La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Un peu de repos dans ce monde à 200 km/h. Y a-t-il plus grand plaisir que de lire et relire son livre de chevet ? Parle-nous donc ici de tes coups de coeur littéraires, ainsi que de tes BD & Comics favoris.

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Rilakkuma
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Re: La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Message par Rilakkuma »

En voilà une bonne nouvelle. La seule chose que je reproche à ce bouquin, c'est sa traduction fort littérale. Mais ça ne t'empêchera pas de passer de bons moments. Bonne lecture! :good:
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istari
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Re: La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Message par istari »

Symphony a écrit :Je l'ai reçu aujourd'hui ^_^

(Oui après m'être énervé contre la plupart des libraires, je l'ai cherché sur le net, et je l'ai trouvé :p)
Merci du conseil ..
j'ai fais pareil et je l'ai reçu aussi ^^
Pour la peine je me suis pris les Amants du Spoutnik aussi.

Et première impression (je n'ai meme pas encore ouvert le livre) : Il est court !
Le livre est tout petit et c'est même pas écrit petit oO ...
Je trouve ça presque dommage ^^ Ca va se lire trop vite.

Et maintenant Amazon me conseille Kafka sur le rivage
Mais euuuh ...
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Aizen
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Re: La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Message par Aizen »

Effectivement, ça se lit super vite :langue: . Je crois, tout d'abord, que la traduction n'est pas extraordinaire ou du moins trop littéral. En ce qui concerne le bouquin, j'ai toujours un frein vis-à-vis des écrivains qui brisent la barrière entre eux et le lecteur. Dans le cas d'Edogawa c'est sans doute pour ancrer son récit dans plus de réalité, tuer le côté fictionnel de son récit (qui pourrait très bien ne pas l'être, il suffit d'ouvrir le Parisien aujourd'hui en France pour s'en convaincre :lol2: ) mais en tant que lecteur, je n'adhère pas à ce procédé de racolage qui vise à créer une complicité artificielle entre l'écrivain et son lectorat, alors que la puissance d'un récit peut se suffire à elle-même.
Ce point mis à part, c'est un récit d'une grand simplicité scénaristique et sans artifice. L'auteur ne se perd jamais dans ce qu'il souhaite écrire ou établir, et la ligne du récit ne se perd dans aucun méandre superflu. Il y a une mise en avant brut de l'histoire aux dépends de toute enjolivement des scènes décrites. La psychologie monomaniaque du personnage et l'ouverture du récit permet quelques questionnements sur l'art et la place de l'artiste dans la société sur lesquels il serait intéressant de s'attarder.
lebibou
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Re: La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Message par lebibou »

J'ai lu ce livre il y'a peu de temps, en très peu de temps également et j'ai été particulièrement déçu.
Pour un auteur que l'on dit être un maître du polar nippon, j'ai trouvé ça quand même assez fade dans l'ensemble.

Tout d'abord, comme le dit Aizen, Edogawa a tendance à aborder directement le lecteur. Certains auteurs réussissent à bien l'utiliser, dans un contexte très particulier (La tour sombre de Stephen King, notamment dans les derniers tomes, y arrive sans difficulté. Mais c'est un contexte très particulier.) Dans le cas de La bête aveugle, je trouve ça extrêmement maladroit et mal venu.
Tantôt, ça a des allures de racolage pur et simple (ça me donne l'impression qu'Edogawa est à côté de moi en train de me filer des coudes pour me dire : "Eh, eh, t'as vu comme il est bien mon bouquin"), à d'autre moment, ça désamorce complètement une scène et on tombe dans un grotesque improbable surtout le passage où il dit à peu prêt : "Le lecteur n'aura qu'à imaginer une personne en train de mourir." ou quelque chose de cette ordre là. Ça dynamite complètement le rendu de la scène, qui était nickel jusqu'à ce moment. Ça passerait très bien dans un San-Antonio, parce le ton de l'oeuvre s'y prête mais pas dans La bête aveugle.

Cependant, s'il y a une chose que je ne peux pas retirer, c'est la fameuse salle dans la cave. Elle est décrit avec une finesse et une précision charmante.
Mais c'est là où le bât blesse. Cette salle, tout droit sorti de l'imagination d'un Edogawa sous guronzan, est quelque part le seul attrait du livre. J'ai l'impression que l'oeuvre a été écrite pour que Edogawa puisse décrire cette pièce, et non pas que la salle s'inscrive dans l'histoire, pour qu'elle la transcende.
En ressort alors un sentiment de frustration, assez désagréable.

