Kuroki un fic sur DBZ(ou presque)

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Tinton2
Gennin
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Message par Tinton2 »

Yop jeune homme, alors premier commentaire pour ce chapitre alors que tu l'as posté y'a deux semaines... Nous ne sommes décidément pas très gentils...

Mais d'un autre côté les posts sont si espacés que nous sommes obligés de décrocher.

Malgré ça j'adore cette fic, je la trouve super bien pensée et je suis sûr que si tu t'y mettais sérieusement (parution régulière etc...) tu aurais pas mal de fans qui accoureraient et te supplieraient de publier le chapitre suivant alors que tu viens juste d'en poster un.

Tout ça pour dire que j'ai adoré ce chapitre, combat très bien décrit, on se rend compte, même si on s'était déjà aperçu, que l'héritage des "sayens" n'était pas complètement perdu. Les boules de feu et autres capacités de vol (même si ça, ce sont Tenshinhan et Chaos les premiers à l'avoir fait) réapparaissent.

Et la fin du combat est aussi suprenante qu'excitante donc magne toi le train pour faire la suite.

Tchuss.
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Itachi-san
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Message par Itachi-san »

Merci Tinton2 :razz: Je commençais à croire que tout le monde avait oublié cette fic ^^''
on se rend compte, même si on s'était déjà aperçu, que l'héritage des "sayens" n'était pas complètement perdu. Les boules de feu et autres capacités de vol (même si ça, ce sont Tenshinhan et Chaozu les premiers à l'avoir fait) réapparaissent.
En effet, j'essaie quand même de garder un peu de l'esprit DB/DBZ qui, j'en suis bien conscient n'est pas vraiment présent dans cette fic :p La fin du châpitre a été faite dans cette optique : pour un lecteur lambda il ne se passe rien de particulier, Kyôjô ne fait que regarder la pleine lune... mais quelqu'un qui connaît un tant soit peu DB comprend ce que ça veut dire sans avoir besoin de faire un dessin =)

Et oui les châpitres sont trop espacés je sais :cry: Mais que voulez-vous je suis naturellement lent :roll: Enfin je m'éforce d'accélérer un peu le rythme d'écriture malgré tout...

Je vais quand même éviter de dire que le prochain châpitre arrivera plus vite que le précédent puisque j'avais déjà dit ça pour le châpitre 8 >_<

Alors à dans 6 mois pour le châpitre 9 :dehors:
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Itachi-san
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Message par Itachi-san »

Petites notes de prononciation : Qakhlen se prononce "Rakhi ène" (un r comme en français) et Ciana "Shi ana"

Chapitre 9

Pleine Lune
名月

8-9 Avril 1789

Il s'était bien défendu, mais c'était fini pour lui. Cette haine viscérale pour les Sarunin, je ne me préocupais même plus de savoir si elle était justifiée ou non. Dès que j'en voyais un, comme un réflexe, il fallait que je le tue. Seule sa mort pouvait calmer les pulsions qui m'envahissaient, comme si mon côté bestial reprenait le dessus... Je ne cherchais même pas à contenir ces pulsions : la meilleure façon de résister à la tentation est d'y céder après tout. Et quelques Sarunin en plus ou en moins qu'est-ce que ça changerait ? Alors que je m'apprêtais à l'achever, lui regardait nulle-part avec un air ahuri sur le visage. Si il ne respirait pas encore j'aurais cru qu'il était déjà mort. Je transperçai ma victime d'un coup sec pour abréger ses souffrance, du moins c'est ce que je croyais. Malgré la force mise dans le coup, l'épée buta contre le torse du Sarunin sans passer au travers ! En regardant à nouveau ses yeux, je m'aperçus qu'ils brillaient d'une lueur rouge sang et que des crocs lui avaient poussé. Son aura commençait à changer... elle devenait plus dense... plus sombre... et je sautai brusquement vers l'arrière ! Son aura s'était remplie de pulsions meurtrières incontrôlables. J'étais comme pris à la gorge par toutes ces émanations malsaines. Son visage s'allongeait et ses membres commençaient à prendre un volume inquiétant. Rien qu'en se tenant près de lui, je me sentais comme écrasé, impuissant ! Le monstre qui se tenait devant moi, je n'en avais entendu parler que dans les légendes. Sur les enregistrements qu'elle m'avait laissé j'entendais parfois ma mère raconter des histoires à propos de singes gigantesques qui apparaissaient les soirs de pleine lune... Voilà donc ce qu'étaient les Sarunins... Des êtres maudits. Et ce sang coulait dans mes foutues veines !

Le Monstre abattit son poing gauche sur moi, et malgré le fait que je pus l'éviter, la secousse du coup me projeta plus loin que prévu. Alors que j'étais toujours en l'air, je tentai d'utiliser l'épée pour envoyer une onde tranchante au niveau de son abdomen... mais cette attaque paraissait bien maigre comparée à la masse qu'elle devait trancher... à peine eus-je lancé l'attaque que la queue du monstre fondit sur moi sans prévenir alors qu'il se retournait. Je n'eus pas le temps d'esquiver...


___________________________________________________________________________________________________


L'aura du Sarunin venait de s'amplifier brutalement. Je pouvais la sentir comme si j'étais à côté. Inquiète, je commençais à presser le pas, puis lorsque j'entendis ce qui ressemblait à un rugissement, je commençai à m'envoler... mais l'aura si intense disparut soudainement, et plus inquiétant celle de Hevi aussi ! Lorsque j'arrivai sur les lieux un kilomètre plus loin, je le trouvai inconscient, une traînée de sang sous lui. Il était grièvement blessé, mais toujours vivant... A quelques mètres se trouvait le Sarunin en question, la queue tranchée, non loin d'une épée plantée dans la neige. Il gisait au milieu d'un cratère qui ressemblait à une gigantesque trace de pas... Mais je n'avais pas de temps à perdre avec ça, il fallait soigner Hevi le plus vite possible.

A vingt kilomètres plus au Sud se trouvait la ville de Lumis, capitale de la région de Dumia, l'une des plus grandes villes du monde disait-on : quarante millions d'habitants, quatre grands hôpitaux, une activité permanente, et surtout un poids politique considérable. La ville était très peuplée, mais pas très grande : la population était surtout concentrée dans d'immenses tours. La survoler était le moyen le plus rapide de se rendre à la Montagne aux Oiseaux mais aussi le meilleur moyen de se faire repérer, des sentinelles surveillant le ciel et repérant les présences étrangères. Passer par la mer à l'ouest de la ville aurait été un détour trop long. Et un réseau routier également très surveillé parcourait l'isthme de Qakhlen d'est en ouest...

«Tss... et merde. Il ne me reste plus qu'à traverser la ville furtivement... Hevi, je me demande pourquoi je prends autant de risques pour un boulet comme toi, mais il faudra me pardonner. Je n'ai pas l'intention de te laisser mourir.»

Je décollai en direction de Lumis, le blessé sur le dos, après avoir enroulé ma queue autour de ma taille.


__________________________________________________________________________________________________

9 Avril 1789

Cela faisait maintenant un an que j'habitais à Lumis, et je commençais à peine à m'y habituer. Chaque jour qui passait en compagnie de ces pics enneigés, de ces tours qui tutoyaient les cieux, de ces marchands qui criaient à tue-tête leurs slogans, de ces gens pressés qui se rendaient à leur travail, de ces lampadaires qui se dressaient comme des cortèges de part-et-d'autre des rues, de mon cher et maladroit lieutenant... était une véritable torture !!! Dès que je sortais de l'École, une masse de gens hideux se pressaient à ma rencontre rien que pour me dire bonjour avec un sourire hypocrite, ou pour me demander de résoudre des problèmes qui ne regardent qu'eux. Et moi il fallait que je sourie bêtement pour attirer leur sympathie, c'était comme ça.

«Les 3 Commandants sont sous l'autorité directe du Roi : ils doivent rendre compte de l'ambiance qui règne dans la population et par conséquent être au plus près de celle-ci, en restant toujours compréhensifs, aimables et généreux. Blablablablabla.........»

Je t'en foutrais de la générosité moi ! Pourquoi devais-je me sacrifier pour donner des sourires idiots à cet amas d'acariens qui s'agglutinaient autour de moi, la plupart du temps à genou avec des bouquets de fleurs à la main et me suppliant de les épouser (et qui étaient mariés pour la plupart) ? Ou des autographes aux enfants de ces acariens qui ne savaient même pas qui j'étais mais qui m'admiraient parce que tout le monde le faisait ? Ou des excuses aux femmes des acariens (mariés donc) qui en avaient assez que leur mari pense plus souvent à moi qu'à elles ? Oui, j'étais belle. La plus belle femme au monde selon beaucoup, certains illuminés disaient même que mes yeux avaient un pouvoir hypnotique... mais qu'est-ce que j'y pouvais moi ? Hein ?

En tout cas le Vieux ne pouvait pas nier ma popularité, ni celle de ce Kalza devenu Commandant quelques mois après moi - drôle de type d'ailleurs, mais inexplicablement sympathique... c'était bien simple, on n'imaginais pas une seule seconde cet homme avoir des ennemis. On ne pouvait pas en dire autant du taré en treillis, plus connu sous le nom de Junkoku. Peu après être devenue Commandant, j'avais visité son QG -paumé au beau milieu d'une forêt vierge, allez savoir pourquoi- et il avait beau avoir un passé peu glorieux et une certaine méfiance des Présidents, ça n'était pas une raison pour avoir une attitude aussi exécrable avec ses subordonnés. Il ne les frappait jamais, oh non ! Il n'en avait pas besoin... Dieu seul savait si le malheureux qui avait renversé le café du Commandant sur son treillis ce jour-là était toujours psychologiquement apte à faire quoi que soit aujourd'hui. J'avais beau mépriser les cloportes qui perdaient la tête ou se prosternaient à la simple mention de mon nom, je restais toujours compréhensive et sociable avec mes subordonnés et mes élèves - eux au moins étaient concentrés sur autre chose que l'éclat de mes yeux, la brillance de mes cheveux, l'angélisme de mon visage ou la rondeur de certaines de mes formes… Mais Junkoku n'était pas comme ça avec "elle"... Amitié, amour, ou filiation : on pouvait appeler ça comme on voulait mais malgré ses talents au combat, si "elle" était devenue Lieutenant à 17 ans, ça n'était pas seulement pour ses compétences. La sensation qu'on avait quand ils étaient tous les deux était... indescriptible.

Des mains sortaient de partout et de nulle-part, tentant désespérément de m'atteindre, de toucher au moins une fois dans leur pitoyable vie la belle Lyendith, Commandant de l'École Son Gohan et responsable du secteur correspondant. Après avoir puisé dans mes dernières forces, je réussis à m'extirper de ces tentacules qui s'agrippaient à moi.

«C'est toujours agité quand vous êtes de sortie, dit nonchalamment le lieutenant Dolann en regardant un bouquet de fleur qu'il venait de ramasser. Moi aussi je commence à croire que vous avez des pouvoirs hypnotiques sur les hommes... vous devriez peut-être éviter de sortir le matin quand il y a autant de monde...

-N'en rajoutez pas, Lieutenant, c'est déjà assez fatigant comme ça ! Je peux m'estimer heureuse de ne pas encore vous avoir "hypnotisé". C'est le seul moment de la journée où je ne suis pas débordée, et si je restais toute la journée dans ce bâtiment sans prendre l'air je finirais par devenir folle... et puis, aujourd'hui, j'ai l'impression que la promenade va être moins monotone que d'habitude, finis-je avec un léger sourire.


____________________________________________________________________________________________________

9 Avril 1789

Alors que je n'osais plus regarder Kyôjô, son frère me signala qu'il venait de se réveiller. Je poussai un grand soupir de soulagement, mais n'arrivais toujours pas à le regarder...

«Ça va Grande Sœur, tu peux regarder maintenant, y a plus rien à craindre ! grommela Jin, voyant apparemment que la teinte rouge qu'avaient prise mes joues n'avait toujours pas disparue.

-Jin... Kina... depuis quand êtes-vous là...? Et comment...

-Aucune importance. Grande Sœur, tu le fais exprès là...»

Après ces multiples injonctions, je daignai enfin ouvrir les yeux pour découvrir Kyôjô emmitouflé dans une couverture et portant des vêtements de rechange... Il me regardait avec un air ahuri et fatigué, bien différent de son regard trop habituel. C'était presque soulageant de le voir avec une telle expression...

«Pourquoi tu me regardes comme ça Kina ?

-Hein ? fis-je en guise de réponse. Eh... bien...

-Kyôjô, quand on t'a retrouvé ici il y a une dizaine de minutes, allongé dans la neige et nu comme un ver, au milieu d'une trace de pas géante. C'est plutôt inhabituel.

-N... comment ça ?

-Des lambeaux de vêtements étaient éparpillés tout autour. Seul l'anneau autour de ton bras gauche était intact... On a retrouvé tes capsules sur le sol et on t'a habillé. Le plus étrange c'est ta queue...

-Ma queue... tranchée ? il contempla ce qui restait de sa queue puis repris soudainement. Le gamin ! Où est passé le sale gosse humain contre lequel je me suis battu cette nuit ?!»

Jin et moi fûmes surpris par cette question pour le moins inattendue. Les traces de sang non loin de là laissaient facilement deviner qu'il y avait eu un combat, mais penser qu'un enfant humain puisse se battre contre Kyôjô... il avait dû rêver. Ça ne pouvait être que ça... mais comment expliquer alors que sa queue ait été tranchée ? Je me décidai à prendre la parole, tout aussi intriguée que Jin par les étranges circonstances dans lesquels nous l'avions retrouvé.

«Kyôjô, te souviens-tu de ce qui s'est passé avant que tu t'évanouisses ?»

Pas de réponse... Kyôjô semblait bien réveillé maintenant : il avait repris ce regard froid si détestable. Pourquoi Kyôjô gisait-il nu au milieu dune gigantesque trace de pas ? Pourquoi ces traces de sang à proximité ? Pourquoi sa queue était-elle tranchée ? Pourquoi...?

«Grand frère, tu ne sors pas ce soir ?

-Mh... non, je vais me reposer un peu pour une fois...

-...

-Quoi ?

-Je te connais trop bien grand frère, te n'es pas le genre à t'accorder des vacances pour le plaisir.

-Tu crois ? Et bien... puisque tu veux une explication... c'est un soir de pleine lune aujourd'hui.

-Et alors ?

-On dit que des monstres gigantesques apparaissent les nuits de pleines lunes, poussant des hurlements effrayants et laissant de gigantesque traces de pas sur leur passage ! Mais dès que le jour se lève, il n'y en a plus aucune trace.

-...

-Quoi ???

-Me dis pas que tu crois à ces histoires, lui répondis-je en ricanant. Je te pensais pas aussi froussard ! Avoue-le, tu as juste envie de te reposer !

-Euh... tu ne disais pas le contraire il y a une minute ?»


Pourquoi cette vieille histoire me revenait en tête tout d'un coup ? C'était assez paradoxal : étant petite je me disais toujours que ça n'étaient que des histoires pour effrayer les enfants, mais à cet instant je commençait à avoir de sérieux doutes là-dessus... Pendant une bonne minute, un silence quasi-religieux régna dans cet immense désert blanc. Quand Kyôjô se décida enfin à parler, ce fut à voix basse... et ce ne fut pas la réponse attendue.

«Pourquoi êtes-vous venus me chercher...?

-Idiot. C'est évident non ? Répondit naturellement Jin. Tu vas au casse-pipe en allant dans le Désert du Sud les mains dans les poches. De toute façon tu comptais faire quoi une fois là-bas ?

-Tss... même si je me fais tuer, qu'est-ce que ça peut vous foutre ?! Si je trouve quelque chose là-bas tant mieux. Si je ne trouve rien tant pis. Je devrais rester six pieds sous terre à survivre plus qu'à vivre en voyant tous mes semblables se faire tuer comme du gibier les uns après les autres ? Je n'ai rien à espérer d'une telle vie !»

Il avait fini sa phrase en criant. Et ni Jin ni moi ne sûmes quoi lui répondre... pas parce que nous étions choqué qu'il nous parle ainsi... mais parce que ses paroles avaient un fond cruel de vérité. Au fond, peu de Sarunins voyaient un avenir pour notre espèce. Certains avaient essayé de parler aux Rois pour les raisonner, en vain... Mais qu'y pouvait-on ? Tuer et détruire étaient-ils vraiment des solutions ? Est-ce que ça valait le coup de risquer sa vie inutilement pour ça ?

«Bien... si vous n'y voyez pas d'objection, je vais continuer ma route. dit-il finalement en se relevant, en prenant son épée et ses provisions, avant de commencer à s'éloigner...

-Arrête-toi... tentai-je de lui dire.»

Il continua sa route en feignant de ne pas m'entendre...

«Arrête-toi !»

Toujours pas de réaction... Jin restait immobile, fixant un point imaginaire et arborant une expression crispée...

«ARRÊTE-TOI !!!»

Sans vraiment m'en rendre compte, je me retrouvai devant lui en un instant, les larmes aux yeux. Comme si mes émotions avaient pris le contrôle de mon corps, mon bras se fléchit, et la seconde d'après, mon poing heurta le visage de Kyôjô sans retenue. Il roula jusqu'à la position qu'il occupait une minute auparavant... Avais-je vraiment fait ça ? Non, je n'en avais pas la force, aussi bien mentale que physique ! Pourtant, j'avais senti le contact de mes phalanges, et j'avais bien vu Kyôjô être projeté vingt mètres plus loin... Et à en voir son expression et celle de Jin, ils n'étaient pas moins surpris. D'ordinaire ma maladie limitait mes capacités respiratoires et me rendait moins forte et moins endurante que les autres Sarunin... mais à présent que j'y pensais, Jin et moi avions couru pendant plusieurs heures à la recherche de Kyôjô, et je n'avais à aucun moment ressenti la moindre fatigue. Mais ce qui m'intriguait surtout à ce moment là, c'était la raison qui m'avait poussée à le frapper...

«Kina... ça ne te ressemble pas de frapper quelqu'un sans raison.»

Il avait prononcé ces mots stoïquement en crachant un peu de sang, comme si ça ne l'intriguait pas plus que ça. "Frapper quelqu'un sans raison"... c'est vrai que ça ne me ressemblait pas. Mais je ne l'avais pas frappé sans raison. Non : à cet instant je me disais qu'il ne pourrais pas continuer sa route sans me passer sur le corps ! C'était inhabituel. Je me sentais déterminée... Je me sentais puissante... Je me sentais presque bien.


____________________________________________________________________________________________________________

9 Avril 1789

En profitant du fait que la garde soit trop concentrée sur les entrées principales de la ville et en dissimulant mon aura, je parviens à entrer à l'intérieur de Lumis. La ville n'était protégée par aucun mur de sécurité ou quoi que ce soit qui y ressemble, les autorités pensant sans doute qu'aucun clandestin ne pouvait de toute façon arriver vivant à l'intérieur de la ville : à l'Ouest la mer d'où on était facilement repérable, au Nord les plaines de Chiyuki, à l'Est un important réseau routier et au Sud la "Montagne aux Oiseaux" qui était en fait une petite chaîne de montagnes. Autant dire que malgré sa prospérité, Lumis était une ville relativement isolée.

Une fois à l'intérieur de la ville, il n'y avait donc pas de contrôles et il suffisait de cacher ma queue pour que personne ne me soupçonne. Certes le fardeau que je transportais ne passait pas inaperçu mais les gens d'ici semblaient bien trop occupés pour y prêter attention. La traversée de la ville se fit donc sans trop d'encombres et j'atteignis rapidement sa frontière Sud : une zone extrêmement rocailleuse qui marquait le début de la chaîne de montagne. Une fois suffisamment éloignée de la ville, je pressai le pas et commençai à décoller pour vite rejoindre la Maison...

«Tu m'as l'air bien pressée petite.»

La voix m'avais interpellée sans crier gare. En me retournant, je pus voir une femme assise en tailleur sur un rocher et souriant. Sa tête s'appuyait nonchalamment sur la paume de sa main et son coude sur son genou droit. Elle était emmitouflée dans un manteau blanc avec un col et des manchettes en fourrure. Des cheveux châtains, un visage angélique, et des yeux argentés d'une profondeur quasi-hypnotique... sur sa manche droite on pouvait lire distinctement...

«Son... Gohan...»

Elle me regarda d'un air ahuri quelques secondes et regarda sur sa manche avant de recommencer à sourire...

«C'est ce truc là qui te fait peur ? Haha... Bizarre, d'habitude, les gens ont plutôt tendance à se jeter à mes pieds en me voyant. Mais pourquoi as-tu peur ? Aurais-tu quelque chose à te reprocher... toi ou le gamin que tu transportes ?»

Je ne pouvais pas me l'expliquer... Elle ne dégageait aucune intention hostile, elle semblait douce, souriante et sympathique... pourtant j'étais incapable de faire le moindre geste ! Elle ferma les yeux, prenant soudain une expression impassible, avant de les rouvrir quelque secondes plus tard en se remettant à sourire sans vraiment que je sache pourquoi...

«Je vois... je ne sais pas ce que ce gamin à combattu, mais il est dans un salle état ; son aura s'est presque éteinte. Si on ne le soigne pas d'urgence... il pourrait mourir.»

Le diagnostic n'était pas bien difficile, mais comment pouvait-elle dire ça avec tant de légèreté ? La mort d'un enfant ne l'affectait pas plus que ça ?

«Tu dois sans doute te dire "qu'est-ce qui me prend de parler de la mort d'un enfant avec autant de légèreté ?". C'est vrai que ma conscience humaine me dirait de te laisser partir. Tu n'as pas d'intentions hostiles et tu ne fais que t'inquiéter pour un proche. poursuivit-elle, avant que son sourire ne s'estompe. Cependant, ma conscience professionnelle me dit que tu viens de traverser cette ville en toute illégalité et que tu te diriges vers le pays de Dorowen...»

