Sang et cendres

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

lebibou
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Message par lebibou »

Nouveau chapitre où pleuvent les bons sentiments, la joie de vivre et les petits zoziaux dans le ciel.
Tout à fait d'accord, il pleut des zoziaux qui ont fini carbonisé par un soleil un brin trop chaud.

Pfff……… Que dire ? Je pense que je vais finir par me faire des reviews toute faîte. J'ai l'impression de toujours dire la même chose comme «j'adore ton style» ou autre «excellent chapitre.»
Scène de presque viol est excellente. J'avoue que jamais je ne me serai lancé dans un passage de ce style et je le ferai encore moins après avoir lu ce que tu as écrit.
C'est trop sale pour un petit être pur comme moi. (comment ça personne y croit ?)
J'adore l'arrivé de Ohira. J'avoue que je m'attendais plutôt à un truc du style Kakashi ou Naruto mais Ohira se la pète et il a l'art de mettre les gens mal à l'aise (Il faut admettre qu'être ligoté comme un lapin et à moitié nue ne doit pas aider.)

Vivement que Naruto pête tous ses sceaux et passe en mode Berserk (pasque c'est prévu hein ? rassure moi, c'est prévu ?)

Kakashi n'est qu'humain, un humain doué mais humain. J'ai beaucoup aimé ce passage.
A quand la suite ?

Edit : j'ai pas eu l'occasion de le dire avant mais j'aime beaucoup ton set.
Dernière modification par lebibou le sam. 29 avr. 2006, 22:55, modifié 1 fois.
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yukiyoruno
Gennin
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Message par yukiyoruno »

Bon, ceci,c'est un commentaire de Maetelgalaxy (c'est à dire moi) qui est flemmarde d'aller à FFnet pour te laisser un review.

Eh,bien...j'ai lu cinq chapitres d'un seul coup (pas vraiment car j'ai fait des nombreuses pauses).
Bien sûr ma lecture avance lentement mais ton histoire n'est pas de tout ennuyeux!
Attention des deux fautes assez répétés: prés :arrow: près
sois :arrow: soi
Mais ce n'est pas important tant que ta fic est compréhensible. Et tu as dit que ce n'est pas évident de relire 7 pages.

mmh, que dire?
Pffff, je n'en ai pas d'idée- creuse sa tête-attend un instant, stp.

Des sublimes atrocités, des scènes dignes du fin de monde.
Pas un moment de répit ou de détente. Tout est tendu, malsain, sanglant, inhumain, poignant et des autres adjectifs que je ss flemmarde de les mettre.

Des pensées ou plutôt point de vue sont bien rendues, l'atmosphére...brrr.
Tu lis trop des livres sanglants, ce n'est pas bon pour ta santé mentale :non: !!!

Hijo est important pour l'équilibre de ta fic. Il posséde un sens de survie très élèvée. Au contraire des autres qui sont à la face devant ses peurs.
Etc...

J'ai des mêmes remarques que les autres!

...
Et voilà, tel est mon minable commentaire

Ps: Tu m'énerves ainsi que les autres fanficeuses par votre niveau du style!!!
Comparé à ta fic, ma fic fait une bien pâle figure...à cause de style si plat et si pauvre :pleur:

Mais, non, je ne vais pas te massacrer!
Je te respecte!
Et je t'admire!
Et je suis gentille et pas racunière pour un sou :mrgreen:

Continue comme ça! (oui, je suis une sadique qui aime les souffrances de l'équipe 7)

Ps: la fic rapproche à sa fin? ou très loin d'être fini?
J'espère que ta fic sera achevée sinon... C'est nul , les fics inachevés quand elles sont bien.
Kydash
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Message par Kydash »

Bons chapitres avec la recette magique qui marche toujours aussi bien. je n'ai pas grand chose à en redire à part mon eternelle interrogation sur le personnage d'Hoji et un naruto qui me semble toujours aussi absent bien que l'histoire tourne autour de lui. (le gonz se fait piéger, bon il est en colère et après ? il a si régressé au stade primitif au point qu'il se pose si peu de questions ?)

Par contre, mettre l'accent sur les "méchants" de l'histoire (dieu que je deteste ce terme pour désigner ohira) est assez original pour une fan fic (voir pour une histoire) et il en ressort une certaine classe.

Bref, comme tout le monde j'att la suite. (et sur ce je vais me pencher sur la fic de tayuya moi, depuis le temps que je dis que je la lirai)
Jainas
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Message par Jainas »

le gonz se fait piéger, bon il est en colère et après ? il a si régressé au stade primitif au point qu'il se pose si peu de questions ?)
Pour ce que j'en ai compris, le pov n'est pas 100 % Naruto, il est infusé de Kyuubi... ça parrait logique et c'est bien plus classe...
yukiyoruno
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Message par yukiyoruno »

Kydash (, je pense qu'Arakasi veut équilibrer les POV des personnages.
L'alternance des passages sont bien faits et sont nécessaires pour rendre la fic plus vivante. Ce n'est pas toujours évident de faire tous les POV sinon on aura 15-25 pages!!! Et bcp de travail pour l'auteur.

Par ailleurs, Tu (Arakasi) fais une même chose que Gabriel Kay qui lui aussi alterne les passages.
Arakasi
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Message par Arakasi »

Ouais!!! Déjà plein de commentaires!!!
_petite crise d'enthousiasme intime: cris, bonds, gloussement, etc... C'est normal..._

Plus sérieusement, merci à tous les reviwers:vous avez aprécié la scéne de quasi-viol? La question est: est-ce que CA c'est une réaction normale? :roll:
Hum... Non pas trés sérieux tous comptes faits et je sens que je m'enbrouille, viens de me lever aussi...
J'ai un peu hésiter à mettre, voire à écrire cette scéne (moi aussi je peux être pure et innocente quand je veux) mais elle s'inscrivait parfaitement dans l'ambiance du récit et elle passe plutôt bien.

Comme tu l'as dit Kydash la présence d'Hijo n'est pas vraiment indispensable au récit, mais est-ce vraiment nécessaire?
Il n'est pas là pour son rôle important dans le scénario mais parce qu'il permet de servir de balancier en quelque sorte. Il permet de donner "une bouffée d'air" au récit (dixit Lebibou je crois), un peu d'humour et porter un regard différent (celui du lâche à l'instinct de survie surdévelloppé) sur les autres personnages.
Quand à Naruto... Bah Jainas a déjà répondu: si il avait seulement la moitié de sa lucidité habituelle, il ne réagirait pas comme ça.
Ca peut paraître bizarre pour ceux qui ont vu le Kyubi de Lebibou, mais pour moi Kyubi c'est un paquet d'instincts bestiaux lié à un amas de pulsions meurtriéres (oh... et un bon stock puissance à l'état brut aussi).
Dans ce sens, on peut dire que Naruto-Kyubi est assez prés du stade primitif, oui... :lol:
Si le garçon reprend le pas sur la bête, il pourra réfléchir à sa situation.

Yuliyoruno:
Ps: la fic rapproche à sa fin? ou très loin d'être fini?
J'espère que ta fic sera achevée sinon... C'est nul , les fics inachevés quand elles sont bien.
Vous ici, trés chére amie?! :lol:
Meuh non, je ne lis pas trop de livres sanglants!
Merci pour le commentaire et pour te répondre: je connais à peu prés la suite de l'histoire mais elle en a encore pour un bout de temps (je crois que j'ai du en dépasser la moitié mais je ne suis pas sûre). Et ne t'inquiétes pas: j'ai bien l'intention de l'achever, les fics inachevées des autres auteurs me font déjà assez râler...

Edit:
Par ailleurs, Tu (Arakasi) fais une même chose que Gabriel Kay qui lui aussi alterne les passages.
Où l'on voit l'influence de mes chers écrivains adorés :mrgreen:

HS: Et merci Lebibou pour le set. :mrgreen: Je n'avais rien à faire une aprés-midi ou plutôt je n'avais pas envie de bosser donc...
Dernière modification par Arakasi le dim. 30 avr. 2006, 14:01, modifié 1 fois.
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lebibou
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Message par lebibou »

Force est de reconnaître que Naruto, on l'a a peine entr'aperçut tout au long de la fic. (Je suis sûr que Sasuke a eu droit à plus de scène que Naruto.)
Ce n'est pas histoire d'alterner les POV, c'est juste que Naruto tient plus un rôle de figurant que d'acteur.
De toute façon, pour bien faire ressortir Ohira et Hijo, il était nécessaire que l'un des personnages s'efface.
En même temps, c'est assez osé d'effacer Naruto dans une fanfic dans cette univers, mais vu que c'est bien fait, je vais pas me plaindre.
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Arakasi
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Message par Arakasi »

Nouveau chapitre! J'ai eu du mal à le finir celui-là suite à une semaine un peu beaucoup chargée. Enfin dés Jeudi prochain, je pourrai trouver plus facilement le temps d'écrire. Pas trop tôt...

Il me plaît assez ce chapitre, j'espére qu'il n'est pas trop chaotique par moment. Trés bonne lecture!


CH 17 : Combat de fauves.