Après, on ne peut pas retirer l'aspect grand-guignolesque de la semence des morceaux de cadavre ou le personnage de l'Aveugle, peut-être trop esquissé pour être réellement passionnant.

On se retrouve au final avec une oeuvre bâtarde, clairsemé de bonnes idées mais dont le mélange ne prend pas.
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Aizen
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Re: La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Message par Aizen »

Le Monde.fr a fait paraître un article aujourd'hui sur son site pour parler de cet auteur et des adaptation ciné qu'il a engendré.
Voici le lien, article assez court :

http://www.lemonde.fr/archives/article/ ... 585_0.html

Article répondant à une critique ciné d'un film venant de sortir et qui est une adaptation de Inju de notre cher Ranpo.
Voici la critique du film "Inju, la bête dans l'ombre" :

http://www.lemonde.fr/archives/article/ ... 584_0.html

P.S : Ne tardez pas à les lire, après quelques jours les articles du Monde deviennent payants ;-) .
Guts Rendan
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Re: La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Message par Guts Rendan »

Le premier est d'une brièveté de compèt'. Le second est assez intéressant et en tout cas très enthousiaste. il m'est avis que le film a du beaucoup plaire à la rédaction du Monde (au moins celle du monde.fr) vu que l'article sur Inju a gardé la Une pendant près d'un tiers de la journée d'hier.

tu m'as devancé, je pensais faire un topic mais en cinéma avec une redirection vers ce topic. ça me semble plus pertinent, vu que ces articles aborde davantage les adaptations ciné ou plutôt le fait que les œuvres d'E. Ranpo présentent des "facilités" à adapter.

Et pour pallier la gratuité éphémère, rien ne vaut un copié/collé (partiel histoire de pas "voler" le journaliste) ;-)
Aizen
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Re: La Bête aveugle, d'Edogawa Ranpo

Message par Aizen »

Entièrement d'accord avec toi en ce qui concerne le premier article que je qualifierai de... sommaire :langue: .
Pour le copier/collé... je vais y songer :siffle: .
En fait ça ne m'était même pas venu à l'esprit :lol: .

Edit : Du coup, je vous les copie ;-) et en intégralité :siffle: .
Edogawa Ranpo, maître du polar japonais

Ce film de Barbet Schroeder constitue la première adaptation cinématographique non japonaise d'un roman d'Edogawa Ranpo. Né en 1894 à Nabari, Hirai Taro choisit comme nom de plume Edogawa Rampo. Ce qui signifie "flânerie au bord des rives du fleuve Edo", mais phonétiquement évoque Edgar Allan Poe qui fut son auteur favori. Considéré comme le père du roman policier japonais, Edogawa Ranpo a écrit une trentaine de romans et de nombreuses nouvelles. L'exercice de la déduction policière s'y frotte au fantastique et au surnaturel. Rampo cultive un goût pour les histoires monstrueuses et macabres dont certaines ont inspiré des cinéastes dont l'univers était proche des visions de l'écrivain. Le dérèglement psychologique, la soumission sexuelle, le naufrage de la raison sous les coups de pulsions irrépressibles sont au coeur de son oeuvre. Les thèmes abordés lui vaudront parfois des ennuis avec la censure.

Ces romans ont fait l'objet d'adaptation pour le cinéma dès les années 1920. Parmi les transpositions les plus réussies, on compte notamment Le Lézard noir, de Kinju Fukasaku (1968). C'est un film aux décors et à l'ambiance pop qui met en scène un voleur joué par un transsexuel. Yukio Mishima, qui avait signé l'adaptation pour le théâtre, y fait une apparition en statue vivante. Dans La Bête aveugle, de Yasuzo Masumura (1969), un sculpteur aveugle séquestre une jeune femme mannequin de mode pour réaliser son chef-d'oeuvre. C'est un huis clos angoissant qui débouche sur une intense relation sadomasochiste culminant par des démembrements réciproques. On peut signaler aussi, la même année, Horrors of Malformed Men, de l'inventif et trop méconnu Teruo Ishii où l'imagerie horrifique est proche d'un certain surréalisme. Plus récemment, en 1999, Gemini, de Shunya Tsukamoto, sera aussi une adaptation d'Edogawa Ranpo. Il faut signaler, en 1994, The Mystery of Rampo, de Rintaro Mayuzumi et Kazuyoshi Okiyama. L'écrivain, qui est l'un des personnages du film, y rencontre sa créature, le détective Kogoro Akeshi.

