Re: Stephen King, le maître de l'horreur
Publié : mer. 16 mars 2011, 10:49
Le topic renait de ses cendres.
Récapitulatif rapide de ceux que j'ai lu :
- La petite fille qui aimait Tom Gordon : Première véritable entrée en matière dans l'univers de King. Un petit roman étonnamment puissant qui m'a emporté dans un univers terrifiant. Suivre la naissance du sentiment de peur chez cette petite Trish' durant son errance m'a fait découvrir la force et le talent de King pour retranscrire la psychologie enfantine. C'est direct, effrayant et perturbant. King conjugue distorsions sonores, hallucinations cauchemardesques et créatures monstrueuses. La fatigue de la petite et ses craintes transpirent des pages et contaminent le lecteur. J'ai aussitôt eu envie de découvrir d'autres romans de l'écrivain.
- Salem : Hard. Nettement plus volumineux, Salem a été un choc. Une histoire de vampire au combien passionnante. M'est apparu pour la première fois le schéma d'un univers tangible sombrant dans le chaos. Dans La petite fille..., le chaos était psychologique. Ici, on entre en contact direct avec la petite ville de Salem et la machiavélique Marsten House. Les situations sont éprouvantes, souvent épouvantables et les personnages encore une fois, extrêmement attachant. Dès Salem, j'ai compris que j'étais en phase avec cet auteur. Ce qu'il écrivait me parlait, m'interpellait. Adultes et enfants basculent dans l'horreur la plus totale. En quelques jours, la ville devient un Enfer sur Terre. Salem ferait un film monumentale tant il est cinématographique. King a réussi à me faire aimer les vampires le temps d'un livre. Et à me faire peur.
- Histoire de Lisey : Premier livre ou je peine, incapable de visualiser quoi que ce soit. Le fait d'être passé de Salem à Lisey n'a probablement pas favorisé les choses étant donné que le premier est un pur roman, fait d'une écriture fine d'un style fluide rendant l'ensemble très parlant visuellement. Dans Histoire de Lisey, je me suis littéralement perdu en tentant de me représenter le parcours de cette femme. Le style est nettement plus complexe et très personnel dans l'analyse du couple. Je suis resté hermétique à l'ouvrage et, faute d'implication ai décroché. À reprendre plus tard.
- Cujo : Après Lisey, j'ai voulu revenir à quelque chose de plus classique. Cujo est tombé à point nommé. Un survival aride opposant une femme et son enfant à Cujo. Les premières centaines de pages permettent de poser solidement les bases du récit : topographie précise, tensions entre protagonistes, enjeux, etc. Tout cela au service de près de 200 pages d'un huis clos intense. King montre une nouvelle fois tout son talent dans la description de la panique croissante de Donna. Le livre est crispant, développant une tension allant crescendo et ce, jusqu'à un final très dur. C'est la première fois qu'un livre de King me choque autant dans sa fin, sèche et sans concession. Tout est bousillé.
- Simetierre : Passionnant. C'est l'un de ses livres que je préfère. Tout est parfaitement agencé. On bascule implacablement dans l'horreur aux côtés de Louis Creed et sa famille. L'histoire est belle, les personnages sont vivants, tout est fluide. Un King à lire absolument. C'est l'un de ceux qui m'a le plus fait flipper. On ressort de cette histoire broyé, d'autant qu'elle s'achève sur un mode similaire à Cujo. Une tuerie. Le récapitulatif du bouquin juste pour le plaisir : "Louis Creed, un jeune médecin de Chicago, vient s’installer avec sa famille à Ludlow, petite bourgade du Maine. Leur voisin, le vieux Jud Crandall, les emmène visiter le pittoresque « simetierre » où des générations d’enfants ont enterré leurs animaux familiers. Mais, au-delà de ce « simetierre », tout au fond de la forêt, se trouvent les terres sacrées des Indiens, lieu interdit qui séduit pourtant par ses monstrueuses promesses.
