[SF] Des milliards de tapis de cheveux, de Andreas Eschbach
Publié : jeu. 09 mars 2006, 22:04
Bonsoir,
Pour vous, le space opera, c'est quoi?
Des vaisseaux intergalactiques qui s'affrontent à coup de piou piou dans un champ d'astéroïde? Une princesse coiffée par des choucroutes? Un méchant empereur et des gentils rebelles? Des cours d'escrimes par méthode optique?
Alors, si pour vous le space opéra ne se résume qu'à Star Wars, Dune ou Fondation, il est urgent de découvrir ce magnifique petit livre de SF allemande. En plus, c'est une très belle preuve que la bonne SF n'est pas exclusivement anglo saxonne.
Des milliards de tapis de cheveux de Andreas Eschbach
Environ 320 pages
Grand Prix de l'Imaginaire, roman étranger, 2001
Bob Morane, roman étranger, 2000
COUVERTURES :
pour si t'es riche ou si t'as accès à une bonne bibli.
Sinon,
RESUME :
Noeud après noeud, jour après jour, toute une vie durant, ses mains répétaient les mêmes gestes, nouant et renouant sans cesse les fins cheveux, comme son père et le père de son père l'avaient fait avant lui...
N'est-ce pas étrange qu'un monde entier s'adonne ainsi au tissage de tapis en cheveux ? L'objet en est, dit-on, d'orner le Palais des Etoiles, la demeure de l'Empereur. Mais qu'en est-il de l'Empereur lui-même ? N'entend-on pas qu'il aurait abdiqué ? qu'il serait mort, abattu par des rebelles ?
Comment cela serait-il possible ? Le soleil brillerait-il sans lui ? Les étoiles luiraient-elles encore au firmament ?
L'Empereur, les rebelles, des milliards de tapis de cheveux ; il est long le chemin qui mène à la vérité, de la cité de Yahannochia au Palais des Etoiles, et jusqu'au Palais des Larmes sur un monde oublié...
MON AVIS :
Si je vous présente ce bouquin, c'est bien sûr parce que je l'ai adoré.
J'ai copié collé le résumé de l'édition Atlante car c'est lui qui m'a fait ouvrir ce livre alors que je n'en avais encore jamais entendu parler, et parce qu'il résume très bien les questions que le lecteur se pose chapitre après chapitre.
Ce livre est qualifié de fix up ou de roman mosaïque (moi, je préfère le second terme). Il faut entendre par là que l'histoire progresse par des nouvelles, pouvant toutes être lues indépendamment, chacune se terminant par une chute. Mais elles sont rattachées les unes aux autres par des lieux ou des personnages récurrents : le perso principal d'un chapitre peut être secondaire dans le suivant et inversement.
Et surtout, toutes ces nouvelles mises bout à bout forment la trame de l'histoire et dévoile un superbe patchwork. Un peu comme les noeud d'un tapis quoi!
Une construction très originale et super appropriée donc. Mais surtout très réussie.
L'histoire commence par une interuption dans une famille de Tisseur.
Osvan, le père, a dépensé toute sa vie à tisser un tapis fait des cheveux de ses femmes et de ses filles. Comme son père avant lui. Et comme le père de son père avant lui...
Son fils devra reprendre le flambeau après lui et tisser, lui aussi, son propre tapis. Tous ces travaux de "couture" n'ont qu'un unique but : décorer la demeure de l'Empereur, le Palais des Etoiles.
Mais Abron, le fils, ne veut pas succéder à son père. D'ailleurs, en ville, il a entendu des rumeurs disant que l'Empereur a abdiqué...
Le premier chapitre nous dévoile cette étrange coutume de tisser des tapis de cheveux humains. Le deuxième nous apprendra que sur cette planète, beaucoup d'hommes se consacrent à cette tache.
Ainsi, chapitre après chapitre, on se rendra compte que de nombreuses planètes ont la même activité. Et celà depuis des millénaires.
