[Théâtre] Prenons notre pied aux planches !

Un peu de repos dans ce monde à 200 km/h. Y a-t-il plus grand plaisir que de lire et relire son livre de chevet ? Parle-nous donc ici de tes coups de coeur littéraires, ainsi que de tes BD & Comics favoris.

Modérateur : Ero-modos

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Guts Rendan
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[Théâtre] Prenons notre pied aux planches !

Message par Guts Rendan »

Oui je sais encore un titre à la con me direz vous :oops: mais que voulez vous si ce n'est du sexe, de l'argent et la gloire ? :razz: je ne puis aisément me détacher de ma nature :roll:

Si vous êtes du genre : "pas le temps de lire ses conneries débilitantes, c'est pour quoi faire ce topic ?" alors faites bouger le petit ascenseur de la fenêtre jusqu'à une ligne coupant le post ;-) eh oui Guts a pensé à vous mes loulous :mrgreen:

Sinon eh bien armez vous de patience et de courage :mrgreen: tenez vous prêts à subir toutes les circonvolutions de mon post :mrgreen: (merci à aizen pour cet apport critique)

Donc ce topic commencera par l'explicitation de son titre et par là même nous en viendrons à expliquer le but du topic :lol: Admirez le double emploi et le double intérêt pour vous lecteurs de ma démarche ! 8-) :lol:


Mode Casse-noisettes ON

Ce mode va me permettre de décortiquer pour vous les sinuosités de mon esprit qui ont conduit à ce titre alambiqué :good: :lol:

"Prenons notre pied" => appel à une jouissance d'ordre collectif :love: mais contrairement à ce que les esprit aux yeux impurs qui se sont posés subrepticement sur mon post espèreraient, il ne s'agit en aucun cas de promouvoir un plussoiement sauvagement organisé sous forme d'un gang bang ou d'une partouze de posts :shock: :lol: !

Non il s'agit juste d'engager un mouvement collectif et profitable à notre quotient de plaisir et de bonheur :grin: Mais voilà le mot "pied" est polysémique et j'ai cherché à jouer (chose que je fais rarement :siffle:) sur le sens à la fois propre, puisque rien ne vous interdit de prendre littéralement votre pied avec vos mains pour lire ce post, et à la fois sur deux facettes de sons sens figuratif : :-)

- oui ce topic invite à partager ce qui procure à chacun de ses futurs participants un certain plaisir :dance: ça y est les baraques à frites sont de retour ! :lol2:
- mais le sens principal que je visais avec ma rhétorique plus que bancale est celui du pied en poétique ;-) Parce que oui ce topic se destine à abriter quelques morceaux de la littérature française :razz:

Voilà pour cette première partie du titre :grin:
Bon je crois que vous avez mérité une pause alors on se retrouve après la pub ;-)

---------------------------Ting Ting Ting Tingtinling : PUB-----------------------------

:ass: (depuis le temps que je cherchais à placer ce smiley ! )


---------------------------Ting Ting Ting Tingtinling : PUB-----------------------------

:hello: bon retour parmi nous après cette page de publicité :hello:

Nous passons donc sans plus attendre (déjà que nombre d'entre vous ont succombé à la longueur de ce post depuis longtemps ou d'autres ont croulé sous l'effet cardio-vasculaire du suspense :roll: pardon aux familles tout ça ^^") à l'explication de la seconde partie du titre :

"Pied au plancher" => je précise le rôle charnière du mot "pied" dans le titre digne de sa place centrale dans la phrase et qui permet d'articuler les deux parties. On remarquera que l'emploi de ce mot avec autant de doigté est on ne peut plus synonyme d'une domination sans faille plantant de possibles rivaux ne lui arrivant pas à la cheville devant ce fameux mur ! :mrgreen: (je me la pète pas vraiment mais c'est la seule tournure qui me permettait de placer mes jdm)

Bref ici encore deux sens se disputent cette partie de phrase et cette guerre froide s'illustre de la manière suivante :

- la première pied aux planches, par homéotéleute avec "pied au plancher" bein entendu, cherche à prendre sa concurrente de vitesse et inspire au lecteur encore innocent et vierge de prise de tête passant par cette section, un sentiment d'empressement à y entrer ! :lol: Je mets la pression quoi tu vois ! :grin: Genre : ce topic est en mode fast and furious, empressons nous d'y apporter une contribution ! ! enfin voilà c'est la partie du titre du topic destinées à tenter de motiver les gens à y faire un tour :razz: même si rien que la vision de ce premier post leur ôtera toute envie d'aller plus loin ! :lol: :lol:
- Mais voilà poussant le vice jusqu'à dissimuler une allusive analogie sémantique, je cherche à montrer le sujet principal qui animera ce topic, j'ai nommé le :yes: :dance: :happy: THEÂTRE :happy: :dance: :yes:
Eh oui les planches étant une métaphore pratique désignant la scène et plus particulièrement celle d'un théâtre ;-)