Sans qu'elle ne fasse un geste, chacun de ses mots accentuait un peu plus le malaise que je ressentais, alors que je ne faisais que la regarder dans les yeux. Dorowen...

«Le "Pays Insoumis". Sur les 47 grandes régions de la planète, seules 3 ne font pas partie de l'Union sous l'autorité du Roi. Tikhras est un pays d'imbéciles qui placent leur fierté nationale au-dessus de toute autre considération, et Sino revendique son indépendance et sa "liberté à disposer de lui-même". Quand au troisième pays, il s'est retiré arbitrairement du Pacte d'Unité il y a un peu plus de soixante ans. Ils ne supportaient plus les "discriminations du Roi" envers leur région, où seraient apparus les premiers Sarunins il y a presque mille ans, et ont donc décidé de faire sécession... Aujourd'hui, ce pays accueille ceux qui sont rejetés de tous : criminels, révolutionnaires, orphelins rebelles... des bruits courent même comme quoi il abriterait des Sarunins. Ça ne reste qu'à l'état de rumeurs mais, le Roi préfère rester vigilant au sujet de ce pays. Celui même où tu sembles te diriger, derrière ces montagnes...»

La pression s'accentuait de plus en plus... Je respirais difficilement...

«N'est-ce pas ? Sarunin.»

Sans que je m'en aperçoives, ma queue n'était plus enroulée autour de ma taille... Plus bouger... tremblements... peur... sueur...

«Hihi... Ça ira, tu peux y aller.»

La pression se relâcha d'un coup, et je tombai à genou. Elle me tendit la main pour me permettre de me relever, comme si toute cette torture psychologique n'avait eu pour but que de me taquiner : elle ressemblait à une gamine qui s'ennuyait et cherchait quelqu'un pour jouer avec elle... Le sourire qu'elle arborait était d'une tendresse que l'on eût jurée impensable quelques instants auparavant... J'avais l'impression d'être en face d'un ange, alors que son aura était diabolique quelques instants auparavant... Pourquoi décidait-elle tout d'un coup de me laisser passer ? Elle aurait pu me tuer ou, au besoin me capturer vivante, mais elle n'en fit rien... sans vraiment savoir pourquoi, j'agrippai sa main et elle m'aida à me relever tout naturellement... Avant de retourner d'où elle était venue - de nulle-part - elle dit dans un dernier ricanement qui ressemblait à un rire de petite fille :

«Aaah... comme je le pensais, la promenade d'aujourd'hui a été plutôt amusante. Dommage qu'il faille retourner au boulot... Néanmoins, ayant déjà rencontré beaucoup Sarunins, je peux dire que tu as une aura étrange. Je ne pense pas qu'on se reverra alors... adieu.»

Et elle partit sans demander son reste. Je me demandais toujours si les quelques minutes qui venaient de passer étaient bien réelles... Si cette femme confirmait au Roi la présence de gens comme moi à Dorowen, nous étions en danger ! Mais curieusement je ne ressentais pas cette crainte... Soudain, un détail non négligeable me revint à l'esprit, comme un électrochoc.

«Ah ! Hevi, tiens bon !»

Passées les montagnes, je me retrouvai en haut d'une colline d'où on avait une vue imprenable sur un vaste pays, composé de bâtiments en pierre et pas encore recouvert de neige en cette saison. Au loin, on pouvait appercevoir une grande tour dont le sommet se perdait dans les nuages... J'y étais enfin.

«Dorowen... il était temps qu'on arrive.

-Je ne te le fais pas dire, Ciana.

-HYAAAAAA !!! Kain, qu'est-ce que tu fais là ?! Qu'est-ce que vous avez tous aujourd'hui, à m'interpeller par derrière sans prévenir !

-Il s'est passé quelque chose ?»

_________________________________________________________________________________________________________

11 Avril 1789

Personne ne s'y attendait ! Surtout pas Kyôjô. Après tout, qui aurait pu prédire que Kina aurait une réaction aussi violente... Ça ne lui ressemblait pas, et elle-même semblait surprise par ses propres actes. Je ne savais pas ce qui s'était passé dans la base militaire, mais le comportement de Kina avait quelque peu changé depuis qu'on en était sortis. Elle semblait beaucoup moins... fragile. Finalement, Kyôjô semblait avoir renoncé à sa folie, pour l'instant du moins. Nous étions dans la région de Dumia, nous connaissions une entrée vers Arata au fond d'une grotte, au Nord-Ouest de Chiyuki. Ça n'était pas l'entrée la plus sûre, la grotte étant à quelques kilomètres d'une vaste zone urbaine autour de laquelle les chasseurs pullulaient, mais c'était la plus proche et aucun de nous n'avait envie de prolonger trop longtemps ce séjour à la surface. Durant les deux jours de trajet à la marche, Kyôjô et Kina entretinrent un silence de cathédrale, plus désagréable qu'apaisant... Arrivé près de l'entrée de la grotte en question, la plus grande vigilance s'imposait, et j'avais un mauvais pressentiment au moment de poser le pied à l'intérieur...

«Jin, pourquoi tu t'arrêtes ?

-... pour rien... J'ai toujours un peu peur qu'on soit suivis.

-Jin a peut-être raison... je vais faire le guet ! proposa Kina, histoire de ne pas parler pour rien dire.»

Comme si mes pressentiments n'étaient pas si fictifs que ça, la seconde d'après un choc détruisit en partie une paroi de la grotte à quelques dizaines de mètres de là... Lorsque le nuage de poussière se dissipa, un Sarunin haletant tenait avec son poing dans l'estomac un chasseur mort accroché à la paroi...

«Haaa... C'est pas vrai, c'est le 3ème binôme qui me tombe dessus aujourd'hui... ils ont renforcé la surveillance de cette zone on dirait...»

Plutôt grand, des cheveux mi-longs aux teintes rouge sang légèrement hérissés et noués d'une queue de cheval, l'inconnu portait des gants de cuir et des armes de chasseurs au bas du dos... les poils de sa queue étaient hérissés, signe d'un stress important. Après avoir lâché le cadavre du chasseur, il se tourna vers nous, arborant un regard froid et marqué par une certaine fatigue...

«Vous, là... vous retournez en bas ?

-On était partis pour...

-Tch... Bientôt ça ne sera plus nécessaire, j'en suis certain !»


C'était qui ce type ? L'espace d'un instant j'avais cru entendre parler Kyôjô...

«Noro na koruku vain gu nakaze !»

Sur ces mots, il disparut comme il était apparu... "Notre peuple reprendra ses droits"...



à suivre...


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Il ne se passe pas grand chose dans ce châpitre, mais il a surtout pour but d'approfondir un peu les personnages, d'en présenter d'autres et d'élargir l'univers :razz:

Je ne suis pas trop satisfait des passages descriptifs (les descriptions c'est vraiment pas mon fort) et des PoV avec Ciana en général, je n'arrive pas à leur donner de saveur, une personnalité...

Aussi, j'espère que les nombreux changements de points de vue ne sont pas trop déroutants :columbo:

Enfin bon après je laisse le lecteur juger :razz:

PS : Il y a un ptit clin d'oeil dans le nom d'un des lieux géographiques donnés dans ce châpitres... saurez-vous le retrouver ? :siffle:
Dernière modification par Itachi-san le sam. 23 févr. 2008, 23:20, modifié 6 fois.
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Message par Itachi-san »

Pas de commentaire pour le châpitre 9 ? :hein: Tant pis je poste quand même la suite :mrbrelle:


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Châpitre 10

Séparation
別居


11 Avril 1789

«Comment m'avez-vous retrouvé ?»

La question était venue soudainement alors que nous marchions tranquillement dans la grotte. Après tout ça ne coûtait rien de lui dire : Kina sortit le radar de sa poche et le lui lança en lui expliquant que cet objet indiquait en fait sa position. N'esquissant guère plus qu'une moue à peine intriguée en contemplant l'objet, il ne répondit rien malgré l'étrangeté de la chose. A croire que plus rien ne l'étonnait depuis qu'il avait vu Kina en colère... Ayant une vision plus développée que les humains et étant habitués à vivre sous terre, nous n'avions aucun mal à nous repérer dans cette grotte sombre, et nous arrivâmes enfin au passage : une petite cavité qui était un cul-de-sac en apparence. Kina et moi nous avançâmes les premiers, puis en me baissant, je pressai un endroit précis de la paroi à environ 50 centimètres du sol... la cavité dans laquelle nous nous trouvions commença alors à s'affaisser, puis à descendre de plus en plus vite. En nous retournant, nous vîmes avec surprise que les pieds de Kyôjô ne descendaient pas en même temps que la petite cavité... Mes yeux commençaient à s'écarquiller en me rendant compte de ce qui se passait. Alors que l'espace qui séparait le plafond de la cavité du sol de la grotte s'amenuisait rapidement, Kyôjô s'accroupit et nous regarda de haut avec une expression neutre...

«Désolé, mais j'ai quelque chose à faire.
-Kyôjô ! Qu'est-ce que tu fous ?!
-Oubliez-moi, vous ne vous en porterez pas plus mal.
-Kyô...»

A peine eut-il fini sa phrase que Kina et moi fûment plongés dans le noir le plus complet, l'ascenceur de pierre nous ramenant à Arata. Cinq minutes plus tard, l'ascenseur s'arrêta, ouvert sur un escalier descendant et éclairé par les lampes qui ornaient les parois du couloir. Kyôjô nous avait bien roulés... mais pour une raison ou pour une autre, le radar nous permettrait de le retrouver facilement. Kina chercha dans les poches de son pantalon... puis de toutes les poches qu'elle avait sur elle...

«Dépêche-toi de le retrouver, s'il-te-plaît, le temps presse !»

Elle resta immobile un instant, comme si elle venait de se remémorer un détail... détail qui curieusement me revint aussi peu après...

«Oh non... s'interloqua Kina. C'est pour ça qu'il nous a demandés comment on l'avait retrouvé tout-à-l'heure...»

C'était inattendu... Il nous avait fallu 5 minutes pour arriver en bas, et il nous en faudrait autant pour remonter à la surface : ça donnait à cet idiot tout le temps de s'enfuir. Et il avait gardé le radar sur lui pour être sûr qu'on ne le retrouve pas cette fois... Vraiment, Kyôjô nous avait bien roulés.



_______________________________________________________________________________________________________


On ne pouvait pas dire que c'était de gaité de coeur... mais j'étais enfin débarassé d'eux. Plus important : il fallait que je retrouve ce type dont les paroles m'avaient intrigué. "Kyôjô, tu t'es multiplié ?" avait ironisé Jin. Mais il n'avait pas vraiment tort : cet inconnu semblait penser la même chose que moi, et j'avais bien l'intention de remettre la main dessus. Je sautai sur le toît de la grotte pour avoir une meilleure vue, et il ne me fallut pas longtemps pour trouver ce que je cherchais...

«T'es pas descendu avec tes camarades, toi ? dit une voix fatiguée venant de derrière moi...»

Il se tenait accroupi, regardant au loin en direction de la ville à quelques centaines de mètres de là. Il poussa un large baillement avant de se tourner vers moi avec des yeux cernés de noir et un visage qui n'exprimait pas grand chose...

«Qu'est-ce que tu veux...?

-Je te cherchais. Ce que tu as dit tout à l'heure... je pense la même chose. Alors j'aimerais...

-Tu aimerais te joindre à moi... je suppose ?»

Suivirent quelques secondes de silence... puis avant même que j'eus le temps d'esquisser une réponse, cet étrange individu se retrouva à côté de moi, une main dans la poche, l'autre aggripant mon T-Shirt, sans même me regarder.

«Bien... Allons discuter au calme, ça grouille de chasseurs par ici. Accroche-toi.»

Sitôt ces mots prononcés, ses pieds décollèrent, j'agrippai presque instinctivement son bras, fermai les yeux, et quand je les rouvris quelques secondes plus tard nous flottions à plusieurs centaines de mètres du sol et de l'endroit où nous étions ! Nous volâmes ainsi pendant encore un bon kilomètre, puis il me déposa tranquillement sur une colline au milieu d'une prairie, apparemment assez loin des habitations... Il s'assit en tailleur en face de moi et me regarda d'un air inexpressif avant de prononcer une phrase quasi-monosyllabique...

«Vaki.»

Sur l'instant, je ne compris pas tout. Il m'avait traîné pendant des kilomètres sans me demander mon avis et me sortait une histoire d'oreiller... Voyant mon air ahuri, il pointa son pouce dans sa propre direction.

«Vaki... c'est moi.

-C'est bizarre... lui répondis-je, incrédule.

-C'est bizarre mais c'est mon nom. Reprit-il nonchalamment. La première chose à faire pour faire connaissance, c'est de se présenter il me semble. Et donc tu es...?

-Kyôjô... je voulais te parler, mais tu ne m'as pas vraiment laissé le temps de...

-Ah oui c'est vrai, tu étais intrigué par mes paroles c'est ça ?

-Oui, je me disais que...

-Et donc je suppose que tu veux m'aider dans mon but...?

-Euh... j'aimerais déjà savoir...

-T'as quel âge au fait ?

-LAISSE-MOI PARLER !!! vociférai-je, profondément agacé par l'indiférence totale que ce type semblait porter à ce que je disais.»

Un peu surpris, il m'adressa un sourire du type "faut pas s'énerver pour si peu mon p'tit gars" puis repris sur un ton -une fois n'est pas coutume- sérieux.

«Bon, pour en venir au fait : puisque tu dois sans doute te le demander, je vais t'expliquer ce que je faisais là-bas.

-C'est ce que j'essaie de te demander depuis tout à l...

-Mah... Peu importe ! me coupa-t-il pour la énième fois. La ville qui était là-bas tu vois, c'était Satan, une ville très célèbre.

-Je connais, merci... et ? Pourquoi surveilles-tu cette ville ?

-Cette ville, vois-tu, a une particularité : c'est l'un des rares vestiges de ce qu'on appelle communément "l'Ancien Monde". Le Monde tel qu'il était avant d'être ravagé par cent vingt-deux années de guerre. Elle a été baptisée "Satan" en l'honneur d'un héros qui avait débarrassé la Terre d'un horrible monstre... soi-disant. Enfin bref, ce Satan est celui qui a révélé aux yeux du monde les noms des douze héros qui se sont sacrifiés il y a de cela plus de mille ans. Tu sais ce que sont devenus ces héros ?

-Je ne sais pas comment c'est possible mais... on dit que leur esprit est enfermés dans des stèles à l'intérieur d'une pyramide, dans le Désert du Sud...»

Vaki claqua des doigts et sa voix commença à paraître plus éveillée.

«Exactement. Sans rentrer dans les détails, c'est là-bas que se situe notre objectif.

-... "notre"...?

-Les humains, dans leur lâcheté et leur ignorance ont décidé que nous, Sarunin, n'avions pas le droit de vivre sur cette terre. De fait, notre race s'est retrouvée contrainte de vivre à l'ombre de la société, et de se terrer dans des galeries humides et souterraines...

-Tu ne m'apprends rien...

-Oui. Nous vivons sous terre, sous eux : autrement dit, jour et nuit... les humains nous piétinent.»

La vision était imagée mais reflétait tellement la réalité que je ne pouvais rien y répondre... Aussi fatigué que Vaki eût l'air, je ne pouvais que m'entendre avec lui.

«Tu comprends ce que ça veut dire ? Outre notre droit à vivre sur cette terre, c'est notre dignité qui est bafouée depuis plus de 500 ans. C'est pourquoi Rivina a été créée.

-Ri... vina ? Est-ce une sorte d'organisation ?

-On peut dire ça comme ça. poursuivit-il avec un léger sourire. Un groupe révolutionnaire. Si tu veux te joindre à nous, tu devras rencontrer notre leader. Ainsi tu pourras nous aider à reprendre ce qui nous a été volé : nos terres, nos droits, notre existence. Notre honneur. N'est-ce pas ce que tu souhaites ? Kyôjô...»


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12 Avril 1789

Cela faisait déjà trois jours que Hevi était inconscient. Ça n'était pas que j'étais inquiète mais... Je ne pouvais pas m'empêcher de faire les cent pas devant sa chambre. Pourquoi faire ? Si il se réveillait, je le saurais bien assez tôt, que je sois ici ou chez moi n'y changerait rien ! Mais je préférais quand même être ici... mais pourquoi puisque je n'avais aucune raison de m'inquiéter ?! C'était trop bête. J'étais trop bête. Et surtout IL était trop bête. Enfin même si ça n'était pas très malin de sa part de s'aventurer seul en plein désert, je me demandais quand même bien ce que ce Sarunin avait pu faire pour le mettre dans un tel état. Hevi n'était pas quelqu'un qu'on pouvait battre facilement - il avait terrassé un dragon des neiges de 3 mètres de haut à l'âge de 8 ans - et c'était un adversaire redoutable même pour les Sarunins adultes. A ce qu'on m'avait dit, ces derniers attachaient beaucoup d'importance au nom. Soit ils le donnaient en fonction de la première impression qu'ils avaient à la naissance de l'enfant, soit suivant ce qu'ils aimeraient qu'il soit... Quoiqu'il en soit, ils considéraient le nom comme un élément déterminant de la personnalité présente ou future de l'enfant. Et cela s'appliquait parfaitement pour Hevi : tantôt indifférent et calme, tantôt puissant et rageur, et avec toujours ce besoin constant d'espace et de liberté, ne se soumettant jamais à rien ni personne... Le "vent", c'était ce qu'il était. C'était ce que sa mère sarunin et son père humain voulaient sans doute qu'il soit. Un tel enfant n'aurait pu être accepté par aucune des deux sociétés, alors quitte à ce qu'il vive sans ses parents naturels, autant que ce fût de façon indépendante... Ainsi, Dorowen était le refuge idéal pour lui. Des enfants et adultes comme lui, il y en avait à la pelle ici, loin des juridictions et des règles intolérantes de l'Union.

Une infirmière qui passait par là me rappela pour la troisième fois que Hevi était pour l'instant hors de danger et qu'il valait mieux que je rentre chez moi me reposer... C'était sans doute mieux en effet. J'ouvris la fenêtre la plus proche et m'envolai jusqu'à chez moi sans me presser...

«Ce pays accueille ceux que personne n'accueille... Des rumeurs courent même comme quoi il abriterait des Sarunin. N'est-ce pas ? Sarunin.»

En effet, la présence de gens comme moi pouvait alimenter ces rumeurs... mais elles étaient fausses. Aucun Sarunin pure souche ne venait chez nous, comme si ils ne voulaient pas de la pitié des gens ou qu'ils s'efforçaient de rester solidaires envers leurs semblables - sans doute un peu des deux. On disait qu'ils vivaient sous terre, sans que personne n'ait jamais pu le vérifier de ses propres yeux... C'était d'ailleurs pour ça que le Roi de l'Union donnait de plus en plus de moyens aux 3 Ecoles pour leur éradication. De même, malgré le fait que Dorowen se soit retiré de l'Union, si les Sarunins venaient à être trop nombreux chez nous, le Roi n'hésiterait pas à envoyer ses troupes et à nettoyer la région. Il craignait sans doute que les Sarunins ne se développent et deviennent trop nombreux pour devenir à long terme une menace pour l'espèce humaine. Il était vrai qu'ils étaient redoutables en combat, et des tas d'histoire effrayantes courraient sur des "pouvoirs occultes" qu'ils possèderaient. Ça n'était peut-être pas que des histoires d'ailleurs : je me moquais un peu de savoir si ce Sarunins aimait dormir dévêtu au milieu de la neige, mais son pied semblait bien petit pour de si grandes empreintes de pas.

En survolant Doún-Kaos, la ville la plus au nord du pays, on pouvait distinguer clairement la disposition des rues et des maisons : toutes les rues formaient des cercles concentriques et convergeaient vers une zone inhabitée de quelques centaines de mètres de diamètres, au centre de laquelle elle se tenait, droite, mystérieuse, et imprenable : la tour Karin. L'édifice qui faisait s'arracher les cheveux des architectes et des physiciens depuis des siècles. Et pour cause : aucun raisonnement scientifique, aussi poussé soit-il, ne pouvait expliquer comment une tour en pierre d'à peine deux mètres de diamètre, d'une hauteur à peine estimable et dont la pierre était noircie et craquelée pouvait tenir debout... Maintes fois, les scientifiques du monde entier ont voulu voir ce qui se trouvait en haut, mais lorsqu'ils croyaient en voir le sommet, ils se retrouvaient inexplicablement en bas sans rien comprendre à ce qui leur arrivait. Le sommet de cette tour semblait inaccessible, du coup des tas de sectes et de groupes excentriques avaient fleuri en clamant que le sommet de cette tour était le domaine de Dieu et que les hommes qui tentaient la folie de l'atteindre ne réussissaient qu'à descendre plus bas... ou autres fabulations dans le genre. Cette tour était un tel mystère et une telle attraction touristique que c'était d'elle que la ville tenait son nom de "Tour Noire".

Sans vraiment m'en rendre compte, j'étais déjà arrivé chez moi. Une maison en pierre, ronde, toute simple, ni petite ni vraiment grande. Tout était simple ici. Je n'avais pas faim, mais je mangeai quand même, pour faire plaisir à Maman...

«Ça fait trois jours que tu ne dis presque rien... Hevi ne va pas mourir pour si peu tu sais... me disait-elle en lavant distraitement des assiettes.»

