L'Héritage, saison 2

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Kanji
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Message par Kanji »

Eh ben si je m'attendais à quelque chose de positif de la part de Smog...Merci.

Et ensuite, malheureusement la réécriture est terminée, elle s'est arrêtée au chapitre précédant le début du combat. Je songe effectivement à réécrire le tout, mais le gros problème c'est que ça retarderait fatalement la publication...enfin c'est aussi vrai que je suis assez déçu par ce que j'ai fait jusqu'à présent...

L'autre problème, comme l'a dit Tayuya, c'est que l'histoire n'avance pas. Et c'est une constante. Et c'est d'autant plus embêtant que, relativement parlant, elle continue d'avancer lentement. Et nous en sommes, au niveau de la publication, au 10e chapitre, au niveau de l'écriture, au 21e chapitre. Donc réécrire le tout pour que l'histoire avance plus vite demanderait un travail colossal. Ce que je ne peux me permettre, étant donné que j'ai une autre fic en chantier, et plusieurs autres projets en cours.

Bref, tout ça pour dire que la meilleure solution, c'est encore de publier vite, pour que le niveau de publication rejoigne le niveau d'écriture. Parce qu'au niveau d'écriture, on bosse sur les problèmes de rythme et d'OOC.

Et sinon c'est Akodo. Pas Akado. Ni Adoko. Akodo.
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Kanji
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Message par Kanji »

Maintenant que j'ai examiné, c'est vrai qu'il y a un paquet de paramètres qui peuvent faire croire qu'Akodo va tourner à l'Überkid...il faudra que je surveille ce côté là aussi.

Réunion au sommet

A Konoha, le coucher de soleil valait toujours qu’on lui consacre un moment. Akodo ne fit pas exception, d’autant que c’était le premier qu’il pouvait contempler tranquillement ; sur le pas de sa porte, il s’arrêta pour regarder le disque ardent du soleil consumer ses dernières forces en un brasier gigantesque qui s’étendait sur l’horizon. Les yeux mordorés d’Akodo contemplèrent longtemps le déclin rougeoyant, comme si l’astre refusait de mourir sans un bûcher de roi ; c’était peut-être la première fois qu’il prenait le temps d’admirer un coucher de soleil… Il préféra rompre la contemplation et rentrer avant de commencer à fouiller dans ses souvenirs.

La journée avait été fatigante, mais il se sentait encore en forme. Il avait pourtant passé l’après-midi à faire des achats et à les ramener ici : meubles, tatamis, et enfin, plusieurs cibles rondes en bois. Il profita de ce qu’il lui restait des forces pour déplacer ses meubles et aménager sa chambre en petit stand de tir. Il s’équipa comme il avait vu la plupart des ninjas le faire : fourre-tout dans le dos, à la ceinture, et étuis à shurikens sur la cuisse droite. Se remémorant ses exercices, il se concentra sur les cibles ; pendant quelques instants, il fit jouer ses doigts à proximité de l’étui, pour les habituer à dégainer rapidement. Il respira profondément pendant quelques secondes, puis commença.

Son premier saut l’amena sur la table de nuit, qu’il utilisa comme appui pour sauter plus haut. Trois shurikens étaient déjà dans sa main ; ils volèrent vers trois des six cibles trop vite pour qu’Akodo ait le temps de s’en préoccuper. Il prit appui des deux pieds sur le plafond et tira trois autres shurikens de l’étui ; le geste fut trop lent, et il dut se reconcentrer sur sa chute, lâchant les étoiles d’acier. Lorsqu’il retomba, accroupi, il vit que seulement deux shurikens avaient atteint leur cible. L’origine de cet échec était évident : il avait beaucoup de mal à atteindre l’étui, et ça se répercutait sur la fluidité de ses mouvements. Hors de question de viser correctement en plein combat s’il devait se soucier de l’étui… De plus, le fourre-tout gênait ses mouvements : il ne s’était pas entraîné comme les autres, autant continuer comme il l’avait toujours fait. Il décala le fourre-tout vers son ventre et plaça l’étui sur son avant-bras gauche. Quelques tirs plus tard, c’était 4 cibles qui étaient atteintes avec précision, dans les mêmes conditions. Sa main gauche s’agitait inconsciemment : il lui faudrait un deuxième étui, apparemment. Mais la journée se terminait bien.

Soudain, il dégaina un kunai et le lança en direction de la fenêtre.
-Transformer la pièce en stand de tir est une bonne idée ainsi que ta façon de t’entraîner. Tu te débrouilles bien, et tes capacités de tir au jugé sont loin d’être mauvaises.
Le kunai s’était arrêté à quelques centimètres d’un œil gauche camouflé par une bande de tissu. Akodo sourit et s’inclina légèrement.
-Kakashi-sama. Vous m’observez depuis longtemps ?
Le kunai se planta dans la cinquième cible. Le ninja copieur s’était contenté de bouger le poignet.
-Juste ta dernière série. Et c’est pas la peine de me donner du sama.
-Et je peux savoir pourquoi vous êtes là ?
-Tu es attendu au bureau de Godaime-sama dans deux heures, pour une réunion de la plus haute importance.
Akodo poussa un gros soupir, puis répondit.
-Fallait m’y attendre après tout…Au moins ça me laisse le temps de manger. Et à part ça ?
-Hmmm…non. Bon appétit, et soit à l’heure !, dit-il avant de disparaître.

Akodo se laissa tomber sur son lit…Cela faisait 2 jours qu’il était à Konoha, après 5 jours de marche éprouvante…et il n’avait pas eu beaucoup de temps à lui. Etre ninja était un métier à plein temps, il le savait, mais il avait du mal à s’y habituer : après tout, même les meilleurs shinobi ne pouvaient servir sans arrêt… Une arme n’a pas à avoir de temps libre, fit une petite voix dans sa tête. Il se leva et rangea son appartement ; après un court repas, il se plaça devant la fenêtre et réfléchit encore… Les étoiles étaient magnifiques ce soir : pourquoi est-ce qu’il n’aurait pas droit à un peu de temps pour les admirer ? C’était donc ça être un ninja ? Renoncer à sa vie et à soi-même ? Le regret commençait presque à le gagner… Il se retourna et marcha vers l’autel funéraire. Sa mère était une kunoichi, et elle avait pourtant le temps de s’occuper de sa famille…Autre personne, autre nindô, pensa-t-il. Il avait choisi de suivre cette voie, s’en retirer maintenant n’aurait aucun sens. Il prit son bandeau et hésita : là encore, il ne savait pas trop quoi faire. Il finit par le nouer autour de son bras, et sortit, ruminant encore ses pensées maussades.

Il arriva au grand bâtiment en traînant les pieds : nindô ou pas, il était fatigué, et toutes ces discussions l’ennuyaient vraiment… Qu’est-ce qu’ils lui voulaient cette fois-ci ? En haut de l’escalier qui menait à l’étage du bureau l’attendaient Kakashi et Saito. A son arrivée, ils interrompirent leur conversation. Le Hyûga prit la parole.
-Akodo-kun, sur le conseil de Kakashi-san, j’aimerais vous examiner une seconde fois.
Akodo poussa un nouveau soupir.
-C’est l’affaire de quelques minutes, ne vous inquiétez pas, dit poliment Saito.
-Bon, d’accord. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ?
-Tout d’abord suivez-nous, répondit-il en lui indiquant une salle inoccupée.
Une fois entrés, Saito forma un signe qu’Akodo connaissait bien, les mains jointes et l’index droit dressé. Lorsque le Hyûga ouvrit les yeux, le chakra avait afflué à ses tempes et fait apparaître des traces d’iris dans l’immaculé de ses yeux.
-Maintenant je vous prierai de faire quelques passes avec Kakashi-san.
Après quelques minutes de taijutsu, Akodo dut refaire un exercice des bases, avant de faire circuler son chakra dans diverses parties de son corps. A la fin de toutes ces expérimentations, sa lassitude avait doublée, et il ne prit même pas la peine de retenir un large bâillement. Saito ne le remarqua pas : il semblait plongé en pleine réflexion, comme souvent. Après quelques secondes, il prit la parole alors que ses tempes revenaient à la normale.
-Finalement, il semblerait bien que ce soit vous qui aviez raison, Kakashi-san.
Kakashi fronça les sourcils.
-Et comment se fait-il que vous ne l’ayez pas vu ?
-Même l’œil le plus précis ne voit que ce qu’il veut bien voir, dit Saito d’un air inspiré.
Akodo en avait assez.
-Mais de quoi vous parlez, bordel ?
-De vos capacités de manipulation, Akodo-kun. Lors de mes premières observations, j’avais remarqué une perte assez significative de chakra qui était exactement semblable à une perte à la manipulation. Mais vous ayant vu vous battre dans des conditions de danger réel, Kakashi-san à remarqué que la précision de vos mouvements et leur coordination rendait caduque mon analyse. Il m’en a donc parlé et c’est pour cela que j’ai voulu vous examiner de nouveau.
Akodo n’avait compris que la moitié du quart, et ça n’était pas seulement à cause de la fatigue…
-Ok…Et c’est grave docteur ?
-Plutôt le contraire. Mettons que 1,00 soit une manipulation efficace à 100%, la précision dans le dosage fait que la consommation de chakra n’excède pas le nécessaire. Au dessus de 1,00, la manipulation est plus ardue, et la consommation de chakra augmente. En dessous de 1,00, l’effet du chakra est diminué, ou cela signifie que la manipulation été volontairement amenée à ce stade pour donner plus de flexibilité dans la dépense. Sakura-san ainsi que nous autres Hyûga sommes entre 1,00 et 1,10. Vous, Akodo-kun, vous êtes à ce stade, voire même en dessous de 1,05.
Akodo mit une bonne vingtaine de secondes avant de parvenir à comprendre partiellement ce que Saito venait de lui débiter sans broncher.
-…Ah d’accord. Donc je suis plutôt bon ?
-Effectivement. Et maintenant que j’y pense, c’est assez logique : dès que vous faites un effort de manipulation, une partie de votre chakra s’échappe par les yabureme, lors de la circulation du chakra dans le keirakukei. Votre métabolisme cherchant à se protéger, il s’est efforcé de pouvoir annuler toutes les pertes supplémentaires : il y parvient en renforçant vos capacités de manipulation. Quoi qu’il en soit, c’est une très bonne nouvelle, je peux vous le garantir.
Soudainement, l’avis d’Akodo commença à changer au sujet de Saito et de cette réunion ; ses questions trouvaient enfin au moins une réponse, et ce soir se présenterait peut-être l’occasion d’en apprendre plus. Des perspectives s’ouvraient et il voyait des possibilités dans le charabia scientifique de Saito, qui lui paraissait maintenant plus sympathique.
-Ah, il est l’heure, fit Kakashi.

Rarement le bureau de l’Hokage avait connu une telle foule et une telle effervescence. Assis en tailleur devant le bureau se tenaient les jônins de Konoha : Gaï, Lee, Genma, Aoba, Raidô, Kurenaï, Asuma, Sakura, Naruto…tous étaient là. Derrière eux étaient rassemblés les chuunins les plus importants du village. Dans l’ombre, près du mur, se tenaient les ANBU. Enfin, les clans s’étaient regroupés sans distinction de grade : Akimichi, Yamanaka, Inuzuka, Nara, Hyûga…là encore, leurs principaux représentants avaient répondu à l’appel. Enfin, derrière le bureau, adossé à la fenêtre, était un grand homme à l’épaisse toison blanche portant un grand rouleau de parchemin dans le dos.

La porte s’ouvrit, Tsunade entra et le silence se fit. A son bras marchait un grand homme athlétique portant dans son dos un katana et à la main le masque de l’ANBU ; derrière elle se pressaient Shizune, Izumo et Kotetsu. Les deux chuunins se postèrent à l’entrée et le compagnon de Tsunade alla rejoindre les escouades qui se tenaient dans l’ombre. Godaime et Shizune rejoignirent le bureau, et l’Hokage prit la parole.
-Tout d’abord merci d’avoir tous répondu à l’appel : je sais qu’une telle réunion n’a pas été tenue depuis des décennies, mais croyez-moi, le problème requiert votre présence. Il en va de la sécurité de Konoha et de notre rôle dans la guerre, qui est maintenant assez probable.
-A vous entendre il s’agirait d’une arme, Tsunade-sama, fit remarquer Raidô.
-Pour l’instant il est préférable de le considérer ainsi. Il va bientôt nous rejoindre, avec Kakashi et Saito.
Beaucoup de sourcils se froncèrent dans l’assemblée. Tsunade poursuivit.
-En effet, il s’agit de quelqu’un et non pas de quelque chose, et il est aussi préférable de le considérer ainsi.
Un bon tiers des regards se tournèrent vers un des jônins assis devant le bureau.
-Quoi ? Qu’est-ce que vous regardez ?, fit Naruto, étonné et énervé.
Tsunade coupa court aux bavardages en faisant signe aux « portiers ». Izumo et Kotetsu ouvrirent la porte, et Akodo, Saito et Kakashi entrèrent. Le genin sentit qu’il avait soudainement du mal à bouger, alors qu’il entrait, comme s’il devait faire un effort pour pénétrer dans la salle. Une voix traînante le ramena à la réalité.
-C’est ça, faites entrer l’accusé.
La voix venait du seul fauteuil de la salle, à part celui de l’Hokage. Dans ce fauteuil était vautré un ninja portant une combinaison noire, la veste traditionnelle de Konoha, et la queue de cheval des Nara. Sur ses genoux était couché un chat…ou plutôt LE chat : le même matou qu’il avait rencontré à deux reprises. Il cru avoir enfin trouvé la réponse à cette question-là.
-Il est à toi ce chat ?
Shikamaru bâilla et prit son temps pour regarder le chat, puis Akodo.
-Non. Mais il a sauté sur mes genoux, c’était trop chiant de le faire partir, et avoir un chat sur les genoux c’est pas prise de tête…
Akodo était consterné : non seulement il ne savait toujours rien sur ce chat, mais en plus il était tombé sur…
-Mais c’est quoi cette loque ?, ne put-il s’empêcher de penser.
Le chat tourna vers lui ses yeux perçants, et, pendant un instant, Akodo crut qu’il lui lançait un sourire malicieux…
Naruto n’en menait pas plus large, pointant tour à tour Akodo, puis lui-même, puis Tsunade.
-Mais…lui…c’est pas… ataatattendez…vous…c’est…lui ?
Sakura posa sa main sur son épaule.
-Tu débarques mon vieux…
Naruto repensa à la conversation qu’il avait eu avec Akodo : On est des monstres. Comment avait-il pu oublier ?
Tsunade coupa court aux rires qui animaient maintenant l’assemblée.
-Bien, puisque tout le monde est là, la séance peut commencer.
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Kanji
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Message par Kanji »

Qui ?

Akodo n’avait jamais vu autant de monde rassemblé en un seul endroit. Il n’y a pas de foule dans les forêts du Pays du Feu, et l’effet de cette assemblée n’en était que plus grand. Tant de shinobis célèbres, de prestigieux clans et d’impressionnants individus étaient assemblés ici, et il semblait bien que c’était lui qui était le sujet de toute leur attention. Akodo se sentit un peu mal à l’aise, face aux regards de l’assemblée, qui s’étaient tous tournés vers lui. Kakashi et Saito allèrent s’asseoir chacun à leur place, et, sur un signe de main de Shizune, Akodo alla se placer à côté du bureau, devant le massif homme aux cheveux blancs.

Tsunade prit la parole pour couvrir les murmures qui commençaient à se répandre dans la salle.
-Voici le sujet de cette session extraordinaire : Asano Akodo, genin de Konoha depuis ce matin.
Les murmures enflèrent et Akodo les distingua clairement : « Alors c’est lui…Je me demande ce qu’elle est devenue…Je savais qu’elle avait eu un enfant…A priori il ne l’a pas. » Beaucoup de ces paroles venaient des membres des Hyûga. Akodo sentit son malaise grandir. Godaime mit fin aux murmures d’un geste.
-Comme beaucoup le savent déjà, Akodo est le fils d’Asano Mayumi, plus connue sous le nom de Byakugan no Mayumi. Pour les plus jeunes d’entre vous, Mayumi était une villageoise du Pays du Feu qui a, par un hasard génétique, développé un Byakugan. Elle a été entraînée pendant 10 ans par le clan, avant d’être renvoyée dans son village pour y occuper la charge d’agent frontalier.
Tsunade fit une pause avant de reprendre.
-Elle est morte il y a à peu près un an, tuée avec la moitié de son village et son mari, par une abomination dont nous essayons encore de déterminer l'origine. C’est à la suite de cet incident qu’Akodo est venu au village.
Un lourd silence tomba sur la salle. Akodo se sentait de plus en plus mal.

Akodo avait du mal à garder son calme : il avait l’impression que tout ces gens parlaient de la mort de sa mère comme d’un simple évènement. Plus la réunion avançait, plus il avait envie de sortir du bureau ; mais il savait qu’il devait attendre et endurer, s’il voulait obtenir les réponses qu’il cherchait. Tsunade reprit.
-Le chef du village a jugé bon de nous envoyer Akodo : Mayumi avait déjà commencé à lui fournir un entraînement de shinobi, il semblait logique qu’il le poursuive. De plus, Akodo était devenu entre temps un danger. Son comportement avait changé après la mort de sa mère, et il lui arrivait de céder à des crises de violence : en un an, il a tué 5 membres de son village.

Akodo chancela. Il avait l’impression d’avoir été frappé de plein fouet par une chose énorme et insupportablement douloureuse. Il bascula en arrière, mais fut rattrapé par l’homme aux cheveux blancs qui se tenait derrière lui. Ce dernier le confia à Shizune et s’adressa à Godaime.
-Tsunade, tu devrais ménager un peu plus ce gosse. Non seulement ce serait poli, mais ce serait aussi prudent : on ne sait pas jusqu’où il peut aller.
Tsunade fronça les sourcils et répondit.
-Si j’ai convoqué tout ce monde, c’est pour décider de son avenir, pas pour être polie. Et si nous voulons parler sérieusement, il va forcément falloir aborder ce genre de sujets.

Akodo était encore sous le choc ; sur le moment, il ne sut donc pas s’il délirait, mais il crut voir le chat sur les genoux de Shikamaru adresser un léger signe de tête à l’Hokage. Le félin sauta des genoux du Nara et fit le tour de la pièce, s’arrêtant de temps à autre, comme s’il cherchait quelque chose, avant de revenir se rouler en boule sur le support qu’il venait de quitter. Shikamaru lui caressa tranquillement la tête : il n’avait rien remarqué, pas plus que le reste de la salle. Akodo se dit donc qu’il devait délirer.

Un autre jônin leva la main. Son bandeau lui enveloppait la tête comme un bandana, et il mastiquait ce qui semblait être une brindille, mais était en réalité un long senbon. Tsunade lui donna la parole.
-Genma ?
-D’après ce que vous avez dit à Raidô, il faut considérer Akodo comme une arme. Ce que j’aimerais savoir, c’est à quel point il est proche de Naruto.
L’intéressé fit une petite moue : Naruto détestait qu’on s’intéresse plus à ce qu’il avait dans le ventre qu’à lui.
-Rassure-toi, Genma, Akodo ne porte pas de Bijû en lui. Son pouvoir, bien que moins dangereux, reste considérable, répondit Tsunade, avant de faire un signe en direction des Hyûga.
-Saito.