- Sais pas ce qui c’est passé. Le… Le village a euh… Il a… Il a explosé ! Je vous assure ! Enfin… Hum… Je crois. Parce que en fait je n’ai pas vu grand-chose. Rien du tout en fait. Hum… Parce qu’on était sous terre. Enfin pas de la terre. De la roche. Euh… Le sol, vous voyez ? Donc, en fait… Où j’en étais ? On est sorti de la terre. De la roche. Du sol, pardon. Alors euh… Hum… ha…
Hijo s’embrouilla, sécha lamentablement et finit sa phrase dans un bredouillement incompréhensible, sous le regard impassible de l’officier anbu. Regard qu’il devinait en tout cas impassible, professionnel, peut-être même légèrement méprisant. Pas très facile à juger étant donné que rien ne filtrait à travers les minces entailles du masque de chat qui le toisait. Le chuunin trouvait cela extrêmement perturbant et était incapable de fixer longtemps la face lisse et blanche, préférant se concentrer sur la ceinture de son interlocuteur.
Il était tombé sur le groupe d’anbus pas pure chance, ou plus exactement les anbus lui étaient tombés dessus. Une seconde auparavant il courrait seul dans la forêt, les arbres filant à ses côtés, silhouettes sombres et décharnées rendues floues par la vitesse, une main crispée sur ses côtes douloureuses. Les ninjas avaient surgi de nulle part, tels des fantômes ou quelques esprits des forêts jaillissant de l’écorce même. Le premier réflexe d’Hijo avait été de tenter de prendre les jambes à son cou, réflexe salvateur qui lui avait plus d’une fois rendu service, mais également réflexe inutile, voire suicidaire quand on se retrouve brusquement entouré d’une demi-douzaine de ninjas plus puissants, plus rapides, bien mieux entraînés et en meilleur condition physique que soi.
Après une crise de panique d’assez courte durée, il avait enfin reconnu l’uniforme des anbus de la feuille.
Et avait manqué de s’en évanouir de soulagement.
Il s’était lancé dans un discours un peu hystérique, avalanche de propos incohérents qui avait fini par expirer sous les regards froids des masques aux effigies animales. Le pire étant celui du capitaine. L’homme s’était planté devant lui et l’avait écouté sans l’interrompre, sans émettre un son, pas même un grommellement d’irritation. Impossible de deviner la moindre expression. Le moindre sentiment. Si un anbu était capable d’éprouver ce genre de choses.
Le bref aperçu qu’il avait eu de l’univers de ces hommes durs et violents à travers l’attitude et la fin tragique du capitaine de la sixième unité et de ses subordonnés ne lui avait pas donné envie d’en faire plus ample connaissance.
Hijo fit un nouvel effort héroïque :
- Tout avait cramé, marmonna-t-il. Les maisons, les gens, les arbres et euh… les maisons ? Pardon. Nos équipiers, le dém… le garçon et Sakura, ils avaient disparu. Avec Ohira. Vos copains, euh non ! Pardon ! Les autres anbus. Ils étaient tous morts. Pas bien morts. Hum, je veux dire… C’était pas très… beau. Hein ?
Silence. L’autre ne l’aidait vraiment pas.
- Il les avait… Je veux dire : Ohira les avait… Ha… Euh… Vous comprenez ?
- Non, je suis sourd comme un pot. Et légèrement attardé sur les bords aussi. Et cesse de causer à ma braguette mon garçon, tu veux ? Je commence à trouver ça déstabilisant.
Le chuunin releva la tête en sursaut, mâchoire pendante.
L’officier laissa échapper un profond soupir, rejeta son masque sur sa nuque et posa un regard brun, calme et plutôt bienveillant sur le jeune homme paralysé. Celui-ci considéra incrédule le visage bronzé et mal rasé à l’expression un peu distraite.
L’autre lui adressa un hochement de tête :
- Et ramasse ton menton, continua-t-il. Tu vas finir par bouffer de la terre.
Hijo se fit mal aux dents en les claquant sèchement dans sa hâte d’obtempérer. Mais il ne pouvait s’empêcher aussi facilement de fixer d’un œil exorbité son interlocuteur qui paraissait pour l’instant l’avoir oublié, trop occupé à lever un regard las vers la ciel.
- Rhaaaaa… gémit-il. Bien prévisible ! Mais qu’est ce qu’il leur a pris de confier une équipe à ce morveux de Gabanju ? Un petit crétin de plus, pas foutu de trouver son cul avec un atlas ! Et on nomme ça capitaine… Ca-pi-tai-ne ! A ce compte là, pourquoi vont pas les chercher à l’Académie leurs foutus capitaines ?
Puis revenant sans transition à la mission :
- Et Hatake ? Qu’est-ce qu’il est en train de foutre celui-là ?
- Ha… Hatake ?
- Kakashi Hatake, précisa gentiment l’officier. Jounin. Cheveux gris. Un œil rigolo. Lit des bouquins pornos. Pas très sociable. Tu le remets ?
Hijo réussit de justesse à éviter un nouveau décrochement de mâchoire, tentant vainement de comprendre quel sens son vis-à-vis pouvait bien donner au mot « rigolo ».
- Ou…Oui. Il est parti à leur poursuite. Pour ses élèves, je crois… Il… Il avait peur.
Il ne se rendit compte que trop tard de se qu’il venait de proférer. Véritable blasphème pour bon nombre de shinobis moyens de Konoha. Kakashi Hatake était un génie. Kakashi Hatake ne pouvait avoir peur.
Mais l’homme qu’il avait observé sur les ruines d’Hashika avait bel et bien peur.
Etait terrifié en réalité.
Quoi qu’il en soit, le capitaine ne releva pas la remarque, se contentant d’un mouvement d’épaule fataliste.
- Foutu imbécile suicidaire, commenta-t-il. Sa réputation lui est montée à la tête. Mais un bon pisteur. Un des meilleurs, pas comme les abrutis qu’on nous fourre dans les pattes aujourd’hui.
- Justement euh…
Un haussement de sourcils interrogatif. Hijo prit son courage à deux mains : quitte à dire des blasphèmes autant ne pas s’arrêter en si bon chemin.
- Il… Il n’avait pas l’air d’aller… très bien. Depuis le début de la mission, il… Quand je suis parti, il paraissait un peu…
Il chercha de son mieux le terme le moins embarrassant et finit par opter pour :
- Hum… Détraqué.
- Ah ouais ?
Pour la première fois quelque chose qui pouvait passer pour de l’inquiétude glissa dans les yeux placides. Un léger froncement de sourcils :
- Mouais. Faudrait peut-être envisager de repartir en vitesse, alors. Pas plus de temps à perdre. On…
- Mon capitaine ? l’interrompit une voix féminine, grave et mélodieuse.
L’officier, masque toujours relevé, tourna un regard intrigué vers l’anbu au masque de chouette qui venait de prendre la parole. Celle-ci étendit un bras silencieux vers l’horizon. Vers les nuages épais et gris sombre qui s’étendaient lentement au dessus de l’Est.
Au dessus d’Hashika.
- Et merde, asséna avec conviction l’homme.



* * * * * * * * * * * * * *



Kakashi dérapa dans la boue, faisant gicler de tous côtés des éclaboussures de neige mêlée de terre. Projeté en arrière par un coup asséné avec la violence d’un taureau, le jounin patina sur le sol glissant, cherchant à recouvrer son équilibre. N’en eu pas le temps. Son bras gauche se releva au dernier moment, parant du tranchant du kunai la lame acérée qui s’abattait sur sa poitrine.
L’acier crissa sur l’acier.
Une nuée d’étincelles s’éleva brièvement recouvrant les deux hommes.
Les jambes du jounin plièrent sous le choc qu’il tenta tant bien que mal d’encaisser. Y réussit presque. Tomba à genoux, les bras raidis au dessus du front, soutenant à présent à deux mains la force de l’attaque. L’autre pesa de tout son poids sur le sabre, faisant crier l’acier. Les regards meurtriers se rencontrèrent au dessus des lames entrecroisées, rouges tout deux, emplis de fureur, brûlants d’une lueur démente.
Kakashi avait réussi à peine quelques secondes auparavant à arracher la seconde arme de son adversaire, payant cette réussite d’une balafre à l’épaule droite. Pas la première du combat, ni la dernière. Un maigre prix à payer tout compte fait. Si Teshiro avait toujours possédé son sabre, le combat se serait probablement arrêté là et lui aurait été fauché par un coup transversale.
Une épreuve de force, mais ses bras le lancinaient déjà. La sueur et le sang rendaient sa prise traître, ses mains tremblaient sous l’effort, ses épaules blessées hurlaient des protestations stridentes dont il ne pouvait tenir compte.
Calme-toi. Calme-toi ! Il est puissant, mais il combat aveuglement. Ta seule chance. Ne te laisse pas aller. Ne te laisse pas aller ! Reste lucide. Lucide.
Kakashi entrevit une occasion, un échappatoire. Se jeta brusquement sur le côté, libérant ainsi sans prévenir la lame de son assaillant qui lui déchira une manche au passage, sans parvenir à entamer la chair. Teshiro trébucha, enterra en partie son arme dans la neige, ne put éviter le coup de pied qui le cueillit au menton. Le ninja barbu ne tomba pas mais tituba en reculant, crachant du sang et secouant la tête, tentant de s’éclaircir les idées.
Le copy ninja en profita pour se remettre sur pieds, assurant ses jambes flageolantes. Repartit aussitôt à l’attaque. Pas le temps de se reposer. Pas le temps de s’accorder la moindre tranquillité.
Pas face à un tel adversaire.
L’autre était bon, excellent même, doué d’une rapidité hors du commun, de réflexes effrayants, d’une force brute qui ne l’était pas moins. Un adversaire à sa mesure. Et malgré les vies de Naruto et de Sakura pesant dans la balance, Kakashi ne pouvait chasser l’exaltation sauvage qui l’envahissait, le galvanisait, rendant ses gestes plus rapides, plus meurtriers, mobilisant toutes les forces qui lui restaient.
Il arrivait encore à garder suffisamment de contrôle et de recul pour analyser la situation : son plus grand avantage. Cela et son utilisation du Ninjutsu. Plus que probable que son adversaire soit capable d’utiliser toutes les ressources du combattant ninja en temps normal mais toute technique élaborée lui semblait inaccessible pour l’instant.
Teshiro Nihame n’était plus que vitesse, violence et instincts, se battant à la manière d’un bête fauve, dominé par une rage aveugle.
Et déjà terriblement dangereux.
Insensible aux blessures qui ensanglantaient ses vêtements, l’une lui zébrant la cuisse, l’autre assez profonde juste en dessous de la gorge ainsi que quelques égratignures mineures, Teshiro ne semblait guère disposé à diminuer le rythme et la vitesse de ses assauts. Et Kakashi fatiguait… Ses gestes ralentissaient ; sa respiration devenait irrégulière et heurtée ; chaque esquive devenait plus difficile, plus lente, moins maîtrisée. Il ne pourrait tenir encore bien longtemps. Finirait forcément par commettre une erreur qu’il paierait de sa vie car l’autre ne lui laisserait pas la moindre chance.
Il devait en finir.
Et tout de suite.
A la moindre occasion. La moindre ouverture.
Tu n’auras pas de deuxième chance.



