Sang et cendres

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Tayuya a écrit :Et la fin... nom de dieu... c'est vraiment horrible. Ce sarcasme désolé c'est... gerbant
C'est-y pas beau quelqu'un qui réussit à se faire cordialement détesté rien qu'avec un petit commentaire de rien du tout? ^ ^

Vous le savez déjà mais je vous aime tous :bizou:

Vos commentaires font toujours autant plaisir ^ ^. Je voulais écrire ce flash-back depuis presque le début de la fic mais c'est une partie un peu difficile et heureusement que j'ai pu accumulé un petit peu d'expérience avant de m'y mettre.
C'était un peu moins glauque dans ma tête. Bien que pas tellement à la réflexion, disons... moins explicite
Tu vas voir ça, si tu continues comme ça on va finir dépressives à deux... ou alors ils faut former le club des gens Définitivement Déprimés Par Le Destin Tragique De Teshiro... ça t'amuse de traumatiser les lecteurs ?
Que dois-je répondre à cela?
Que je suis flattée...? Euh ce serait peut-être un peu de mauvais goût
Et oui j'adore traumatiser mon entourage mais sur ce coup là je me suis un peu traumatisée moi-même, ce qui est tout de même un poil déconcertant.

L'humour va refaire son apparition dans le prochain chapitre, pas trop tôt... Avec mon ami Gai, mon copain Musachi et le reste de la clique. Bon, on ne quittera pas le dark pour autant mais je pense que je peux difficillement aller plus bas pour l'instant.
Arakasi, je pense qu'il vaut mieux d'écrire un one-shot gai ou drôle pour
changer un peu.
Dis, tu ne voudrais pas écrire une histoire avec des chiots tous poillus et mignons, et la maman-oiseau qui arrive pour chasser le chat à temps, pour changer ?
C'est une idée :lol:
Et aprés c'est les chiots tout poilus et mignons qui gobent par accident les oisillons tout euh... plumeux avant de crever d'indigestion?

Je me demande si je ne vais pas récidiver avec un OS Urahara/Yoruichi ...
Et non cela ne frise pas l'obsession ^ ^ mais chacun se réconforte comme il peut et ce n'est pas ma faute si c'est deux là me remontent le moral. Ecrire sur ce couple me détend, je ne sais pas pourquoi. 8-)

Oh et désolée pour les fautes :oops:
J'avoue que les deux heures de relecture me pésent pas mal si il y en a de particuliérement choquantes, n'hésitez pas à me le faire remarquer.
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lebibou
Sannin
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Message par lebibou »

Je m'étais mis ce chapitre de côté, pretextant que je ne le lirai pas tant que je n'aurai pas fini mon propre chapitre. Etant presque arrivé à la fin du mien, je me suis autorisé un petit écart.
Allez, juste les premiers paragraphes pour voir de quoi ça parle. Puis tant qu'on y est le paragraphe suivant pour voir ce que ça donne.
Bref… 

Je te l'ai peut-être déjà dit mais ça me fait beaucoup pensé à l'Habitant de l'infini.
L'histoire n'est pas gore parce qu'elle veut être gore, elle est gore parce que ça s'intègre parfaitement au récit. Tout comme dans l'habitant de l'infini.

Vie brisée ? Mais ne le sont elles pas tous dans cette histoire. Chacun porte sa croix et un peu de celle de l'autre. Il n'y en a qu'un seul qui se permet de la faire léviter, c'est Ohira.
Soit dit en passant, le méchant récurent de l'histoire ce n'est pas Ohira. C'est l'Homme en général.
Vision assez pessimiste d'un monde glauque par nature.
Tristesse mêlée encore et toujours au sang.
Descente aux enfers d'un homme qui en était sorti.
Très bien écrit tout simplement.
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Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Bon, ça va faire un certain temps que je n'avais pas posté mais j'ai beaucoup de circonstances atténuantes, si, si! Je vous assure.
Entre autres: ordi en rade, beaucoup de déplacement et acquisitions simmultannées de la 2e saison de Desperate Housewives et de la 4e de 24h chrono (comment ça c'est pas des bonnes excuses?! :roll: )

Nouveau chapitre où l'on commet des petites lâchetés, l'on mâche des pierres et shoote dans les poubelles.

Bonne lecture, msieurs'dames!


* * * * * * * * * * * * * *


CH21 : Des murmures dans la nuit.



Les étoiles brillaient haut dans le ciel nocturne, myriade de lucioles gratifiant de leur froide lumière le plateau au sol gelé et la végétation rachitique qui le couvrait. Vision d’une beauté étrange, un peu triste, un peu morbide mais belle tout de même. Les nuages sombres qui avaient obscurci l’après-midi, avaient fui vers l’Est en début de soirée et n’étaient plus à présent qu’un mauvais souvenir.
« Je suis revenu. »
Les mots flottèrent un instant dans l’air glacé, avant de s’évanouir, happés par le silence environnant. Le cri d’un oiseau de nuit résonna loin, très loin au dessus du sol, réduit à un faible gémissement perçant par la distance. Les oiseaux ne s’aventuraient pas dans ces territoires glacés, jamais au point d’effleurer dans leur vol la cime des quelques arbres qui daignaient y pousser.
Ils avaient leurs raisons pour cela.
« Je… suis… revenu.»
Pieds bien écartés, mains appuyées sur les hanches dans une pose un peu théâtrale, Ohira éleva un regard souriant vers le firmament. Les yeux gris parurent un instant refléter l’éclat blafard des étoiles avant de se détourner, balayant lentement les lieux.
« … revenu. » répéta-t-il dans un murmure, tendant l’oreille aux faibles échos qu’éveillait ce mot dans son esprit, goûtant sa saveur si particulière, douceur et amertume entremêlées. Rehaussées d’une pointe d’ironie. Un mot qu’il ne s’était guère attendu à s’entendre prononcer, du moins pas avant des années, voire peut-être bien davantage. Mais ses pas l’avaient finalement ramené en ces lieux, peut-être les seuls qu’il soit capable de considérer comme un « chez-lui » ; non pas une demeure mais un endroit où il pouvait s’arrêter un instant, le temps d’une pensée, le temps de se souvenir.
Le sourire moqueur qui flottait en permanence sur ses lèvres vacilla et disparut. Une ombre glissa sur le visage dur à nouveau dressé vers le ciel. Un bref instant, si bref qu’un éventuel témoin aurait peiné à s’en apercevoir, les traits de l’homme faiblement éclairés semblèrent s’adoucir, perdre un peu de leur calme cruauté. Il éleva la main, s’en frotta distraitement la nuque d’un geste songeur, un peu las. La ramena devant son visage pour y étouffer un bâillement.
Un instant, il parut presque humain.
Un instant.
Puis Ohira gloussa et l’illusion se dissipa.
Un léger haussement d’épaule chassa la brume de souvenirs et il reprit son chemin à grands pas silencieux, un rire muet secouant ses épaules, tournant en dérision ce qui aurait pu presque passer pour une démonstration de sentimentalisme déplacée.
Les lumières du feu de camp s’étaient depuis longtemps évanouies derrière lui. Il s’était éloigné à dessein : les ronflements des hommes, leur grognements et leur proximité grouillante réveillaient ses instincts de prédateur. Ses sens en étaient brouillés et il n’avait ni le temps, ni l’intention de se livrer à un massacre général.
La tentation avait pourtant été forte et seul un contrôle de soi particulièrement rigide l’avait empêché d’en arriver à cette extrémité : ces sombres imbéciles avaient laissé échapper la gamine. Une adolescente d’à peine quinze ans, attachée et à moitié morte de faim et de fatigue ! Il s’étonnait qu’un de ces pleutres ait eu assez de tripes pour oser passer à l’acte et tenter une trahison. Lui-même aurait du en toute logique lui faire payer chèrement son audace et exécuter par la même occasion quelques uns de ses compagnons à titre d’exemple.
Il n’en avait rien fait.
Avait à peine élevé la voix pour commenter la disparition de la jeune fille.
Etrangement, la peur au fond des yeux des mercenaires en avait été décuplée. Aucun d’eux n’avait deviné ses raisons d’agir ainsi. Comment l’auraient-ils pu ? Les hommes sont parfois si prévisibles, dans leurs craintes comme dans leurs désirs…


« Seuls… Ils nous ont laissés… seuls…»


Ohira se figea, tous ses sens en éveil, ses yeux mi-clos fouillant les ténèbres. Un vent léger inexistant quelques secondes auparavant soufflait à présent sur la roche aride. Et ce vent charriait des murmures, des sanglots étouffés, râles presque inaudibles mais emplis d’une sombre tristesse se glissant entre deux bourrasques.


« Pas le droit… pas le DROIT… Pas NOUS… »


L’homme immobile esquissa un sourire un peu méprisant avant de s’avancer vers un amas de rocher fracassés qu’il avait failli ignorer, plongé dans ses réflexions. Il lâcha un ricanement. Des lamentations ! Encore et toujours. A croire qu’ils ne sont plus capables d’émettre quoi que ce soit d’autre. Quelle pitié…
Les chuchotement devinrent de plus en plus audibles et quand il s’immobilisa au pied de l’amoncellement rocheux, il pouvait presque y distinguer des phrases entières.


« Comment ont-il osé ? Comment… ? NOUS qui FÛMES… qui SOMMES… »


Ohira chassa d’un haussement d’épaules agacé les gémissements aigus qui lui transperçaient le crâne. L’entrée sombre d’une grotte se dessinait dans la pénombre, s’enfonçant au cœur de la roche dans les entrailles gelées de la terre. Arrivé sous son porche, le rôdeur nocturne cessa soudain sa progression, le regard fixé sur le sol humide qu’il foulait.
Les yeux gris s’écarquillèrent, incrédules. Un rire où se disputaient le ravissement et la surprise lui échappa.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, quelqu’un semblait bel et bien être arrivé avant lui. Et il avait une petite idée sur l’identité de l’intrus.
Eh bien, eh bien…En voilà une surprise ! Et moi qui commençait à craindre de m’ennuyer…