"Pour si peu"... les blessures qui lui avaient été infligées, je n'appelais pas vraiment ça "si peu". Je posai ma tête sur la table en continuant à mordiller ma fourchette... Je n'avais plus vraiment le moral ces derniers temps. Pourtant à part Hevi, tout allait bien dans cette vie presque ordinaire. A part Hevi...

«Kain était inquiet, autant pour lui que pour toi tu sais ?

-Kain est inquiet pour tout le monde. Il devrait plutôt s'inquiéter des affaires de la ville. Qu'est-ce qu'un type aussi important que lui fait à trainer à la frontière ?

-Tu sais bien que pour Hevi c'est différent. C'est le fils adoptif de l'Intendant de la ville, il pourrait être kidnappé pour demander un ranç...

-Maman, on parle sérieusement là. Si c'était le cas, c'est pour le kidnappeur qu'il faudrait s'inquiéter...»

Elle pouffa légèrement à ces mots, poutant véridiques. Si les gens craignaient vraiment qu'il arrive quelque chose à cette force de la nature qu'était ce garnement, tout le monde serait parti à sa recherche. Mais personne n'a bougé le petit doigt... même pas Kain, aussi inquiet qu'il veuille paraître.

«Tu dis ça, reprit ma mère en continuant à sourire, mais tu es la première à être partie à sa recherche...

-...

-Tu y tiens beaucoup, je me trompe ?

-Tch... ce sale gosse ? J'vois pas ce qui te fait dire ça...

-On dirait une grande soeur qui fait semblant de déstester son petit frère...

-Maman, je t'entends tu sais...»

Une grande soeur et son petit frère ! N'importe quoi ! Vraiment n'importe quoi...

Quelques heures plus tard, je sentis l'aura d'Hevi qui redisparut presque aussitôt. Cet idiot espérait s'enfuir en dissimulant son aura. Si il fallait le ramener, ça serait sans moi cette fois !


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10 Avril 1789

Alors que je déambulais dans les couloirs de l'école pour aller rendre ma visite hebdomadaires aux élèves, je sentais que quelque chose clochait dans mon dos... comme une présence... Faisant comme si je n'avais rien remarqué, je continuai de marcher impassiblement... Puis je sentis la chose se rapprocher... Elle commença à presser le pas... La chose passa ses bras devant moi et tenta de m'enlacer... Mon pied partit au quart de tour dans un mouvement circulaire, comme un réflexe, se chargeant d'encastrer la tête de la chose dans le mur du couloir. La chose souriait bêtement, ne semblant pas se préocuper du léger picottement dans sa joue.

«Tes réactions sont toujours aussi vives. me dit la chose en essayant de rompre le contact entre mon pied et son visage. Fait longtemps que je ne t'avais pas vue, tu es encore plus belle qu'avant...
-Eh bien eh bien... me contentai-je de répondre en souriant. Que me vaut l'honneur de cette visite, Commandant Kalza ?»

En s'époussetant et en retirant les débris du mur sur son uniforme, il soupira puis me sourit tendrement... pas le sourire benêt et extatique que je voyais tous les jours sur les lèvres des cloportes. Non, un sourire vraiment tendre, presque gênant. Mais pas désagréable malgré tout...

«Hem... je réitère ma question : "que me vaut l'honneur de cette visite ?"

-Tu es vraiment pas drôle... fit-il avec une moue boudeuse et un accent qakhlenique exécrable. J'ai visité l'ancienne prison desafectée au milieu de Chiyuki ces derniers jours. Comme c'était à deux pas d'ici, je me suis dit que je pourrais te rendre une petite visite.

-Tu désirais donc à ce point me revoir ? Comme c'est touchant. A moins qu'il y ait une autre raison...

-Mmmoui... Une raison plus administrative disons.»

Tout en continuant à marcher, il hésita un moment, comme pour chercher ses mots, en se pinçant l'arrête du nez. Une petite goutte de sueur perla sur sa tempe, puis il se décida à reprendre avec un peu d'hésitation...

«Ça m'arrangerait que...

-Ça t'arrangerait ? Ça commence mal...

-...tes hommes évitent d'attaquer... une personne en particulier... un Sarunin...»

Nous arrêtâmes de marcher un instant... une goutte de sueur avait perlé sur son autre tempe...

«Ça n'a aucun sens. Pourquoi devrais-je donner un ordre aussi absurde à mes subordonnés ? Tu sais ce qu'il en coûte de protéger un Sarunin, non ?

-Certes, mais... c'est un prisonnier. Un Sarunin très "spécial " !

-Bien sûr bien sûr. Et donc, ce prisonnier qui était sous TA responsabilité s'est échappé, c'est ça ?»

Il commença à suer à grosse gouttes, comme un espion percé à jour...

«Dans le cas... reprit-il en se tenant le menton et en regardant ses pieds. tu peux leur dire de le capturer vivant ! C'est ça !

-Ce que tu dis n'a vraiment aucun sens... et puis si le Roi l'apprenait...

-Alors il suffit qu'il ne l'apprend pas...»

Le silence se fit dans le couloir. A croire que Kalza aimait jouer avec le feu. En fait, pour le peu que je connaissais de lui, il ne semblait pas vraiment prendre son rôle de Commandant au sérieux...

«Au fait, tu m'avais rendu visite il y a plus de six mois, quand tu es devenu Commandant, mais je vois que tu parles toujours aussi mal la langue locale ! Être polyglotte fait partie des compétences requises pour être Commandant pourtant. Franchement, c'est pas sérieux...

-Tu es méchante ! répliqua-t-il en gémissant comme un gosse. Le Qakhlen est pas une langue facile ! Tant que tu comprends ce que je dis c'est le principal... Et puis je me suis un peu amélioré d'abord...

-Ton accent est quand même immonde. Et puis d'ailleurs... commence pas arrêter de me tutoyer, on n'est pas des amis proches.

-Tutoiement, vouvoiement... il n'y a pas une chose telle dans la langue de chez moi ! Tu te gènes pas pour me tutoyer toi... mais au fait, tu changes de sujet là !!!

-Commandant Kalza. dis-je sur un ton neutre en commençant à pousser les portes. Qu'une chose soit bien claire : vous n'avez aucune autorité sur mes hommes, et encore moins sur moi. Je ne leur donnerai pas un tel ordre, ce n'est pas la peine d'insister.»

Sans me retourner, je m'avançai sur le balcon sur lequel m'attendait le Lieutenant Dolann, bordé sur les côtés par deux escaliers, et surplombant la grande salle où les élèves de l'école Son Gohan prennaient leur petit déjeuner. Toutes et tous se levèrent d'un seul homme, droits comme des i, répondant à l'unisson au salut que je leur adressai. Toutes et tous me respectaient comme je les respectait. Toutes et tous étaient comme une grande famille, sur laquelle je devais veiller du mieux que je pouvais. Je n'abandonnerais jamais le plus petit d'entre eux. Ainsi concevais-je mon rôle...



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11 Avril 1789

En remontant, nous pensions pouvoir appercevoir Kyôjô en regardant aux alentours. Mais il n'était visible nulle-part, sans vraiment que nous puissions expliquer comment il avait pu disparaître aussi vite... Quoi qu'il en fût, retrouver Kyôjô revenait à chercher un caillou dans l'océan ; nos chances de le retrouver étaient desormais bien compromises. Jin et moi avions bien une idée de l'endroit où il se dirigeait mais... était-ce vraiment une bonne idée de le chercher si désespéremment ? Après tout il avait choisi son chemin, en ne cherchant jamais à nous y impliquer. Que pouvait-on faire contre ça ? Avait-on le droit de l'en empêcher ? "Si je trouve quelque chose, tant mieux ! Si il n'y a rien, tant pis !", "Je n'ai rien à espérer d'une telle vie !", "Oubliez-moi, ça vaudra mieux pour vous." Ces paroles se faisaient sans cesse écho dans notre tête, impossible de ne pas y penser. Au fond, il avait peut-être raison : on ne gagnerait rien à le poursuivre avec de si faibles chances de le retrouver. Nous marchions au milieu d'une gallerie circulaire, très large et très ramifiée par laquelle beaucoup de Sarunins circulaient toute la journée, une sorte de "grande place". Pourtant, je me sentais à moitié consciente, ne sentant pas vraiment les présences autour de moi, même pas celle de Jin... Je plaquai la paume de ma main contre mon front en fermant les yeux et en souriant... toujours en souriant...

«Je suis... vraiment pitoyable... abandonner si facilement... je suis vraiment...»

Ma respiration se faisait plus saccadée, j'avais cette sensation qu'une main compressait mes poumons... cette sensation que je connaissais trop bien depuis toute petite... je m'effondrai sans doute... je ne savais plus trop en fait... tout était flou... des voix inidentifiables m'appelaient... j'étais allongée... faible... au milieu de tous... que pouvais-je faire avec ce corps...? J'étais vraiment pitoyable.



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25 Avril 1789

«Bon... J'aimerais t'expliquer plus en détail, mais je dois retourner à ma surveillance. Nous avons des bases cachées dans à peu près toutes les régions, mais les nouveaux doivent se rendre à une base particulière : tout à l'Ouest de la région d'En, dans la ville de Kukai. Comment trouver la cachette ? Tu le sauras bien vite une fois là-bas. Il ne me reste plus qu'à te souhaiter bonne chance, et... tâche de rester en vie.»

Il ne m'avait pas expliqué grand chose finalement... enfin il me suffirait de me renseigner une fois arrivé à destination. Néanmoins son souhait de bonne chance m'allait droit au coeur : ma destination se trouvait à pas moins de 6 000 km de là. Cela faisait deux semaines déjà... J'avait traversé la chaîne de montagne qui séparait Dumia de Dracheim, et traversé cette région. Il me restait à traverser celle d'En et à entrer dans la ville de Kukai sans me faire prendre en chasse... sans oublier qu'il me fallait d'abord traverser l'un des gigantesques Ponts Jumeaux qui reliaient le continent de Rachmius à celui d'Onmu. Des ponts de 300 kilomètres de long qui semblaient parfaitement inutiles mais dont les humains étaient étrangement fiers. Traverser l'un d'eux à pieds était proprement suicidaire pour un Sarunin ou pour n'importe quelle personne censée. Mais Jin n'avait cessé de me répéter que ma quête était suicidaire depuis le début, alors autant qu'elle le fût jusqu'au bout !

Après avoir jeté discrètement à l'eau le cadavre du chasseur dont je venais de me débarasser, je pris soin de dissimuler ma queue. Mais paradoxalement ce lambeau de queue était plus difficile à cacher qu'en temps normal, et le détail que j'oubliais trop souvent, c'était que les chasseurs allaient toujours par deux... J'entendis tout d'abord comme un petit "clic" derrière moi. Et une voix me criant "Oyaskinada !" ou quelque chose approchant. Ensuite un "bip", et le chasseur commençant à baragouiner un rapport ou quelque chose du genre. Puis une petite explosion, ou quelque chose qui y ressemblait. Suivi d'un cri du chasseur et d'un bruit d'effondrement. Et enfin, j'entendis une voix de fille dans une langue que je comprenais cette fois.

«Eh bah eh bah ! Si je m'attendais à tomber sur toi, Hyôjô ! Drôle de coïncidence ! Kina et le gringalet sont pas avec toi ? C'est pas plus mal en fait.»

Ça n'était pas vraiment une voix à laquelle je m'attendais. Et pas vraiment une voix que j'avais envie d'entendre non plus...

à suivre...


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Châpitre très court encore une fois. L'histoire et l'univers continuent de se mettre en place, et je préfère prendre mon temps pour ça. Aussi beaucoup de passages de ce châpitre vous sembleront relativement inutiles scénaristiquement parlant...


Ça va vous paraître con que je dise ça mais l'histoire prend une tournure à laquelle je ne m'attendais pas :columbo:
Dernière modification par Itachi-san le sam. 23 févr. 2008, 18:40, modifié 5 fois.
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Message par Tinton2 »

Bonsoir bonsoir.

Alors, comme à mon habitude, je commente à la sortie même du chapitre (...).

Franchement, j'aime l'univers que tu mets en place. Ton histoire me donne envie de vite connaître la suite, que Kyôjô ait un entraînement pour faire un bon level up, que nos super sayens ressuscitent vite (ils n'en seraient pas à leur coup d'essai) et savoir comment ce monde va évoluer.

Enfin pleins d'attentes que ton excellent début de fic créent, et si tu sais où tu vas et où tu veux arriver (rapport à ton dernier petit commentaire), ton histoire s'annonce "great" !

Sinon, il y a quand même pas mal de fautes : apercevoir et apaiser ne prennent qu'un seul "p" et y'a d'autres trucs mais je m'en rappelle plus.

En tout cas, j'espère que tu vas vite pondre la suite.

P.S : J'adore le prénom "Lyendith", c'est beau, original, mystérieux et chaleureux à la fois etc... GG ! :grin: :grin:
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Message par Itachi-san »

Enfin pleins d'attentes que ton excellent début de fic créent, et si tu sais où tu vas et où tu veux arriver (rapport à ton dernier petit commentaire)
En fait j'avais prévu depuis longtemps que Kyôjô rencontre un groupe, il ne pouvait pas continuer seul... mais le groupe que j'avais prévu d'introduire au départ, je ne voyais ni comment le mettre en contact avec Kyôjô, ni quel rôle lui donner... J'avais même introduit un personnage que je pensais mettre en rapport avec ce groupe, mais j'y ai renoncé très récemment (avant le châpitre 9, Dorowen n'était même pas censé être un pays, c'est dire...). Et c'est seulement en écrivant la fin du châpitre 9 que ça a finalement pris cette tournure dans ma tête. C'est pour ça que je dis que ça prend une tournure à laquelle je m'attendais pas :mrbrelle: J'ai d'ailleurs eu chaud parceque si j'avais continué un châpitre de plus dans mon idée de départ je me serais retrouvé dans une impasse je pense...
Sinon, il y a quand même pas mal de fautes : apercevoir et apaiser ne prennent qu'un seul "p" et y'a d'autres trucs mais je m'en rappelle plus.
Rô zut je m'embrouille tojours avec ces verbes, je sais jamais si ils ont un ou deux p >_<
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Message par Itachi-san »

Kyôjô a décidé de laisser derrière lui Kina et Jin après avoir rencontré un Sarunin solitaire qui semble nourrir le même désir de revanche que lui. Ce dernier, du nom de Vaki, lui parle d'une organisation du nom de Rivina, et lui indique la situation de leur repaire principal : à Kukai. Mais pour y parvenir il doit traverser un gigantesque pont réputé infranchissable pour les Sarunin.
A Lumis, Kalza rend une visite surprise au Commandant Lyendith, et lui fait une demande étrange : dire à ses hommes de ne pas attaquer un Sarunin en particulier... demande que Lyendith refuse catégoriquement.
Pendant ce temps, dans le refuge souterrain d'Arata, Kina qui avait semblée guérie de sa maladie fait une rechute et s'écroule soudainement.
Deux semaines plus tard, devant le fameux pont, alors qu'il est surpris par un chasseur, Kyôjô reçoit une aide inespéré. Et surtout qu'il n'espérait pas...




Châpitre 11

Confiance
信用


25 Avril 1789

Cette sensation de déjà-entendu se confirma bien vite en me retournant. La méfiance prit alors bien vite le pas sur la surprise...

«Qui voilà... Mademoiselle Retournement-de-veste. Tu ne devrais pas être en train de croupir en prison pour nous avoir aidés ?

-Je me suis échappée, la surveillance était vraiment faible. Et puis c'est Marina !! Je m'appelle Marina ! Me dis pas que t'as déjà oublié mon nom, Hyôjô !

-Ce n'est pas vraiment que ça soit un nom difficile à retenir... répondis-je en la regardant de travers, sans me soucier du fait qu'elle ait écorché mon nom sans vergogne. Mais après tous les coups fourrés que je t'ai vu faire, rien ne me dit que c'est ton vrai nom...»

Elle tourna la tête en poussant un soupir de dédain, avant de me regarder de travers en faisant la moue... Elle portait toujours des armes militaires sur elle. Alors qu'elle leva la main pour attrapper une de ces armes, d'un mouvement simple et précis j'attrapai son bras et l'immobilisai. J'avais eu raison de me méfier.

«T'es plus prudent, c'est bien. se contenta-t-elle de dire en fermant les yeux et en souriant. Cependant... »

La seconde d'après, mon visage était collé face au sol, le pied de Marina sur ma tête, mes deux bras immobilisés dans mon dos et un pistolet sur ma tempe. Elle approcha doucement sa bouche de mon oreille et me sussura quelques mots doux :

«Sache, idiot, que des humains plus forts que toi, il y en a plus que tu crois. Et sache aussi que je suis plus forte que j'en ai l'air. Tu comprends ? Je peux te tuer sur-le-champ si ça me chante... »

Je n'avais jamais ressenti une telle sensation... Une peur inexplicable qui me paralysait : j'avais l'impression qu'au moindre mouvement j'étais mort. Me "tuer sur-le-champ"... elle en était bien capable ! C'était une de ces situations que je détestais par-dessus tout ; une situation où je me sentais faible, impuissant, et ridiculement petit. C'est comme si sa seule présence m'écrasait...

« ... mais je ne le ferai pas. reprit-elle d'un ton neutre. Je veux avant tout te poser une question. J'agirai en fonction de ta réponse

-Est-ce que je dois répondre ? Elle... elle va vraiment me tuer...! pensai-je, pris de panique.

-Où comptais-tu aller en traversant ce pont ?» demanda-t-elle, toujours de cette voix à la fois calme et menaçante.

Malgré la pression, je tentais de balbutier quelques syllabes suffisamment articulées pour être jugées comme une réponse.

«K... Ku... kai...

-Ku-quoi ?! Articule, bordel !

-Kukai ! C'est là-bas que je me dirige.

-Kukai, hein ? Une ville juste à côté de la frontière de Sino. Tu comptais passer la frontière pour te réfugier hors de l'Union ?

-Pourquoi je ferais ça ? répondis-je en la regardant de travers, ignorant la douleur dans mes bras. J'ai autre chose à y faire...»

Un long silence s'en suivit. Comprenant peut-être que je ne lui donnerais pas plus de détails, elle relâcha sa pression et retira son arme de ma tempe.

«Bien. Dans ce cas je vais pouvoir faire un bout de chemin avec toi, Myôjô. déclara-t-elle le plus naturellement du monde.

-C'est Kyôjô... Attends un peu !! m'exclamai-je soudainement. Qu'est-ce que tu entends par là ?!

-Bah quoi, c'est pourtant clair non ?

-Mais pourquoi...

-Oh la ferme !» coupa-t-elle en faisant mine de se boucher les oreilles.

Elle se releva lentement, me libérant de son emprise. Dos à moi, la main droite sur sa hanche, elle se mit à regarder en direction du pont à quelques centaines de mètres de là... Elle avait beau paraître très jeune et chétive, elle était plus imposante qu'elle en avait l'air. Elle dégageait comme une aura indescriptible, empreinte de puissance et de sérénité. Je me surpris à presque contempler sans haine un humain... il fallait que je me reprenne ! Elle tourna légèrement la tête sans pour autant se tourner dans ma direction et s'expliqua.

«J'ai moi aussi des choses à faire par là-bas... reprit-elle calmement. Il faut que je vérifie certaines choses à la frontière nord de Sino...»

Brusquement, elle se retourna et tendit le bras en pointant son doigt vers moi, en prenant un sourire faussement menaçant et en recommençant à hausser le ton.

«Et puis sans mon aide, tu pourras jamais traverser ce pont vivant ! T'as donc tout interêt à me suivre !

-Euh... c'est toi voulais me suivre, n...

-Tatata ! me coupa-t-elle en agitant sa main devant elle. Chipotte pas sur des détails. Le truc, c'est qu'on veut tous les deux passer de l'autre côté et que les chances pour qu'un Sarunin comme toi franchisse ce pont en un seul morceau sont proches du zéro absolu.»

Elle approcha son visage tout près du mien, me faisant légèrement pencher en arrière. Elle poursuivit en plantant son doigt sur mon front.

«Tu piges, p'tite tête ? Toi tu es un Sarunin qu'ils veulent vivant et moi je suis une déserteuse : en clair, on est tous les deux des cibles privilégiées des chasseurs maintenant. Le meilleur moyen de survivre c'est encore de rester ensemble et de se serrer les coudes !

-Qu'est-ce que tu entends par "se serrer les coudes" ? répondis-je avec sans doute un air blasé digne de mon frère. Tu parles comme si on était des camarades. Je n'ai aucune envie de faire la route avec une humaine, et encore moins avec toi.

-Même si je t'ai aidé à t'échapper ?» me rétorqua-t-elle toujours aussi faussement en joignant les mains, avec des yeux de merlan frit.

J'avais beau la trouver presque imposante une minute auparavant, je m'aperçus bien vite que rien que de parler avec elle me donnait la nausée. Il m'était, aussi bien physiquement que par principe, impossible de lui accorder la moindre confiance. Cela dit, elle ne racontait pas que des bêtises : sans l'aide de quelqu'un connaissant les lieux et qui puisse me couvrir, j'allais avoir bien du mal à franchir ce pont... c'était à la fois un argument imparable, et un merveilleux prétexte pour m'obliger à coopérer avec elle. Après tout, si les chasseurs se déplaçaient par groupes de deux, c'était pour mieux piéger les Sarunin imprudents comme je l'avais été à l'instant. Se déplacer à deux nous aussi pourrait justement m'éviter ce genre de mésaventures... De toute façon il n'était plus question de faire marche arrière à présent. Mon cerveau me disait d'ouvrir la bouche et de donner une réponse positive, mais le message nerveux était étrangement inhibé au moment d'arriver au niveau des lèvres. Luttant comme je pouvais contre cette réaction biologique, je forçais mes organes vocaux récalcitrants à articuler ces trois syllabes ô combien difficile à prononcer pour moi qui haïssait viscéralement tout ce qui était humain, et plus encore cette... cette...

