans, qu’ils étaient enfermés là tous les deux. Connaissant sa peine, il suivait les indications de son père adoptif au doigt et à l’œil, tentant de combler ses moindres désirs, avant que la Mort de son froid manteau ne vienne interrompre les battements d’un cœur meurtri. Ce sourire représentait beaucoup pour lui, c’était la preuve, la marque qu’il vivait toujours.

_De rien… papa.

L’homme près de cette fenêtre, versa une larme. La fin était proche il le savait. Cette larme, délicate perle de cristal, glissait inéluctablement vers sa chute. Shin, se retira, il était désormais dans sa chambre. L’envie d’appeler une call-girl, l’excita quelques instants puis il se ravisa. Il était bien trop fatigué ce soir pour s’amuser à faire des cabrioles. Le silence qui avait pesé tout au long de cette entrevue l’avait fatigué nerveusement. Ne voulant pas perdre de temps, il se déshabillât pour mettre le pyjama en soie que les employés travaillant dans l’immeuble lui avait acheté pour être bien vu.

La pièce était trop vaste pour une personne si seule, il protégeait son père de sa solitude, mais qui le protégeait lui ? Seul dans son lit, il aurait aimé la chaleur rassurante d’une femme à ses côtés. Juste pouvoir la tenir dans ses bras, un peu de chaleur humaine, dans cette tour macabre. Il détestait cette attente lorsque l’on est couché, que les lumières sont éteintes mais le sommeil ne vient pas. Son esprit se mettait alors à gamberger, sur ce qu’il aurait pu faire, ce qu’il aurait aimé faire, ce qu’il aurait dû refuser de faire. Cette pesante obscurité, l’obsédait, ce silence, le tourmentait.

Cette tour était morte depuis bien longtemps, il le savait. Aucune présence ne pourrait les extirper de leur tombeau, cette idée paraissait maintenant installée irrémédiablement dans l’esprit de Shin.

Le vieil homme avait regardé son fils sortir, il entendait maintenant ses pas s’éloigner, étouffés par la moquette du couloir. Il se saisit de sa canne au pommeau en rubis, puis se dirigeât vers le mur du fond. Claudiquant, il arriva près d’un tiroir d’où était monté les plats. Encore chaud, il en tira un, puis se le ramena à son bureau. L’odeur du lapin envahit la pièce, le civet, finement préparé, enchantât ses papilles.

Sur son bureau, le dossier était posé là. Machinalement, il l’ouvrit et commençât sa longue et fastidieuse lecture. Sur la première feuille, des noms étaient alignés renvoyant aux pages où les informations les concernant étaient inscrites. Près d’un millier de noms, de toutes origines, étaient copiés sur ces notes. On y retrouvait leur date de naissance, leur pays, leur ville, leur adresse, leur parcours scolaire, leur casier judiciaire, leurs activités extrascolaires, leur passé en tant qu’internaute : depuis combien de temps ils ont accès à internet, depuis combien de temps ils jouent aux mmo-rpg, leur niveau d’addiction, mais surtout leur caractère psychologique suivant les différents personnages choisis dans ces mondes virtuels.

Il commençât sa lecture, ne devant être dérangé sous aucun prétexte. Cette intrusion dans le passé, la vie de ces inconnus l’excitait, un sentiment de puissance l’envahissait.


Chapitre XIII/ Retour


Les méandres de ma vie, coulent et glissent comme un bateau ivre se heurtant aux durs écueils de la réalité. Monde réel, monde virtuel, faible frontière où nos sens se perdent. Je me retrouve à nouveau au milieu de ces monstres, et de ces terres dévastées, décharnées qui hantent de leur ombre inquiétante ce monde hostile.

La vie est censé reprendre son cours, je suis à nouveau Calvin Roy. Je suis à nouveau un ex-jazzman assassin passionné du Japon. En fouillant quelque peu dans la mémoire résiduelle de mon perso, j’ai retrouvé des bribes de sa vie. Mais curieuse sensation, j’avais l’impression que ces bribes m’appartenaient, que j’avais réellement vécu toutes ces choses.

En entrant dans ce monde, j’étais devenu quelqu’un d’autre. A cette personne, j’avais tout pris, son passé, son identité, sa vie. Mais chose curieuse, tout cela me semblait factice, au plus profond de moins, un impression confuse et diffuse naissait. Tout ceci n’était qu’un voile. Un voile qui ne tarderait pas à se déchirer.