Le sharingan s’étrécit, les mains gantées s’animèrent alors qu’il feintait sur la gauche.
- Elément eau : lances de glaces !
Jaillissant du sol à ses pieds des pic acérés de l’épaisseur d’une flèches fendirent l’air formant des arcs de cercle scintillants.
Nihame ne se donna même pas la peine de les esquiver. Le sabre dansa, tranchant sans difficultés la glace, réduisant à néant la technique.
Un sourire bref et mauvais dissimulé sous le masque.
Maintenant.
Au contact de l’acier la glace explosa en une myriade de copeaux miroitants, enveloppant Teshiro d’un nuage de cristal. Les grains translucides se glissèrent dans les yeux rouges, sous les paupières qu’il n’avait pas eu le temps de fermer, les brûlant cruellement. Aveuglé, l’homme hésita un instant, recula, portant une main à ses yeux avec un grondement de rage et de douleur. Un instant. Une demi seconde.
Kakashi bondit en avant.
Lièvre. Lapin. Singe… Et le hurlement des « Mille oiseaux » lui déchira les tympans, les éclairs bleus et blancs l’éblouissant à moitié. La pression de l’air glacé sur son corps. Le vent lui hérissant les cheveux. Le paysage rendu indistinct par la vitesse bondissant à ses côtés. Une enivrante sensation de puissance. Les battements du cœur qui quintuplaient alors qu’il se précipitait droit sur l’adversaire. Pour tuer. Pour broyer. Déchirer.
Teshiro frappa du dos un arbre, releva les yeux, les écarquilla.
Kakashi vit la compréhension apparaître dans le regard écarlate du shinobi acculé.
Le vit se raidir
Vit la lame du sabre se mettre en mouvement.
Vit l’acier flamboyer un instant.
Comprit en un éclair que ce même acier lui perforerait le ventre au moment de l’impact.
Comprit qu’il serait incapable d’éviter le coup.
Pas à cette vitesse. Pas s’il voulait en finir maintenant.
Et il s’en moquait. A cet instant précis, malgré ses élèves disparus, malgré sa propre fatigue, malgré toutes les règles qu’on lui avait soigneusement inculpées à l’Académie puis durant toute sa vie d’adulte, Kakashi Hatake se moquait de tout. Avait tout oublié : les fanfaronnades de Gai, les rires de Naruto, les sourires de Sakura, les silences de Sasuke. Les tombes des amis disparus, les noms gravés sur la pierre, le dernier soupir d’Obito, le corps de son père affalé sur le sol. Ne restait plus que lui et sa cible. Et une colère terrible, dévorante.



* * * * * * * * * * * * * *

Musachi Usama atterrit sur une branche basse, reprit sa course, bondissant de d’arbre en arbre, le pas mal assuré sur l’écorce recouverte de givre. Une course dangereuse même pour des anbus aguerris mais ralentir était exclu. La prudence aurait voulu qu’ils ne dépassent pas une vitesse de sécurité, quitte à perdre un certain temps du moins seraient-ils arrivés à destination avec tous leur membres en bon état.
Au vu des circonstances, la prudence pouvait aller se faire foutre.
- Bordel… !
Son pied dérapa, il vacilla avec un juron, reprit son équilibre de justesse avant de s’élancer à nouveau. Quelques secondes de perdu. Il dut accélérer l’allure pour revenir à la hauteur de ses hommes au risque de se casser le cou. Selon la procédure, il aurait du en envoyer au moins deux en éclaireurs pour repérer les lieux et prévenir d’éventuelles mauvaises surprises.
A la réflexion, la procédure pouvait également aller se faire foutre.
Sur ses sages réflexions, Musachi rejoignit son unité à temps pour voir un anbu chanceler et manquer de dégringoler de son perchoir. Le capitaine grimaça.
Foutrement intérêt à être encore vivant, maudit copieur.
Ca m’emmerderait assez de ramener ton cadavre à Konoha. Le vieille psychopathe m’arracherait les yeux et je me ferais probablement encore virer… Remarque, après être passé entre les griffes de Gai ce serait sûrement moindre mal…
Sois gentil Kakashi: évite de crever. Tu me rendrais service.




* * * * * * * * * * * * * *



La douleur ne vint pas tout de suite.
Un choc sourd, rien de plus. Un léger éblouissement. Kakashi cligna des paupières, abaissa machinalement les yeux et considéra d’un air hébété la lame d’acier profondément enfoncée entre ses côtes. Aucune douleur. Stupéfiant… Le sang commençait à couler le long de sa hanche et de sa jambe sans qu’il songea à en arrêter le flot.
Du sang maculait également son bras droit, parsemait son visage d’éclaboussures écarlates. Pas le sien. Il releva le regard au bout d’un instant. Deux yeux d’un rouge brûlant exorbités par le choc le foudroyèrent à seulement quelques centimètres de son visage.
Les deux combattants étaient presque poitrine contre poitrine, imbriqués l’un dans l’autre. Kakashi pouvait sentir sous sa paume l’écorce rêche de l’arbre, bras enfoncé jusqu’au coude à la jointure de l’épaule de Teshiro, doigts pétrissant le bois de l’arbre contre lequel l’autre était appuyé. Sonné, le jounin ne put que lui rendre son regard en silence, l’esprit occupé par une seule et unique pensée :
Je l’ai raté.
Alors que l’homme se raidissait difficilement, que la lame figée dans sa chair frémissait, lui-même s’avéra incapable de bouger, incapable d’avoir une réaction intelligente.
Il va me tuer. Même ainsi. Même transpercé de part en part, il va me tuer.
Mais cette pensée n’amena pas la réaction de panique qu’elle aurait du susciter. L’absence de douleur le fascinait.
Puis Nihame se figea, fut agité d’un violent tremblement. Le regard flamboyant vacilla et redevint d’un bleu pâle et délavé. La main crispée qui agrippait le sabre se détendit. Le shinobi au visage amaigri considéra pendant quelques secondes le jounin avec ce qui ressemblait à de l’incrédulité avant de se tordre brusquement en avant, vomissant du sang sur l’épaule du copy ninja.
Kakashi recula, arrachant son bras de l’épaule de Teshiro qui s’affala lourdement contre l’écorce ensanglantée et le lame de celui-ci de sa propre chair.
La souffrance explosa, un brouillard rougeâtre lui obstrua la vue.
Il ne se rappela pas s’être effondré mais se retrouva à quatre pattes, mains enfouies dans la neige, visage effleurant presque le sol, luttant désespérément pour retrouver son souffle. Reste conscient. Ne t’évanouis pas. Ne t’évanouis pas. Respire. Respire ! Le monde pris de folie tournoyait autour de lui, des éclairs éblouissants traversaient sa vue. Reste conscient. Lucide. Conscient. Lucide.
Au bout d’un laps de temps qu’il ne put déterminer, la douleur reflua un peu, lui permettant de se redresser sur les genoux. Teshiro aussi livide qu’un cadavre la considérait d’un œil froidement indifférent. Le sabre avait glissé de sa main privée de force et gisait à ses côtés.
Kakashi se traîna jusqu’à lui :
- Ohira et les autres… gronda-t-il, la voix réduite à un aboiement rauque et bas. Où sont-ils ? Où les a-t-il amené ?
Une ombre de surprise dans le regard cerné. L’autre répondit d’une voix assez claire et forte au vu de son état :
- Que vous importe, maintenant ?
Les mâchoires du jounin se crispèrent brièvement, la souffrance un peu mise en retrait, la fureur affluait à nouveau dans ses veines.
- Ce qui m’importe ?! Vous allez me dire où ils sont partis…
- Et qu’en ferez vous ? répondit Teshiro avec calme. Vous seriez incapable de partir à leur recherche et encore moins de les rattraper… Et si par miracle vous y arriviez, Ohira vous mettrait en pièces.
Kakashi résista au désir soudain pressant de rouer de coups le visage vide de son vis-à-vis, contrôla difficilement sa respiration sifflante. Il a raison. Il n’a que trop raison. Tu ne serais pas capable de faire trois pas sans aide, alors affronter Ohira… Cette prise de conscience ne l’aida pas à se contrôler, loin de là en fait.
- Vous vous… feriez tué pour rien. Aucune chance.
- A moi d’en juger, lâcha le jounin.
- Croyez-vous ?
Une très légère ironie dans la voix cassée, comme si à l’approche de la mort, Teshiro Nihame semblait capable de se conduire avec un peu plus d’humanité.
- De toute façon au point où nous en sommes… Vous et moi… Nous allons mourir tout les deux. Moi d’abord probablement… Vous après… C’est mieux ainsi.
Un main couverte de sang agrippa l’épaule valide de Teshiro et le plaqua contre le tronc de l’arbre. Les yeux du shinobi se révulsèrent alors qu’il lâchait une exclamation étouffée.
- Parlez pour vous, grinça la voix de Kakashi à son oreille. Je n’ai pas l’intention de mourir. Pas avant de les avoir retrouvé. Que leur veut-il ?
- Le fille… probablement déjà morte, parvint à dire l’autre. Elle ne l’intéresse pas. C’est les deux garçons qui…
- Les deux garçons ?! hoqueta Kakashi.
Un nouveau vacillement dans le regard vide, presque imperceptible.
- Effectivement, vous ignorez… Il voulait ce gosse aussi : Sasuke Uchiha.
Son cœur fit un nouveau bond et le jounin vacilla, fixant son interlocuteur d’un regard où s’affrontaient le choc et l’incrédulité. Son esprit surmené peinait à suivre le flot de nouvelles informations. Sakura morte. Sasuke de retour.
- Pourquoi ? Où… ?
- Inutile, murmura Teshiro. Et quelle importance cela peut-il avoir pour vous ? Ils ne vous sont rien… OWGH !
La tête du shinobi partit en arrière, frappa le bois quand un poing ganté percuta soudain sa mâchoire. Pas un coup bien puissant en vérité mais décoché à un mourant même par un homme lui-même gravement blessé, il était plus que suffisant. Kakashi faillit bien perdre l’équilibre suite à ce mouvement trop brutal et s’effondrer sur l’autre ninja. Calme-toi ! Au nom du ciel, calme-toi ! Il ne durera pas bien longtemps si tu es incapable de te contrôler. Il tremblait de colère et de fatigue, confronté à cette question aussi soudaine que troublante :
Que sont-ils pour toi ces gosses ?
Et la réponse lui vint comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du monde :
Une petite sœur.
Deux petits frères.
Une famille. Ma famille.