Pour résumer et donner donc le sens final du titre et le but de ce topic, il s'agit ici de mettre les répliques connues ou pas qui vous ont marqué, qui pour vous sont des morceaux exquis du théâtre, art de plus en plus oublié voire relégué au simple exercice scolaire et pourtant d'une parfaite beauté littéraire et d'un intérêt populaire sans commune mesure 8-) :grin:

ça se voit que j'aime le théâtre c'est bon ? :lol: :lol:

Alors ici nous compilerons les répliques (tirades, monologues, dialogues, apartés, stichomythies, etc) que nous aimons et nous irons même jusqu'à commenter et expliquer pourquoi avoir choisi de copier/coller ce morceau plutôt qu'un autre :grin:

_____________________________________________________________


Je commence donc ici avec...

Image la tirade des nez de Cyrano de Bergerac (Acte I, scène 4 je crois) d'Edmond Rostand.
Je l'ai choisie celle ci plutôt qu'une autre parce que c'est une de mes pièces préférées. elle emmène avec elle tout spectateur propre à se laisser emporter dans une aventure rythmée et rimée d'une façon majestueuse. comment ne pas aimer l'entrain, la force et le panache de ce héros qui incarne un renouveau de l'esprit de chevalerie moderne pour son contexte ! 8-) J'ai d'ailleurs vu récemment la représentation de cette pièce à la Comédie Française pour 5 euros (petit bureau powaaa) et je pense que l'on peut être satisfait de cette interprétation à dominante classique mais tout à fait honorable.

je conseillerais aussi à tout petit curieux de se pencher sur L'aiglon, du même auteur, moins entraînante et plus historique certes mais pas mal quand même ;-)

Voilà donc la tirade en question :
Cyrano au théâtre a écrit :Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh ! Dieu !... Bien des choses en somme.
En variant le ton, -par exemple, tenez :

Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse :
Pour boire, faites-vous fabriquer un Hanape ! »
Descriptif : « C’est un roc!... C’est un pic!... C’est un cap!...
Que dis-je, c’est un cap?... C’est une péninsule! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes? »
Truculent : « Ca, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
c’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot:
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »

- Voila ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit :
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettre
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permet pas qu’un autre me les serve.
Je relâche mes aimables et surtout courageux lecteurs ic et j'espère que vous serez plusieurs à suivre :roll: même si je ne me fais guère d'illusion quant à l'avenir non glorieux de ce topic :roll:

allez à plus, je vais me coucher :lol: :lol:
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Mottires
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Message par Mottires »

Ahah, un topic qui va me plaire.

Deja j'étais en traind e penser a mettre mon nez serieusmeent dans cette section pour d'autres raisons qui em turlupine depûis fort longtemps.

Mais le théatre ca c'est la classe. vous l'aurez compris, comme mon collègue ci dessus, j'aime le théatre et j'en fais aussi. Donc prochainement sur le topic, quelque réplique tirée de pieces parfaitement inconnu mais tellement exeptionnel que c'est dommage ^^
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Message par iori »

raaaa le voila enfin ce petit topic!!!! :banane:

enfin petit petit, c'ets vite dit ça^^'
en tout cas encore un super post inaugural (guts, spacialiste des cérémonies d'ouverture et de cloture des topics, si c'ets pas top ça!!! ça fait très JO faudrait officialiser ce ran en le publiant au jo tiens :fou: ou pas ^^')

hum ce topic tombe à pic! (comme l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a tué l'ours )

parceque heuu comment dire heuu dans ma grande inculture, j'ai pas oublié d'inclure le théâtre ^^' autant dire que je suis une vraie quiche comme pour beaucoup de domaines mais là n'est pas le sujet ^^'

je connais quelques classiques quand même (ben y a des limites à tout, même à l'inculture)

et je vais de ce pas cliquant citer une pièce supra méga hypra connue et facile d'accés et tout mais que j'aime beaucoup \o/
Jules Romains a écrit :(Knock, médecin remplaçant dans un petit village, parvient à convaincre peu à peu chacun de ses habitants qu'ils sont des malades qui s'ignorent. Dans ce passage, il ausculte La Dame, une riche fermière qui travaille très dur.)