_HO ! Tu rêves Sanjuro !
_Ah non non… Salut Machia, comment tu vas ?
_Bah la routine levé quatre heures, petit déjeuner d’âmes. Ensuite on rentre pour faire la sieste. A dix heures, je retourne sur Terre pour reprendre des forces et faire quelques provisions. A midi, hop rebelotte, à la bouffe ! Ensuite réunion, des cadres Hollows, sur le thème : Comment et Pourquoi conquérir le monde. Bon c’est le seul truc qui change un peu, on a aussi : Pourquoi tuer tous les Shinigami ? Le Shinigami est il meilleur sans son Zanpakuto ou avec ? Bref de grands et longs débats philosophiques sur l’existence Hollowique.
_Et le hic ?
_Pardon ?
_Non rien… c’était un jeu de mot pourri…
_Ah… cela dit j’ai pas compris.
_Bah tu as dit : Hollowique… et j’ai enchaîné avec et le hic…
_Euh…
_Bah la consonance est presque identique c’est pour ça. Hollowique… et le hic.
_Ah ok
_…
_C’est nul quand même.
_Hmm oui je sais.
_J’aurais honte de sortir des trucs pareil quand même si j’étais toi… Je crois que je me suiciderai après une telle blague.
_Déjà fait… C’est pour ça que je suis ici.
_Ah oui c’est vrai… Bah tu vois cela ne te réussit pas de sortir des vieilles vannes.
_Bon et si on changeait de sujet.
_Arf mais si tu me coupais pas tout le temps non plus, j’aurais pu finir ce que je disais.
_Ho c’est bon ma pauvre biche ! Excuse moi, j’ai osé couper sa Sainteté. Oh non vraiment désolé, je suis confus.
_Tu me cherches là ?
_C’est sûr ! Regarde tu ne vois pas ! Je tâtonne ! Hou hou Monsieur le Hollow, vous êtes où ?
_Ma patte sur ta gueule si tu continues.
_Oh non me frappe pas. Vous êtes si terrible, et vos bras sont tellement beaux, puissants, musclés.

Inévitablement le coup parti. Je me retrouvais à voler à travers le monde Hollow, mais la chute fut terrible. Alors décidé à me venger, je me levais, le fixant droit dans les yeux. J’étais hors de moi, les mots qui sortirent de ma bouche dépassaient mes pensées, mais à ce moment là j’étais intenable. Si j’avais pu, je l’aurais exterminé, broyé, haché menu, sur place.

Mais Machia me sourit, il me fixait. Une curieuse expression naquit sur son masque, un sentiment de terreur m’envahit.

_Très bien. Plutôt que de nous entretuer, réglons ça en gentlemen. Faisons un duel. Celui qui gagne le plus de points. Le principe est simple, une âme humaine vaut un point, une âme d’étudiant shinigami _mais on ne devrait pas en voir_ vaut deux points, un humain avec pouvoir trois points, un Quincy cinq points.
_C’est quoi un Quincy ?
_Un type bizarre qui tire des flèches quand il voit un Hollow.
_Ok
_Bon reprenons puisque tu m’as une nouvelle fois coupé. Un Shinigami membre d’une division titulaire d’un siège, vaut lui aussi cinq points. Un lieutenant, dix points, un vice-capiaine, vingt-cinq points, et enfin un Capitaine cent points.

Il marquât un temps d’arrêt, je voyais qu’il m’observait, tentant de déceler la moindre hésitation. Mais je restais stoïque, immobile.

_Bon ça marche ? Nous avons un délai de 3 heures à partir de maintenant.
_Oki, c’est parti.

Première étape trouver une brèche, je connaissais nettement moins bien la région que Machia. Aussi je le suivais, le laissant un peu devant, pour pouvoir accéder à une faille et ainsi éviter de me perdre bêtement.

Nous étions arrivés, je m’y faufilais et j’atterrissais comme la dernière fois en plein centre-ville de Tokyo.

Chapitre XIV/ Ma première fois

Il est étrange de croire qu’il est facile de tuer. Presser sur la détente, planter un couteau, crisper ses doigts sur un cou innocent, des gestes que de milliers d’Hollows ont déjà fait. Habitués à voir succomber leurs victimes, habitués à ce que le vie cesse autour d’eux, mais pour moi qu’en serait il ?