Le Hyûga médecin se leva et se plaça devant le bureau. Il sortit un rouleau de parchemin, et expliqua à l’assemblée l’origine des pouvoirs d’Akodo, qui se sentit étrangement observé, avant de remarquer que tous les Hyûga avaient activé leur Byakugan pour vérifier la véracité des dires de Saito. Une fois l’explication terminée, celui-ci ajouta quelque chose.
-Le pouvoir d’Akodo-kun n’est pas dangereux en lui-même. Le vrai danger vient d’une autre chose qui est apparue après l’incident. Auparavant, Akodo-kun était un garçon affable et sympathique ; mais son corps a maintenant besoin de chakra continuellement. Sa personnalité s’est donc modifiée d’elle-même pour s’adapter à ces nouveaux besoins : le chakra est bien plus façonné en situation de combat, et c’est pour cette raison qu’Akodo-kun a maintenant développé une personnalité provoquant les conflits.
Akodo savait déjà cela : il avait changé depuis l’incident, il en était le premier témoin. Saito poursuivit.
-D’après le témoignage de Kakashi-san, je sais maintenant que le vrai problème vient de ce qu’Akodo exploite parfois la seconde moitié de son être. C’est une sorte de plan de secours de son corps : en cas de situation trop dangereuse cette personnalité prend le dessus. Elle est entièrement tournée vers la survie du corps, c'est-à-dire le vol de chakra, et tout son caractère est orienté vers le conflit et ce que provoque le vol de chakra chez la cible. Pour résumer les choses, c’est un esprit avide et meurtrier, qui prend le dessus lorsque Akodo-kun est à cours de chakra ou que des sentiments violents le submergent. C’est là qu’est le vrai danger.
L’assemblée semblait avoir compris, et les discussions reprirent.

La voix de Naruto s’éleva et coupa court aux conversations.
-Dites, Ero-sennin. Il a pas l’air pire que moi : vous pourriez peut-être le former aussi ?
-Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça devant les gens ! Mon nom est Jiraiya ! Combien de fois devrais-je te le répéter, triple buse !
L’ermite des crapauds fulminait, et quelques sourires apparurent à la vue de cette dispute.
-De plus, je ne suis pas le mieux placé pour le former. Il faut éviter à tout prix que son existence s’ébruite, et je suis un peu trop célèbre pour qu’on ne remarque pas mon disciple.
Akodo n’en revenait pas : en trois jours, il avait déjà rencontré trois shinobis légendaires. Entre deux des Sannin et le Ninja Copieur…il ne manquait plus qu’Orochimaru, et ça serait le bouquet. Une fois de plus, Tsunade mit fin aux conversations et reprit.
-Merci Saito. J’espère qu’à part Naruto, tout le monde a compris qu’il est capital de garder secrète l’existence d’Akodo. La guerre est proche, et nombreux sont ceux qui voudraient mettre la main sur un tel pouvoir…
Elle tourna ses yeux sévères en direction Akodo.
-…Et pas forcément avec des intentions aussi louables que les nôtres. Je n’ose même pas imaginer ce qui pourrait germer dans la tête d’Orochimaru s’il l’apprenait.
Akodo essaya de se dérider, sans succès : si c’est le bouquet, c’est pas dans le bon sens…

-Par contre, Naruto a soulevé la bonne question : qui pourrait former Akodo ?
Sakura leva la main.
-Tsunade-sensei, pourquoi ne pas simplement prendre un volontaire ? Après tout, beaucoup de jônin, moi comprise, n’ont pas d’élèves en ce moment, et…
-Merci, Sakura, l’interrompit Tsunade, mais j’y ai déjà pensé, et ça n’est pas aussi simple, pour beaucoup de raisons. Jiraiya a déjà expliqué pourquoi il ne pouvait former Akodo, quant aux autres…Asuma, Gaï, Kurenaï ?
Trois jônin répondirent d’un signe de tête : le colosse à la cigarette, une femme aux cheveux noirs et aux yeux écarlates et un drôle d’hurluberlu avec une coupe au bol et d’épais sourcils.
- Avant même de se poser la question de vos compétences, il faut savoir que vous avez reçu la formation d’une team, et que vous entretenez encore beaucoup de liens avec vos anciens élèves : cela vous prend trop de temps pour pouvoir vous occuper d’Akodo. Genma, Anko, Raidô, Aoba ?
Le jônin au senbon, une jeune femme enveloppée dans un manteau beige, un jônin portant au visage des traces de brûlure et un autre arborant de curieuses lunettes de soleil répondirent.
-Vous, ainsi que la plupart des anciens jônin, êtes des ninja de terrain et si des combats venaient à éclater, il serait catastrophique de ne pas avoir toutes nos troupes prêtes : il est donc difficile de vous démobiliser. Ebisu, Ibiki ?
Un grand homme au visage couturé de cicatrices et un échalas affublé de lunettes noires et d’une combinaison bleue répondirent.
-Vous êtes des spécialistes : Ibiki, ton rôle n’est pas la formation de genin, et Ebisu, Akodo ne rentre pas dans vos qualifications.
Ebisu rajusta ses lunettes tout en répondant.
-Effectivement, je dois admettre que je ne suis pas qualifié.
-Maintenant je m’adresse aux jeunes jônin. C’est justement parce que vous êtes jeunes et que vous avez le même âge qu’Akodo que vous n’êtes pas qualifié. Et pour finir je m’adresse à tous les chefs de clan ; c’est justement parce que vous occupez une telle fonction qu’il me semble incorrect de vous imposer une tache supplémentaire. Il est donc très difficile de trouver quelqu’un à qui confier Akodo.
Un murmure d’approbation parcourut l’assistance et des discussions commencèrent à se faire entendre. Tsunade attendit que les débats cessent pour reprendre.

-Quelqu’un a une idée ? Kakashi ?
-Je veux bien continuer de m’occuper d’Akodo avec Naruto et Sakura, du moins en attendant qu’on trouve quelqu’un de plus qualifié que moi.
Akodo, Sakura et Naruto froncèrent les sourcils en même temps, mais Sakura fut la plus rapide à demander.
-Pourquoi personne ici n’est qualifié pour former Akodo ?
Iruka répondit.
-D’après ce que j’ai compris de l’explication de Saito-san, le keirakukei d’Akodo est très particulier, à un point tel qu’il lui sera très difficile, voire impossible, d’apprendre des techniques ordinaires. La solution la plus avantageuse pour lui est de développer son pouvoir particulier : or, comme il est le seul à posséder un tel pouvoir, il est difficile de trouver un sensei adéquat.
Saito enchaîna.
-A priori, le professeur idéal pour lui serait un expert dans la manipulation du chakra brut, aussi bien sur le plan pratique que théorique. Il faudrait aussi qu’il ait une bonne connaissance des pouvoirs d’Akodo, et qu’il soit capable de le maîtriser sans peine en cas de crise. Enfin, il serait préférable que ce soit une personne peu connue, voire extérieure au village, un peu comme Jiraiya-sama.

Alors que le reste de l’assemblée réfléchissait, Kakashi et Tsunade eurent une idée.
-Tsunade-sama, il serait possible de…
-Je sais, Kakashi, mais là aussi ça n’est pas aussi simple, même si ça me semble être la meilleure solution…
-Avant tout, il faudrait en parler à…

Le bruit d’une porte qu’on ouvre à la volée surprit une bonne partie de l’assemblée et interrompit Kakashi. Le nouvel arrivant était un colosse, avec une carrure à faire passer Jiraiya et Asuma en second plan, et avait pour trait très significatif d’être armuré : au dessus des sempiternelles sandales et au pantalon de toile forte était attachée une paire de grèves qui remontait jusqu’au genoux, eux-mêmes protégés par des genouillères ; un pagne de mailles cousu sur du cuir le protégeait, de la taille jusqu’à la fin des cuisses ; un plastron couvrant la cage thoracique achevait de protéger le haut de son corps ; des épaulières rattachées au plastron commençaient la protection de ses bras, qui continuait avec des coudières, et se terminait par deux imposants gantelets d’armes qui couvraient de métal ses avants bras, le dos de sa main ainsi que la première phalange de chaque doigt. Son unique arme à part un fourre tout était un imposant bâton de combat en métal accroché à son dos. Quand à son allégeance, elle était malgré tout cet attirail facilement identifiable : l’un des deux gantelets était frappé de la feuille de Konoha sur l’avant bras, et le symbole sur le plastron, ainsi que la courte queue de cheval qu’il arborait le désignaient comme faisant partie du clan Nara.

Son arrivée avait surpris tout le monde, sauf le chat, qui sauta des genoux de Shikamaru pour se précipiter vers le nouvel arrivant. Arrivé à ses pieds, il sauta sans effort jusque sur l’épaule du colosse et commença à ronronner bruyamment. Après quelques caresses, l’homme le prit et le déposa par terre.
-Désolé Fude, mais il n’est pas venu. Désolé pour le retard Tsunade-sama.
Godaime fronça dangereusement les sourcils, et la plupart des jônins assis devant le bureau reculèrent vivement. Mais elle finit par se dérider.
-Je passe l’éponge pour cette fois, Honshû. Tu ne changes pas : même à 12 ans, tu arrivais juste quand on avait besoin de toi.
-Désolé, désolé, mais vous savez bien que le pays n’est plus très sûr. Et comme je devais faire tout le voyage depuis la frontière nord…
Sans bouger de son fauteuil, Shikamaru bascula la tête pour regarder Honshû.
-Yô, oji.
-Toi non plus tu ne changes pas, Shika-kun…

Tsunade reprit.
-L’heure n’est pas aux retrouvailles. Honshû, tu l’as vu ?
-Oui, comme d’habitude…Mais pourquoi vous me demandez ça ?
-Nous étions en train d’aborder la question du futur sensei d’Akodo ici présent.
Honshû tourna ses yeux bruns vers le jeune genin.
-Ah oui…le fils de Mayumi.
Il se dirigea à grands pas vers le bureau et posa sa main sur l’épaule d’Akodo.
-Je suis désolé pour ta mère, petit.
Akodo ne sut pas quoi répondre : c’était la première fois dans toute la réunion que quelqu’un lui prêtait vraiment attention. Et cette insensibilité commençait à lui taper sur les nerfs…

Honshû se tourna vers Tsunade.
-Effectivement, je l’ai vu, et je lui ai parlé d’Akodo.
-Et ?
-Et il désirerait le voir…ainsi que toi, Kakashi.
Tsunade eut l’air soulagée, mais la réponse d’Honshû ne lui laissa pas le temps de souffler.
-Mais si vous comptez lui demander de le former, laissez tomber.
-Et pourquoi ça ?
-Tsunade-sama, vous savez mieux que moi qu’Akodo ne doit en aucun cas quitter le village, sauf en cas de force majeure : des informations à son sujet vont forcément filtrer, et seul le village est assez sûr.
-Oui, et alors ?
-Donc, ça signifie que sa formation se déroulera surtout dans l’enceinte du village, et que son sensei devra y rester la plupart du temps.
Tsunade comprit, et s’assit, déçue.
-Effectivement…maintenant que tu le dis, c’est peu probable qu’il accepte.
-Vous voulez dire impossible : il n’a jamais cédé en 6 ans.
-Mais c’est vraiment dommage : après tout il est le meilleur des…

-MAIS VOUS PARLEZ DE QUI BORDEL DE MERDE ?
Cette irruption venait d’Akodo : il s’était tu pendant tout ce temps mais il n’avait cessé d’encaisser l’ambiance pesante de cette réunion, et avait fini par exploser.
Le chat, qui était toujours aux pieds de Honshû, feula en signe de protestation, et partit se réfugier dans l’ombre. Shizune fit de son mieux pour calmer Akodo.
-Calmez-vous Akodo-kun… Ils pensent qu’ils viennent de vous trouver un sensei, mais n’osent pas encore se prononcer car ce n’est pas encore certain. Ne vous inquiétez pas la réunion sera bientôt finie.

Le silence revint dans la salle, et Saito prit de nouveau la parole.
-Il semblerait qu’il n’y ait personne pour former Akodo.
Tsunade répliqua.
-Et toi, Saito ? Si je me rappelle bien des cours que je t’ai donnés il y a vingt ans, tu étais le meilleur médecin du clan Hyûga, qui est à priori un des meilleurs pour manipuler le chakra. Je ne vois personne de plus qualifié que toi dans cette assemblée.
-Il est vrai que je suis celui qui connaît le mieux les particularités d’Akodo-kun, mais je ne me sens pas à la hauteur d’une telle tâche.
Tsunade fit une moue emprunte de nostalgie, et Saito continua.
-Mais le fait que son sensei puisse être un membre de notre clan paraît évident, si toutefois votre idée échoue. Cependant, un problème se pose là aussi.
-Lequel ?
-Eh bien…la formation d’Akodo étant capitale pour le village, il paraît nécessaire que ce soit le meilleur des Hyûga qui le forme. Or, celui qui peut prétendre à ce titre est sans doute Hiashi-sama, et, étant le patriarche du clan, il a bien d’autres responsabilités. De plus, il s’occupe déjà de la formation de Neji-san.
Saito désignait deux Hyûga agenouillés côte à côte, comme un père et son fils. Comme tous les Hyûga présents à cette réunion, ils portaient le yukata et la coiffure traditionnelle de leur clan. Tous deux acquiescèrent silencieusement pour confirmer les paroles de Saito.

Kakashi prit la parole à son tour.
-Je pense que finalement, nous n’avons pas vraiment le choix, Tsunade-sama.
Godaime acquiesça.
-Soit. Akodo ?
-Quoi ?
Akodo n’avait plus aucune envie d’être poli ou respectueux. Tsunade n’y prêta pas attention et poursuivit.
-Tu ira le voir d’ici quelques jours. Kakashi, Naruto, Sakura !
Les trois jônins levèrent la tête.
-Vous l’accompagnerez. Kakashi, charge-toi de négocier s’il refuse, mais n’en fais pas trop : si je me souviens bien, il n’y a pas vraiment de négociations avec lui.
Honshû voulut parler, mais Tsunade le coupa.
-Non, Honshû, tu ne peux pas les accompagner : tu retournes sur la frontière de Kaminari no Kuni demain. Nos troupes ont besoin de toi là-bas.
-D’accord…
-S’il refuse, nous confierons Akodo au clan Hyûga, qui désignera un sensei issu de ses rangs.
L’assemblée répondit par un murmure d’approbation.

Tsunade se leva et conclut.
-Bien. Aucune question supplémentaire ?
Akodo ne se contint plus.
-Qui est ce mec qui doit devenir mon sensei ?
Seul le silence lui répondit. Tsunade ne le regarda même pas.
-Dans ce cas la séance est levée.
Le jeune genin était plus qu’énervé à présent, par cette froideur et cette hypocrisie, comme s’il n’avait aucune importance et ne pouvait donner son avis.
-Eh, répondez-m…
Honshû venait de lui couper le sifflet de sa large main.
-Demande pas petit : c’est un sujet qu’il ne vaut mieux pas aborder. Tu sauras bien assez vite.

La salle se vida petit à petit, alors qu’Akodo continuait de ruminer de sombres pensées. Lorsqu’il se décida à quitter le bureau de l’Hokage, seuls restaient quelques ninjas en pleine discussion, et le chat, qui le fixait de ses yeux perçants. Akodo ne lui prêta pas attention : il était excédé, énervé, à bout. Mais il ne sentait pas l’autre remonter : au moins, il pourrait dormir tranquille cette nuit.

Lorsqu’il rentra chez lui, il ne prit pas le temps de regarder les étoiles, et se coucha, encore exaspéré. C’était bien dommage : les étoiles ne demandent qu’à être regardées…et au même moment, quelqu’un avait exaucé leur souhait. Ce soir-là, comme tant d’autres soirs, une jeune personne contemplait le ciel nocturne en rêvant…en se demandant si quelque part, quelqu’un d’autre admirait la voûte céleste…et si leurs pensées se rejoignaient au milieu de ces merveilleuses étoiles…
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lebibou
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Message par lebibou »

Tiens, ça va faire longtemps que je n'ai pas laissé de review.
Tiens, ça va faire longtemps que je n'ai pas lu de chapitre.

Bref.

Le chapitre Un réveil difficile est… court.
La comparaison avec les premiers chapitres est sans équivoque. Les chapitres sont devenu miniscule et on s'aperçoit bien que l'on fait face à une première fic.
Ce qui fait qui fait que je n'ai pas grand chose à dire sur ce chapitre.
Si, Sakura semble s'éprendre peu à peu d'Akodo. C'est discret pourtant ça saute aux yeux. Soit.

Chapitre Deux monstres
Rien qu'au titre, on sent que tu as une vision assez pessimiste des deux «monstres».
Après, je vais faire une remarque qui a déjà été faite mais je n'apprécié guère la façon dont Naruto se confie.
Il n'est pas du genre à avouer de but en blanc qu'il possède en lui l'un des neuf grands démons que l'univers à engendrer.
A Sakura, il ne lui a dit que trois ans après l'avoir connu. Et encore. Pour justifier le fait que l'Akatsuki était à sa poursuite.
A Gaara, je ne suis même pas certain qu'il lui dit de qui il était le porteur. Il le sous-entend très clairement mais je crois me souvenir qu'il reste assez évasif sur ce qu'il porte (mais je peux me planter.)
Je pense qu'à un moment ou un autre, il lui aurait dit à Akodo qu'il était le receptacle d'un démon, mais pas comme ça. Pas en plein milieu d'un repas.
De même, Shizune qui lui révèle que le sharingan de Kakashi trouve son origine dans une greffe. Dévoiler un secret de cette importance à un tout nouveau ninja qui pourrait être un espion, c'est assez limite.
Ça donne une vision assez utopique de l'univers ninja, qui en soit, colle plus à l'univers de Kishi, mais qui reste bien éloigner des tracas que devait affronter ses hommes de l'ombre.
Je me souviens que vous disiez vouloir apporter un peu d'explication autours de l'univers scientifico-chakrique. Pourquoi ne pas faire de même avec la politique, le secret et tout le tralala ?
Un autre point qui m'avait gêné dans ce chapitre était l'introduction de mot japonais du style « konnichiwa» ou « Itadakimasu »
Je trouve ça très mal amené parce que ça n'a jamais été fait auparavant. Et puis parce que j'abhorre l'introduction de mot japonais lorsqu'ils sont aisement remplaçable par un mot français. Les san, kun & co, ça passe. Mais les konnichiwa & co, ça reste coincé en travers de la gorge.
(Et puis, je ne sais même pas ce que veux dire Itadakimasu)
Bref, mon conseil serait d'éviter ça par la suite.

Chapitre Réunion au sommet

Effectivement, il y'a un paquet de paramètre à prendre en compte pour éviter que Akodo ne tourne à l'uberkid. Ce chapitre en est la preuve.
Non content d'absorber le chakra, en plus, Akodo excelle dans l'art de la manipulation, surclassant les Hyuga et Sakura. Pour un génin, c'est peut-être excessif, du moins je trouve. D'autant plus qu'il n'a eu qu'un entraînement assez lacunaire au final.
Tiens, au passage, une question que je me pose, il est où Sasuke ?
Naruto me paraît assez caractériel dans ce chapitre.