Knock, il l'ausculte. Baissez la tête. Respirez. Toussez. Vous n'êtes jamais tombée d'une échelle étant petite ?
La Dame. Je ne m'en souviens pas.
Knock, il lui palpe et lui percute le dos, lui presse brusquement les reins. Vous n'avez pas mal ici le soir en vous couchant ? Une espèce de courbature ?
La Dame. Oui, des fois.
Knock, il continue de l'ausculter. Essayez de vous rappeler. Ca devait être une grande échelle.
La Dame. Ca se peut bien.
Knock, très affirmatif. C'était une échelle d'environ trois mètres cinquante, posée contre le mur. Vous êtes tombée à la renverse. C'est la fesse gauche, heureusement, qui a porté.
La Dame. Ah oui ! (...)
Knock, la fait asseoir. Vous vous rendez compte de votre état ?
La Dame. Non.
Knock, il s'assied en face d'elle. Tant mieux. Vous avez envie de guérir, ou vous n'avez pas envie ?
La Dame. J'ai envie.
Knock. J'aime mieux vous prévenir tout de suite que ce sera très long et très coûteux.
La Dame. Ah ! mon Dieu ! Et pourquoi ça ?
Knock. Parce qu'on ne guérit pas en cinq minutes un mal qu'on traîne depuis quarante ans.
La Dame. Depuis quarante ans ?
Knock. Oui, depuis que vous êtes tombée de votre échelle.
La Dame. Et combien que ça me coûterait ?
Knock. Qu'est-ce que valent les veaux, actuellement ?
La Dame. Ca dépend des marchés et de la grosseur. Mais on ne peut en avoir de propres à moins de quatre ou cinq cents francs.
Knock. Et les cochons gras ?
La Dame. Il y en a qui font plus de mille.
Knock. Eh bien ! ça vous coûtera à peu près deux cochons et deux veaux.
La Dame. Ah ! là ! là ! Près de trois mille francs ? C'est une désolation, Jésus Marie !
Knock. Si vous aimez mieux faire un pèlerinage, je ne vous empêche pas.
La Dame. Oh ! un pèlerinage, ça revient cher aussi et ça ne réussit pas souvent. (Un silence) Mais qu'est-ce que je peux avoir donc de si terrible que ça ?
Knock, avec une grande courtoisie. Je vais vous l'expliquer en une minute au tableau noir.(Il va au tableau et commence un croquis.) Voici votre moelle épinière, en coupe, très schématiquement, n'est-ce pas ? Vous reconnaissez ici votre faisceau de Türck et ici votre colonne de Clarke. Vous me suivez ? Eh bien ! quand vous êtes tombée de l'échelle, votre Türck et votre Clarke ont glissé en sens inverse ( il trace des flèches de direction) de quelques dixièmes de millimètre. Vous me direz que c'est très peu. Evidemment. Mais c'est très mal placé. Et puis vous avez ici un tiraillement continu sur les multipolaires. (Il s'essuie les doigts)
La Dame. Mon Dieu ! Mon Dieu !
Knock. Remarquez que vous ne mourrez pas du jour au lendemain. Vous pouvez attendre.
La Dame . Oh ! là ! là ! J'ai bien eu du malheur de tomber de cette échelle !
Knock. Je me demande même s'il ne vaut pas mieux laisser les choses comme elles sont. L'argent est si dur à gagner. Tandis que les années de vieillesse, on en a toujours bien assez. Pour le plaisir qu'elles donnent !
La Dame. Et en faisant ça plus ...grossièrement, vous ne pourriez pas me guérir à moins cher ?...à condition que ce soit bien fait tout de même.
Jules Romains, Knock, Acte II, Scène IV,

ou comment abuser de la naïveté des autres ^^'

bon 'jai pas cité le fameux "Attention. Ne confondons pas. Est-ce que cela vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?"

ah ben si je viens de le faire ^^'

bon pour un résumé rapide de l'histoire: knock reprend le cabinet d'un médecin de campagne, où les villageaois n'ont pas pour habitude de se faire soigner, peu à peu il arrive à se faire une clientèle en rusant quelque peu :lol:
une comédie qui caricature autant les médecins que les "patients" et heuu je sais plus ce que je voulais dire, sans doute des trucs très passionnants mais là tout de suite je sais plus :roll:


bon ben voilà c'ets à peu près tout pour le moment! ce qui est cool avec lesplanches c'ets que ça brpule bien!!! assez étonnant d'ailleurs parceque j'ai toujours cru que le surf ça se faisait surtotu sur de l'eau ou de la neige (c'est pas loin d'être la même chose) donc je vois pas très bien comment ça peux bruler si facilement mais la vérité est ailleurs sans aucun doute :fou:
yukiyoruno
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Message par yukiyoruno »

Guts, votre introduction m'a endormi. C'est incroyable que tu joues beaucoup avec les mots...Mais bon.