«...cepte...

-Hm ?» fit-elle avec des yeux ronds en se rapprochant encore de mon visage, histoire de ne pas me gêner.

J'avais déjà eu toutes les peines du monde à le marmonner une fois, mais je réussis à puiser dans mes dernières forces labiales pour le dire distinctement :

«J'accepte. Dorénavant on restera ensemble et on se protègera mutuellement. On ne séparera pas, d'accord ? pus-je enfin articuler en fermant les yeux et en essayant de ne pas trop serrer les dents.»

Un nouveau silence s'en suivit... Marina avait reculé de deux pas et me regardait avec une expression de méfiance et un mouvement de recul, comme si j'étais un pestiféré.

«Eh oh, doucement quand même ! Tu parles comme si on était un couple !»

Mon frère avait raison : j'étais vraiment suicidaire. Le voyage jusqu'à Kukai allait être long... très long...



__________________________________________________________

11 Avril 1789

Je n'aimais pas ça. Ces dernières semaines, des chasseurs de mon Ecole se faisaient décimer par dizaines aux alentours de Satan, et il était fort probable que ce fût un seul et même groupe de Sarunin qui en était responsable. Si il était puissant, il était peut-être même seul, ce qui ne facilitait pas les recherches. Cette proie était vraiment pénible à capturer : la plupart du temps elle restait introuvable, et quand une équipe la dénichait on retrouvait que leur cadavre une fois sur les lieux ! Plus on intensifiait la surveillance et plus le nombre de victimes croissait... En tant que Commandant, je ne pouvais pas me permettre de laisser mes hommes se faire tuer à la pelle sans réagir... Mais que cherchait ce Sarunin ? C'était stupide de rester aux alentours de cette ville alors que la surveillance se resserait sans cesse. A moins qu'il fît tout ça par jeu, ou même par sadisme. Quoi qu'il en fût, si les pertes devenaient trop lourdes, j'allais devoir m'occuper moi-même de notre tueur fantôme. Mais je me doutais qu'on n'en apprendrait pas plus en l'interrogeant : les interrogatoires de Sarunins ne donnaient jamais rien. Ils étaient trop fiers pour parler. Et avec le temps ils devenaient plus prudents, donc plus difficiles à capturer. Mais celui-là était différent semble-t-il... plus l'étau se resserait, plus il prenait un malin plaisir à l'écarter de ses propres mains.

Assise en tailleur sur le toît de l'école, je fus sortie de ma méditation par un bruit de talon touchant le sol derrière moi. Reconnaissant l'aura du Lieutenant Dolann, j'ouvris les yeux et m'adressai à lui en continuant à regarder devant moi.

«Du nouveau sur notre proie ? m'enqueris-je d'une voix neutre.

-Il a encore fait deux victimes il y a quelques heures... Vous avez l'air préoccupée. reprit-il après un léger silence.

-Qui ne le serait pas ? Les pertes commencent à être sérieuses, et ce Sarunin a l'air du genre dur-à-cuire. Si ça continue je vais devoir régler ce problème moi-même... poursuivis-je presque à voix basse en plaçant mes mains jointes devant ma bouche.

-Vraiment... vous comptez intervenir pour une si petite proie ? répondit-il dans un accès d'ironie fort désagréable au vu de la situation. Je pense que je peux m'en charger moi-même.»

Le Lieutenant Dolann n'était pas du genre à s'encombrer de corvées inutiles : si il pouvait éviter de faire quelque chose, il ne s'en privait pas. Sa proposition avait donc de quoi me surprendre. Mais même si le voir prendre ses responsabilités sans y être forcé n'était pas dérangeant, cela impliquait à coup sûr une raison cachée derrière ce comportement inhabituel. En me tournant enfin vers lui, je pus voir le petit écran portatif qu'il me me tendait avec une expression des plus sérieuses.

«Je m'en doutais, il y a donc bien une autre raison. Donnez-moi ça, je vous prie.» lui demandai-je en lui arrachant le petit écran des mains.

En pressant un petit bouton à droite de l'écran, des images apparurent, accompagnées d'un descriptif de la situation. La plupart des images étaient des ruines fumantes ou des cadavres, quand elles ne montraient pas des soldats ou des élèves tantôt boîtillant, tantôt agonisants...

Ces dernières jours, de nombreuses attaques on frappé des villes des 3 grands secteurs. Les attaques visaient souvent les générateurs d'énergie principaux des villes, et les capitales des régions de Nidaku, Minaoh et Trasia sont privées d'énergie à l'heure actuelle. D'après les témoins, les auteurs de ces attaques seraient des Sarunins particulièrement bien entraînés et maîtrisant des techniques enseignées dans les trois Ecoles.

Les capitales de ces 3 régions n'étaient pas très des villes très importantes. Si ces attaques étaient l'oeuvre d'un même groupe terroriste, elles n'étaient probablement que des avertissements, ou un moyen de se faire connaître dans chacun des trois secteurs. Le plus intrigant était la dernière précision... Si il maîtrisaient de telles techniques, c'est que quelqu'un les leur avait enseignées. Un ancien membre d'une des trois écoles devait faire partie de ce groupe...

«Dolann. dis-je simplement en me tournant complètement vers lui. Est-on sûr qu'il n'y avait que des Sarunin au coeur de ces attaques ?

-D'après les témoins, oui... mais c'est difficile à dire : les attaques étaient très rapides et la plupart des terroristes n'ont été qu'entraperçus. Vu l'état de l'opinion publique sur le sujet des Sarunin, c'est très facile de les accuser de telles attaques après tout.» finit-il en haussant les épaules.

En effet, ils étaient les supects idéaux. Et les seuls suspects potentiels à vrai dire : il existait bien quelques groupes d'anciens militaires opposés à l'Union, mais soit ils étaient rapidement découverts et démantelés, soit ils étaient trop peu puissants, trop peu nombreux et trop mal organisés pour mener de telles opérations sans difficultés. Il était difficile de croire qu'une telle organisations pût être créée au sein même de l'Union, sans que nous ne remarquions rien. Un pays ultra-nationaliste comme Tikhras n'avait que faire de l'Union, et Sino, bien qu'entretenant une force armée importante, n'avait aux dernières nouvelles pas d'intention belliqueuses. Restait Dorowen... un pays qui avait encore une grande rancune envers l'Union et qui avait la fâcheuse manie d'accueillir les étrangers qui y cherchaient refuge. Cela pouvait inclure des déserteurs, des exilés ou même des traîtres à l'Union, même si les cas étaient rares. Ils étaient rares, mais l'un de ces cas avait profondément marqué l'armée tant il était impensable. Et plus que l'armée, cela m'avait profondément marquée.

Lentement, je me relevai, me dirigeai vers le bord du toît et m'en détachai en lévitant. Ces évènements avaient fait remonter en moi une foule de souvenirs, et un infime sentiment qui ne m'avait jamais vraiment quittée depuis ces évènements, un an auparavant. Sans une fois de plus me retourner, je m'enquéris de quelques dernières précisions auprès de mon Lieutenant.

«Vous avez dit que vous pouviez vous charger de notre tueur fantôme vous-même, n'est-ce pas ?

-Ah... oui. répondit-il un brin surpris, comme si je venais de le réveiller.

-Dans ce cas je vous fais confiance pour le capturer. Vous pouvez prendre une équipe de chasseurs avec vous.

-Et vous...? Qu'allez-vous faire ?

-Consulter nos archives et enquêter sur ce groupe. Je ne pense pas que ce Sarunin parlera de toute façon, et on ne sait même pas si il est lié à cette affaire d'attentats, mais quoiqu'il en soit, il faut le mettre hors d'état de nuire.

-A vos ordres, Commandant...» fit-il, probablement avec un salut de la main mollasson.

Il n'en avait pas l'air, mais il était fidèle et motivé. Quand à moi, alors que j'atterrissai devant la porte de l'école, sur un sol jonché de quelques bouquets de fleurs déposés là par des cloportes, je sentis remonter en moi comme un sentiment de nostalgie mêlé à une profonde rancune. Mes pas me menant vers la salle d'archive, j'aillais déterrer un passé que j'aurais préféré oublier, et que j'espérais ne pas avoir à affronter à nouveau.

«C'est à peine croyable ! Même votre mort n'aura pas suffit à vous faire oublier, hein ? J'espère me tromper... Commandant Jinei...»




__________________________________________________________

11 Avril 1789

Le silence régnait dans la pièce où nous avions été accueillis à la hâte par des inconnus. Seules résonnaient mes pensées confuses et la respiration saccadée de Kina. Elle n'aurait jamais dû aller là-haut... Je le savais bien : elle détestait se sentir faible et inutile, et vu ses sentiments pour lui c'était évident qu'elle voudrait suivre Kyôjô. Pourquoi ne l'en avais-je pas empêchée ? Pourquoi Kyôjô n'avait-il rien remarqué ? Pourquoi avait-elle à endurer ça ? Et pourquoi ne pouvais-je pas l'y aider ? Sa santé avait semblé s'être améliorée après que nous fûmes sortis de cette base étrange. Mais depuis que nous étions revenus à Arata, son état s'était dégradé... voilà plusieurs heures qu'elle s'était évanouie soudainement, alors qu'elle marchait... Aucun traitement à sa maladie n'était connu chez les humains, et ce n'était pas à Arata, où les gens n'avaient pas tellement le loisir de faire des études de médecine, qu'on trouverait de quoi la soigner. Surtout dans les galeries souterraines qui nous servaient d'habitat... Je l'avais ramenée dans une maison et l'avais allongée, sans pouvoir rien faire de plus que de rester à ses côtés, à attendre... à attendre quoi ? Si seulement je le savais...

J'avais comme la conviction que sa guérison trop passagère n'était pas étrangère à sa présence dans cette espèce de base au milieu de Chiyuki, quelques jours auparavant. Seulement, cette base était au milieu d'un désert, difficile de la retrouver sans repère. Et même en y retournant, après ce qu'on y avait fait j'aurais eu plus de chances de me faire capturer que d'y apprendre quoi que ce soit. Je n'étais pas suicidaire. Et je ne voulais pas l'abandonner une nouvelle fois. Je n'étais pas Kyôjô... non... Cet idiot qui se lançait dans une bataille inutile et perdue d'avance, cet égoïste qui se foutait de ce qui pouvait arriver à Kina, ce lâche qui nous abandonnait sans demander son reste, ce n'était pas mon frère ! Mon fère n'était pas comme ça... il n'avait pas pu changer à ce point... Son abandon avait-il un rapport avec type que nous avions croisé juste avant d'entrer dans la grotte ? Il semblait penser la même chose que lui, il ne faisait pas grand doute que mon frère allait chercher à le rencontrer à nouveau. Avec un peu de chance, ce type rôdait toujours dans les parages, même si on ne l'avait pas aperçu en cherchant Kyôjô. Je regardais le visage de Kina, comme pour y chercher des réponses... mais tout ce que j'y voyais c'était son inquiétude...

«Elle dort toujours ??»

Un sursaut ! Trop occupé à réfléchir, je n'avais même pas entendu la porte s'ouvrir, et je fus sorti de mes pensées par ce qui s'accrochait à mon cou et regardait par-dessus mon épaule avec des yeux de merlan frit. Un enfant de six ans ne pouvait sans doute pas comprendre pourquoi Kina s'était "endormie" au milieu de tout ce monde trois heures auparavant, et je n'avais pas vraiment le coeur à le lui expliquer...

«Excusez-le, me dit gentiment la mère de l'enfant, un peu essoufflée à force de lui courir après. Il est tout agité quand son père n'est pas là.»

Je me dispensai d'un "ce n'est rien" superflu, n'ayant de toute façon pas envie de parler. Pas vraiment bavarde non plus, mon hôte se hasarda à poser quelques questions sur nous :

«C'est... c'est ta soeur ?

-... On peut dire ça comme ça.

-Eeeeeeh ? me cria dans l'oreille le jeune garçon. Moi aussi j'ai un grande soeur !! Elle est pas là depuis un mois mais Maman m'a dit qu'elle allait revenir avec tout plein de choses !»

Il disait ça avec un grand sourire et une insouciance qui faisaient de la peine à voir. Je tournais la tête vers sa mère, qui en guise de réponse baissa la tête, le visage fermé... "C'est cruel" : c'est ce que je me dis en voyant cette mère mentir à son enfant qui ne se doutait de rien. Au fond j'étais peut-être comme cet enfant quand Kina me répétait qu'elle allait bien, et qu'un jour elle guérirait...

«Mirie, je vais remonter.

-H.. Hein ? Mais... et ta soeur ?!

-Prenez bien soin d'elle s'il-vous-plaît, j'en n'ai pas pour longtemps... j'ai juste quelque chose à vérifier là-haut.»

Je m'apprêtais à quitter la pièce, quand je fus de nouveau interpellé par la voix hésitante de mon hôte.

«At... euh... enfin, tu m'as dit que... vous ne vivez pas sous ce continent d'habitude... tu risques de te perdre sans guide...

-Ah... non merci, je peux me débrouiller. On n'est pas très loin de la sortie de toute façon.

-Et bien... laissez au moins Shani vous accompagner jusque là, je suis sûre que ça lui ferait plaisir.» finit-elle par dire en souriant tendrement alors que son fils perché sur sa tête avait des étincelles dans les yeux.

Un peu gêné, j'acceptai quand même en souriant - jaune ? - et me mis en direction de la sortie la plus proche, l'enfant agité accroché à mes basques. Ce gosse était tout le contraire de sa mère et passa la demi-heure de trajet à me raconter comment sa soeur avait battu une guépard blanc à la vitesse, comment elle avait terrassé deux chasseurs toute seule ou à quel point elle était gentille, et forte, et belle, et... il ne parlait que de sa soeur... sans arrêt... c'était déprimant... mais curieusement ça me faisait sourire. Malgré les conditions difficiles dans lesquelles vivait notre peuple, il y avait toujours des gens heureux et insouciants comme lui. Même si ça n'était qu'un gamin, son enthousiasme était communicatif. Et puis moi aussi j'étais un gamin après tout...

Enfin arrivé à l'ascenseur qui menait à la surface, dans la grotte sombre, je pris la chose qui surmontait ma tête par le col et la déposai par terre, le saluant de la main en commençant à monter. 5 minutes plus tard, il ne me restait plus qu'à chercher ce type aux alentours...

«Eeeh... alors c'est comme ça dehors ?! Il fait tout noir !!

-Evidement, c'est un grotte... Mais attends un peu !!! Qu'est-ce que tu fais encore là toi ?!

-Maman a dit que je pouvais te suivre jusqu'à la sortie !

-Elle a pas dit que tu pouvais sortir avec moi ! Tu devrais retourner en bas, le monde de dehors est plus dangereux que tu le crois !

-Alleeeez !!! C'est la première fois que je sors, j'veux pas déjà rentrer !!»

Je venais de comprendre pourquoi Mirie avait insisté pour qu'il m'accompagne. Surveiller un gosse comme lui, ça devait être épuisant. Je le laissai finalement grimper sur mes épaules, en lui faisant bien comprendre que beugler sans cesse était le meilleur moyen de nous faire repérer avec l'écho de la grotte et sans doute des chasseurs non loin. A l'instant où nous arrivâmes près de l'entrée de la grotte, Shani mit son bras devant ses yeux...

«Aaaah !!! C'est quoi toute cette lumière ?!!! murmura-t-il avec sa discrétion habituelle.

-Tais-toi... Tu veux vraiment nous faire repérer...?»

Ce qui devait arriver arriva. Quelques secondes plus tard, des bruits de pas se dirigeant vers nous se firent entendre, et une voix marmonna quelques mots incompréhensibles. Nous cachant dans l'obscurité et derrière les parrois, en prenant bien soin d'empêcher tout son de sortir de la bouche trop souvent ouverte du jeune garçon, j'attendis... mais rien ne vint. Juste un bruit sourd, et le son d'un liquide éclaboussant le sol. Peu après, une autre voix et un autre bruit sourd l'interrompant se firent entendre. En risquant un oeil vers l'extérieur, je vis la silhouette d'un Sarunin regardant vers nous. C'était sûrement "lui". A ses pieds s'étendaient des taches de sang et on apercevait la chaussure d'un chasseur qui dépassait...

«Ah, c'est que des gamins ? Franchement, crier comme ça alors que ça grouille de chasseurs par ici... vous voulez crever ou quoi ?»



_______________________________________________________

25 Avril 1789

«Ecoute-moi bien, Ryôjô...

-Kyôjô.

-... ce pont est long de plus de 300 km. Des milliers de marchandises et de voyageurs y circulent chaque jour, ce qui rend sa traversée à pieds en toute discrétion, mission impossible.

-Et tu compte faire quoi, voler une voiture ? lui demandai-je en soupirant.

-Si c'était si simple t'aurais pas besoin de mon aide. Les équipements de sécurité du pont sont à la pointe de la technologie : tu vois ces deux grandes tours à l'entrée du pont ? Entre les deux, un filtre laser invisible passe au peigne fin tous les véhicules qui passent. Tout est ensuite analysé par des ordinateurs en haut des tours, programmés pour signaler certaines anomalies bien définies, comme des explosifs ou même des personnes fichées. Tout ça pour dire qu'en utilisant un véhicule, on réussira juste à se faire prendre.

-Je suppose qu'on ne peut pas non plus contourner directement par la mer ?

-Vaut mieux pas, non... si on est trop près du pont on sera vite grillés, que ce soit pas les chasseurs qui veillent au grain, par les caméras ou simplement par les voyageurs ; mais si on s'en éloigne et qu'on veut faire toute la traversée à la nage, on prend beaucoup de risques pour pas grand chose et on ne sait pas où les courants peuvent nous mener. On peut essayer de nager sous le pont entre les piliers, mais il y a des tourbillons et c'est impossible de nager là-dedans.

-Ça n'est pas un problème, tu sais voler non ?

-Tu veux que j'te porte sur mon dos en volant pendant 300 kilomètres ? Va crever !

-C'est bien toi qui voulait qu'on coopère, pourtant !»

La seule chose pour laquelle nous semblions être sur la même longueur d'onde était ce regard en chiens de faillance, et notre incapacité totale à apprécier quoi que ce soit chez l'autre. Cela dit, elle avait au moins le mérite de bien connaître les points forts du pont. Restaient à connaître, ses points faibles... Je soupirai un grand coup en dirigeant mon regard sur cette forteresse.

«Ce pont... c'est un véritable piège à clandestins...

-Exactement, Kôjô...

-...?

-Drakheim, En, Gokumu : le premier est relié aux deux autres par les Ponts Jumeaux. Ces trois régions sont les plus efficaces en matière de chasse aux Sarunin. Je pense que t'as compris pourquoi. Ces ponts ont été construits y a environ un siècle, alors qu'on trouvait de moins en moins de Sarunin en circulation. Peu à peu, attirer les Sarunins pour mieux les capturer est devenu une de leurs fonctions, et les Sarunins téméraires ou juste idiots qui ont essayé de passer sont nombreux des deux côtés.»

Que les humains aillent jusque là pour nous chasser me dégoûtait... Un silence suivit tandis que Marina s'asseyait en tailleur en se mettant elle aussi à regarder en direction du pont.

«Mais ça ne signifie pas que ce pont est infranchissable pour autant.»

Encore un silence... Pourquoi perdait-elle du temps à faire du théâtral au lieu de me dire la solution ? Elle testait mes nerfs ?

«Ces systèmes de sécurité sont très efficaces mais présentent un petit inconvénient : ils utilisent l'énergie solaire. Mah... je suppose que tu dois pas être très cultivé mais je vais essayer de faire simple.»

Traduction : "t'as rien dans la tête et ça me lourde de devoir t'expliquer" ?

«En gros, pendant la journée ils sont conçus pour être alimentés directement pendant que d'autres capteurs transfèrent de l'énergie dans une énorme batterie enterrée près de l'entrée du pont. Quand la nuit tombe et que l'ensolleillement devient insuffisant pour alimenter directement les systèmes, il faut utiliser l'énergie accumulée dans la batterie. Mais pour la mettre en marche il faut compter une bonne minute. Pendant cette minute, tous les systèmes sont desactivés et la surveillance est assurée par des chasseurs, et donc imparfaite.

-Il faudra donc profiter de cette minute pour passer... En plus, la circulation est beaucoup moins importante la nuit, c'est le moment idéal.

-Bravo Sôjô, fit-elle l'air presque surpris. je pensais pas que tu comprendrais du premier coup !

-Espèce de...

-En fait, peu de gens sont au courant de ça, mais moi, comme j'étais plutôt haut-placée je le sais. En fait tout se déroule de façon totalement silencieuse et invisible, ce qui fait que les gens ne remarquent pas de changements en général. D'abord il faudra se rapprocher du pont, se cacher, et guetter l'augmentation du nombre de chasseurs surveillant l'entrée. Même pour toi, assommer de simples gardes de transition ne devrait pas poser trop de problèmes. Il suffit d'agir suffisamment vite pour qu'ils n'aient pas le temps d'avertir qui que ce soit.

-Qu'est-ce que tu entends pas "même pour moi" ?»

Suivant le plan de Marina, nous nous rapprochâmes du pont à la tombée du jour. La route qui menait au pont était encaissée entre deux petites falaises d'où on pouvait observer la sortie des gardes en bas des tours. Lorsque la nuit fut presque totalement tombée et la circulation devenue quasiment nulle, à l'instant même où les portent s'ouvrirent, nous fondîmes sur les chasseurs sans même leur laisser esquisser le moindre mouvement : les sécurités toutes désactivées, il ne restait plus qu'à entrer sur le pont et à se mettre hors-de-portée des caméras avant que la minute ne fût écoulée. Tout se déroulait parfaitement. Trop parfaitement. Il nous fallut à peine une minute pour nous retrouver avec une dizaine de chasseurs à nos trousses, hurlant ce qui devait être des ordres de nous arrêter ! Comme si nous allions leur obéir !