Il en resta un instant ahuri, stupéfait de cette évidence qu’il n’avait jamais été capable de reconnaître jusqu’à ce jour-là. Une famille.
A quel moment s’était-il mis à les considérer ainsi ? Il aurait été incapable de le dire. A quel moment avaient-ils cessé d’être les sales marmots qu’on lui avait confié de force sous prétexte qu’un jounin se devait de prendre une équipe sous sa tutelle ( et également qu’il était de son devoir d’homme viril et triomphant de « protéger, chérir et enseigner aux splendides héritiers de la flamme sublime et éternelle de Konoha », dixit Gai mais Gai disait tant de choses…) pour devenir ses gosses ?
Mais ceci, il n’avait aucune envie de le confier à Teshiro. En revanche, il se pencha à nouveau sur le ninja blessé, approchant son visage du sien jusqu’à presque l’effleurer et cracha :
- MES élèves. Ce sont mes élèves, espèce de salopard.
Teshiro battit des cils à plusieurs reprises, parut légèrement troublé mais ne rétorqua pas. A cet instant les rôles semblaient inversés et c’était le copy ninja qui avait tout du tigre tournant en rond autour de sa proie en grondant, frôlant dangereusement l’incontrôlable.
Kakashi approcha un kunai de la gorge de son ennemi, s’efforçant d’ignorer la manière dont l’épuisement faisait trembler la pointe métallique.
- Je vous laisse cinq secondes pour vous décider. Où sont-ils ?
Un silence.
- Un…Deux…
Un sourire étrange releva le coin des lèvres de Nihame. Sourire qui se mua en un ricanement rauque. Ricanement qui s’amplifia pour devenir un véritable fou rire. Un rire épouvantable, grinçant, douloureux qui convulsait l’homme gisant, lui arrachait des quintes de toux mêlées de sang. Pétrifié, le jounin le fixait sans réagir : il n’avait jamais entendu un rire pareil. N’y avait jamais entendu résonné autant de souffrance destructrice, de désespoir.
Pour la première fois depuis prés de dix ans Teshiro Nihame riait à en perdre haleine, à s’en briser les côtes, à s’en déchirer la poitrine.
Hilarant.
A crever de rire.
A crever tout court.



* * * * * * * * * * * * * * * *


Les mains crispées sur une branche d’arbre, Hijo chancelait de fatigue. Un vertige le prit tandis qu’il jetait un coup d’œil au sol une dizaine de mètres sous ses pieds. Il craignit un instant de perdre l’équilibre, de s’écraser sur le sol gelé. Glorieuse façon de finir une mission.
Le capitaine de la treizième unité l’avait congédié avec autant de désinvolture que Hatake lui-même bien que de façon légèrement plus aimable. Lui faisant comprendre en termes explicites qu’il ne serait qu’un poids mort pour l’équipe. Le chuunin avait bien tenté de protester, ne recevant en réponse qu’un « On s’en fout » plutôt amical.
Les « foutus renforts » du village lui-même n’allaient pas tarder à arriver sur les lieux lui avait assuré l’officier et quelqu’un devait être là pour les guider vers Hashika. Hijo avait compris sans que la chose est eue besoin d’être formulée qu’il était ce quelqu’un en question. Il s’était exécuté avec une dernière pensée nostalgique pour les choux de la maison familiale. Le moyen de faire autrement ?
Il se sentait bizarrement inquiet pour le jounin qu’il avait laissé seul parmi les ruines fumantes d’Hashika. Une inquiétude des plus absurdes qu’il ne confesserait à personne mais qu’il ne pouvait nier.
J’espère que tout se passe bien. Euh… Relativement peu de chances, ça…
Au moins que rien n’est empiré…

Il en doutait.



* * * * * * * * * * * * * * * *



Il s’est traîné sur les mains et les genoux dans la neige humide. A réussi à atteindre un arbre, s’y tient à présent lourdement appuyé, le front posé contre l’écorce, les mains agrippées au bois. Un contact étrangement réconfortant, presque chaleureux.
Quelques minutes auparavant, la rage l’emplissait entièrement mais fureur et haine se sont envolées ne laissant qu’un vide morne.
Il a fallut que la rage s’en aille, s’écoule hors de lui comme du mauvais pue d’une blessure béante pour qu’il se rende compte de l’état de colère constant dans lequel il a vécu ces derniers jours. Colère contre Ohira et ses machinations. Colère contre Hijo et son incompétence. Colère contre Gai qui lui assénait des vérités qu’il n’avait aucune envie d’entendre. Colère contre Naruto qui avait trop changé en trop peu de temps. Colère contre Tsunade. Contre Konoha. Contre le monde entier.
Contre lui-même.
Une fureur qui date de peut-être bien plus longtemps que le début de cette maudite mission… Fureur contre Sasuke et sa trahison. Fureur contre Obito parti trop vite. Contre Rin qu’il n’a pu dissuader de s’engager au sein des anbus. Contre son père et son abandon. Une fureur concentrée, dissimulée, endormie qu’un moment de crise intense à suffit à éveiller.
Envolée à présent.
Evaporée.
Douchée par le rire sans joie de Teshiro.
Il se sent vide, apathique, épuisé. Complètement épuisé. Comme si une vie entière de combat et de lutte constante venait de s’abattre sur ses épaules, broyant ce qui lui restait d’énergie, terrible contrecoup de ces dernière heures. Recroquevillé dans la neige, pour la première depuis qu’il a dépassé l’âge de six ans Kakashi Hatake a désespérément besoin d’aide. Besoin d’une main réconfortante posée sur son épaule, des doigts de son père lui ébouriffant les cheveux avec affection, besoin que quelqu’un le rassure, lui dise que tout ira bien, qu’il en a assez fait.
Un désir bien inutile que ne peut se permettre un shinobi et encore moins un jounin de Konoha.
A défaut de mieux, une voix amicale suffirait, lui amènerait un semblant de réconfort. Mais Gai toujours aussi contrariant, après l’avoir harcelé durant toute une semaine, semble s’être volatilisé de son crâne, l’abandonnant lui aussi.
Maudit… Maudit Gai…
Il est seul, complètement seul. La présence de l’autre homme dont la respiration s’affaiblit de minute en minute ne compte pas. Il ne s’est jamais attendu à mourir autrement. Ne pense pas avoir vraiment mérité une mort différente. Il a tué, torturé, assassiné plus qu’à son tour et une certaine justice sombre lui semble apparaître dans cette mort solitaire et glacée. Justice également pour toutes les erreurs qu’il a commises, pour toutes les dettes qu’il n’a pu payer.
Une humidité sur sa joue.
Kakashi trouve encore assez de force pour s’en étonner : une larme ? Il ne pleure pas, n’a jamais pleuré depuis sa petite enfance, n’en a jamais été capable. Et effectivement il ne s’agit pas de pleurs. Des flocons blancs dansent dans les airs, tombent de plus en plus dru alors que le jounin remarque enfin les nuages gris qui s’amassent au dessus de sa tête. La neige poudreuse commence à recouvrir le paysage environnant, à recouvrir les traces d’Ohira et de ses hommes.
Plus de piste à suivre. Plus d’espoir de retrouver les jeunes ninjas. Et lui va mourir ici.
Quelque chose se brise eu fond de sa poitrine, un petit craquement qu’il est le seul à entendre. Sa résolution ? Sa volonté de lutter ? De vivre ? Un point de rupture a été franchi, il ignore lequel et s’en fiche éperdument.
Il a fait tout ce qui était en son pouvoir. On ne peut lui en demander plus. Tout le monde a le droit de craquer un jour, n’est-ce-pas ? Tout le monde a droit à un peu de repos.
Du repos… C’est tout ce que je demande. Qu’on me laisse enfin faire une pause. Juste une pause. Une heure. Une minute… J’ai envie de dormir. Je souhaite seulement dormir un peu…


Tu les abandonnes.



Il roule sur le dos, l’écorce de l’arbre lui semblant soudain incroyablement confortable. Le douleur de ses blessures semble déjà s’atténuer.


Tu les abandonnes.


Je n’abandonne personne… Je meurs. Tout le monde a le droit de mourir, non ?



La neige virevolte au dessus de la clairière, se dépose doucement sur les corps des deux hommes, commençant déjà à former une pellicule immaculée sur les cheveux gris ébouriffés et sur ceux noirs maculés de sang. Deux pairs d’yeux se ferment d’un commun accord, laissant aux autres le soin de lutter, de combattre. Le soin de vivre.


Tu les abandonnes…



* * * * * * * * * * * * * * * * *



Une heure plus tard Ibaku contemplait sans un mot les corps martyrisés de ses anciens coéquipiers, tentant d’ignorer la boule amère qui lui obstruait la gorge. Il était anbu, avait vu de nombreux massacres dans sa jeune vie. Mais jamais rien de tel. Jamais rien de tel.
La gorge serrée, il trouvait un certain réconfort dans le silence consterné de ses compagnons.
Un profond soupir à sa droite.
D’un geste lent le capitaine repoussa son masque sur le front, tira sa pipe de sa poche et sans prendre la peine de l’allumer se la coinça entre les dents. Ibaku ne songea même pas à s’en indigner comme il l’aurait probablement fait ce matin.
- « Mission B en difficulté », marmonna Musachi d’un ton morne. Tu parles d’un putain d’euphémisme…
D’un mouvement du menton il désigna sans grande espoir les gisants à ses subordonnés, s’éloigna lui-même en direction du corps d’un homme masqué couvert de sang et de boue séchée. S’immobilisa, contemplant le cadavre une lueur attristée au fond du regard.
- Ah le con… l’entendit murmurer sombrement Ibaku.
L’officier tâtonna dans une de ses poches probablement à la recherche d’un briquet, s’arrêta soudain. Ibaku le vit froncer soudainement les sourcils. S’agenouiller après une hésitation au côté du jounin aux cheveux gris. Les doigts habiles firent glisser le masque de tissu, dévoilant le visage livide et le cou de l’homme, s’appuyèrent contre sa gorge à la recherche de la jugulaire.
Musachi se figea, écarquilla les yeux puis se laissa retomber sur les talons avec un long sifflement admiratif :
- Pas possible… Cui-là est toujours vivant.
Il se tourna vers Ibaku, remarqua son regard, lui fit un clin d’œil :
- Faut croire qu’il y a un dieu pour les abrutis à pulsions suicidaires.