Néanmoins, on commence à sentir une évolution stylistique, ce qui n'est pas plus mal. Le chapitre est assez bien écrit dans l'ensemble donc.

Chapitre Qui ?

Tiens un petit cliff dans le chapitre. Ça fait plaisir donc, parce que depuis quelque chapitre, l'histoire n'avançait pas beaucoup. La faute aux chapitre très (trop?) court. On prend donc plaisir à lire un chapitre qui est bien plus long que les quelques-uns qui les avaient précédé.
Par contre, Jiraya qui refuse de le prendre pour élève parce qu'il est trop connu. Pourquoi a t'il pris Naruto qui était dans le même cas de figure ? Rare était ceux qui connaissait le receptacle de Kyubi hors du village. (Oro ignorait qu'il avait survécu, pourtant, c'est loin d'être une loque en renseignement)
On a confirmation que Akodo fonctionne à la manière d'un Naruto. Sentiment violent = libération d'une ADM.
une jeune personne contemplait le ciel nocturne en rêvant…en se demandant si quelque part, quelqu’un d’autre admirait la voûte céleste…et si leurs pensées se rejoignaient au milieu de ces merveilleuses étoiles…
Une jeune personne = Sakura ?

Bref, un chapitre assez sympa à suivre et l'histoire a l'air d'aller en s'améliorant.

Bonne chance pour la suite.
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Kanji
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Message par Kanji »

Bon, je tiens à préciser que ce que je vais dire n'est pas une excuse, mais il faut préciser que tous ces chapitres datent déjà de plusieurs mois, que je n'ai pas vraiment le temps de les réécrire et donc que forcément...c'est pas le top, comme qui dirait.
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Kanji
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Message par Kanji »

Les toits de Konoha

Lorsque Akodo se réveilla, les étoiles avaient depuis longtemps cédé la place au soleil et au ciel bleu du printemps. Mais son humeur n’avait pas changé, et il sentait bien que cette journée allait être maussade, en dépit du temps superbe. Akodo pensait toujours à la réunion, et à cette indifférence que tous lui avaient témoigné, comme s’il ne pouvait décider lui-même de son avenir, comme si son destin ne lui appartenait pas, mais était placé entre les mains d’autres, des gens qui ne savaient rien de lui ou de ses sentiments.

Assis dans son lit, la tête entre les mains, il pensait, pensait et pensait encore, comme s’il se faisait violence pour trouver quelque chose dans son esprit, quelque chose qui lui échappait sans cesse : cette foutue réunion ne lui avait apporté aucune réponse, aucun indice, aucun élément qui lui permette de savoir enfin quelque chose. Et les questions se bousculaient dans sa tête. Que se passerait-il s’il perdait totalement le contrôle ? Est-ce qu’il serait un jour débarrassé de ça ? Quels autres effets cela pouvait-il avoir ? Comment pouvait-il devenir un vrai ninja sans apprendre de techniques ? Et surtout, qui était cette personne si mystérieuse qui semblait la seule à pouvoir le former ? Qu’avait-il de si spécial ? Et pourquoi n’accepterait-il jamais ?

Akodo en avait mal à la tête et cette douleur, ces doutes et ces inquiétudes nourrissaient sa rancœur envers ceux qui refusaient de lui répondre. Il sentait sa colère enfler en lui, et savait qu’il ne pourrait pas la contenir très longtemps… et cela l’inquiétait, et venait alimenter ces sentiments sombres qui grondaient alors qu’ils demandaient toujours plus… Akodo commençait à réaliser que cette journée serait probablement plus que maussade, et sentait de plus en plus clairement que cette rancœur avait toutes les chances de devenir meurtrière…

Il se leva et essaya de ne plus y penser, en se concentrant sur autre chose, à savoir son petit-déjeuner. Mais il savait parfaitement que même préparer un repas pouvait amener plus de rancœur, dans l’état où il se trouvait… penser à ses parents et aux tragédies qui avaient suivi leur mort lui ferait penser à ce qui pourrait se reproduire ici, à Konoha… il se savait tout à fait capable de tuer même ses plus proches amis de sang-froid lorsque l’autre prenait le dessus.

Akodo était debout dans la cuisine, ruminant ces pensées, lorsque quelqu’un frappa à la porte. Sur le moment, le genin ne sut pas comment réagir : il avait peur que ce visiteur ne fasse que l’énerver plus, mais il était aussi soulagé que quelqu’un le tire de cet état néfaste de solitude.

Au moment où il approchait la main de la poignée, il sut qui était son visiteur, et se sentit instantanément mieux. Depuis toujours, il savait que les gens proches étaient liés par plus que la simple amitié : dans son cas, c’était encore plus fort. Cette sorte de partage du chakra qu’il établissait autrefois avec ses proches créait un lien d’empathie entre eux, et voir que cela était revenu chassa ses doutes en un instant.

Il ouvrit la porte et entendit une voix forte le saluer :
-Konnichiwa !!
Akodo, interloqué, regarda sa montre et vit qu’il était effectivement 10h passées.
-Je croyais t’avoir déjà dit de hurler moins fort… fit-il à Naruto avec un sourire.
Sakura et Naruto entrèrent, les bras chargés de sacs, qu’ils déposèrent près du lit.
-On a cru remarquer que tu ne te sentais pas bien hier soir, alors on a pensé que ce serait sympa de te rendre visite.
La voix de Sakura était à la fois légèrement inquiète et soulagée, comme souvent.
-En fait on a tout apporté pour le p’tit-dèj’ !
Naruto avait commencé à sortir la nourriture des sacs, et cherchait la cuisine tout en parlant.

Quelqu’un de vraiment maussade aurait pu prendre mal une telle attention, en pensant qu’il s’agissait juste de pitié. Mais Akodo, même s’il ne les avait rencontré que depuis deux jours, avait l’impression de commencer à connaître Naruto et Sakura. Il eut un sourire sincère alors qu’il réalisait qu’il ne s’agissait pas de pitié, ni de sympathie, mais d’amitié véritable.
-Je vais préparer le thé.

Lorsqu’il revint avec trois verres de thé fumant, il en avait profité pour préparer deux bols de riz. Naruto avait presque fini de déballer la nourriture, et Sakura faisait le tour de l’appartement. Le hasard voulut qu’elle se tint près de l’autel lorsque Akodo y arriva. Il déposa les bols près des tablettes funéraires, joignit les mains et ferma les yeux. Une fois sa prière finie, Sakura lui posa une question :
-Ce sont tes parents ?
-Oui.
-…Je suis désolée. Je ne sais pas vraiment ce que ça fait de perdre ses parents, mais je peux imaginer…
Akodo la regarda avec attention pendant quelques secondes ; malgré ce qu’elle avait dit, il était sûr qu’elle connaissait le deuil aussi bien que lui, et qu’en ce moment même, elle pensait à quelqu’un qu’elle avait perdu.

-Bon alors, on mange ou pas ?!
Naruto avait le chic pour s’imposer… Sakura se retourna et s’apprêta à donner de la voix, mais Akodo les interrompit.
-Je crois qu’il n’y a pas assez de place ici pour faire un vrai repas à trois…
Naruto réfléchit pendant quelques secondes, puis, voyant une table basse, s’écria :
-Ben on a qu’à aller sur le toit !
-Pas bête, fit Sakura, vas-y avec la nourriture, je te rejoins avec la table.
Le jônin ouvrit la fenêtre, ayant rapidement remballé la nourriture dans les sacs. Il ferma les yeux et se concentra quelques instants, se mit debout sur le rebord de la fenêtre, et gravit tranquillement le mur à la marche, jusqu’au toit.

Akodo cilla cinq fois très exactement, ouvrit la bouche et parvint à émettre un son ressemblant à « Quezkekodekoi ? ». Voyant qu’il était pour le moins surpris, Sakura engagea la conversation.
-Tu connais pas ?
-Ah… non.
-C’est basique pourtant.
-Ma mère m’a pas appris toutes les bases apparemment…
Sakura s’approcha du mur et commença son explication.
-Bon, pour y arriver, c’est très simple : d’abord concentre-toi sur tes pieds, puis associe-les à l’image de l’arbre… euh du mur pardon.
Sakura forma le sceau de la Chèvre sans fermer les yeux, et ses pieds luirent d’une faible aura bleutée.
-Ensuite, il faut que tu maintiennes une dose suffisante de chakra sur la plante de tes pieds, pour bien adhérer au mur.
Ce faisant, elle avait commencé à marcher à l’horizontale, comme si cela ne lui demandait pas plus d’effort que de marcher normalement.
-Il faut faire attention à bien doser le chakra : s’il est trop concentré, la surface risque de ne pas y résister. Par contre, s’il est trop faible, ton pied n’adhérera plus et tu tomberas. Plus la surface est solide, plus il est facile d’y adhérer, puisqu’il y a de moins en moins de risques qu’elle cède sous le chakra.
Sakura marchait à présent au plafond et parlait toujours aussi tranquillement. Elle sauta et se réceptionna parfaitement, avant de conclure.
-En, fait c’est juste une question de manipulation : en maîtrisant la diffusion du chakra dans son corps, on facilite l’usage des techniques et on peut produire beaucoup d’effets simples. Après un peu d’entraînement, tu pourras marcher aux arbres, aux murs, et même sur l’eau. Du moment que la surface est partiellement solide, on peut y adhérer avec suffisamment de maîtrise de la manipulation du chakra.

Manipulation… manipulation… Akodo avait déjà entendu ce mot, mais il ne se rappelait plus quand…
-Vu que tu ne connaissais pas avant, ça te prendra sans doute un peu de temps avant d’y arriver, mais on est tous passés par là. Il faut que tu commences par courir le plus haut possible, en t’entraînant sur des arbres ou des bâtiments ; ensuite il faudra que tu parviennes à te maintenir en marchant normalement, et enfin à te tenir debout, même à la verticale.
Sakura portait la table basse d’une main, sans effort, et se dirigeait vers la fenêtre. Akodo semblait s’être rappelé de quelque chose.
-Enfin pour l’instant, on va te hisser sur le toit et…
-Pas la peine.
-Quoi, tu veux pas me faire croire que…
Sakura se retourna et faillit tomber à la renverse : le visage d’Akodo était à quelques centimètre du sien, mais il était à l’envers !
-C’est assez facile en fait.
-Comment tu…
-Ben j’ai sauté pour mettre mes pieds au plafond et… voilà.
-Tu es plutôt doué… d’habitude, même aux plus doués il faut des jours d’entraînement pour se maintenir comme ça.
-Saito-san m’a dit que j’étais très bon pour ce qui est de la manipulation.
Sakura était de plus en plus intriguée par ce phénomène que semblait être Akodo. Ce dernier marcha jusqu’à la fenêtre, puis passa sur le mur et monta vers le toit, rapidement suivi par Sakura, qui portait toujours la table basse comme si elle ne pesait rien.

Quelques minutes plus tard, les trois shinobis avaient installé la table basse au bord du toit et avaient commencé ce qui s’annonçait comme un gros brunch. Dango, riz, shiruko, thé, natto, râmens instantanés, poisson et autres victuailles se chargeaient de réconforter le corps, et l’esprit s’en sentait rassasié. Naruto, Sakura et Akodo discutaient de leurs vies, habitudes et hobbies, de leurs rêves et de leurs amis.
-Alors comme ça, votre promotion n’a donné que 9 genins finalement ?
-Ouaip ! Et ça fait une belle brochette de mecs gratinés !
-Et tu es sans doute le plus gratiné, Naruto…
-Beuh… bon alors, comment on pourrait te les présenter…
-Le mieux serait que tu les rencontre en personne, mais ils sont tous occupés avec leurs missions : maintenant qu’ils sont tous chuunin, ils ont des responsabilités.
-Faites-moi un topo rapide.
-Bon, ben…
-On va commencer par ceux que tu as déjà vu ou rencontrés.
-Ah ouais. Si je me rappelle bien, t’as déjà fait connaissance avec Ino.
Les sourcils de Sakura auraient pu craquer comme des articulations tellement ils se froncèrent.
-Heu… ouais bon, en gros… voilà, tu la connais déjà.
-Alors, tu as vu Asuma-san, pas vrai ? Ino fait partie de sa team. Elle compte aussi Nara Shikamaru…
-Ah oui, la feignasse de hier soir.
-Ouais, un mec un peu bizarre, mais très sympa : il est devenu chuunin avant nous tous, et ça c’est parce que c’est un putain de bon stratège !
-Sinon il y a aussi Akimichi Chôji, mais je ne le connais pas très bien.
-Un mec super, très sympa, même s’il fait un peu gros-lard… mais t’as pas intérêt à le lui faire remarquer en face.
-Ok… et à part ça ?
-Il y a la team de Kurenai-san… tu l’as sûrement déjà vue à la réunion… une femme aux yeux rouges.
-Ah oui je vois qui c’est.
-Dans sa team il y a Inuzuka Kiba, un garçon un peu désagréable, mais sympa quand on le connait bien.
-Et qui se balade toujours avec son clebs comme si c’était son chien…
Un ange passa, et Sakura se retint d’éclater de rire, tandis qu’Akodo arborait un sourire en coin. Naruto se gratta la tête en riant d’un air gêné, avant de poursuivre.
-Enfin à part ça, il y a Aburame Shino… un mec taciturne avec des lunettes noires.
-Je connais le clan Aburame, il est réputé dans le Pays du Feu.
-Ah oui, et il y a aussi Hyûga Hinata.
-Une Hyûga ? Comment elle est ? Coincée comme les autres ?
Naruto réfléchit pendant quelques secondes.
-Pas vraiment, en fait elle est surtout timide comme pas deux. Elle en a pincé pour moi pendant longtemps… mais elle a laissé tomber y a pas longtemps.

Akodo était un peu intriguée par cette fille : une Hyûga timide qui en pinçait pour Naruto, c’était pas banal. Après tout, il était pratiquement lié aux Hyûga par le sang, et s’intéressait assez à ce clan, d’autant plus que son sensei en serait probablement, vu que la solution miracle de Tsunade semblait vouée à l’échec. Il était aussi étonné de constater que Naruto pouvait être aussi perspicace.
-Et à part ça, d’autres gens que vous connaissez ?
-Il y a une team de genin de l’année avant la nôtre qu’on connait bien. Elle est dirigée par Gaï-san.
-Connais pas…
-Mais si ! Un mec zarbi, avec une coupe au bol et des sourcils de ouf !
-Ah oui ! Je me rappelle… mais il y en avait pas un autre un peu pareil à la réunion ?
-Si. Dans la team de Gaï-san, il y a Lee-san, qui est un grand fan de son sensei… ceci dit son nouveau look est bien mieux, avant c’était son sensei.
-Ouais, gros-sourcils est un peu bizarre lui aussi, mais c’est une bête en taijutsu ! Je connais personne de meilleur que lui dans les anciens genins, à part peut-être Neji.
-Neji ? Ca me dit quelque chose…
-C’est un autre membre de la team Gaï : Hyûga Neji. Quand on était encore genin, Neji-san était réputé comme le meilleur genin de Konoha.
-Un autre Hyûga…
-Ouais, mais t’en fais pas, il est pas coincé non plus. Il est très sympa quand il s’y met !
-Avec Naruto et moi, Lee-san, Neji-san et Shino sont les seuls de notre groupe de genins à être jônins aujourd’hui. Et Neji-san est peut-être encore le meilleur aujourd’hui. Sans doute même.
-Il est si fort que ça ?
-Neji est un génie ! Il a toujours été super fort.
-Et pour finir, enchaîna Sakura, il y a aussi Tenten, un fille dont la spécialité est le matériel, surtout les parchemins et l’armement, dangereuse dès que tu lui mets quelque chose entre les mains.
-Ouais, avec elle fait des trucs de dingue, en tout cas c’est pas à l’Académie qu’on apprend ça. Ah oui, elle fait assez garçon manqué aussi.
-Hm hm…

Cela faisait beaucoup de gens à rencontrer. Akodo n’était arrivé à Konoha que depuis deux jours, et déjà il entrevoyait tout ce que ce village lui réservait comme possibilités. Rien que les amis proches de Naruto et Sakura formaient déjà une base solide qu’il désirait déjà connaître. Alors qu’il réfléchissait, une question lui vint.
-Qui est le troisième membre de votre team ?
Naruto et Sakura se figèrent, et leur regard se perdit soudain. Akodo regretta immédiatement sa question. Il pouvait voir, sentir clairement la tristesse qu’ils ressentaient, comme celle qui le frappait lorsqu’il pensait à ses parents. Naruto avait cessé de bouger, et son visage exprimait une douleur mêlé de rancœur, de regrets et de nostalgie. Sakura regardait au loin, comme si elle pensait à une contrée perdue, qu’elle ne pouvait plus rejoindre. Akodo fut frappé par la force de sentiments qui se dégageaient d’eux.

-Bon appétit ! retentit une voix que les trois connaissaient bien.
Kakashi était arrivé au bon moment, et les avait tiré de leurs souvenirs. Accroupi sur un fil électrique, le ninja copieur les saluait de la main, l’œil droit fermé comme toujours lorsqu’il souriait. Les trois jeune gens se déridèrent, et Naruto lança une brochette de dango en direction de Kakashi, qui l’attrapa sans difficulté. Naruto haussa les sourcils et ouvrit la bouche, comme s’il attendait impatiemment que quelque chose se produise.
-Laisse tomber, Naruto… fit Sakura en secouant la tête.
Le jônin prit une mine dépitée en voyant Kakashi s’évanouir dans les airs sans avoir mangé les dangos. Akodo était plutôt intrigué.
-Qu’est-ce que t’espérais voir ? demanda-t-il à Naruto.
-Le visage de Kakashi-sensei !
-Ah ?!
Maintenant qu’il y pensait, Akodo réalisait clairement que Kakashi avait toujours le visage masqué. Mais ça n’avait pas titillé sa curiosité jusqu’ici, il ne voyait donc pas de raison pour que ça commence.

Tout en mangeant, il contempla le paysage qui s’offrait à lui. Vu des toits, Konoha avait un visage différent. C’était un monde à part entière, de sable ocre, de briques rouges et d’ardoise noire, de bâtiments anciens et usés, d’architectures erratiques et de curiosités. Une étendue chaotique et pleine de vie. Cà et là, il voyait des gens pendant leur linge sur les toits, des shinobis passant à la vitesse de l’éclair, des entrelacs de fils électriques qu’il s’amusait à démêler du regard, des citernes et des réservoirs, des jardins suspendus et des promontoires, des oiseaux… et un chat… ou plutôt LE chat, l’observant toujours de ses yeux perçants, et jouant sur les toits. Akodo haussa les épaules : la journée était trop belle pour se soucier de ce fichu matou. Contempler ainsi les toits était apaisant et donc bénéfique. En se levant ce matin, Akodo avait songé à méditer pour se calmer, mais s’était dit après quelques essais qu’on ne s’improvisait pas contemplatif. Mais il savait maintenant que méditer était possible, et qu’un tel lieu était précieux et devait être préservé, ne serait-ce que pour sa beauté.