* * * * * * * * * * * * * * * *



Des voix résonnaient autour de lui.
Des voix d’hommes et de femmes, irritées pour la plupart, inquiètes ou courroucées qui s’entrecroisaient au dessus de sa tête, s’invectivant furieusement. Un femme aboya un ordre. Un homme marmonna des blasphèmes. Des formes floues s’agitaient derrière ses paupières closes. Les membres lourds, la crâne douloureux, il tenta sans conviction de trouver un sens aux sons qu’il percevait. Sans résultat. Ses pensées le fuyaient obstinément, se dissimulant craintivement dans les méandres douteux de son cerveau, soldats terrifiés désertant le champ de bataille dévasté.
Je devrais être mort.
Une constatation amère sur un état des faits qu’il ne pouvait espérer changer. Pas tout de suite. Un brusque accès de colère suivit, absurde et violent : contre lui-même, trop faible ou trop indécis pour porter de sa propre main le coup final, et contre son adversaire qui avait négligé de terminer proprement le travail. Il avait pourtant fait en sorte de lui faciliter la tâche. Avait voulu mourir, pouvoir enfin lâcher prise. Sa première décision prise en toute liberté depuis si longtemps. Et on la lui avait déniée.
C’était injuste, tellement injuste.
Tellement…
Une voix au timbre sec et autoritaire chassa brusquement ses pensées, le forçant sans douceur à reprendre pied dans la réalité :
« Il est éveillé.
- Hokage-sama ? Vous êtes sûre… ? Il parait…
- La ferme. Je suis médic, merde ! Je sais reconnaître quand un homme simule l’inconscience ou quand il se paie ma tête. VOUS ! Ouvrez moi les yeux immédiatement ou je vous flanque par terre moi-même. Je n’en éprouverai aucun remord et dans votre état, je vous jure que vous le regretterez amèrement. »
Teshiro s’exécuta docilement. Fixa une portion de plafond grisâtre, éclairé chichement par une ampoule dénudée fixée à une cloison. Un pâle visage de femme se pencha sur lui, encadré de cheveux noirs coupés mi-longs. De grands yeux sombres au regard plus perplexe qu’agressif, surplombés de sourcils bruns légèrement froncés. Le souffle lui manqua. Une bouffée d’espoir, si stupidement humaine.
« Kisura… ? » murmura-t-il.
Le visage fin se durcit.
« Je ne pense pas, non. » répondit la jeune femme.
Et effectivement ce n’était ni la voix de Kisura, ni son visage. Juste une vague ressemblance sans plus, une illusion surgie du passé. Il n’en éprouva pas moins un pincement de cœur quand elle se recula. Il se redressa un peu en la suivant des yeux et fut bien forcé de constater la présence d’une demi-douzaine d’autres personnes dans la pièce. Et aucune ne semblait dotée de pensées amènes à son égard.
« Savez-vous où vous êtes ? »
La voix sèche et incisive encore. Elle appartenait à une autre femme, aux longs cheveux blonds et au visage crispé semblable à un ciel d’orage. Teshiro songea qu’elle devait probablement être belle mais il n’était plus à même de juger réellement ces choses-là, ni d’y accorder une quelconque importance.
« Répondez. Je vous ai demandé si vous saviez où vous vous trouviez. Répondez immédiatement ou il vous en cuira. »
Non, il ne savait pas.
Et pour tout dire, il s’en moquait. Le ninja blessé se contenta donc de dévisager son interlocutrice d’un œil bovin.
Celle-ci réprima un mouvement de colère. La jeune médic aux cheveux sombres esquissa un vague geste d’apaisement et fut repoussée sans ménagement. Un shinobi de haute taille marmonna énergiquement dans sa barbe, exigeant qu’on le laisse mener l’interrogatoire de cette ordure, ce qui était tout à fait son droit en tant que meilleur rival auto proclamé de la victime et que… L’homme fut réduit au silence par ses compagnons. Le regard de Teshiro glissa d’un coin à l’autre de la pièce, une chambre d’hôpital semblait-il, si l’on se fiait au sol blanc et carrelé et au mobilier réduit au stricte minimum. Tous les yeux étaient fixés sur lui, froids et dénués de toute compassion, si l’on exceptait ceux d’un homme vautré sur l’encadrement de la fenêtre qui observait avec intérêt la rue en contrebas, une pipe fumante à la main, un masque de chat rejeté sur la nuque.
Il se surprit à chercher distraitement l’homme aux cheveux gris qu’il avait affronté prés des ruines d’Hashika. Ne le trouva pas. Se demanda un instant s’il l’avait tué. Etrangement, il en éprouva comme un regret.
La femme blonde changea d’approche.
« Vous êtes à l’hôpital militaire de Konoha où JE me suis occupée personnellement de sauver votre misérable vie, asséna-elle. Savez-vous qui je suis ? »
Oui, Teshiro le savait.
Mais il garda le silence, s’absorbant dans le contemplation du plafond au dessus de sa tête.
« Regardez-moi. Vous êtes un complice de Meiyamoto Ohira. » continua-t-elle.
Une affirmation nette et claire.
L’homme blessé ne nia, ni n’acquiesça. Il commençait à avoir mal maintenant. La douleur se réveillait doucement, envahissant ses membres les uns après les autres. Un épais bandage lui couvrait presque la totalité de la poitrine et des plaies en bonne voie de cicatrisation striaient ses jambes et ses bras.
« Regardez-moi. Vous avez participé à l’enlèvement de trois de nos ninja. Au massacre d’une patrouille d’anbus. Une équipe entière a également été exterminée, il y a plus d’une semaine. On a retrouvé leur corps dans une forêt au sud du village. J’imagine que vous n’y êtes pas étranger. »
Un nouveau silence.
Les ninjas présents échangèrent des regards nerveux. Le géant excité s’était remis à maugréer des phrases sans queue ni tête. L’homme à la fenêtre avait reporté son attention sur l’intérieur de la pièce, l’air vaguement intéressé.
« Vous m’écoutez ? Vous comprenez ce que je vous dis ? Pour ces crimes, vous méritez la mort. Mais bien que cela me donne la nausée, je pourrais envisager de vous éviter l’exécution. Parce que je désire des informations sur Ohira et que vous seul êtes en mesure de me les donner. »
Bien entendu. Il s’en était douté.
Mais ce n’était pas si facile, même si elle l’ignorait, même si tous l’ignoraient. Car révéler ce qu’était Ohira, c’était révéler ce qu’il était lui-même, montrer au grand jour l’effroyable secret. Il s’était cru libre, avait voulu y croire mais savait au fond de lui que cette liberté-là lui était à jamais interdite. Car il était ce qu’il était et ne pourrait jamais rien y changer.
Oh, comme Ohira avait eu raison. Tellement raison.
« Où les a-t-il amenés ? questionnait sans trêve la kage. Que recherche-t-il ? Que peuvent-ils lui apporter ? Vous le savez, je sais que vous le savez. JE VOUS AI DIT DE ME REGARDER ! »
Le fer se tordit sous les mains qui agrippaient le bas du lit, celui-ci crissa sous la pression. Les jounins se mirent brusquement à parler tous en même temps, se coupant mutuellement la parole. La petit chambre sombra en quelques secondes dans un chaos bruyant et braillard.
« Cela ne sert à rien, hokage-sama, tentait de raisonner la jeune médic.
- Je vais m’en occuper, Godaime-sama ! gueulait le jounin surexcité. Laissez-moi seulement…
- Livrez cette ordure à Ibiki ! asséna un autre. Dans deux heures minimum…
- Z’êtes tous cinglés ?! s’indigna l’anbu adossé à la fenêtre, oubliant pour le coup de feindre l’indifférence. Livrez ce type à Ibiki et il lui crèvera entre les bras ! Je ne me suis pas cassé le cul à le sauver pour… »
Et les autres de donner leur propre opinion. Tout ceci en produisant le plus grand vacarme possible.
Un rugissement de lion enragé réussit à rétablir le silence, faisant rentrer quelques têtes prudentes entre deux épaules.
« VOS GUEULES ! TOUS !
- Mais…
- VOUS AUSSI, MUSACHI !
- Oh bon… »
Les yeux flamboyants pivotèrent vers lui:
« Je ne peux vous forcer à parler, grinca-t-elle. Pas plus que je ne peux vous faire torturer. Mais je vous jure que vous parlerez, même si je dois m’y atteler nuits et jours... Des hommes sous ma responsabilité sont en danger par votre faute. Et probablement plus encore… »
Teshiro ne répondit pas.
Que lui importait ? Il désirait simplement un peu de silence, un peu de repos, le temps de calmer le mal de tête tenace qui lui vrillait les tempes, réunir ses idées éparpillées aux quatre vents. Quelques heures de tranquillité, rien de plus mais c’était probablement demander beaucoup trop.
Il ferma les yeux, fuyant les regard accusateurs et lourds de haine qui le cernaient.
Un visage se dessina dans les ténèbres.
Pas celui de Kisura, ni celui de Shonzo.
Pas même celui glacé et railleur d’Ohira.
Un visage d’adolescent aux traits pâles et fatigués, strié de mèches noires désordonnées, aux yeux sombres brûlant de haine et de rage impuissante. Et tout au fond de ces prunelles durcies : une tristesse insondable.
Un gouffre s’ouvrit sous ses pieds, un tourbillon sombre et glacé qui menaçait de l’engloutir, de l’attirer vers ce regard sans fond, de l’y noyer. Son cœur se tordit dans sa poitrine, réveillant une souffrance ancienne et aiguée. Un autre enfant allait mourir dans peu de temps.
Mais cette fois, ce serait lui qui tiendrait le couteau de l’assassin.
Le précipice s’élargit, dévorant l’espace. Et il commença à glisser. Glisser lentement, inéluctablement vers les abîmes.




Tout cela ne servait à rien.
Musachi en avait eu la certitude dés la première seconde où les yeux morts du prisonnier s’étaient posés sur la kage. Autant tenter de démolir un mur à coups de crâne. On n’en récoltait que plaies et bosses, sans réussir à faire vaciller la moindre pierre. Ils ne disposaient d’aucun moyen de pression digne de ce nom, cette scène était donc totalement ridicule. Mais la Godaime l’avait décrétée et même lui n’était pas assez fou pour lui opposer une opinion contraire.
Il n’en pensait pas moins : une satanée perte de temps, voilà ce que c’était ! L’anbu commençait à sérieusement regretter d’avoir cédé aux prières de Kakashi. Le copy ninja n’avait plus les yeux en face des trous quand il l’avait ramassé sur le champ de bataille et il aurait du en prendre compte. Il ne l’avait pas fait, les dieux savaient pour quelle absurde raison, et tout l’état major de Konoha s’obstinait maintenant à interroger un muet dans une pièce qui puait la sueur et la pisse de chat.
« Lei » murmura une voix plate, dépourvue d’intonations.
Le bois lisse de la pipe lui glissa entre les doigts et il la rattrapa avec une malédiction marmonnée, juste avant qu’elle ne se brise sur le sol carrelé. Puis releva une paire d’yeux écarquillés vers le lit trônant au centre de la chambre. Bordel de Dieu, ça parle !
Le regard bleu pâle fixait le vide sans ciller, tandis que l’homme ajoutait doucement :
« Il les a amenés au plateau de Lei. »
Surpris par ce brusque revirement, les jounins restèrent un instant silencieux. Tsunade se redressa, ouvrit la bouche mais fut interrompue avant d’avoir pu sortir un son.
« Y a rien à Lei, laissa tomber Musachi. Un putain de trou perdu aride. Rien que de la caillasse. Pas plus de brins d’herbe que de poils sur le cul du vieux Sandaïme. »
Un certain nombre de regards ulcérés lui firent comprendre que la métaphore était mal choisie. L’officier adressa un sourire aimable à la ronde. Il avait un faible pour ces regards-là mais savait également qu’il ne devait pas trop en abuser, sous peine de se réveiller un de ces jours avec un kunai planté entre les omoplates.
« Fermez-là Musachi, grogna la kage, trop préoccupée pour s’irriter vraiment de l’interruption. Où exactement ? »
L’homme ne la regardait toujours pas mais il haussa vaguement les épaules.
« Une… grotte quelque part… au centre du plateau.
- Quelque part, hein ? gronda Tsunade. Que va-t-il leur faire ?
- Je ne…
- Vous savez ! »
Les yeux délavés se fermèrent à nouveau, comme aveuglés par une lumière trop intense :
« Il va les tuer… Tous les trois. Mais seul Kyubi possède une réelle importance à ses yeux. Les autres ne sont que des outils. Il va les tuer puis il fera bien pire encore… Il libérera les exilés. Il rétablira leur règne. Et ensuite… Ensuite… »
Musachi perplexe vit le visage de l’hokage se décomposer. Les yeux marrons s’élargirent et brillaient un instant d’une terreur incompréhensible. Il fallut quelques secondes à Tsunade pour reprendre le contrôle de ses traits sous les regards consternés et anxieux de ses subordonnés.
« Comment ? demanda-t-elle. Comment Kyubi… ?
- Je ne sais pas. »
Un soupir à peine perceptible. Mensonge ou vérité, ils n’auraient pu en juger mais le prisonnier ne semblait pas disposé à lâcher quoi que ce soit d’autre. Il semblait s’être détaché de la réalité, plongé dans un obscur monde intérieur. Un lieu qui n’avait rien d’agréable si on en jugeait son expression.
L’espace d’un instant, Musachi éprouva une ombre de pitié pour lui.
La kage rompit brusquement la silence.
« Cet interrogatoire est terminé, lâcha-t-elle d’un ton métallique et sans appel. Retournez tous à vos tâches. Jiko. Orime. Shizune. Dans mon bureau. Une expédition doit partir dés cet après-midi. »
Les jounins congédiés se hâtèrent vers la porte, imités moins promptement par Musachi. Une voix sèche le retint alors qu’il s’apprêtait à tirer sa révérence :
« Pas vous, capitaine Usama. Vous nous accompagnez. »
Et merde…
« Et débarrassez vous de cette saloperie puante ou c’est moi qui vous balance par la fenêtre, compris ? »
Musachi abaissa un regard offensé sur sa pipe injustement incriminée, puis après quelques secondes d’intense réflexion, décida que sa sécurité personnelle méritait bien quelques sacrifices et engouffra l’objet de du délit dans sa poche. Ceci fait, il emboîta en soupirant la pas à la kage.




Ils s’étaient tous retirés le laissant seul dans la petite pièce aux murs trop blancs.
Teshiro considéra en silence la porte fermée, le regard fixe, la face plus figée que celle d’une statue. Puis lentement, sans un mot, il se redressa, enfouit son visage entre ses mains et se mit à sangloter.