Oui, le théâtre c'est bien!!! Bien que j'y irai une fois tous les trois ans...Je lis un certain nombre des pièces de théâtre:
Tartuffe, le malade imaginaire, L'avare de Molière
Antigone de Jean Anouilh et de Socpocle (Electre aussi)
Hamlet, Roi Lear, Roméo et Juliette, et une pièce de comédie dont je ne souviens plus le nom de O combien célèbre Shakespeare.
La reine morte de De Monterlant
et un certain nombre des extraits de la théâtre apprises à l'école.

Mon passage préfèré est dans Tartuffe.
ORGON

Ah! mon frère, bonjour!

CLÉANTE

Je sortais, et j'ai joie à vous voir de retour.
La campagne à présent n'est pas beaucoup fleurie.

ORGON

Dorine. Mon beau-frère, attendez, je vous prie:
Vous voulez bien souffrir, pour m'ôter de souci,
Que je m'informe un peu des nouvelles d'ici.
Tout s'est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte?
Qu'est-ce qu'on fait céans? Comme est-ce qu'on s'y porte?

DORINE

Madame eut avant-hier la fièvre jusqu'au soir,
Avec un mal de tête étrange à concevoir.

ORGON

Et Tartuffe?

DORINE

Tartuffe? Il se porte à merveille,
Gros et gras, le teint frais, et la bouche vermeille.

ORGON

Le pauvre homme!

DORINE

Le soir, elle eut un grand dégoût,
Et ne put au souper toucher à rien du tout,
Tant sa douleur de tête était encor cruelle!

ORGON

Et Tartuffe?

DORINE

Il soupa, lui tout seul, devant elle,
Et fort dévotement il mangea deux perdrix,
Avec une moitié de gigot en hachis.

ORGON

Le pauvre homme!

DORINE

La nuit se passa toute entière
Sans qu'elle pût fermer un moment la paupière;
Des chaleurs l'empêchaient de pouvoir sommeiller,
Et jusqu'au jour près d'elle il nous fallut veiller.

ORGON

Et Tartuffe?

DORINE

Pressé d'un sommeil agréable,
Il passa dans sa chambre au sortir de la table,
Et dans son lit bien chaud il se mit tout soudain,
Où sans trouble il dormit jusques au lendemain.

ORGON

Le pauvre homme!

DORINE

À la fin, par nos raisons gagnée,
Elle se résolut à souffrir la saignée,
Et le soulagement suivit tout aussitôt.

ORGON

Et Tartuffe?

DORINE

Il reprit courage comme il faut,
Et contre tous les maux fortifiant son âme,
Pour réparer le sang qu'avait perdu Madame,
But à son déjeuner quatre grands coups de vin.

ORGON

Le pauvre homme!

DORINE

Tous deux se portent bien enfin;
Et je vais à Madame annoncer par avance
La part que vous prenez à sa convalescence.
:kamool: :kamool: :kamool:
La suprême naïvete, stupidité et égoisme d'Orgon!!!!!
"Tuer la Monotonie" la devise des Imprévisibles
Guts Rendan
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Message par Guts Rendan »

yukiyoruno a écrit :Guts, votre introduction m'a endormi. C'est incroyable que tu joues beaucoup avec les mots...Mais bon.
:oops: :jap: Gomen (and women aussi parce que parité oblige !):jap: :oops:

Mais il n'y a pas à dire, tu t'es levée du bon pied parce que ce passage de Tartuffe est aussi classique (au bon sens du terme hein ! pas au sens d'hammam quoi :siffle:) alors merci pour ta contribution :good:

Là j'ai pas réussi à choper le passage que je voulais et comme il me faut un certain temps pour vaincre la flemmardise qui m'empêche de le taper moi même, je met un lien pour compenser ce manque :mrgreen: !

http://www.theatreonline.com/

un très bon site qui permet de voir quels sont les petits spectacles comme les grands près de chez soi et qui va même jusqu'à permettre une recherche précise de pièce et d'auteur que l'on aimerait voir :razz: 8-)
Aizen
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Message par Aizen »

Allez zou ! Je vais y aller aussi de ma petite citation :langue: . Il s'agit des Noces de Figaro de Beaumarchais.
L'extrait suivant est à la fin de la pièce, durant le dernier acte où Figaro pense que sa femme (Suzanne), le trompe avec le Comte (son supérieur, puisqu'il n'est que son servant), du moins qu'ils s'entretiennent à un rendez-vous galant :langue: ...