* * * * * * * * * * * * * * *

Bah... Ils ont à nouveau tout changé le forum... :shock:
Je préférais avant mais bon...
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Tayuya
Gennin
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Message par Tayuya »

excellent ! j'ai adoré ! Et alors, é-norme, le capitaine ANBU et sa réplique de fou, tellement tordante que j'en rigole encore "arrête de causer à ma braguette tu veux ?" mouahaha, yavait que lui pour sortir un truc pareil !!

Hijo fidèle à lui même, parfait ds le rôle du boulet qui doit dire quelque chose de très important mais qui n'y arrive pas.

Kakashi pétrifiant dans sa volonté de tout lâcher.

C'était vraiment très bien, bravo :grin:

Le design, je crois reconnaitre celui de naruto realm. Rie d'étonnant puisque si j'en juge au nouveau fond, les deux sites ont fusionné. Je préferais avant aussi mais bon... c pas mal non plus
lebibou
Sannin
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Localisation : Qui t'as dis que j'existais ?

Message par lebibou »

Pfffff !!! Un profond ennui m'envahit chaque fois que je poste une review pour cette fic.
Toujours cette problématique, toujours la même question qui revient sans cesse, me martelant le crâne comme si un poison m'envahissait les artère cérébrales et se décidait à jouer au bilboquet. Toujours la même torture, la même interrogation.
Que dois-je faire ?
Dois-je remplir mon rôle de revieweur, mon côté pile, c'est-à-dire donner un avis objectif, pesant à chaque le ligne le pour et le contre, visant à améliorer le lecteur.
Ou bien dois-je exulter, laissant explosé ma joie, complimenté l'auteur, l'adorer dans le sens premier du terme. C'est mon côté face.

Pile ou face ?

Toujours ce même problème. La fumée de la cigarette que je ne possède pas sussure à mon oreille une dernière solution : la tranche.

Pile, face ou tranche ?

Va pour tranche.

Et bien, très bon chapitre, comme d'habitude.
Je te l'ai déjà dit mais j'adore Musacha :happy: Il m'éclate totalement ce personnage avec son côté je m'en fous.
D'ailleurs, les répliques : "la prudence pouvait aller se faire foutre" et "à la réflexion, le protocole pouvait aller se faire foutre."
Tout simplement énorme, tellement dans le personnage.

L'abandon de Kakashi est poignant. Pour la première fois, il craque, il se laisse tomber dans cette enfer qu'est le renoncement. Le renoncement à ses élèves, le renoncement à ses gosses, le renoncement à sa famille comme tu le dis si bien.
Le combat contre Teshiro est pas mal, bien que peu original. Mais vu la teneur en idée de ta fic, on va oublier ce point de détail.

Et puis toujours cette insondable Hijo. Non pas qu'il soit un puit sans fond de talent, mais plutôt un puit sans fond de ressort comique et d'idiotie. L'unique bouffée d'air frais de ta fic.

Par contre, et j'en suis ravi parce que je pensais qu'on y arrivait, tu n'en es qu'à la moitié de ta fic
:dance: :dance: :dance: :dance: :dance: :dance: :dance:

Edit : j'avoue que je suis pas très emballer par le nouveau forum (mon préféré restant le premier, aahh nostaglie quand tu nous tiens…) Par contre, je dois lui reconnaitre une chose, lorsqu'on écrit son message, les message précédent ne sont plus casé dans une minuscule fenêtre. Pratique lorsque l'on veut relire un passage en particulier.

Edit piaf : J'ai trouvé à quel manga me faisait penser (pour l'atmosphère) ta fan fic : l'habitant de l'infini.
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Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Aaaah... Merci pour les commentaires.

Contente que Musachi et son je-m'en-foutisme remporte son petit succés. Il commence à vraiment bien m'amuser ce personnage et j'ai envie de le laisser trainer encore un peu son flegme dans le récit.
La discussion avec Hijo était particuliérement agréable à écrire, bon faut dire que celui-là n'est pas particuliérement difficile à destabiliser...
Et puis toujours cette insondable Hijo. Non pas qu'il soit un puit sans fond de talent, mais plutôt un puit sans fond de ressort comique et d'idiotie.
Meuh non! Il n'est pas complétement crétin!
Il a quand même réussi à remarquer que son supérieur était un peu beaucoup en train de perdre les pédales.

J'avais envie de mettre en scéne le pétage de cables et craquage et effondrement final de Kakashi depuis un bout de temps (meuh non ce n'est pas du sadisme, Kakashi est mon ami... :-)).
Les types qui encaissent tout sans fléchir, ni en montrer rien sont toujours ceux dont l'effondremment est la plus spectaculaire à écrire.
Un passage qui m'a beaucoup plu, donc contente qu'il vous ait marqué.

Pour le manque d'originalité du combat, les combats sont mon point faible, je l'avoue. Je rame pour les techniques élaborées (attristant pour une fic de Naruto, je sais...), alors j'essaie de pallier avec le rythme, l'ambiance et l'état d'esprit des personnages.
Galére les techniques... comme dirait l'ami Shika.

Flattée que l'ambiance de cette fic te rappelle "L"habitant de l'Infini", je n'ai lu que les premiers tomes de ce manga, mais l'histoire semblait pas mal du tout et les dessins... Raaaaaah... Les dessins! :grin:



HS: VOUAIIIIIIIIIIIS!!!! Je suis genin! Vive moi!!!
Euh... hum!
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Jainas
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Message par Jainas »

Comme promis me voici me voilà... et avec une review en prime :D

Tout d'abord, j'ai commencé a lire ce chapitre a ma pause de midi... et je n'ai pas pu finir (là je sais ce que vous vous dites : "Arrrrrrrrrg !!!! comment a t'elle survécu a ce suspens atrocement poignant ???" :shock:
Je me pause égalemment la question.)

Bref, revenons a nos moutons, a nos ninjas plutôt.
Encore une fois un très très bon chapitre. Comme LEbibou je vais finir par avoir l'impression de me répeter sans fin.
Juste une chose, au niveau de Kakashi : j'ai l'impression que son état d'esprit change énormément dans ce chap, une vrai girouette... Combattant exalté, déterminantion sans faille a ne pas abondonner ses gosses, surprise, colère, et finalemnt renoncement total...

mais bon, c'est vraiment parce que j'ai envie d'être chiante et qu'il faut que je trouve des trucs a dire.
Ha, et puis au niveau du combat, il fait un peu déjà vu, parce que les sentiments de Kakashi quand il se bat sont assez semblable a ceux des chapitres précedents, nottament au niveau de la jubilation de faire face a un adversaire balèze...

...
A propos d'adversaire balèze... L'est pas mort quand même, si ?
Tui vas la jouer a la Guy Gavriel Kay et nous faire langir des chapitre et des chapitres ? ^^ :grin: (notez que ce ne peut être qu'un compliment ^^ )


Edit : Moi aussi j'suis genin, y'a pas de quoi en faire tout un plat ^^ :roll:
;-) :razz:
Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Nouveau chapitre et je suis vraiment trés trés à la bourre donc pas de commentaire mais je vous souhaites une trés bonne lecture et bave dans l'attente de vos reviews.



CH 18 : Craintes





Blanc.
Ni ténèbres, ni ombres grisâtres, juste une blancheur immaculée. Un néant sans ombres ni lumières, sans joies ni tourments. Reposant et étonnamment confortable.
A se demander pourquoi la mort effraie tant. A se demander pourquoi les hommes luttent si obstinément pour se rattacher à une existence chaotique emplie de frustrations. Evaporés les douleurs, les souffrances et les remords. Eteins les hurlements, les cris et le brouhaha incessant de la vie.
Ni paradis, ni enfer. Juste la douceur de l’oubli, la tiédeur de la mort. Plus douce que les mains d’une femme, plus confortable que le giron d’une amante, plus tiède que la sueur de l’amour, ne promettant ni plaisir, ni même un oubli temporaire mais une ultime plongée hors du monde.
Neige...
Une pensée paresseuse et lasse mais une pensée tout de même rompant cette uniformité. Il la repoussa avec impatience, presque irrité de cette interruption mais elle s’obstina, s’agrippa bec et ongles à ce qui lui restait de conscience.
De la neige.
Elle se précisa, s’affirma, repoussant de son murmure têtu la blancheur bien-aimée. Il tenta bien de se rebeller, de protester, de la rappeler de ses prières mais sa révolte n’eut pas l’effet espéré. Au contraire : les doigts brumeux du néant ne s’en écartèrent que plus vite. La pâleur de l’oubli se ternit, s’assombrit, remplacée par l’obscurité de ses paupières closes.
La douleur se réveillait , émettant par vagues nonchalantes de la région de son nombril pour le recouvrir ensuite de la tête aux pieds. Il gémit. Un murmure grave et irritant s’élevait à ses côtés, devenant de plus en plus sonore alors que lui-même émergeait lentement.
Il garda les yeux clos dans le vain espoir que le murmure se tairait de lui-même.
Mais encore une fois, ses espérances furent déçues. Des mots commençaient à se faire entendre incompréhensibles et dénués de sens :
- Pauvre imbécile… maboul… veux ma mort ?... putain… Kakashi ? Hé Kakashi ?
Il serra les paupières.
Peut-être que si je me tais…
Peut-être que s’il me croit mort…
Peut-être que…

