XouX : "Eau et Sable" (nouveau : chapXIV) p3

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

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xoux
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XouX : "Eau et Sable" (nouveau : chapXIV) p3

Message par xoux »

Hi tout le monde!

J'ose enfin me lancer dans la fanfic.
Voici donc "Eau et Sable".
Dans cette fanfic, il est question du Pays du Vent et des personnages qu'on en connait, Gaara, Kankuro et Temari entre autres, mais quelques années après le manga originel, disons environ 15 ans plus tard!!!

Il s'agit d'une histoire centrée sur la vie de la fratrie, la vie quotidienne, la maison et les missions, le devoir de Kazekage, mais aussi et surtout, l'apprentissage des rapports humains.
C'est ainsi que Gaara et les autres seront amenés à vivre certaines expériences, disons, plus ou moins drôles, sur les rapports humains, les sentiments, et... la proximité physique.

J'espère que ça ne sera pas trop niais, ni trop vulgaire par moment. Mais bon, je me dis que la niaiserie et la vulgarité font partie de la vie!
lol

N'hésitez pas à critiquer vertement.
Corriger mes défauts, c'est comme ça que je conçois mon nindo!!!
Dernière modification par xoux le lun. 04 févr. 2008, 20:15, modifié 16 fois.
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xoux
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Message par xoux »

Eau et Sable


Chapitre I : Rencontre

La cité du Désert porte bien son nom. Au cœur de l’étendue aride, ocre jaune et brûlée par le soleil, la capitale de Suna no Kuni s’élève telle un improbable rocher, aussi sec que ce qui l’entoure. C’est à peine si on ne la confondrait pas avec les dunes qui tentent en vain d’en rattraper la haute taille, et qui à défaut se contentent d’en ronger les fondations, inlassablement balayées par les vents ensablés. Du fond de la formation rocheuse, la ville se noie dans les environs, mais il est impossible qu’un seul grain de sable n’échappe à la vue des guetteurs, et au contrôle du Kazekage.

« Regardes un peu par là bas ! » ordonne un des guetteurs à son compagnon de garde.
« On dirait que le sable agit bizarrement. » constate le deuxième.
« Tu ne sens pas comme quelque chose d’inhabituel ? »
« Il faudrait aller voir sur place. Prends ton planeur et… »
« Je vais y aller. »
« Maître Kazekage ! Ce n’est probablement rien, ne vous déplacez pas pour si peu ! » s’enquièrent les deux gardes.
« J’ai également senti. »
Cela suffit pour que les guetteurs se décident à rester sur place. Si le Maître Kazekage a senti un changement dans le comportement du désert alors qu’il était dans ses appartements, c’est qu’il s’agit d’une chose que lui seul peut régler.
« Maître Kazekage, vous ne voulez pas que quelqu’un vous accompagne ? » propose un guetteur anxieux.
Le visage du jeune homme aux cheveux rouges se détend.
« Non, ce n’est pas la peine, il n’y a rien de grave, c’est déjà parti. »
Les deux guetteurs scrutent alors l’horizon vers lequel se tourne le regard pâle de leur maître. Il n’y a plus rien.
« Je vais aller voir malgré tout. Cela m’intrigue. »

Gaara, jusqu’alors accoudé au rempart, saute soudain par-dessus la rampe. Tête la première, il fonce vers les dunes et avant de s’écraser contre les sous-bassements de la ville, le sable redresse sa course et s’ordonne sous lui en une plate-forme qui le porte à travers le désert. Les dunes défilent sous ses yeux à une vitesse telle que les grains semblent se fondre et ne former qu’une surface lisse et dure comme de la pierre. La ronde commence. Gaara adore voler au-dessus du désert. Même si son rang de Kazekage le dispense largement de corvées comme les tours de garde, il ne rechigne jamais à faire sa part. Même sans Ichibi à l’intérieur de lui, il communique sans cesse avec le sable et il aime plus que tout se retrouver seul au milieu des grains jaunes virevoltant dans le vent.

« Ça ne devrait plus être très loin. »
Gaara sait parfaitement que quelque chose a perturbé le désert même si cette perturbation n’a pas duré très longtemps. Il s’éloigne un peu du sol, pour plus de sécurité, et détaille avec attention le moindre relief anormal. Une main !!! Il fait demi-tour pour vérifier s’il a bien vu : une main sort du sable. Quelqu’un a été englouti !
Gaara descend de son nuage de sable et pose pied à terre. La main se dresse devant lui. Si le sable a englouti une personne aussi rapidement, c’est que c’était un ennemi. Vu l’état de la main, il n’y a plus aucun danger. Gaara y donne un petit coup de pied pour voir si l’ennemi réagit. Rien. Il s’accroupit, la main pratiquement au niveau du nez, et scrute les ongles. Ils sont tous cassés ou rongés jusqu’au sang à l’exception de l’index. Lisse. Bleu. Etrange. Gaara s’approche encore. On dirait que quelque chose est écrit sur l’ongle. L’index bouge ! Sous la surprise, il tombe en arrière, les fesses par terre. Mais la main ne bouge plus. Il sort soudain de son égarement et creuse des mains pour dégager le bras, puis l’épaule, et enfin la tête.

« Une fille ! » s’exclame-t-il.
Il tâte rapidement son poult. Il bat encore bien que faiblement. Il faut vite la déterrer pour qu’elle respire enfin et soit libérée du poids du sable qui écrase ses poumons ! Gaara gratte le sable de plus en plus vite, dégage les deux épaules et peut enfin agripper la jeune fille par les bras pour la tirer de sa prison de silice. Elle sort enfin. Elle est nue. Gaara la lâche tout à coup et détourne les yeux. Que faire ? Il n’a guère d’expérience en ce qui concerne l’intimité, lui qui refuse encore tout contact physique superflu. Soudain, un bruissement de tissu. Il se retourne. Une grande cape recouvre le corps de l’inconnue.

« Heureusement que les gens du village t’aiment bien et se font du souci pour toi. Si les guetteurs ne m’avaient pas prévenu de ton départ, tu serais resté bêtement tourné comme ça et tu ne serais plus jamais rentré au village… » se moque son frère.
« Tu dis n’importe quoi. » se vexe Gaara.
« Tu rates quelque chose… »
« Arrêtes de mater ! » s’énerve Gaara en se retournant subitement.
« Et bien tu n’as qu’à la porter. Je doute fort de pouvoir la tenir correctement en même temps de piloter mon engin. »
Le planeur est effectivement difficile à manœuvrer, même sans ça. Kankuro attend, le sourire en coin, le sourcil relevé.
« Je sens que je vais devoir pourtant réaliser cet exploit ! » commence-t-il à soupirer.
Il se penche vers le corps emmitouflé mais Gaara, piqué, s’accroupit soudain devant lui, enroule la grande cape tout autour tant bien que mal et porte la jeune fille dans ses bras.
« Et bien tu vois ! On va peut-être pouvoir faire quelque chose de toi ! » renchérit Kankuro, enfourchant son appareil volant.
Gaara ne daigne pas répondre, et c’est debout, les bras chargés de la jeune fille emmaillotée que la plate-forme de sable porte son maître jusqu’au village de Suna no Kuni.

« Maître Kazekage ! Maître Kazekage ! Il ne vous est rien arrivé ? »
« Bien sûr que non. Ce n’était pas la peine de vous inquiéter. Allez prévenir l’hôpital que j’amène une blessée. »
Le regard froncé fixé sur le paquet que porte Gaara, les guetteurs qui attendaient le retour de leur maître ne sont toujours pas rassurés. Une blessée, y a-t-il eu combat ?
« Va-t-il falloir que j’y aille moi-même ? » interroge Kankuro en se grattant la gorge.
Les deux guetteurs s’excusent et courent en direction de l’hôpital, pour qu’on prépare les soins le temps que Gaara et sa blessée arrivent.
« Avez-vous été blessé vous-même ? » questionne une vieille femme alors que Gaara dépose enfin son fardeau sur un lit d’hôpital.
« Non. »
« En êtes-vous bien sûr ? » insiste la vieille femme, inquisitrice.
« Ne t’inquiète pas, Kaora-sama, je n’ai pas combattu, je l’ai trouvée dans cet état, enfouie sous le sable. »
« Bien ! Je suis soulagée. »
La vieille dame agrippe quand même le bras droit de Gaara et le serre fort. Il sourit.
« Tu vois bien qu’il n’y a rien. »
Elle se détend à son tour et tapote Gaara à l’épaule avant de se diriger vers le lit où les autres infirmières s’activent déjà.
« Voyons cela. »
Gaara et Kankuro restent dans un coin de la pièce. Kankuro se dresse sur la pointe des pieds pour voir par-dessus les têtes des infirmières. Kaora-sama tire soudain un rideau tout autour du lit et pousse Kankuro et Gaara vers la sortie.
« Kankuro, je suis sûre que tu as mieux à faire qu’à rester à un endroit où on ne te voit guère les autres jours. Et vous Gaara, j’enverrai quelqu’un vous informer de l’état de la patiente quand on aura pu l’examiner sans être gênées. »
La porte de la chambre claque devant leurs nez.
« Bon ! Tiens-moi au courant ! J’aimerais bien voir de quoi elle a l’air les yeux ouverts et les cheveux peignés. » réclame Kankuro avant de partir déambuler dans les rues du village.
Gaara sourit. Son frère ne pense vraiment qu’aux filles.
« Maître Kazekage ! Une lettre vient d’arriver pour vous ! » prévient un petit garçon en courant vers Gaara. « Ils l’ont mise sur votre bureau ! »
« Merci. J’y vais tout de suite. »
Arrivé à son bureau, Gaara soupèse la lettre. Il reconnait le papier. C’est une lettre de sa sœur. Il déchire l’enveloppe et déplie la carte.