Voyant que le regard d’Akodo s’était arrêté sur le falaise et les visages de pierre, Naruto se leva et se plaça sur le bord du toit. Le vent s’engouffra dans sa veste, et soudain Naruto eut l’air d’être l’incarnation d’un de ces héros des temps anciens où la guerre ravageait les nations, et où naissaient les légendes. Perché au-dessus des rues, Naruto semblait chevaucher un immense destrier invisible ; il pointa du doigt la falaise et déclara d’une voix forte, comme s’il s’adressait au monde entier :
-Tu vois ça ? Le prochain visage sera le mien.

Akodo resta quelques instants figé ; il ne sut pas s’il admirait Naruto pour sa détermination ou s’il était consterné par le ridicule de la mise en scène. Il se pencha vers Sakura et murmura.
-Dis, il te la sert combien de fois par jour cette phrase ?
-Trois minimum. Et pas qu’à moi.
-…Ok…
Sakura regarda sa montre et tira Naruto par le col.
-Arrête de faire le pitre, c’est bientôt l’heure !
-Garrghl… Kof, kof… c’est pas une raison pour m’étrangler !
-Désolé Akodo, mais on a une mission cet après-midi. Mais il fait beau, tu devrais aller te promener en ville.
-Bonne idée. Merci, Sakura.
-Pas de quoi. Allez viens, abruti, on est déjà en retard, et j’ai pas envie que Tsunade-sensei me passe un savon.
-Aïe, tu me fais mal, lâche-moi ! Gll…

Akodo sourit franchement : cette journée s’annonçait bien…
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Kanji
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Message par Kanji »

Dépression

Akodo embrassa une dernière fois du regard l’étendue bigarrée des toits de Konoha, ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il se sentait enfin bien : ces dernières heures avaient été les meilleures qu’il avait passées depuis 1 an. Et l’avenir lui réservait d’autre moments de ce genre, il le sentait.

Sans Sakura et Naruto, remettre sa chambre en ordre fut difficile : 3 voyages furent nécessaires pour ramener les sacs, et Akodo faillit tomber de la corniche au moment de redescendre la table…et dire que Sakura la transportait sans effort…Au moins cela lui permettait de s’exercer à la manipulation.

Une heure plus tard, tout était en ordre, et, miraculeusement, il restait encore des forces à Akodo, sans doute assez pour suivre le conseil de Sakura et passer cet après-midi à se promener dans le village et le printemps qui l’avait orné.

Avec un signe de tête à ses parents, il ouvrit la porte avant de descendre dans les rues de Konoha, inondées de soleil et de monde. S’efforçant de retrouver cette sensation de bien-être contemplatif qu’il avait ressentie en observant les toits, Akodo marcha sans savoir où il allait, laissant ses jambes libres d’exercer leur office en toute fantaisie. Il mit ses cinq sens en éveil sans leur indiquer de cible ou de but, afin qu’il s’efforcent de trouver les sensations sans son aide.

Akodo avait déjà vu sa mère méditer, Byakugan actif, pendant des heures…sa respiration régulière et parfaitement calme, comme si elle dormait…mais ce n’était pas parce qu’elle semblait dormir qu’elle ne pouvait surveiller son fils : l’Oeil Blanc des Hyûga était très pratique quand il s’agissait d’empêcher un enfant d’agir en toute impunité. Le jeune homme qu’était devenu cet enfant réfléchissait maintenant aux exercices que pratiquait sa mère, et s’efforçait de les pratiquer à son tour. Il savait que le Byakugan était un excellent moyen de méditer, mais encore fallait-il qu’il comprenne pourquoi…

Akodo laissa ses sens errer sans but, embrasser toutes les sensations alentours. Après un temps, il ferma les yeux, après avoir réalisé que l’œil avait trop tendance à se concentrer, et que la vue était le sens principal. Il perçut des senteurs multiples : fleur de cerisier, odeurs de cuisine, odeur diffuse du bois chauffé par le soleil, les parfums et odeurs des passants…des sons et des sensations, le vent et le sol changeaient subtilement, mais Akodo n’y arrivait pas : dès qu’une sensation lui arrivait, il se focalisait dessus, sans le faire exprès. Il ne parvenait pas à s’aligner sur l’ensemble de l’environnement.

Il décida finalement d’abandonner et d’ouvrir les yeux. Il marcha pendant quelques minutes, sans trop prêter attention aux passants, et sans trop penser à ce qu’il allait faire pour occuper son après-midi. Puis il se souvint qu’il voulait se procurer un second étui à shurikens, en plus de celui qu’il portait déjà au bras gauche. Malheureusement, il ne savait pas où trouver de l’équipement ninja. Il se dirigea donc vers le premier shinobi qu’il aperçut pour lui demander ce renseignement.

Quelques minutes plus tard, Akodo s’éloignait de l’armurerie en traînant les pieds : lorsqu’il l’avait vu, le shinobi en question avait commencé la discussion avec un regard qui avait profondément déplu au jeune genin. Comme il l’avait annoncé à Naruto, les journées paisibles commençaient à disparaître pour céder la place aux regards froids et à l’exclusion. Le nouvel étui, accroché à son bras droit, ne lui faisait ni chaud ni froid, et Akodo ne prit pas le temps de l’essayer. Il lui faudrait une quinzaine de minutes pour rentrer chez lui, et il n’avait plus tellement envie de traîner dans Konoha.

Ce regard n’était pas important, il ne signifiait pas grand-chose, mais Akodo ne s’y trompait pas, et savait très bien ce qu’il en adviendrait. Il avait déjà vécu ces moments…ça commençait par des regards dérobés, et ça finissait par des pierres et des insultes, en passant par les yeux froids et pleins de haine. Quelques-uns de ses meilleurs amis étaient morts de sa main, le reste en était venu à le détester tout autant que les autres, peut-être même plus…sans doute parce qu’ils considéraient ces crises comme des trahisons…comme s’il les avait désirées…et Akodo pouvait très bien imaginer Konoha tout entier le détestant…

Alors qu’il ruminait ces pensées, il croisa une personne qu’il connaissait. Portant la veste des shinobis, vêtu de noir, coiffé à la mode de son clan, le placide Shikamaru semblait dans son élément, marchant d’un pas tranquille au milieu des rues de Konoha, le nez à moitié en l’air, dans les nuages, comme s’il ne se préoccupait pas le moins du monde de ce qui l’entourait. Akodo se rappela alors la réunion, en commençant par cette loque qu’il avait vue dans le fauteuil… « Faites entrer l’accusé ».

Lorsqu’ils se croisèrent, Shikamaru se retourna quelques secondes, et regarda Akodo de ses yeux bruns, sans manifester quoi que ce soit d’autre que l’apparente lassitude qui le caractérisait. Mais ce regard sans émotion ramenait des souvenirs dans l’esprit d’Akodo…il se souvint de la réunion et de l’indifférence de Tsunade…des shinobis discutant de son avenir sans tenir compte de sa simple présence…d’autres évoquant sa mère…et ces questions auxquelles personne ne répondait…Akodo avait eu à ce moment l’impression de parler dans le vide, et d’être perdu dans ce vide, comme si le monde l’avait rejeté dans une profonde oubliette, pour se débarrasser de ce qu’il ne voyait que comme un monstre…

Il se rendit alors compte qu’une bonne partie des passants s’étaient écartés sur les bord de la rue, et qu’il se retrouvait seul au centre du chemin, tandis que les gens murmuraient et lui jetaient des regards dérobés. Il pouvait presque voir tous ces yeux remplis de haine et d’une incompréhension meurtrière…alors que les souvenirs et la rancœur affluaient dans son esprit, il sentit qu’aux bruits de la rue se mêlait un faible sifflement…un sifflement agaçant, comme un insecte qui le tourmentait de sa présence, un bruit qui s’imposait de plus en plus à son attention…il savait bien que ce sifflement était celui de son âme feulant contre le reste du monde…et il sentait ce vide grandir en lui, ce vide qui lui était insupportable…

Il avait faim.

Akodo essaya désespérément de reprendre ses esprits, de chasser ces pensées qui menaçaient de plus en plus de le faire basculer…il savait ce qui allait arriver s’il succombait maintenant, et il voulait à tout prix éviter ça. Il pensa de toutes ses forces, tenta de s’opposer à sa rancœur, mais rien n’y fit. Il l’avait laissé prendre le dessus, en se laissant envahir par ces sentiments…il était déjà trop tard pour l’arrêter, il n’y avait plus qu’à s’isoler, pour limiter les dégâts.

Le sifflement s’amplifiait, et avait à présent envahi son esprit…à chaque pas, une nouvelle image s’imposait, et nourrissait sa rancœur, et à chaque pas, ce bruit lui vrillait l’âme, pour y laisser son empreinte de haine et de rancune…Akodo marchait aussi vite que possible, et sentait que si quelqu’un l’arrêtait, il serait la première victime de cette crise…

Il ne voyait presque plus rien à présent, et, inéluctablement, finit par bousculer un passant. Alors que le choc sur son épaule se dissipait, Akodo sentit ses mains bouger d’elles-mêmes : il n’était plus que le spectateur de la rage qui avait pris le contrôle. L’importun fut agrippé, et son poing se leva pour libérer toute la rancœur…

Akodo entendit une voix féminine s’excuser avec confusion…cette voix était étouffée, comme s’il était enfermé, séparé du monde…mais cette voix lui fit ouvrir les yeux, et il vit ceux qui lui faisaient face…sans raison apparente, il lâcha prise et sa main se desserra…mais il ne pouvait s’en aller ainsi, et ses paroles lui échappèrent :
-T’avise plus de m’approcher…
Son âme se tordait de douleur alors qu’il s’était remis à courir vers son appartement…il ne savait pas pourquoi il n’avait pas pu frapper, mais l’autre n’en était que plus furieux, et le faisait souffrir davantage…

Akodo entra chez lui précipitamment, et prit la boîte en fer sur la commode. Tombant sur une chaise, il avala pilule sur pilule, croyant y trouver le remède à ses souffrances…mais on ne soigne pas les tourments de l’âme avec une chose aussi bassement réelle. Akodo sentait la rancœur couler dans ses veines comme du mercure, rongeant son corps de son influence terrible, et la souffrance du corps devenait la colère de l’âme…ses paupières refusaient de battre, et ses yeux fixaient le vide, fixant un point avec toujours plus d’intensité, jusqu’à ce que ses yeux eux-mêmes souffrent le martyre…le temps n’existait plus, seule restait la souffrance…Akodo gémissait, tandis que ses mâchoires se serraient dans leur rage, lui interdisant de hurler et de se libérer de sa douleur…et ce bruit, ce sifflement qui pourfendait jusqu’aux tréfonds de son âme…

Quelques minutes après être allé se coucher, Naruto fut réveillé par un bruit de verre brisé, un bruit qui venait de chez Akodo. Le jônin se leva sans prendre le temps de s’habiller, sortit et frappa à la porte de son voisin. La porte s’ouvrit tout seule dans un grincement. Naruto entra rapidement, et vit la fenêtre brisée, et les rideaux dansants dans le souffle du vent…et une sombre silhouette sautant de toit en toit…

Au sommet du bâtiment, une autre silhouette se tenait accroupie, et observait, comme elle l’avait fait ces derniers jours. Les yeux perçants du félin contemplaient Akodo s’éloigner, poussé par la rage et une faim qui dévorait aussi bien son corps que son esprit…
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Tayuya
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Message par Tayuya »

Ayé, j'ai lu les deux derniers chapitres. D'ailleurs, j'ai bien fait parce que ça montre à quel point un moment de bonheur peut déraper rapidement.

C'est vrai que le moment avec Sakura et Naruto est sympa. Un moment de complicité qui doit soulager Akodo. Quand on est nouveau, pas tellement évident de se sentir à l'aise (surtout dans son cas) alors avoir deux amis qui s'intéressent à vous... Le coup du petit déjeuner sur le toit est rigolo ^^
Le passage où tu décris la "gaffe" d'Akodo quand il parle de Sasuke est très bien décrite.

Pour le deuxième chapitre, tu décris très bien comment son monstre se réveille progressivement. ça fait penser à Gaara... et ça promet un peu de mouvement pour le prochain chapitre.

J'ai quand même un bémol, qui est en fait un peu le même depuis le début : même si ça se lit facilement, il ne se passe toujours rien. C'est bien de bien poser les bases, de décrire l'installation d'Akodo, comment il se fait des amis et tout mais on ne sait toujours pas quel est le fil conducteur, le noeud du problème quoi. Ce qui fait qu'on s'ennuie un peu.
Kanji
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Message par Kanji »

Nuit d’orage

Ce soir, le ciel était orné d’étoiles, comme tous les soirs. Et comme tous les soirs, ou presque, elle contemplait ces étoiles. Assise à la fenêtre de sa chambre, elle ne dormait pas, mais regardait le ciel avec cet entêtement que seuls connaissent ceux qui cherchent désespérément. Mais peine perdue, la lumière de ces gemmes nocturnes ne pouvait se refléter dans les cercles de nacres qui ornaient le visage de la jeune fille, comme si ces yeux ne pouvaient s’orner de sentiments, malgré ceux qui habitaient son âme.

Hinata ne dormait pas vraiment. Mais ce semi sommeil était différent de celui qu’employait son Kagemusha pour rester vigilant : lui savait reposer son corps tout en gardant ses yeux en éveil. Mais Hinata n’avait pas le talent de Neji, et elle n’avait de toute façon pas à rester aux aguets ; elle rêvait et pensait, sous les étoiles et à sa journée, et surtout à ce garçon qui avait failli la frapper. Ses yeux l’avaient intriguée…ce n’était pas tant sa conduite que ses pupilles d’airain qui semblaient étranges…Avec le temps, Hinata avait appris à voir au-delà des apparences, et s’était rendue compte que ce garçon luttait contre lui-même. Et elle en était venue à s’interroger sur son identité et sur les raisons de sa présence à Konoha. Sans doute aurait-il été logique d’en parler à Neji ou à son père, mais Hinata était comme gênée par le fait de parler de ce garçon à quelqu’un d’autre…

Elle se rendit soudain compte que quelque chose avait voilé les étoiles…le temps se dégradait, et la pluie commença à tomber…un orage arrivait certainement. Hinata s’apprêta à fermer sa fenêtre, mais elle discerna entre les arbres quelque chose…une chose qui l’arrêta immédiatement. Une énorme masse se déplaçait dans la forêt, qui commençait à rougeoyer, comme si elle prenait feu. Presque effrayée, Hinata tenta timidement de voir plus, et la soudaine lumière d’un éclair lui donna un bref aperçu de la lutte titanesque qui trouvait sa conclusion sous ses yeux. Elle activa son Byakugan pour percer le couvert des ténèbres, et la vision qu’elle eut fut marquée par le premier coup de tonnerre, qui sembla sonner le glas du vaincu. Le bruit du tonnerre masqua les rugissements des deux combattants qui se jetèrent l’un sur l’autre.

Et quelque chose fut rejeté violemment à la lisière de la forêt ; usant du Byakugan, Hinata tenta de voir de ce qu’il s’agissait. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait du même garçon qu’elle avait rencontré cet après-midi ! Akodo haletait bruyamment, ses vêtements étaient déchirés, brûlés par endroit et maculés de sang ; il se tenait voûté, son corps barré de multiples blessures et ses cheveux roux ruisselant d’eau de pluie. Pourtant, il ne semblait pas effrayé ou paniqué, mais il arborait un sourire réjoui. Hinata frissonna : la foudre éclairait un visage déformé par une grimace de jouissance malsaine, aux yeux exorbités, sur lequel les blessures avaient tracé un masque écarlate en lignes de sang.

Mais ce n’est quand elle vit l’adversaire d’Akodo que la peur s’empara vraiment d’elle. Les arbres s’inclinaient sur son passage, comme s’il traversait un champ de blé ; dérangé dans sa retraite sylvestre, ce seigneur des fauves s’avançait pour punir l’impudent qui avait osé s’attaquer à lui. Les forêts de Konoha abritaient des bêtes aussi anciennes que les cités des hommes, des tigres gigantesques à qui l’âge et l’expérience de nombreuses décennies avaient conféré une stature colossale et des pouvoirs surnaturels. Cet aîné d’une meute de grands tigres déchaînait sa fureur ardente sur la forêt, et avait poursuivi Akodo jusqu’ici pour en faire sa pâture. Seigneur de sa race, ce symbole vivant du feu rugissait tout en crachant un torrent de flammes qui embrasait les arbres.

Hinata se précipita hors de sa chambre : elle ne pouvait affronter seule ce monstre et sauver Akodo. Elle ouvrit rapidement le shôji et appela son Kagemusha à l’aide :
-Neji-nii-san !
-J’ai vu.
Neji était debout, vêtu de son yukata. Ses sens l’avaient déjà averti du combat qui avait lieu dehors. Le prodige du clan plaça la plaque de métal frappée du symbole de la feuille sur son front, et ses paupières révélèrent l’Oeil Blanc actif au moment où il serrait le nœud avec une fermeté qui témoignait de sa détermination. Il tourna son visage austère vers sa protégée et lui dit d’une voix calme :
-Mettez-vous à l’abri, Hinata-sama, ça pourrait devenir dangereux.
L’héritière de la Sôke acquiesça et revint se placer à sa fenêtre.

Neji descendit rapidement au rez-de-chaussée et trouva rapidement celui qu’il cherchait :
-Saito-san, j’aurais besoin de vous.
L’inquiétude apparente du Hyûga médecin contrastait avec les traits impassibles du jeune jônin.
-J’ai vu, et j’ai appelé le reste des gardes en faction, dit Saito, avant d’inviter Neji et les quelques autres Hyûga à le suivre vers le portail.

Hinata les vit franchir le seuil de la demeure, et son regard les suivit jusqu’à la lisière de la forêt, où Akodo et la bête se faisaient toujours face. La tête haute, le fauve semblait être un roi, dominant l’incendie de toute sa hauteur ; lui faisant face, Akodo se tenait voûté, ses épaules agitées par un rire presque dément et son visage caché derrière l’écran de ses cheveux roux maculés de pluie et de sang. Sa respiration lourde et bestiale laissait échapper des panaches de buée dans l’air froid malgré les flammes. Le tigre et les cieux laissèrent échapper un rugissement titanesque ; le vent glacial se leva et la pluie commença à tomber, tandis que les éclairs déchiraient les cieux.

Akodo s’élança avec un feulement rauque qui se confondit avec le sifflement du vent froid qui semblait le porter. Le tigre voulut déchaîner sa fureur et briser le chétif genin comme une brindille, mais ses mouvements perdirent de leur puissance alors que son adversaire se rapprochait. Akodo s’agrippa au poitrail colossal du fauve, et se remit à rire ; sa voix prit de plus en plus de force alors que le cri de douleur de ce qui était devenu sa victime faiblissait. Peu à peu, le vent souffla de plus en plus vite, et la pluie tomba de plus en plus fort ; les flammes qui dévoraient les arbres alentours s’éteignirent peu à peu, comme la vie du grand fauve qui agonisait tandis qu’Akodo se cramponnait toujours à son poitrail, s’y blottissant presque en geignant de plaisir.