Malgré mon profond dégoût pour l’espèce humaine et le monstre que j’étais censé incarner, il ne m’était jamais venu à l’esprit que je puisse tuer quelqu’un de mes propres mains, ôter définitivement le souffle d’une personne. Tentant de faire abstraction de ces pensées parasites, je devais malgré tout gagner mon duel.

Une populace aux mouvements fluctuants et indécis me submergeait, je n’avais qu’à tendre le bras pour écraser ces vermines. Pourtant indiciblement quelque chose me retenait. Tout semblait trop réel, ces gens paraissaient de chair et de sang.

Il est une chose d’appuyer sur un bouton pour tuer un homme lorsqu’il y a la distance d’un graphisme approximatif, d’un écran de télévision, une raison plus ou moins bonne (sauver le monde, c’est le grand méchant du jeu, c’est celui qui a tué ta famille quand tu étais plus jeune et qui t’a plongé dans cette haine sans fin), bref toutes ces raisons propres au scénario d’un jeu vidéo qui font que la mort ne nous effraye pas. Et puis ce ne sont pas des êtres vivants, ce sont des pixels, des données informatiques, rien de comparable avec moi, mes parents, ma famille qui vivons, respirons, mangeons.

Pourtant la frontière avec le réel, semblait s’être effacé, rien dans le regard des gens m’entourant je ne pouvais lire la froideur d’une donnée informatique. Je les entendais, respirer, parler, leur discussions étaient aussi futiles, que celles peuvent être les nôtres.

« Il fait beau aujourd’hui ! »
« Tu as vu le match hier ! »
« Wall Street est en baisse, ce n’est pas bon pour l’indice Nikkei, ça ! »
« Comment ça va la famille ! »
« Je trompe ma femme. »

Je les écoutais, oubliant la raison première de ma présence parmi eux. Au fond de moi, j’avais peur, quel pouvait être ce jeu m’obligeant à réellement tuer des être humains. Malgré mon statut de Hollow et le masque censé me protéger des sentiments extérieur, le joueur que j’étais ne pouvait se départir de cette appréhension.

Je restai prostré, regardant défiler ces personnes, puis me vint à l’esprit qu’il existait encore une distance, entre mon perso et moi. Ces gens ne devait pas être réel puisque moi-même je n’étais pas un Hollow, hésitant à tuer, ce que n’aurait jamais fait un tel être. Rassuré par cette idée, je me dirigeais vers ma première victime, prêt à m’amuser quelque peu. Après tout ce n’était qu’un jeu.

Je me saisis d’une batte de base-ball, posée contre un mur alors qu’un groupe d’adolescent, les cheveux décolorés, des piercings aux endroits les plus farfelus, et une bière à la main, éructait dans un langage que mes oreilles ne pouvaient supporter. Je m’approchai tranquillement, ne pouvant me voir, je me plaçai derrière l’un d’eux. La batte tenue fixement, s’abattit avec violence sur le crâne d’un des jeunes hommes. Celui-ci basculât en avant, ses camarades le fixaient, angoissés, se demandant ce qui était en train de se passer. Le môme s’effondra sur la trottoir. Une flaque de sang commençait à se former, je continuais de frapper. Le crâne, objet si dur, éclatât laissant jaillir un purée de cervelle innommable qui aurait du me faire vomir si je n’avais pas été dans un état second. J’étais maintenu dans une exaltation perverse et sadique, je prenais plaisir à voir cet enfant innocent affalé sur le pavé, à lire la peur, la détresse, sur le visage de ses amis.

Un rire démoniaque s’échappât de ma gorge, ma respiration devenait haletante, un frisson me parcourût. Je ressentais ce que vivent les voltigeurs, se jetant d’un immeuble, et ouvrant leur parachute au dernier moment, l’adrénaline submergeait mon être. Lâchant ma batte, je me jetai sur le plus proche, arrachant sa tête et aspirant sa substantifique moëlle. La vie me paraissait si futile à ce moment là, j’avais l’impression d’être un Dieu, ôtant la vie à ces infimes insectes selon mon bon vouloir. Choisissant mes victimes, comme Dieu extermine les siennes.