«J'comprends pas, ça devait pas se passer comme ça !!

-Ton plan était foireux c'est tout !

-Oh la ferme ! On n'a plus qu'à se battre !»

Oui. Finalement quitte à se faire prendre en chasse on aurait tout aussi bien pu commencer par là.



à suivre...


-------------------------------------------------------------



Alors oui c'est très possible qu'y ait pas mal de conneries dans l'explication de la faiblesse du pont, veuillez m'en excuser si c'est le cas (ça l'est sans doute) >__< C'est cette dernière partie du chapitre qui m'a le plus bloqué...

Hm... j'ai encore mis une éternité pour finir ce chapitre, je devrais me fouetter, mais bon se fouetter ça fait mal quand même :sad:
Dernière modification par Itachi-san le sam. 23 févr. 2008, 18:50, modifié 1 fois.
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Message par Tinton2 »

Yo, alors comme d'habitude, je viens commenter deux ans après. Alors j'ai eu du mal à remettre les noms des personnages, et il y en a de plus en plus. Sinon, j'aime toujours te lire, l'écriture est coulée bien que quelques vilaines vilaines fautes subsistent.

Pour l'histoire par contre je trouve qu'elle s'allonge de plus en plus, beaucoup trop par rapport au rythme de parution en fait. J'ai hâte que ça s'accélère et qu'on rentre dans le vif du sujet en tout cas.

Allez, à plus pour le prochain chapitre. :razz:
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Message par Itachi-san »

Quelles vilaines fautes as-tu remarqué par exemple ? :columbo:

Et qu'entends-tu par "l'histoire s'allonge" ? Le rythme a baissé tu veux dire ?
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Message par sevee »

Dis moi Itachi san, est-ce qu'on peut lire cette fanfic sans avoir lu la fameuse DBNS qui est la base de cette fic ? J'avoue que le premier post de Kuroki m'a toujours fait reculer pour entamer la lecture, par peur de ne rien comprendre... :redface: surtout qu'on ne retrouve pas les personnages connus de DBZ.
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Message par Itachi-san »

Bah je pense que l'histoire est quand même largement compréhensible sans avoir lu les fics précédentes, j'ai fait en sorte de réduire au maximum les références aux fics précédentes, donc y en a presque pas...

Donc oui tu peux commencer sans crainte je pense :razz:

Pour les personnages pas connus on me fait souvent remarquer que c'est dur de les retenir tous (le rythme de partuion n'aidant pas -__-'')... faut s'y habituer c'est sûr :p
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Re: Kuroki un fic sur DBZ(ou presque)

Message par Itachi-san »

Bon bon j'ai fini par finir ce chapitre qui a fini par se finir beaucoup plus loin que je ne l'avais prévu... enfin, au départ il se finissait assez vite, mais j'ai finalement préféré affiner certains passages, notamment la fin :razz:

En fin de compte j'en suis assez satisfait, et je finirai en commençant par quelques indications sur la prononciation de certains termes, que j'avais oublié de donner dans les chapitres précédents. :razz:

Tout d'abord, dorénavant j'écrirai "Qakhmius" (le continent où se passent les chapitres à partir du 6) et "Qakhlen" (la langue parlée sur ce continent), le Q correspondant à un r français et Qakhlen se prononçant "Qakhi ène". Aussi, pour les noms de lieux et d'habitants de cette région, on prononcera les c "sh" : Ciana se prononce "Shi ana" et dans ce chapitre, Cue-Limyos se prononcera donc "Shue-Limyos".

Voilà pour la parenthèse "phonétique" :razz: Ensuite, comme à chaque fois que le délai a été long (c'est-à-dire tout le temps -__-'') je mettrai un résumé mais il faudra probablement survoler à nouveau les 11 premiers chapitres pour bien se ressituer et se remémorer les différents personnages. Aussi, pour ne pas ajouter à la confusion, je préciserai désormais la date des évènements au début de chaque PoV quand on change de jour en changeant de point de vue (ce qui va probablement arriver de plus en plus souvent), car il faut bien avouer que plus j'avance, plus la chronologie devient un beau foutoir à gérer >__< Et ce malgré les notes de chronologie que je garde en rédigeant mes chapitres... Donc c'est pour aider les lecteurs, mais aussi pour m'aider un peu moi-même.

Bon je crois que j'ai dit tout ce que j'avais à dire alors... enjoy :razz:

Résumé des chapitres précédents

Après avoir rencontré Vaki, un puissant Sarunin qui partage ses désirs de revanche et lui parle de Rivina, une organisation de Sarunins regroupant des gens comme eux, Kyôjô se dirige vers leur base secrète, à Kukai. Il doit d'abord pour cela traverser un des grands ponts jumeaux qui relient le continent Qakhmius à celui d'Onmu. Deux semaines plus tard, alors qu'il arrive à proximité du pont, il est rejoint par hasard par Marina, qui s'est évadée de la prison où elle était incarcérée. Sauvant Kyôjô d'un attaque de chasseur, elle lui propose de faire équipe jusqu'à la frontière nord de Sino, non loin de Kukai car elle a également quelque chose à y faire. Mais à peine entrés sur le pont, les deux fugitifs sont pris en chasse par plusieurs chasseurs...

Après que Kyôjô s'est séparé d'eux en emportant le Dragon Radar avec lui, Jin et Kina cherchent un moyen de le retrouver. Mais Kina s'évanouit au milieu d'Arata, et elle et Jin sont hébergés par une Sarunin et son enfant. Jin décide de retourner temporairement à la surface pour tenter de parler avec le mystérieux Sarunin qu'ils ont rencontré juste avant que Kyôjô ne se sépare d'eux...

Pendant ce temps, à Lumis, le Commandant Lyendith s'inquiète des dégâts humains que provoque un Sarunin, ainsi que des dégâts matériels causés par des attaques terroristes sur plusieurs villes depuis quelques jours. Le Lieutenant Dolann décide d'aller capturer le tueur pendant que Lyendith a des soupçons sur l'identité du commanditaire des attaques...

Et à Dorowen, Ciana constate qu'à peine sorti de l'hôpital, Hevi fugue de nouveau, mais décide cette fois de s'en laver les mains...



Chapitre 12
Rouge Sang
血の赤



11 Avril 1789


«Franchement, crier comme ça alors que ça grouille de chasseurs par ici... vous voulez crever ou quoi ?»

A contre-jour, on ne voyait pas son visage, mais il ne faisait aucune doute que c'était bien "lui". La même voix fatiguée, la même queue hirsute... et la même odeur de sang qui se dégageait de lui en permanence, indicateur de la quantité effrayante d'humains qu'il avait dû tuer. Sans dire un mot de plus, il disparut quelques instants après, comme si il ne s'était montré que pour vérifier que nous allions bien... Alors que Shani se frottait encore les yeux, je le repris sur mes épaules et sortis de la grotte sans même vérifier si des humains étaient à proximité. En fait, je ne craignais même plus d'être repéré par des chasseurs, comme conscient que ce type les éliminerait sur-le-champ... En sautant sur le toit de la grotte, je ne le vis pas au premier abord... pas plus en me retournant... quand une voix m'interpela de l'endroit où personne ne se tenait une seconde auparavant.

«Allons bon, c'est toi maintenant...

-Ah ! fis-je en sursautant légèrement. D'où... d'où vous sortez ? Je ne vous ai pas vu à l'instant...

-C'est rien, j'ai juste pris l'habitude de dissimuler ma présence. Et puis pas la peine d'être aussi formel avec moi, petit, on est camarades après tout. Moi c'est Vaki.»

Le ton de sa voix ne laissait pas vraiment penser qu'il venait de tuer froidement deux personnes. Il me parlait sur un ton presque amical, comme si de rien n'était, dans une position accroupie, ses avant-bras s'appuyant sur ses genoux. Il regarda un bref instant le gamin qui m'accompagnait d'un air interrogatif avant de se retourner vers moi.

«C'est la première fois qu'il sort de ce trou humide on dirait.

-"Ce trou humide"...? Tu parles d'Arata ?

-T'en fais pas petit... poursuivit-il comme si je n'avais rien dit en se tournant à nouveau vers Shani. Ça fait tout drôle au début, mais bientôt, tu ne pourras plus t'en passer...»

En prononçant ces mots, je crus apercevoir comme un léger rictus se dessiner au coin de ses lèvres... Cela ne dura qu'un instant. Avant qu'il ne poursuive à nouveau comme si de rien n'était.

«Je suppose que le type qui est venu ce matin était ton frère ? Vous ne vous ressemblez pas, cela dit. Enfin bref, si tu veux savoir où il est allé...»

Marquant une pause après un accès de perspicacité peu commun, qui bien qu'assez effrayant m'évitait pas mal de questions, il ferma les yeux quelques secondes avant de les rouvrir en poussant comme un léger soupir.

«... je n'ai pas envie de te le dire.»

Au moins, c'était direct. La phrase tomba comme un couperet, à tel point que mon cerveau mit quelques secondes avant d'en identifier chaque mot. Mais une fois que j'eus percuté, je m'emportai légèrement devant ce refus inexpliqué.

«P... pourquoi ça ?! Tu as parlé à mon frère, non ? Qu'est-ce que tu lui as dit ? Par où est-il parti ?

-Il est déjà loin à présent. Ton frère est parti là où la haine et la détermination qui l'animent pourront enfin lui servir. Ça ne regarde en aucun cas les gens comme toi.

-Ça ne me... "regarde pas" ?! m'interloquai-je avant de l'attraper par le col. Ecoute-moi, Vaki, je sais pas ce que t'as fourré dans le crâne de Kyôjô, mais je suis son frère, et je peux pas rester les bras croisés pendant qu'il va se faire trucider dans un combat perdu d'avance !

-C'est bien ce que je disais à l'instant... répliqua-t-il, sur un ton toujours aussi neutre. "Ça ne concerne pas les gens comme toi". Tu es naïf, tu sais ? Tu dis que tu ne vas pas laisser ton frère se faire tuer...? Pourtant tu as dû connaître les mêmes expériences que lui : tu sais que pour ton frère, pour tes proches, ou même pour toi, la vie d'un Sarunin peut s'achever du jour au lendemain. Un Sarunin qui foule la surface de cette Terre risque sa vie chaque seconde... alors qu'est-ce que ça change que ton frère meure dans un quotidien ordinaire ou dans sa quête ? Ne crois-tu pas que quitte à risquer sa vie, il préfère le faire en essayant du mieux qu'il peut de changer son destin ?

-Te fous pas de moi ! De quel changement tu parles ? Tu crois qu'il pourra changer quoi que ce soit, tout seul ? Risquer sa vie et la gaspiller inutilement sont deux choses différentes !»

Je venais de m'emporter violemment sans vraiment m'en rendre compte, mais lui gardait ce visage odieusement inexpressif, me laissant l'impression humiliante de parler à un mur... Puis une nouvelle fois, l'espace d'un instant, il montra un rictus à peine perceptible avant de répondre, sur un ton cette fois emprunt de cynisme...

«Tu as raison, petit... Mais dis-moi : "gaspiller sa vie inutilement", n'est-ce pas ce que tu fais en croupissant dans ces galeries sans aucun projet ni avenir devant toi ?»

Encore une phrase qui tombait comme un couperet. Ce type jouait clairement avec mes nerfs ! Et trop content d'avoir le dessus, il n'allait pas se priver d'en rajouter une couche.

«En parlant de vie gaspillée, il semble qu'il y en a une autre qui te tient particulièrement à cœur.... une vie fragile... ta bien aimée grande sœur, non ?»

Comme si j'étais incapable de répondre verbalement quoi que ce soit, mon poing s'abattit sur lui, chargé de toute la colère qu'il me faisait accumuler au cours de cette discussion. Le simple contact entre ce poing et sa cible provoqua une légère onde de choc... seulement ce n'était pas le visage de Vaki que j'avais frappé mais la paume de sa main ferme. Son visage était toujours aussi impassible, et il me regardait fixement dans le fond des yeux. Pour la troisième fois, un rictus éphémère se dessina à la commissure de ses lèvres. Qui était ce type ? Qu'est-ce qu'il était ? Il savait pour Kina, et il semblait anticiper la moindre de mes réactions...

«Ne l'as-tu pas senti ? dit-il en continuant à serrer mon poing dans sa main. Ce sentiment de bien-être et de puissance que l'on ressent, nous autres Sarunin lorsque la colère nous envahit... même un nourrisson comme toi ou le gamin qui t'accompagne peut déployer une puissance redoutable en laissant exploser cette colère.

-Qu... Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? Change pas de sujet !

-Cette force que tu viens de déployer, poursuivit-il en ignorant ma réponse, est le résultat de la colère que mes diverses provocations ont fait monter en toi. Sache qu'elle ne représente qu'une infime parcelle de la rage qui fait avancer ton frère. Mais en la laissant prendre le dessus de la sorte sans la contrôler, on ne peut pas en tirer pleinement profit...

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Que mon frère va dans un endroit où il apprendra à la contrôler ?

-Oh...? Tu commences à comprendre un peu, on dir...»

Cette fois, c'est lui-même qui interrompit brusquement sa phrase. La seconde qui suivit, je ne compris pas grand chose à ce qui se passa : je sentis quelque chose me pousser, puis un grand fracas sur le toit de la grotte... En reprenant mes esprits, je pus voir deux silhouettes derrière un nuage de poussière... Ce nuage dissipé, Un chasseur se tenait en face de Vaki... les yeux écarquillés... les deux pieds décollés du sol... l'avant-bras rouge de son adversaire traversant son abdomen...

«Attaquer par les airs en dissimulant sa présence... personne ne lui a donc appris que quand on vole on dégage toujours un peu d'énergie...?»

A peine eut-il le temps de finir sa phrase qu'un projectile fonçait dans sa direction. Il balança le corps pas tout à fait mort qui encombrait son bras comme un vulgaire déchet sur la trajectoire du projectile, le faisant exploser avec. Il observa nonchalamment les alentours avant de tendre le bras gauche... sa paume sembla s'illuminer, libérant dans une détonation sourde, pendant un bref instant, une étrange lueur... Une grande explosion souffla enfin un rocher à une centaine de mètres de là... Vaki se retourna, arborant un regard qui semblait plus rongé par le souci de savoir comment il allait nettoyer son bras que par le remord. Il se retourna vers nous, le visage plus que jamais vide de toute expression, comme une machine qui venait d'exécuter un programme automatique. En regardant à ma gauche, je pouvais voir à l'inverse le visage terrifié, tétanisé,incrédule de Shani... le gamin se réfugia derrière moi en poussant un couinement de terreur, n'osant pas regarder le Sarunin qui se tenait en face de nous...

«Ce... Ce monsieur... il m'fait peur !!! J'veux rentrer !!! J'veux rentrer...»

Comment ne pas le comprendre... Ce type ne semblait plus avoir en lui une once d'humanité, seul restait un côté bestial qu'il semblait parvenir à canaliser tant bien que mal. Tuer n'était guère plus qu'un simple réflexe : il n'y prenait ni plaisir ni dégoût. Il les tuait, c'est tout. Et oubliait leur visage l'instant d'après. Ce fut la première vision de l'enfant qui m'accompagnait dans le monde extérieur, de quoi lui ôter toute envie d'y ressortir un jour... Est-ce que Vaki voulait que mon frère devienne... comme ça ?
Il marchait lentement dans notre direction, le regard plus inexpressif que jamais, et ses cernes semblant plus profonds encore qu'une minute auparavant... s'arrêta net devant nous et soupira un grand coup.

«Ton frère doit se diriger actuellement vers Kukai, dans la région d'En, près de la frontière de Sino. Il est parti il y a quelques heures déjà...

-Kuk... attends, pourquoi tu décides de me le dire, tout à coup ? répondis-je, plutôt surpris par ce retournement inexpliqué.

-Tout à l'heure... je voulais surtout t'énerver un peu, pour voir ce que tu avais dans le ventre.

-C'est... tout...? Mais qu'est-ce qu...

-Mais ne te méprends pas, je ne retire pas ce que j'ai dit ensuite. Un gamin comme toi qui répugne même à tuer un humain est incapable de servir notre cause. Je te dis où trouver ton frère pour que tu fasses quelque chose de ta misérable vie : considère cela comme de la compassion. De toute façon même si tu le retrouves ça ne changera sans doute pas grand chose...»

Sur ces mots acides, il disparut sans demander son reste, me laissant avec au moins une information... Kukai, la frontière de Sino... c'était loin ! Qu'allait-il faire là-bas ? Le plus inquiétant était que nous étions sur le continent de Qakhmius et que pour aller sur Onmu il fallait traverser un de ces ponts gigantesques et surprotégés. Pour nous autres Sarunins, il existait des moyens de passer sous la mer pour aller d'un continent à un autre... mais butté comme était mon frère, il n'allait sûrement pas passer par Arata. Ça aurait été se trahir lui-même. Et les chances de nous rencontrer auraient été trop élevées.

Si il n'était pas parti depuis très longtemps, il n'était pas encore impossible de le rattraper ou de l'intercepter au niveau du pont. Mais je ne pouvais pas laisser Kina seule, et elle aurait pris trop de risques en m'accompagnant... Dans tous les cas, j'allais de toute façon devoir redescendre pour déposer l'enfant terrorisé dont je pouvais sentir les tremblements. Lorsque l'ascenseur m'eut déposé à l'entrée du couloir qui menait à Arata, je courus à toute vitesse jusqu'à chez Mirie, sous l'œil interrogatif des passants qui ne se souciaient de rien... La porte s'ouvrit. Shani descendit de mon dos et alla se jeter en pleurant dans les bras de sa mère, gémissant qu'il ne voulait plus retourner en haut. Derrière sa mère, deux prunelles pourpres encore mi-closes et légèrement cernées me fixaient, apparemment pas très lucides.

«Kina ! criai-je de surprise et de soulagement. Tu va mieux ?

-Jin...?»



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25 Avril 1789


Une aura inhabituelle avait retenti en bas de la tour... aucune doute, c'était bien ça ! En recevant l'alerte qu'un Sarunin tentait de traverser le pont, je fus partagé entre la frustration de savoir que moi et mon équipe devions nous y coller alors que nous avions pratiquement fini notre journée, et l'excitation d'avoir enfin un peu d'action dans ce boulot ennuyant à mourir. Cela faisait à peine six mois que j'étais chasseur, moi qui pensais que c'était un boulot plein d'action, de danger, d'adrénaline ! Mais je me retrouvais à jouer les gardiens de douane... Le chef avait gagné : j'allais la demander cette mutation ! Avec ma fiancée, direction le sud du continent, à Lumis ! Cette destination était certes le lieu de résidence du sublime Commandant Lyendith, qui cinq ans auparavant avait été mon professeur à l'école Son Gohan du nord de Drakheim et dont moi, ainsi que tous les garçons - et même des filles - de ma promotion étaient fou amoureux... mais c'était surtout une destination de rêve avec un climat très agréable et un confort de vie exceptionnel ! Elivae m'avait regardé bizarrement quand je lui en avais parlé...

«Lumis ? Ah oui, je connais... C'est vrai que tu n'as pas vu MADEMOISELLE LYENDITH depuis longtemps. Pardon, je sais que c'est pour le climat très agréable et le confort de vie exceptionnel que tu veux aller là-bas, n'est-ce paaas ?»

... m'avait-elle dit avec un grand sourire tout en fronçant les sourcils et en croisant les bras, un couteau de cuisine étrangement menaçant à la main. Etait-elle jalouse ? Bien sûr que non, elle n'avait aucune raison de l'être, elle savait bien que je n'aimais qu'elle ! Pourtant, j'avais senti comme une pointe de jalousie... mon imagination sans doute.

Mais avant de demander ma mutation, il fallait d'abord s'occuper du clandestin. Des, en l'occurrence. Le Sarunin était accompagné de ce qui semblait être un humain. En s'approchant, il s'agissait en fait d'une humaine, et pas n'importe laquelle ! Nulle autre que le Lieutenant Marina, en fuite depuis une dizaine de jours. Elle avait été arrêtée pour avoir aidé un groupe de Sarunin, et on la retrouvait essayant de traverser ce pont avec encore l'un d'entre eux... J'ignorais quelles pulsions suicidaires s'étaient emparées d'un haut-gradé comme elle, mais je n'étais pas d'humeur à essayer de comprendre le pourquoi du comment. Un Sarunin et une fugitive, tous deux potentiellement dangereux, avaient l'intention de rejoindre le continent d'en face, ils ne s'en sortiraient pas si facilement ! En nous voyant arriver, ils s'arrêtèrent de courir, mais ça n'était probablement pas dû à nos ordre de se rendre.

Le Sarunin, aux cheveux gris clair et vêtu d'une veste en fibres désuètes depuis une bonne décennie, agrippa une épée qu'il portait en biais dans le bas du dos. Son équipement plus que rudimentaire ne l'empêchait apparemment pas de se déplacer sans problèmes particuliers dans ces contrées septentrionales et froides en cette période de l'année... Il fallait dire que selon la rumeur, ces êtres vivaient profondément sous terre, ils étaient sûrement habitués à des conditions de vie rudes. Pourtant on n'avait pour l'heure trouvé aucune entrée menant à des galeries souterraines ou quoi que ce soit qui y ressemblât. En tout cas, tout le monde connaissait leur force effrayante, leur appétit vorace, mais aussi leur instinct inné de tueurs sans pitié ! J'avais toujours appréhendé le jour où je serais confronté à l'un d'entre eux... Celui qui se tenait en face de nous avait un regard glacial, montrant qu'il n'hésiterait pas une seconde à nous trancher en deux. Sa queue était déjà en grande partie sectionnée, il s'agissait probablement de celui qui avait été intercepté à un kilomètre de là dans l'après-midi. Mais à deux contre dix, les chances de victoire des deux criminels étaient réduites.

