[BD] Les aventures de Moomin, de Tove Jansson
Publié : mar. 12 févr. 2008, 23:12
Le premier volume édité par le Petit lézard, et intitulé "Moomin et les brigands", regroupe les aventures d'une drôle de famille créée par la facétieuse Tove Jansson, lesquelles, à la base, furent publiées sous forme de Comic strip durant les année 50 dans le journal London evening news. D'après le site du Petit lézard, un éditeur génial (il l'est forcément pour avoir édité Moomin) dérivé de l'édition Lézard noir (un nom Ranpo-esque) spécialisé dans les traductions de livres japonais, la série Moomin comportera trois volumes au total, et le second va paraître ce mois-ci (Février).
Moomin est aussi populaire en Finlande qu'au Japon, où les produits dérivés foisonnent parmi les étalages des magasins, ils sont aussi nombreux que ceux de Totoro, et il n'est pas rare que le bol de riz, l'assiette et le bavoir des enfants japonais soient à l'effigie de Moomin, le petit troll trop kawaii.
Moomin est un peu connu en France, principalement de ceux qui suivaient le dessin animé diffusé autrefois sur France 3 (je crois) dont les couleurs mièvres du paysage bucolique rendaient à la série animée une ambiance douce et enfantine. Même si je garde un vague souvenir de l'histoire, les moomins m'évoquent beaucoup de tendresse et de rêverie, avec le vent et la vallée sous le ciel bleu. Et les nuages qui ouvrent le générique chanté par Amélie Morin.
En lisant cette BD, ce fût une belle surprise pour moi de découvrir à nouveau la famille Moomin réunie dans leur environnement original, au milieu de cette faune particulière et cette flore nordique dont les traits me rappellent légèrement ceux de "Dominic" de William Steig, la sobriété en plus.
Moomin est gentil, peut-être un peu trop gentil car il ne sait pas dire non aux gens. Alors, lorsque des invités débarquent en masse chez lui, il les accueille tous sans rechigner car sa maison est ouverte à tout le monde, il ne ferme jamais la porte à clef, même la nuit dit-on. Toutefois, il aimerait que ses invités s'en aillent, parce qu'il trouve que dormir sur le hamac à l'extérieur alors que son lit à l'intérieur est occupé par un autre, c'est une situation bien embarrassante. A l'aide de son ami Sniff, il va élaborer plusieurs tentatives afin de faire partir ses invités envahissants, pour retrouver enfin le calme de sa maison, et son lit surtout.
A l'issue d'une tentative radicale et d'une aventure rocambolesque, il rencontre la coquette Mademoiselle Snork en pleine détresse sur le rivage, il la sauve du vilain crustacé qui pinçait sa queue, la belle conquise ne le quittera plus, même si elle succombe facilement au charme de chaque homme viril qu'elle croise, son infidélité n'est que passagère et Moomin, fou de jalousie mais plein de bravoure, réussit toujours à la reconquérir en lui offrant des robes et des bijoux, ou tout simplement par des paroles de réconfort et par son côté romantique, ses actes héroïques. Oui, enfin, quoi que l'on dise, son Moomin, elle l'aime beaucoup, et puis c'est tout.
Dans la seconde aventure, Moomin éprouve le sentiment d'abandon et de solitude. Il enfile son maillot de bain et décide de se noyer. Flottant sur l'eau comme Ophélie, il rencontre Papa Moomin et Maman Moomin sur leur barque, et avec eux, il débute une nouvelle vie en famille. Papa Moomin porte un chapeau haut de forme et se ballade avec une canne. Souvent perché sur l'arbre planté au milieu du salon, il rêve d'aventure palpitante, d'une vie plus exaltante. Il aime le whisky, se faire passer tantôt pour un aventurier pour impressionner un baroudeur, tantôt pour un noble à la côte d'azur pour discuter avec le marquis en buvant du champagne au milieu des roses, et naviguer en pleine tempête au clair de Lune.
Maman Moomin, vêtue d'un tablier et munie de son inséparable sac à main, incarne la sagesse et la bienveillance maternelle. Malgré son attachement à la vie paisible d'une famille de classe moyenne, elle n'hésite pas à accompagner Papa Moomin dans ses folles aventures, ou ses mésaventures qui se terminent toujours bien. Sous son apparence calme d'une Maman docile qui approuve les idées saugrenues de son mari par un "oui, chéri", elle abrite l'âme d'une rêveuse, à l'instar de son fils Moomin qui ne demande qu'à mener une vie tranquille, planter des patates et rêver, elle aime cultiver son jardin comme une vaste jungle dans laquelle elle voudrait se perdre. Elle émet des réflexions qui la font passer pour une excentrique et bizarre aux yeux de sa voisine alors que c'est juste une rêveuse... Elle est un peu la "Morticia Addams" de la famille bien qu'elle soit d'un style opposé.
Maman Moomin, c'est clairement mon personnage préféré.
Leur voisinage les qualifie de "famille bizarre", et pourtant on croise des êtres tout aussi bizarres qu'eux au fil des aventures, ils deviennent rapidement leurs amis. Il y a le baroudeur Snufkin qui joue de l'accordéon en fumant une pipe, il a beaucoup voyagé et ce qu'il retient du monde c'est du bruit et de la misère; Mymlan, la fille au coeur d'artichaut enlevée par des pirates qui a plein de petites soeurs dont Petite May, une chipie qui s'accoutumera à la famille Moomin et inversément, malgré ses bêtises. Et il y a des hatifnates, des créatures minuscules qui gesticulent dans tous les sens, leur présence par contre est indésirable.
Dernièrement, cette bd a reçu le prix du patrimoine au festival d'Angoulême. Bon, pour le mot de la fin, je ne sais pas trop quoi dire, je t'invite juste à découvrir Moomin sans plus tarder. (du moins y jeter un coup d'oeil furtif dans les magasins de BD...)
Les images proviennent du premier volume, n'ayant pas de scanner à portée de main, j'ai pris des photos.