Neji et Saito se rapprochèrent à pas lents et prudents de la lisière de la forêt ; des troncs calcinés s’élevaient des volutes de fumée, comme les bâtonnets d’encens d’un sinistre temple forestier. En face d’eux, la carcasse géante se flétrissait peu à peu ; accroupi sur le dos du fauve, comme une macabre gargouille, se tenait Akodo, les yeux mi-clos, comme s’il était en transe. Autour de lui, l’air surchargé de chakra tourbillonnait, faisant virevolter des filets de sang échappés de ses blessures. Ses mains, élevées au niveau de son visage, se serraient convulsivement, comme si son esprit s’efforçait de comprendre ce qu’il était et ce qu’il venait de faire. Et autour de lui commençaient à danser des lambeaux de chair et des fragments d’os arrachés au cadavre, tombant en poussière à son contact.

Tous ceux qui étaient venus pour sauver Akodo du fauve reculèrent face à ce spectacle terrifiant. Tous sauf deux. Les traits de Saito trahissaient son horreur, et même l’inébranlable Neji paraissait effrayé ; l’aîné des deux jônins activa son Byakugan, et frissonna. Même pour un Hyûga il était dur d’y voir clair, tant l’air était chargé de chakra ; du keirakukei d’Akodo se déversait un flot de chakra, à tel point que Saito put détailler clairement la structure compliquée des yabureme, et réalisa à quel point cette disposition était cohérente. En entrant dans le corps d’Akodo, le chakra se déformait selon les yabureme et semblait changer de composition et de fonction, comme si le métabolisme du genin adaptait le chakra au fur et à mesure qu’il entrait.

S’avançant d’un pas, Saito lança trois kunais vers Akodo, en une salve volontairement imprécise. Les deux premiers furent détournés par la masse de chakra qui entourait toujours Akodo, qui arrêta de son poing le troisième, à quelques centimètres de son visage. Baissant sa main, il ouvrit sur les Hyûga des yeux qui n’étaient plus que deux lacs d’airain. Et Saito trembla en réalisant à quel point ce dont il avait parlé à la réunion était juste.
-La seconde moitié de son être…comment ai-je pu avoir aussi horriblement raison ?

Son sens du devoir reprit le dessus : il devait maîtriser Akodo, pour le sauver et pour préserver la demeure de son clan. Il fit un pas, mais un bras emmanché de noir l’arrêta.
-Je m’en occupe, fit Neji.
-Faites attention Neji-san ! Il…
-J’ai vu. Rassurez-vous, il ne sait sûrement pas l’utiliser.
-Soyez prudent.
Le prodige des Hyûga s’avança avec détermination. Malgré le chaos qui régnait à la lisière, il ne trembla pas et continua de marcher, comme un ange impassible opposant son calme absolu à la fureur d’un démon.

Akodo vit ces deux yeux blancs s’avancer vers lui dans les ténèbres de cette nuit d’orage. Les éclairs ne lui donnaient qu’une lumière vacillante, mais il semblait discerner sans peine son adversaire dans l’ombre des arbres. Il sauta de la carcasse du tigre qui achevait de tomber en poussière, et se voûta de nouveau, comme pour signifier la différence qu’il y avait entre lui et le Hyûga qui le défiait de son regard immaculé. Sous l’écran pourpre de ses cheveux luisaient ses yeux d’airain, et sa bouche se tordit en un rictus bestial. Neji se posta trois mètres devant lui, droit et impassible. Son catogan ruisselait lui aussi d’eau, mais la pluie ne faisait que perler sur ses vêtements et ses cheveux, tandis que la lumière de la foudre se reflétait sur son bandeau. Son Byakugan luisait presque d’une faible lueur lunaire, et Neji se contenta de fixer Akodo, sans se mettre en posture de combat.

Le genin hésita un instant devant une telle assurance, puis s’accroupit et s’élança de toute la force de ses jambes, soutenu par la colossale énergie qu’il venait de dévorer. Neji fut pris de court par une telle vitesse, et n’eut pas le temps de se mettre en garde ; Akodo avait déjà agrippé ses bras, plaçant ses mains auréolées de chakra au niveau des coudes du Hyûga, qui réalisa en un instant. Neji connaissait cette prise, pour l’avoir déjà utilisée : cette posture du jyûken permettait de paralyser les bras. Son Byakugan décelait une quantité énorme de chakra dans les bras d’Akodo, et Neji savait qu’une telle décharge de chakra disloquerait son keirakukei, sans avoir besoin de la précision du poing souple.

Il fut un moment impressionné par l’intuition combative de ce garçon ; mais il ne commit pas l’erreur d’hésiter. Dix ans d’entraînement et d’expérience le firent réagir instantanément, et une faible lumière bleutée s’interposa entre ses bras et les mains d’Akodo ; cette lumière grandit et repoussa le genin. La jambe droite de Neji glissa en arrière, traçant un sillon circulaire dans la terre trempée, et un cri résonna dans la clairière, tandis qu’Akodo était rejeté plusieurs mètres en arrière par une sphère scintillante et tourbillonnante.
Kaiten

La forme bestiale d’Akodo se rétablit dans les airs et prit appui sur un arbre pour amortir son vol plané. Le tronc déjà calciné craqua et s’écroula en un nuage de cendres ; les yeux d’airain cherchaient leur proie, et la trouvèrent. Akodo grogna et se ramassa sur lui-même, prêt à charger.

Mais la silhouette gracieuse de Neji devint floue et disparut. Akodo resta interdit pendant une seconde, puis l’air se troubla devant lui. Il sentit un léger choc sur son front, et soudain eut l’impression que son crâne allait exploser. Une énergie formidable se répandait à la vitesse de l’éclair dans chaque recoin de sa tête, vrillant son cerveau et embrouillant son esprit. Il eut à peine le temps de laisser échapper un gémissement, puis il s’écroula aux pieds de la silhouette toujours immobile de Neji, qui détendit lentement son bras, index et majeur à la hauteur de son front.

Pendant un instant, le corps d’Akodo fut agité de spasmes, tandis que ses yeux redevenus normaux parcouraient frénétiquement l’assemblée des Hyûga, cherchant instinctivement du réconfort ou de la pitié dans ces regards blancs et froids. Pendant une seconde, il vit deux yeux différents et qui pourtant étaient blanc eux aussi…ces Byakugan emplis d’inquiétude et de compassion ramenèrent un souvenir dans son esprit confus, et il murmura faiblement :
-Maman ?
Puis les spasmes cessèrent, et la tête d’Akodo retomba, aussi inerte que son corps, qui gisait au milieu des arbres morts.

Le tonnerre faiblit, et l’orage s’éloigna. La pluie continuait de tomber sur cette scène qui avait retrouvé le silence, sous ce ciel que les étoiles avaient fui…
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Kanji
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Message par Kanji »

Une petite review peut-être ? J'avais l'impression que ça devenait moins chiant...

La demeure blanche

La nuit était silencieuse…et Akodo ne vit bientôt plus que ces deux yeux blancs, jusqu’à ce que le monde entier prenne leur couleur. Akodo baignait dans une douce lumière blanche, une chaleur bienveillante, comme s’il était enveloppé de coton. Il ferma les yeux et se laissa aller…

Ce fut un bruit tout aussi doux qui le réveilla : le chant délicat de l’eau qui coule. Akodo n’ouvrit pas les yeux, préférant baigner dans cette lumière, et se laisser bercer par cette mélodie relaxante. Il se sentait si bien…un tel bonheur ne pouvait être trouvé dans le monde des vivants…tous ses sens étaient emplis de cette sérénité si parfaite qu’elle en semblait inconcevable…

TOC.

Un bruit sec le tira de sa torpeur bienheureuse. Il ouvrit les yeux et vit un assemblage de poutres formant un plafond. Il ferma les yeux et les rouvrit, juste pour être sûr qu’il ne rêvait pas…curieusement, il était déçu de revenir à la réalité. Ne faisant que bouger la tête, il vit qu’il était allongé sur un futon et recouvert par une couverture ; il s’assit et cligna à nouveau des yeux…il avait beaucoup de mal à accepter que cette merveilleuse sensation n’était qu’un rêve, et souhaitait pouvoir la retrouver. Il se décida enfin à examiner l’endroit où il était ; il s’agissait d’une pièce ancienne, délimitée par des shôji, dont le sol était fait de tatami. Cet endroit dégageait une impression d’ancienneté, sans pour autant être vétuste : Akodo avait l’impression d’avoir remonté le temps et de s’être réveillé quelques siècles plus tôt, à l’époque féodale. Il s’examina, et vit qu’il était vêtu à l’ancienne également, d’un simple yukata noir ; ses mains étaient propres, et son corps frais et intact. Il ne réfléchit pas, mais son intuition lui dit qu’il se trouvait certainement dans l’antichambre du paradis.

TOC.

Intrigué par ce bruit, il décida de sortir. Repérant un shôji qui laissait passer plus de lumière que les autres, il repoussa la couverture d’un geste mesuré, presque cérémonieux, se leva doucement et marcha d’un pas tranquille vers le panneau : inexplicablement, il savait que cet endroit, quel qu’il puisse être, appelait à la déférence et au cérémonial. Il ouvrit le panneau et contempla calmement le spectacle qui s’offrait à lui. Entouré par une galerie était un jardin de méditation, à la fois simple et indescriptible. Le sol de gravier avait été ratissé pour que se forment des sillons symétriques, représentant l’océan ; des pierres plates traversaient le jardin comme un chemin, placé là pour que des pieds profanes ne perturbent pas le troublant agencement de cette mer grise et immuable ; quelques rochers étaient disposés : ils arrivaient à peine au genou, et pourtant, en les regardant, Akodo eut l’impression de contempler des montagnes millénaires et patientes, comme s’il chevauchait un nuage et avait une vue imprenable sur le monde ; un étang miniature s’étendait, imperturbable ; sur la berge de ce lac minuscule et pourtant si imposant, avait été installée une bascule faite d’un bambou creux, qui se remplissait au fur et à mesure de l’eau acheminée par un petit viaduc de bambou : lorsqu’il était rempli, il descendait lentement vers la berge de pierre, se vidant de son contenu liquide, avant de remonter, pour revenir à sa position de départ en heurtant un butoir, produisant ainsi ce bruit sec qui avait réveillé Akodo.

TOC.

Ce cycle semblait rythmer le silence, faisant respirer ce monde miniature en une répétition infinie et sereine. Akodo s’appuya sur la rambarde de la galerie et s’efforça de s’unir à ce rythme, pour rejoindre sa sérénité. Il fut interrompu dans sa tentative de méditation par le grincement du plancher, sous les pas d’un visiteur. Sans pouvoir expliquer pourquoi, Akodo sut de qui il s’agissait.
-Donc je ne suis pas mort, et je n’ai pas la chance d’être au paradis.
-Non, vous êtes vivant et vous avez l’honneur d’être l’hôte de la demeure des Hyûga, répondit Saito avec un petit rire.
-Ah…et c’est loin du village ?
-Non, à peine.
Saito redevint sérieux.
-Est-ce que vous vous souvenez de ce qui s’est passé la nuit dernière ?
Akodo devint pensif, et se palpa le menton.
-Bon…voyons voir…hier soir, vers 9h, je suis sorti de chez moi, en passant par la fenêtre fermée…ensuite, noir complet jusqu’à mon réveil, il y a dix minutes. Au fait, quelle heure est-il ?
-Près de 10 heures du matin.
-Tout de même…J’espère que je ne vous ai pas causé trop de soucis ? …Je n’ai tué personne ?

TOC.

Sa voix était devenue nettement plus tendue : dans cette demeure si sereine, il avait complètement oublié sa crise d’hier soir. Saito s’empressa de le rassurer.
-Non, ne vous en faites pas, vous n’avez tué personne. Par contre vous nous avez causé quelques soucis…Quoi qu’il en soit, plus de peur que de mal, donc ne vous inquiétez pas à ce sujet.
Akodo n’était pas rassuré, malgré le ton tranquille de Saito et sa recommandation.
-Racontez-moi, Saito-san.
-Eh bien…il semblerait qu’après être sorti de chez vous, vous vous soyez aventuré dans la forêt. Une fois là, vous avez…dérangé des animaux.
-Des animaux ?
-Une meute de grands tigres, pour être précis.
Akodo déglutit avec difficulté et Saito poursuivit.
-Voyez-vous, avec l’âge, certains animaux apprennent à maîtriser leur chakra instinctivement : les grands tigres du Pays du Feu atteignent des dimensions colossales, et les plus anciens possèdent des pouvoirs similaires au Katon. Lorsque vous êtes arrivé devant la demeure, en plein orage, vous étiez poursuivis par un très vieux tigre, de près de 5 mètres de long, qui a déclenché un feu de forêt.
-Et vous avez dû me sauver ?
Il était presque soulagé.
-Non. En fait, avant que nous n’ayons pu faire quoi que ce soit, vous l’aviez déjà vidé de sa vie, intégralement.
Akodo poursuivit d’une voix hésitante.
-Et…que s’est-il passé ensuite ?
-Nous avons dû vous neutraliser. Neji-san et moi avons dû vous affronter et vous assommer. Je me suis porté garant de vous auprès de Hiashi-sama, patriarche du clan, et vous avez ensuite été conduit ici pour vous reposer.

TOC.

Akodo vacilla et prit appui sur la rambarde. Il se passa la main sur le front. Il était en sueur.
-Vous avez réussi à me neutraliser sans qu’il y ait de blessés ?
Il avait déjà vécu ce genre de crises, et savait que son village ne s’en tirait jamais indemne.
-Il n’y a pas eu de blessés, pas même vous.
Akodo avait mal au crâne, mais ce n’était pas dû au choc.
-Comment vous avez fait ?
-Neji-san a employé une attaque de ma conception : c’est une frappe jyûken au front, qui est censée détruire le keirakukei du crâne, et donc tuer.
-Et j’étais trop solide pour en mourir, c’est ça ?
Il savait que ces crises lui conféraient une puissance souvent terrifiante : les gens de son village en étaient venus à le comparer au démon qu’il avait vaincu autrefois.
-Non. Si Neji-san ne s’était pas retenu, nous serions en train de préparer vos funérailles.

TOC.

Il ferma les yeux et tenta de se calmer, de se focaliser sur une image apaisante. Mais le souvenir de ce paradis immaculé était entaché de visions douloureuses et confuses, des souvenirs de la nuit…un faible sifflement se fit entendre dans son esprit…
-Vous devriez aller vous reposer…Vous avez mangé hier soir ?
-Non…
Akodo se massa la gorge doucement.
-Je meurs de soif aussi…
-Le sang est loin d’être désaltérant.

TOC.

Akodo avait l’air paniqué, mais Saito n’était pas surpris. Ce ne fut que lorsqu’il se mit à regarder autour de lui que le Hyûga s’inquiéta.
-Qu’y a-t-il ?
-La bourse que je portais au cou…
-Juste à côté de votre futon, avec votre bandeau.
Le genin poussa un soupir de soulagement.
-Reposez-vous maitenant. Je vais vous faire porter à manger.
Ils se saluèrent et Saito repartit tranquillement. Malgré la panique, Akodo ne se précipita pas ; ou plutôt il n’y arriva pas. Il ne savait pas pourquoi, peut-être était-ce son intuition qui semblait affinée, mais ce lieu lui imposait la retenue, la politesse, la bienséance. A côté du futon avaient bien été déposés son bandeau de ninja et la petite bourse qui contenait les yeux de sa mère. Un peu à l’écart avaient été déposés ses vêtements, ou plutôt ce qu’il en restait : ils portaient des traces de sang, de boue, de coupures et de brûlures…de brûlures ?

TOC.

Akodo préféra ne pas se rappeler. Il s’agenouilla et prit la bourse, qu’il passa délicatement à son cou ; il ramassa le bandeau, l’éleva et inclina la tête, avant d’en ceindre son front cérémonieusement. Il entendit de nouveau le bois de la galerie grincer, et vit une ombre s’agenouiller derrière le shôji, déposer quelque chose, frapper deux coups avant de se relever et de repartir. Akodo se leva, s’agenouilla et ouvrit le shôji. Un plateau lui avait été porté, un repas simple et sobre. Il sortit pour déjeuner sur la galerie, prit les baguettes et s’apprêta à manger, mais se retint avant de prendre une bouchée de riz.
-Itadakimasu.
Tout en mangeant lentement, Akodo laissa son regard se perdre dans la contemplation. Mais sa méditation fut à nouveau interrompue par ces flash désagréables, qui semblaient graviter dans son esprit comme autant de mouches agaçantes. Après quelques instants d’hésitation, il se décida enfin à remettre ses souvenirs en place.

S’asseyant en tailleur, il ferma les yeux et se concentra sur ce sifflement qui avait tourmenté son âme le jour précédent. Il s’efforça de surpasser sa peur de la douleur et de forcer sa mémoire à lui raconter les évènements qui l’avaient amenés jusqu’ici. Il commença à bâtir la voie du souvenir avec ce qu’il savait déjà : la matinée si agréable qu’il avait passé avec ceux qui étaient maintenant ses amis ; à cette pensée son cœur se réchauffa. Mais Akodo se concentra et se détourna à contrecoeur de cet heureux souvenir pour dévoiler la suite. Il avait ensuite suivi le conseil de Sakura et s’était promené dans le village ; et là avait commencé la dépression : Akodo avait plongé dans les souvenirs de l’époque la plus noire de sa vie, cette année qui lui avait fait l’effet d’une éternité en enfer. Il avait sombré, et la rancœur terrible que ce souvenir avait réveillé avait pris le contrôle, et menaçait tout le village de sa rage vengeresse. Akodo eut du mal à se souvenir de la suite, mais se fit violence pour continuer et creuser plus profond dans sa mémoire, comme s’il devait se meurtrir pour réussir. Il se rappela d’un visage, le visage d’une jeune fille qui avait failli être la victime de sa rage…mais il n’avait pas frappé…et n’en avait été que plus énervé. Akodo s’arrêta à ce moment, et tenta de se remémorer l’évènement, pour comprendre ce qui avait arrêté sa main…c’était quelque chose à propos de cette fille…mais Akodo ne parvint pas à se souvenir de son visage, malgré tous ses efforts, il restait flou…

Replongeant dans sa mémoire, il se vit entrer chez lui et s’asseoir, immobile, sur une chaise, fixant le vide comme si ses yeux essayaient désespérément de s’ancrer au monde pour échapper à l’horreur qui le dévorait inexorablement. Des heures passèrent alors qu’il restait figé dans un silence de mort, uniquement troublé par les faibles gémissements qui s’échappaient de ses mâchoires tétanisées. Puis il se leva, avec des mouvements saccadés qui devinrent de plus en plus souples au fur et à mesure qu’il s’approchait de la fenêtre ; se voûtant comme une bête, il sauta et brisa la fenêtre avec aisance, avant de parcourir les toits en direction de la forêt. Alors qu’il se contemplait sauter et bouger avec une agilité inhumaine, Akodo eut une sensation familière : il était observé à ce moment. Il vit la cime des arbres se rapprocher à toute vitesse, et le noir recouvrit ses yeux alors qu’il plongeait dans l’océan d’émeraude.