« Chers vous deux. Je vais bientôt rentrer de Konoha. Sans doute la semaine prochaine ou celle d’après. Essayez de tout préparer pour mon retour car cette fois, Shikamaru vient avec moi ! Il est donc probable que Kimiko nous accompagne pour m’aider à tout ranger. Nous allons sans doute rester un moment dans la région. J’ai finalement obtenu de Shikamaru qu’on se partage équitablement entre Konoha et Suna. Tu sais depuis combien de temps je suis là-dessus ! Il va falloir fêter ça, et nous trouver un logement à notre taille par la même occasion. Gaara, je compte sur toi pour surveiller cet imbécile de Kankuro et qu’il ne saute pas sur Kimiko dès qu’on arrive ! Gros bisous à tous les deux. Temari. »

Gaara replie la lettre en souriant. Ça fait un moment que Temari n’est pas revenue. Dans deux semaines au plus tard, elle sera là, avec Shikamaru. Et il y aura Kimiko pour Kankuro. Gaara est heureux pour eux tous. Mais il y a des choses qu’il n’arrive toujours pas à comprendre. Comment son frère qui est si volage et si sûr de lui peut-il devenir si prévenant et troublé devant Kimiko, qui n’a pourtant rien de bien particulier ? Comment sa sœur qui est si forte et si indépendante peut-elle être attachée à ce point à un fainéant comme Shikamaru, et l’attendre chez lui quand il part en mission ? C’est l’amour lui a-t-on dit. Mais l’amour ne s’explique pas. Gaara a hâte qu’ils soient tous là pour les observer. Peut-être comprendra-t-il un jour.
Il range la lettre dans l’enveloppe et la pose sur son bureau. Kankuro viendra sans doute y faire un tour, et laisser la lettre en évidence évitera qu’il ne farfouille partout et sème la pagaille. Gaara sort du papier à lettre pour répondre à sa sœur quand on frappe à la porte de son bureau.
« Oui ? »
« Maître Kazekage, c’est Kaora-sama qui m’envoie. Elles ont fini de soigner la fille que vous avez ramenée du désert. »
« Merci. J’y vais tout de suite. »

Gaara traverse le village plus vite qu’il ne l’aurait voulu et franchit le seuil de l’hôpital.
« Vous avez fait vite ! » remarque Kaora-sama.
Gaara semble troublé.
« Comment va-t-elle ? »
« Bizarrement. » commence la vieille femme en conduisant Gaara jusqu’à la chambre de sa nouvelle patiente.
Elle repose dans son lit. Des bandages la recouvrent presque entièrement.
« Rien de grave. Ce ne sont que des griffures qui vont disparaître d’elles-mêmes très rapidement. Mais ce n’est pas le sable qui a fait ça. »
Gaara fronce les sourcils.
« Il n’y avait personne d’autre dans le désert. J’aurai senti la présence de ses agresseurs s’ils avaient encore été sur place. »
« Je n’ai pas dit qu’elle s’était faite agressée ici, dans le désert. Je pense qu’elle est venue se réfugier ici malgré elle. Sans doute que ses poursuivants ont pensé que le désert finirait le travail. »
« Finir le travail… » répète Gaara comme pour lui-même.
Combien de fois a-t-on essayé de le perdre lui aussi, en priant pour que ses défenses tombent dans un milieu aussi hostile ? Ses yeux se plissent malgré lui en détaillant les lacérations du visage de la jeune fille.
« Vous pensez qu’elle va vite se remettre ? » demande-t-il enfin.
« Elle est déjà guérie ! » s’exclame Kaora-sama. « Il faut juste qu’elle se réveille, et quelque chose semble l’en empêcher. Elle a peut-être eu un traumatisme plus profond que ses blessures physiques. C’est sans doute son inconscient qui demande un peu de repos. » conclut la vieille femme en poussant Gaara hors de la pièce.
« Mais… ? » proteste-t-il.
« Il lui faut du repos ! » ordonne l’infirmière en chef. « Quoique… vous êtes plutôt quelqu’un de calme en général, et vous arrivez facilement à transmettre ce sentiment aux autres. »
« Quelqu’un de froid vous voulez dire… » soupire Gaara.
« Non, de calme. » reprend Kaora-sama. « Si vous n’avez que ça à faire après tout pourquoi pas ? Vous n’avez qu’à rester à son chevet quelques temps, qui sait ? Peut-être que votre présence pourra apaiser son esprit ! » finit-elle par accepter.

Elle rouvre la porte de la chambre et pousse Gaara à l’intérieur avant de partir elle-même. Ce n’est pas tout à fait ce que le jeune homme aux cheveux rouges attendait, mais après tout c’était vrai, il n’a rien d’autre à faire pour la journée, et il pourra très bien répondre à la lettre de sa sœur en rentrant chez lui. Il décide donc de s’installer à côté de la malade. Il tire le fauteuil qui orne le coin de la pièce vers le lit et s’installe. Elle a l’air de dormir tranquillement. A part ses bandages, elle donne l’impression d’aller bien. Qu’est-ce qui l’a poussée à affronter le désert ?

Perdu dans ses pensées sur la condition humaine, Gaara ne s’aperçoit pas du temps qui passe et bientôt, la pénombre envahit la chambre d’hôpital. Les stries du volet se reflètent sur le corps endormi de la jeune fille et la rayent de bandages de lumière. Gaara lui prend la main. Elle est tellement fine. On a aussi soigné ses ongles. Ils sont toujours très courts mais elle ne saigne plus. Il y a vraiment écrit quelque chose sur l’ongle de son index mais l’obscurité de la pièce et la petite taille des caractères rendent l’écriture indéchiffrable. Gaara se rend soudain compte de l’heure qu’il est. Il entend les infirmières remuer dans les couloirs et se préparer à partir. Il serre la main de la jeune fille endormie entre ses deux paumes, et la caresse doucement comme pour lui dire au revoir.

« Vous étiez toujours là ? »
Gaara referme doucement la porte de la malade derrière lui. Kaora-sama lui sourit gentiment.
« Vous n’aurez qu’à revenir demain ! Cette nuit, c’est moi qui m’en occupe. » explique-t-elle.
« Merci. »
Gaara prend congé. Il sait que le pouvoir guérisseur de la vieille femme est terriblement plus actif la nuit. Si Kaora-sama veut soigner cette fille avec le maximum de ses pouvoirs, c’est que la blessure doit effectivement être profonde.
« Et bien, il ne fallait plus rentrer ! » s’exclame Kankuro.
Gaara lève la tête. Il fait noir. Il n’a pas vu que son frère l’attendait devant chez eux.
« Tu es là depuis longtemps ? »
« Depuis qu’il est l’heure de manger. C’est le jour de congé de Miyako. On devait manger au restaurant de ramens ce soir, mais vu l’heure ça va être fermé… » soupire Kankuro.
« Tu aurais dû venir me chercher, j’ai complètement oublié. » s’excuse Gaara.
« Et te chercher où ? T’es parti du bureau, t’as tout laissé ouvert… Enfin, c’est pas grave, je dois bien avoir une copine ou deux dans les parages qui nous invitera à manger chez elle ! » explique Kankuro en tapotant l’épaule de son frère.
« Tu ne changeras jamais… On pourrait peut-être se faire à manger nous-mêmes ! »
« Hein ? Mais ça va pas ! Bon, trêve de plaisanterie, tu préfères Nijina ou Noriko ? »
Gaara lève les yeux au ciel.
« Va pour Noriko ! »

Si la kunoichi semblait ravie d’hériter de Kankuro à dîner, elle fut paniquée à l’idée d’accueillir chez elle le Kazekage du pays du vent. Rien n’était prêt, sa maison n’était pas présentable, mais un mot soufflé à son oreille par Kankuro, et une main subtilement posée sur la hanche, et le repas était servi.
« Alors ? »
« Hein ? Pardon ? »
« Tu dors Gaara, c’était bon ? » insiste Kankuro en montrant des yeux la pauvre Noriko qui attend désespérément un compliment du chef de son village.
« Ah, désolé, c’était vraiment délicieux ! » affirme-t-il en appuyant ses mots d’un hochement de tête. « Vraiment ! »
« Bon, c’est pas que mais il se fait tard Noriko. Tu comprends, Kazekage, c’est une lourde tâche. Et puis ça se voit, il est dans la lune, il est fatigué. Allez, je le raccompagne et je reviens. » baratine Kankuro.
Gaara grimace.
« Aucun besoin d’une garde rapprochée… » soupire-t-il. « Je peux rentrer seul. Noriko, merci beaucoup c’était excellent. Kankuro, ne fais pas claquer la porte en rentrant… »
Noriko tient à raccompagner le Kazekage jusqu’au pallier de chez elle. Elle lui serre la main et lui souhaite bon retour. Kankuro la tire par la taille pour la faire rentrer rapidement à l’intérieur. Et dire que dans une semaine ou deux, Kimiko serait là et Kankuro ne verrait plus ni Nijina, ni Noriko, ni personne d’autre, et ne jurerait plus que par son amour pour elle…
Cette pensée détend un peu Gaara. Une fois chez lui, il s’enferme dans son bureau pour rattraper son travail de la journée, tout ce qu’il n’a pas fait le temps qu’il veillait à l’hôpital. L’amour, la haine… Gaara ne comprend pas tout. Qu’est-ce qui fait les sentiments ? Qu’est-ce qui pousse les gens les uns vers les autres ? Qu’est-ce qui l’a poussée à affronter le désert ?

« Toujours pas couché ? J’ai fait doucement avec la porte pour rien alors… »
« Dis ? »
« Quoi ? »
« Pourquoi tu aimes Kimiko ? »
« Pourquoi tu me parles de Kimiko ? Elle est si loin… »
« Tu n’as pas lu la lettre de Temari ? »
« Quoi ??? »
Gaara jette la lettre à son frère qui l’attrape au vol et s’empresse de la lire. Il lève les yeux, les replonge dans les quelques lignes écrites sur le papier, les relève… Kimiko…
« Pourquoi tu l’aimes ? »
« Parce que. Elle est belle. »
« Noriko est mieux, Nijina encore plus, sans parler de Haya, Megumi, Sakura…
« Ça va, ça va, j’ai compris, il y en a beaucoup qui sont mieux, ok ! » s’énerve Kankuro.
Il s’affale sur le canapé.
« Tu vois, Kimiko est belle de partout. Elle est gentille. Elle est forte. Elle est parfaite. »
Gaara passe en revue les kunoichis de Suna. Belles, gentilles, fortes, ce n’est pas ce qui manque. Décidément, quelque chose lui échappe.
« Arrête de te prendre la tête avec ça ! » conclut Kankuro en se levant soudain du canapé. « Tu verras bien un jour ! » le rassure-t-il en lui frottant la tête. « Bon, je vais m’pieuter moi ! Noriko m’a crevé, et il faut encore que je pense à Kimiko ! Bonne nuit frérot ! »
« Bonne nuit. »

Les cheveux emmêlés par son frère, Gaara n’est pas plus confiant. Il verra bien un jour… Ça fait déjà longtemps qu’il est Kazekage, que les gens n’ont plus peur de lui, qu’il a des amis sur qui compter, mais ces vérités s’imposent à lui sans qu’il ne les comprenne vraiment. Il ne cesse d’apprendre, mais il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Et quand il y pense, il se sent un peu triste.
« Au travail ! » se décide-t-il, secouant sa tête comme pour en chasser ces idées noires.
Des rapports à lire, des missions à préparer, des documents à classer… Gaara travaille sans relâche mais finit pas s’endormir sur ses papiers.




J'espère que c'est la bonne longueur pour un premier chapitre, que ça vous plait et que ça vous donne envie de connaître la suite! N'hésitez pas à donner votre avis surtout!
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sevee
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Message par sevee »

Notre dessinatrice en section fanfic !!

Alors alors... Poétique déjà, notamment ton intro, quand tu parles du paysage. mais poétique tout le long aussi.