Un drame atroce va bientôt déchirer l’existence des Creed, et l’on se trouve happé dans un suspense cauchemardesque…"
- Shining : Le syndrome Kubrick m'a empêché d'aller au bout du livre. Je n'ai pas réussi à m'ôter le film de la tête, tant et si bien que j'ai sombré dans une lecture du livre à travers le film. J'ai jonglé involontairement entre les deux, m'intéressant au final à la manière dont Kubrick a travaillé l'ouvrage pour l'adapter et non à l'histoire que King racontait. Procédé souvent intéressant, mais au final, j'ai lâché le livre passé les trois cents premières pages.
- Ça I & II : Chef-d'œuvre. C'est le plus beau livre sur l'enfance que j'ai eu l'occasion de lire. Un pavé tentaculaire et déstructuré pour mieux nous tromper. J'ai vibré comme rarement. Le pilier fondamental de l'œuvre de King. Ça, c'est un livre sur le Mal à travers les âges. Suivre la bande dans l'enfance est passionnante. Les suivre à l'âge adulte l'est tout autant. C'est un pavé monumental.
- Carrie : J'y ai justement repensé il y a peu, du fait de Black Swan. L'influence de De Palma chez Aronofsky est indéniable et dans le cas de Black Swan, comment ne pas penser au De Palma de Carrie et in extenso, à King. L'éveil d'une jeune fille à un monde lui étant étranger. Étouffée, poussée, elle finit par sombrer. Un bon roman qui se lit avec plaisir, mais c'est pas ultime.
- Le Fléau I & II : Autre chef-d'œuvre. En lisant Dôme, je repense beaucoup au Fléau. Un scénario catastrophe se met en place et tout bascule avec une facilité déconcertante. Le récit de la fin de l'humanité. King y peint certains de ses plus beaux personnages (Stu, Larry, Nick pour ne citer qu'eux), martyrs en puissance qui se dressent contre le Mal absolu (magistral Randall Flagg). Son livre le plus dense en terme d'intrigues, de personnages et potentiellement, de pages. Impossible de décrocher en route. C'est à lire absolument.
- Marche ou Crève : Tout est dans le titre. Tu marches ou tu crèves. En sachant qu'à la fin, il n'en restera qu'un. Une sorte de Battle Royal (en mieux) avant l'heure. Un roman aride, implacable et qui laisse profondément songeur. Dire qu'il avait pas vingt piges lorsqu'il l'a écrit. C'est dire le talent du bonhomme.
- Sac d'Os : J'ai adoré. D'un côté, j'en entendais crier au chef-d'œuvre, d'autre, à la purge. Je suis enclin à rejoindre les premiers, sans aller jusqu'à parler de chef-d'œuvre. Sac d'Os est un livre magnifique, envoutant et tourmenté. Noonan est un sacré personnage. Le style d'écriture de King m'a semblé différent sur ce bouquin, peut-être plus personnel. C'est une très belle histoire. Clairement pas horrifique (comme la plupart de ses romans depuis les années 90 ?) mais vibrante, chaude et intense.
- Insomnie : Gros pavé aussi, mais qui a parfaitement fonctionné. Je n'ai pas lu La Tour Sombre donc toutes les allusions qui y sont faites ne m'ont pas autant interpellé que si je l'avais lu. Tant pis, je pourrais toujours le relire une fois que j'aurais lu ladite Tour Sombre. Après l'enfance et l'âge adulte dans Ça, King décrypte le troisième âge. Même ville : Derry. Essentiel à lire dans le sens ou j'y vois une véritable continuité, ne serais-ce que dans l'étude du genre humain. Le livre est lent, calqué sur son personnage principal. King dilate le temps, rendant les insomnies de Ralf cauchemardesques. On ne sait plus vraiment où on en est, si ce que l'auteur nous décrit est réel ou s'il s'agit des divagations d'un vieillard veuf. Puis, petit à petit, le puzzle se met en place et alors que le niveau de conscience de Ralf augmente, la ville, elle, replonge dans la folie.