* * * * * * * * * * * * * * * * *



Gai était inquiet.
Un sentiment qui ne lui était pas naturel, par conséquent légèrement déroutant. Peu de choses arrivaient à inquiéter Maito Gai.
Le leader de l’équipe six était avant tout un optimiste inébranlable persuadé que rien ne pouvait résister à qui possède enthousiasme, force, saine virilité et énergie inépuisable de la flamme de la jeunesse. Gai était également sincèrement convaincu que la jeunesse était une chose extensible que l’on pouvait conserver jusqu’à un âge avancé tant que l’ESPRIT était là. Il se considérait lui-même comme un éternel adolescent (certaines mauvaises langues, dont celle d’un meilleur rival à l’humour désabusé et sarcastique, laissaient également entendre qu’il n’avait toujours pas dépassé les six ans d’âge mental, mais Gai ne s’abaissait pas à répondre à d’aussi basses calomnies).
Des notions qu’il avait, durant toutes ces dernières années, tenté d’inculquer à un Kakashi assez réticent, puis à un trio d’adolescents en pleine crise prépubére. Ses efforts s’étaient soldés par une réussite éblouissante, preuve s’il en était encore besoin que rien ne pouvait faire obstacle au torrent tumultueux de l’enthousiasme juvénile.
Enfin : une quasi-réussite éblouissante.
Lee était le type même de l’adolescent épanoui, Tenten une charmante jeune fille en fleur et après cinq ans de travail d’équipe, Néji réussissait à adresser plus de dix mots d’affilé dans le même journée à ses coéquipiers. L’un dans l’autre, leur affectionné sensei trouvait qu’il n’avait pas mal réussi son coup.
Kakashi était un cas à part.
Kakashi avait toujours été un cas à part.
Il avait de quoi lasser l’optimisme d’à peu prés n’importe qui.
Quatre ans auparavant, le copy ninja avait enfin montré quelques changements positifs. Tancé d’une part par l’administration, de l’autre par Gai débordant d’affectueuse sympathie, il avait fini par accepter de prendre charge une équipe de trois genins. Après avoir rejeté impitoyablement les premiers candidats sous divers prétextes dont celui récurrent qu’ils n’étaient tous que « des petits cons égocentriques » (Gai en avait hurlé de rire. Kakashi était resté imperturbable), il avait fini par adopter trois gosses aussi dissemblables qu’il était possible de l’être. Et il s’y était attaché à ces gamins.
Il les avait aimé. Aimé comme un grand frère bourru et hésitant.
Konoha en avait été sans dessus dessous et tout le monde de s’ébahir, quoique assez discrètement de peur d’attirer l’attention de l’intéressé, sur ce brusque revirement si surprenant de la part d’un asocial confirmé. Musachi avait du en avaler tout net sa précieuse pipe. Gai avait dissimulé sa propre stupeur sous une avalanche de défis tapageurs et de félicitations tout aussi bruyantes.
Un an plus tard, Sasuke avait trahi.
Naruto était parti sur les routes.
Sakura avait été confiée aux bons soins de la kage.
Et Kakashi avait très calmement sombré dans la dépression.
A partir de cet instant, Gai lui-même avait commencé à nourrir certains doutes sur l’équilibre mental chancelant de son ami. Ces trois dernières années, le copy ninja était parti à la dérive, réduisant toute vie sociale au minimum, affichant en toutes circonstances une impassibilité désinvolte que son rival trouvait à peu prés aussi convaincante que les grimaces d’un comédien de fête foraine. Il s’était bien entendu empressé de le faire remarquer et s’était fait remettre à sa place avec une férocité surprenante. Certains sujets semblaient à présent tabous, s’ajoutant à une liste déjà assez imposante. Pas découragé pour un sou, la bête verte de Konoha avait continué à surveiller de son œil félin et vigilant les éventuelles défaillances de Kakashi.
Une semaine auparavant, ses pires inquiétudes s’étaient vu confirmées.
Une hokage vociférante avait convoqué toutes les équipes vacantes dans son bureau pour une mission de renforts d’urgence. L’équipe six était rentrée d’une mission routinière deux jours auparavant et ses membres n’avaient donc qu’une vague idée des récents événements. Une fois mis au courant, Gai avait si bien rugi et tempêté que la Godaime à bout de nerfs l’avait flanqué à la tête des secours, en leur recommandant d’aller tous au diable mais d’en revenir à peu prés intacts, avec si possible Kakashi et le reste de son équipe.
S’en était suivi une course à travers les bois gelés de Konoha, entrecoupée de brèves haltes. Guidés par un énergumène bredouillant, répondant au nom de Hijo qu’ils avaient croisé en cours de route, ils avaient fini par arriver sur les lieux pour y découvrir – première et unique bonne surprise de la journée – Musachi Usama, mains dans les poches et pipe au bec. L’officier anbu avait paru soulagé de leur arrivée et avait aussitôt arboré l’expression de satisfaction mauvaise de qui s’apprête à se décharger d’un poids particulièrement agaçant sur les épaules d’autrui. « Yo Gai. Putain, on peut dire que vous avez pris votre temps ! Vous croyez vraiment qu’on a que ça à foutre de jouer les gardes-malade ? »
L’anbu avait accepté d’assez bonne grâce l’étreinte chaleureuse et musclée de son ancien équipier, lâchant à peine un grognement étouffé sous le choc. « Moi aussi je suis content de te revoir, Gai. Mais tu pourrais pas me lâcher maintenant ? Ma médic commence à nous regarder bizarrement et j’aimerais pas qu’elle se fasse des idées… »
Le jounin l’avait libéré, puis le tenant à bout de bras, mains posées sur les épaules, lui avait demandé comment se portait la fougue de la jeunesse. Musachi avait souri puis ricané. « Elle vient de se faire mettre en pièces sur la colline. Tu veux voir ça ? »



Et Gai avait vu ça.
Et, une fois n’est pas coutume, il s’était trouvé à court de mots.



Le jounin arpentait à présent à vive allure les couloirs de l’hôpital militaire de Konoha, sourcils froncés et regard déterminé. Tourna brusquement à l’angle d’un mur, arrachant un cri de terreur à une jeune infirmière civile, remontant le couloir en sens inverse, les bras chargés d’une pile de draps en équilibre instable. Gai lui adressa un sourire rassurant. La jeune femme lâcha un glapissement horrifié et laissant choir son fardeau, s’enfuit à toutes jambes.
Le grand ninja ne s’en offensa pas, mettant l’incident sur le compte d’une de ces intrigantes et secrètes impulsions inhérentes à la gente féminine, trait de caractère qui rendait toute femme à la fois mystérieuse et si attirante.
Arrivé presque à destination, il ralentit le pas, s’immobilisa devant une porte d’un gris sale laissée entrouverte par une main distraite. Un bruit de bri de verre s’éleva aussitôt de l’intérieur de la chambre, suivi de quelques jurons murmurés avec conviction.
Gai laissa généreusement passer quelques secondes, le temps de laisser le convalescent reprendre une contenance. Il aurait également pu entrer en coup de vent dans la pièce surprenant son meilleur rival si arrogant en temps normal dans une position dégradante ou ridicule, mais s’en abstint. Profiter ainsi de la faiblesse de Kakashi lui semblait indigne de lui.
Ce délai écoulé, il ouvrit énergiquement la porte qui s’en alla rebondir contre le mur, avant de claquer durement contre son coude, gâchant un peu son entrée solennelle. Mais au diable les apparences ! Seul le cri du cœur importait :
« KAKASHI ! BONJOUR ! Très cher rival, mon cœur se réjouit de te voir si bonne mine. Ton prompt rétablissement fait plaisir à voir ! »
L’interpellé risqua un regard méfiant au dessus de la couverture du cinquième tome du « Paradis du batifolage », puis finit par s’arracher un maigre sourire :
« Gai… marmonna-t-il aigrement. Comme c’est… hum… gentil de venir me voir.
- N’est-ce pas ? rayonna l’autre, affectant une surdité parfaite au sarcasme à peine voilé. Franchement qui songerait à venir te voir si je ne le faisais pas, hein ? »
Son regard balaya la pièce, notant au passage plusieurs détails que dans un brusque élan de tact, il renonça à relever à voix haute. Entre autres, les éclats de verre gisant au pied de la table de chevet, vestiges du gobelet que son ami avait fracassé dans sa hâte d’agripper le livre à couverture orange, à l’approche d’un visiteur. Une belle flaque d’eau, où nageait un comprimé à moitié fondu, s’étendait à présent sur le carrelage et menaçait d’aller inonder la moquette du couloir.
L’homme alité suivit le regard du ninja. Toisa d’un air réprobateur la flaque, l’air de se demander ce que diable elle pouvait bien faire là, avant de relever un regard mauvais vers le visiteur, le mettant en défi d’oser le moindre commentaire.
Sans lui prêter attention, Gai traversa la salle et s’assit à son chevet.
« Je suis d’ailleurs le seul à se soucier de ta santé, continua-t-il gaiement. Qui se soucierait d’un atrabilaire nombriliste et agressif et… »
Kakashi grogna puis soupira en écartant son livre de prédilection, dévoilant un visage amaigri. Gai hésita, s’interrompant au milieu d’une tirade pourtant bien démarrée.
Non, il n’avait pas bonne mine.
Le jounin n’avait plus l’air non plus d’un cadavre ambulant, ce qui était sans contexte un net progrès. Son regard avait retrouvé sa clarté et il semblait à nouveau capable de suivre une conversation. Il était également beaucoup plus propre et sentait moins mauvais que lorsque Gai l’avait ramené à Konoha. Le sharingan avait été couvert d’une pièce de tissu sombre, lui évitant de se surmener inutilement. Mais ses traits restaient pâles et tendus, la mâchoire contractée et hérissée de poils gris clair (à son réveil le jour précédent, les infirmiers avaient refusé obstinément de le laisser manier un rasoir. Le shinobi excédé avait eu beau les assurer que s’il se mettait en tête de prendre du personnel en otage dans une hasardeuse tentative d’évasion, il pouvait très bien se passer de rasoir, ceux-ci étaient restés insensibles à ses arguments.)
Gai devait se rendre à l’évidence : son meilleur rival n’était pas sorti indemne de cette mission éprouvante, pas plus que des trois sombres années qui l’avait précédée.
Il avait l’air… vieux.
Vieux et fatigué.
Et cette prise de conscience concernant un homme qui n’avait pas dépassé la trentaine mit le jounin mal à l’aise, lui coupant un instant toute inspiration. Il se tu, frottant machinalement ses mains l’une contre l’autre, mais ne baissa pas les yeux pour autant.
« Alors ? demanda sèchement Kakashi.
- Alors quoi ?
- Alors cette opération, bon sang ! S’est-il éveillé ? Est-ce qu’il a dit où ils sont ?
- Ahaaaaaa… »
Gai fit durer le « aaaaa » jusqu’à la limite du supportable, avant de se sentir finalement obligé de donner une réponse un peu plus concrète. Il prit une inspiration circonspecte.
L’œil sombre de son ami se plissa.
Une voix désinvolte s’éleva à l’autre bout de la pièce :
« C’est quoi ce bordel ? Tu as tenté de prendre une douche dans cette chambre ? On se croirait dans un satané bain. Merde. Mes godasses sont trempées. »
Les deux jounins se tournèrent à l’unisson. Gai dédia un sourire éblouissant à l’intrus, Kakashi une vague grimace et un hochement de tête.
Le capitaine anbu se dirigea vers le mur le plus proche, contournant prudemment la flaque d’eau, puis s’y adossa et entreprit de bourrer sa pipe, ignorant royalement le panneau proclamant « Interdiction de fumer » fixé au dessus de sa tête. Cette opération requerrant toute son attention, ce ne fut qu’après l’avoir soigneusement allumée qu’il daigna répondre au salut des deux ninjas.
« Yo Kakashi. Gai. »
Il plissa les yeux à travers la fumée qui s’élevait déjà, abondante et nauséabonde, commenta :
« Tu as une tête de zombie. Ce n’est déjà pas brillant en temps normal mais là vraiment…
- Trop aimable, rétorqua le copy ninja avant d’ajouter à contrecœur : Je… Enfin je pense que je dois te remercier pour… Hum…
- Pas d’effusions, je t’en prie » le coupa Musachi.
Et souriant avec affabilité :
« En ce qui me concerne, je t’aurais bien démoli le crâne contre un tronc d’arbre, histoire de me passer les nerfs sur quelque chose. Mais ma médic m’a assuré que c’était médicalement contre-indiqué et comme je souhaite l’attirer dans mon lit, j’ai préféré ne pas la contrarier. »
Kakashi haussa les sourcils mais un demi-sourire amusé releva un instant le coin de ses lèvres, rappelant les jours de l’équipe sept avant la dissolution. Puis s’effaça aussitôt.
L’œil unique considéra avec intensité les deux hommes, glissant de l’un à l’autre, exigeant une réponse. Musachi adressa un bref regard à Gai, lui signifiant qu’étant le meilleur ami en titre, c’était à lui de se charger de la sale besogne.
Lâcheur, va…
Le jounin brun résuma en quelques mots l’interrogatoire de Teshiro et les révélations fournies par celui-ci. Le regard sombre de son vis-à-vis se mit à briller d’une flamme inquiétante. Dés que son ami fit silence, il commença à s’agiter impatiemment dans son lit.
« Qui dirige cette expédition ?
- Moi, annonça tranquillement Musachi. Elle comprendra les autres membres de mon équipe et peut-être quelques anbus supplémentaires. Et c’est : non. »
Un court silence suivit ses paroles. Gai grimaça et tenta à grands gestes frénétiques et bien peu discrets de persuader l’anbu de modérer son ton et ses paroles. Mais celui-ci, plongé dans l’examen attentif de son tuyau de pipe, ne parut pas les remarquer.
« Non quoi ?
- Non, tu ne nous accompagneras pas. Il y a plusieurs raisons à cela. »
Kakashi inspira bruyamment, une fois, deux fois, le regard luisant dangereusement. Sa voix était calme bien que glacée quand il réussit à émettre :
« Lesquelles ?
- Eh bien… commença Musachi, le regard toujours vissé sur sa pipe, évitant avec entêtement celui de l’autre homme. En premier lieu, Tsunade m’a formellement ordonné de rejeter toute requête de ta part sur ce sujet. Et je ne peux me permettre de désobéir à un ordre direct.
- Je me rappelle un temps où tu n’étais pas si respectueux du règlement, fit remarquer d’un ton neutre Gai, s’insinuant dans la conversation.
- Je partage son avis. »
Un filet froid, métallique s’était glissé dans la voix de l’anbu. L’ami s’était effacé devant l’officier. Mais il ne relevait toujours pas les yeux.
« Kakashi… Tu n’es pas en état de mener une mission. Tu as été très gravement blessé et tu es encore convalescent. Tu serais un fardeau pour l’équipe et je n’ai vraiment pas besoin d’ennuis supplémentaires. Tu as montré également certains… troubles psychologiques, lors de cette dernière mission, si j’en crois ce que m’a dit ce gosse, Hijo. Et je n’ai aucune raison d’en douter. Et enfin… »
Il hésita, fronça les sourcils d’un air contrarié.
Se gratta le menton avec le tuyau de sa pipe, le regard perdu dans le vide.
Gai devina avant même qu’il n’ouvre la bouche ce qu’il s’apprêtait à annoncer, il jeta un coup d’œil à son meilleur rival et su que celui-ci le savait également. Kakashi donnait l’impression de mâcher des pierres, mâchoires serrées à s’en faire éclater les molaires.
« Et enfin… La priorité de cette mission est le meurtre de Meiyamoto Ohira. S’il se trouvait que la vie de tes élèves fasse obstacle à cette priorité… nous nous verrions dans l’obligation de… enfin… de… »