A noter que cette pièce à été écrite à la fin du XVIIIè siècle ( jouée la première fois en 1784)
Beaumarchais
Le Mariage de Figaro, Acte V scène 3 (extrait)

FIGARO :

0 femme ! femme ! femme ! nul animal créé ne peut manquer à son instinct ; le tien est-il donc de tromper ? Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse ; à l'instant qu'elle me donne sa parole ; au milieu même de la cérémonie... Il riait en lisant, le perfide ! et moi, comme un benêt !... Non, Monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas... vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ; et vous voulez jouter ... On vient... c'est elle... ce n'est personne. - La nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari, quoique je ne le sois qu'à moitié ! (Il s'assied sur un banc.) Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? Fils de ne je sais pas qui, volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m'en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! J'apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d'un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire ! - Las d'attrister des bêtes malades, et pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou ! Je broche une comédie dans les mœurs du sérail ; auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule : à l'instant un envoyé... de je ne sais où se plaint que j'offense dans mes vers la Sublime Porte, la Perse, une partie de la presqu'île de l'Inde, toute l'Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d'Alger et de Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l'omoplate en nous disant : chiens de chrétiens ! - Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant. - Mes joues creusaient ; mon terme était échu ; je voyais de loin arriver l'affreux recors, la plume fichée dans sa perruque ; en frémissant je m'évertue. Il s'élève une question sur la nature des richesses et comme il n'est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sol, j'écris sur la valeur de l'argent et sur son produit net, sitôt je vois, du fond d'un fiacre, baisser pour moi le pont d'un château fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté. (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir sur un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu'ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais... que les sottises imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où l'on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. (Il se rassied.) Las de nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue ; et comme il faut dîner, quoiqu'on ne soit plus en prison, je taille encore ma plume et demande à chacun de quoi il est question : on me dit que, pendant ma retraite économique, il s'est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s'étend même à celles de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j'annonce un écrit périodique et, croyant n'aller sur les brisées d'aucun autre, je le nomme Journal inutile. Pou-ou ! je vois s'élever contre moi mille pauvres diables à la feuille ; on me supprime, et me voilà derechef sans emploi ! - Le désespoir m'allait saisir ; on pense à moi pour une place, mais par malheur j'y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint. Il ne me restait plus qu'à voler ; je me fais banquier de pharaon : alors, bonnes gens ! je soupe en ville, et les personnes dites comme il faut m'ouvrent poliment leur maison, en retenant pour elles les trois quarts du profit. J'aurais bien pu me remonter ; je commençais même à comprendre que, pour gagner du bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir. Mais, comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallut bien périr encore. Pour le coup je quittais le monde, et vingt brasses d'eau m'en allaient séparer lorsqu'un Dieu bienfaisant m'appelle à mon premier état. Je reprends ma trousse et mon cuir anglais ; puis, laissant la fumée aux sots qui s'en nourrissent, et la honte au milieu du chemin, comme trop lourde à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci. Un grand seigneur passe à Séville ; il me reconnaît, je le marie et, pour prix d'avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne ! Intrigue, orage à ce sujet. Prêt à tomber dans un abîme au moment d'épouser ma mère, mes parents m'arrivent à la file. (Il se lève en s'échauffant.) On se débat : c'est vous, c'est lui, c'est moi, c'est toi ; non, ce n'est pas nous : eh ! mais qui donc ? (Il retombe assis.) 0 bizarre suite d'événements ! Comment cela m'est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d'autres ? Qui les a fixées sur ma tête ? Forcé de parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le vouloir, je l'ai jonchée d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis ; encore je dis ma gaieté sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel est ce moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues ; puis un chétif être imbécile ; un petit animal folâtre ; un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre, maître ici, valet là, selon qu'il plaît à la fortune ; ambitieux par vanité, laborieux par nécessité ; mais paresseux... avec délices ! orateur selon le danger ; poète par délassement ; musicien par occasion ; amoureux par folles bouffées, j'ai tout vu, tout fait, tout usé. Puis l'illusion s'est détruite, et, trop désabusé... Désabusé !... Suzon, Suzon, Suzon ! que tu me donnes de tourments !... J'entends marcher... on vient. Voici l'instant de la crise. (Il se retire près de la première coulisse à sa droite.)
pyjama
Jounin
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Message par pyjama »

Wahou! Un topic sur le théâtre! :happy:
C'est chouette, parce que j'aime bien le théâtre. Pas tout bien sûr, c'est comme les bouquins, on a tous ses genres préférés et tout.
Mais ce que le théâtre aura toujours en plus, même les pièces les plus pourries, c'est que c'est toujours un peu la fête d'y aller. Plus qu'ouvrir un bouquin ou que d'allumer la télé.