La trame suit en fait le chemin de ces tapis, jusqu'à leur destination finale, en s'attardant sur le quotidien d'un tisseur, d'un marchand, d'un prédicateur, d'un collecteur d'impôts, d'un archiviste, d'un flûtiste...
Et c'est magnifique!
S'ajoute à tout ça une écriture très fluide et très soignée. Et comme vous pouvez l'imaginer, un suspens très bien maitrisé.
Et la réponse au mystère des tapis sera à l'image de l'ensemble du bouquin : grandiose.
Enfin, ce livre est surtout une analyse du pouvoir et de la démesure qu'il peut atteindre. Ce livre raconte avant tout l'histoire d'un homme devenu un dieu. Car même si l'Empereur est quasi absent du récit, il est d'après moi le personnage principal de toutes ces nouvelles.
CITATIONS :
"Là, dehors, je vois les étoiles dans le ciel et elles continuent de briller. On m'a toujours dit qu'elles ne pourraient le faire sans l'Empereur.
- L'Empeureur n'a rien à voir là-dedans, retorqua le rebelle. C'est une légende.
- Mais l'Empeureur ne leur a-t-il pas donné la vie?"
Jubad sentit dans ces mots une solitude indicible, et, en un éclair, il la reconnut: c'était l'odeur de l'Empire. Cette torpeur sans souffle, cette obscurité sans espoir. L'haleine d'une putréfaction qui ne pouvait se propager car le temps s'était arrêté.
C'est une planète isolée, la plus isolée, la plus maudite de l'univers. Ici, il n'y a aucun espoir. Le ciel gris pèse en permanence comme une chape de plomb; des nuages désespérants le traversent, et la nuit on ne voit jamais détoiles...
LIENS :
http://www.noosfere.com/icarus/livres/n ... re=-327684
Pour lire des critiques par des gens plus doués que moi pour communiquer leur enthousiasme.
Je rajoute qu'en juste moins de 8 ans, ce bouquin a su passer en France d'inconnu à chef d'oeuvre reconnu. Et c'est amplement justifié!
Pour vous, le space opera, c'est quoi?
Des vaisseaux intergalactiques qui s'affrontent à coup de piou piou dans un champ d'astéroïde? Une princesse coiffée par des choucroutes? Un méchant empereur et des gentils rebelles? Des cours d'escrimes par méthode optique?
Alors, si pour vous le space opéra ne se résume qu'à Star Wars, Dune ou Fondation, il est urgent de découvrir ce magnifique petit livre de SF allemande. En plus, c'est une très belle preuve que la bonne SF n'est pas exclusivement anglo saxonne.
Des milliards de tapis de cheveux de Andreas Eschbach
Environ 320 pages
Grand Prix de l'Imaginaire, roman étranger, 2001
Bob Morane, roman étranger, 2000
COUVERTURES :
pour si t'es riche ou si t'as accès à une bonne bibli.
Sinon,
RESUME :
Noeud après noeud, jour après jour, toute une vie durant, ses mains répétaient les mêmes gestes, nouant et renouant sans cesse les fins cheveux, comme son père et le père de son père l'avaient fait avant lui...
N'est-ce pas étrange qu'un monde entier s'adonne ainsi au tissage de tapis en cheveux ? L'objet en est, dit-on, d'orner le Palais des Etoiles, la demeure de l'Empereur. Mais qu'en est-il de l'Empereur lui-même ? N'entend-on pas qu'il aurait abdiqué ? qu'il serait mort, abattu par des rebelles ?
Comment cela serait-il possible ? Le soleil brillerait-il sans lui ? Les étoiles luiraient-elles encore au firmament ?
L'Empereur, les rebelles, des milliards de tapis de cheveux ; il est long le chemin qui mène à la vérité, de la cité de Yahannochia au Palais des Etoiles, et jusqu'au Palais des Larmes sur un monde oublié...
MON AVIS :
Si je vous présente ce bouquin, c'est bien sûr parce que je l'ai adoré.