Kankuro et Gaara sont attachants ; différents de ce qu'on connaît aujourd'hui mais tu précises bien que de l'eau a coulé sous les ponts (15 ans!). Donc tu as amorcé une évolution qui passe bien, surtout qu'on retrouve malgré tout un noyau d'eux-même qui n'a pas changé. Tu brosses bien le portrait de Gaara, ses restes de tristesse et de regards décalés, sans pour autant que ça prenne toute la place ; et puis tu introduis une certaine évolution pour lui dans laquelle il arrive à donner et recevoir des marques d'affection. Chapeau pour ce double discours donc ! :good:

Et puis un Gaara qui est gêné par la nudité c'est déjà un Gaara sur la voie de la guérison :lol:

On sent tes efforts pour rester dans une véracité, une justification, et je trouve toujours que c'est hyper appréciable.

Tu te mélanges un peu avec les temps ; il y a parfois des présents que j'aurais bien mis au passé...

Juste comme ça, quand tu parles de Nijina ou Noriko, j'ai cru que c'était des recettes de ramen :lol:

Voili voilou, à part une fin un peu plate, je vois que du bon. Tous mes encouragements !! Je lirais la suite avec plaisir !
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xoux
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Message par xoux »

Hiiiiiiiiii! :grin:

Merci pour tous ces compliments!!!

J'avais super peur que ça fasse un peu niais, le début, mais je suis bien contente que ça te plaise!

Pour ce qui est de la fin un peu plate... Gomen...
J'ai écrit plusieurs pages en même temps, et c'est difficile de couper pour faire des chapitres...
Je vais essayer de couper plus dans le vif pour le prochain!

Pour ce qui est des présent, c'est mal? J'ai effectuer toute la narration au présent, histoire de rendre le tout un peu plus dynamique... Apparemment c'est râté... :cry:

La suite sans doute demain (un chap par jour, c'est bon?)
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Message par sevee »

xoux a écrit :J'avais super peur que ça fasse un peu niais, le début, mais je suis bien contente que ça te plaise!
Niais :shock: Il est super beau ton début !
Pour ce qui est de la fin un peu plate... Gomen...
J'ai écrit plusieurs pages en même temps, et c'est difficile de couper pour faire des chapitres...
Je vais essayer de couper plus dans le vif pour le prochain!
Nan mais si t'avais pas de cliffhanger, t'avais pas de cliffhanger ! :lol:
Pour ce qui est des présent, c'est mal? J'ai effectuer toute la narration au présent, histoire de rendre le tout un peu plus dynamique... Apparemment c'est râté...
Laisse béton là aussi ; j'ai relu et rien de choquant ;-)
La suite sans doute demain (un chap par jour, c'est bon?)
C'est toujours mieux qu'un chapitre tous les trois mois (hein sevee^^).
Ben du coup je vais les publier les miens :lol:
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Message par xoux »

Merci de ton assiduité!
(relire ma fanfic juste pour me rassurer sur les présents, c'est hyper gentil).

Au fait, c'est quoi un cliffhanger?
(une fin coupée dans le vif?)

Je mets de ce pas le chapitre 2. Attention, ya pas de cliffhanger à la fin, mais il me semble que c'est un peu mieux. Et re-attention : c'est directement la suite du précédent (au besoin relisez simplement la dernière phrase du chapitre 1 et passez au chapitre 2).
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Message par xoux »

Chapitre II : Lotus

« J’y crois pas. Ça faisait un moment qu’il n’avait plus fait ça… » soupire Kankuro en trouvant son frère endormi sur son bureau, le lendemain matin.
« J’aurais dû te parler pour de vrai hier soir, mais moi aussi je débute en tant que grand frère… »
« Hein ? » demande Gaara qui se réveille difficilement.
Il lève la tête de son bureau, les yeux plissés par le soleil qui inonde déjà la pièce. L’odeur du café parvient à ses narines retroussées. Il attrape à l’estime la tasse que son frère lui a préparée. Il a un pense-bête collé sur la joue et la spirale d’un cahier des charges imprimée sur la peau du visage.
« Tu ferais mieux de prendre ta journée et d’aller aux bains. Tu as une tête épouvantable aujourd’hui. »
« Merci. Toi aussi. » répond Gaara en buvant son café.
« Je dois partir en mission quelques jours. Un truc bateau, t’inquiète. Mais n’en profite pas pour te coller tous les post-it du bureau sur la figure. »
« … »

Le chef du village caché du vent attaque sa journée plus tard qu’il n’aurait voulu. Il a déjà raté le premier tour de garde et ses guetteurs vont encore s’inquiéter pour rien. C’est qu’il a pris l’habitude de faire le tour de la ville avec eux, et même parfois à leur place, pour pouvoir profiter d’un moment de liberté dans le désert, la seule chose qu’il a jamais comprise.
« Excusez-moi, je suis en retard ! »
« Ce n’est rien Maître Kazekage, nous avons fait la ronde à l’heure habituelle. Un messager est venu nous informer que vous travailleriez chez vous aujourd’hui. »
« Ah ? »
Kankuro prend vraiment soin de lui. Ça aussi ça fait partie des choses qui s’imposent à lui mais qu’il ne comprend pas.
« Je ferai celle de midi alors. »
« Bien sûr. »
Les guetteurs aiment leur capitaine. Leur chef. Ils ont la passion du désert en commun. Ils savent que Gaara a besoin de s’y retrouver de temps en temps, et que lui mieux que personne peut savoir ce qu’il s’y passe. Le jeune homme aux cheveux rouges remercie d’un signe de tête et retourne à son bureau. Il y travaille encore et encore jusqu’à rattraper son retard de la veille, et quand vient midi, il gagne le désert.

« Tout est calme aujourd’hui. »
Le vent n’apporte aucune nouvelle, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Et les grains de sable qui entourent le Kazekage n’ont vu personne depuis les guetteurs du matin. Les dunes sont heureuses de retrouver Gaara, et Gaara est heureux de les sentir sous ses pieds. Il marche longuement. Pas de vol ensablé cette fois. Ce soir peut-être. Avec la chaleur de la mi-journée, un peu de vitesse l’aurait rafraîchi, mais il aime se sentir entouré par cette chaleur. Le soleil arrive à atteindre son cœur, et les grains de sable malmenés par les vents du désert se font doux sur sa peau.

« Je vais rentrer, je reviendrai ce soir. » déclare Gaara comme pour lui-même.
Il n’a pas faim en rentrant. Il parcourt les rues à la recherche de quelque chose à faire. Il a trop travaillé cette nuit, il aura sans doute de nouveaux documents à lire ce soir, les rapports de la journée, mais là, rien. Ses pas le mènent malgré lui vers l’hôpital.
« Je savais bien que vous reviendriez ! »
« Ah ? »
Gaara constate qu’il est rentré sans s’en rendre vraiment compte. Il a ouvert la chambre de l’inconnue du désert et Kaora-sama est installée sur le fauteuil qu’il occupait la veille.
« Vous voulez vous assoir ? » propose-t-elle. « Cette jeune fille a besoin d’une compagnie plus agréable que la mienne, et j’ai des soins à prodiguer à d’autres patients. »

La vieille dame est déjà levée et à moitié sortie de la chambre. Gaara s’exécute et place le fauteuil tout près du lit. Elle a l’air d’aller mieux. Hier, elle était en pansements. Aujourd’hui, elle a une chemise. Sa peau doit être assez guérie pour supporter le contact du tissu. C’est plutôt encourageant. Mais toujours aucun signe de réveil.
Son bras semble toujours aussi fin malgré l’épaisseur de bandages qui l’entoure. Sa poitrine se soulève à peine tant sa respiration est lente. Tout est calme ici. Même Gaara ressent ce calme. Ce n’est pas son calme habituel, mais c’est aussi bien, voire même mieux. Il s’endort, sa main tenant celle de la jeune fille également endormie.

« Gaara… »
« Mmmm… »
« Gaara… »
« Quoi… ? »
Il ouvre un œil. Il fait à nouveau sombre dans la pièce.
« Excusez-moi mais c’est l’heure de la toilette. Ensuite je passerai la nuit avec elle. »
Gaara lève les sourcils d’un air interrogateur puis plisse les yeux et se frotte le visage. Il s’étire. Kaora-sama pose une bassine d’eau sur la table de nuit et tire les draps de sa patiente, dégageant deux jambes nues et frêles.
« Je crois que je vais prendre congés. » s’excuse soudain Gaara, se levant comme un ressort et sortant de la chambre aussi vite que possible.
La vieille infirmière le rattrape par la main avant qu’il ne soit totalement dehors.
« A demain ! » souffle-t-elle d’un ton entendu.
« A demain. » lui sourit Gaara.

Le jeune homme aux cheveux rouges sort de l’hôpital et part pour la ronde nocturne. Les guetteurs l’ont attendu. Chacun vole dans une direction différente pour examiner le moindre relief suspect. Gaara retrouve soudain l’endroit où il a déterré la fille inconnue. Il atterrit, et refait à la marche une partie de son trajet. Mais le sable a déjà effacé sa trace depuis longtemps, et son souvenir s’estompe même de sa mémoire. Elle vient du Nord, ce qui n’aide pas beaucoup à connaître ses origines puisque le pays du vent est le plus au sud…

Il finit par retourner chez lui. Il referme soigneusement la porte une fois rentré. Ce soir, il est tout seul puisque son frère est en mission pour quelques jours. Ça fait tout drôle d’être à nouveau tout seul. Gaara avait perdu cette habitude. Depuis qu’il est Kazekage, Kankuro et Temari vivent avec lui. Avec lui pour de vrai, pas simplement à côté. Puis Temari s’est mariée. Elle est souvent à Konoha, mais quand elle revient, elle récupère sa chambre et la maison semble plus pleine qu’avant tant elle est remuante. Quand Temari n’est pas là, il vit avec Kankuro. Miyako vient pour la cuisine et le ménage. Il voit aussi des officiels puisqu’il est Kazekage. Il visite les villageois, il préside au tribunal quand il y a des procès. Mais en cette période, son travail est principalement constitué de paperasse à remplir. Il a tout fait la nuit précédente, et ce qu’il restait dans la matinée. Miyako n’est pas encore rentrée de son congé, elle ne sera là que demain. Et son frère est en mission. Personne pour le distraire…

Il ressort. Il n’a décidément pas envie de rester seul. Mais la nuit est bien avancée et les rues sont plutôt vides. Il ne veut pas rester seul mais il n’est pas non plus attiré par les endroits où règne encore quelque animation. Ses pas le portent malgré lui vers les remparts de la ville. Vers le désert. Il s’assoit en tailleur sur la rambarde pour contempler les dunes qui se meuvent au loin, sous la lueur nocturne de la lune rousse.

« Maître Kazekage, vous êtes bien matinal aujourd’hui ! » s’exclame un guetteur tout juste arrivé pour la première ronde de la journée.
Gaara semble sortir de sa torpeur. Il a passé la nuit à contempler le sable et a parler avec lui. Il n’a pas dormi. Ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Ses yeux marquent la fatigue et de petits cernes les entourent de noir.
« Oui, j’ai hâte d’y être. » souffle-t-il en se dressant de toute sa hauteur sur la balustrade.
Il s’étire les jambes. Tous les autres guetteurs sont arrivés. On entend le ronronnement de leurs machines à moteur. Gaara se jette du haut du rempart, à sa suite les engins volants, et tandis que les ailes mécaniques portent les guetteurs sur le chemin de leur ronde, le sable enveloppe Gaara et le conduit jusqu’à l’endroit où la trace de l’inconnue s’arrête.