Bref, j'adore aller au théatre. Malheureusement, j'y vais pas beaucoup beaucoup (oui, parce que c'est aussi un peu plus cher que d'ouvrir un bouquin) Dernièrement, je suis allée voir l'Avare avec Michel Bouquet. Et il a beau ne pas être tout jeune, il est impressionnant ce mec!

Sinon, en continuant à vous raconter ma vie, je peux vous dire que comme j'aime le théâtre et les jolies histoires, ben en toute logique j'ai essayé d'en faire dans une association de ma ville. Deux ans même.
Et j'étais extrement mauvaise. Enfin, ça a mis du temps à m'arrêter, mais je suis beaucoup plus douée posée sur un fauteuil que sur une scène.

Cependant, je lis pas des masses de pièces de théâtre. En général, c'est quand je sais que je vais voir une piece que je lis le livre histoire de me préparer à l'histoire et tout...

Mais un de mes livres préférés est tout de même une pièce de théâtre: il s'agit de l'Antigone de Jean Anouilh. D'ailleurs, je l'ai sans doute mentionnée dans mes livres préférés (cf. topic approprié).
J'adore cette pièce. Je la lis régulièrement, environ une fois par an et je la trouve toujours en plus belle.
Je l'ai vu jouée sur scène il y a 3 ans (déjà! ca file un coup de vieux...) et j'ai tout autant aimé.

Du coup, pour vous montrer à quel point c'est beau et parce que je suis généreuse, je vous mets quelques extrait.


  • Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent au cartes. Le Prologue se détache et s'avance.

    • LE PROLOGUE
    Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout-à-l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aime vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu'elle s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir.

    Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l'heureuse Ismène, c'est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d'Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus jolie qu'Antigone, et puis un soir, un soir de bal où il n'avait dansé qu'avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone, qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et lui a demandé d'être sa femme. Personne n'a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit 'oui' avec un petit sourire triste... L'orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà,maintenant, lui, il allait être le mari d'Antigone. Il ne savait pas qu'il ne devrait jamais exister de mari d'Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.

    Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c'est Créon. C'est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d'Œdipe, quand il n'était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place.

    Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s'il n'est pas vain de conduire les hommes. Si cela n'est pas un office sordide qu'on doit laisser à d'autres, plus frustes... Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.

    La vieille dame qui tricote, à coté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c'est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d'aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.

    Ce garçon pâle, là-bas, qui rêve adossé au mur, c'est le Messager. C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres... Il sait déjà...

    Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leur chapeau sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l'heure. Ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et satisfaits d'eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu'à ce qu'un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l'arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.

    Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d'Œdipe, Etéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Etéocle, l'aîné, au terme de la première année de pouvoir ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagné à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts, et Créon, le roi a ordonné qu'à Etéocle, le bon frère, il serait fait d'imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.

J'aime cette façon dont on nous annonce dès le début de la pièce quelle va être la trame et comment elle va se finir. De toute façon, comme c'est une tragédie, on sait bien qu'un beau "happy end" est impossible. Mais je trouve que la "cruauté" avec laquelle le prologue nous l'annonce est géniale.
On débarque dans l'histoire en sachant très bien que Antigone, Hémon et la reine vont mourir. Il ne reste plus qu'à découvrir comment...

Cette pièce a vraiment des tas de beaux moments, de très belles citations... En fait, j'aurais bien envie de balancer toute la pièce ici mais, question relou de droits d'auteurs et tout, je peux pas. Etrange, hein?

Je ne peux donc que vivement vous conseiller de lire cette pièce. Puis si vous aimez, allez la voir sur scène. Bien jouée elle est magnifique.

En attendant, je vous balance un autre extrait:



  • CRÉON, sourdement. - Eh bien, oui, j'ai peur d'être obligé de te faire tuer si tu t'obstines. Et je ne le voudrais pas.

    ANTIGONE - Moi, je ne suis pas obligée de faire ce que je ne voudrais pas! Vous n'auriez pas voulu non plus, peut-être, refuser une tombe à mon frère ? Dites-le donc, que vous ne l'auriez pas voulu ?

    CRÉON - Je te lai dit.

    ANTIGONE - Et vous lavez fait tout de même. Et maintenant, vous allez me faire tuer sans le vouloir. Et c'est cela, être roi !

    CRÉON - Oui, c'est cela !

    ANTIGONE - Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont fait aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine.

    CRÉON - Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c'est assez payé pour que l'ordre règne dans Thèbes. Mon fils t'aime. Ne m'oblige pas à payer avec toi encore. J'ai assez payé.

    ANTIGONE - Non. Vous avez dit « oui ». Vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant !

    CRÉON, la secoue soudain, hors de lui. - Mais, bon Dieu ! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! J'ai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu'il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu'il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l'eau de toutes parts, c'est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballotte. L'équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu'à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d'eau douce, pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce quelles ne pensent qu'à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors, qu'on a le temps de faire le raffiné, de savoir s'il faut dire « oui » ou « non », de se demander s'il ne faudra pas payer trop cher un jour, et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d'eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s'avance. Dans le tas ! Cela n'a pas de nom. C'est comme la vague qui vient de s'abattre sur le pont devant vous; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe devant le groupe n'a pas de nom. C'était peut-être celui qui t'avait donné du feu en souriant la veille. Il n'a plus de nom. Et toi non plus tu n'as plus de nom, cramponné à la barre. Il n'y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela ?

Toussa pour dire que c'est trop bien quoi.
bourrinos
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Au théatre ce soir: Rideau sur une pièce ou un spectacle...

Message par bourrinos »

Il n'y a pas que le cinéma dans la vie, y'a aussi le théâtre! Vous êtes allé faire un tour dans un théâtre récemment, ou même directement sur les planches? Vous voulez faire partager une pièce qui vous a intéressé, ému ou fait chier? Bah faut le dire :mrgreen:
Il ne s'agit pas spécialement de parler d'une œuvre ou d'un spectacle en particulier, mais plutôt d'une mise en scène, d'un texte que vous avez (re)découvert en le voyant joué sur scène: Faut en faire profiter, c'est bien le théâtre !

Perso, je dois avouer que je suis un puriste: le texte, tout le texte, rien que le texte. Parfois, c'est énervant de voir des acteurs qui cabotinent, qui courent partout sans raisons, qui se jettent par terre ou qui hurlent (qui a dit "la troupe de la Comédie Française? :siffle:), mais bon, la mise en scène est ce qu'elle est, et on peut l'adorer aussi.

Tout le monde à sa place ici, hein, ce n'est pas juste du théâtre de Molière dont il est question. Je me lance avec 2 pièces que j'ai vu récemment. En ce qui concerne les salles et les troupes, précisez les si vous en avez envie.

Les Bonnes de Jean Genet

L'histoire

Solange et Claire sont deux sœurs et sont les bonnes (= servantes, hein :mrgreen: ) d'une riche bourgeoise ("Madame"). Elles ont une relation étrange entre elles, presque homosexuelle incestueuse, et, pour des raisons peu évidentes (bien que la jalousie soit suggérée), Claire a fait faussement accuser "Monsieur", l'amant de sa patronne, et l'envoie au bagne. Pour se protéger d'être découvertes, les deux sœurs envisagent de tuer Madame...

Commentaire

Le texte est déjà très étrange, la situation ambiguë et les personnages pas très identifiables, mais en plus, la représentation que j'ai pu en voir nous gratifiait d'un élément supplémentaire: les trois rôles principaux (féminins, donc) étaient tenus par des hommes, qui ont joué tout le texte vêtu d'un simple caleçon (presque à poil, quoi). Ajoutez à cela une homosexualité vraiment surjouée, des "gags de gays" lourds et des acteurs un peu gueulards, le tout dans une petite salle (30 personnes, maximum) cela faisait beaucoup...Un moment, un des acteurs m'a lancé un regard bien vicieux en foutant sa main dans son caleçon, il m'a presque fait peur... De mémoire, je crois que Genet souhaitait que la pièce soit jouée par des hommes, mais le fait que ce soit surjoué à ce point dérange un peu quand même, on ne sait pas/plus ce que "voulait dire" le texte initial de l'auteur...

Le Misanthrope de Molière

L'histoire

Alceste ne supporte pas l'hypocrisie que les convenances et les habitudes imposent aux gens qui l'entourent, à commencer par celle de la femme qu'il aime, Célimène. En effet, elle dresse de chacun des portraits agressifs de tous les gens qu'elle rencontre, lorsqu'il ne se trouvent pas dans son salon, bien sûr. Mais Alceste est-il vraiment lui-même le "bon" personnage de la pièce?

Commentaire

J'ai vu la représentation de la Comédie Française, de passage à Lyon, aux théâtre des Celestins...Bon, comme je le précise dans le texte d'introduction du topic, la Comédie Française à une fâcheuse tendance à en rajouter des tonnes de tonnes, et cela n'a évidemment pas loupé: et vas-y que ça court, que ça se jette, que ça s'embrasse. Les effets "comiques" faciles reviennent constamment, mais bon, le texte est toujours aussi bon, et il faut avouer qu'il est bien joué, qu'il est bien dit, donc ce fût très agréable. Niveau décor, c'est minimal: deux tabourets pour s'asseoir (oui, et se jeter et sauter dessus aussi :mrgreen: ), mais finalement, c'est une bonne chose: le texte mes amis, rien que le texte!