Très vite, il apparut qu'ils avaient l'intention de se battre chacun de leur côté plutôt que de combiner leurs efforts... cette imprudence allait nous rendre la tâche d'autant plus facile. Nous commençâmes par nous séparer en deux groupes, les acculant chacun d'un côté du pont. Le mien allait se charger du Sarunin. Roma allait attaquer de front, Tsekinae se plaça au-dessus de lui, prête à tirer, Nariki derrière lui, tandis que je me positionnai sur sa gauche. Sans vraiment réfléchir, notre cible attaqua le chasseur en face de lui d'un coup d'épée de bas en haut que Roma évita avant de riposter d'un coup de pied retourné qui ne repoussa l'ennemi que de quelques mètres. Mas le temps que ce dernier ne réceptionne sa chute, un coup de feu retentit d'au-dessus de sa tête, l'obligeant à esquiver en faisant un bond sur sa gauche, me laissant son dos ouvert. N'ayant pas de mauvais réflexes, il parvint à parer ma jambe gauche avec la lame de son épée, mais sa position me permettait d'atteindre facilement sa queue. Seulement, j'eus à peine le temps de pointer mon arme sur son point faible qu'il comprit mon intention et m'écarta aussitôt, manquant de me séparer de ma jambe au passage. Enfin de l'action comme l'attendais ! Ce Sarunin n'était pas à prendre à la légère, mais outre la fierté de faire mon devoir, l'excitation d'affronter un ennemi aussi redoutable était présente, quoiqu'on en dise ! Malheureusement trop présente chez certains...

Tsekinae, à peine plus âgée que moi, se laissa emporter par cette excitation et fonça sur l'ennemi sans réfléchir, faisant fi des instructions de Roma. Le Sarunin ne manqua pas cet excès d'imprudence et, après avoir évité son coup d'un pas sur le côté, fit passer sa lame au travers du corps de la jeune fille. Le temps sembla se figer un instant. Un instant pendant lequel je compris que l'excitation du premier combat était destinée à disparaître, dès lors que l'on comprenait ce que signifiait vraiment "être chasseur"... c'était aussi devoir s'attendre à être chassé. Tué. On nous l'avait pourtant enseigné durant notre formation, mais la mort d'un coéquipier en mission était quelque chose que l'on ne pouvait pas vraiment comprendre avant de l'avoir vu de ses propres yeux.

Les règles lorsque cela arrivait étaient claires : refouler ses émotions ; ne pleurer les morts qu'une fois le combat terminé ; ne pas poursuivre le combat avec l'idée de les venger, mais le mener à bien pour ne pas rendre leur sacrifice inutile. Et ne pas les oublier, en faisant en sorte que cela ne se reproduise pas. Tout cela je le savais parfaitement en théorie. Mais jamais je n'eus pensé cela si dur dans la réalité ! Je tremblais, empêchant tant bien que mal ma colère et ma tristesse de prendre le contrôle. Le temps que je réalise ce qui venait de se passer, l'assassin avait déjà retiré sa lame du corps de sa victime et Nariki avait réussi à tirer dans son bras droit. Avec un bras paralysé, le Sarunin fut moins à l'aise dans ses mouvements et Roma parvint à le désarmer. Etrangement, il fut comme pris de panique en voyant son épée glisser vers la bordure du pont et sur le point de tomber à la mer. Il se jeta par dessus bord pour la rattraper ; elle devait être très précieuse pour lui... C'est à ce moment que mon corps se décida à bouger. Je poursuivis le Sarunin, pensant qu'il avait plongé, mais mon menton fut accueilli par un coup de pied circulaire me projetant à plusieurs dizaines de mètres du bord du pont. L'ordure avait réussi à planter son épée sur le côté du pont en la rattrapant dans sa chute ! Légèrement sonné par ce coup, je parvins malgré tout à rester en l'air. Volant aussi vite que je pouvais pour rejoindre mes camarades, je constatai avec effroi que tous les membres de l'équipe affrontant le Lieutenant Marina étaient étendus à ses pieds, sans savoir si ils étaient morts ou assommés. Elle fit subir le même sort d'un revers de la main dans la nuque à Nariki, pas aussi chanceuse que Roma, que je vis chuter du pont et plonger dans la mer, dans l'incapacité de se rétablir... Sans m'en rendre compte, j'étais arrivé devant l'ennemi, ce dernier se tenant sur le rebord et tentant, dans ce qui ressemblait à un cri de rage, de m'asséner un coup d'épée horizontal que j'évitai de justesse en reculant. A cet instant, je ne pensais plus qu'à me tenir à distance, tétanisé et incapable de lutter. D'un coup, toutes mes forces s'étaient estompées. Le Lieutenant Marina semblait conscient de tout cela, et bien que capable de voler, ne pris même pas la peine de venir vers moi. Elle ne fit que prendre un air surpris, presque choqué, et détourner les yeux avec ce qui ressemblait à une expression de dégoût.

Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait... Pourquoi tombais-je...? Pourquoi ma vu se troublait-elle...? Pourquoi avais-je le goût de mon sang dans la bouche...? Pourquoi ne sentais-je plus rien...? Pourquoi le bas de mon corps ne tombait-il pas au même endroit que le haut...? Pourquoi faisait-il si sombre...? Pourquoi le visage souriant d'Elivae apparaissait-il dans ma tête...? Etait-ce donc ça... qu'on appelait la...



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12 Avril 1789

Il pouvait bien fuguer ce sale gosse, moi ça ne me regardait plus ! Je n'avais aucune idée de ce qui le poussait à fuguer alors qu'il se remettait à peine de blessure quasi-mortelles, ni de l'endroit où il se dirigeait, et à dire vrai je m'en fichais complètement ! Cette fois qu'il ne comptât pas sur moi pour venir le chercher si il tombait sur un Sarunin plus fort que lui ou je ne sais quel animal géant ! Et puis j'avais autre chose à faire que d'aller le chercher, j'avais mes études moi ! Non, cette fois, il n'était pas question que je bouge le petit doigt pour lui...

C'est ce que je me disais sans arrêt... Ça ne m'avait au final pas empêchée de le suivre malgré tout pour une raison qui m'échappait. A la tombée du jour, prétextant que j'allais prendre l'air, je m'habillai chaudement, et sortis à nouveau du pays, traversant la montagne aux oiseaux et passant à l'Est de la ville de Lumis. Ne portant pas de boulet sur mon dos, je pouvais traverser l'axe routier relativement discrètement. J'apercevais Hevi loin devant moi, et même si il marchait assez vite il ne semblait pas particulièrement pressé... Mais comment pouvait-il traverser les plaines de Chiyuki en étant aussi peu vêtu ?! Une brise fraîche - autrement dit glaciale dans cette région - soufflait et mes épais vêtements peinaient à me réchauffer suffisamment. Hevi se mit à voler après deux heures de filature... Je fis de même pour continuer à le suivre, mais il accéléra... M'avait-il repérée ? En tout cas, il continuait sa route, de plus en plus vite, et dès le lever du jour nous étions sortis de Chiyuki. J'étais épuisée et il commençait sérieusement à me distancer, quand nous arrivâmes à l'entrée petite ville. Hevi s'envola jusqu'au toit de l'immeuble le plus élevé de cette ville, où il atterrit. Je sentis dès lors un total relâchement de son aura, comme si il baissait sa garde... Je restai à une centaine de mètres de l'entrée pendant plusieurs minutes, mais il ne semblait pas bouger de là, et son aura était faible... Est-ce qu'il piquait un somme sur ce toit...? Non, impossible, même lui n'était pas je-m'en-foutiste à ce point ! Tant pis, cette ville ne semblait pas très surveillée, je n'avais qu'à aller vérifier ce qu'il en était. Et puis j'étais surtout morte de faim d'avoir volé toute la nuit... Avant même que j'esquisse un pas, un léger clic se fit entendre derrière moi

«C'est une très jolie queue que tu as là, jeune fille. me dit ironiquement la voix de la femme qui me tenait en joue.

-M... Merci... B... Bien, je vais peut-être rentrer à la maison, moi... répondis-je idiotement en souriant.... ou pas.

-Et on peut savoir ou c'est, "chez toi" ?»

Visiblement, cette Chasseuse n'avait pas envie de plaisanter.

«Des attaques terroristes ont été perpétrées par des Sarunin dans plusieurs villes ces derniers temps. Je suppose que tu es au courant.

-J'en ai... entendu parler...

-Dans ce cas tu vas nous en parler bien au chaud dans une cellule.» dit à son tour une autre femme qui atterrit devant moi, posant son doigt sur une sorte d'oreillette.

Mais qu'est-ce qui m'avais pris de suivre ce garnement ? A cause du froid et de la faim, je n'avais même plus penser à dissimuler ma queue, il était évident que je serais visible comme un nez au milieu de la figure...

«QG ? Ici l'équipe de Rizae... Oui, on en a ferré une à 100 mètres de la ville... Cheveux gris et courts, yeux noirs, je dirais entre 15 et 18 ans... Elle est assez bizarre pour un Sarunin, ils ne s'habillent pas aussi chaudement normalement... Ils en ont pas besoin... Compris, chef, on va la mettre au frais en attendant de trouver des infos. Ah ? "Cue-Limyos" ? On sait pas si il est lié aux terroristes... oui, je comprends... vous souhaiterez bonne chance au Lieutenant de ma part. Terminé.»

Elle avait fini sa phrase avec un semi-sourire, presque sarcastique. C'était qui ce "Cue-Limyos" ? Un Sarunin sans aucun doute... Avec un surnom pareil, il devait être effrayant. Cette Rizae posa les yeux sur moi et attrapa sur sa ceinture trois petits anneaux metaliques. Elle comptait faire quoi avec ça ? Pourquoi attrapait-elle ma queue comme ça ? Une douleur subite et violente parcourut tout mon corps, et je me trouvai au bord de l'évanouissement après avoir poussé un cri qui avait dû raisonner dans toute la ville voisine. Toutes mes forces s'en allèrent sans demander leur reste, me laissant comme une loque sans défense... je pouvais voir un petit anneau autour de l'extrémité de ma queue... était-ce cette chose qui me vidait de mes forces ? Je ne m'étais jamais sentie aussi mal... je n'avais jamais eu aussi mal tout court...

«Elle est vraiment pas résistante pour un Sarunin, ils crient pas comme ça d'habitude... elle comptait vraiment attaquer la ville ?

-Il vaut mieux ne pas prendre de risque, même si elle a l'air faible. Mets-lui les deux autres, on l'emmène à Xaian'.

-Elle est dans cet état avec un seul anneau, si j'en mets deux de plus elle y survivra pas, si ?

-... Pas faux, deux ça suffira pour elle.»

J'entendais à peine leur voix... je l'entendais mais étais trop faible pour l'écouter... lorsque le deuxième anneau enserra ma queue, je n'avais même plus assez de force pour crier et perdis connaissance, impuissante... mais dans quoi m'étais-je embarquée...?



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25 Avril 1789


J'étais certain que mon adversaire avait évité mon coup, mais c'est à ma grande surprise, et aussi à la sienne, que je vis son corps se séparer en deux. La vitesse du mouvement et la colère qui m'habitais à ce moment avaient probablement troublé ma vision... Reprenant mon souffle et rangeant mon épée, je jetai un dernier regard sur le corps de la jeune humaine étendue au sol, vérifiant si besoin était si elle était bien morte. Elle l'était, évidemment. Mais on ne pouvait pas en dire autant de tous ceux qui avaient attaqué Marina, visiblement assommés, de même qu'une des chasseuses que j'affrontais... Cette clémence ne fit que renforcer la méfiance déjà bien ancrée en moi envers la "fugitive". Alors que je m'apprêtais à reprendre ma marche, je m'arrêtai quelques pas plus loin, constatant qu'elle ne me suivait pas.

«Hé. Tu ne veux déjà plus me suivre ou tu comptes passer la nuit sur le pont ?

-Tu l'as tuée ? me dit-elle d'un ton neutre sans m'écouter, le regard fixé sur le cadavre de la jeune femme.

-Celle-là, et deux autres qui sont au fond de la mer.» précisai-je sans une once de cynisme.

Je crus voir son poing se serrer en guise de réponse, témoignant de la colère qu'elle tentait de dissimuler derrière une expression impassible. Elle se détourna du corps inerte sans un mot, lâchant un "on y va" à peine perceptible. La nuit était à présent totalement tombée, et nous pouvions poursuivre notre route sans trop d'inquiétude : nous pouvions courir plus vite que les voitures circulant dans notre sens et celles arrivant en face ne feraient pas attention à nous. Durant les trois heures qui nous furent nécessaires pour atteindre Onmu, seuls le bruissement du vent et le passage de quelques voitures du côté opposé du pont brisaient le silence de plomb qui régnait entre moi et ma "complice". Il fallait au moins lui concéder une chose : c'était grâce à son aide que je pouvais traverser ce pont vivant ; chose peu évidente si j'avais eu à affronter ces dix chasseurs, seul. Alors que nous pouvions apercevoir les lumières de Kumai, la première ville où l'on arrivait après avoir traversé le pont, Marina stoppa brusquement sa course sans dire un mot, m'obligeant à l'imiter avec un retard à l'allumage qui me fit m'arrêter une centaine de mètres plus loin. Ce fut non sans colère que je la rejoignis. Elle se tenait immobile, tournée vers la mer, une main sur une hanche, l'autre sous son menton, semblant réfléchir à Dieu savait quoi...

«Hé ! Pourquoi tu t'arrêtes, on est presque au bout je te signale.

-Abruti ! me répondit-elle avec sa délicatesse habituelle en se tournant vers moi. C'est justement parce qu'on est presque au bout que je m'arrête. Tu piges ? Si on sort par la grande porte il se passera juste la même chose que quand on est entré. Il nous reste à peine un kilomètre à faire : on va nager jusqu'à la côte, ce sera plus discret.

-C'est facile de dire ça pour toi...

-Quoi ? Les Sarunins ont peur de l'eau, comme les chats, c'est ça ?

-Gh... Ce n'est pas vraiment ce que je voulais dire...

-On s'en fout. Si tu veux pas, t'as qu'à te faire trouer par les gardes à l'entrée, qu'est-ce que tu choisis ?»

Sans même attendre ma réponse - mais sa question appelait-elle seulement une réponse ? - elle sauta du parapet. Aucun son n'indiquant un plongeon ne retentit... Puis je sautai à mon tour, parcourant de haut en bas la vingtaine de mètres du pont à la surface de l'eau, provoquant un son lourd et continu lors de mon plongeon. En remontant à la surface, je pus voir ce que j'avais prédit lorsque Marina me proposa cette solution : elle se tenait quelques centimètres au-dessus de l'eau, me regardant de haut dans une position on ne peu plus inconfortable pour moi. Si il y avait bien une chose que je détestais, c'était qu'un humain me regarde de haut ! Elle l'avait bien compris et je la soupçonnais d'avoir fait cela plus pour m'humilier que pour des raisons vraiment pratiques... Mais à ma grande surprise, elle se laissa à son tour descendre dans l'eau en poussant un soupir et en hésitant légèrement, comme si elle avait peur de se mouiller...

«A quoi tu joues...? Tu ne vas pas me dire que tu nages par solidarité pour moi j'espère ?

-Rêve pas, Ryôjô... C'est juste que si je vole, ma présence risque d'être trop facilement repérée.

-Si tu voles au ras de la surface il n'y a pas de problème, si ? lui répondis-je d'un ton las.

-Pas cette présence là, l'autre !»

Un bref silence s'ensuivit... Je ne comprenais rien à ce qu'elle me disais, mais elle le disait comme si c'était naturel...

«Tu pourrais être un peu plus claire des fois ?

-Idiot. Pourquoi crois-tu que t'attires les chasseurs comme des mouches ?

-...

-Ton aura, p'tite tête ! me cria-t-elle en me pointant du doigt, m'éclaboussant légèrement au passage. Les chasseurs sont entraînés à la dissimuler et à sentir celle des autres. C'est comme si tu dégageais une odeur qui alerte les chasseurs sur le qui-vive de ta présence, et comme t'es un Sarunin, ton aura se distingue des autres. C'est pour ça que ça va être coton de leur échapper si tu sais pas la dissimuler toi-même !»

J'avais toujours dû mal à savoir si elle était sérieuse ou si elle me racontait ça pour me mettre le "petit imprévu" du pont sur le dos. En tout cas, cette histoire d'aura semblait sortir tout droit d'un conte de fées. Vision réelle ou illusion due à la fatigue, en levant les yeux au ciel, je pus voir une silhouette passer devant la lune en volant... Elle semblait se diriger comme moi vers la côte... un humain ?

«Myôjô, bouge-toi un peu ! L'eau est glacée, bordel... et j'vais être trempée... t'as pas intérêt à ce que j'attrape la crève à cause de toi.

-Ben voyons, ça va être de ma faute à présent... répondis-je froidement, tentant tant bien que mal de maîtriser mes nerfs...

-Parfaitement ! Si t'étais plus discret on en serait pas là.»

Et, silencieusement, nous nageâmes... Un silence qui devenait franchement oppressant à mesure que l'on progressait. Nous débarquâmes quelques minutes plus tard, à un kilomètre du pont pour ne pas que moi - et seulement moi bien sûr - attire les gardes.

Notre première escale pour la nuit fut un égout sous la banlieue de Kumai, endroit peu odorant mais où personne ne viendrait nous chercher. Cependant, il eût été fatal d'oublier qui m'accompagnait.

«POUAAAAAH !!! J'en reviens pas d'être obligée de trainer là-dedans. Enfin, je suis crevée, pas mécontente d'avoir enfin traversé ce pont.»

Désormais plus ou moins habitué à l'entendre parler pour ne rien dire, je me contentai de m'asseoir en m'appuyant sur la paroi de la galerie qui allait nous servir de refuge de fortune pour la nuit. Libérés de la crainte d'être repérés, inconsciemment, la tension entre moi et la fugitive s'apaisa en même temps que notre souffle et notre humeur. Seules la couleur morne et ennuyeuse du béton et l'odeur du fleuve putride qui s'écoulait à quelques mètres de nous gardaient nos nerfs quelque peu à vif. Affamé moi aussi par cette traversée, je pris sur ma ceinture une capsule, pressai le bouton, et après un flash lumineux apparut une petite boîte contenant des barres énergétiques aux goûts divers. Mes préférées étaient celles au lapin, et celles à la menthe et à l'entrecôte de tigre. C'est avec un air interrogatif que Marina me regardait manger ce qu'elle semblait prendre pour une substance extraterrestre.

«Alors c'est ça que vous mangez... ça a l'air dégueu ! s'exclama-t-elle avec une pointe de dégoût dans la voix.

-Nous les Sarunins on chasse beaucoup. Mais on sait conserver les aliments et les rendre faciles à manger et à transporter...

-Je me demande quel goût ça peut avoir... ça ressemble à rien...»

Un rictus me prit soudainement pendant que je mâchais... Je coupai un bout de ma barre et le lui offris gracieusement. Le spectacle fut amusant à observer. Elle goba le petit morceau l'air sceptique, puis son visage sembla dire peu à peu "Mouais, c'est pas mauvais". Puis elle avala. Et ce fut le drame.

«Beuh... j'me sens pas bien... bordel, c'est un piège c'est ça ?! Qu'est-ce que t'as foutu là-dedans ?!

-Je pense quatre ou cinq lapins hirsutes adultes et un peu de farine. Sous cette forme ça se conserve très bien.

-Eh...? J'ai vraiment bouffé tout ça... à l'instant...?

-Comme je le pensais, poursuivis-je en continuant de manger ma barre, les humains on vraiment un appétit d'oiseau.

-C'est vous qui bouffez comme douze ! Bweuh...!»

Finalement, elle ne vomit pas, son honneur était sauf. Je n'aurais tout de même pas été jusqu' à dire que c'était dommage. L'estomac bien rempli par le petit en cas qu'elle avait avalé, elle sortit à son tour une capsule avec cette fois à l'intérieur un écran portatif. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander comment une criminelle en fuite pouvait être si bien équipée... mais l'on pouvait supposer qu'un soldat de son niveau avait été assez discret pour dérober quelques équipements. Sur son écran, un bulletin d'informations nocturne. "Cette après-midi, un Sarunin probablement impliqué dans la série d'attentats sur différentes villes de l'Union a été arrêté près de la frontière de Sino. C'est le quatrième suspect arrêté ces deux dernières semaines. Néanmoins, on ignore toujours si le dangereux Sarunin abattu il y a une semaine était lié à ce groupe terroriste. Les responsables militaires ont avoué ne pas attendre grand chose des interrogatoires, mais assurent faire tout leur possible pour trouver les chefs de ce réseau et le démanteler."

J'avais déjà pu voir quelques images de ces attaques en traversant Drakheim, bien que ne comprenant pas les conversations qui tournaient autour. A présent il m'était évident que ces évènements n'étaient pas étrangers au groupe dont m'avait parlé Vaki. Visiblement, ils n'étaient pas à prendre à la légère... c'était parfait ! J'avais quelque peu craint au départ que ce ne soit qu'un groupuscule inefficace comme il y en avait tant. Mais le fait qu'ils puissent attaquer des villes de cette façon me prouvait le contraire. Si mon visage ne laissait rien paraître, au fond de moi j'étais de plus en plus convaincu d'être sur la bonne voie.