« Un collier. »
Les dunes ont recraché ce qu’il reste de leur altercation avec l’inconnue. Le sable l’a guidé jusqu’ici pour lui montrer ce cadeau. Le désert sait que Gaara est attaché à cette jeune fille. Il lui en rend un morceau.
« Merci. »
Le pendentif porte le symbole de l’eau.
Gaara le tourne et le retourne d’innombrables fois entre ses doigts. Hormis le symbole du village caché de Kiri, il n’y découvre aucune autre inscription pouvant révéler l’identité de la jeune fille.
Une lame de vent plus forte qu’une autre le sort de sa contemplation. Il faut rentrer, la faim se fait sentir. Il fourre l’objet dans sa poche et file en direction de Suna dans un nuage de sable.

Il arrive enfin au village. Il s’arrête à un restaurant Izakaya. Il n’est pas vraiment l’heure de manger, mais il n’a rien avalé depuis la veille. Le patron tient absolument à lui offrir son repas, et lui remplit son verre aussitôt vidé. Gaara mange seul sous l’œil attentif des serveurs. Il sort pensif de son déjeuner ; pensif, mais grisé par le saké versé à flots. Tant pis, le bureau attendra. Il n’a qu’une envie, c’est retourner à l’hôpital voir si la jeune fille s’est réveillée.

« Bonjour. »
Le Kazekage a un peu honte de son état et tente de le cacher à tout prix. Il file vers la chambre de la jeune fille et s’écroule sur le fauteuil. Heureusement, il n’a rencontré personne. Les rideaux sont tirés et adoucissent la petite pièce anguleuse. Gaara observe. La tapisserie, le carrelage, les pieds du lit, le drap qui pend, les jambes qui se dessinent sous le tissus, les bras qui reposent sur le couvre-lit, les épaules dénudées et les cheveux noirs. Les longs cils et les yeux fermés. Que ne donnerait-il pas pour en savoir la couleur… Il s’endort, la tête posée sur le matelas, la main de la jeune fille toute proche de son visage.
Quand il ouvre les yeux, la soirée est bien avancée. Apparemment, personne n’est venu le déranger. Il regarde un dernier instant le corps inerte de l’inconnue et se décide à partir. Demain, il lui apportera quelque chose. Il ne sait pas encore quoi, mais cette idée ne le quitte pas.
Il doit encore travailler tard. Il n’a pratiquement rien fait de la journée. Il avertit qu’il ne viendra pas pour la ronde de nuit et se consacre à la lecture des rapports fraîchement terminés. Il aurait pu faire ça demain, mais il n’aime pas laisser le travail s’accumuler. Las, il finit par d’endormir sur son bureau.

Un oiseau posé à sa fenêtre le réveille. Le jour est bien avancé. Il a encore raté la ronde du matin. Pas de nouveau rapport. Personne n’a osé frapper à sa porte et déranger son sommeil. Il s’étire. Se frotte la joue. Encore un post-it. A croire qu’on voudrait lui rappeler quelque chose.
« Vous êtes réveillé ? » demande la voix timide d’une jeune fille.
« Miyako, tu es là ? Tu aurais dû me réveiller. »
« J’ai cru comprendre que vous aviez travaillé tard, je ne voulais pas vous fatiguer d’avantage. J’ai pris pour vous les rapports de ce matin. »
La jeune fille pose une pile de document sur le bureau ainsi qu’une tasse de café.
« Merci beaucoup. »
Gaara n’a pas envie de travailler, mais Miyako a pris ces rapports pour lui, il serait mal vu de les laisser en plan et de sortir s’aérer la tête. Il travaille sans relâche jusqu’au milieu de l’après-midi. De nouveaux rapports arrivent sans cesse. Mais il parvient finalement à tous les traiter sans en omettre un seul. Avant qu’un nouveau paquet n’arrive, Gaara s’empresse de quitter son bureau. Il faut absolument qu’il aille se détendre un peu. Il a chaud, il est resté assis toute la journée, un bon bain s’impose.

Le jeune homme aux cheveux rouges se dirige vers les thermes du village du sable. L’eau est denrée rare au cœur du désert et une seule source alimente toute la ville. Mais l’eau est d’une pureté incroyable. Elle sait être fraîche quand il faut évacuer la chaleur de la journée, ou chaude lorsqu’il s’agit de se détendre. Et de détente, Gaara en a besoin. Il plonge tout entier dans l’eau et retient un moment sa respiration. Le battement de son cœur résonne à ses tympans étrangement amplifié sous la surface. Il émerge. Il attrape une éponge et commence à se frotter. Gaara a énormément de difficultés à savonner sa peau, à en regarder le moindre centimètre pour la laver correctement. Elle est pleine de marques d’une vie oubliée. Parfois, il frotte comme s’il voulait laver ces cicatrices. Sa peau devient rouge mais les marques sont là. Les miroirs sont aussi durs à affronter. Le tatouage qui orne son front reste toujours une énigme. Amour… Haine… Il a compris la différence, mais il ignore tout de la vraie signification de cet idéogramme. Peut-être est-ce pour cela qu’il s’est laissé pousser les cheveux ? Pour qu’on ne voit plus cette marque. Peut-être est-ce pour cela qu’il n’aime pas qu’on le touche ? Pour qu’on ne sente pas ses cicatrices. Gaara a énormément de mal avec l’intimité, la proximité. L’eau ne peut rien effacer. Elle glisse sur les traces des combats passés.

Gaara jette l’éponge. Au sens propre comme au figuré. Il ne sera jamais propre. Il a du sable partout. Il suffira qu’il sorte pour qu’il en ait encore. Il ira faire sa ronde et il s’emplira du sable, il en aura plein le corps, plein la tête, plein le cœur et les cheveux. L’eau n’y changera rien. Et le savon non plus.
Il sort du bain, se sèche et se rhabille à la hâte. L’hôpital va bientôt fermer, il fait quasiment nuit, mais peut-être que s’il se dépêche, il pourra la voir ? Il court à travers les rues de la ville. En vain, les portes de l’établissement de santé sont belles et bien fermées. Déçu, le jeune homme aux cheveux rouges rentre chez lui.

« Je vous apporte votre dîner ! » l’accueille Miyako.
Mais Gaara n’a pas très faim. Il s’excuse et part se coucher.
Il a un sommeil agité, et se réveille souvent. Il ne va pas rater la ronde de ce matin tant il est réveillé tôt. Il l’effectue sans grand plaisir, retourne à son bureau et commence le travail de paperasse habituel. Aujourd’hui, il doit visiter une nouvelle école. Il écoute attentivement les élèves réciter un poème qu’ils ont écrit pour lui. Il mange à la cantine en compagnie des professeurs. De nouveaux rapports l’attendent sur son bureau à son retour.
« Miyako, je vais sortir. »
La jeune fille maugrée. Il va encore sauter un repas, elle le sait bien. Quand Kankuro n’est pas là, Gaara redevient une ombre.

Il sort. Ses pas le mènent vers l’hôpital. Les infirmières en ferment les portes. Il insiste pour rentrer mais hésite un instant avant de pousser la porte de la chambre de l’inconnue.
« Vous ne devriez pas être ici. L’hôpital est fermé. Ça fait deux jours qu’elle vous attend et vous apparaissez seulement maintenant ? » le sermonne Kaora-sama.
« Je suis désolé… » soupire Gaara.
Le visage de la vieille femme se détend.
« Asseyez-vous quelques instants. » consent-elle, complice.
Gaara sourit faiblement. Il met machinalement ses mains dans les poches et tombe dans le fauteuil. Ses doigts trouvent le collier dans un repli du vêtement. Il le sort. Le regarde une dernière fois.
« Je crois que c’est à toi. »
Il le pose sur la poitrine de la jeune fille.
On tapote légèrement la porte. Il est sans doute temps de partir.
« Je ne serai pas en retard demain. » promet Gaara.
Il n’ose pas toucher la main sortie du drap. Il l’enveloppe du regard, la caresse des yeux et lui dit au revoir en pensée. Demain, il sait quoi lui apporter.
« A demain ? » interroge la vieille infirmière tandis que Gaara passe devant elle dans le couloir.
« A demain. » promet-il.

En sortant de l’hôpital, il a le cœur serré. Serré mais bien là. C’est étrange de se sentir à la fois bien et mal. Il se dirige vers les remparts de la ville pour la première ronde de nuit. Les guetteurs sont déjà partis. Ils ne comptent pas vraiment sur la présence de Gaara pour commencer leur ronde à eux. Ils savent que le Kazekage n’a pas besoin de contact physique avec le désert pour savoir ce qu’il s’y passe. Ils savent aussi que ces rondes sont plus une distraction qu’une réelle corvée pour leur capitaine. Mais Gaara sait qu’ils sont heureux quand il vient avec eux. Il va les attendre. La ronde ne devrait plus tarder à finir. Quand ils le verront là, ils plisseront des yeux, et ils iront tous boire un dernier verre avant de se séparer. Cette nuit, Gaara est d’humeur à se joindre à eux. Ils boivent tard et se couchent tôt.

« Petit déjeuner ! » annonce Miyako en portant un plateau à son maître.
Gaara émerge péniblement de son sommeil alcoolisé. Il ne se souvient pas être rentré. Il est pourtant bien dans son lit.
« J’ai aussi pensé à ce dont nous avons parlé hier soir. » ajoute Miyako en déposant le plateau sur les genoux du Kazekage. « Je pense qu’une fleur est un assez bon début. »
« Une fleur ? » répète Gaara qui n’a pas compris.
« Oui, en premier cadeau, une fleur c’est parfait. Vous aviez raison. Mais il faut vraiment bien la choisir alors. »
Miyako sort de la chambre. Une fleur. Gaara va offrir une fleur à l’inconnue de l’hôpital.
Fort de cette idée, il engloutit son petit-déjeuner, se lève, se lave, s’habille en quatrième vitesse et file à son bureau commencer son classement, sa correspondance et tout le reste. Il finit vite. Tant mieux ! Le marché sera encore ouvert. Mais quelle fleur choisir ? Il y pense toute la matinée, mais arrivé devant le fleuriste, il ne sait toujours pas quoi prendre.