TOC.

C’était à ce moment que sa conscience s’était effacée. Mais Akodo savait qu’il pouvait en apprendre plus…à un prix : il lui fallait se rapprocher de l’autre pour accéder à ses souvenirs. Il craignait d’y céder une fois de plus…mais il sentit que cela n’arriverait pas s’il gardait le contrôle de lui-même, s’il ne cédait pas à la colère…et ce lieu l’y aiderait : Akodo ressentait de plus en plus le pouvoir apaisant de cette demeure, et de l’état méditatif qu’elle permettait. Il commençait à entrevoir que le calme et la retenue qu’il cherchait dans son caractère passait par tous les aspects de la vie : rien qu’en s’efforçant d’agir et de parler de façon mesurée, il avait apaisé son esprit et ses inquiétudes. Il ne cèderait pas, pas tant qu’il serait ici et qu’il respecterait ce lieu.

Il ferma les yeux et se focalisa sur cette rancœur qu’il avait ressentie ; il tenta d’en percevoir le cœur sans se laisser influencer, de voir ce qu’elle recelait tout en restant hors de sa portée. Et il y parvint. Il commença à percevoir des fragments d’images et de sensations, des flashs violents ; et il sentit le sifflement reprendre, ce grésillement entêtant qui l’avait entraîné dans la crise. Mais il ferma ses oreilles à ce bruit et focalisa ses sens sur les images qui lui parvenaient.

…les feuilles fouettant son visage alors qu’il parcourrait la forêt…la faim grandissante…le bruit infime des gouttelettes de pluie martelant la végétation…l’odeur de l’orage se rapprochant…des rugissements, les siens et ceux de ses adversaires…la bataille confuse avec des fauves, ses frères qu’il tuait les uns après les autres, se repaissant de leurs vies…une silhouette titanesque l’écrasant de sa présence…la peur et la fuite…et cette colère ardente qui le poursuivait inlassablement pour venger le meurtre de ses enfants…

Le sifflement s’accentuait, et Akodo s’accrocha au souvenir plus proche du chant paisible de l’eau, qui l’apaisa une fois de plus. Les images et les sensations se firent plus douces, moins violentes, tandis qu’il sentait la pluie couler sur son visage et sa peau se hérisser sous le froid que cette nuit recelait. L’orage grondait et les éclairs illuminaient sa victoire et la joie ignoble qui envahissait son âme tandis que l’immense vie ardente nourrissait son corps. Puis la menace alors que les étoiles pleuraient sur les cadavres des arbres, qui laissaient à leur tour couler leurs larmes de fumée vers les cieux. La proie s’approchant, et la jubilation malsaine du prédateur repu ; mais la proie se défendait, et l’échec retentit dans son âme, tandis qu’il voyait une lumière bleutée repousser ses assauts ; cette lumière se fondit dans la nuit, pour revenir frapper son front et y entrer. Le monde se figea, et il n’y eut plus que le sifflement. Akodo n’en pouvait plus, mais il sentait qu’il lui manquait quelque chose. Au prix d’un effort immense et d’une douleur terrible, il parvint à arracher au néant ce souvenir.
-Des yeux !

TOC.

Et ses pupilles mordorées se retrouvèrent face à ces yeux dont il avait retrouvé le précieux souvenir. Devant lui se tenait deux membres du clan Hyûga, vêtu du yukata traditionnel. Un jeune homme de la taille d’Akodo, ses cheveux coiffés en catogan, selon la tradition, et une jeune fille aux cheveux longs, le visage encadré par deux mèches…cette même jeune fille qui avait arrêté son poing de ses yeux…ces mêmes yeux qui avaient emplis son sommeil. Le jeune homme s’était placé un pas devant la jeune fille, entre elle et Akodo, comme s’il voulait la protéger du jeune genin. Il se leva et s’inclina, ne sachant que faire d’autre.
-Neji-san. Et qui est votre protégée ?
-Hinata-sama, fille aînée de Hiashi-sama, et héritière de la Sôke.
-Hinata-sama, fit Akodo tout en s’inclinant profondément.
Elle lui rendit timidement son salut.
-Neji-san, j’ai appris par Saito-san que c’est vous qui m’aviez arrêté. J’espère ne pas vous avoir causé de soucis.
-Non, juste ce qu’il faut.
Neji n’avait pas souri et n’avait pas bougé, aussi hiératique qu’une statue gardienne. Son Byakugan fixait Akodo avec intensité, vigilant.

TOC.

Neji resta impassible ; Hinata se sentit un peu intimidée : après tout, Akodo avait failli la frapper, et elle l’avait vu à l’œuvre hier soir ; Akodo, quant à lui, était assez gêné : il était loin d’avoir fait bonne impression lors de leur première rencontre, que ce soit auprès de Neji ou de Hinata, qui avaient à priori un statut élevé dans une des plus respectables familles aristocratiques du Pays du Feu. Il finit par s’asseoir et par rediriger ses yeux sur le jardin, tentative de fuite lâche et inutile : il voulait à tout prix échapper au regard inquisiteur de Neji. Hinata s’assit à son tour sur la galerie, tandis que Neji se plaçait debout entre eux, un peu en retrait.
-Et vous, vous allez bien ? demanda-t-elle.

TOC.

Akodo était stupéfait et le laissa un peu transparaître : c’était bien la dernière question qu’il attendait. N’avait-il pas directement menacée et offensée l’héritière directe du clan ? Il tourna la tête pour pouvoir observer son visage, et lut dans ces yeux qu’il ne s’agissait pas d’une formalité imposée par la politesse et venant d’une personne de haut rang, mais bel et bien de l’inquiétude sincère d’une simple jeune fille de son âge. Confus, il la regarda pendant quelques secondes sans répondre. Elle semblait attendre la réponse, et Akodo sentait toujours le regard de Neji dans son dos. Il se sentit de plus en plus gêné, mais était incapable d’articuler un seul mot…

Un miaulement joyeux se fit entendre, et Akodo tourna les yeux vers le jardin. C’était bien la première fois qu’il était content de voir ce chat…Il vint vers eux en faisant crisser le gravier sous ses pattes…ce chat semblait pouvoir attirer les regards par sa simple présence. Il put observer l’animal en détail, et remarqua à quel point il était étrange…En plus de la petite tache noire sur son museau, son dos était marqué par une autre tache de la même couleur, mais bien plus grosse, comme si quelqu’un s’était amusé à répandre de l’encre sur lui. Son pelage était d’un blanc immaculé, à part le bout de sa queue et de ses pattes, qui étaient eux aussi noirs, comme s’il les avait trempé dans un flacon d’encre, un peu comme on y tremperait un pinceau. A ce moment, Akodo se rappela que Honshû avait mentionné son nom : Fude, comme le nom d’un petit pinceau de calligraphie…Un chat calligraphe.

Le félin regarda les trois personnes de ses yeux perçants, et Akodo en l’impression qu’il arborait un sourire amusé…il se débarrassa de cette pensée en pensant qu’un chat étant incapable de genre d’expression. Fude sauta sur les genoux d’Hinata, qui commença à le caresser doucement, avec un sourire. Akodo saisit l’occasion, et tenta une nouvelle fois de résoudre le mystère du matou.
-Vous connaissez ce chat ?
-Très peu…il n’est pas à nous, mais c’est un habitué : il vient souvent ici.
-Hinata-sama.
La voix douce de Neji semblait la rappeler à l’ordre. Elle déposa Fude, qui ronronnait bruyamment, et se leva.
-Akodo-kun, je suis soulagée de voir que vous allez bien.
Akodo se leva et s’inclina de nouveau. Les deux Hyûga s’en allèrent après l’avoir salué. Le jeune genin hésita pendant un moment, puis se ravisa. Il baissait les yeux vers Fude, et crut voir le chat lui adresser un regard réprobateur.
-Quoi ? fit Akodo avant de réaliser qu’il parlait avec un chat.
Il tourna la tête et vit que Hinata et Neji allaient bientôt s’effacer derrière un shôji.
-Excusez-moi !
Ils se retournèrent.
-J’aimerais présenter mes excuses à Hiashi-sama pour ce qui s’est passé hier soir.
Hinata eut l’air surprise, Neji se contenta de hausser légèrement les sourcils. Akodo se dit qu’il n’aurait pas dû faire cette requête. L’héritière de la Sôke regarda son Kagemusha qui fit oui de la tête. Elle se tourna vers Akodo en souriant.
-Nous allions justement voir mon père.

Hiashi était en pleine discussion avec Saito, lorsqu’ils furent interrompus par trois coups discrets sur le shôji.
-Entrez, fit Hiashi de sa voix calme.
Neji ouvrit le shôji et entra à genoux. Il se décala pour laisser l’entrée libre et invita Hinata puis Akodo à entrer.
-Akodo-kun souhaiterait vous parler un moment, Hiashi-sama.
S’ils furent surpris à cette nouvelle, rien ne le laissa deviner sur le visage de Saito et Hiashi, qui acquiesça. Hinata entra à genoux et s’inclina pour saluer son père, puis partit se placer à ses côtés, à la place de la Sôke, tandis que Saito s’inclinait devant elle, à la droite de Hiashi, contre le mur de la salle. Lorsque Akodo entra, tous se turent et même Hiashi ne put étouffer totalement sa surprise : entrait à genoux un jeune homme arborant le bandeau de Konoha et un yukata immuable, ses cheveux roux reflétant la lumière du soleil comme un feu captif. Il posa ses paumes sur le tatami et son front toucha le sol en signe de respect. Neji referma le shôji et se plaça entre Saito et Hiashi.
-Je vous prie, dit le patriarche du clan en faisant signe à Akodo, qui se redressa et fit face à cette assemblée.
Hiashi avait retrouvé un visage de marbre, mais Saito ne pouvait cacher son étonnement.

Un peu plus tard, Akodo franchissait le portail de la demeure, toujours vêtu de son yukata et portant un sac qui contenait les restes de ses vêtements. Saito l’attendait à l’extérieur.
-Je suis prêt, fit Akodo.
-Bien. Cela ne nous prendra qu’un quart d’heure pour rejoindre le
centre-ville…vous avez fait forte impression tout à l’heure, Akodo-kun.
Le genin eut un regard interrogateur, estimant cette réaction plus polie qu’une question directe.
-Eh bien, vous étiez l’image même de votre mère. Je pense que Hiashi-sama et moi-même nous faisions exactement cette idée du fils que Mayumi aurait eu au sein du clan. Il n’y a que vos yeux qui vous trahissent.
Saito prit alors une mine pensive, comme souvent, avant de remarquer quelque chose.
-Qu’y a-t-il ? demanda Akodo.
Saito lui indiqua le portail du doigt. Hinata le franchissait en marchant vers eux. Akodo vint vers elle et s’inclina ; elle lui rendit son salut en souriant.
-Au revoir Akodo-kun…J’espère que vous irez mieux maintenant.
Une fois de plus, Akodo ne sut que répondre à tant de sollicitudes et à ces yeux immaculés.
-Merci beaucoup, Hinata-sama, finit-il par dire, avant de s’incliner.
Il repartit en direction du village, Saito l’accompagnant. Le Hyûga regarda Hinata puis Akodo et arbora un sourire amusé ; Hinata souriait elle aussi, mais son visage affichait aussi une gêne timide. Akodo, quant à lui, ne savait que dire ni que penser, et préféra se murer dans le calme et la bienséance qui l’avaient réconfortés ici…
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tiranor
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Message par tiranor »

bah c'est bien sur moins chiant, mais on reste quand meme dans une période ou l'histoire n'avance pas énormément, ce que je ressent de ce dernier chapitre est simplement un autre moment pour mieux poser ton histoire, pour approfondir ton perso principal, cela reste tout de meme bien pensé, bien écrit à première vue, je pense que les autres ainsi que moi attendons un peu que l'histoire reprenne vraiment, ton arc avec la crise est plutot interessant car il nous permet de voir que tout peut basculer d'un petit rien, et je me languis déjà de lire la suite qui a l'air de reprendre avec le fond de l'histoire : akodo étant une arme pour la guerre ;-)
Tayuya
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Message par Tayuya »

J'ai beaucoup aimé ce chapitre. Tu arrives à installer une ambiance feutrée et calme qui agit aussi sur le lecteur. Le coup du "toc" à répétition, c'est super. Les descriptions sont très bien.
La tendance en général c'est de montrer le domaine Hyuuga comme un lieu sévère et guindé mais là, tu montres un autre côté tout aussi crédible. Bravo.

Néji et Hinata étaient parfaits dans leur rôle respectif, surtout lui. Il intervient très peu mais on le sent présent tout le temps, comme une sentinelle.

Excellent ;-)
Kanji
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Message par Kanji »

Un chapitre partout très populaire pour son ambance unique.

Nous arrivons à la fin de la première saison. La deuxième, je vous le promets, apportera bien plus d'action.
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Kanji
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Message par Kanji »

Avant-dernier chapitre de la saison 1 : dans le prochain chap, rencontre avec le futur sensei d'Akodo, dont vous avez peut-être déjà deviné l'identité. D'ailleurs si vous voulez essayer de deviner publiquement par post interposés, j'en serais ravi.

Bois et soleil

Une goutte de sueur perla au front d’Akodo. Saito parvenait à garder son calme, et Akodo l’enviait. Lorsqu’il avait quitté la demeure des Hyûga, il n’avait pas pensé qu’il finirait par se retrouver dans cette situation…comment avait-il pu être aussi naïf…mais rien que de penser à une telle chose était effrayant…

-Compliments, fit Tsunade.
Dès que Kotetsu leur avait annoncé que l’Hokage voulait les voir, Akodo avait su que ça se passerait mal. Lui et Saito se tenaient devant le bureau, et tremblaient presque sous le regard sévère de la Sannin légendaire, attendant que sa colère explose.

Akodo tenta de rattraper la situation.
-Je suis vraiment désolé, Godaime-sama, mais je n’aucun contrôle sur mes crises.
-Alors c’est de ma faute peut-être ?
Tsunade n’avait pas haussé le ton, mais Akodo se tut immédiatement. Saito toussota avant de parler.
-Sauf votre respect, c’est en partie de votre faute.
-Ah oui ?
-Je pense que vous avez bien vu que la réunion n’a pas aidé Akodo à se contrôler.
Après un temps de froncement de sourcils, Tsunade fit oui de la tête : après tout, Saito était la référence lorsqu’il s’agissait d’Akodo.

Elle poursuivit.
-Bon. Akodo, vu ce qu’il s’est passé hier soir, je pense qu’il n’est plus temps d’attendre. Demain, tu partiras avec la team Kakashi pour une entrevue avec ton futur sensei…enfin du moins avec celui que nous vous avons choisi pour sensei.
Akodo avança la question qui lui venait à l’esprit.
-Où est la différence ?
-…Nous ne sommes absolument pas sûrs qu’il acceptera de te prendre comme élève.
Elle ne lui laisse pas le temps de poser une autre question.
-Vous partirez demain à 13 heures, ça te laisse à peu près 24 heures. Tu peux disposer.
Après avoir salué Tsunade, Akodo se retourna et s’en alla, un sourire aux lèvres : il allait enfin avoir une journée tranquille.

Godaime se tourna vers Saito.
-Dis-donc, Saito, tu as remarqué ?
-Oui…à part les yeux, c’est tout le portrait de Mayumi. Il a fait forte impression chez nous aussi, surtout quand il a demandé à présenter des excuses personnelles à Hiashi-sama.
Tsunade cilla trois fois très exactement.
-Alors là il m’épate.
Saito se contenta de hocher la tête, avant de sortir un parchemin scellé d’un des rangements de sa veste.
-Lorsque vous verrez Kakashi, remettez-lui ceci. C’est pour…
-Ce sera fait. Tu peux disposer.
Saito s’inclina profondément et disposa. Tsunade appela
-Kotetsu, Izumo !
Les deux chuunin apparurent immédiatement.
-Je veux Kakashi dans mon bureau avant ce soir.
-A vos ordres ! firent-ils avant de repartir.
L’Hokage laissa échapper un gros soupir en regardant le parchemin toujours scellé : son intuition ne la trompait pas, c’était encore des ennuis en perspective…

En arrivant au pied de son bâtiment, Akodo s’aperçut que la fenêtre était toujours brisée : il faudrait la remplacer lui-même…Mais ce n’était pas ça qui allait entamer son moral. Par expérience, il savait qu’après une crise, il n’avait plus rien à craindre pendant un certain temps : cette journée s’annonçait vraiment bonne. Il riait encore en pensant aux mines surprises des passants qui se retournaient dans la rue pour le regarder : le yukata traditionnel des Hyûga combiné à ses cheveux roux devait donner un résultat assez surprenant. Arrivé devant sa porte, il porta sa main à sa cuisse, et s’aperçut bien vite qu’il n’y avait plus de poche, ni de clé à l’intérieur.
-Eh merde ! laissa-t-il échapper assez bruyamment.

BLAM !!

La porte de l’appartement de Naruto venait de s’ouvrir à la volée.
-Akodo ! Ca va ? Qu’est-ce qui s’est pass…êh ?!
Le jônin s’était tu lorsqu’il avait vu Akodo « déguisé » en Hyûga.
-C’est quoi aujourd’hui, bal costume ? dit-il avec un petit rire.
-Non. Hier soir, je suis tombé en état de crise, je suis passé par la fenêtre. Le lendemain matin, je me suis retrouvé dans la demeure du clan Hyûga, avec mes vêtements dans cet état.
Il ouvrit son sac, montrant les restes de ses habits.
-Et j’allais pas porter ça, ce ne serait pas correct.
Il fouilla dans son pantalon rapiécé, trempé et calciné, et finit par en ressortir ses clefs.
-Et t’as vu Hinata ?
-Hinata-sama, la fille de Hiashi-sama ?
-Heu…ouais.
Naruto semblait être gêné par quelque chose.
-Dans ce cas, oui, j’ai vu Hinata-sama.
-Pourquoi est-ce que tu…Retire ton bandeau.
Akodo s’exécuta. Après avoir examiné son front et n’y avoir pas trouvé le sceau de la Bunke, Naruto poursuivit.
-Ah ben non…mais alors pourquoi tu parle comme ça ?
-Plaît-il ?
-Ben pourquoi tu lui donnes du sama, pourquoi t’as l’air aussi sérieux et pourquoi t’es sapé comme ça ?!
-Premièrement je t’ai déjà expliqué pourquoi j’étais habillé ainsi. Deuxièmement je suis sérieux si je veux. Troisièmement, elle est la fille aînée du patriarche de la plus grande famille aristocratique du Pays du Feu, et moi je suis un roturier : je dois lui témoigner du respect. Et maintenant si tu veux bien m’excuser, j’aimerais prendre un peu de repos.