Peu à peu, l'ambiance tendue qui régnait entre nous se détendit... un peu... la méfiance ne disparaissait évidemment pas, mais l'atmosphère s'apaisait... Si bien que Marina se décida à m'adresser la parole. Sans passer ses nerfs sur moi.

«Dis, Tôjô. commença-t-elle, toujours sans parvenir à prononcer mon nom correctement. Ça fait un moment que j'voulais te demander un truc...

-Quoi donc ? répondis-je nonchalamment sans la regarder.

-Pourquoi Kina est plus avec toi ?»

C'était trop bien jusque là. J'aurais dû me douter qu'elle le demanderait. Comme si j'avais envie d'en parler. Je ne me fatiguai même pas à chercher une réponse. Et je n'avais rien à dire à cette peste de toute façon.

«Laisse-moi deviner... tu l'as laissée derrière parce qu'elle te servait plus à rien ?»

Pas une once d'ironie dans sa voix. Elle le pensait vraiment.

«La ferme. J'ai mes raisons.»

L'air devenait de nouveau irrespirable, et pas à cause des égouts. Il nous était décidément impossible de nous entendre. Une relation ordinaire entre un humain et un Sarunin, en somme. Pour ne plus avoir à nous parler, nous nous décidâmes à dormir. D'un œil.



_________________________________________________________________________


13 Avril 1789


Le jour tombait tranquillement. Tout était calme. Trop calme... Alors que la surveillance de cette zone n'avait cessé de resserrer depuis quelques semaines, cela faisait deux jours que je n'avais plus rencontré ni même senti le moindre chasseur. Seuls quelques Sarunin entraient ou sortaient de temps en temps. Bien que je fis pas mal de dégâts dans leurs rangs, j'avais du mal à penser qu'ils avaient simplement renoncé à surveiller cette zone. Je représentais un trop grand danger potentiel pour les habitants de la ville. Ces habitants qu'ils s'évertuaient à protéger de la menace que nous représentions selon eux... Pourquoi donc pensaient-ils tous de la sorte ? Chaque humain qui m'agressait n'était rempli que de pensées négatives à mon égard. Et pas un ne cherchait à comprendre pourquoi. Alors je ne cherchais pas à comprendre non plus... Pourquoi restais-je aux abords de cette ville tel un fantôme prisonnier du lieu de sa mort ? J'avais également renoncé à comprendre. Je pensais sans doute, au moins, protéger les Sarunins qui passaient par là... sans doute...

"Ce conflit ne prendra fin que lorsqu'un des deux camps sera anéantis !" ; "Les humains n'ont plus leur place dans ce monde !" C'était ces pensées qui m'animaient lorsque j'avais intégré l'organisation. Aujourd'hui encore j'essayais de m'en convaincre, et je tuais... Ça ne me faisait désormais plus rien. Ce gamin aux cheveux gris à qui j'avais parlé la veille était pareil : arrivé au stade où il ne se posait plus de questions, il avançait, n'écoutant que ses sentiments. Peut-être m'étais-je dit que seuls des gens comme lui pouvaient mettre fin à cet affrontement. Des gens qui, sous la tutelle de notre Chef, sauraient canaliser ces émotions pour mieux les utiliser. Telle était la source de notre force, à nous les Sarunin. Et moi... J'employais désormais cette force comme une machine, sans plus rien ressentir. J'étais fatigué... En vérité, plus les jours passaient et moins je comprenais le sens de toute ceci. Peut-être qu'à force d'entendre les pensées des autres je ne savais même plus ce que je pensais moi-même...

Mais alors que j'étais perdu dans mes pensée, ce calme fut brusquement rompu lorsque je ressentis un léger bruit d'impact et une aura humaine non loin de là. Ça venait de la gauche. Elle était faible, mais son propriétaire ne semblait pas chercher à la dissimuler. Etait-ce un piège pour me faire sortir ? Qu'ils sachent que je pouvais détecter leur aura et dissimuler la mienne n'aurait rien eu d'étonnant. Il valait mieux attendre... quelques minutes plus tard, cette aura continuait d'émettre faiblement. Mais un autre son d'impact retentit accompagné de la même énergie, beaucoup plus proche de moi cette fois. Prenant soin de bien dissimuler ma présence, je bondis discrètement à l'endroit d'où était émise l'aura la plus proche... Personne... Si ce n'est un chasseur dont je bloquai le coup de pied qui venait de derrière ! Son aura était différente de celle que j'avais sentie... Quelque chose clochait... Un autre chasseur tenta de m'immobiliser, à nouveau par derrière mais je réussis à me défaire de son emprise et à asséner un coup de pied au premier qui m'avait attaqué, puis à celui qui était derrière moi. Ce second chasseur était bien le propriétaire de cette énergie, mais comment avait-il pu être à deux endroits à la fois ? Je m'envolai légèrement et envoyai une boule de feu sur mes deux adversaires, mais ils parvinrent à esquiver. Ce n'étaient pas des combattant de seconde zone cette fois. L'un d'eux s'envola à toute vitesse vers moi et m'asséna un coup de poing que je bloquai, avant de réussir à me frapper à la mâchoire avec sa jambe droite et d'envoyer son genou gauche dans mon estomac. C'était comme si mon coup de tout à l'heure l'avait chatouillé ! Déconcentré, je bloquai un coup de pied de bas en haut mais ne sentis pas venir son coéquipier qui me frappa à la nuque. Le premier m'attrapa par les vêtements et me lança violemment vers le sol mais je réussis à amortir ma chute et à me rétablir.

Le temps que j'atterrisse, le second s'apprêtait à m'attaquer par un autre angle tandis que le plus coriace me visait d'en haut avec son arme. J'avais lu clairement dans leur jeu : un troisième chasseur était embusqué et attendait que je sois immobile dans sa ligne de mire pour me viser. En faisant un bond sur le côté, j'évitai de justesse une balle électrisante qui venait sans aucun doute de derrière moi. Le premier chasseur tira à son tour, m'obligeant à faire un pas en arrière cette fois. J'en avais presque oublié son partenaire qui vint me provoquer au corps à corps, mais essaya au cœur de l'action de viser ma queue avec son pistolet. Je réussis à le désarmer grâce à celle-ci avant d'utiliser moi même une des armes que je portais pour l'immobiliser. Cela en faisait déjà un de neutralisé, de plus je sentais à présent légèrement l'aura du tireur et pouvais ainsi à peu près le localiser pour éviter d'être dans sa ligne de mire... mais à peine avais-je le temps de me mettre à l'abri qu'un rayon d'énergie continu fusa d'en haut et m'obligea à reculer pendant un moment, puis à me faire rouler sur le côté lorsque le rayon remonta. Avait-il compris que maintenant qu'il était seul il valait mieux éviter le corps à corps ? Je n'eus pas le temps de me poser la question qu'une douleur brusque et violente frappa ma queue... Comment était-ce possible ? Je sentais toujours son aura et était persuadé d'être à couvert par rapport à sa position. Il n'aurait pas pu bouger sans que je m'en aperçoive ! Mes forces m'abandonnèrent rapidement, et je me retrouvai à terre, sans défense... comme un vulgaire humain...

«Un Sarunin aux cheveux rouge sang, empestant l'hémoglobine, et semble-t-il capable de sentir les auras... c'est la description que nous a faite de toi le seul survivant de ton petit jeu de massacre il y a quelques jours...»

La voix venait d'au-dessus : une pointe de triomphalisme était prévisible chez le chasseur qui réussirait à me capturer. Il y avait donc eu un survivant...

«Un survivant qui est mort des suites de ses blessures peu de temps après. poursuivit-il en soupirant légèrement. La fête est finie, "Cue-Limyos". Cela dit...

-Tu te demandes comment j'ai pu deviner qu'il était un tireur embusqué ? le coupai-je, histoire de le perturber un peu.

-Tiens, tu parles un peu Qakhlen on dirait... moi qui pensais que tu ne comprenais pas un mot de ce que je disais. En effet tu as l'air plutôt intelligent, mais ça ne t'a pas sauvé. Je vais quand même t'apprendre quelque chose de sympathique. Vois-tu, en plus de nos armes électrisantes, pour cette mission nous nous sommes équipés de balles assez spéciales. Elles sont faites d'un métal extrêmement souple et résistant qu'on appelle couramment le spiritane. Et tu sais pourquoi ?

-Je vois... un métal qui s'imprègne de l'aura d'une personne, c'est ça ? Pratique pour diversions.

-Tu es vraiment perspicace toi. Pour être exact, de l'aura la plus dense à laquelle il est exposé. Les armes utilisées pour tirer ces balles sont, elles faites dans un métal qui empêche l'aura de filtrer.»

Il parlait de façon arrogante et dédaigneuse. Comme tous les autres - même si il avait pour une fois une bonne raison de le faire. Malgré la douleur et l'engourdissement de mon corps, je réussis à esquisser un mouvement... son coéquipier électrisé derrière lui prit soudain une expression de méfiance.

«Lieutenant Dolann, attention !»

Mes jambes me propulsèrent et mon poing s'abattit sur mon adversaire... mais il esquiva d'un pas sur le côté, attrapa mon bras et me mit de nouveau à terre d'un coup de coude dans le dos. J'avais mal, mais je souriais devant l'ironie de la situation... je m'attendais à tout sauf à me retrouver dans une position aussi pathétique. Lui arborait un visage surpris, presque effrayé en me maintenant au sol.

«Tss... "Lieutenant" ? Je doutais que t'étais pas juste un sous-fifre...

-Ce n'est pas croyable... pensa-t-il tout haut. C'est bien la première fois que je vois un Sarunin capable de bouger comme ça après avoir été touché à la queue...

-Lieutenant... je suppose qu'on devrait le ramener directement à Lumis.

-Sans doute, oui... Je pensais l'envoyer à Satan, la ville la plus proche mais... un aussi gros poisson, il vaut mieux que le Commandant s'en charge personnellement. Il est peut-être...

-"L'un des principaux responsables des attaques ces derniers jours" ? anticipai-je. Depuis le temps, vous devriez savoir que les Sarunins dénoncent pas leurs camarades sous un vulgaire interrogatoire.

-... Pourtant tu n'as pas l'air d'ignorer totalement de quoi il retourne...

-Ah... fis-je toujours en souriant. peut-être oui... peut-être non.»

Stoïque, le Lieutenant ne répondit par aucun mot... mais se contenta juste se sortir quelques petits anneaux pour les poser sur ma queue. Ne suivirent qu'une vive douleur et la légère humiliation de m'être fait avoir ainsi... "la fête est finie"... vous parliez d'une fête.



à suivre...

Petit PS : A noter que la fonction correcteur d'orthographe de la nouvelle version bêta de Firefox m'a été incroyablement utile pour la correction de ce chapitre et m'a effrayé lorsque j'ai édité les précédents ô__Ô C'est dingue le nombre de fautes qu'on peut faire sans même savoir que c'en est... et ça me confirme que je suis décidemment décidément fâché avec les doubles consonnes. :siffle:
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Re: Kuroki un fic sur DBZ(ou presque)

Message par Itachi-san »

J'ai eu comme un élan d'inspiration ces derniers temps, le chapitre 13 qui était au point mort s'est remis à avancer vitesse grand V…

Cela dit quand il sera fini je pense pas le publier tout de suite, j'attendrai peut-être d'avoir bien avancé dans le 14 si l'inspiration me le permet.

Donc bon le chapitre 13 arrivera probablement pas tout de suite. :hein:

Cordialement :jap:

Edit : M**de ça va faire presque un an depuis le dernier chapitre :shock: Purée ça file…
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Re: Kuroki un fic sur DBZ(ou presque)

Message par Tinton2 »

Rho t'es con lui... Et moi qui croyais qu'un nouveau chap était paru... T'es pas super super cool :yes:
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Re: Kuroki un fic sur DBZ(ou presque)

Message par Itachi-san »

Résumé des chapitres précédents :

Les Dragon Balls ont disparu. Après la grande guerre qui a déchiré l'humanité, les Sarunins sont pourchassés et doivent vivre cachés. Kyôjô est l'un d'eux et rêve de revanche : accompagné de Kina, la sœur de son meilleur ami décédé, il se dirige vers les pyramides du Désert du Sud où l'on raconte que les esprits de héros ayant sauvé le monde sont enfermés. Très vite capturé par le Commandant Junkoku et son lieutenant Marina, ils parviennent à s'échapper grâce à Jin, le petit frère de Kyôjô, et l'aide inattendue de Marina… Suite à cet incident, Kyôjô décide de laisser ses deux compagnons derrière lui et de continuer seul ; il rencontre alors un Sarunin fatigué nommé Vaki, qui lui indique où trouver la base d'une organisation de résistance créée par des Sarunin. Alors qu'il doit traverser un pont sur-protégé, il reçoit à nouveau l'aide de Marina qui s'est évadée seule.

Pendant ce temps à Lumis, Lyendith, Commandante de l'École Songohan, s'inquiète du nombre grandissant de soldats tués à proximité de Satan par le Sarunin insaisissable surnommé « Cue-Limyos » (rouge-sang), alors que des attaques de Sarunin frappent soudainement plusieurs villes dans le monde. Elle envoie le Lieutenant Dolann capturer Cue-Limyos pendant qu'elle commence elle-même à enquêter sur le groupe terroriste qui a récemment émergé. Vaki est finalement capturé et transféré à Lumis…

À Dorowen, un pays indépendant, Ciana qui est métisse Sarunin-humaine trouve étrange les disparitions répétées d'un garçon comme elle nommé Hevi. En décidant à ses risques et périls de le suivre à son insu hors du pays, elle est rapidement repérée et capturée par des Chasseurs qui la prennent pour une terroriste, se retrouvant malgré elle impliquée dans une affaire dont elle ignore tout. Et ignorant toujours où s'est rendu Hevi.








Chapitre 13
Espoir 希望

13 Avril 1789 - Lumis


Le 27 Mars 1788, le Commandant Jinei, alors en poste depuis près de dix ans, attaquait seul les Pyramides au Sud du désert de Minaoh, supposées renfermer les esprits de ceux qui sauvèrent le Monde, mille ans auparavant. L'armée, la presse, la population... tous étaient sous le choc : un Commandant compétent, aimé et respecté ; un dirigeant toujours proche de la population, en dépit des différences de culture, et surtout de climat, avec sa Région natale ; un leader qui avait su s'imposer malgré certaines pratiques peu orthodoxes ; voilà qui était Jinei. Il était la dernière personne dont on eût pensé qu'il bafouât à ce point les symboles de l'Union. Cette Union dont il était l'une des figures les plus remarquables. En quelque heures, l'un des hommes les plus charismatiques de cette planète était devenu le plus odieux criminel de ce bas-monde. Tous eurent le sentiment d'avoir été trompés. De nombreux chasseurs du secteur Son Gohan démissionnèrent, et notre École vit le nombre de ses inscriptions s'effondrer... Et moi, en vers et contre tout, en tant que Lieutenant, je dus lui succéder, héritant des ruines de ce qu'il avait bâti. J'avais réussi à redonner un peu de prestige à cette École, mais malgré ma popularité, à travers moi planait le spectre de mon prédécesseur. Je le savais. J'avais été sous ses ordres pendant trois ans, et sa façon de faire avait quelque peu déteint sur moi. Moi-même, je m'étais efforcée d'oublier, mais ça n'était pas si simple. On n'oubliait pas une chose pareille en une petite année...

Le 5 Avril 1788, Jinei était exécuté dans les sous-sols d'une prison désaffectée au milieu des plaines de Chiyuki, presque sans témoins. Seuls les cinq bourreaux assistèrent au dernier souffle de l'ex-Commandant. Du condamné. Du criminel... Selon la version officielle, après avoir été fusillé, le corps du Commandant fut inhumé discrètement à Tumai, dans son village natal. Personne ne la contesta... sauf une unique personne. Un des soldats qui avaient exécuté la sentence affirma qu'après l'exécution ils quittèrent la pièce quelques instants, et qu'au moment où ils revinrent, le corps du condamné avait disparu. Bien qu'étant présents eux aussi, ses quatre camarades nièrent les faits, mais ce chasseur continuait de crier que le Commandant avait feint sa mort et qu'il se cachait quelque part, en vie. Au final, il fut décrété que les récents évènement l'avaient perturbé psychologiquement et il fut interné dans un hôpital psychiatrique à Lumis. L'affaire ne fit pas grand bruit. Il ne valait mieux pas. Même dans les archives, aucun document ne mentionnait qu'aucun corps ne fût retrouvé ; et même à mon niveau il était impossible de le vérifier, tant tout ce qui concernait la mort du Commandant Jinei fut entouré de la plus grande discrétion à l'époque. Les archives n'allaient donc pas m'aider : le meilleurs moyen d'en avoir le cœur net était d'interroger le principal intéressé, avais-je fini par penser.



Tous le personnel me saluait respectueusement - ou m'offrait des fleurs sorties d'on ne savait où pour certains - pendant que je parcourais les couloirs de l'hôpital. Tout était d'un blanc immaculé, d'un silence funéraire, d'une austérité oppressante, d'une monotonie déprimante. Les pauvres médecins qui travaillaient là-dedans avaient de quoi devenir aussi fous que les internés...

«Quelque chose ne va pas, Mademoiselle ? me demanda celle qui me guidait jusqu'à la chambre de mon témoin.

−Rien... c'est juste que c'est un peu...

−On s'y habitue. Certains patients sont très agités, il vaut mieux que les murs soient insonorisés.»

Était-ce une raison pour laisser planer une ambiance aussi morne ?! Même les bruits de nos pas résonnaient à peine sur le sol. Ce couloir de la mort donnait l'impression d'errer dans une autre dimension, où les mètres semblaient des kilomètres et les secondes des heures... Nous arrivâmes enfin devant la chambre du patient en question. Le médecin posa son index sur un petit cadran blanc à droite de la porte. Je me postai devant, pendant que celle-ci faisait un léger mouvement vers l'avant. Puis, elle s'ouvrit brusquement, le laissant apparaître...

«LAISSEZ-MOI SORTIR D'ICIIIII !!!»

Tel un fauve enragé, il démarra au quart de tour, fonçant vers la sortie en hurlant et ne se préoccupant même pas du fait que quelqu'un bloquait le passage. Je le lui rappelai en l'attrapant au vol par sa chemise et le plaquai contre terre, le faisant taire aussitôt.

«Tout doux, mon grand. On va juste discuter un peu.

−Je suppose que je peux vous laisser seuls.

−Oui, ça ira, il va bien se tenir.»

Après un salut silencieux, mon guide referma la porte derrière nous, nous laissant à notre petite discussion. La chambre était comme le reste du bâtiment, le confinement en plus : un cercueil était plus accueillant. Assis sur son lit, il se balançait légèrement d'arrière en avant et regardait le sol avec insistance. Il semblait avoir peur d'on ne savait trop quoi, mais était en même temps très silencieux. Probablement était-ce moi qui l'intimidait ?

«C'est... c'est donc vous qui avez succédé au Commandant ? commença-t-il d'une voix saccadée, en continuant à fixer le sol. Évidemment, c'est normal que l'ancien Lieutenant remplace le Commandant.

−... Je me doute que ça doit être éprouvant de vivre là-dedans, mais tu ne devrais pas stresser autant.

−Venez-en au fait s'il-vous-plaît, Lieut... Commandant. Au fait, s'il-vous-plaît...

−Désolée, mais tu vas devoir me parler de choses qui te perturbent un peu. Je veux dire, l'affaire qui t'a fait atterrir ici.

−Héhéhé... vous croyiez que j'allais sortir de mes gonds pour si peu ? Nan, je suis pas fou, vous savez... pas encore...»

Les deux derniers mots avaient coupé net son sourire ; c'était compréhensible. Le fait qu'il fût encore sain d'esprit, tout surprenant qu'il fût, allait néanmoins faciliter les choses.

«Bien... raconte-moi donc ce qu'il s'est passé le jour de l'exécution. Et dis-moi ton nom, tant qu'à faire.

−Je m'appelle Þika... mais Pourquoi vous me demandez ça maintenant ?

−Disons qu'il se passe pas mal de choses et que connaître les détails de cette affaire pourrait m'éclairer sur certains points...

−Je vois... poursuivit-il en souriant légèrement... même vous, vous avez rien pu trouver ?

−Rien d'autre que la version officielle...

−Évidemment... ils ont vraiment tout dissimulé alors. Je me souviens d'à peu près tous les détails... On nous avait distribué cinq fusils, mais quatre étaient chargés à blanc, un seul tirait vraiment, on savait pas lequel. Tout ça pour pas qu'on sache qui aurait tué le Commandant. La balle électrique était chargée à la dose maximale : personne pouvait survivre à ça. On a tiré. Le corps du condamné s'est tétanisé pendant un moment. Il a même pas crié. Il est juste tombé raide mort - enfin pas vraiment tombé puisque ses bras étaient attachés au mur…

−Je m'en doute, merci. Et donc ?

−Pas la peine de vous énerver... On n'osait pas s'approcher du cadavre et l'air de la pièce était étouffant. C'est qu'on venait quand même d'exécuter une personne qu'on respectait, qu'on admirait même. On était tous encore sous le choc. Alors on est sorti un peu, histoire de reprendre nos esprit, l'un d'entre nous a même pleuré je crois... Quelques minutes plus tard, on s'est décidé à aller récupérer le corps, et on s'est aperçu...

−... qu'il n'y avait plus rien à récupérer, c'est ça ?

−On peut dire ça oui... le corps était solidement attaché, frappé quelques minutes auparavant à bout portant par une balle électrique de gros calibre, y avait qu'une seule issue, et pas de bouche d'aération ou quoi que ce soit qui y ressemble. Si il était sorti par la porte on s'en serait forcément rendu compte. Et pourtant... il était plus là... volatilisé.