Edit: oups, désolé, je l'avais loupé, pourtant, j'avais cherché :boulay2: , topic à supprimer, donc, et désolé du dérangement :mrgreen:
Dernière modification par bourrinos le sam. 23 févr. 2008, 14:55, modifié 2 fois.
http://one.piece.trad.free.fr/ : Nouvelle adresse, même qualité

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Re: Au théatre ce soir: Rideau sur une pièce ou un spectacle...

Message par COCOTOUCH »

iori
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Re: Au théatre ce soir: Rideau sur une pièce ou un spectacle...

Message par iori »

enfin c'est pas perdu tu vas pouvoir uper l'autre topic et recycler ce post que je ne saurais voir

heuu ce post qui est mal placé ^^' (par contre c'est drôle parce que ton titre/jeu de mot fait très gutsien (en un peu moins compliqué que celui qu'il a fait pour le topic théâtre mais on reste dans l'esprit)


c'est beau de voir des gens qui planchent (à voile ^^') sur leur sujet avant de le poster (nan mais c'est vrai moi quand je prends 5 minutes pour faire un post je trouve que c'est beaucoup donc chapeau les gens qui font des vrais posts!)


Bon up \o/
Rilakkuma
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Re: [Théâtre] Prenons notre pied aux planches !

Message par Rilakkuma »

"Fusion" no jutsu!

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Mais c'est bien parce que ton topic, bourrinos, est bien développé( d'accord avec Iori :good: ), que le titre de celui de Guts rendan n'est pas évident à saisir ( d'accord avec Iori :siffle: ) et que d'ordinaire je suis clémente, pas toujours, mais aujourd'hui si ( :trans: ). En effet, la technique de "Fusion" ne sera pas systématique (car ça requiert vraiment trop de chakras).

Je comptais rédiger quelques lignes sur L'oiseau bleu de Maurice Maeterlinck, une jolie pièce sous forme de conte féérique, mais je suis trop fatiguée pour écrire quoi que ce soit. Et pourtant j'ai essayé. Donc, j'éditerai ce post, peut-être dans le courant de la semaine prochaine.
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DesLife
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Re: [Théâtre] Prenons notre pied aux planches !

Message par DesLife »

Héhé, moi aussi j'iame beaucoup Antigone pyj' ! Mais malheureusement je n'ai jamais eu l'occasion de le voir sur scène, et à lire je trouve la manière de parler d'Antigone très chiante, c'est bête parce que c'ets un peu l'hroïne quoi. :redface: Mais j'aime beaucoup la pièce dans son ensemble.

Récemment (hier en fait) j'ai lu La Guerre de Troie n'aura pas lieu (de Giraudoux ofc) et j'ai vraiment beaucoup aimé. J'ai d'ailleurs pris aussi beaucoup de plaisir à lire certaines des notes de l'auteur, notamment une où il s'insurge du fait que le public n'ait pas compris la fourberie de son personnage d'Ulysse (au contraire, on l'adule), et sa frustration m'a vraiment fait rire. :lol:

Tiens je l'avais pas encore dit mais j'adore ton post Guts. :respect: Quelle éloquence, quelle rhétorique, quel homme ! :razz:

Pour l'instant mes seules expériences de spectateur au théâtre ont été à la troupe théâtrale de mon lycée... la dernière que j'y ai vue est Vol Pone ! Par contre ça fait deux ans qu'ils n'ont fait que des comédies, ils avaient fait la Guerre de Troie il y a trois ans... enfin j'aimerais bien voir une tragédie !

Merci pour ce topic en tout cas. :-)
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DesLife
Jounin
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Re: [Théâtre] Prenons notre pied aux planches !

Message par DesLife »

Je suis allé voir récemment Le Visiteur, d'Eric-Emmanuel Schmitt, interprêté par la troupe de mon lycée... en fait, les 4 acteurs qui jouaient étaient tous de mes amis et ça a démultiplié les émotions que j'ai ressenties. J'ai trouvé cette pièce magnifique, ce vieil homme génial, faiblissant, Freud, dévoré par le cancer, face à sa mort prochaine, face à ses doutes et face à la folie meurtière des hommes... et ce visiteur qui vient tenter de lui redonner goût à la vie.

Pour ceux qui ne connaissent pas la pièce : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Visiteu ... %C3%A2tre)

En sortant de la salle j'avais une sensation de vide, j'étais encore plongé dans la pièce. Il faudra que j'aille le voir, interprêté par une torupe professionnelle. Brref je vais m'empresser de lire la pièce et je vous la recommande à tous. Je détaillerai plus tard si ça vous intéresse.
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