Il l’avait su.
L’avait deviné au moment même où il avait pris conscience que depuis son entrée dans la chambre, Musachi n’avait pas une seule fois croisé franchement son regard. Une petite lâcheté qui ne ressemblait pas au capitaine anbu et qui avait immédiatement éveillé les soupçons de son ancien équipier. Kakashi encaissa donc le choc sans broncher. Il s’y était préparé. Mais cela n’excluait pas la boule de fureur qui lui comprimait à présent la gorge.
A ses côtés, Gai paraissait désemparé. La chose était rare et en toute autre circonstance, Kakashi s’en serait discrètement réjoui. Mais pas aujourd’hui.
Dans un effort presque violent, il réussit à grincer entre ses dents :
« En clair… Si les circonstances s’y prêtent, vous n’hésiterez pas à marcher sur les corps de mes élèves pour atteindre Ohira ? C’est cela ? Causer la mort de trois adolescents qui n’ont pas encore atteint leur majorité ? Sans aucun remord ? Pour obéir aux ordres ? C’est cela, Usama ?»
L’officier releva brusquement les yeux.
Une étincelle de colère y brilla, alors qu’il portait sa pipe à sa bouche et refermait rageusement les mâchoires, faisant claquer le métal contre ses incisives.
« Mais je t’emmerde, Hatake, gronda-t-il. Je t’emmerde. J’ai fait pire que ça. TU as fait pire que ça. Alors ne viens pas me faire la morale sous prétexte qu’il s’agit de tes putains d’élèves. Toutes les vies valent le même prix, à Konoha comme ailleurs. Il n’y a pas d’exception. »
Kakashi allait répliquer vertement mais une voix grave et étrangement posée le devança :
« C’est vrai : toutes les vies ont le même prix, commenta calmement Gai. Mais l’affection et le dévouement d’un maître envers ses élèves sont sacrés. Et ceci, tu auras du mal à le comprendre, Musachi, si tu n’en es pas tout simplement incapable. Tu as toujours refusé de quitter l’anbu pour prendre en charge une équipe de genins, n’est-ce-pas ? »
Oubliant un instant son indignation, le jounin aux cheveux gris battit des paupières, levant un regard un peu ahuri sur son ami. Il aurait pu compter sur les doigts de sa main les fois où il avait vu Gai s’exprimer avec calme et dignité.
Musachi les dévisagea tour à tour. Sa propre colère semblait s’être évaporée aussi vite qu’elle était apparue.
« Tu sais quoi ? Je t’emmerde aussi, Gai. » grogna-t-il.
Puis il leur tourna le dos et ouvrant brusquement la porte, sortit dans le couloir. Un pied sur le seuil, il sembla se raviser, pris peut-être d’un remord. Leur adressa une rictus un peu contrit, souffla un nuage de fumée odorante, ajouta maladroitement :
« Kakashi… Je… Hum… Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour préserver tes élèves. Je ne te promet rien mais je te jure que j’essaierai. »
Possible. Mais rien ne dit que cela suffira.
L’anbu disparut et la petite pièce empestant l’antibiotique, l’alcool et maintenant le tabac de mauvaise qualité, sombra dans le silence.
Au bout de quelques secondes, Gai reprit l’initiative et flanquant une grande claque fraternelle sur l’épaule blessée de son meilleur rival et ami, beugla avec un enthousiasme forcé :
« Courage, ami ! La situation n’est pas encore désespérée ! Reprend du cœur ! »
L’autre chancela et roula des yeux avant de grommeler:
« Bonne idée. A qui ? »
Un certain nombre de tentations se présentèrent aussitôt à lui.
Ohira et Musachi y figuraient en bonne place.




Un petit effort de volonté permit à Musachi de ne pas claquer la porte comme une brute en quittant la salle. Ce n’était pourtant pas l’envie qui lui en manquait. Un vigoureux coup de pied envoya valser une poubelle traînant dans la couloir, projetant généreusement son contenu au quatre coins de la pièce. Compresses usagées, bandages souillés et diverses ordures non identifiées allèrent s’écraser sur les murs, laissant ici et là de larges balafres jaunâtres.
Il se sentit un peu mieux.
Abruti buté de Kakashi. Satané ingrat ! AHA ! Sauvez les gens, vous verrez à quel point ils vous en seront reconnaissants !
Il se surprit à regretter de ne pas avoir succombé à la tentation de cogner une ou deux fois la crâne de Kakashi contre un tronc d’arbre. L’opération n’était peut-être pas médicalement recommandée et elle n’aurait pas forcément suffit à remettre les idées en place au copy ninja ; mais lui-même en aurait éprouvé un soulagement certain.
L’anbu remarqua un éclat de verre logé dans sa semelle, sautilla sur un pied en essayant de l’extraire, tout en jurant copieusement. Il reprit son équilibre, lâcha un soupir agacé.
La suite des événements s’annonçait gratinée.
Une mission où l’on se mettait à dos l’illuminé et le maniaco-dépressif les plus instables de Konoha était forcément une mission qui débutait foutrement mal.
Et pourtant ce n’est pas comme si on manquait de névrosés à Konoha…



* * * * * * * * * * * * * * * * * * *



Les minutes avaient filé, les heures peut-être et ses sanglots s’étaient apaisés.
La gorge douloureuse de larmes qu’il ne pouvait verser, les épaules agitées de tremblements nerveux, il avait fini par réussir à réguler sa respiration affolée. Teshiro se sentait mal, affreusement mal. Mais les sanglots, la rage et la douleur ne servaient à rien. N’avaient jamais servi à rien.
Kisura et son fils étaient partis, l’avaient quitté, tout comme il l’avait craint durant toutes ces années.
Et rien ne les ramènerait jamais.
C’était avec une douleur étonnée qu’il avait du se rendre à l’évidence : malgré toutes ces années, malgré tout ce sang écoulé, versé par lui et par d’autres, il pouvait encore souffrir. Pouvait encore se conduire en être humain. Il ne savait s’il devait s’en réjouir ou voir en cela une malédiction supplémentaire, une dernière féroce ironie du sort, peut-être encore plus cruelle que les précédentes.
Teshiro ferma les yeux, se laissant aller en arrière sur le lit blanc. Sa respiration s’accéléra. Les poings posés de part et d’autre des draps humides se serrèrent convulsivement.
Une autre surprise.
Une autre évidence.
Un autre sentiment humain qui n’avait pu être détruit, lui qui avait cru pourtant en être complètement privé. Malgré toutes ces années, malgré tout ce sang, toute cette brume, il semblait bien qu’il puisse encore haïr.


* * * * * * * * * * * * * *



Ces chapitres deviennent de plus en plus longs, il serait temps que je modére un peu ma fougue de la jeunesse, c'est un peu chiant à corriger tout ça.
Je ne suis pas sûre du numéro de l'équipe de Gai, si quelqu'un a des précisions...?

L'avarice est un péché alors reviews...? ^ ^
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Jainas
Jounin
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Message par Jainas »

Nooooooooooooooooooon !!!! Pourquoi je dois partir alors que tu viens de poster ?????? :cry:
Tayuya
Gennin
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Message par Tayuya »

"L'illuminé et le maniaco-dépressif".... :lol: mouahahaha !! c'est trop fort !

J'ai adore ce chapitre, rien que pour Musachi et Gaï. Ils font le spectacle à eux deux. Mais ce qui est encore mieux, c'est la façon dont tu en fais malgré tout deux êtres très humains. Un Gaï solennel, ça vaut vraiment le coup d'oeil. Quant à Musachi, ça joue les durs mais ya quand même autre chose. J'ai beaucoup aimé sa réplique quand il disait qu'il avait fait pire que sacrifier des enfants et Kakashi aussi.

Kakashi fait vraiment misérable et presque suicidaire. Il me ferait presque pitié, le pauvre.
Quant à Teshiro... la descente en enfer continue.

J'ai adoré, bravo :grin:
lebibou
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Message par lebibou »

Tu sais que je l'ai attendu ce chapitre ? Bon, je sais c'est les vacances, tout ça, mais nous autre pauvre petit lecteur assoiffé de texte, rien à se mettre sous la dent.
(Oui, moi non plus je n'ai pas publié de chapitre. Et alors ? )

Un très bon chapitre (Encore !) comme à ton habitude. Ohira arrive enfin à la planque des rodeurs, du tout bon en perspective donc. Konoha envoit une équipe (sans Kakashi. Mais je pense que c'est temporaire.) Et il y'a Orochimaru qui arrive à son tour, parce qu'il ne faudrait pas l'oublier celui là. Ça va faire de nombreux chapitre que l'on n'en entend pas parler, pourtant, il est là, pas loin, attendant son heure. (Ou que l'autrice daigne le faire entrer en scène. Je l'imagine bien devant l'entrée de la planque, à ne rien faire, pestant contre un Arakasi qui refuse de parler de lui.)
Une chose que j'aime bien avec tes fic, c'est que l'humour reste omniprésent. Ce serait pourtant facile de passer à côté de ça dans une fic pour le moins aussi sombre. Mais c'est peut-être ce contraste qui rend la lecture si agréable.
Un autre détail qui m'amuse, c'est que tu t'évertues à faire d'Ohira la pire ordure possible, la rendant totalement ignoble. Elle en oublierait d'être humain alors que pour ma part, en optimiste incontrôlable, je m'accroche à des méchants humain, avec leur coup de blues et leur petit passage à vide, partant du principe que l'on ne peut pas rester méchant 24/24 et que même les pires ordures tiennent à quelque chose.
Ton Ohira, par contre, niet, nada. Pourri jusqu'à la moelle, et même un peu plus. C'est sans doute ça qui le rend si charismatique, un peu à l'instar d'un Shishio qui reste fou jusqu'au bout.
Pour ma part, j'en serai incapable, ne pouvant maintenir la pression necessaire à ce type de personnage.
Bien peu d'auteur le peuvent par ailleurs. Il suffit de regarder SDK ou Berserk. Les deux personnages principales sont présenté comme des tueurs né, n'éprouvant aucune compassion, pourtant, au fur et à mesure que l'histoire avance, on sent qu'il ne font que refouler cette part humaine.
J'admet ne pas savoir si ce n'est pas de la faute de l'auteur, incapable d'en faire des salauds jusqu'au bout.
Mais bon, je m'égare, je m'égare, allant même jusqu'à parler de moi dans une review qui t'es adressé.
Musachi vient de tomber d'un cran dans mon estime. Au départ, j'aimais beaucoup ce personnage bourru, mais plein de gentillesse sous son caractère plein de gentillesse. Un brave gars quoi ?
D'un autre côté, s'il est chef des ANBU, ce n'est probablement pas pour sa compassion.
Bref, le contraste entre le personnage que je m'imaginais et celui qu'il est réellement m'a choqué.
Gai… Ben Gai quoi ! :lol:

Kakashi et Teshiro apparaisse comme deux côté de la même pièce. Ils sont interchangeable tant leur passif paraît identique. Par ailleurs, le parallèle entre les deux personnages à l'hopital, involaire ou pas, est des plus intéressant.
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Jainas
Jounin
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Message par Jainas »

HA, génial...

Commentaire plus long un autre jour.... ,Mais c'est excellent, tout les personnages sont maitrisés jusqu'au bout des ongles. Lecture jouissive. :D
Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Merci à tous!
Quasiment tout le chapitre se passait dans l'hopital de Konoha, ce qui réduisait assez le champ scénaristique et j'avais peur que vous ne le trouviez un peu long. Me voilà rassurée ^ ^
lebibou a écrit :.
Musachi vient de tomber d'un cran dans mon estime. Au départ, j'aimais beaucoup ce personnage bourru, mais plein de gentillesse sous son caractère plein de gentillesse. Un brave gars quoi ?
D'un autre côté, s'il est chef des ANBU, ce n'est probablement pas pour sa compassion.
Bref, le contraste entre le personnage que je m'imaginais et celui qu'il est réellement m'a choqué.
J'avoue que j'ai du mal à imaginer n'importe quel ninja et surtout un anbu comme plein de gentillesse, ca va plus ou moins à l'encontre de la profession. Sauf Naruto qui s'est gouré de vocation, Iruka que je n'aime pas mais qui joue au prof et Gai (mais Gai est un cas à part... ^ ^).
Musachi a une apparence et un comportement trompeurs.
Il a une sincére affection pour Gai et Kakashi, il aime boire, fumer, baiser, râler et taper sur les nerfs de son entourage; mais c'est un type qui s'est élevé jusqu'au grade d'officier et cela à plusieurs reprises. Et s'il se fait virer avec régularité déconcertante c'est pour des fautes liées au comportement ou à la discipline, jamais pour des hésitations ou des erreurs professionnelles.
Ce n'est hélas pas un type gentil, même s'il peut en faire preuve à ses heures.
Et quand il semble indifférent à une scéne, ce n'est parfois que parce qu'il l'est réellement.

L'ami Oro ne va pas tarder à réapparaître avec ses larbins du son. Ne vous inquiétez pas, je ne les ai pas oublié :mrgreen:

Teshiro et Kakashi ont déjà quelques points en commun à l'origine dont une peur maladive de se retrouver à nouveau seul. Les deux personnages se rapprochent encore, l'un retrouvant sans plaisir son humanité, l'autre luttant contre une déprime colossale. Deux qui n'ont pas fini d'en baver, moi qui vous le dis ^ ^

Tayuya:
Quant à Teshiro... la descente en enfer continue.
Les a atteint depuis un bout de temps les enfers, même en faisant beaucoup d'efforts, il aurait du mal à aller plus bas.
Remarque, peut-être qu'avec beaucoup de persévérance... :roll:
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Tinton2
Gennin
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Message par Tinton2 »

Fic GRANDISSIME !!!

Ich liebe dich et silence respectueux... (pour plagier certains commentaires au début de ton (incroyable fian...) histoire (pardon !).