Il se retourna et ouvrit la porte.
-Elle est de mon année, et elle est chuunin, répliqua Naruto beaucoup plus calmement.
Akodo s’arrêta net dans l’encadrement de la porte.
-Tu la trouves comment ?
-…Douce et gentille.
Il ferma la porte.
La fenêtre brisée laissait la lumière du soleil éclairer et réchauffer doucement l’appartement…la chambre solitaire d’Akodo était soudain devenue un endroit ensoleillé, tout comme le nom de la princesse du clan Hyûga. Akodo laissa échapper un murmure.
-Hinata…
Il se changea et rangea soigneusement le yukata. Après avoir salué respectueusement ses parents, il sortit.

Un ample pantalon de lin noir impeccable s’arrêtait au niveau de ses chevilles, lui laissant une parfaite liberté de mouvement ; il portait une veste de style chinois d’un noir d’encre. Le bandeau à motif de feuille de Konoha ceignait son front, sur lequel tombait ses mèches rousses flamboyantes et à son cou pendant la bourse de cuir contenant les yeux pétrifiés de sa mère. Peu de passants se retournèrent sur son chemin, mais Akodo n’y prêta pas attention. Même ceux qui le connaissaient auraient eu du mal à le reconnaître ; ni ses vêtements ni son apparence n’avaient changé. Mais ses manières étaient tout autres : Akodo était au départ un garçon sympathique et affable, qui se faisait des amis très facilement ; après la mort de ses parents, il était devenu aigri, cynique et agressif. Mais à présent, c’était un homme calme et posé, aux gestes lents et mesurés ; sa voix était calme et ses manières polies. Quelques heures passés dans la demeure ancestrale des Hyûga avaient suffi : il s’était rendu compte que seule une attitude posée pouvait l’aider à contrôler ses pulsions et à éviter les crises. Il trouvait dans cette voie une sérénité qu’il n’avait jamais trouvée ailleurs.

Après avoir commandé une nouvelle fenêtre chez le vitrier et acheté quelques dango, Akodo erra dans le village pendant des heures, sans penser à quoi que ce soit, et surtout pas à sa destination. Il était comme un somnambule, marchant presque sans conscience, sans sensations et sans pensées, perdu dans la sensation de vide relaxant que procurait la détente. Après ses crises, il avait d’habitude les nerfs à vif, il était nerveux et encore plus susceptible, mais trop épuisé pour s’énerver véritablement. Il semblait pourtant que son changement d’attitude lui ait permis d’atteindre le calme sur ce plan aussi ; Akodo découvrait, après des années d’ignorance, ce qu’était la maîtrise de soi : en quelques jours, il avait réussi à affuter sa sensibilité au chakra et à contrôler son esprit partiellement, et même à arracher des souvenirs à son autre aspect. Chaque jour, il avait l’impression de se rapprocher de l’état méditatif, cet état qui semblait lui offrir le contrôle total de lui-même.

Il sortit subitement de sa torpeur. L’endroit où il se trouvait dégageait quelque chose d’inhabituel, de plus puissant. Ouvrant les yeux, laissant ses sens revenir, il s’aperçut qu’il était devant une vieille maison, cette même vieille maison qui l’avait vu se confier à Naruto, dans un grand parc, près des murs de Konoha. Une petit maison à un étage, délabrée, vermoulue et grinçante.

Sans réfléchir, Akodo s’en rapprocha. Il avait déjà senti ce que dégageait cette maison la première fois ; mais ses sens semblaient avoir acquis depuis une acuité supérieure, et l’impression se précisait au fur et à mesure qu’il approchait. Il franchit le seuil, et sentit : cette maison était en deuil. Akodo fut presque assailli par la tristesse qui émanait de cette ruine.

Il ôta respectueusement ses sandales avant d’entrer et de parcourir l’unique salle du rez-de-chaussée. La tristesse du deuil était toujours présente, elle semblait avoir envahi la maison depuis longtemps ; Akodo pouvait presque la voir former de sinistres volutes autour des meubles, et retomber comme une brume funeste sur les tatamis. Guidé par son intuition, il explora la pièce comme un aveugle, palpant les objets et s’ouvrant à ce qu’ils recelaient ; il restait un reliquat de vie et de chakra dans le bois de la charpente, et Akodo y sentit ce que le deuil avait recouvert : ici vivait une famille, autrefois.

Il y avait tellement d’amour dans cette maison…de la dévotion et de l’affection, l’amour d’un père, l’attention qu’il portait aux moindres détails de la vie quotidienne ; et la reconnaissance d’un enfant…mais le deuil était présent même dans les entrailles du bois, comme si les occupants de cette maison avaient été en deuil depuis le début. Cette famille devait éprouver des sentiments forts pour que la maison en soit imprégnée encore aujourd’hui…

Il monta lentement les escaliers, prudemment, en frissonnant à chaque grincement plaintif que le bois laissait entendre. A l’étage, un couloir s’ouvrait successivement sur deux chambres, puis sur la salle de bain. Il entra dans la première chambre, passant la porte à gauche. Il n’y avait rien là, à part quelques fils électriques. Mais cette pièce était chargée d’émotions : Akodo y sentit la tristesse toujours…tombant à genoux, il s’efforça de percer les secrets de la chambre, arc-boutant son esprit pour sentir plus précisément. Au deuil avait succédé la joie, l’amour, ce même amour paternel qu’il avait ressenti plus tôt. C’était la chambre du père. Ses mains tremblèrent et une larme coula sur sa joue lorsque ses sens poussés à bout lui révélèrent la fin : honte, échec, mort…quelque chose de terrible était arrivé, et le père ne l’avait pas supporté. Plus que le deuil, c’était la mort qui s’imposait avec une force terrible à l’âme d’Akodo. Le jeune genin recula involontairement, sortant de la pièce : il ne pouvait supporter cette pression.

Il se releva en tremblant, puis entra dans l’autre chambre. Mais ici il ne semblait y avoir aucune sensation…pourtant il distinguait des traces, trop diffuses pour qu’il puisse sentir précisément…avant qu’il ne puisse préciser son intuition, il sentit distinctement que quelqu’un approchait derrière lui, silencieusement. Il ne prit pas la peine de réfléchir.

La baguette de dango se planta dans le bois, à l’endroit où Fude s’apprêtait à poser la patte. Le chat et le genin se dévisagèrent. Akodo était à fleur de peau ; il ressentait tout avec une acuité inhumaine, et avait réagi sans voir ou entendre, sans même réfléchir, avant même que son esprit conscient ne réalise la présence de Fude.

En regardant le chat, il prit conscience pleinement de l’anormalité de Fude : il le voyait sourire légèrement, les yeux plissés…comme un maître observant les progrès de son élève. Akodo sut alors que le chat l’avait constamment observé, depuis son arrivée à Konoha. Il eut même l’impression que le chat l’avait suivi depuis le début de son voyage vers Konoha…Qui était-il ? C’était un chat avec les traits et les yeux d’un homme…Akodo focalisa ses sens et scruta les yeux d’ambre du chat, tentant de saisir sa pensée…

Fude ronronna et se lécha la patte, avant de la passer derrière son oreille, faisant sa toilette comme n’importe quel chat. Akodo eut l’impression de tomber de haut : après un moment d’une telle intensité, alors qu’il était sur le point de percer le secret du félin…Akodo ne sentait plus rien. La maison ne dégageait aucun sentiment, et les yeux de Fude étaient désespérément ordinaires. Le jeune genin eut presque honte de lui-même : comment avait-il pu croire qu’un chat lui souriait ? Il enjamba Fude et descendit l’escalier avec la délicatesse d’un troupeau de bœufs.
-C’est bien. Très bien.

Akodo s’arrêta net sur la dernière marche. Il avait cru entendre quelqu’un dire cela d’un souffle, un peu comme si le vent lui-même avait murmuré. Il se retourna, parcourut la pièce des yeux, mais ne vit personne. Rien d’autre que lui, cette étrange maison, et cet idiot de chat, le museau fourrageant dans ses poils. Passablement énervé, il ne se fit pas prier plus longtemps et sortit.

Une fois chez lui, il trouva une enveloppe portant le symbole de Kakashi. Il lui donnait rendez-vous à 13 heures devant la grande porte du village. Akodo dîna rapidement, et, voyant que la nuit était tombée, monta sur le toit. Le ciel était dégagé, sans nuages, la lune était nouvelle et les lumières de la ville étaient faibles, laissant la lueur immaculée des étoiles visible.

Akodo s’assit et leva la tête, contemplant les astres nocturnes, usant de leur agencement complexe pour apaiser son esprit ; très vite, plus rien n’eut d’importance que de les regarder, sans rien faire ni penser. Une seule pensée resta et acheva de calmer son âme. Et la sérénité, comme toujours chez lui, appela le chant : il aimait chanter dans ces moments, quand rien ne pouvait le troubler.

Une chanson sur le soleil résonna dans la nuit…
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Kanji
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Message par Kanji »

Bon, voilà le dernier épisode de la saison 1. Quelques reviews ?

Neko-sennin

Un profond soupir retentit entre les arbres de Konoha ; mais cette fois il n’était pas né de la lassitude, mais de l’exaspération. Akodo regarda sa montre pour la 20e fois : il était 13h05, et il était le seul devant la porte du village, le lieu de rendez-vous. Il regarda encore une fois le mot de Kakashi : « Rendez-vous à 13h00 à la porte. » Ils exagéraient, tous autant qu’ils étaient. Akodo n’avait jamais aimé les retards, mais aujourd’hui plus qu’hier et sans doute bien moins que demain : il avait appris récemment les bienfaits de la politesse et comptait les cultiver.

Quelques secondes plus tard, il entendit des pas derrière lui.
-Salut Akodo !
-Konnichiwa Sakura-san…vous êtes en retard.
Sakura vérifia si elle n’était pas accompagnée à son insu, et, constatant qu’elle était seule, comprit qu’Akodo la vouvoyait.
-Désolé pour le retard Akodo…mais tu n’es pas obligé de me donner du san, on est entre nous et…
-Nous sommes entre ninjas et vous avez un rang supérieur au mien.
-Et tu peux me tutoyer…qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tu me parlais pas comme ça à l’hôpital.
-Je me dois de respecter les convenances, c’est tout. Donc, pourquoi ce retard ?
-Eh bien, c’est parce que Kakashi-sensei n’arrivera pas avant la demie.
-Il vous l’a dit hier ?
-Non, il est toujours en retard.

Des bruits de pas précipités se firent entendre. Naruto arriva et haleta quelques secondes avant de demander d’une voix inquiète :
-Kakashi-sensei est là ?
-Non, t’en fais pas. Lui fit Sakura
-Ouf…ça commençait à m’inquiéter : la dernière fois il était arrivé en avance, j’ai eu peur qu’il ait décidé de changer ses bonnes vieilles habitudes…
Akodo poussa un nouveau soupir…c’est du joli, pour un shinobi légendaire.

13h33…Akodo en avait vraiment marre.
-Salut les jeunes !
-Vous êtes en retard ! crièrent Naruto et Sakura avec un air faussement scandalisé, avant de se mettre à sourire largement.
-Content de vous retrouver normal, Kakashi-sensei, fit Naruto.
Kakashi lui rendit son sourire avant de poursuivre.
-Bon, on y va ?
Mais Akodo voulait régler quelque chose auparavant.
-Puis-je savoir pourquoi vous êtes en retard ?
Avant que Kakashi puisse répondre, Sakura énuméra :
-Oh il a certainement vu un chat noir, brisé un ou deux miroirs ou alors il est passé sous une échelle, ce qui l’a obligé à partir écarter la malchance dans un temple.
Naruto poursuivit derechef :
-Ou bien il s’est rendu compte qu’il avait encore des courses importantes à faire, du courrier en retard, il est tombé sur une vieille connaissance ou il s’est tout simplement perdu en chemin.
-Voilà, dit Kakashi en haussant les épaules et en souriant.

Akodo toussota poliment avant de lui adresser son reproche.
-Je trouve tout de même ça exagéré, sempaï : quand on indique une heure de rendez-vous, on s’y tient. Et ça vaut pour vous aussi, Naruto-san, Sakura-san. Un ninja diplômé doit naturellement suivre les règles et…
Kakashi fit taire le genin d’un signe de main. Il affichait un air sérieux qui en disait long sur son opinion.
-Laisse-moi résumer ton idée : « Ceux qui ne respectent pas les règles sont appelés des déchets », pas vrai ?
-Je n’aurais pas dit ça, mais c’est à peu près ce que je pense.
-Cette phrase est de moi, et c’était mon opinion, il y a 20 ans.
-Je dois dire que je suis plutôt d’accord…
-« Mais ceux qui ne respectent pas leurs compagnons sont encore pires. »

Akodo se tut immédiatement. Il était suffisamment intelligent pour comprendre exactement où Kakashi voulait en venir. Il baissa la tête.
-Celle-ci est d’un ami qui est mort il y a 20 ans en me sauvant la vie, malgré les ordres. Akodo, tu ne dois pas essayer d’être ce que tu n’es pas : Konoha n’est pas une armée, mais une famille. Et le travail d’équipe est plus important que tout pour un ninja. Je pense que ce serait idiot de gâcher une amitié pour un retard de quelques minutes.
-Alors vous avez entendu…
-Oui, j’ai entendu ta discussion avec Sakura.
Akodo retint bien la leçon : plus que la politesse ou la bienséance, c’était le calme et la sérénité qui pouvait lui donner le contrôle sur lui-même. Et il ne servait à rien de gâcher tout le reste et de briser des amitiés : à quoi bon retenir ses crises si c’était pour parvenir au même résultat ?
-Je suis vraiment désolé, dit-il tout penaud.
-C’est pas grave, dit Sakura.
-Bon on y va maintenant ? demanda Naruto avec impatience.
-C’est vrai, on pourrait être en retard, fit Kakashi avec un sourire qui acheva de détendre l’atmosphère.

La colossale porte frappée du sceau du Feu s’ouvrit lentement, et la team 7 s’avança entre les arbres.
-C’est loin ? demanda Akodo.
-En marchant on peut trouver ça long…fit Kakashi en haussant les épaules.
-En parlant de retard, on a un délai fixe ?
-Non, pas vraiment…il a dit qu’il voulait nous voir, il nous attendra. Mais c’est pas une raison pour trop éprouver sa patience.
-Bon, ben alors autant aller rapidement.
A ces mots, Akodo sauta sur une bonne vingtaine de mètres avant d’atterrir sur une branche d’un arbre voisin.
-Heu…fit Kakashi, l’ait incrédule.
-Hier encore il ne savait pas marcher aux arbres, et en 5 minutes il était capable de se tenir au plafond sans difficulté. Pas étonnant qu’il sache se déplacer de cette manière sans problème.
-Bon alors vous venez ? cria Akodo, avant de se rendre compte que Kakashi indiquait du doigt la direction inverse.
-C’est par là…fit le ninja copieur.

Sans difficulté, les 4 shinobis volaient entre les arbres comme des feuilles portées par le vent. Leur course était rythmée par le sifflement du vent et le claquement sec et régulier de leurs pieds sur les branches. Mais même s’ils se déplaçaient 4 fois plus vite que le commun des mortels, Kakashi savait qu’ils n’arriveraient que dans plusieurs heures. Après un temps, il décida donc de briser le silence.
-Dis-donc, Akodo, j’imagine que tu aimerais en savoir plus sur ton sensei.
-Vous me coupez l’herbe sous le pied, Kakashi-sempaï.
-Bon déjà Naruto avait tapé juste quand il avait proposé Jiraiya-sama.
-On va me coller à un ermite ?
-On va essayer de te coller à un ermite, plus connu sous le nom de Neko-sennin. (L’Ermite des chats).
-C’est qui ça ? demanda Naruto comme de juste.
Sakura soupira.
-Décidément ton ignorance m’étonnera toujours, Naruto. Neko-sennin est célèbre dans tout le Pays du Feu, c’est un ermite ninja lié aux chats, comme Jiraiya-sama est lié aux crapauds.
-Bon, bon, ça va… répliqua Naruto.
Sakura poursuivit sans faire attention.
-Neko-sennin est capable de parler aux chats et de voir par leurs yeux. On raconte qu’il est aveugle et qu’il est donc toujours accompagné par un chat qui le guide. Il a une maison quelque part dans la forêt, mais il parcourt en permanence le Pays du Feu.
-Et pour ce qui est de ses pouvoirs ? demanda Akodo.
-Il est dit que malgré sa cécité il est omniscient, qu’il peut lire dans les pensées et deviner les mensonges : personne n’a jamais réussi à le surprendre. Il est aussi capable de disparaître et de réapparaître n’importe où, de se fondre dans les ombres et de devenir invisible aux yeux des mortels. Les rumeurs disent qu’il est immortel, mais qu’il a toujours l’apparence d’un jeune homme d’une trentaine d’années. Finalement rien que de très banal.
-Tu trouves ça banal ? demanda Naruto, incrédule.
-Avant la fondation des villages cachés, le peuple voyait les shinobis comme des êtres surnaturels, des démons nés de l’ombre à qui on prêtait toute sorte de pouvoirs ; la plupart des ermites tels que Neko-sennin sont des anciens ninjas, qui deviennent partie intégrante du folklore d’une région et à qui on prête toutes sortes de capacités plus ou moins véridiques.
-Mouais…tout de même, il doit y avoir un fond de vérité dans tout ça.
-C’est bien ce que je dis, crétin ! Disparaître à volonté, devenir invisible, se fondre dans l’ombre…tu prends les capacités d’un bon ninja, tu ajoutes un peu d’exagération populaire, tu secoues le tout et tu obtiens ce genre de légende.
-Aaaah, ok, j’ai compris.
Sakura secoua la tête comme pour dire « Mais qu’il est con », mais Akodo voyait bien son sourire qui lui disait « C’est Naruto tout craché ».

Akodo connaissait bien les légendes du Pays du Feu, et il avait naturellement entendu parler de Neko-sennin, l’ermite qu’on ne pouvait trouver que s’il le voulait, aussi mystérieux et inquiétant que son animal tutélaire. Mais curieusement, contrairement à beaucoup d’autres êtres légendaires, Akodo ne savait pas grand-chose sur lui, en dehors de ce que tout le monde racontait, aucun détail précis…finalement, malgré l’explication de Sakura, il n’était pas très avancé : tout ça n’était que racontars et rumeurs, rien qui pouvait lui dire qui était véritablement cet homme qui allait devenir son sensei…enfin du moins s’il acceptait.

Après quelques secondes de réflexion, Kakashi poursuivit.
-Il y a certaines choses moins connues à propos de Neko-sennin, des rumeurs plus inquiétantes et qu’on raconte moins souvent.
Tous prêtèrent l’oreille.
-On prétend que Neko-sennin peut commander à la vie et guérir les pires blessures ; plus encore, des légendes racontent qu’il est capable de tuer d’un geste ou même d’un regard.
Là encore, ça se rapprochait pas mal des capacités d’un bon ninja…mais Akodo savait au moins pourquoi on l’avait choisi : Saito-san avait bien dit que pour enseigner à Akodo, il fallait maîtriser parfaitement son chakra, qui était après tout considéré comme source de vie. Si Neko-sennin avait un tel contrôle sur son chakra, il était effectivement le mieux placé.
-Et est-ce qu’on sait quoi que ce soit de sa personnalité ? demanda le genin, qui finissait par être fatigué de toutes ces légendes.
-…Neko-sennin est très difficile à approcher, et c’est encore plus dur de s’en faire un ami.
Sakura sourit.
-Laissez-moi deviner : vous le connaissez, pas vrai ?
-Exactement, comme Honshû. Je l’ai connu pendant la dernière guerre, mais je ne lui ait pas rendu visite depuis près de 10 ans.
-Je vois maintenant pourquoi il vous a invité en particulier…mais pourquoi avoir voulu me voir ? demanda Akodo.
-Ca…va savoir.
Akodo sentit que quelque chose clochait : si Kakashi connaissait Neko-sennin, pourquoi ignorait-il ça ? Kakashi poursuivit sans lui laisser le temps de répliquer.
-Pour finir…beaucoup de gens cherchent Neko-sennin, et ce pour une seule et unique raison : il est capable de voir les morts, de leur parler et même de les appeler dans le monde des vivants.
Une chape de plomb s’abattit sur la team 7, qui réalisa ce que Kakashi voulait dire par des rumeurs inquiétantes.