Voilà pour l'essentiel de ceux que j'ai lu.
King, c'est mortel.
Récapitulatif rapide de ceux que j'ai lu :
- La petite fille qui aimait Tom Gordon : Première véritable entrée en matière dans l'univers de King. Un petit roman étonnamment puissant qui m'a emporté dans un univers terrifiant. Suivre la naissance du sentiment de peur chez cette petite Trish' durant son errance m'a fait découvrir la force et le talent de King pour retranscrire la psychologie enfantine. C'est direct, effrayant et perturbant. King conjugue distorsions sonores, hallucinations cauchemardesques et créatures monstrueuses. La fatigue de la petite et ses craintes transpirent des pages et contaminent le lecteur. J'ai aussitôt eu envie de découvrir d'autres romans de l'écrivain.
- Salem : Hard. Nettement plus volumineux, Salem a été un choc. Une histoire de vampire au combien passionnante. M'est apparu pour la première fois le schéma d'un univers tangible sombrant dans le chaos. Dans La petite fille..., le chaos était psychologique. Ici, on entre en contact direct avec la petite ville de Salem et la machiavélique Marsten House. Les situations sont éprouvantes, souvent épouvantables et les personnages encore une fois, extrêmement attachant. Dès Salem, j'ai compris que j'étais en phase avec cet auteur. Ce qu'il écrivait me parlait, m'interpellait. Adultes et enfants basculent dans l'horreur la plus totale. En quelques jours, la ville devient un Enfer sur Terre. Salem ferait un film monumentale tant il est cinématographique. King a réussi à me faire aimer les vampires le temps d'un livre. Et à me faire peur.
- Histoire de Lisey : Premier livre ou je peine, incapable de visualiser quoi que ce soit. Le fait d'être passé de Salem à Lisey n'a probablement pas favorisé les choses étant donné que le premier est un pur roman, fait d'une écriture fine d'un style fluide rendant l'ensemble très parlant visuellement. Dans Histoire de Lisey, je me suis littéralement perdu en tentant de me représenter le parcours de cette femme. Le style est nettement plus complexe et très personnel dans l'analyse du couple. Je suis resté hermétique à l'ouvrage et, faute d'implication ai décroché. À reprendre plus tard.
- Cujo : Après Lisey, j'ai voulu revenir à quelque chose de plus classique. Cujo est tombé à point nommé. Un survival aride opposant une femme et son enfant à Cujo. Les premières centaines de pages permettent de poser solidement les bases du récit : topographie précise, tensions entre protagonistes, enjeux, etc. Tout cela au service de près de 200 pages d'un huis clos intense. King montre une nouvelle fois tout son talent dans la description de la panique croissante de Donna. Le livre est crispant, développant une tension allant crescendo et ce, jusqu'à un final très dur. C'est la première fois qu'un livre de King me choque autant dans sa fin, sèche et sans concession. Tout est bousillé.
- Simetierre : Passionnant. C'est l'un de ses livres que je préfère. Tout est parfaitement agencé. On bascule implacablement dans l'horreur aux côtés de Louis Creed et sa famille. L'histoire est belle, les personnages sont vivants, tout est fluide. Un King à lire absolument. C'est l'un de ceux qui m'a le plus fait flipper. On ressort de cette histoire broyé, d'autant qu'elle s'achève sur un mode similaire à Cujo. Une tuerie. Le récapitulatif du bouquin juste pour le plaisir : "Louis Creed, un jeune médecin de Chicago, vient s’installer avec sa famille à Ludlow, petite bourgade du Maine. Leur voisin, le vieux Jud Crandall, les emmène visiter le pittoresque « simetierre » où des générations d’enfants ont enterré leurs animaux familiers. Mais, au-delà de ce « simetierre », tout au fond de la forêt, se trouvent les terres sacrées des Indiens, lieu interdit qui séduit pourtant par ses monstrueuses promesses.