Je lisais la fic de ce cher Kanji quand dans les commentaires de ce non moins estimé Lebibou je notais à de nombreuses reprises "Dans sang et cendres...", "Arakasi superstar...", "Erection à chaque parution de Sang...". Je me suis dit qu'il était de mon devoir de lire cette histoire.

Et je dois t'avouer que j'ai de très peu échappé à une fracture du coccis tellement ton histoire m'a mis sur l'cul ! Scénario blindé, écriture lyrique, humour omniprésent, ambiance malsaine prenant aux tripes... Pfff, tout y est...

Détaillons un peu plus, quelques passages qui m'ont marqué :

Déjà les deux passages où Sakura se fait quasi violer... Ca m'écoeurait car après tout, elle a que quinze ans la gamine. J'y ai senti une certaine jouissance à décrire ces scènes, pour un mec, j'aurais di que ce sont ses instincts primitifs qui sont ressortis mais pour toi, une fille. Je me demande si ça ne cache pas quelque chose d'autre... (d'après certains témoignages féminins, se faire violer fait partie des fantasmes les plus courants chez la gente féminine mais aussi le plus réprimé et inavouable... 'fin bon, on s'en fout)

L'humour, excellent, autant même si c'était drôle et bien fait, les gaffes d'Hijo n'avaient rien d'exceptionnel mais alors quand tu as fait rentrer musashi en lice, je n'ai eu qu'à m'incliner. MAGNIFIQUE !!! Chacune de ses phrases est à consommer sans modération, c'est savoureux au possible. Il est simple de faire rentrer un perso bourru j'en-foutiste mais là, c'est du grand art. De ses rétrogradations à ses répliques (le "cesse de causer à ma braguette" se passe de commentaires... :lol: :lol: ) tu as donné une profondeur incroyable à ce perso et en plus, comble du talent, tu l'as parfaitement intégré à l'histoire !!!

Après tout le reste est excellent, je dirais juste que tu ne devrais pas céder aux injonctions de certains commentateurs qui te forçaient à donner plus de place à Naruto par exemple. Je ne saurais trop te conseiller de suivre ta voie, si Naruto n'entre pas dans tes plans, soit, fais à ta guise et n'alourdis pas le texte en rajoutant des POV... Mais bon, ce n'est que mon avis...

J'en viens à mes trois principales critiques, la première c'est l'orthographe, l'absence totale de relecture est flagrante parfois, deux fois d'affilée tu as mis par exemple "ils ont en" au lieu de "ils en ont" et autres affreuses coquilles d'oeuf d'autruche à ce stade. Un bêta lecteur ne serait pas de trop si ça t'embête de te relire, je suis sûr que plus d'un sera ravi de lire tes chapitres en avant première (en totale exclus comme ils diraient sur nrj...).

La deuxième vient de la justification de ton scénario... Ohira est un monstre, Tsunade le sait, il a une idée derrière la tête, là encore elle le sait, il est incroyablement fort, une fois de plus, elle le sait parfaitement, donc il est dangereux pour Konoha. Voilà donc ma question, pourquoi accéder à sa requête ??? Et en plus quand l'équipe attitrée disparaît bizarrement la veille de son affectation auprès d'Ohira, comment Tsunade peut confier Kyubi, le prochain Hôkage (selon elle), son élève et Kakashi ??? Il ne pouvait avoir que de mauvaises intentions.

En bon Kage défendant son village, elle aurait dû feindre d'accepter la mission d'Ohira et, à quelques kilomètres du village, déchaîner les enfers sur lui (gladiator...). Kakashi, Gaï, Jiraya si possible, bataillons d'anbu (lances...) etc... s'il est si fort que ça !!! PAM !!! On l'extermine ce rôdeur !!!

Et hop, comme ça, les ninjas pourraient tranquillement rentrer chez eux à Wash... Konoha (désolé...).

Mais bon, ce n'était que le point de départ de ta fic, ta première (excellentissime) fic, donc ce n'est pas grave.

Ma dernière critique sera plus courte. C'est peut-être moi qui ai mal lu mais... Comment Naruto se fait capturer ? Il se bat pas avec ses petits poings ? Si l'esprit de Kyubi sent le danger d'Ohira et qu'il prend parfois le dessus, n'a-t-il pas pu soit prendre le contrôle, soit donner un coup de fouet au blondinet pour qu'il se défende ???

'fin bon, bizarre qu'un coup on le voit amorphe et libre en plein champ de bataille et qu'après on le retrouve déchaîné mais emprisonné... Contraste saisissant...

M'enfin (gaston...) je chipote. Je te tire très bas mon chapeau, une fic de cette qualité m'inspire respect et admiration, sincèrement. Des fois je retrouve la patte de Jainas dans ton écriture, c'est à s'y méprendre quelques fois. Ne te méprends pas, c'est un compliment !

Bises, bises... :razz:

P.S : Mon PC doit déconner, il n'y a plus de chapitre depuis le 4 septembre, mon ordi n'a pas du prendre en compte les dernière mise à jour de ce fandom, il rame... Oui ça doit être ça, il ne peut en être autrement... Sinon ça voudrait dire que ça fera bientôt quatre mois sans parution alors que l'auteure a affirmé ne pas laisser sa fic inachevée... Ou alors elle est décédée.
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Arakasi
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Message par Arakasi »

Et non, Arakasi n'est ni morte, ni enterrée! ^ ^
Disons juste que je traverse une phase où écrire des fanfics n'est pas ma toute premiére priorité. Je mentirais en affirmant que je suis vraiment surchargée de boulot, j'arrive tout de même à glander sans trop de difficulté et je suis loin d'être un bourreau de travail :roll:
Mais je n'ai pas vraiment envie d'écrire ces temps-ci et j'ai d'autres préoccupations et distractions.

Mais je compte toujours amener cette fic jusqu'à son terme, tout en m'octroyant une grosse pause. Je ne peux vous dire exactement quand la suite viendra mais je promet qu'il y aura une suite. Ca me créverais le coeur de laisser Sang et cendres inachevée, vu que j'ai vraiment pris mon pied à écrire cette fic.

Ceci dit, ton commentaire m'a ravi et m'a fait également culpabiliser à mort:oops:
Trés grand merci! :jap:
Je manque un peu de temps maintenant mais je te répondrai en détails ce weekend.
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Jainas
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Message par Jainas »

Muhahahahahaha... Mon plan machiavélique marche a merveille.... :twisted:

Je case la concurence comme ça les lecteurs ont plus de temps pour me laisser des reviews ! :twisted:



hum... désolé...je sors maintenant... :tombe:
Arakasi
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Message par Arakasi »

Vous n’y croyez plus ? Et bien, sincèrement moi non plus…

Comme quoi, il ne faut jamais douter du pouvoir magique de l’inspiration boostée par l’influence bénéfique quoique plutôt capricieuse de ce bon vieux Thot.



Un p’tit résumé car j’ai conscience d’avoir vraiment abusé…

Un soir d’hiver un étrange visiteur prétendant se nommer Meiyamoto Ohira se présente aux portes de Konoha et exige de rencontrer immédiatement la kage. Après des retrouvailles plutôt orageuses incluant des chaises fracassées, divers hurlements et des menaces réciproques, Tsunade accepte de lui donner une escorte pour l’accompagner jusqu’au frontières d’Iwa. Pourquoi ? On ne sait pas, le client paie et les employés se la ferment. Dure loi du commerce…
L’huluberlu, doté de penchants sadiques et d’une bonne humeur indécrottable se fait confier aux bons soins de l’équipe 7 reformée depuis peu moins le petit brun irascible parti donner libre cours à ses penchants mégalomanes entre les mains d’Orochimaru. La mission commence dans une atmosphère exécrable avec un Kakashi d’une humeur de dogue, un Naruto morose tourmenté par un Kyubi en mal de chair fraîche, une Sakura inquiète et un chaleureux ahuri Hijo, embarqué par la force d’un destin sournois dans cette affaire foireuse.
Parallèlement, un homme de main d’Ohira, Teshiro Nihame, individu dépressif tourmenté par son passé, se rend au village du son dans l’intention de ramener à son maître le petit brun égocentrique déjà mentionné. A l’issu d’un bref combat avec Kabuto, on constate qu’il partage plusieurs particularités avec Ohira, dont une tendance certaine au meurtre sauvage et sanglant.
Pendant ce temps, Kakashi et co cheminent vers le village d’Hashika situé à la frontière de Konoha et d’Iwa. L’ambiance se dégrade rapidement à la grande satisfaction d’Ohira et atteint des sommets quand l’escorte est attaquée par une bande de ninjas dépareillés. L’équipe sept s’en débarrasse facilement, mais Kakashi prend violement à parti Ohira suite à l’exécution sommaire et injustifiée d’un des bandits. La querelle est interrompue par l’arrivée d’une équipe d’anbus enquêtant sur la disparition subite de la population d’Hashika. Ohira passe, sans s’émouvoir outre mesure, du statut de client à celui de prisonnier et les membres de l’équipe 7 sont contraints d’accompagner les anbus jusqu’au village.
Arrivé à destination, les ninjas de Konoha tombent dans une embuscade et Ohira « se lâche », massacrant allégrement la patrouille d’anbus et entraînant la destruction totale du village. Kakashi n’échappe à la mort que grâce à un coup de génie aussi inattendu que providentiel d’Hijo et Sakura et Naruto tombent entre les mains d’Ohira dont toute l’attention semble concentrée sur le jeune réceptacle du démon renard.
Entre-temps, Teshiro Nihame est revenu du village du son et retrouve Ohira à Hashika pour lui confier à contrecoeur la garde du jeune Uchiha. Conscient de l’arrivée imminente des renforts de Konoha, ainsi que de celle d’Orochimaru ulcéré et de ses troupes, Ohira s’empresse de quitter les ruines du village, emportant avec lui les trois adolescents sous bonne garde.
Quelques heures plus tard, Kakashi arrive sur les lieux du drame et décide d’envoyer Hijo à la rencontre des potentiels renforts, tout en se mettant lui-même à la poursuite. Il se retrouve confronté à Teshiro Nihame laissé en arrière par son maître. Les deux hommes s’affrontent dans un combat qui se solde par un superbe match nul, les laissant tout deux couchés sur le carreau, incapables de continuer la lutte et à plus forte raison de poursuivre Ohira et ses complices. Ils sont sauvés de la mort par une patrouille d’anbus dirigée par la capitaine Musachi Usama, ancien coéquipier de Kakashi et de Gai, qui décide de ramener les deux blessés à Konoha.
Dans l’hôpital de Konoha, les deux hommes reprennent lentement des forces. Tourmenté par les remords et par les souvenirs de son passé plutôt lamentable, Teshiro finit par indiquer la destination finale d’Ohira : le plateau de Lei. Musachi Usama se voit confier la charge d’une équipe de secours mais remet sèchement Kakashi à sa place quand celui-ci insiste pour les accompagner, laissant le copy ninja coincé dans un lit d’hôpital, fulminant de rage impuissante.
Parallèlement, Sakura réussit à échapper aux griffes d’Ohira aidé par un des mercenaires engagés par celui-ci. Ohira juge inutile d’engager une poursuite et atteint sans encombre les grottes désolées du plateau de Lei où l’attend une surprise… Contre toute attente, quelqu’un semble bel et bien être arrivé avant lui.




Arakasi implore votre pardon à plat ventre, vous salue bien et vous souhaite une bonne lecture.
Et elle promet également que le prochain chapitre arrivera bien plus rapidement, honte sur elle…




CH22 : Confrontations.