Akodo garda le silence…un nom revenait dans sa mémoire, un nom auquel il évitait de penser.
-Nekomata. Il est lié à Nekomata.
Kakashi le regarda calmement.
-Exact.
-C’est qui déjà, Nekomata ?
Akodo soupira.
-Décidément tu ne connais rien à rien Naruto…Nekomata est encore plus connu que Neko-sennin.
-Mais je le connais, ça me rappelle quelque chose…
-Non toi tu connais Gamabunta, pas Nekomata, fit Sakura.
-Ah, oui…
Akodo poursuivit.
-Nekomata est un être très ancien, aussi puissant que Gamabunta, mais au caractère très différent. Il a l’apparence d’un chat à deux queues, mais la légende dit qu’il est capable de prendre n’importe quelle forme, et qu’il use de ce pouvoir pour attirer les gens à leur mort. Ensuite il invoque leurs âmes et joue avec, un peu comme un chat avec une souris.

Ils savaient maintenant qui était le futur sensei d’Akodo…et le jeune genin n’était finalement pas sûr de vouloir de ce maître ; après tout, un portrait pareil avait de quoi décourager n’importe qui : si cet ermite était tel que la légende le décrit, sa personnalité était loin d’être engageante…un homme mystérieux, taciturne, sinistre et macabre, qu’on n’osait approcher que lorsqu’on voulait se mêler des affaires des morts…comment aurait-il pu se préoccuper du sort d’un enfant comme lui, qui avait encore toute une vie devant lui ? Le souvenir de ses parents lui revint à l’esprit…peut-être que Neko-sennin s’intéressait à ses parents, pas à lui…Akodo sentit ses pensées s’assombrir. Comme disait Naruto, toute légende à un fond de vérité, et la légende ne lui plaisait pas.
-On arrive, fit Kakashi.
La mer sylvestre s’ouvrit soudain et le soleil inonda leurs visages. Ils s’arrêtèrent sur une large branche et contemplèrent le spectacle de la demeure de l’ermite.

Plus qu’une clairière, il s’agissait d’une ancienne carrière ; un grand cercle ouvert, délimité par des parois rocheuses hautes comme trois hommes. Là où n’était que la roche nue, la forêt était venue, pour former un bosquet, plus ou moins dense selon les endroits. Née d’une cascade, une petite rivière traversait la carrière, faisant résonner son chant discret entre les arbres silencieux, que la roche protégeait du vent, les plaçant dans une inquiétante immobilité. Près de la rivière reposait un large rocher haut de 2 mètres, qui était posé comme une frontière entre le flot tranquille et le refuge du maître des lieux : une petite cabane étroite, paraissant chétive dans un tel décor. Et pourtant rien dans l’immensité des roches ou l’immobilité des arbres n’égalait cette maison : en posant son regard sur elle, Akodo eut l’impression qu’elle emplissait la carrière entière, comme si son apparence malingre cachait une force cyclopéenne, encore soulignée par l’imposant silence du lieu. Aucun oiseau ne faisait entendre son chant, pas même l’éther insaisissable…seul la cascade se manifestait, avec un calme étrange, comme si tout ici devait être silencieux, affaibli.

Les quatre shinobis s’approchèrent lentement, en silence, comme s’ils étaient dans un temple. L’endroit imposait le calme ; mais Akodo ne le ressentait pas comme la demeure des Hyûga : cet endroit n’était pas serein, il était différent…comme sans vie. Lorsqu’il arrivèrent devant la maison, Akodo aperçut une vieille connaissance : comme de juste, Fude était là, posté sur le toit, les fixant de son regard d’ambre. Pendant quelque secondes, ils n’osèrent pas approcher : dans ce royaume silencieux, le mystérieux félin semblait être un gardien inflexible, leur interdisant de passer de sa simple présence. Kakashi s’avança tranquillement et salua Fude de la main, comme un ami. Le chat sauta sur le seuil, attendant qu’on lui ouvre. La tension se dissipa immédiatement, comme si Fude l’avait détendue en agissant selon son apparence, comme un chat ordinaire.
-Attendez ici, et ne rentrez que si je vous fais signe, leur dit Kakashi avant de s’approcher de la porte, la main tendue pour frapper.

Avant qu’il n’ait pu le faire, une voix lui parvint de l’intérieur, comme anticipant son geste.
-Entre, Kakashi.
Naruto et Sakura furent bien évidemment surpris de la prescience de leur hôte, mais l’attention d’Akodo fut attirée par autre chose : le timbre de cette voix. Il était monocorde, distant ; il l’avait entendue à plusieurs mètres, mais Akodo avait l’impression que la voix n’avait fait que chuchoter. Kakashi ouvrit le shôji de l’entrée, jeta un coup d’œil à l’intérieur, puis leur fit signe. Il entra, suivit par Naruto et Sakura. Mais quand Akodo voulut entrer, il fut arrêté par quelque chose, comme si une puissante main s’était plaquée sur sa poitrine, l’empêchant de franchir le seuil.
-Qui est-ce ? fit la voix.

Akodo observa la pièce unique pendant quelques secondes. Et il eut du mal, car elle était plongée dans une demi-obscurité : les quelques fenêtres étaient toutes fermées et ne laissaient passer que quelques rais de lumière. Dans les ténèbres, Akodo vit une pièce carrée tapissée de tatamis, très dépouillée ; au centre trônait un âtre où rougeoyaient quelques braises mourantes ; au fond, deux shôji abritaient sans doute des rangements ; on pouvait voir un futon replié dans un coin. Faisant directement dos à la porte, le maître des lieux était agenouillé devant une petite table basse, penché, comme s’il écrivait. Vêtu d’un simple yukata blanc sur lequel se détachait un catogan d’ébène, le Neko-sennin avait le bras gauche tendu vers la table, bougeant imperceptiblement comme s’il ne faisait usage que de son poignet ; sa main droite était tendue, index et majeur joints et pointés vers le genin. De dos, Akodo ne put le détailler, mais il fut frappé par une chose : même de dos, l’aspect malingre de l’ermite lui apparaissait clairement.
-C’est Akodo, le fils de Mayumi, répondit Kakashi.

Akodo sentit la pression sur sa poitrine se dissiper.
-Entre Akodo-kun.
Le genin entra lentement, comme si son corps y rechignait. Il enleva ses sandales et les déposa à côté de celles de sa team, et s’avança dans la pièce, se postant aux côtés de Naruto et Sakura.
-Mes condoléances pour ta mère, fit l’ermite, sans pour autant se détourner de son travail.
Akodo ne répondit pas : cette impression d’insensibilité revenait. La dernière personne qui lui avait présenté ses condoléances était Honshû, mais lui les avait présentées en face, et avec plus de sympathie dans sa voix.

Le silence reprit ses droits, et le temps sembla suspendu pendant quelques secondes, tandis que le bras gauche de l’ermite recommençait à bouger doucement. On vit soudain un mouvement dans l’ombre et Neko-sennin s’arrêta d’écrire, tandis qu’on entendait un froissement de papier.
-Fude…fit-il d’une voix à mi-lasse mi-énervée.
Le chat venait de sauter sur la table et jouait dans les papiers. Presque rassuré par l’irruption d’un peu de pitrerie dans ce monde obscur et sérieux, Akodo s’avança et vit que Fude commençait à se contorsionner pour présenter son ventre velu à l’ermite, qui secouait doucement la tête.
-Baka neko…fit-il doucement, tout en caressant le ventre du chat, dont les ronronnements se répandirent dans la maison.

Après quelques instants de caresses, Neko-sennin porta sa main gauche à ses cheveux et sembla l’y faire jouer, comme pour y entortiller quelque chose.
-Bon, d’accord…
Il porta sa main gauche à sa bouche, puis joignit les mains et fit quelque gestes, avant de poser la paume droite sur le bureau.
Kuchiyose no Jutsu
Un nuage de fumée s’éleva du bureau, et une forme agile en sauta pour se précipiter à l’extérieur ; Akodo eut le temps de reconnaître un chat sauvage pêcheur, une espèce tigrée vivant près des rivières peu profondes et poissonneuses. L’ermite se releva et marcha tranquillement vers un des shôji, l’ouvrit et sortit du rangement un sac de toile. Il s’agenouilla près de l’âtre et forma un sceau ; on entendit un bruit d’eau dans la marmite qui était accrochée au dessus des braises. Neko-sennin versa une bonne quantité de riz dans la marmite, puis, d’une main, il forma un autre sceau et cracha une petite bille rougeoyante dans les buches qui s’embrasèrent immédiatement.

Les quatre jeunes affichaient une mine passablement surprise ; cet ermite qui, au premier abord paraissait infirme, aveugle et affaibli, venait de faire devant eux une démonstration exemplaire de ninjutsu et de cuisine combinés, le tout sans que sa cécité ne l’affecte. Soudainement, les légendes et les rumeurs au sujet de l’omniscience de Neko-sennin semblaient bien plus véridiques…L’ermite, sans détourner les yeux de la marmite, fit signe aux shinobis.
-Vous partagerez bien mon repas ?
Cette invitation ressemblait plus à une sommation. Kakashi, Naruto et Sakura s’installèrent près de l’âtre, mais Akodo resta debout et observa son futur sensei. La faible lumière du feu faisait danser les ombres sur la grande et mince silhouette, accentuant les plis et creux de l’habit, lui donnant un aspect encore plus maigre, presque maladif ; Akodo ne pouvait détailler son visage ou ses yeux, mais il pouvait voir clairement un faciès émacié, creusé par la maladie ou le manque de nourriture. Le jeune genin frissonna quand il examina le vêtement de l’ermite : un yukata blanc couleur du deuil, et surtout croisé droit sur gauche, la manière dont on revêt lors de l’enterrement ceux qui sont passés de vie à trépas…Akodo ne l’aimait pas, mais de ce mort vivant s’échappait une impression familière qu’il avait ressenti étant avec sa mère, et qu’il avait continué de ressentir à Konoha. Mais à aucun moment l’ermite ne le regarda : il ne cessait de fixer le feu.

Le chat pêcheur revint en portant deux poissons dans sa gueule ; après avoir déposé son chargement aux pieds de l’ermite, il se dissipa dans un nuage de fumée. Neko-sennin étendit lentement son bras droit, replia les doigts pour ne laisser que l’index et le majeur tendus, et approcha sa main des poissons ; les 3 jeunes shinobis semblèrent suspendus aux doigts de l’ermite, attendant quelque chose d’extraordinaire. La main fine parcourut l’espace pendant quelques secondes, le bout des doigts nimbé d’une infime lueur bleutée, découpant la viande blanche en parts égales au fil de son minuscule ballet. L’ermite n’avait pas quitté l’âtre des yeux.

Sakura s’approcha de la marmite, visiblement pour surveiller la cuisson du riz. L’ermite l’arrêta d’un mot.
-Il n’est pas encore prêt.
La jeune jônin s’agenouilla près de l’âtre sans répondre, intriguée par son hôte.
-Naruto-kun, tu pourras utiliser l’eau pour ça lorsque le riz sera prêt.
Ce n’est qu’après que l’ermite ait prononcé ces paroles que Naruto sortit un paquet de râmens instantanés de son sac, l’air passablement surpris. Quelques minutes silencieuses plus tard, Neko-sennin ouvrit la marmite et en approcha sa main droite ; ses doigts se contractèrent étrangement, un peu comme s’il tentait de retenir dans sa main un être invisible qui se tortillerait comme un chat qu’on mène au bain. Un filet d’eau s’éleva dans les airs, porté par une force intangible, et suivit le mouvement de la main de l’ermite pour venir se déposer dans le paquet de râmens que Naruto venait d’ouvrir en tremblant légèrement.

Puis il servit le riz, et plaça un bol à part, dans lequel il planta deux baguettes ; il ouvrit le deuxième shôji et y déposa le bol. Akodo put y voir deux tablettes funéraires et une masse sombre et aplatie qu’il ne put distinguer des ténèbres. A ce moment, le jeune genin achevait une prière à ses parents, et lorsque l’ermite revint près de l’âtre, il eut l’impression qu’il l’observait, même si son regard restait fixé sur les flammes ; il sentait peser sur lui un regard étrangement intense, une sensation qui ne lui était pas totalement inconnue. Un bref instant, la lueur des flammes mourantes lui révéla le visage de Neko-sennin : les ombre jouaient dans les rides et les orbites creusées par la fatigue…il semblait effectivement avoir la trentaine, le même âge que Kakashi. Mais il paraissait aussi bien plus vieux, plus usé par le temps. Un dernier éclat de l’âtre éclaira complètement la face de l’ermite, et Akodo vit clairement ses paupières résolument closes.
-Itadakimasu !
Une voix rauque et inconnue s’éleva alors ; les regards de Naruto, Sakura et Akodo convergèrent vers la source, qui n’était autre que…Fude. La surprise les frappa tous, avec plus ou moins de force selon les personnes ; mais même Naruto n’osa poser une seule question.

Le repas se passa dans un silence de mort : tous mangeaient sauf Kakashi, mais pas un mot ne fut échangé. Akodo se sentait de plus en plus énervé et intrigué par celui qu’on allait lui donner pour sensei. Tout ce cérémonial lui semblait inutile. Il en comprenait l’utilité : si cet homme était si difficile à convaincre, mieux valait se montrer conciliant. Mais l’opinion d’Akodo se précisait avec chaque minute : il n’attendrait pas de savoir ce que cet homme voulait, c’était lui qui allait refuser de devenir son élève.

Kakashi fut le premier à briser le silence. Il sortit un parchemin de sa veste et le tendit à l’ermite.
-Saito-san m’a chargé de te remettre ça.
-Saito-san ? Dans ce cas ça doit être important…
Neko-sennin prit le parchemin par les extrémités et le fit tourner dans ses mains pendant quelques secondes, avant de le glisser dans son yukata.
-Nous allons devoir en discuter Kakashi. Mais plus tard, en privé.
Akodo était sûr d’une chose : il avait lu le parchemin, sans même l’ouvrir. Les deux adultes commencèrent à discuter, Kakashi lui donnant des nouvelles du village. Akodo n’y prêta pas attention : toute son attention s’était focalisée sur cet étrange personnage, pas sur ses paroles. Il avait déjà ressenti ça, il connaissait ce regard…mais il ne parvenait pas à s’en souvenir précisément.

Une discussion à voix basse s’engagea entre les deux jeunes jônins :
-Dis, Sakura-chan, tu le trouves pas bizarre ce type ?
-Il est assez inquiétant surtout…j’ai du mal à croire qu’il soit vraiment aveugle…
Un semblant d’idée se mit en place dans la tête d’Akodo…
-…J’ai même envie d’affirmer qu’il ne l’est pas.
-Mouais…mais il garde les yeux fermés, alors…
…et prenait de plus en plus de consistance…
-…Comment il fait pour voir ?
-Saito-san m’a parlé de certaines techniques qui permettent de voir même dans les pires conditions, et qu’on les enseignait parfois aux ninjas aveugles ou avec une vue déficiente…
…ce type n’est pas aveugle, il n’est pas aveugle, il était maintenant certain de ça…
-…Et si Kakashi-sensei connaît cet ermite, ça ne m’étonnerait pas que Saito-san le connaisse aussi : il aurait pu lui enseigner ce genre de technique. J’ai vraiment l’impression qu’il utilise une technique.
…oui il utilise une technique Akodo pouvait bien le sentait bien, et il la connaissait…mais ce n’était pas celle dont parlait Sakura…
-Enfin moi je m’en fout, c’est pas mon sensei…Dis moi Akodo ça te fais pas une sensation bizarre quand il te regarde ? demanda Naruto.
… une sensation étrange dans son regard… Et si c’était ça ?

Akodo se retourna alors vers les deux autres et répondit à son ami.
-Oui, j’ai une sensation étrange depuis le début, et je n’arrivais pas à comprendre…mais grâce à toi je crois que j’ai compris : merci Naruto, t’es un vrai boulet, mais quand tu t’y mets tu vises juste.
Naruto ouvrit la bouche pour répliquer, mais se tut lorsqu’il vit que les iris d’Akodo viraient lentement à l’airain…
-Euh Akodo ?
-Ca va ?
Un sourire narquois fut la seule réponse qu’il leur donna.

La conversation entre Kakashi et l’ermite avait cessé, et Akodo était conforté dans son hypothèse : il se sentait observe, sondé, analysé, exactement comme lors de son arrivée à Konoha. Le ninja copieur regardait Akodo avec inquiétude, mais l’ermite n’avait pas bougé d’un cil.
-C’est donc de ça que tu me parlais, Kakashi…dit-il calmement, avant de reprendre la discussion avec un Kakashi qui continuait de surveiller Akodo d’un œil.

Akodo tourna ses yeux d’airain vers Naruto et Sakura, leur présentant un sourire de satisfaction malsain.
-Akodo…j’aime moyen la tête que tu nous fais là…fit Naruto, pas rassuré.
-Vous voulez savoir qui c’est ? dit Akodo en désignant l’ermite d’un coup de tête.
-Tu le sais vraiment ?
-J’en suis pas sûr, mais je vais être fixé tout de suite.

Il se leva brusquement et braqua l’ermite d’un regard féroce. Kakashi porta la main à son fourre-tout, mais Neko-sennin l’arrêta d’un signe avant de s’adresser à Akodo, cette fois en tournant le visage vers lui.
-Qu’y a-t-il, Akodo-kun ? demanda-t-il avec un calme olympien.
Le jeune genin ricana et demanda avec insolence :
-Te fous pas de ma gueule ! Tu sais très bien ce que je veux savoir…
L’ermite resta impassible.
-Toi, le Hyûga, c’est quoi ton nom ?!
Un sourire en coin orna le visage émacié.
-Navré, Akodo-kun, mais nul ici ne porte ce nom.
Akodo grogna.
-Ton nom !

Le silence revint dans la pièce, et les regards paniqués allèrent d’Akodo, debout et fulminant presque, à l’ermite, agenouillé et tranquille.

Neko-sennin fit un geste en direction du feu, qui se ranima comme sous l’effet d’une bourrasque soudaine. La lumière ravivée balaya le visage de l’ermite, qui ouvrit les yeux, révélant deux perles d’un blanc de nacre, portant les traces estompées d’un iris fantomatique.
-Kanjiro.
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