Un drame atroce va bientôt déchirer l’existence des Creed, et l’on se trouve happé dans un suspense cauchemardesque…"
- Shining : Le syndrome Kubrick m'a empêché d'aller au bout du livre. Je n'ai pas réussi à m'ôter le film de la tête, tant et si bien que j'ai sombré dans une lecture du livre à travers le film. J'ai jonglé involontairement entre les deux, m'intéressant au final à la manière dont Kubrick a travaillé l'ouvrage pour l'adapter et non à l'histoire que King racontait. Procédé souvent intéressant, mais au final, j'ai lâché le livre passé les trois cents premières pages.
- Ça I & II : Chef-d'œuvre. C'est le plus beau livre sur l'enfance que j'ai eu l'occasion de lire. Un pavé tentaculaire et déstructuré pour mieux nous tromper. J'ai vibré comme rarement. Le pilier fondamental de l'œuvre de King. Ça, c'est un livre sur le Mal à travers les âges. Suivre la bande dans l'enfance est passionnante. Les suivre à l'âge adulte l'est tout autant. C'est un pavé monumental.
- Carrie : J'y ai justement repensé il y a peu, du fait de Black Swan. L'influence de De Palma chez Aronofsky est indéniable et dans le cas de Black Swan, comment ne pas penser au De Palma de Carrie et in extenso, à King. L'éveil d'une jeune fille à un monde lui étant étranger. Étouffée, poussée, elle finit par sombrer. Un bon roman qui se lit avec plaisir, mais c'est pas ultime.
- Le Fléau I & II : Autre chef-d'œuvre. En lisant Dôme, je repense beaucoup au Fléau. Un scénario catastrophe se met en place et tout bascule avec une facilité déconcertante. Le récit de la fin de l'humanité. King y peint certains de ses plus beaux personnages (Stu, Larry, Nick pour ne citer qu'eux), martyrs en puissance qui se dressent contre le Mal absolu (magistral Randall Flagg). Son livre le plus dense en terme d'intrigues, de personnages et potentiellement, de pages. Impossible de décrocher en route. C'est à lire absolument.
- Marche ou Crève : Tout est dans le titre. Tu marches ou tu crèves. En sachant qu'à la fin, il n'en restera qu'un. Une sorte de Battle Royal (en mieux) avant l'heure. Un roman aride, implacable et qui laisse profondément songeur. Dire qu'il avait pas vingt piges lorsqu'il l'a écrit. C'est dire le talent du bonhomme.
- Sac d'Os : J'ai adoré. D'un côté, j'en entendais crier au chef-d'œuvre, d'autre, à la purge. Je suis enclin à rejoindre les premiers, sans aller jusqu'à parler de chef-d'œuvre. Sac d'Os est un livre magnifique, envoutant et tourmenté. Noonan est un sacré personnage. Le style d'écriture de King m'a semblé différent sur ce bouquin, peut-être plus personnel. C'est une très belle histoire. Clairement pas horrifique (comme la plupart de ses romans depuis les années 90 ?) mais vibrante, chaude et intense.
- Insomnie : Gros pavé aussi, mais qui a parfaitement fonctionné. Je n'ai pas lu La Tour Sombre donc toutes les allusions qui y sont faites ne m'ont pas autant interpellé que si je l'avais lu. Tant pis, je pourrais toujours le relire une fois que j'aurais lu ladite Tour Sombre. Après l'enfance et l'âge adulte dans Ça, King décrypte le troisième âge. Même ville : Derry. Essentiel à lire dans le sens ou j'y vois une véritable continuité, ne serais-ce que dans l'étude du genre humain. Le livre est lent, calqué sur son personnage principal. King dilate le temps, rendant les insomnies de Ralf cauchemardesques. On ne sait plus vraiment où on en est, si ce que l'auteur nous décrit est réel ou s'il s'agit des divagations d'un vieillard veuf. Puis, petit à petit, le puzzle se met en place et alors que le niveau de conscience de Ralf augmente, la ville, elle, replonge dans la folie.
Voilà pour l'essentiel de ceux que j'ai lu.
King, c'est mortel.