Les dés roulèrent sur le sol, s’éparpillant en claquant sur le carrelage de la salle de repos.
Quatre têtes masquées se penchèrent vivement à l’unisson, leurs propriétaires accroupis à même le sol se bousculant mutuellement dans leur hâte de prendre connaissance des décrets de dame Fortune.
Six. Cinq. Cinq.
Une main frappa sèchement le sol.
« YIHAAAAAAAAAAAA !!!
- Et merde… »
Des jurons marmonnés fusèrent du groupe. Les joueurs se redressèrent les uns après les autres, rageant et dissimulant des grimaces plus ou moins dégoûtées sous les masques blancs qui leur voilaient la face. Deux regards assassins fusillèrent l’heureux vainqueur qui les ignora superbement, gloussant avec ravissement et raflant la monnaie éparpillée à ses pieds. Son hilarité bruyante ne fit qu’accroître l’irritation de ses compagnons. L’anbu au masque de singe affalé contre le mur grommela quelques imprécations à voix basse. Il effleura fugitivement de la main le manche du katana glissé à sa ceinture, un mauvais rictus plaqué sur les lèvres.
Son voisin siffla entre ses dents, laissant échapper d’entre ses mâchoires serrées un sardonique :
« La chance sourit aux fous et aux ahuris à ce qu’il parait...
- Mauvais joueurs, se gaussa le vainqueur. La chance sourit aux audacieux et aux beaux gosses, tout le monde le sait. Et encore, z’avez de la chance que j’ai le triomphe modeste…
- Ta gueule…
- Va te faire foutre, répondit gaiement l’intéressé puis tournant sa face lisse de lézard vers le quatrième larron : Pas vrai ‘Baku que ces deux crétins sont des mauvais joueurs ? Et même pas foutus de jouer aux dés correctement !
L’interpellé abaissa un regard bienveillant sur l’assemblée, lâcha un grognement qui pouvait passer pour un acquiescement, mais ne pipa mot. Même accroupi, le dos callé contre un banc renversé il mesurait une bonne tête et demie de plus que le plus grand de ses compagnons, sans mentionner une musculature digne d’un mastodonte.
Son silence ne perturba pas le moins du monde le vantard et les deux autres ne prirent pas même garde à l’interruption, se contentant d’émettre un double reniflement agacé devant ce qu’ils considéraient comme un enfantillage. Habaku ne parlait jamais. Tout membre de la troisième unité savait cela. Pas un mot. Pas même un « merci » ou un simple « bonjour ». Du haut de ses deux mètres dix, il toisait le monde d’un œil affable et tolérant, enfermé dans son armure de silence, plus impénétrable que les meilleures cuirasses forgées par les armuriers du Shogun.
Des rumeurs avaient longtemps circulé d’une unité à l’autre, inépuisable source de distraction pour des ninjas d’élite en mal d’action et comme c’était presque toujours le cas, la vérité avait fini par faire jour. L’histoire peu reluisante d’un jeune anbu de seize ans capturé par les forces de Suna lors de la troisième guerre mondiale…
« Seize ans… Un adolescent engagé depuis à peine trois mois… Presque un gosse… Mais fallait comprendre, c’était la guerre, merde… Trois jours durant dans leurs putains de salles de torture… Tu parles d’une bande d’enfoirés… Et faudrait les traiter comme des alliés, maintenant ? Faire copain-copain ? Mon cul ouais… Trois jours avant qu’on ne le récupère… Un geôlier qui se croyait très spirituel lui avait arraché les deux oreilles… Moche… Très moche… Les tympans se sont infectés, c’était à prévoir et les services médicaux n’ont rien pu faire… Ils n’ont pas compris non plus pourquoi il avait brusquement cessé de parler… Cordes vocales en bon état et tout et tout… Mais il causait pas. Il causait plus… Les services psychiatriques ont également fait choux blancs… Tu parles d’une blague ! Comme si ces connards avaient jamais compris quoi que ce soit… »
Et les rumeurs avaient cessé aussi rapidement qu’elles avaient pris forme.
Certains sujets de discussion répugnaient même aux anbus les plus endurcis. Habaku était un coéquipier et un brave « p’tit gars » malgré son mutisme et sa surdité. Pas contrariant. Toujours serviable. Toujours calme et patient. Toujours prés à donner un coup de main, voire à vous remplacer au poste l’espace d’une soirée si vous aviez envie de vous détendre à la taverne ou au bordel du coin.
Un brave « p’tit gars », ouais.
Assis en tailleur, l’anbu à face de lézard continuait à persifler d’un ton joyeux:
« Remarque, comme on le dit si bien : Malheureux au jeu, heureux en amour ! Toutes les filles de Konoha vont tomber à vos pieds, les gars, c’est certain ! Quoique… Tu t’es bien fait plaqué par ta copine avant-hier, Tsukido ?
- Connard… grinça le singe, un éclair sanguinaire filtrant entre les fines fentes de son masque. Tu vas la fermer, oui ?!
- Rappelle moi ce qu’elle a dit déjà… Qu’elle ne voulait pas rester avec un mec incapable de bander correctement si on ne lui frottait pas d’abord l’engin avec un kunai durant cinq minutes, non ? A moins qu’elle n’ait fini par découvrir que tu étais gay… Ca a du lui faire un sacré choc après presque cinq mois de fréquentation, la pauvre fille… »
L’anbu au masque de singe se redressa brutalement, éructant un blasphème. Son voisin agrippa de justesse la main qui tentait de dégainer le katana reposant sur sa cuisse. Image même de l’impassibilité flegmatique, Habaku ne montra aucune réaction, contemplant la scène avec la tolérance placide d’un adulte observant des enfants se disputer une sucrerie.
Le lézard se mit à rire.
Le singe gronda.
La dispute aurait probablement dégénéré en affrontement armé, si un curieux incident ne l’avait soudainement interrompue.
Un beuglement rauque, inhumain, à mi chemin entre le rugissement d’un lion blessé et le mugissement d’un bœuf à l’agonie.
Trois paires d’yeux pivotèrent d’un bloc vers une porte située à l’autre bout de la pièce, donnant sur un des nombreux couloirs qui sillonnaient le quartier général des anbus de Konoha. Un bond souple et les anbus furent sur pieds, oubliant instantanément leur querelle, muscles bandés, nerfs tendus à se rompre. Deux kunais étaient apparus comme par enchantement entre les mains du lézard. Accroupi en position d’assaut, katana dégainé et tenu à hauteur d’épaule, le singe marmonna :
« Mais qu’est ce qu… ? »
Au bout de quelques secondes d’immobilité, Habaku qui avait suivi docilement le mouvement, non sans un brin de perplexité, laissa échapper un grognement indistinct. Puis sous les regards interloqués de ses trois coéquipiers, se laissa lourdement retomber en position assise, le banc grinçant dangereusement sous son poids. L’anbu au masque de lézard se détendit imperceptiblement, abaissant les armes qu’il tenait.
« Eh ben dis donc…
- Quoi ?
- Semblerait bien que le cap’taine Usama ait décidé de rendre une petite visite au vieux. »
Et son visage masqué se fendit d’un large sourire.




Quelques secondes plus tard, quatre ninjas d’élite de Konoha, figurant parmi les plus exercés et les plus mortellement doués de leur promotion, se pressaient contre la porte de leur supérieur, luttant férocement à coups de coudes et de genoux pour la possession du trou de serrure.




« Mais cessez donc de brailler comme un veau, mon vieux… On s’entend plus causer ici. Et z’allez finir par vous faire du mal. Et puis vous ressemblez à la siphonnée qui nous sert de kage comme ça… La poitrine et les fesses en moins, bien sur. Ce qui n’est pas à votre avantage, je dois le dire... On pardonne beaucoup aux femmes à belle poitrine. Même d’être kage. Toujours pas compris pourquoi les vieux crétins du conseil l’avaient rappelée à Konoha. On n’a pas assez de timbrés dans ce bled ? Si faut en plus qu’on aille les chercher ailleurs, j’vous jure… »
Luttant pour retrouver son souffle, une lueur démente brûlant dans ses yeux exorbités, le capitaine de la troisième unité, Jira Tsumo agrippa convulsivement le rebord de son bureau.
Le visage moite de sueur sous son masque de fouine, seule l’expérience gagnée durant presque dix années de commandement et la présence soudain réconfortante dudit masque lui permirent de garder l’apparence d’une certaine impassibilité. Il était un ninja expérimenté, un officier, nom de Dieu ! Un homme calme et bien que d’un caractère trop froid et inflexible pour être réellement apprécié de ses subordonnés, doté d’une réputation impeccable de travailleur acharné et consciencieux. Pas le genre à perdre facilement son sang-froid. En aucun cas.
Excepté…
Excepté peut-être à l’occasion d’une visite surprise du capitaine Musachi Usama.
Son regard haineux ne quittait pas l’homme debout devant lui.
Celui lui renvoya en retour un sourire jovial, assis à moitié sur le bureau de l’officier, enfumant en toute quiétude la petite pièce. Tsumo contempla fixement la pipe coincée entre les lèvres de son interlocuteur.
Il se souvenait très bien de cette pipe.
Très très bien même.
En rêvait parfois même la nuit avant de se réveiller en sueur, hurlant à plein poumons dans son sommeil, terrorisant ses voisins de palier.
Musachi Usama.
Usama et sa saloperie de pipe.
Ici.
Dans mon bureau.

La présence même de l’autre homme réveillait d’atroces souvenirs. Musachi avait toujours entretenu des rapports pour le moins « tendus » avec ses supérieurs mais la brève période passait sous les ordres du capitaine Jira Tsumo avait été mémorable. Sous tous les rapports. Elle s’était terminée de manière assez chaotique, marquant durablement les esprits des membres de la troisième division, avec force hurlements hystériques du capitaine et protestations offensées de Musachi, dont la conception de la hiérarchie et de ses exigences avait toujours été assez floue. Des mois après, le sujet suscitait encore des commentaires passionnés de la part de ses anciens équipiers, hors de portée des oreilles du capitaine Tsumo bien entendu, celui-ci faisant encore preuve d’une certaine fragilité psychologique.
Parfaitement inconscient de l’examen de son vis-à-vis pétrifié, l’intéressé ayant abordé un de ses sujets de prédilection, continuait paisiblement son monologue :
« J’avais rien contre le vieux singe, remarquez… Je l’aimais plutôt bien… Un peu trop gentil a mon goût et vaguement gateux sur la fin, mais un brave type quand même. Et qui ne balançait pas les tabourets au travers des murs à la moindre petite contrariété. Elle le fait vraiment, vous savez ? Bakuro s’en est pris un en pleine mâchoire. Trois jours d’hôpital et quatre dents en moins. Le médic était écroulé et … »
Musachi sembla enfin noter les tremblements nerveux qui agitaient son interlocuteur, haussa un sourcil compatissant :
« M’avez l’air un peu stressé, commenta-t-il. Trop de boulot ? Devrez vous calmer, vous allez finir par choper un ulcère. Pas très glorieux comme façon de finir à l’infirmerie…
- Gghmhung…tez ici ? »
Le fumeur parut surpris.
« Hein ? Articulez, mon vieux. »
Au prix d’un violent effort, l’officier réussit à écarter assez les mâchoires pour grincer :
« Je vous demande pour quelle putain de raison vous osez vous présenter dans mon bureau !»
Pas offensé le moins du monde, Musachi fronça les sourcils, arborant une expression vaguement perplexe. Fit mine de réfléchir, grattant distraitement du tuyau de sa pipe sa joue hérissée de poils bruns. Puis sourit.
« La nostalgie ? » proposa-t-il candidement.
Un tic nerveux agita le sourcil droit de Jira Tsumo.
Les jointures des mains qui agrippaient la table blanchirent et craquèrent sous la pression. Tuer par strangulation un pair aurait probablement un effet désastreux sur son avancement mais la tentation en devint soudain dévorante.
« Je plaisantais, Tsumo, le renseigna aimablement Musachi, puis souriant toujours : En fait, je viens vous emprunter quelques hommes.
- Vous… quoi ?
- Je vous les rendrai en bon état, promis. Enfin… Hum… Je tâcherai. »
Ulcéré, l’officier prit une inspiration sifflante.
Retint de justesse une nouvelle explosion de fureur, louchant sur le papier que son vis-à-vis venait brusquement de lui fourrer sous le nez. Déchiffra tant bien que mal les quelques lignes griffonnées d’une écriture irrégulière à la limite de l’illisible. Ses yeux s’arrondirent.
« Qu’est ce que… ?
- Un mot de notre vénérée hokage me permettant de réquisitionner n’importe quel anbu actuellement en poste.
- Mais pour… ? bredouilla-t-il désemparé. Je n’ai pas été infor…
- Ouaip. La vie est injuste, que voulez vous, assura Musachi hochant gaiement la tête, puis ajoutant avec une mauvaise foi flagrante et totalement dénuée de remords : Ceci dit, je n’ai pas que ça à foutre moi. »
Il tourna la tête vers la porte du bureau.
« Lâche moi cette porte et ramène-toi, ‘Baku ! »
Des chuchotis furieux et assez consternés s’élevèrent du couloir, tandis que le capitaine Tsumo foudroyait l’entrée du regard et que le gigantesque anbu à masque d’ours pénétrait dans la pièce. Habaku Hime salua docilement ses deux supérieurs, ignorant à la perfection la face convulsée du premier, tout comme l’hilarité mal dissimulé du second.
Dédaignant le « A… Attendez ! Vous ne pouvez pas… ! » étranglé de son ancien supérieur, Musachi se planta devant le sourd-muet, articulant soigneusement chaque mot :
« On y va, mon gars. Je t’expliquerai la suite plus tard, ok ? »
Puis l’entraîna sans autre forme de procès, gratifiant à peine le capitaine de la troisième unité d’un bref signe de tête au passage.
Arrivé au seuil, il se ravisa soudain :
« Ah, j’oubliais. Ne soyez pas trop dur avec vos hommes, Tsumo, ils vont bientôt hériter d’une mission très désagréable. A hauts risques. Potentiellement mortelle même. »
L’autre lui lança un regard soupçonneux, tentant de déterminer si oui ou non cet enfoiré se payer une fois de plus sa tête.
Musachi lâcha un ricanement de mauvais augure.
« Empêcher Kakashi Hatake de foutre le camp de l’hôpital de Konoha. Et très sincèrement je n’échangerais pas ma place contre la votre. A la prochaine. »
La porte se referma dans un claquement sec.
Une demie seconde plus tard, l’encrier du capitaine se fracassait sur le chambranle, aspergeant généreusement les alentours et manquant de peu la tête de Usama.




* * * * * * * * * * * * * * * *


Les flammes des torches brûlaient doucement dans la pénombre, ondulant sous l’effet d’une brise inexistante, faible rempart contre l’obscurité qui baignait les lieux. Des flaques jaunes de lumières parsemaient le sol, laissant distinguer par endroit les dalles immenses, usées par les siècles, recouvertes d’une épaisse couche de poussière grisâtre. Jadis de nombreux pieds avaient foulé leur surface rugueuse, imprimant leur marque année après année, lissant leurs aspérités jusqu’à leur donner la douceur satinée du métal. Il y avait de cela si longtemps.
Si longtemps…
Mais les échos des pas anciens s’étaient éteints.
La poussière avait recouvert toute chose, n’épargnant aucune saillie, aucune faille, aucun recoin de l’immense salle. L’obscurité et l’usure avaient avidement dévoré les riches fresques qui en avaient durant tant d’années décoré les murs, les rendant à jamais invisibles au regard. La table qui en ornait le centre était le seul endroit bien éclairé. De longs flambeaux, fixés à chacun de ses pieds, illuminaient de leur lumière vacillante sa surface rêche et les bancs inconfortables taillés à même la roche qui l’encadraient. Espacées d’une quarantaine de mètres, deux portes rustiques cernaient la salle.
Au-delà, résidaient les ténèbres. Une nuit insondable. Oppressante.
Une chaleur suffocante régnait qui n’était en rien due au pauvre chatoiement des torches, telle qu’un être humain normalement constitué aurait du lutter pour conserver son souffle, expulser de ses poumons l’air brûlant qui lui asséchait la gorge.
Mais la pièce n’était pas tout à fait silencieuse. Pas totalement.
Craquements discrets du bois brûlé. Sourds échos d’une chute de pierres s’élevant des profondeurs. Murmures… Des ombres dansaient lentement sur les parois de la salle souterraine, éveillant d’ici de là d’étranges reflets sur la roche usée par les siècles. Des spectres sombres et hagards paraissaient courir le long des anciennes peintures, se dissimulant sournoisement aux yeux des improbables visiteurs, s’insinuant dans quelque fissure pour réapparaître un peu plus loin, ombres parmi les ombres, leur yeux pâles brûlant d’une haine impuissante.