Une baffe retentissante l’arracha soudainement à ses pensées. Il ne put s’empêcher d’ouvrir les yeux sous le choc. La lumière vive l’éblouit, le blessa, il tenta de les refermer, reçut aussitôt une nouvelle gifle sur l’autre joue cette fois aussi sèche que la première.
- Mais reste conscient bordel ! Vraiment pas le moment de piquer un somme. Surtout en plein hiver et dans la neige, bon sang. Franchement a-t-on idée d’être aussi stupide ? Je t’ai dit que tu étais un crétin ? Tu es un crétin.
Kakashi essaya avec difficulté de faire le point sur le visage penché sur lui : des yeux marrons, des cheveux de même couleur tombant en mèches brunes sur le front, une pipe fumante au coin de la bouche. L’odeur du tabac lui emplit les narines. Le visage lui semblait vaguement familier et il était à peu prés sûr de pouvoir avec un peu de concentration mettre un nom dessus.
Un exploit au dessus de ses forces.
Se concentrer, formuler une simple pensée cohérente tenaient du calvaire.
Il n’en avait même pas le désir. Il voulait que ce type se taise, qu’il s’en aille, qu’ils partent tous, qu’on lui foute la paix. La paix… Mais l’autre ne manifestait aucune velléité de l’exaucer. Tendant la main, il fit claquer ses doigts devant les yeux du copy ninja, parut satisfait du résultat, le gratifia d’une tape amicale sur le haut du crâne.
- Un vrai manque de professionnalisme, continua d’un ton affable la voix grave. Se faire tuer comme ça, sans demander leur avis aux autres. Tu as pensé aux renforts ? Aux pauvres gars envoyés pour sauver ta fichue vie ? Hein ? Non, bien sûr que tu n’y as pas songé… D’un égoïsme… Un soupir navré, alors que l’homme secouait la tête d’un air peiné : tu devrais avoir honte. Je t’ai dit que tu me mettais dans la merde avec tes conneries ? Tu me mets dans la merde. Je fais quoi moi si tu me meurs sur les bras ? Bien failli y passer cette fois. D’ailleurs tu peux encore le faire mais ce serait le comble de l’impolitesse, si tu veux mon avis. Et… Kakashi ? Hey Kakashi, tu m’écoutes au moins ?
Abruti, le cerveau ramant pitoyablement à trouver un sens au flot de paroles, le jounin sentit ses yeux se fermer à nouveau.
- Tu veux te manger une nouvelle baffe ?
Un sursaut. Le fumeur ricana :
- J’aime mieux ça. Aicha va s’occuper de toi. Une chouette femme, bon médic. Je te la présenterai. Tu devrais t’en sortir si tu y mets un peu du tien. Dirais pas autant de l’autre… Un beau trou que tu lui as fait là.
Deux ou trois neurones revinrent péniblement à la vie, traînant à leur suite des souvenirs embrouillés.
L’autre?
La mémoire lui revint. La neige ensanglantée. Nihame. Le combat. Ohira.
Sakura. Naruto. Sasuke.
- Costaud pourtant, jt’le dis. Mais je crains bien qugneurgh ?!





Musachi Usama ne l’aurait avoué à personne dut-on lui proposer pour cela tout l’or des caisses de Konoha, ce dont il n’avait d’ailleurs pas grand-chose à faire, mais il commençait à se sentir franchement inquiet.
Il avait éprouvé un bref éclair de soulagement quand le copy ninja s’était enfin décidé à ouvrir les yeux après un court traitement de choc. Traitement qui aurait probablement attiré la réprobation indignée de n’importe quel médic mais la fin justifiait les moyens n’est-ce-pas ? Son soulagement avait été en grande partie effacé par le regard de rat crevé que lui avait adressé Kakashi. Pas très brillant. Le jounin était déjà dans un état physique pitoyable mais des lésions internes, voire cérébrales étaient toujours à craindre. Pas de blessures apparentes à la tête, semblait-il. Un assez bon point de départ. Il avait couvert aimablement l’homme d’insultes et de commentaires divers sans obtenir de réactions intelligentes autres que ce regard vide et quelques crispations nerveuses.
L’anbu dissertait sur les mérites de son nouveau médic et allait enchaîner sur les mérites de la poitrine de cette même médic quand l’autre se jeta brusquement sur lui. L’agrippa par le col avec une vivacité stupéfiante. Le tira brutalement en avant, manquant de lui faire perdre l’équilibre et l’étranglant à moitié.
Les yeux dépareillés roulèrent dans leur orbites, le jounin se crispa pendu au col de l’officier assez surpris.
- Cet enfoiré… bredouilla-t-il. Mes gosses… MERDE ! IL SAIT OU SONT MES GOSSES ! Ce connard d’Ohira… Rien pu faire… Rien… Rien… Il n’a pas le droit de mourir… Il n’a pas le droit… Il sait où ils sont partis…
Le blessé chancela, une convulsion l’agita. Musachi eut la présence d’esprit de le retenir alors qu’il s’effondrait sur le côté, épuisé. Il l’entendit marmonner quelques phrases incohérentes où il était question de cet « Saleté de Gai » et de « putain de flamme de la jeunesse ».
Musachi considéra quelques secondes l’homme évanoui, les sourcils froncés, se demandant si une nouvelle séance de gifles s’imposait, depuis quand Kakashi était marié et où diable pouvait bien être le rapport avec Gai et la flamme de la jeunesse.
A la réflexion il décida de renoncer aux coups et entreprit de détacher les doigts crispés du jounin de son uniforme. Impossible. L’homme s’agrippait à lui comme un noyé à son esquille. Il haussa à nouveau les sourcils, regarda plus attentivement le visage livide et tendu du blessé.
- Oh bon… D’accord, finit-il par murmurer pour lui-même.
Musachi haussa les épaules, tira un kunai et déchira le tissu auquel se cramponnait le jounin. Se redressa avec une grimace songeant après un dernier examen qu’il n’échangerait pour rien au monde ses dernières 24 heures contre celles de Kakashi. Celui-ci semblait avoir eu une journée plutôt… éprouvante.
Le souvenir qu’il avait du ninja n’était pas celui d’un homme susceptible de paniquer facilement et encore moins de divaguer à voix haute.
Un nouveau léger rictus. Il n’appréciait vraiment pas de voir Hatake dans un tel état : bouleversé, délirant, balbutiant. Cela ne correspondait pas au personnage, sonnait faux et dérangeant. Peu de chose arrivait à déranger à Musachi, mais assister à une telle scène l’embarrassait profondément.
Autre chose le perturbait.
SES gosses ? Mais de quoi il… ?
Ah.
Mouais…
Ces gosses là…

Il fallait croire que les choses avaient bel et bien changé en quatre ans.
On lui avait confié des gamins paraissait-il. Une foutue absurdité de l’avis de Musachi : si lui avait eu des enfants _ce qui n’était pas le cas, les dieux miséricordieux en soient mille fois loués _, il aurait préféré les précipiter du haut d’une falaise plutôt que de les laisser entre les mains de Kakashi Hatake. Il avait aussi entendu dire que Maito Gai avait également été nommé sensei. Ce qui l’avait conforté dans son opinion sur les dirigeants de Konoha en général : il s’était toujours douté de l’incompétence crasse mêlée de folie douce de ceux-ci. Il en était à présent persuadé. Confier des adolescents impressionnables aux griffes de Gai… Et puis quoi encore ?! Les pauvres genins en seraient sûrement traumatisés à vie.
Pas à dire, ce village court à sa perte.
Se relevant il croisa à nouveau le regard de son nouveau subordonnée _Comment diable s’appelait-il ce gosse, Abiku ? Iroku ? Araku ?_ , lui adressa un signe de tête.
- Cui-là va beaucoup mieux qu’il n’y parait, affirma-t-il avec optimisme. En pleine forme.
Inutile de voir le visage de l’anbu pour deviner son regard dubitatif alors qu’il pivotait vers le jounin couvert de sang et de boue.
- En… pleine forme, mon capitaine ?
- Presque, convint Musachi. Il est un peu abîmé mais c’est du bon matériel. Résistant.
Pour appuyer sa déclaration, il flatta d’une main distraite les cheveux gris hirsutes.
Un petit bruit étranglé qui pouvait tenir lieu de réponse.
Musachi fut pris d’un léger remord assez inattendu: peut-être y allait-il un peu fort avec ce garçon. Quand on parlait de traumatismes…
- Il a tenté de m’étrangler, précisa-t-il. Et il braille rudement fort pour un mourant.
L’autre gargouilla quelque chose. Pris de pitié l’officier lui signifia d’un coup de menton d’aller s’occuper des morts, ce que l’anbu s’empressa de faire. Il le suivit des yeux, vérifia rapidement que ses ordres précédents avaient été correctement suivis. Presque tous les corps avaient fini d’être incinérés : une tâche désagréable mais nécessaire. On ne pouvait se permettre de laisser les corps des meilleurs ninjas de Konoha traîner en pleine nature, véritable invitation aux villages voisins désireux d’enrichir leur palmarès de techniques. Ou plus probablement aux loups désireux de faire un bon repas ne put-il s’empêcher de penser avec cynisme, si l’on tenait compte du lieu et de ce satané hiver dont on ne voyait pas la fin.
Un mouvement à sa gauche. Le visage dissimulé sous son masque de chouette, la médic s’agenouillait auprès du jounin, les mains déjà auréolées de chakra.
Il lui jeta un coup d’œil approbateur. Une très bon médic. Une femme intelligente. Efficace. Et une très jolie femme également. Ce qui avait conduit tout naturellement son capitaine à lui faire un certain nombre de propositions plus ou moins subtiles, allant du badinage au franchement indécent. Propositions qu’elle avait toutes repoussées fermement, arguant d’une part que ce genre de relations était strictement déconseillé entre membres d’une même équipe d’anbus (strictement déconseillé d’ailleurs en général) et d’autre part qu’il faisait le même genre de propositions à tout être montrant une vague parenté avec la sexe féminin qui croisait sa route.
Musachi devait reconnaître qu’il y avait peut-être du vrai dans sa première affirmation. Il se rappelait vaguement avoir signé un certain nombre de paperasses le jour de son engagement quinze ans plus tôt ; avoir peut-être même lu le flot d’instructions et d’interdictions diverses d’un œil à peu prés attentif, histoire de ne pas contrarier son instructeur qui semblait y apporter une importance disproportionnée. Mais Musachi avait toujours été indulgent envers les bizarreries d’autrui. Il aurait bien entendu été incapable d’en citer la moindre ligne cinq minutes après la fin de la lecture mais ceci personne n’avait eu l’idée de le vérifier.
L’anbu se sentait quand même légèrement indigné vis-à-vis du second argument : ses critères étaient tout de même un peu plus sélectifs que cela ! Comme quoi une mauvaise réputation pouvait vous coller à la peau…
Il ne s’était pas découragé pour autant, dans certains cas l’obstination pure et simple pouvait être payante et la jeune femme lui plaisait vraiment. Mais le temps n’était plus au badinage et il détacha un peu à regret son regard de la courbe de la nuque de sa subordonnée.
- Un instant.
Il effleura le coude de la médic qui tourna vers lui son visage masqué.
- Et l’autre ? L’homme barbu, son adversaire ?
Un léger mouvement d’épaule, signe d’impuissance :
- Je l’ai déjà examiné, mon capitaine, répondit-elle. Son état est désespéré. Si j’avais eu un meilleur matériel, de l’aide, un peu plus de temps… Peut-être… C’est déjà un miracle qu’il respire encore. Celui-ci a une chance de survie assez importante si on s’occupe de lui dés maintenant. Attendre…
- L’autre d’abord, la coupa l’officier.
La kunoichi bénéficiait d’un contrôle de soi exemplaire mais elle ne put retenir un sursaut. Ses mains se figèrent au dessus du ventre de Kakashi. Elle était anbu et avait appris depuis longtemps à ne jamais s’opposer aux ordres d’un supérieur, fut-il aussi excentrique que Musachi Usama, mais il y avait des limites à tout.
- Mon capitaine… Vous ne… J’ai très peu de chances de sauver cet homme, je vous l’ai dit ! Ce jounin a besoin de soins immédiats. Dans ce genre de situation, le règlement veut que l’on privilégie…
L’officier leva la main, l’interrompant du geste. Enleva la pipe de sa bouche, nota avec une ombre d’agacement qu’elle s’était éteinte, sortit du tabac d’une poche pour se mettre à la bourrer posément.
- J’emmerde le règlement, la renseigna-t-il avec calme. Il tiendra le coup. Il a intérêt à tenir. Les renforts de Konoha ne devraient pas tarder pour peu que ces larves se pressent un peu.
- Et s’il meurt tout de même faute de soins ?
Une question assez gênante. S’il meurt, Gai m’écorchera vif et se servira de mes tripes pour jouer au jokari… Tout aurait été bien plus simple si l’autre combattant avait eu l’amabilité de mourir avant leur arrivée ou si Kakashi ne lui avait pas sauté à la gorge sans prévenir. Qu’avait-il dit déjà ?
« mes gosses »…
Ah merde.