« Vous désirez ? »
Gaara sort la tête des gerbes de fleurs qu’il auscultait minutieusement, accroupi au milieu des vases. Il lève de grands yeux vers la vendeuse, et éternue soudain.
« A vos souhaits ! » répond la femme en riant.
« Merci. »
« Une fleur spéciale pour une jeune fille spéciale, n’est-pas ? Je vous conseillerai celle-ci. »
Elle sort une longue tige d’un vase plat et tend à Gaara une fleur de lotus.
« Un lotus ? » interroge-t-il.
« Le lotus est une fleur très spéciale. C’est une fleur liée à l’eau, qui symbolise la pureté et la perfection dans le Bouddhisme et le Taoïsme. Elle renvoie aux trois stades de l'existence : le passé, le présent, et l'avenir. On ne peut rompre sa tige et elle gage d’un attachement profond et inaltérable. »
Gaara contemple la fleur comme il contemplerait un oracle.
« De la sombre profondeur du fond de l'étang, le lotus apporte beauté et lumière » récite la fleuriste. « Cette phrase est une description récurrente du lotus dans les poèmes. Elle convient parfaitement à ce que vous cherchez. »
Elle prend la main de Gaara, lui offre la tige et se relève.
« Comment… ? »
Debout au milieu du soleil, ses yeux sont opaques.
« Il y a des choses qui ne se voient pas et qui ne savent s’expliquer de bouche à bouche, avec des mots. Il y a des choses qui ne se disent qu’entre les cœurs. Je vous offre cette fleur, votre cœur parle merveilleusement bien et il lui fallait ce lotus. »
Elle sourit.
Gaara, la main serrée sur sa tige, se lève à son tour et sort de la boutique, abasourdi. Il a trouvé un cadeau merveilleux pour la jeune inconnue.
Jamais il n’osera le lui offrir.

« Et bien, vous entrez ou vous sortez ? » s’impatiente Kaora-sama.
Gaara n’a plus guère le choix. Cela fait dix bonnes minutes qu’il attend devant l’entrée de l’hôpital, qu’il ne sait s’il va rentrer ou non, mais la vieille infirmière est venue ouvrir sans qu’on ne le lui demande.
Gaara connait le chemin par cœur. Il atteint la chambre bien connue et ouvre la porte, le cœur battant. La jeune fille est toujours là. Elle est sereine. Elle sourirait presque. Gaara n’ose pas approcher plus.
« Tenez, c’est pour la fleur. »
Une infirmière dépose un vase plein d’eau sur la table de chevet et se retire aussitôt. Gaara y installe la fleur et s’assoit sur le fauteuil. Il fixe la main de la jeune fille. Il pose sa propre main sur le lit, il la rapproche de celle de l’inconnue endormie. Il prend sa main. Elle est fraîche, comme la tige de la fleur qu’il a longtemps serrée entre ses doigts. Il pourrait rester comme ça des heures.

« Il est temps pour vous de rentrer ! » décide soudain Kaora-sama. « Il est près de neuf heures et je sens que vous vous assoupissez. Ouste ! Dehors ! »
Gaara s’exécute. Un dernier regard à la jeune fille, il part le cœur gonflé.
Quand il ouvre la porte de chez lui, l’odeur d’un délicieux repas lui saute aux narines. Il a faim, et même très faim.
« Gaara ! Enfin te voilà ! Miyako a absolument tenu à ce qu’on t’attende avant de manger, j’en peux plus assieds-toi ! » supplie Kankuro, les couverts déjà en main.
« Et voilà le dîner ! » annonce la jeune fille en portant un plat sur la table.
« Miyako tu es un vrai cordon bleu, ça sent divinement bon ! »
Gaara tend déjà son assiette.
« J’ai très faim. »
« Où avez-vous mangé à midi ? » interroge la cuisinière en remplissant les assiettes des deux frères.
« Chez Shiori. » répond Kankuro la bouche pleine.
« Tu n’étais donc pas très loin en mission. »
« Non, un truc bateau je t’ai dit. »
« Et vous Maître Kazekage ? »
Gaara ne répond pas et se contente d’engloutir son assiette avant de la redonner à la jeune fille pour lui demander de le resservir.
« J’en étais sûre, vous n’avez pas mangé ? Il suffit que votre frère s’absente quelques journées pour que vous repreniez vos mauvaises habitudes ! »
Kankuro lève les yeux de son assiette et remarque les cernes de Gaara.
« J’étais pressé aujourd’hui. » s’excuse celui-ci. « D’ailleurs je le suis encore. Je suis en retard pour la ronde de ce soir, et toi aussi Kankuro. »
« A cause de toi, je te signale. On t’a attendu pour manger ! » rappelle le grand frère. « Allez Miyako, gardes-en nous au chaud pour tout à l’heure, on a toujours un petit creux en revenant de la ronde du soir. »

Kankuro dépose un baiser furtif sur la joue de la jeune fille avant de sortir en trombe de la maison pour enfourcher son planeur et rejoindre les guetteurs de nuit.
« Tu n’es pas obligée de veiller, on peut très bien réchauffer tout ça nous-mêmes. » précise Gaara en sortant à la suite de son frère.
Mais la jeune fille sera encore là à leur retour. C’est inévitable.
« Alors, on traînasse ? » se moque Kankuro en poussant le moteur à fond dès que son frère a mis un pied sur le palier.
L’engin volant file à toute allure. Gaara lève un banc de sable qui le porte à une vitesse telle qu’il peut aisément concurrencer le bolide lancé à toco. Le désert défile sous eux. Le vent frais de la nuit évacue toute la chaleur accumulée durant la journée. On se sent plus léger.

Gaara et Kankuro se séparent. La ronde nocturne est un plaisir solitaire après tout.
Le jeune homme aux cheveux rouges est porté par les vents jusqu’à l’endroit où il a trouvé l’inconnue. Pourquoi le sable le conduit-il toujours ici ? Il n’y a pourtant plus rien à tirer de l’endroit. Il a trouvé le collier, il a déjà cherché des vêtements mais rien.
« On verra bien… » soupire Gaara en prenant le chemin du retour.
Tu verras bien… La phrase de son frère, quelques jours auparavant. Il retourne vers le village caché de Suna no Kuni.

« Alors cette ronde ? »
« Rien à signaler. »
« Et ces quelques derniers jours ? Il ne s’est rien passé ? » s’enquiert Kankuro.
Il sait bien que Gaara ne dira rien.
« Non, tout a bien été. »
« Rentrons alors ! Ou plutôt ne rentrons pas. Allons vider quelques chopines ensemble. J’en ai bien besoin. J’en profiterai pour te raconter ma mission, et toi tes papiers. » l’entraîne Kankuro.
Il tire son petit frère par l’épaule. Gaara ne proteste même pas contre la beuverie qui s’annonce. Il est même content de sentir le bras de son frère autour de son cou. Il ne comprend pas pourquoi, mais il est heureux comme ça.
« …et donc, au moment où je lui donne sa boîte, il me dit que je me suis trompé et que c’est celle qu’il m’avait confiée au départ ! J’ai dû tout recommencer du début pour aller échanger cette putain de boîte avec son jumeau. A la fin j’avais l’impression de voir double partout ! Les gens, les boîtes, les croisements sur la route. Et je me suis perdu en rentrant. » s’esclaffe Kankuro, un verre plein à la main, des dizaines d’autres déjà vides posés devant lui.

Gaara rit à pleine gorge. Il trinque avec son frère. Les deux verres sont vidés d’un trait, et on en tape le cul sur la table.
« Tavernier ! La même chose fois quatre ! » réclame Kankuro en balançant son verre vide en direction du comptoir.
« Mais si j’ai bien compris, ta mission a duré deux fois le temps prévu alors ? »
« Ouais, le double !!! » pouffe Kankuro. « Je t’ai dit, c’est une histoire de fou ! Je pensais que ça serait un truc bateau. Bateau mes fesses oui ! »
« Bateau mes fesses… » répète Gaara en penchant la tête en arrière pour finir la dernière goutte.
Kankuro explose de rire. D’un rire contagieux. Gaara rit à son tour, et toute la taverne avec eux. Encore quelques verres, des anecdotes par-ci par-là. D’autres verres encore. Puis il est l’heure de quitter la taverne pour rentrer péniblement chez soi.

« C’est moi ou la route est pas droite ? » articule Kankuro tant bien que mal.
« Elle est pas droite. » confirme Gaara en se tenant aux murs des maisons pour ne pas trébucher à chaque pas.
« Allez viens par là toi. » l’agrippe Kankuro en passant son bras autour de son cou. « Tu n’as pas encore raconté ce que tu avais fait ! »
« J’ai rien fait. Ah si ! J’ai fait… heu… J’ai pris un bain avec du savon. »
« Ce qui dans ton cas n’est pas du luxe ! » se moque Kankuro qui connait l’aversion de son frère pour les éponges.
« Et j’ai pris un lotus. »
« T’as pris un lotus ? » répète Kankuro qui ne comprend pas.
« J’ai pris un lotus et je lui ai mis un collier. »
« Ça devait bien lui aller. » renchérit Kankuro, complètement soul lui aussi.
« Un lotus bleu, heu non, rose. Enfin, blanc. Et merde… »
« Beaucoup de couleurs tout ça… Un lotus multicolore. »
« Et un poème de lotus. »
« Le lotus, sur l'eau, et les roseaux décorés, entreprend la conquête du nouveau chemin ! » commence à chanter Kankuro.
« Sur les flots chéris, amèrement regrettés, se donne l'astre argenté en sa main ! » complète Gaara à tue-tête.

« Mais c’est pas un peu finit ce bruit ? Rentrez vite ou vous allez avoir des problèmes ! » menace Miyako en tirant les deux ivrognes par les manches pour les faire rentrer dans la maison.
« Mais Miyako, on chante ! » chougne Kankuro. « Tu veux pas chanter avec nous ? » demande-t-il, les larmes aux yeux.
Elle se met à chanter tout en débarrassant les garçons de leurs manteaux et de leurs sacs.
« Vous êtes des vrais poids morts ! » se plaint la jeune fille en tirant manches et cols pour libérer ses maîtres de leurs lourds vêtements.
« Parle moins fort… » réclame Gaara, avachi sur le canapé.
« Ah non ! Vous allez dormir dans votre lit ! » s’insurge-t-elle.
Elle force Gaara à se lever, le traîne et le soutient jusqu’à sa chambre où il tombe comme une masse sur le matelas. Une fois qu’elle a réussi à le faire entrer dans les draps, elle court en hâte dans le salon.

« Ah non ! Pose ça tout de suite ! »
Kankuro a sorti une bouteille de saké, historie de finir la soirée tranquillou.
« Allez Miyako, laisse-toi tenter et prends un verre ! Je te promets que je ne dormirai pas entre temps. » reprend-t-il, l’air badin.
« Je ne veux pas entrer dans ce petit jeu. » proteste-t-elle vaguement.
Elle se laisse attraper par la taille et Kankuro porte le verre à ses lèvres.
« Tu ne dis pas ça d’habitude, mais j’aime terriblement quand ta bouche se tord de cette façon et que tu fais la moue… »
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Jainas
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Message par Jainas »

Désolé du retard.
J'aime beaucoup ta fic. D'abod pour Suna et le sable, et la description que tu en fais, c'est exactement ainsi que je vois le village, la poussière partout, et l'amour de Gaara pour le désert.
Ensuite c'est bien écrit, un rythme un peu lent mais pas trop, je n'ai pas vu de fautes.
Ton Gaare est bien différent, plus ouvert. Quel âge a-t-il exactemment ? Le savoir aiderait à prendre la mesure du temps passé et des changements. Kankuro est tout a fait dans l'esprit également, gouailleur et grand frère protecteur malgré lui.