Debout dans la pénombre, le visiteur sourit.
La lueur des torches fit étinceler un instant ses canines aiguées, avant qu’il ne se retourne vers la paroi, s’approchant d’une fraction du mur faiblement éclairé.
Ses doigts fins et blancs effleurèrent les vestiges des anciennes fresques, caressant la roche tiède. Leurs couleurs s’étaient ternies depuis bien longtemps et une main barbare avait sauvagement labouré la pierre. Le temps avait fait le reste, les réduisant à l’état de pâles fantômes de ce qu’elles avaient été.
L’intrus laissa échapper un sifflement de frustration.
La chaleur ne l’incommodait pas. Pas plus que la morne solitude qui régnait dans ses lieux. Les ombres menaçantes elles-mêmes l’indifféraient. En toutes autres circonstances, leur fureur stérile l’aurait même probablement amusé. Il les sentait faibles, avides et envieuses et n’avait que mépris pour cette apparente faiblesse. Mais les destructions perpétrées sur ces fresque, autrefois si splendides, le révulsaient.
Nul ne saurait jamais qui les avait gravées et pour quelles raisons. Disparus à jamais les secrets si bien dissimulés. Evanouis les trésors inestimables des temps passés.
Quelle pitié…
Un pas calme et sonore retentit soudain dans son dos, rompant le silence.
Il se tendit instinctivement, plissa un instant les yeux. Mais ne les détacha pas de la surface rocheuse, ne se retourna pas. Les pas s’interrompirent brusquement, puis après une courte hésitation, reprirent leur avancée. Le nouvel arrivant s’immobilisa au centre de la pièce. Il ne parla pas, n’en avait pas besoin, n’ayant nullement tenté de dissimuler son arrivée, se contenta de fixer sans un mot le dos du visiteur. Celui-ci resta stoïque, toujours plongé dans la contemplation des peintures à moitié effacées, attendant patiemment que l’autre se décide à prendre la parole.
« Vous admirez la décoration ? »
Un rire étouffé, incongru.
La voix grave reprit d’un ton léger et vaguement goguenard, son propriétaire apparemment peu soucieux de recevoir une réponse:
« Vous ne perdez rien, je vous l’assure. Un ramassis d’élucubrations barbouillés par des illuminés. Aussi ridicules que lamentables. Pour autant que je m’en rappelle, la majorité de ces imbéciles ont fini complètement fous… Et pourquoi ? Ah ! Rien de plus qu’un amas de poussière et de crasse ! »
Et le nouvel arrivant se laissa aller à un nouvel accès d’hilarité, son rire franc et bruyant éveillant des échos sacrilèges dans les hauteurs de la grande salle. Les ombres s’agitèrent rageusement le long des parois, comme indignées de ce manque flagrant de respect. Il ne leur prêta aucune attention.
Le visiteur se détourna sans hâte des fresques ravagées, son visage pâle figé en un masque impassible et hautain. Les deux hommes se dévisagèrent durant quelques secondes, s’affrontant mutuellement du regard. Les yeux jaunes et fendus s’étrécirent. Ceux gris et calmes du nouveau venu s’écarquillèrent légèrement. Les respirations des deux hommes s’élevaient à l’unisson dans le silence de la pièce.
Appuyé contre la table de pierre, bras croisés sur la poitrine, Meiyamoto Ohira se fendit d’un sourire éclatant.
« Vous ne sauriez deviner quel plaisir me procure cette rencontre, affirma-t-il. J’ai tant entendu parler de vous… »
Puis déportant son regard sur les bancs taillés grossièrement, il esquissa une mimique navrée, avant de laisser échapper un soupir fataliste :
« Fichtrement inconfortables, je le crains bien. Mais vous et moi avons beaucoup de choses à nous dire, n’est-ce-pas ? Me feriez-vous l’honneur… ? »
Orochimaru hocha lentement la tête, puis au bout de quelques secondes, retourna un sourire glacial à son interlocuteur.
« Tout l’honneur sera pour moi. »


* * * * * * * * * * * * * *


Ils avaient parcouru à toute vitesse les étendues enneigées de Konoha, faisant fi de toute prudence, coupant au travers des forêts de pins, massacrant au passage deux ou trois patrouilles de chuunins du village de la feuille qui avaient eu le malheur de croiser leur route. Engourdis par le froid et l’inactivité, ceux-ci n’avaient même pas eu la présence d’esprit de leur opposer une résistance digne de ce nom. Pressé par le temps, le sanin avait exhorté ses troupes à quitter les lieux, laissant les cadavres sur place. Si quelques jounins avaient trouvé ces mesures imprudentes, ils s’étaient prudemment abstenus d’en faire la remarque. Orochimaru n’avait jamais été homme à prêter une oreille tolérante à la contestation.
Et au vu des circonstances, éveiller la colère de Konoha était le cadet de ses soucis.
La troupe de jounins n’avait pas perdu une seconde depuis son départ d’Hashika, s’arrêtant à deux ou trois reprises pour se bourrer jusqu’à la nausée de pilules énergétiques et de potions concoctées par le sanin, au goût infâme mais à l’efficacité sans conteste remarquable. Ils avaient ainsi pu conserver une bonne allure et une forme relative, même si la plupart en paieraient chèrement le prix, une fois la mission terminée. Les médicaments que le sanin réservait à ses troupes en cas d’urgence avaient souvent pour effets secondaires d’épouvantables diarrhées et ulcères à l’estomac.
Quelques semaines de convulsions et de vomissements semblaient pourtant un maigre prix à payer face à la fureur grandissante de leur maître. Depuis qu’ils avaient quitté les frontières du village du son, celui-ci n’avait pas décoléré. Chaque jour semblait augmenter sa rage silencieuse. Aiguillonnés par la terreur, ses hommes n’avaient pas osé élever la moindre réclamation sur le rythme infernal qui leur était imposé. Mais Orochimaru n’était pas satisfait.
Leurs proies avaient plusieurs jours d’avances et devaient probablement mener bon train. Et il ne pouvait se permettre de perdre une seule heure supplémentaire. Le sanin avait donc du se résoudre à une décision particulièrement désagréable. Regrettant plus que jamais l’absence de Kabuto _ pourquoi diable ce petit imbécile avait-il eu la stupidité de se faire se tuer ? _ il avait pris à part le chef des jounins, un homme expérimenté et fiable, en qui il éprouvait une confiance relative. Dissimulant tant bien que mal son anxiété, celui-ci avait écouté les consignes de son supérieur, avait hoché silencieusement la tête avant de s’exécuter.
Quelques heures plus tard, perché sur la tête d’un gigantesque reptile, Orochimaru abandonnait ses troupes. Ondulant le long des troncs d’arbres couverts de givres, glissant sur les congères verglacées, le monstrueux animal dévorait l’espace, se dirigeant à toute vitesse vers l’est de Konoha.
Vers les étendues glacées du plateau de Lei.
La sanin s’était rendu dans cette région, il y avait un certain temps de cela, quelques mois après avoir quitté l’Akatsuki. Sa quête de l’immortalité l’avait mené dans l’ombre de ces grottes poussiéreuses aux murs couverts d’étranges dessins gravés ou peints à même la roche sombre. Ses recherches s’étaient avérées vaines. Lei n’avait rien à offrir à qui cherchait la vie éternelle. Ceux qui avaient un jour régné sur ses lieux étaient morts ou disparus depuis des siècles et leur savoir s’était évanoui avec eux. Il y était demeuré quelques jours, puis avait quitté les lieux, emportant avec lui une désagréable sensation de malaise. Lui qui appréciait tant les sombres bibliothèques aux multiples recoins, avait éprouvé un étrange sentiment de répulsion à parcourir ces galeries obscures et surchauffées.
Des années plus tard, il était à nouveau forcé de s’y rendre.
Quelqu’un s’était emparé d’une chose qui lui appartenait.
Il ne pouvait l’accepter.
Ne pouvait tolérer une telle arrogance, un tel mépris. Jamais depuis qu’il avait accédé au statut de sanin, jamais personne n’avait osé le traiter comme quantité négligeable. Homme, monstre ou quel que soit l’être qu’il pourchassait, celui-ci regretterait amèrement son erreur de jugement. Mais de quel être s’agissait-il exactement ?
Oh, il en avait bien une idée… Une intuition soudaine qui n’avait cessé de s’affirmer ces derniers jours, jusqu’à en devenir presque une certitude.
Le souvenir de quelques phrases griffonnées dans la marge d’un manuscrit.
Une vieille légende dénuée de sens, même si lui-même savait que les légendes détiennent toujours une part de vérité, aussi obscure soit-elle.
Un conte grinçant destiné à terrifier les bambins.
Un simple conte…


« Par les soirs glacés d’hiver, ils viennent frapper à vos portes.


Etranges voyageurs aux habits blanchis par la poussière des chemins, aux bottes usées et aux yeux brillants comme de pâles étoiles.
Prés de votre foyer, il réchauffent leurs mains gelées, font fondre la glace et le givre qui recouvrent leur manteau.
Assis à votre table, ils s’abreuvent à votre coupe, partagent votre souper.
De leurs doigts froids, ils enserrent les votres.
Caressent les joues de vos enfants.
Sourient à vos femmes.
Complimentent vos sœurs.
Embrassent vos parents.
Puis le lendemain, alors que l’aube éclaire de ses pâles rayons les restes de votre demeure, ils s’éloignent dans le silence hivernal, ne laissant derrière eux que ruines fumantes, désespoir et obscurité. Malheur à celui qui ouvre sa porte aux rôdeurs. A celui qui les laisse franchir le seuil de sa demeure. A celui qui ose croire à la gratitude des vagabonds de la nuit ».


* * * * * * * * * * * * * * * * * *





« Je regrette profondément de ne pas pouvoir vous offrir à boire. C’est bien ce que l’on est censé faire dans ce genre de situation, n’est-ce-pas ? Je fais vraiment un hôte détestable… »
Assis dans la semi pénombre, ses mains maigres glissées à l’intérieur de ses manches, Orochimaru renvoya un regard aigu à son vis-à-vis. Appuyé du coude sur la table, une main jouant distraitement avec les débris qui la jonchaient, Ohira monologuait gaiement, apparemment peu troublé par le quasi-mutisme de son interlocuteur. Celui-ci ne l’avait pas lâché des yeux un instant, le regard perçant notant chaque geste, chaque mimique, recherchant en vain un signe quelconque de tension dans la physionomie ouverte et épanoui qui lui faisait face. Le moindre signe de faiblesse. La moindre faille exploitable.
En vain.
Ohira avait ri, plaisanté, lâchant même d’un ton léger un commentaire obscène et absolument hors-sujet portant sur Tsunade _ « Une connaissance commune ! Charmante femme, un peu impulsive tout de même. Elle ne m’aime pas beaucoup, vous savez ? ». Après cinq minutes de conversation décousue, durant lesquelles son interlocuteur n’avait cessé de sauter du coq à l’âne avec une aisance et une bonne humeur déconcertantes, il n’avait pu en apprendre d’avantage.
« Vous savez pourquoi je suis ici. »
La voix rauque interrompit Ohira.
L’homme attablé battit des paupières, une ombre tension effleura un instant les traits bruns ruisselants de sueur avant de s’évanouir. Il sourit, essuyant machinalement son front humide du revers de la main, maculant son visage de poussière grisâtre.
« J’imagine que si j’affirmais ne pas savoir de quoi vous voulez parler, vous ne croiriez pas, hein ? Il hocha gravement la tête en réponse au regard réfrigérant du sanin. Vous n’êtes pas forcé de répondre. Pour tout dire, je m’en doutais un peu… Vous êtes venu pour l’Uchiha?
- Je suis venu récupérer mon bien.
- Impossible. »
Un frisson effleura l’échine du sanin. Les doigts fins se crispèrent dans les plis du tissu.
« Impossible ?
- Ou du moins hautement improbable. Vous m’en voyez navré, vraiment navré, mais il se trouve que j’ai besoin de cet enfant. Je ne peux pas vous le laisser. Vraiment. Cela gâcherait tout le spectacle. Ce ne fut pas facile, voyez-vous, de le traîner jusqu’ici. Les ninjas de Konoha se sont montrés étonnamment peu coopératifs. »
Ohira secoua la tête d’un air chagriné.
« J’ai même du faire l’abandon d’un serviteur des plus utiles. Tout à fait dérangé, certes mais compétent. Un vrai gâchis, si vous voulez mon avis et…
- Ne vous jouez pas de moi ! »
La voix du sanin siffla dans l’air, sèche et acérée tel un coup de fouet, réduisant au silence son interlocuteur. Orochimaru s’était dressé, son visage livide illuminé par la lumière mouvante des torches, tâche pâle se détachant sur les ténèbres de la salle. Les yeux fendus flambaient d’un feu intérieur, jaune et malsain. Un rictus dénuda brièvement des crocs blancs et aigués où perlaient quelques gouttes de venin. La peau blanche et lisse sembla soudain se flétrir. Les traits harmonieux se crispèrent, puis se déformèrent, prenant un aspect presque reptilien. Métamorphose hideuse, presque insupportable à observer. Des serpentins luisant d’un vert irréel s’échappèrent de l’extrémité des doigts tendus du sanin, s’étirant sur la surface graveleuse de la table.
Ohira n’avait pas esquissé un geste.
Les yeux écarquillés, il avait contemplé la scène avec une attention fascinée, proche de la jubilation. Sous le kimono où se dessinaient encore des auréoles de sang séché, ses muscles se tendirent, dans l’attente impatiente de l’assaut qui ne pouvait manquer d’arriver.
Il n’en fut rien.
Doucement, presque avec précaution, Orochimaru abaissa ses mains. Les serpents de chakra se tordirent brièvement sur la pierre avant de se dissiper dans un frémissement. Le sanin n’y prêta aucune attention, bien plus concentré sur le sol à ses pieds.
Les ombres étaient venues à eux.
Se détachant des murs sombres, elles s’étaient glissées dans leur direction, rampant sur le sol poussiéreux telle de la vermine. Elles avaient étiré leurs doigts fantomatiques et avides jusqu’à en effleurer presque les appuis rocheux de la table. Masse sombre et mouvante se refermant lentement sur les deux hommes. Et vibrant dans la silence soudain, s’élevaient des chuchotis étouffés, presque inaudibles, semblant jaillir des murs même de la salle :

« Seuls…

Si seuls…

Comment ont-ils osés ?