Musachi résista à l’envie légitime de bourrer le jounin à terre de coups de pieds pour l’avoir mis dans une telle situation. Il se contenta de secouer la tête et de répéter d’un ton subitement durci :
- L’autre d’abord. C’est un ordre.
La médic inclina la tête sans un mot, se releva d’un mouvement souple et élégant pour se diriger rapidement vers le coin opposé de la petite clairière. L’officier adressa un regard mécontent au blessé, s’agenouilla dans l’intention de commencer à frictionner les membres engourdis, se ravisa. L’obstination était une très belle chose mais une attaque frontale avait aussi ses mérites.
- Oh, Aicha-san !
La médic se retourna :
- Mon capitaine ?
Musachi lui dédia son sourire le plus candide et avec un manque d’à-propos proche du spectaculaire :
- Vous êtes vraiment sûre de ne pas vouloir coucher avec moi ?



* * * * * * * * * * * * * * * * *



Uko avait toujours été un imbécile.
Un imbécile imprudent et impulsif.
Ce qui ne lui avait jamais apporté que des problèmes, l’imprudence et l’impulsivité étant loin d’être les qualités premières demandées à un ninja. Un shinobi impulsif ne valait guère mieux qu’une taupe claustrophobe et possédait à peu prés autant de chances de survie. Le fait même qu’Uko ait pu survivre jusqu’à ses vingt-deux ans frôlait l’intervention divine. Le pire n’étant pas cette stupidité. En temps normal les imbéciles se suffisent à eux-mêmes mais ils leur arrivent parfois hélas de se mettre en tête de gâcher la vie d’autrui.
Yarua retint un gémissement, prenant pour la millième fois peut-être les cieux à témoin de son infortune : Pourquoi ? mais au nom du ciel, des enfers et de tous leurs démons, pourquoi lui avait-on infligé un crétin pareil pour frère aîné ?
Tout était la faute d’Uko.
Depuis le début jusqu’à la fin. Depuis leur fuite éperdue trois ans plus tôt à travers les sables de Suna, traqués par les chasseurs de déserteurs, jusqu’à ce plateau rocheux ombragé par quelques arbustes rachitiques. Plateau où le groupe s’était arrêté pour un frugal repas et où l’abruti qui lui servait de frère se dressait à présent, poings sur les hanches, nez au vent, jambes fermement écartées. Une pose tout à fait ridicule de l’avis de son cadet et une attitude tout aussi suicidaire.
- Allez vous faire foutre ! beuglait présentement l’andouille. Si vous croyez qu’on va continuer à s’pisser dessus de trouille à chacune de vos conneries… ! Personne a peur d’vous ici, on est des durs nous ! On…
Yarua rentra la tête dans les épaules et se concentra sur l’examen de ses pieds sales et ses scandales marron de crasse. Comment ? Mais comment pouvait-on être d’une stupidité aussi criminelle ? Un silence horrifié avait suivi les premiers rugissements d’Uko. Paralysés les hommes tentaient tant bien que mal de ne pas montrer leur panique. Yarua loucha prudemment dans la direction de la bouteille abandonnée qui traînait sur le sol. Temps glacial ou non, boire du saké à une heure aussi avancée de la journée avait été une idée exécrable mais allez expliquer cela à l’autre brute ! Uko devait bien faire une tête de plus que son cadet avec des poings deux fois plus colossaux que les siens, ce qui rendait assez difficile toute discussion raisonnée.
« Pas peur d’vous ! » Parle pour toi idiot ! Personnellement Yarua s’était bel et bien pissé dessus de trouille quand leur employeur avait brusquement surgi de nulle part et arraché Hukiro du corps de la fille avant de le mettre en pièces sous leurs yeux. Essayer de violer la gamine avait été une putain de mauvaise idée également ! Leur employeur avait pourtant bien spécifié qu’il la voulait intacte mais encore une fois à quoi bon tenter de raisonner une telle bande de brutes ?
- Je n’en doute pas un seul instant, rétorqua une voix nonchalante. Vos amis partagent-ils vos opinions ?
Yarua tressaillit nerveusement, tout comme le reste du groupe. Eux au moins semblaient avoir compris la leçon.
Leur employeur promena ses yeux gris acier sur le groupe de gibiers de potence qui l’entourait. Il était assis sur un éclat de roche, coudes posés sur les genoux et menton appuyé sur ses mains entrecroisées. Et il souriait. Il souriait presque en permanence, avait fini par remarquer Yarua. Un sourire étrange, moqueur qui vous glaçait les os. Un sourire qu’il n’avait pas quitté au moment d’arracher les tripes de Hukiro. Un sourire qu’il arborait toujours alors qu’il ramenait le regard sur Uko toujours vociférant.
- C’tait pas prévu dans le contrat ! On devait vous attendre au village, z’aviez dit ! Juste tuer les chiens d’Konoha et enlever les deux mômes ! Pas… Pas prendre la fille. Ni tuer Hukiro et les autres ! Ni… Ni aller dans ce coin pourri !
Aucune réaction. Aucune marque de colère, juste ce sourire détendu et une lueur de mépris amusé dans les yeux à l’éclat trop brillant.
Uko avait raison d’une certaine façon, son frère devait bien en convenir. Rien ne s’était passé comme prévu. Il ferma les yeux un instant, ne réussit pas à dissimuler complètement le brusque haut-le-cœur qui le traversa au souvenir d’Hashika. Du rideau de flammes rouges et noires. Il aurait pu se trouver en bas. N’importe lequel d’entre eux aurait pu se trouver en bas. Ohira avait ri, avait affirmé que les hommes en bas avaient tenté de le trahir, qu’ils avaient exigé le triple de l’argent proposé pour mener l’embuscade, une imprudence mais eux ne commettraient pas la même erreur, n’est-ce-pas ? N’est-ce-pas ? Et nul n’avait osé le contredire.
A la vérité, ils étaient tous morts de peur.
Et leur nouvel environnement n’avait pas arrangé les choses. Depuis un peu plus de dix heures, ils avaient abandonné les sombres forêts de Konoha pour pénétrer dans une zone rocheuse presque désertique. Des éclats de pierre parsemaient le sol couvert d’une fine couche de glace qui rendait le pas incertain et trébuchant. De la roche. De la roche à perte de vue creusée régulièrement de trous sombres assez grands pour être l’entrées de cavernes. Yarua n’aurait su dire pourquoi mais il n’aimait pas ses cavernes et n’y aurait pour rien au monde passé la nuit. Il haïssait ce lieu tout autant. Un parfum d’étrangeté semblait y flotter presque indécelable, une impression troublante un peu comparable à celle qu’avait dégagée le village d’Hashika.
Ancienneté. Malveillance. Pourriture.
Et il y avait les prisonniers.
La jeune fille n’avait pas posé beaucoup de problèmes, bien qu’elle ait arraché à moitié l’oreille de ce couillon d’Uko d’un coup de dent quand celui-ci avait eu la brillante idée de la trimbaler sur l’épaule pour plus de commodité.
Mais il y avait les deux caisses. Les deux cages de fer qu’il fallait bien porter à dos d’hommes malgré le terrain accidenté qu’ils traversaient. Si le premier occupant restait mystérieusement silencieux, ce n’était pas le cas du second. Loin de là en vérité…
Des recoins obscures de la cage s’élevaient nuits et jours d’étranges grondements, grincements et raclements de griffes, se muant parfois en hululements suraigus ou en rugissements déchirants qui terrifiaient les mercenaires. Ils avaient même cru y discerner à plusieurs reprises des mots humains.
Yarua aurait pu pourtant jurer avoir vu Ohira y projeter nonchalamment le corps d’un adolescent blond inconscient au début du voyage. Mais la chose enfermée dans cette cage n’avait certes rien d’un adolescent.
Trois heures plus tôt dans le matinée, la chose s’était tu.
Plus un bruit. Plus un choc.
Un silence absolu qui avait fini de mettre en lambeaux les nerfs déjà surmenés des bandits. Quoi que ça puisse être, ça s’était enfin calmé. Ca patientait. Ca attendait.
C’était peut-être cela qui expliquait l’explosion de fureur d’Uko. Un acte d’une stupidité sans bornes mais un acte compréhensible. Stupide tout de même. Vraiment très stupide.
- Jm’fous de vos histoires ! gueulait Uko. On ira pas plus loin, pas vrai les gars ?! Z’avez qu’à vous les trimbaler tout seul vos putains de monstres !!! Et vous taper la fille tant que vous y êtes ! Rien à foutre ! Je… Je…
Haletant, il finit par s’arrêter un instant pour reprendre son souffle. Probable qu’il avait également épuisé son stock d’inspiration, pensa in petto son frère. Un peu trop tard malheureusement. La gorge de Yarua se dessécha tandis qu’il tentait vainement de déglutir. Et le pauvre idiot ne se rendait toujours compte de rien !
Ohira se redressa.
- Vous en avez terminé ? s’enquit-il poliment.
L’autre lui jeta un regard soupçonneux :
- Ouais ! Et alors qu’est-ce vous avez à dire à ça?!
- Moi ? Rien… Si ce n’est…



Uko avait toujours été un imbécile.