Le pouvoir de tuer, un autre homme, même virtuellement, me rendait supérieur à lui. Cette idée m’excusait et me permettait tous les excès. Je dévorais goulûment tout ce qui se présentait à moi. J’eus bien de temps en temps quelques humains récalcitrants pouvant me voir et tentant de me faire barrage, mais à chaque âme absorbée, ma force s’en trouvait augmentée et je le réduisais en bouillie avec un plaisir non dissimulé.

Les trois heures passèrent, rapidement et sans même que je m’en rende compte, plongé que j’étais par ce plaisant jeu. Je totalisais 203 points lorsque je revins à la faille où m’attendait un Machia, hilare.

_Alors ? Comment tu t’en es sorti ? Mieux que moi j’espère. Je suis tombé sur un Capitaine qui m’a retenu près d’une heure, sans que je le tue et qui m’a considérablement affaibli.
_C’était le pied. J’ai 203 points je crois.
_Bien joué, mieux que moi, mais bon c’est un coup de pot, c’est juste que comme je suis plus puissant, les Shinigami me détectent plus facilement.
_Bof… On a la classe ou on l’a pas. Ils avaient trop peur de m’affronter alors que toi, ils ont tout de suite vu que tu étais une victime.
_C’est ça… je te laisse à tes rêves, moi je dois y aller mais à charge de revanche.

Nous nous quittâmes sur cette discussion. Le monde des Hollows, sombres aux nuages sanglants me regardait, fier de ce que je venais d’accomplir.
J’appartenais désormais à ce monde.


Chapitre XV/ Une relation enterrée, un avenir compromis


Il est curieux de croire que l’on vit dans un rêve où l’on ne se réveillera jamais. Antoine était dans cette situation là, le jeu avait pris une part non négligeable de sa vie, jusqu’à l’hypnotiser. Le goût du sang, du meurtre par procuration, autant de fantasmes qu’il était à même d’assouvir en se connectant trois, quatre heures par jour. Il ne s’agissait pas d’une addiction déraisonnée, faisant perdre pied avec la réalité. Mais plutôt d’une envie sans cesse inassouvie de jouer, de progresser dans ce monde folklorique aux accents judéo-chrétiens, à l’organisation calquée sur l’Enfer, le Purgatoire, et le Paradis de Dante.

Intrigué, et curieux, notre jeune homme passait des heures à la bibliothèque pour en savoir plus sur les rapports entre ce manga et la théologie. Une phrase durant sa longue quête retint son attention, extraite de l’Apocalypse selon Saint-Jean :

« En le voyant je tombai à ses pieds comme mort ; mais il posa la main droite sur moi et il me dit : « Ne crains point. Je suis le premier et le dernier, le vivant ! J’ai été mort, mais dernièrement je suis vivant aux siècles des siècles ; et je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts. Cris donc ce que tu as vu, ce qui est et ce qui doit arriver ensuite » »

Il n’avait pas encore d’idées précises quand à la réelle teneure de ce que cette phrase pourrait impliquer à plus ou moins brève échéance. Mais intuitivement il avait acquis la certitude que cela aurait de l’importance. Souvent ce type de certitude face à une action, donne à chacun de nous, un don que l’on croit être de la voyance. Une sorte de faculté de prédire l’avenir parce qu’au plus profond de nous, on pense et souhaite que cela arrive. Et lorsque cela ne survient pas, nous oublions nos erreurs et nous nous remémorons celles qui ont été justes. Inconsciemment nous souhaitons que cela advienne, nous l’espérons. Pour Antoine, la même idée s’était emparé de son être, il ne pensait pas que cela aurait de l’importance, il souhaitait que sa découverte en ait, nuance qu’il faut marqué lorsque la psychologie est un fil ténu duquel nous pouvons chuter à tous moments, face à la complexité des sentiments humains.

Antoine, n’avait plus qu’un morne quotidien, fasciné par ces images envoûtantes et si réel. Sa chambre n’était plus qu’un amas d’objets sans forme, où traînait des canettes, des boîtes de pizza. Une écoeurante odeur d’anchois, et de sauce tomate froide se dégageait de cet insalubre endroit. Ce parfum avait fini par faire partie intégrante de notre étudiant, il sentait mauvais sans même s’en rendre compte. Dans le métro, les gens s’écartait de son passage, le regardant de haut en bas, dégoûté devant cette affligeant spectacle de cheveux longs et gras, d’yeux exorbités, et d’un corps à la maigreur squelettique. Il errait tel un fantôme dans les couloirs de son université, et des gares. Ses amis peu à peu le voyait s’éloigner d’eux, sans qu’il s’en aperçoive, trop plongé dans son illusion.