Misérables…

Misérables humains… cloportes…

Envahis…

A nous…

A NOUS… »


« Vous tairez vous, pitoyables moribonds ? »
Un frémissement agita les spectres qui refluèrent vers les parois rocheuses, accompagnant leur retraite hâtive d’un cortége de gémissements plaintifs et irrités. Des menaces murmurés. Des sanglots étouffés. Ohira laissa échapper un bref ricanement satisfait, puis reporta son regard sur le sanin.
Il sourit, son visage vidé de toute tension.
« Ne vous souciez pas d’eux, ils ne sont pas dangereux tant que vous ne les laissez pas vous approcher de trop prés. A propos, je ne dépenserais pas inutilement du chakra si j’étais vous.
- Qui sont-ils ? Que veulent-ils de nous ? »
Un léger haussement de sourcils :
« Qui pourrait vraiment l’affirmer ? Ils n’ont rien et prendraient tout s’ils le pouvaient, n’en doutez pas un instant. Souffle. Vie. Âme. »
Puis embrassant l’immense salle d’un large geste des bras :
« Nous sommes chez eux, sur leur territoire, vous comme moi. Des intrus, voilà ce que nous sommes. Vivants arpentant le royaume des morts. Êtres de chair et de sang suscitant la jalousie des ombres…Attristant, n’est-ce-pas ?
- Si vous le dites. »
Orochimaru s’était rassis, le front à nouveau lisse et l’apparence placide, comme si leur bref affrontement n’avait pas eu lieu ou ne valait pas la peine que l’on y attache la moindre importance. Mais les yeux jaunes regardaient à présent son vis-à-vis avec une curiosité presque dévorante. L’érudit s’était soudain éveillé en lui et d’adversaire Ohira s’était transformé en un puit de savoirs potentiels. Puit sombre et insondable certes, eu fond duquel s’agitaient des eaux croupies et nauséabondes, mais qui savait ce que pouvaient dissimuler ces noires profondeurs ? Ce qu’avaient contemplé ces yeux calmes et l’expression bien trop flegmatique ? Quelles merveilles ? Quelles atrocités indicibles ?
Il en savait peu, bien trop peu et à lui qui avait placé le savoir au-dessus de toutes choses, cette ignorance apparaissait comme la pire des faiblesses. Un mouvement d’humeur. Il avait bien failli céder à un ridicule mouvement d’humeur, risquant ainsi sa propre sécurité dans une lutte hasardeuse, défaillance honteuse pour un homme renommé pour son sang froid et sa perspicacité. Peut-être était-ce du à la chaleur étouffante. Peut-être à l’attitude aussi agaçante que désinvolte de Meiyamoto. Peut-être juste aux ombres vacillantes. Aux fresques étrangement balafrées. Aux murmures. A l’obscurité. Compacte.
Hostile.
Ridicule. Le sanin s’ébroua mentalement, recentrant son attention sur son hôte, toute vigilance accrut.
L’autre semblait plus que disposé à continuer la conversation, discourant avec l’animation ravie d’un homme depuis trop longtemps contraint au silence, et son visage s’épanouit quand la sanin reprit la parole :
« Quel est ce lieu ?
- Aaaah… Vous me surprenez je l’avoue. Votre présence a été une plaisante surprise. En toute sincérité, je ne m’attendais pas à ce que quiconque puisse me précéder dans ce lieu. J’en conclus donc que vous êtes déjà venu et qu’un homme aussi savant et brillant que vous l’êtes…
- J’ai mené quelques… recherches dans ces grottes. » l’interrompit Orochimaru dissimulant son irritation devant le ton faussement flagorneur emprunté par Ohira.
Celui-ci n’en parut pas particulièrement troublé et élevant un regard distrait vers les voûtes rocheuses qui les surplombaient :
« Peu de choses à dire, en vérité, bien peu de choses. Certains affirment qu’Ils auraient construit cet endroit, qu’il ya de cela des centaines d’années, Ils auraient traversé le couche terrestre et auraient ramené de leurs mains noires des morceaux de lave brûlante et les auraient amoncelés pour créer ces grottes. Mais ceux qui parlent ainsi sont de sombres nigauds, de stupides colporteurs de ragots, ignorants des vérités de ce monde. Moi je sais qu’Ils n’ont jamais rien construit de leur propre initiative. Ils n’en étaient probablement pas capables. Pourquoi diable l’auraient-Ils fait ? Pourquoi bâtir quand il est si facile de voler l’œuvre d’autrui ? J’ignore qui a élevé ces murs et très sincèrement, je m’en moque. »
Les doigts bruns ramassèrent quelques débris gisant sur la table et les réduisirent en fines poussières. Le sourire d’Ohira s’élargit.
« Cendres, tu retourneras à la cendres… Belle maxime, n’est-ce-pas ? Dont auraient du s’inspirer ces pauvres bougres, de même que les imbéciles qui pour quelques obscures raisons se mirent en tête de couvrir ces murs de graffitis absurdes. Les dieux seuls savent ce qui a bien pu les motiver. Une secte de plus probablement, fanatiques pourchassant des chimères qui ont fini par se noyer dans leur propre démence. Ces grottes ne font pas un très bon lieu de séjour et bien peu de gens en réchappent sains d’esprit. Bon débarras, si vous voulez mon avis.
- Mais ce n’est pas tout, n’est-ce-pas ? »
Une lueur presque admirative affleura un instant dans le regard d’acier. Meiyamoto acquieca, arborant l’expression satisfaite et légèrement condescendante d’un professeur approuvant un élève particulièrement vif d’esprit.
« Non, ce n’est pas tout. Et il y aurait encore bien des choses à dire, trop de choses peut-être… Et si vous désirez… ?
- Qui êtes-vous ? »
Pour la seconde fois, Ohira sembla un peu désarçonné :
« Qui suis-je ? Répéta-t-il. Une question surprenante. Vous trouvant ici, j’imaginais que vous en soupçonniez au moins la réponse. »
Un coup d’œil glacial du sanin l’avertit que son interlocuteur commençait à se lasser de ses réponses sibyllines. Il éleva brièvement les mains dans un geste qui se voulait apaisant, contrastant avec l’étincelle moqueuse qui n’avait pas quitté un instant son regard. Arbora un air vaguement songeur :
« Qui suis-je ? Et bien peut-être avez-vous déjà entendu parler… Oh et puis non ! Ce n’est pas ainsi que les choses doivent être faites. Il faut parfois procéder dans les formes, vous comprenez. Les formes sont bien plus importantes que l’on ne se l’imagine… »
Et d’un bond souple, Ohira se dressa soudain debout sur la table sculptée, ignorant le brusque mouvement de recul de son visiteur. Avant que le légendaire ninja puisse seulement s’interroger et s’inquiéter de cette étrange attitude, l’autre avait fléchi les genoux et s’était assis à même la pierre, mains posées fermement sur les cuisses, parodiant l’attitude des conteurs itinérants. Puis commença à psalmodier :
« Dames et Seigneurs, réjouissez-vous car voici venu le temps des mythes et des histoires, des frissons et des chants, des pleurs et des rires. Dames et Seigneurs, ouvrez-nous votre esprit car aujourd’hui, s’écartent devant vous les voiles vaporeux de passé. Dames et Seigneurs, prêtez-nous l’oreille car les nués sont noires et l’avenir indistinct. Dames et Seigneurs… Il était une fois…
- Ohira ? Ôtez moi un doute. Vous payez-vous ma tête ? »
L’intéressé sourit de toutes ses dents, une expression qu’un observateur peu perspicace aurait pu juger presque puérile. L’infortuné aurait probablement payé cher cette erreur.
« Loin de moi cette idée, s’indigna-t-il. Et vous plus que quiconque devez savoir que tout conte contient sa part de vérité et ne doit pas être prit à la légère. Sur ce, ne m’interrompez plus, je vous prie. Vous m’en verriez fâché et vous perdriez l’occasion d’un divertissement des plus instructifs. »
Un silence.
« Où diable en étais-je ? Ah oui… »





« Il était une fois… »
Dernière modification par Arakasi le lun. 09 juil. 2007, 23:16, modifié 1 fois.
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Jainas
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Message par Jainas »

Seigneur, un nouveau chapitre. :shock:
Je n'osais plus y croire, comme quoi les voies de Thot sont impénétrable. :D

C'est très, très bien écrit comme d'habitude, ta longue pause n'a pas changé cela... Les anbus sont très bons, et la rencontre Ohira Orochimaru dépasse toutes mes espérances, les ruines et les peintures, l'ambiance sombre, Orochimaru émacié et plus reptilien qu'humain, véritablement effrayant... Et bien entendu ce cher mégalo d'Ohira qui comme tu l'as si justement fait remarqué aime s'entendre parler...

C'est marrant, dans ta prose on retrouve des tournures rigides, un peu théatrales. Serait-ce l'influence de Dumas et de Rostan, par l'intermédiaire de ce très cher Savinien ?
En tout cas c'est assez appréciable je trouve, et çela convient très bien à nos deux larons de méchants qui après tout ont un certain goût pour le décorum...

"Il était une fois"...

Ces mots sonnent doucement à mes oreilles. Ou plutôt ondulent doucement devant mes yeux, puisque je suis devant mon écran :D

Ô joie, souffle léger des ailes de Thot brassant l'air... Vivement le prochain chapitre :D
Quiyes
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Message par Quiyes »

C'est vrai que c'est bien :razz: , et comme l'a dit jainas on n'a pas l'impression que tu aies fait de pause :shock: .

Bonne idée le résumé, et puis... à vrai dire je ne sais pas vraiment quoi ajouter, j'ai trouvé que c'était un bon chapitre, mais je n'ai aucune critique particulière ou remarque constructive qui me vienne, désolé. :roll:

Je peux juste dire que je ne m'attendais pas à ce que le chapitre se termine de cette manière, ça m'a vraiment pris de court... :mrgreen:

Je posterai une review plus générale, sur la fic entière, une fois que je l'aurai relue. :humm:
lebibou
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Message par lebibou »

Tout d'abord, je m'agenouille en quémandant votre clémence chere Arakasi. Je suis en retard certes et pas qu'un peu d'ailleurs.


Cependant, j'avoue avoir une bonne raison et ce serait avec grand plaisir que j'en ferait part mais j'avoue que, malheureusement, tel un Ohira, je ne peux le dévoiler de manière aussi grossière.
Pour faire simple, disons que ça a trait à un pacte avec moi même et à Relève toi.

(Cette excuse est aussi valable pour Konoha Gaiden et je promais très prochaine d'en faire une review)

Ce sera tout pour les excuses.

Bon, ravi de voir le retour de notre Orochimaru, toujours aussi amicale avec un Ohira toujours aussi beau parleur qu'il est cruel.
Bon dieu, y'a pas à dire, les méchants beau-parleur et d'une courtoisie à tout épreuve sont les méchants les plus jouissif que je connaisse.
L'éducation suffit à les transformer en beau salopard et il est plus difficile d'arguer qu'ils ont eu une enfance difficile.

Par contre, un reproche assez courant, Naruto & Co sont les grands absents de la fic.
Ça va faire quoi ? Quatre cinq chapitres que les gosses n'ont pas fait un p'tit coucou de plus de deux lignes dans la fic ?

Tu me diras, pour ma part, je m'en fous un peu. J'aime beaucoup Kakashi et tous les autres (ce qui inclue Musashi et Hijo).

Bon, je papote beaucoup mais c'est parce que je ne trouve pas grand chose à raconter en fait.
Le chapitre est bien, c'est un plaisir de voir la suite de la fic mais il n'y a pas grand chose à y redire. C'est bien écrit, c'est bien rythmé, ça a des allures du seigneurs des anneaux par moment (notamment au niveau du scénar' je trouve). Bref, que du bonheur.

Comme d'hab quoi.

Lebibou, incapable de bouger un muscle à cause du sport.
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