Ce qui me gène un peu :
le bolide lancé à toco > heing ?
Et lorsque gaara découvre la fille, son comportement me parait moins réaliste. Je ne pense pas qu'il s'exclame beaucoup, et encore moins quand il est seul... Interieurement peut-être, mais certainement pas à voie haute. Et pourquoi déterre-t-il la fille a la main alors qu'il pourrait la tirer du sable en un instant ?
Enfin, une dernière chose, il reste la possiblibité que la fille soit un ennemi, comme il dit, si le sable l'a ensevelie si vite c'est qu'il y avait une raison. Il est Kazekage et chargé de la protection de son village. Je doute qu'il oublie qu'elle peut être un piège potentiel... Un ninja est parano de nature et Gaara doublement.

Voilà voilà, j'aime beaucoup et j'espère que mon commentaire te sera utile. :)
xoux
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Message par xoux »

Je pense que Gaara approche la trentaine et que Kankuro l'a déjà dépassée!

Pour le "bolide lancé à toco", j'ai bien peur que ce ne soit une expression de chez moi... qui veut dire lancé à toute allure, mais encore plus vite, et sans bien faire attention aux risques. Une sorte de raccourci en moins tragique pour dire "rouler à tombeau ouvert".

Pour ce qui est des exclamations de Gaara, heu... il est un peu autiste et s'en fiche de parler tout seul???
Non, sérieusement, il ne parle pas tout seul, hein, il pense. Si j'ai mis les guillemets, c'est vraiment pour la suite. C'est donc une mauvaise utilisation des guillemets de ma part, mais c'est volontaire, et j'espère vraiment que la suite le justifiera.

Pour ce qui est de déterrer la jeune fille, si un jour tu as été enterrée dans du sable tu devrais comprendre que ce n'est pas possible de juste tirer. Vraiment, le sable peut devenir très compact, et même enterrée pas profond, j'ai déjà eu du mal à me lever seule.
Je précise que j'étais enterrée pour des jeux de plages, hein...

Enfin, pour le peu de vigilance de Gaara...
heu...
heu...
(xoux cherche à "mettre ça sur le compte de")
heu...
heu...
(xoux ne trouve pas)

Il fallait bien sinon il n'y aurait pas eu d'histoire!
lol
(xoux pleure de sa bêtise).

Et pour ce qui est du rythme un peu lent, j'espère que ça ira mieux par la suite... je croise les doigts.

En tout cas merci pour tous tes conseils et de tes encouragements!
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xoux
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Message par xoux »

Chapitre III : Monstre

Le matin arrive vite. C’est le soleil qui réveille Gaara. Un rayon filtre à travers le lourd volet et cogne en plein sur sa tempe. Il plisse les yeux et grogne. Il n’a pas envie de se lever.
« Allez debout là-dedans ! Espèce de feignasse. »
Kankuro ouvre grand la fenêtre et la lumière agresse Gaara. Il se recroqueville dans ses draps.
« Quand Miyako va t’apporter ton petit-déjeuner, ça va barder si elle t’entend ronchonner ! » le prévient Kankuro en tirant sur les draps.
Mais Gaara s’accroche bien et dégage son frère d’un coup de pied. Miyako entre dans la chambre avec son plateau.
« Attention Miyako, Môssieur est de mauvaise humeur ! » prévient Kankuro en sortant de la chambre.
« J’aimerais bien voir ça. » lance-t-elle à voix haute. « Allez, il est déjà 14h et un tas de rapports attendent sur votre bureau ! » poursuit-elle en déposant le plateau sur la table de chevet. L’odeur du café se répand dans la pièce.

« Moins fort… » se plaint Gaara.
« Le café ? Vous ne le prenez pas serré d’habitude ? »
« Shhhhh… »
Gaara enfonce sa tête dans son oreiller.
« J’ai mal à la tête… »
« Ah ben ça, c’est bien fait ! Allez debout ! » exige la jeune aide-ménagère en tirant sur les draps.
Mais Gaara ne semble pas décidé à se lever.
« Allez, laisse-le. Il travaillera demain, et pour aujourd’hui je vais voir ce que je peux faire pour les dossiers urgents. » propose Kankuro en sortant Miyako de la chambre de son frère.

Ce n’est que tard le soir que Gaara consent enfin à émerger.
« Bonsoir mon cher frère ! » l’accueille une voix bien connue.
« ‘lut. »
Gaara a les yeux à moitié fermés, il traîne des pieds en direction du canapé et s’affale entre les coussins. Il est en caleçon, et se gratte le ventre et les cheveux.
« Miyako, qu’est-ce qu’on mange ? » bougonne-t-il en attrapant un coussin supplémentaire à l’aveugle, pour se caler la tête.
Mais le coussin semble accroché au canapé. Il tire un peu plus fort et finit par ouvrir les yeux.
« ‘lut. » lui répond Shikamaru, assis juste à côté.
Gaara ouvre grand les yeux et lâche la veste du jeune homme de Konoha. Il se lève d’un bond et croise le regard furieux de sa sœur.
« Et bien, c’est toujours la catastrophe ici, à ce que je vois ! »
Gaara court se réfugier dans sa chambre et s’habiller en vitesse. Miyako lui sert rapidement une tisane contre la gueule de bois et en moins d’une minute il est de retour au salon.
« Temari ! Quel bon vent t’amène ? »
« Bon vent, j’ai prévenu de notre arrivée par lettre depuis une semaine et je n’ai même pas eu de réponse. »
« Aïe… »
Gaara lève les sourcils, ça lui était complètement sorti de l’esprit.
« Ne fais pas cette tête, ce n’est pas grave, on restera ici le temps de trouver une maison à nous ! » sourit soudain Temari en tendant ses bras ouverts en direction de son frère. « Allez, viens me faire un câlin. »
Elle agrippe Gaara et le serre fort contre elle.
« Attends… Attention… Je vais t’écraser… » prévient Gaara en tentant de s’éloigner de sa sœur qui le serre.
« Mais ce n’est qu’un ventre hein ! Je ne suis pas en sucre ! » se récrimine Temari en exhibant sa rondeur.
Gaara sourit, un peu gêné. Il a tellement peur de lui faire mal.
« Oh ! Il bouge ! Il a dû te reconnaître quand je t’ai serré dans mes bras. Tiens, touche. »
Temari prend d’autorité la main de son petit frère et la pose sur son ventre. Ça bouge ! Sous la surprise de l’impact, Gaara retire sa main, à la fois heureux et terrorisé.
« Tu vois, ce n’est rien ! Bon, Shikamaru, aide-moi à déballer les valises, les vêtements vont finir par se froisser et Kimiko devra tout repasser à nouveau. »
« En parlant de Kimiko… » lance timidement Kankuro.
« Allez, allez, ce n’est rien… » le console-t-elle en l’attrapant par le cou pour lui faire un câlin à son tour. « Elle va arriver un peu plus tard, elle avait quelques petites choses à régler. »
Elle lâche soudain Kankuro et sort de la maison pour chercher ses valises.
Gaara et Kankuro ouvrent de grands yeux. Leur sœur est très câline, c’est à en faire peur ! Shikamaru se lève du canapé et se dirige à la suite de sa femme vers la sortie.

« Ne vous inquiétez pas, en ce moment elle est comme ça. » déclare-t-il d’un air désabusé avant d’aller chercher ses valises.
Les deux frères trouvent ce changement amusant. Temari câline…
« Telle qu’elle est devenue, il doit y avoir un régiment de bagages. Allons un peu les aider ! » décide Kankuro.
Il sort et revient deux secondes plus tard, les bras chargés de valises, de boîtes et de sacs.
« Un régiment !?! Elle est venue en camion ! » se plaint-il en se dirigeant vers la chambre de sa sœur.
Gaara se décide à son tour à sortir. Temari pointe du doigt les bagages qu’elle veut et Shikamaru les descend du toit de la camionnette. Elle tente bien de porter quelques bagages ou de tendre les bras pour réceptionner les valises, mais Shikamaru tient absolument à tout descendre tout seul, et dès que sa femme fait mine d’emporter une valise vers l’intérieur, il saute du haut du camion pour alléger Temari de ses poids. Lui aussi il a changé. Il est devenu prévenant. Il entoure Temari et sa seule présence l’enveloppe d’une atmosphère protectrice. Gaara sourit. Il ne comprend pas mais il sourit.
« Tiens, porte ça s’il te plait. »
Shikamaru lui colle la grosse valise qu’il a arrachée à Temari dans les bras et court vers sa femme pour l’empêcher d’en prendre une encore plus lourde. Tous les bagages sont finalement rentrés. Temari et Shikamaru commencent à déballer leurs affaires.

« A table ! » appelle Miyako.
Cela fait longtemps qu’ils ne s’étaient pas tous retrouvés comme ça pour manger. Le repas se déroule entre les accolades de Temari et les récits de tout ce qu’il s’est passé entre temps. Les verres trinquent, les rirent fusent. Quand on frappe soudain à la porte.
« Maître Kazekage ! Maître Kazekage !!! » appelle une voix au dehors en tambourinant de plus belle.
Gaara bondit vers la porte.
« Que se passe-t-il ? » s’inquiète-t-il.
« L’hôpital est attaqué par un monstre ! »
Le jeune homme aux cheveux rouges fonce vers l’hôpital. Un monstre ? Il en veut à l’inconnue ?
« Messager, de quel genre de monstre s’agit-il ? » interroge Kankuro qui a laissé son verre.
« Un genre de monstre, comme un démon. Un démon com… comme avant. »
Kankuro reste figé un instant. Un démon comme Ichibi ? Gaara n’est plus de taille à faire front tout seul.
« Temari, reste ici. »
La jeune femme semble terrorisée. Miyako lui tient la main. Kankuro et Shikamaru partent à la poursuite de Gaara, apporter des renforts.
« L’hôpital a été évacué mais il reste encore Kaora-sama et son apprentie ! »

Gaara entre en trombe dans l’hôpital et se dirige en direction des cris.
« Retourne d’où tu viens ! Rentre chez toi ! » exhorte la voix de Kaora-sama.
Gaara arrive devant la chambre de l’inconnue. Les meubles sont en miettes, les murs lacérés, le monstre est passé par ici mais la jeune fille a dû être évacuée, elle n’est plus là. Il suit les traces de lutte laissées dans le couloir, les tableaux décrochés, les rideaux arrachés, et parvient enfin à rejoindre Kaora-sama et sa jeune apprentie. Les mains tendues vers le monstre, elles le contiennent dans un coin de la pièce grâce à de puissants sorts de genjutsu.