−Ça paraît difficile à croire. notai-je en fronçant légèrement les sourcils.

−Ouais... et mes camarades y ont pas cru. Enfin, on leur a ordonné de pas y croire. Du coup on a dit que j'étais timbré et j'ai fini ici. Les gars de là-haut ont fait croire que son cadavre avait été retourné discrètement à son pays d'origine - j'vous parie même qu'ils y ont fait une fausse tombe pour faire gober leur histoire. Son corps a été rapatrié tellement « discrètement » que personne l'a jamais vu. Personne devait savoir qu'en réalité y avait pas de corps. »

L'histoire était encore plus étrange que ce que j'avais imaginé... J'avais commencé à croire que Þika avait réellement perdu la tête. S'il n'y avait aucune ouverture, Jinei aurait survécu à l'exécution et se serait... téléporté hors de la pièce ? C'était absurde ! On pouvait téléporter des objets sans problèmes par des bornes spéciales, mais je n'avais jamais entendu parler d'un humain se téléportant lui-même, sans rien...

«Désolée de te dire ça, mais ton histoire ressemble à une fable : un corps, ça ne disparaît pas comme ça.

−Ha ! Vous réagissez comme tous les autres ! Je savais bien que vous me croyiez pas ! Pourquoi vous êtes venus me voir alors, commandant Lyendith ?!»

Pour une fois, il me regardait dans les yeux, et il semblait avoir perdu son calme. Il ne valait peut-être mieux pas trop le contrarier... Je pris une chaise dans le coin de la pièce et m'assis en face de lui.

« Vu ton accent, tu viens du Sud du continent, je me trompe ?

−... J'suis né à Dorowen oui... qu'est-ce que ça peut vous faire ?!

−Moi, pas grand chose... Par contre ça a dû contribuer à te discréditer à l'époque.

−Tss... On m'a assez rabattu les oreilles avec ça ! "Un bleu dorowénien comme toi a pas à la ramener !" par ci, "T'es né à Dorowen, non ? Qui nous dis que tu fomentes pas un complot ?!" par là ! Ils savaient rien de ce qui s'était passé mais ils parlaient, parlaient !

−C'est bien beau tout ça mais... en supposant que ton histoire soit vraie, il y a forcément des personnes qui l'ont constaté de leurs propres yeux à un moment ou un autre, non ?

−Évidemment... ça s'est déroulé dans les sous-sols d'une prison désaffectée, y avait des gens haut-placés à l'étage d'au-dessus. On les a tout de suite prévenus que quelque chose clochait... ils ont été sacrément surpris évidemment, mais ils nous ont prié de ne rien dire de ce qui s'était passé... évidemment... ils étaient déjà assez humiliés comme ça, et si les gens avaient appris que le Commandant leur avait filé entre les pattes, ça aurait été la panique.

−Et on peut savoir de quels "ils" tu parles ?

−Ah... c'est vrai que vous étiez pas là. Vous avez refusé de voir son cadavre... héhé, ça m'avait bien amusé à l'ép...

−Peu importe. »

Sans m'en rendre compte, j'amplifiai mon aura et il se tut aussi tôt, se mettant même à transpirer légèrement...

« I... Il y avait... le Président de Dumia... celui de Qoma-Flain aussi, je crois... je me souviens plus trop bien... je ne sais même pas si le Roi est au courant en fait...

−... Et si le Commandant Jinei s'est volatilisé, qu'est-ce qui te dit qu'il est encore vivant ?

−J'ai rien pour le prouver, mais j'en suis convaincu...

−Ce n'est pas ça qui va m'aider. » finis-je en soupirant.

Lorsqu'il pencha la tête sur le côté pour se gratter le cou, un détail pourtant anodin m'interpela. Sur le bord de sa nuque on pouvait apercevoir une marque noire qui semblait être un tatouage. Lui demandant calmement de se retourner, j'observai avec curiosité l'objet : cela semblait être des écritures, mais elles ne correspondaient à aucune des six langues que je parlais...

«Qu'est-ce c'est ? Ça a une signification particulière ?

−Ça vous intrigue tant que ça ? C'est le Com... M.Jinei qui m'a fait ça. C'était y a quatre ans je crois : il était passé dans la ville où je travaillais à l'époque et j'avais eu l'occasion de lui parler un peu.

−... Et alors ?

−Il m'a dit « tu m'plais bien, petit ! » et il m'a dessiné ça sur le cou… il paraît qu'il faisait ça assez souvent, c'était comme une sorte d'autographe. Il était un peu égocentrique sur les bords. Ça se lit « Son Gohan » mais cette écriture existe plus aujourd'hui.

−Comment ça ?

−Vous en avez peut-être entendu parler, apparemment son père étudiait les langues anciennes ou quelque chose comme ça. Le Comm… il m'a dit qu'il aimait bien cette écriture-là… »

Hors-mis la légère et étrange vexation de n'avoir jamais eu droit à un de ces « autographes », cela ne m'apprenait pas grand chose. Son histoire était tellement invraisemblable que sa présence dans un tel endroit n'avait a priori rien d'étonnant… pourtant, quelque chose m'empêchait de penser qu'il mentait. Peut-être le fait qu'il semblait de l'extérieur parfaitement sain d'esprit ; ou son incapacité à appeler le renégat Jinei autrement que par son grade, qui en disait long sur son respect pour lui. Mais une question que je n'avais pas pris la peine de me poser jusque là me vint tout à coup à l'esprit…

« Commandant… me dit Þika en m'extirpant de ma réflexion. Il y a une question qui me taraude…

−Quoi donc ?

−Je ne sais pas sur quoi vous enquêtez, mais le témoignage d'un type interné comme moi ne vous a sûrement pas appris grand chose de plus, et je n'ai pas la moindre preuve de ce que j'avance. Vous en étiez consciente sans avoir besoin de venir ici. Alors pourquoi… »

… Il avait raison. Pourquoi… pourquoi avais-je tant besoin de connaître les détails de cette histoire ? Jinei n'avait pas été le seul cas de trahison dans l'armée, et sa mort n'était remise en cause que par un présumé fou. Alors pourquoi ce nom fut-il le premier à me venir à l'esprit ? Þika se retourna avec un léger rictus et ce qui semblait être une larme à l'œil. Est-ce que…

« Je le savais… vous aussi, vous voudriez qu'il soit encore en vie…

−Arrête tes conneries ! C'est un traître qui n'a eu que ce qu'il méritait ! Et si un jour je le trouvais en vie, je n'hésiterais pas à le tuer de mes propres mains ! Est-ce clair ? »

Il ne répliqua pas, mais son sourire ne disparut pas pour autant. Comme pour me signifier qu'il ne prenait pas mes paroles au sérieux. Mais pourquoi perdais-je mon sang-froid chaque fois qu'il évoquait mes liens avec Jinei ? C'était ridicule ! Je devais tourner la page…

« On étouffe ici… que dirais-tu de prendre l'air ? »

Une fois de plus il ne dit rien, cependant ses yeux semblèrent s'illuminer. Mais paradoxalement, il ne souriait plus.

« Je vais te faire sortir d'ici. Tu dis que tu ne m'as rien appris mais ça n'est pas tout à fait vrai. Je sais que tu n'es pas fou, et de ce fait je vais prendre ton histoire au sérieux. Tu seras réintégré dans l'armée, et moi je vais étudier cette piste plus en profondeur.

-Merci ! Merci infiniment ! Gémit-il, cette fois des larmes franches dans les yeux. Mais, une piste… sur quoi ?

Je soupirai à nouveau. De toute façon je pouvais bien lui dire à présent.

« Un groupe terroriste mené par des Sarunins a attaqué plusieurs villes récemment. Et ils utilisaient des techniques de haut niveau, seulement enseignées dans les 3 Écoles. Ils sont donc forcément entraînés par un ancien membre de ces Écoles, probablement un haut gradé. Des cas de trahison connus il n'y en a pas énormément…

−… et vous avez tout de suite pensé au Commandant, qui est censé être mort.

−… C'est exact. »

Son rictus réapparut, toujours plein de ces satanés sous-entendus. Il n'y avait rien de drôle.



De retour au QG, on m'annonça de joyeuses nouvelles : Cue-Limyos, ainsi qu'une jeune Sarunin aux abords d'une ville, avaient été capturés. Ce fut à mon tour de sourire…

« Ça ne pouvait pas mieux tomber. »


______________________________________________________________________________


13 avril 1789, Dumia

A côté de la salle de Dojo, Kain avait une grande maison, assez luxueuse, qu'il avait acquise en venant s'installer ici après s'être retiré de l'armée de l'Union. Moi, j'avais tout juste cinq ans et j'allais déjà aux cours d'arts martiaux qu'il donnait aux personnes de tous âges et de tous lieux. Ma mère m'y obligeait un peu en fait. Je n'avais aucun souvenir de mon père, mais elle disait que déjà à cet âge là, j'avais le même caractère que lui, et qu'elle eût bien aimé que je devienne forte et robuste comme lui. Ce jour-là, Kain nous avait invité à dîner et nous avions un petit invité surprise. Tout petit. Un nourrisson, quelques semaines à peine. Il était là, dans un berceau assez près du sol. Il ne criait pas mais était très agité...

«Comment il s'appeeelle ? demandai-je derrière-moi en me tenant au-dessus du bébé.

−Oh ! Un couple de ma connaissance me l'a confié pour quelques jours. Il s'appelle Hevi.

−Hevi...? C'est original comme nom... s'enthousiasmait Maman en s'approchant elle aussi.

−C'est original oui... disons que cet enfant est un peu... spécial.

−Vous voulez dire qu'il est comme ma fille ? s'interrogea-t-elle en écarquillant légèrement les yeux avant de poursuivre, sans plus d'étonnement. Il a l'air un peu grincheux mais il est mignon. »

Je regardais Maman avec de grands yeux, ne comprenant pas tout à ce que se disaient les deux adultes, puis je me retournai vers le nourrisson et m'approchai de son visage. Un peu trop près à son goût, et son poing heurta - accidentellement ou non, l'Histoire ne le dit pas - mon menton, me faisant tomber à la renverse et éclater en sanglots. Ce fut ma première rencontre avec Hevi.

Le lendemain matin, on trouva ses deux parents dans une ruelle, enlacés. Morts.



De ce coup de poing qui m'avait fait pleurer à la situation actuelle, ce garnement n'avait fait que m'attirer des ennuis ! Non mais franchement, j'étais partie pour le suivre, et je me retrouvais inculpée dans une affaire de terrorisme qui ne me regardait même pas... Comment avaient-ils pu croire que j'étais capable de faire une chose pareille ? J'avais beau leur crier que j'étais une citoyenne de Dorowen, ils se contentèrent de porter des soupçons sur mon pays d'origine et me rappeler que j'avais traversé la frontière dans la plus parfaite illégalité - ce qui n'était certes pas faux, et n'arrangeait rien à mon cas. Et ils n'eurent pour toute réaction qu'un rictus devant signifier "mais bien sûr..." lorsque je leur dis que je n'étais pas une Sarunin. Les anneaux sur ma queue me faisaient toujours mal, mais m'ôtaient surtout toutes mes forces : c'était à peine si je pouvais m'asseoir contre un mur. En face de moi, une vitre, probablement renforcée au maximum si ce sont d'habitude des Sarunin qui sont mis là-dedans, et deux gardes qui discutaient sans que je ne puisses les entendre. L'un d'eux mis son index sur son oreille, recevant probablement un rapport ou des consignes. Il se tourna lentement vers moi et pressa un bouton à côté de la vitre pour me permettre de l'entendre...

«Hé, le singe ! aboya-t-il sans s'encombrer de politesse. T'es transférée à Lumis. On revient te chercher dans quelques minutes.»

Ces quelques minutes écoulées, on vint me sortir de ma cellule pour me conduire sur le toit de la base avant de me jeter dans un petit jet. Avant de refermer la porte, le Chasseur s'adressa à moi avec un petit rictus.

« Pour vous qui êtes si fiers, ça doit être glorifiant que le Commandant en personne s'occupe de vous. Profites-en bien... Sarunin. »

Et la porte se referma. Lumis... le Commandant... ça voulait dire que j'allais devoir à nouveau rencontrer cette femme, "Lyendith" ? Tout mais pas ça ! Mon esprit protestait, mais mon corps était dans l'incapacité de faire quoi que ce soit... malgré la situation impossible dans laquelle je me trouvais, j'essayais de penser à Dorowen, à ma mère, à Kain, à mes camarades d'école, à tous ces illuminés qui prêchaient au pied de la tour Karin, à la maison... si bien que je finis par m'endormir, sans savoir si je tombais simplement de sommeil ou m'évanouissais...

Mon réveil se fit dans le même genre de cellule que lors de ma première incarcération... J'avais toujours autant de mal à bouger et à garder les yeux ouverts. Les lumières étaient éteintes dans le couloir, mais celles de la cellule étaient allumés, aveuglantes même...

« Shôzuma hoda ? »

La voix venait de derrière moi. Avec le semblant de lucidité que j'avais récupérée, je pus distinguer un homme de carrure assez importante... une chevelure écarlate hérissée... des yeux noirs et abondamment cernés... et une queue enserrée par six anneaux métalliques... Rien qu'à cette vision, la mienne me fit mal. Comment pouvait-il supporter six de ces saletés sans broncher ? Ce n'était pas la première fois que je voyais un Sarunin en chair et en os, j'en avais déjà aperçu dans les montagnes ou dans les ruelles de ma ville. Ils m'intriguaient un peu, mais je n'avais jamais pu leur adresser la parole... mais celui-là dégageait une impression particulièrement inquiétante, en plus d'empester le fer... ou le sang ?

«D... Désolée... je ne comprends pas ce que vous dites...

−Aaah... soupira-t-il. Je vois... tu es un "bâtard", hein ?

−C... comment osez-vous ! m'emportai-je. Vous ne me connaissez pas, je vous interdis de me juger !

−Ah... désolé... c'est comme ça que beaucoup Sarunin appellent les gens comme toi... »

Je restai silencieuse un instant. Aborder mes origines de cette façon me dérangeait quelque peu...

«Vraiment... A Dorowen aussi on m'appelle comme ça des fois. Les Sarunin ne sont pas si différents des humains alors... »

Étrangement, à la suite de ma phrase il ricana légèrement en baissant la tête, puis continua sans me regarder.

« Pas si différents... peut-être bien, ouais... Mais dis-moi, tu dormais comme masse tout à l’heure. Tu es plutôt décontractée vu de la situation...

−C'est moi qui devrait dire ça... comment vous pouvez rester conscient avec autant de ces choses sur la queue ? »

Se contentant de regarder sa queue d'un visage inexpressif, il répondit d'un ton toujours faussement décontracté.

«Mh... c'est vrai que ça fait mal de chien, mais la douleur, il suffit d'ignorer.

−Bien sûr... Kain nous avait dit quelque chose de ce genre une fois. C'est plus facile à dire qu'à faire. Et puis même sans ça, on dirait que vous n'avez pas dormi depuis des jours. »

Il marqua une pause, en regardant dans le vide, avec un air qui ressemblait à... de la nostalgie ?

«J'aime pas trop dormir... murmura-t-il. Je fais toujours mauvais rêves... Ta mère. reprit-il en passant du coq à l'âne. Elle va être folle si elle apprend que tu es accusée pour terrorisme.

−C... comment vous le savez ? Vous avez entendu des gardes en parler ? Vous connaissez ma mère ?

−Je la connais pas, non... mais tu as l’air beaucoup penser à elle. »

Si il était assez inquiétant lorsque je l'avais vu au départ, avec cette phrase il commençait vraiment à me faire peur. Je ne lui avais rien dit, mais il savait tout ! Ma mère avait-elle rencontré un autre Sarunin ? Ou est-ce qu'il nous espionnait depuis des années ? Ou bien...

«Vous êtes... devin ou quoi ?

−Si on veut... depuis que je suis gamin je peux entendre pensées des gens. Je le fais pas vraiment exprès. »

Il ne manquait plus que ça… Non content d'avoir une force colossale ce type pouvait lire dans les pensées ? Passée la première surprise, ou plutôt le temps que mon cerveau ramolli enregistre l'information, je daignai tout de même répondre.

−C'est un don incroyable... ça doit être effrayant d'entendre les arrière-pensées de tous ceux à qui vous parlez...

−Pas tant que ça. J'entends que pensées les plus fortes, les plus... comment c'est déjà...

−Superficielles...?

−Ah oui, c'est comme ça qu'on dit... j'ai tué beaucoup d'humains, tu sais ?»

Je ne répondis rien. Étrangement je ne fus surprise qu'un bref instant. Son odeur le trahissait à ce sujet... J'aurais dû être terrifiée sans doute, mais j'étais trop faible, j'avais trop mal, et mon cerveau était trop endormi pour que je me méfie...

« Chaque fois qu'un d'eux se jetait sur moi, avant que je tue, je pouvais entendre ses dernières pensées. Juste de la haine et du dégoût. Parfois un peu incompréhension.

−Évidemment... Ma mère a fait quelques voyages dans des Régions de l'Union, il y a des tas d'histoires effrayantes sur vous. Même à Dorowen les gens ne vous aiment pas beaucoup.

−Pourtant j'ai entendu dire que vous êtes... "rebelles" là-bas ?

−C'est une vieille histoire qui se raconte sur notre pays. poursuivis-je dans une conversation qui devenait étrangement spontanée. Près de chez moi il y a une tour dont personne de ma connaissance n'a jamais vu le sommet. Personne ne sait qui l'a construite, ni quand, et encore moins comment... mais on sait qu'elle était déjà là il y a mille ans. On raconte qu'autrefois cette tour avait des gardiens, et que parmi eux il y avait un enfant possédant une queue de singe. On parle aussi d'un grand dragon qui serait apparu un jour au pied de cette tour. "C'est là que sont apparus les premiers Sarunin", "Ce sont eux qui ont créé les Dragon Balls", "Cette tour est maléfique"... Chez nous elle est un monument historique inestimable, mais elle fait très peur aux étrangers. Et puis...»

Je m'interrompis sur ma lancée. L'homme en face de moi, ce tueur qui arborait toujours ce visage impassible et froid, aurait dû m'intimider. Pourtant je lui parlais sans complexe, comme à une vieille connaissance... Et pendant que je racontais mon histoire, il fermait les yeux... en souriant. Puis il me regarda en me parlant d'une voix un peu moins neutre...

« C'est donc de là qu'on viendrait ? C'est amusant...

−Ce... ce ne sont que des histoires populaires qu'on raconte, il n'y a rien de...

−Peut-être mais... même si c'est histoires, c'est toujours bon à prendre.»

Quoi, c'était juste ça qui le faisait sourire ? Apprendre d'où venait son espèce ?

« Et puis... c'est aussi un peu ton histoire, non ?

−Je n'en suis pas si sûre... marmonnai-je en me recroquevillant, la tête dans les genoux. Moi, j'ai une mère humaine, des amis humains, tous les jours je ne vois que des humains et quelques fois des gens comme moi. En fait je... c'est la première fois que je parle à un vrai Sarunin. Mon père a disparu sans laisser de traces après ma naissance et Maman ne l'a jamais revu depuis. Tout ce que j'ai hérité de lui c'est cette queue, mais je n'ai pas votre force extraordinaire. Je ne sais pas grand chose des Sarunin, je connais tout juste quelques mots de votre langue.

−Cette queue... c'est un fardeau pour toi ? »

Un fardeau… pourquoi me posait-il cette question ? Je ne me l’étais jamais posée moi-même. Cette queue ne m’avait jamais rien apporté à part des ennuis mais… j’avais toujours fait avec. Que voulait-il me dire ? Qu’au fond de moi je détestais ma partie Sarunin ?

« Tu sais… Ciana…? reprit-il d'un ton hésitant. Pour moi être Sarunin ça a toujours été ma plus grande fierté. J'ai toujours méprisés tous les humains, et je rêvais que notre espèce les écrase et qu'on puisse enfin vivre sans nous cacher… »

Je ne répondis pas. J'étais attentive, comme pour comprendre ce qui l'avait poussé à tuer autant.

« Ces derniers mois j'ai erré, seul, passant mon temps à tuer tous les humains je rencontrais… petit à petit j'ai commencé douter. Je savais même plus pourquoi je faisais ça… »

Mais il ne termina pas son récit. Les bruits de pas nonchalants d'un soldat se firent tout à coup entendre dans le couloir. Le Sarunin, un instant distrait, se tourna à nouveau vers moi et reprit son monologue… sur un sujet différent cette fois.

« Tu as dit il y a des gens comme toi dans ton pays ?

−Hein ? Euh… oui… on est même assez nombreux dans certaines régions. Les gens sont toujours surpris en nous voyant mais au moins on n'est pas chassés comme du gibier.

−Vraiment…? Tu crois… que des Sarunins pourraient vivre avec humains chez toi ?

−Arrête de dire des conneries Cue-Limyos, ou dis-les au Commandant Lyendith, elle t'attend. »

Le soldat venait d'arriver devant notre cellule, coupant pour de bon notre conversation. Mais le plus surprenant avait été la dernière phrase du Sarunin. Pour la première fois j'avais ressenti une vraie émotion dans sa voix…

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Dernière modification par Itachi-san le ven. 20 févr. 2009, 00:48, modifié 1 fois.
Nanarland, le monde des mauvais films sympathiques

Reflexions of fear make shadow of nothing...
Shadow of Nothing...
You're still blind if you see winding road
'cause ther's always a straight way to the point you see.


Pour arrêter le hoquet, prendre un sucre avec du vinaigre : dégueu mais efficace :mrgreen:
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