Une seule personne aurait pu le sauver de ce marasme. Elle avait aujourd’hui, vingt quatre ans, et avait été son amante durant trois ans. Une union passionnelle et fusionnelle les avait unis, brisée comme c’est souvent le cas dans ces relations par des éclats de voix, des déchirements, des larmes. Le feu de la passion finit toujours pas s’éteindre, pour certains ils restent l’amour pour d’autres les bris de vaisselles et les larmes. Chez Laure, le feu s’était éteint définitivement, et avait décidé de se séparer d’un garçon à la sensibilité trop à fleur de peau, et sans doute trop inconséquent pour envisager une relation durable. Et puis elle lui avait souvent dit, « parfois des hommes ont des regards à se donner, il est difficile de ne pas s’abandonner dans leurs bras, et de rester fidèle aussi puissant que soit cet amour ». Il répondait par un sourire, et un beau discours sur la fidélité dans les couples qui s’aiment. Mais inconsciemment, il savait que cette relation prendrait fin, qu’elle n’était pas faite pour durer. Ils étaient trop dissemblables, elle trop volcanique et impulsive, lui trop calme et indifférent.
Son visage était un masque de cire, où rien ne filtrait. Elle restait ainsi souvent à le regarder, espérant trouver dans un mouvement de sourcils, de lippe, une expression. Son regard était un océan, où l’on pouvait se noyer, celui de Laure, d’un noir exaspérant que seules les étoiles illuminent de leur blafarde lumière.

Cela faisait un an, qu’Antoine traînait son mal-être, il avait bien été avec quelques autres femmes, mais tout lui paraissait fade et sans intérêt. Pourtant le destin joue par moment des tours capricieux et fait ressortir du passé des figures que l’on ne souhaite pas voir ressurgir. Il est pourtant nécessaire pour certaines personnes d’affronter la dure réalité de leur échec pour prendre conscience du pathétique de leur situation. Antoine était l’un d’eux, et sur le trottoir d’en face, son passé venait de ressurgir comme le Commandeur faisant face à Don Juan. Attiré comme un papillon vers la seule source de lumière qu’il n’ait jamais connu, il aurait souhaité traversé pour aller la saluer. Mais les blessures amoureuses sont celles qui mettent le plus de temps pour se refermer et sa plaie était toujours béante. Il savait que s’il la rejoignait et la saluait, ce n’était pas une amie qu’il irait voir. Ce n’est pas non plus avec le sain détachement de deux amants qui n’ont plus rien en commun, mais avec le rôle de l’amoureux éconduit, celui qui fait pleurer les ménagères de plus de quarante cinq ans toujours célibataires, dans les romans à cinq sous, songeant à leur vie amoureuse ratée et s’imaginant être la source de pareille supplique imaginant que leur Roméo existe quelque part et que l’amour est plus qu’un mot.

Il n’eut pas besoin de se poser trop longtemps la question puisque c’est elle qui finalement l’aperçut et vint vers lui. Un sourire figé émergeât sur le visage d’Antoine. Il est sans doute plus simple dans ce genre de situation de « faire semblant », de jouer un jeu, un personnage. Il tentait d’être le mec blasé, distant, qui n’éprouve plus rien. Il est d’autant plus facile de jouer ce jeu, lorsque la personne en face de vous souhaite le croire, et préfère ignorer le fait que les choses n’ont pas évolué en un an.

Ils étaient assis à la terrasse d’un café, contant leur quotidien. L’étonnante banalité de ces propos ne rendait que plus comique la position d’Antoine. Tourmenté intérieurement, brûlant de l’embrasser, sur son visage était apparu le masque des tragédiens grecques de l’Antiquité, figé, glaçant d’immobilisme, horrifiant par leur absence de sentiment. Laure avait en face d’elle, le visage d’un mort, débarrassé de toute humanité, de tous les rictus qui marquent la vie. Inconsciemment cette rencontre marquait le début de quelque chose de nouveau. Il n’en avait pas encore conscience, mais au fond de lui, émergeait un sentiment de dégoût irréversible envers l’humanité et les êtres humains. Il imaginait les amants qu’elle avait connu après lui. Réaliser qu’elle avait pu dormir, être nu, coucher avec un autre le dégoûtait et le révulsait. Une irrépressible envie de vomir le secouait. Il maudissait cette rencontre et ces images qui n’avaient de cesse de revenir devant ce visage, autrefois si pur à ses yeux.