J'ai copié collé le résumé de l'édition Atlante car c'est lui qui m'a fait ouvrir ce livre alors que je n'en avais encore jamais entendu parler, et parce qu'il résume très bien les questions que le lecteur se pose chapitre après chapitre.
Ce livre est qualifié de fix up ou de roman mosaïque (moi, je préfère le second terme). Il faut entendre par là que l'histoire progresse par des nouvelles, pouvant toutes être lues indépendamment, chacune se terminant par une chute. Mais elles sont rattachées les unes aux autres par des lieux ou des personnages récurrents : le perso principal d'un chapitre peut être secondaire dans le suivant et inversement.
Et surtout, toutes ces nouvelles mises bout à bout forment la trame de l'histoire et dévoile un superbe patchwork. Un peu comme les noeud d'un tapis quoi!
Une construction très originale et super appropriée donc. Mais surtout très réussie.
L'histoire commence par une interuption dans une famille de Tisseur.
Osvan, le père, a dépensé toute sa vie à tisser un tapis fait des cheveux de ses femmes et de ses filles. Comme son père avant lui. Et comme le père de son père avant lui...
Son fils devra reprendre le flambeau après lui et tisser, lui aussi, son propre tapis. Tous ces travaux de "couture" n'ont qu'un unique but : décorer la demeure de l'Empereur, le Palais des Etoiles.
Mais Abron, le fils, ne veut pas succéder à son père. D'ailleurs, en ville, il a entendu des rumeurs disant que l'Empereur a abdiqué...
Le premier chapitre nous dévoile cette étrange coutume de tisser des tapis de cheveux humains. Le deuxième nous apprendra que sur cette planète, beaucoup d'hommes se consacrent à cette tache.
Ainsi, chapitre après chapitre, on se rendra compte que de nombreuses planètes ont la même activité. Et celà depuis des millénaires.
La trame suit en fait le chemin de ces tapis, jusqu'à leur destination finale, en s'attardant sur le quotidien d'un tisseur, d'un marchand, d'un prédicateur, d'un collecteur d'impôts, d'un archiviste, d'un flûtiste...
Et c'est magnifique!
S'ajoute à tout ça une écriture très fluide et très soignée. Et comme vous pouvez l'imaginer, un suspens très bien maitrisé.
Et la réponse au mystère des tapis sera à l'image de l'ensemble du bouquin : grandiose.
Enfin, ce livre est surtout une analyse du pouvoir et de la démesure qu'il peut atteindre. Ce livre raconte avant tout l'histoire d'un homme devenu un dieu. Car même si l'Empereur est quasi absent du récit, il est d'après moi le personnage principal de toutes ces nouvelles.
CITATIONS :
"Là, dehors, je vois les étoiles dans le ciel et elles continuent de briller. On m'a toujours dit qu'elles ne pourraient le faire sans l'Empereur.
- L'Empeureur n'a rien à voir là-dedans, retorqua le rebelle. C'est une légende.
- Mais l'Empeureur ne leur a-t-il pas donné la vie?"
Jubad sentit dans ces mots une solitude indicible, et, en un éclair, il la reconnut: c'était l'odeur de l'Empire. Cette torpeur sans souffle, cette obscurité sans espoir. L'haleine d'une putréfaction qui ne pouvait se propager car le temps s'était arrêté.
C'est une planète isolée, la plus isolée, la plus maudite de l'univers. Ici, il n'y a aucun espoir. Le ciel gris pèse en permanence comme une chape de plomb; des nuages désespérants le traversent, et la nuit on ne voit jamais détoiles...
LIENS :
http://www.noosfere.com/icarus/livres/n ... re=-327684
Pour lire des critiques par des gens plus doués que moi pour communiquer leur enthousiasme.
Je rajoute qu'en juste moins de 8 ans, ce bouquin a su passer en France d'inconnu à chef d'oeuvre reconnu. Et c'est amplement justifié!