Cinq minutes plus tard, agenouillé un peu à l’écart du groupe, Yarua vomissait bruyamment tripes et boyaux.
Secoué de convulsions et de tremblements, le mercenaire s’appuya contre un rocher pour conserver son équilibre. Faillit s’effondrer à plat ventre submergé par un nouvelle vague de haut-le-cœur. Il réussit enfin à se redresser un peu mais préféra rester recroquevillé sur le sol. La main appuyée contre la roche tremblait convulsivement.
A sa grande horreur, il se sentait au bord des larmes.
Cela avait été rapide. Inhumainement rapide. Personne n’aurait du pouvoir se déplacer à une telle vitesse, avec une telle aisance. Un instant auparavant Ohira souriait assis sur sa pierre et la seconde suivante… La seconde suivante…
Il avait pourtant pensé avoir l’estomac vide. Le nouveau jet de bile qui jaillit à ce souvenir lui prouva le contraire. Courbé en deux, il s’étrangla, cracha et hoqueta. Une humidité poisseuse sur l’intérieur de ses cuisses lui confirma qu’il s’était une fois de plus souillé. Il ne songea même pas à en avoir honte.
Tout était la faute d’Uko. De ce foutu foutu foutu crétin d’Uko.
C’était lui qui avait eu l’idée de se joindre à ce groupe malfrats, lui qui avait décidé d’accepter la proposition de l’homme inquiétant qui s’était un jour présenté à la porte du campement. Son idée. Sa propre fichue idée. Probablement la pire qu’il ait jamais eu et pourtant Dieu savait combien il en avait accumulé jusqu’à aujourd’hui.
Yarua tenta tant bien que mal de contrôler une nouvelle salve de sanglots. Ce n’était pas à cause de cette andouille d’Uko, l’autre avait mérité son sort et son frère n’aurait rien pu faire pour lui venir en aide. Uko avait vécu et était mort stupidement comme le veau incurable qu’il était. Non, ce n’était pas cela…
Il avait peur.
Peur de mourir.
Peur à en hurler.
Voir Hashika exploser était une chose.
Voir Hukiro et son acolyte se faire démembrer en était une autre.
Mais voir son frère lui-même…
Yarua était prés à reconnaître avoir fait plus d’une erreur dans sa vie, prés à reconnaître avoir tué militaires et civils sans état d’âme, avoir été probablement ce que l’on pouvait appeler une vraie crapule. Mais il ne pensait pas avoir mérité un telle mort. Pas une telle mort. Personne ne méritait de mourir ainsi. Pas même Uko à la réflexion.
Il ne pouvait plus reculer à présent. Aucun d’eux ne le pouvait.
Mais je ne veux pas mourir !
JE NE VEUX PAS MOURIR !





* * * * * * * * * * * * * * * * * * *


Des silhouettes sombres s’agitaient sur l’étendue neigeuse qui recouvrait à présent les ruines d’Hashika, couraient de droite à gauche telles des fourmis affairées. Un certain nombre s’était regroupé autour du lieu du massacre. Plus de corps à présent. De ceux-ci ne restaient que quelques marques noirâtres et charbonneuses, là où ils avaient été incinérés sur place. La neige avait recouvert le sang et les traces de lutte, jusqu’aux armes abandonnées par les victimes.
Une paix surnaturelle régnait, contrastant avec l’explosion de violence qui avait eu lieu moins de vingt-quatre heures auparavant.
Frustrant. Vraiment frustrant.
Un des hommes, immobile un peu à l’écart laissa échapper un long sifflement d’irritation. Ses mains blafardes fendirent l’air dans une muette démonstration de fureur. Les yeux jaunes étincelèrent et tournèrent leur regard venimeux vers le reste du groupe comme à la recherche d’une victime sur laquelle déverser son trop-plein d’exaspération. Tremblants les shinobis vacillèrent, terriblement inquiets à l’idée d’une nouveau débordement de fureur. Le sanin ne s’énervait presque jamais ou du moins ne le laissait jamais deviner à ses serviteurs. Jamais avant qu’il ne soit bien trop tard.
Or Orochimaru crachait et sifflait, dardant sa langue dans l’air froid. Il était fou de rage et ne tentait même pas de le dissimuler. Son entourage posait sur lui le regard terrifié que l’on peut adresser à une bombe à retardement susceptible d’exploser à n’importe quel moment. Un peur qu’il valait mieux garder pour soi. Leur maître appréciait la terreur d’autrui, en éprouvait un plaisir presque sensuel mais il pouvait aussi s’en irriter et personne ne tenait à irriter plus que de raison le plus maléfique des trois sanins de Konoha.
- Ah, marmonna un des jounins dans un effort assez malheureux pour diminuer la tension. Hum… Euh… Il semblerait qu’ils soient déjà partis, Orochimaru-sama. Et…
- Taisez-vous, cracha froidement le serpent. Tous. Et le prochain idiot qui osera proférer une évidence d’une telle bêtise le paiera chèrement. Je puis vous l’assurer.
L’homme lâcha un « couac » étranglé et s’empressa de rentrer dans les rangs. Mais le sanin ne lui prêtait déjà plus aucune attention, faisant glisser son regard sur les lieux. Les longs doigts blanchâtres dansaient de colère, tandis qu’il murmurait pour lui-même :
- Partis en effet. Ils devaient être un certain nombre et il y a eu affrontement. Konoha… Pourrait-il s’agir de Konoha ?
Les yeux jaunes dérivèrent vers les restes du village, se plissèrent.
- Peu de chances… Peu de chances… Ils sont sûrement mêlés à ça. Mais…Mais cela ne leur ressemble pas. Trop radical. Celui qui a fait cela ne s’embarrassait pas de scrupules. Mais qui… Qui ?
Les jounins échangèrent des regard inquiets, pas tout à fait sûres d’être censés écouter les marmonnements de leur maître mais on leur avait demandé de garder le silence. Dans certaines circonstances la prise d’initiative est franchement déconseillée si l’on souhaite conserver la totalité de ses bras, jambes et tête jusqu’à un âge avancé ou du moins relativement avancé.
Les doigts fins figèrent un instant leur mouvement saccadé et le sanin émit un nouveau sifflement plus aigu que les premiers. Un sifflement qui ne montrait pas cette fois une rage rentrée mais une satisfaction soudaine, surprenante. Il s’approcha à pas vifs d’une étendue neigeuse qui ne semblait guère différente de celles qui l’entouraient, s’accroupit et dégagea d’un revers de main une plaque de pierre usée par les siècles. Des marques rouge sombre la striaient formant un étrange et complexe dessin. Les yeux fendus s’étrécirent puis s’élargirent soudain, traversés par une impression proche de la stupeur.
- Impossible, souffla-t-il. Tout à fait impossible…
Il caressa du plat de la main les signes indéchiffrables, suivit du doigt une ligne brunâtre.
- Cela ne peut être, murmura-t-il. Ils ont tous disparu. Ils auraient du tous disparaître… Si l’un d’eux était encore vivant… Si l’un d’eux errait encore en toute liberté… J’aurais du le savoir. Comment ne l’aurais-je pas su ? Comment… ?
Orochimaru se demanda brièvement si Tsunade se doutait seulement de ce à quoi elle avait à faire. Peut-être que oui ou peut-être que non, en dépit des apparences la kage ne manquait pas d’intelligence mais elle n’avait pas son érudisme.
Et ces signes étaient anciens, terriblement anciens.
Tout comme l’être qui les avait tracé.
Le sanin se rappelait parfaitement où il avait vu de tels signes pour la toute dernière et unique fois. Il se releva, se drapa plus étroitement dans le large manteau qui l’entourait.
- Nous repartons. Je sais où ils sont allés.


* * * * * * * * * * * ** * * * *


Prochain chapitre: retour aux trois pauvres menbres de l'équipe sept honteusement trimbalés.
Dernière modification par Arakasi le mar. 23 mai 2006, 19:05, modifié 1 fois.
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Jainas
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Message par Jainas »

Ca devrait être interdit d'écrire aussi vite et aussi bien. :evil:



PS Ceci signifit : review-plus-tard-quand-je-ne-serait-plus-a-mon-stage

re PS MDR le jokari... Pas de flash back en noir et blanc sur la plage ? :lol:
lebibou
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Message par lebibou »

Je plussois Jainas.

Les hommes naissent libre et égaux, c'est que du bla-bla. Ils naissent libre d'accord, égaux, certainement pas !

J'en ai marre, je dois à chaque fois user d'artifice pour allonger la taille de mes reviews parce que même si ça fait plaisir, les « super la suite » c'est pas ce qu'il y'a de plus joyeux à lire.
Un des moyens faciles pour allonger mes reviews est, par exemple, de se plaindre d'avoir à chaque fois à pondre des reviews valables pour motiver l'écrivain.
Comment, c'est ce que je suis en train faire ?
Ah merde. Dommage. De toute façon, comme dirait Musachi, j'emmerde le réglement.

Que dire sur ce chapitre ?
Le début avec Kakashi est très bien écrit et très poétique. D'ailleurs, j'aime beaucoup la façon dont il crache « Mes gosses !!! »
Très poignant (et je le sors rarement cette expression. Je la garde pour les bonnes occasions).

Génial le Ohira. On avait beau s'attendre à ce qu'il éclate les impudents, la façon dont il dit : Vous en avez terminé.
On sait qu'ils vont se prendre un coup, on voit qu'il est vénère, pourtant, il s'assure qu'il n'a pas coupé son interlocuteur dans son élan.
Quoique, vu qu'en général c'est la dernière tirade qu'ils auront l'occasion de sortir donc ça n'a rien d'anormal de les laisser finir.

Oro is back ! :happy: Ouai, il est retour et il lave plus blanc que blanc. Ou presque. Plus rouge que rouge à vrai dire.

Et arrête de nous pondre des chapitres aussi vite. J'en ai marre moi de passer pour un minable. Va faire une éternité que j'ai pas posté.
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