Il fallait que cette rencontre s’écourte, il n’en pouvait plus. Il était désormais incapable de la fixer sans réaliser qu’elle ne lui reviendrait jamais, qu’elle avait enterré leur relation, et qu’aujourd’hui elle en parlait comme on feuillette un album de vieilles photos de famille, avec une froide distance. Prétextant un rendez-vous, il l’a laissa, mais heureuse de ces retrouvailles, elle lui donna son numéro de portable qu’il glissât négligemment dans son portefeuille, lui promettant avec son plus beau sourire qu’il la rappellerait.

Déambulant, ne réalisant pas tellement ce qu’il venait de vivre, il eut à nouveau la même vision que lorsqu’il avait pris le RER. Son inconscience l’amena dans le monde Hollow, où il vagabon
Dernière modification par Aizen le sam. 14 janv. 2006, 02:22, modifié 27 fois.
vampire-master
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Message par vampire-master »

hé ben quelle motivation ce soir :shock:
t'as mis la gomme dis donc :shock:

Alors une fanfic sur bleach et en plus avec des suites prévues, ça me régale d'avance :good:

Comme d'hab t'écris toujours bien, mais le petit plus qui me fait attendre impatiemment la suite (et ouais déjà) c'est le point de vue que tu as choisi. Faire d'un hollow le perso principal risque d'être fort intéressant et original pour la suite.

Allez pour résumer :bravo: :good:
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Message par pino1080 »

bouhhhh ca fe peuurrrr :shock: :grin:


c cool enfin des gens motivés pour faire des fics de bleach

ca s annonce interessent

contunie ;-)

a+
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ju|_!1
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Message par ju|_!1 »

une autre fic de bleach ca promet :lol: :lol: continu tes chapitre ca promet :-)
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Message par jeece »

très bien écrit et très bon sujet

en deux mots comme en cent : la suite !!!!
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Message par Ayamyu »

Trés sympas! Tu ecris trés bien ! En plus du bleach encore mieux continues....On veut la suite! :banane:
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Aizen
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Message par Aizen »

Bon je pensais mettre le premier chapitre ce soir, mais différents évènements font que bah, c'est râpé :sad: . Vous me direz "bah il peut la poster demain, c'est pas le problème."

Et bien non car je pars ce matin en vacances une semaine, donc à mon retour, une chose est sûr, il y aura du stock au frais :razz: .
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Message par Aizen »

Désolé pour le double post mais voilà la suite ^^.
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Message par jeece »

toujours aussi bien :good:
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Message par vampire-master »

????????????????

ben elle est invisible ou quoi la suite? :shock:
y a déjà un commentaire alors que je la vois pas :???:
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Aizen
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Message par Aizen »

Bah je l'ai édité, à la suite du prologue ^^, c'est le Chapitre I en somme ^^.
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Message par vampire-master »

:oops: j'ai besoin de repos moi :lol:

bon maintenant que j'ai pu lire la suite, je fais un commentaire dans le prolongement du premier.
Très bon début, j'ai hâte que tu enfournes les prochains chapitres pour que l'histoire s'emballe et nous laisse pantois 8-)

allez continue comme ça et hollow powaaa ;-)
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May_ra
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Message par May_ra »

excellent!!

hmmmm......ta facon d'ecrire me rapel un certain escroc :P (Gatooooooo????) pourtant c'est pas le meme genre de situation et le debut est captivant....tres interessant ché 8-) la suiteeeee ;-)
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Message par Aizen »

Bon et bien voilà comme vous avez été sage, voici le deuxième chapitre (enfin le troisième tout dépend comment l'on compte :razz: ) ! J'espère qu'il vous plaira, et n'hésitez pas à laisser des commentaires ^^.

Petite précision, même principe que pour le chap précédent, le premier message a été édité ^^.
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Message par jeece »

çà se lit vite donc c'est bien, j'ai vraiment hâte de lire la suite :grin:
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