Le monstre. Accroché au plafond, recroquevillé dans son coin, il semble vouloir sortir mais le genjutsu est plus fort. Des écailles recouvrent entièrement son corps bleu et jaune. Sa peau irisée ondule et ses yeux démesurés aux pupilles ovales semblent lancer des éclairs de haine et de rage. La tension du genjutsu est palpable mais semble faiblir à mesure que le monstre résiste. Il glisse lentement vers la fenêtre et parvient finalement à en arracher les rideaux. La tringle perce la vitre, le vent s’engouffre dans la pièce. Le monstre semble gagner en puissance et brise le genjutsu !

« Akiko ! Sors de cette pièce ! » ordonne la vieille femme à sa jeune apprentie.
Le démon n’a pas attendu et sait que c’est cette jeune fille la faiblesse de l’adversaire. Mais un mur de genjutsu l’empêche de se lancer à sa poursuite. Il avise soudain la fenêtre.
« Elle ne doit pas sortir !!! » s’écrie alors Kaora-sama.
Gaara dresse un mur de sable qui scelle définitivement la fenêtre. Le monstre est coincé, il le vit très mal et hurle en direction de ses deux ennemis. Un hurlement silencieux mais très perturbant. Kaora-sama tombe au sol et Gaara perd l’équilibre. Le monstre se dirige vers la vieille femme mais se heurte contre une protection de sable. Il se tourne vers Gaara et se jette sur lui. Encore étourdi, le jeune homme aux cheveux rouges ne parvient pas à lancer correctement ses attaques et prend la fuite. Il faut éloigner le monstre de Kaora-sama. Au moins le temps qu’il reprenne ses esprits et puisse l’affronter de face.

Gaara court dans les couloirs de l’hôpital, le monstre à sa suite. Il n’est pas très grand, à peine la taille d’un humain normal, mais il court sur les murs, le plafond, et semble même pouvoir passer à travers les objets… Sa peau est couverte d’écailles une fourrure filasse descend de son crâne jusqu’à son dos, cache ses épaules et une partie de son visage.
Gaara saute tant bien que mal par-dessus les obstacles mais au loin, une énorme commode va lui poser problème. Il bifurque d’un coup. Il est dans la chambre de la jeune fille. Rien pour se défendre.

Le monstre arrive et pousse son cri muet. Gaara tombe en arrière. Il attrape tout ce que ses mains parviennent à agripper et le lance de toutes ses forces en direction du monstre qui ne cherche même pas à esquiver. Ses mains tâtonnent le sol. Une planche. Un tiroir. Un tableau. Un vase.
Le frêle ouvrage de verre se brise en plein sur le visage du monstre. La fleur de lotus glisse de sa joue à son épaule avant d’atterrir à ses pieds dans une flaque humide. Le monstre semble un instant oublier Gaara. Il scrute le lotus, en détaille les pétales et les nuances de couleurs, comme hypnotisé.

Les écailles changent subrepticement de teintes. Elles rentrent dans la peau qui prend une couleur normale, une couleur de chair. Le monstre à moitié humain tombe à genoux devant la fleur et l’attrape entre ses griffes qui se rétractent petit à petit. L’atmosphère est soudain libérée d’un poids. On entend des pas dans les couloirs.
« Gaara ! » s’écrie Kankuro en arrivant dans la petite pièce délabrée.
« Shhh… » ordonne Gaara, toujours assis par terre.
Entre lui et son frère, le monstre agenouillé termine sa transformation. Le corps à nouveau lacéré, strié de filets de sang, la jeune fille se retrouve nue face à la fleur abîmée et pleure. Elle lève de grands yeux jaunes vers Gaara. Des yeux pleins de larmes. Des yeux qui deviennent verts, puis bleus et virent enfin au noirs. Les paupières se ferment et la jeune fille tombe dans les débris du vase, le visage dans l’eau, la fleur serrée entre le sol et sa poitrine.

Gaara reste figé sous l’effet de la surprise. De la terreur. De ces yeux enfin ouverts. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit elle, le monstre ?
« Gaara tu n’as rien ? » s’inquiète Kankuro.
« Non, ça va. »
Le jeune homme aux cheveux rouges se redresse, époussette ses vêtements, en retire les quelques débris encore accrochés d’un revers de main et se dirige vers le corps inerte. C’est la deuxième fois qu’il la voit comme ça. Inconsciente. A même le sol. Nue. Et striée de sang. Il s’accroupit auprès d’elle. Chaque strie marque l’emplacement d’une écaille. Elle a ça dans la peau.

« Tu ne devrais pas t’approcher. » prévient Shikamaru.
Un sursaut de respiration donne des spasmes au corps maltraité par la transformation. Les trois garçons se reculent. Kaora-sama entre soudain dans la pièce.
« Ecartez-vous, il fait encore nuit. »
Elle attrape le drap du lit, tombé au sol durant le combat et en recouvre le corps frémissant.
« Mettez-là sur son lit, elle est trop lourde pour moi. »
Kankuro esquisse un mouvement mais Gaara est plus près et ne semble plus gêné de devoir la porter nue dans ses bras. Il enroule le drap autour d’elle tant bien que mal, et la retourne. Ses cheveux mouillés par l’eau du vase dégoulinent dans sa figure. Mais on voit encore les ruisseaux tracés par les larmes. Il la soulève. Elle est légère. Et la dépose sur le lit défait.
« Merci. »
Kaora-sama commence à s’affairer autour de sa patiente. Gaara regarde un instant, mais sort vite de la pièce en entraînant les deux autres à sa suite. Kaora-sama doit lui enlever le drap pour la soigner correctement.

« Shikamaru, rentre rassurer ma sœur. Kankuro, tu viens avec moi préparer les équipes de réparation. L’hôpital doit être comme neuf avant le jour, c’est capital. »
Gaara prend très à cœur son rôle de Kazekage. Si en ce moment, il reçoit beaucoup de rapports, c’est que beaucoup de missions trouvent un terme en cette saison, et beaucoup de ninja rentrent au pays. Ils ont besoin de soin et de repos à leur retour. Pas de délabrement ni de trace de combat. Suna no Kuni doit rester un havre de paix pour les guerriers.
Les dégâts sont vite réparés. Les meubles éventrés sont évacués ainsi que les gravats, les tableaux brisés et tout ce qui a été détruit par le monstre. Seul le couloir et deux pièces portent les stigmates du passage du démon, et les maçons ont tôt fait d’enduire les murs de plâtre et de peinture. Demain, rien ne paraîtra plus.

Mais les villageois n’ont pas vu la dépouille du monstre. Ils savent qu’il est encore là. Pourquoi ?
« Pourquoi ? »
C’est la question que pose Gaara à la vieille infirmière. Dans les couloirs, les ninjas médecins s’affairent. Ils redonnent leurs chambres aux patients évacués, ils les soignent, les rassurent. Mais Kaora-sama est restée avec la jeune fille, uniquement la jeune fille, et ne l’a pas quittée.
« Parce qu’il en est ainsi. Sa conscience ne voulait pas s’éveiller pour ne pas laisser place au démon qui est en elle. Mais cela semble inévitable : c’est la nouvelle lune aujourd’hui. Ce qui est occulte ressort. »
« Ce qui est occulte ? Vous voulez dire que c’est un sort ? » demande Kankuro, qui n’a pas bien saisi le sens des mots de la vieille infirmière.
L’explication obscure parvient directement au cœur de Gaara. Ce qui est occulte. Ce qu’on veut cacher. Le démon à l’intérieur de soi. C’est souvent un élément extérieur qui le déclenche. La nouvelle lune dans ce cas-là, la nuit qui symbolise la part d’obscurité immanente à la lumière.

« Sortez maintenant. Nous avons beaucoup à faire. » réclame Akiko qui vient juste d’arriver, les bras chargés de livres anciens.
Gaara et Kankuro s’exécutent. Au dehors, le jour se lève. Ils ont passé la nuit à se battre, à réparer les dégâts causés à l’hôpital, à superviser les opérations et à rassurer les gens réveillés par les bruits de combats.
Tout est redevenu calme dehors. Mais pas serein. Une tension palpable écrase l’atmosphère de tout son poids et force au calme. Un calme plus froid que Gaara dans ses mauvais jours. Un calme qu’il n’aime pas.
« Qu’est-ce qu’on est bien chez soi ! » soupire Kankuro en se jetant sur le canapé, épuisé.
« Vous allez bien ? » s’affole Temari.
« Oui. » répond Gaara.
« Je me suis fait tant de souci !!! »
Temari agrippe ses deux frères et les serre fort dans ses bras.
La salle à manger est encore pleine des reliefs du repas. Gaara s’assoit. A sa place, une tasse de tisane froide. Il tend la main et attrape le petit récipient. L’eau est verte et jaune. On dirait ses yeux.
« Voici des boissons chaudes. » propose Miyako, un plateau à la main.
Elle dépose thé et café sur la table.
« C’était qui ? » demande Shikamaru en se chauffant les mains autours de sa tasse bouillante.
« C’est la fille du désert. Celle qu’on a trouvée, il y a à peu près une semaine. » explique Kankuro. « En voyant ça, je comprends pourquoi on l’a poursuivait. » finit-il en vidant sa tasse.
Gaara repose bruyamment la sienne dans sa soucoupe. Il comprend pourquoi on la poursuivait. Parce qu’elle a un démon ? On a laissé le désert faire le travail pour se débarrasser d’elle, juste parce qu’à la nouvelle lune, elle est possédée ?
« Hey, ce n’est pas ce que je voulais dire ! » tente Kankuro.
Mais Gaara s’est levé, raide comme un piqué, sombre.
« C’est l’heure de la première ronde. Ne m’attendez pas à midi, je resterai au bureau officiel. »
Le jeune homme aux cheveux rouges sort de la maison.
« Tu n’as même pas dormi ! » s’écrie Temari, soucieuse.
« C’est une habitude chez moi. » rétorque-t-il, le ton sec, en claquant la porte.