Jean-François Rauger
"Inju, la bête dans l'ombre" : un thriller déroutant

Thriller peut-être, mais pimenté d'ingrédients sadomasochistes et des giclements générés par les coups de sabre du chambara. Ou bien réflexion sur le cinéma, la confusion entre réalité et fiction, orchestrée par de ludiques mises en abîme. Le nouveau film de Barbet Schroeder est tout cela à la fois, un divertissement voué au trompe-l'oeil.

On y entre par un moment magistral, où la tête d'une geisha préparant du thé roule à terre en projetant du sang sur les murs, bientôt suivie par celle de son amoureux décapité par un samouraï masqué. Le souffle coupé par la beauté de la séquence et par sa violence baroque, nous sommes ainsi initiés d'emblée à l'univers de l'écrivain Shundei Oe, auteur de best-sellers japonais. Un romancier adulé, maître dans l'art de la manipulation, qui se cache des médias, et jubile d'écrire des histoires où le mal triomphe, de décrire des situations sordides, des intrigues baignant dans le sexe et la terreur dont les héros sont des pervers.

Figurez-vous que, fasciné par l'oeuvre de cet écrivain amoral, un dénommé Alex Fayard (Benoît Magimel) se pique d'écrire des romans à la manière de Shundei Oe, et, usurpateur inconscient, de venir faire le fanfaron au Japon en dépit des mystérieux avertissements qui lui ont été adressés. Le bridé plagié va lui mener la vie dure, être suspecté d'être lui-même un serial-killer. Ensorcelé par une belle geisha nommée Tamao qui lui a confié sa détresse, Alex Fayard entreprend de délivrer la belle des tourments physiques et moraux que lui inflige un ancien amant, qui pourrait bien être Shundei Oe lui-même. Quoique...

PERVERSITÉ SEXUELLE

Délassant, ce film n'en finit pas de dérouter le spectateur, assis entre deux chaises. On s'y délecte et s'insurge à la fois d'être cahotés dans un maelström de clichés, de situations de roman à deux sous et de répliques naïves, tour à tour furieux d'être pris pour un imbécile et sidéré par la dextérité avec laquelle le récit s'amuse à brouiller les cartes. Schroeder y mélange les indices qui nous permettraient de savoir s'il nous conte le périple d'Alex, s'il nous promène dans ses fantasmes, si la duplice Tamao est victime ou complice de son tortionnaire, et quelle est sa propre démarche, si elle se situe du côté du réel ou de la fiction...

Tout, dans le film, est à double sens. Le titre, Inju, qui désigne la bête qui sommeille en chacun, à la fois endormie et prête à bondir. Le romancier japonais, Shundei Oe, qui est l'illustration fictive d'un véritable auteur, Edogawa Ranpo, considéré comme l'inventeur de la littérature policière japonaise, auteur d'intrigues à suspense plongeant dans les méandres de la perversité sexuelle. Le film est d'ailleurs adapté d'un roman de Ranpo nommé... Inju. Et le personnage mythique de la geisha, dont il est dit que sa raison d'être est de "plonger celui qui la regarde dans un monde de fiction".

La facture du film est superbe, peaufinée de façon à faire naître, dit l'auteur, "une splendeur de labyrinthe", et suffisamment documentée pour que tout ce qui touche au quartier de Gion, aux costumes et aux gestes de la manipulatrice, soit culturellement inattaquable. Scénario à chausse-trapes, Inju convoque une série d'avatars : Fayard l'innocent comme double de Shundei Oe le ténébreux, Tamao comme courtisane et courtisée, douce aimante et adepte du bondage, femme espionnée et femme piège... pour ne pas en dire plus.

Ce qui se savoure un temps avec le recul de qui n'est pas dupe, comme si l'on suivait les aventures obscures d'un Tintin à Kyoto, se clôt par une cascade de rebondissements qu'il faut accepter comme une délicieuse malice, à condition d'être amateur de feuilletons populaires, filmés avec maestria.

Film français de Barbet Schroeder avec Benoît Magimel, Lika Minamoto. (1 h 45.)

Jean-Luc Douin
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