Le silence qui règne juste après est des plus dérangeants. Kankuro se sent mal à l’aise mais ne sait s’il doit courir à la suite de son frère. Temari se tortille les doigts, et pour se donner une contenance dans cette fratrie qui n’est pas la sienne, Shikamaru débarrasse la table.
« Tu n’aurais pas dû dire ça, Kankuro. » commence Temari.
« Tu sais très bien ce que je voulais dire. »
« Oui, et tu n’aurais pas dû avoir ce genre de pensées. Et surtout pas les exprimer de la sorte. »
Le silence s’installe à nouveau. On n’entend que les bruits de la vaisselle malmenée par Shikamaru.
« Qui c’est, cette fille au démon ? » reprend Temari. « Tu crois qu’elle est…dangereuse…comme Ichibi ? »
Kankuro rit jaune. Temari partage ses sentiments vis-à-vis de la situation. Et même si désormais, le démon n’est plus, et qu’on fait bien la différence entre Gaara et Ichibi, Gaara reste Gaara et Ichibi sera toujours une partie de lui.
« Je ne sais pas. Je crois qu’elle n’était pas du tout à pleine puissance. Kaora-sama a dû user de sorts puissants pour l’empêcher de tirer parti de la nouvelle lune. D’un autre côté, sa transformation n’était pas des plus imposantes. Elle a gardé sa taille normale. »
« Mais… ? » insiste Temari.
« Il y a quelque chose de terrifiant chez elle. Sa façon de se déplacer. Et ce cri… » frissonne Kankuro, les yeux vagues.
« On était dehors, un genjutsu puissant nous empêchait d’entrer, mais on en a ressenti l’onde malgré tout. Ce cri, ce silence, c’est très déstabilisant. » confie Shikamaru qui en a visiblement fini avec la vaisselle.
« Je me demande ce qu’on va bien pouvoir en faire… » lâche finalement Kankuro.
Il est vrai que Suna no Kuni s’est débarrassé de ses démons depuis belle lurette. Ce n’est pas pour récupérer ceux des autres.
« J’ai l’impression que ton frère y est attaché. » réplique Shikamaru. « Elle va rester ici. »
Temari et Kankuro dévisagent Shikamaru. Rester ici ? Après les dégâts qu’elle a causés, alors qu’elle n’est même pas consciente le reste du temps ?
« Il faut dire qu’il l’a déjà vue à poil deux fois ! » se moque Kankuro pour détendre un peu l’atmosphère.
« Non mais toi alors ! » n’en revient pas Temari. « Tu sais bien que Gaara n’est pas comme ça. »
« Oui, mais Shikamaru a raison. Il est allé la voir tous les jours à l’hôpital. » révèle Kankuro.

A l’hôpital, c’est là où le jeune Kazekage aimerait être. Mais après l’incident de la nuit, il a fort à faire à son bureau. Il a même dû annuler en route sa ronde dans le désert. Les gens le suivaient dans les rues pour lui poser des questions. Enfermé dans son bureau, il se plonge dans les rapports mais avance très lentement dans leur lecture : il n’a pas le temps de lire cinq lignes que l’on frappe à la porte. Il répond à tous. Que s’est-il passé cette nuit ? Comment vont les résidents de l’établissement de santé ? Y a-t-il eu des blessés ? D’où vient ce monstre dont tout le monde parle et où est sa dépouille ?

Il va falloir qu’il se décide à faire une annonce officielle. Gaara demande à ce qu’on ne le dérange pas pendant quelques minutes. Il prépare ce qu’il va dire. Ce qu’on va lui interposer. Ce qu’il faudra sans doute répondre. Il a du mal à prévoir les réactions qu’il aura face à lui. Il sait d’instinct qu’elles ne seront pas favorables. Si Kankuro était là, il l’aiderait à formuler sa pensée de façon à ce qu’elle convienne à tout le monde. Mais la dernière personne qu’il a envie de voir, c’est bien son frère.
« Maître Kazekage ! Maître Kazekage ! Que s’est-il passé cette nuit ? »
« Je vais y répondre officiellement sur la grand place. » annonce le jeune homme aux cheveux rouges.
Le bruit court d’une annonce publique du Kazekage. Il ne faut pas longtemps pour que la place soit couverte d’habitants. Même Kankuro, Temari et Shikamaru se sont déplacés, mais il leur est impossible de rejoindre Gaara tant la foule se fait dense.
« Habitants de Suna no Kuni, l’incident de cette nuit fut moins spectaculaire qu’il n’y paraît, et en réalité il n’y a rien eu de grave. L’hôpital a été évacué quelques heures seulement, et ce par simple mesure de précaution. On déplore quelques dégâts matériels qui se sont avérés des plus minimes. Tout a été remis en état dans l’heure qui a suivi, et les malades ont pu retourner dans leur chambre sans que rien ne paraisse des événements. »
« Que s’est-il passé exactement ? Où est le monstre ? »
« Oui, où est le démon ??? » reprennent en écho les villageois.
Gaara redoutait cette question. Il ne peut pourtant pas y échapper.
« Il s’agit en réalité d’une personne possédée dont Kaora-sama a la charge. Ses sorts de genjutsu ont pu facilement stopper le processus de réveil du démon. »
Gaara marque une pause à ce mot. Il lui fait mal. Mais les villageois sont toujours aussi bruyants et peu rassurés.
« Je me suis personnellement occupé de l’affronter quand elle était hors contrôle, mais son niveau était assez faible, personne d’autre n’est intervenu et il n’y a eu aucun blessé. » se décide-t-il à poursuivre.
Les ninjas présents sur place lors de l’incident confirment que seul le Kazekage a été confronté au démon et que personne n’a été blessé. Pas même une petite égratignure.
« Mais le démon est toujours à l’hôpital alors ? » s’inquiète soudain une femme dans l’assemblée.
« C’est le seul endroit dont nous disposions pour lui prodiguer des soins. Car cette personne est malade. Cependant, il n’y a absolument plus rien à craindre. Nous avons trouvé un moyen de soulager cette personne de sa maladie et de son fardeau. Un puissant genjutsu est en train de contraindre son démon et de le placer sous contrôle. Plus aucun incident n’est donc à prévoir pour l’avenir. » ment Gaara.
Les habitants de Suna no Kuni semblent avoir entendu ce qu’ils étaient venus chercher. Les visages se détendent. Certains sont déjà allés visiter leurs proches à l’hôpital et confirment que les locaux n’ont rien subi et que les malades vont bien. Un démon si faible n’est pas à craindre après tout.

La place se vide peu à peu. Gaara descend de son estrade et regagne son bureau. Plus personne ne vient le déranger et il peut aisément accomplir son travail. Tout est vite terminé. Il tapote son stylo contre son bloc-notes. Il a vraiment envie d’aller à l’hôpital. Il réfléchit encore quelques minutes mais tant pis. Il va vraiment aller à l’hôpital.
Arrivé devant l’établissement de santé, la culpabilité le ronge. Il se fait plus de souci pour la jeune fille à l’origine de toute cette perturbation que pour ses villageois. Bien, il faut transformer cette visite égoïste en visite de courtoisie auprès des patients. Il fait le tour des chambres, serre les mains des malades, le visage illuminé de voir leur Kazekage. Il encourage les infirmières, il fait boire les personnes âgées, il joue avec les enfants. Il ne comprend pas pourquoi les gens lui sourient et lui sont reconnaissants. Il ne comprend pas pourquoi son cœur est tout léger, et pourquoi il se sent heureux. Mais il est heureux. Sa tournée des malades prend plus de temps qu’il ne croyait. Il se laisse prendre au jeu et à la douceur des personnes malades. Il fait presque nuit quand il a terminé. Il ne lui reste qu’une chambre à visiter. Son cœur se serre étrangement tandis que sa main tourne la poignée. Il ouvre enfin la porte et entre.
« M…mais… ? »
Gaara balbutie. Il n’y a personne et la chambre a été refaite. Le lit est carré, le fauteuil replacé dans le coin. Son cœur lui fait mal. Il se sent pris dans un étau. Pourquoi ?

« Ah vous êtes là ! » s’exclame soudain la voix d’Akiko derrière lui. « Kaora-sama m’a demandée de vous chercher, mais avec toutes ces visites que vous avez faites et tous les soins qu’on me demandait dès que j’entrais dans une pièce, j’ai eu du mal à vous trouver. »
Gaara ne répond pas. Les mots restent dans sa gorge. Noués.
« Et bien venez ! » insiste Akiko en faisant signe d’avancer.
« Où est-elle ? » réclame Gaara d’une voix d’outre tombe.
« Dans son bureau. »
Akiko ouvre une porte. Le Kazekage se retrouve effectivement dans le bureau de Kaora-sama. Mais ce n’est pas d’elle qu’il voulait parler.
« Laisse-nous Akiko. »
La jeune kunoichi médicale se retire et ferme soigneusement la porte derrière elle.
« Vous ne pourrez pas la voir aujourd’hui. Je l’ai amenée à la salle des opérations spéciales. »
Gaara s’assoit, les jambes rompues. Elle est toujours vivante. Toujours à Suna.
« Prenez cette tasse. »
Gaara s’exécute mais ne boit pas. La couleur sombre du thé lui rappelle ses larmes versées pour le lotus.
« Quand aurez-vous fini ? »
« Dans trois jours. »
« Dans trois jours… » répète Gaara.
La salle des opérations secrète. Là où on pratique toutes les techniques de modifications du corps. Là où les blessures de genjutsu sont soignées. Là où sa mère a été sacrifiée au démon pour lui donner naissance.
« Ne vous faites pas de souci. J’ai trouvé un sceau pour empêcher que son démon ne se manifeste à nouveau. »
« Un sceau ? Vous ne pouvez pas le lui retirer complètement ? »
Kaora-sama hoche la tête en réponse négative.
« Il semble qu’elle soit entré totalement en symbiose avec son démon. Elle ne pourrait pas vivre sans. Akiko et moi avons essayé de le lui retirer mais nous avons dû abandonner en plein milieu de l’opération car elle allait mourir. »
Gaara a arrêté de respirer à ce dernier mot.
« Mais maintenant elle va tout à fait bien. Il ne reste plus qu’à sceller son démon correctement, et puisqu’elle fonctionne avec la lune, il faut attendre une certaine configuration astrale pour parvenir à un résultat valable. Je vous passe des explications mais ne vous inquiétez pas. »

Gaara ne semble pas décidé à parler ni même à sortir. Il ne voit même pas Kaora-sama se lever. Elle pose soudain sa main sur l’épaule du jeune homme aux cheveux rouges, toujours perdu dans sa tasse de thé.
« Vous pouvez rester là un moment, mais pensez à rentrer chez vous. Votre frère s’inquiète énormément. »
Elle sort et laisse Gaara tout à ses pensées. Il fait complètement nuit quand il repose la tasse froide et encore pleine sur le bureau, et qu’il se décide à partir. Il n’a pas envie de faire de ronde aujourd’hui. Ça lui ferait sans doute du bien pourtant, mais il préfère rentrer chez lui en traînant des pieds.

« Gaara, Dieu soit loué tu es rentré ! »
Temari prend son frère dans ses bras et le serre fort contre elle. Elle ne le lâche plus, et leur accolade lui serre le cœur encore plus. Tellement serré qu’il est prêt à déborder, à exploser.
« Tu as faim ? » demande-t-elle enfin.
« Non ça va. Je vais un peu me reposer. »
Il se dirige vers l’arrière de sa maison et sort. Il fait plutôt bon dehors, dans le jardin. La vieille demeure a été bâtie tout près du rempart de la ville et d’où il est, Gaara peut voir le désert s’étendre à perte de vue. Il s’assoit sur la balustrade et contemple le ciel et les dunes se mouvoir au rythme des vents. On entend la baie vitrée coulisser. Kankuro s’accoude à la barrière, près de son frère.
« Ecoute, je voulais te dire… »
« Ça va. Ce n’est rien. Je comprends. »
Kankuro sourit. Son frère respire le calme. Et pourtant quand il est rentré, on sentait très bien son malaise.
« S’il y a quelque chose dont tu veux parler, n’hésite pas. » propose Kankuro.
Gaara sourit à son tour, les yeux toujours tournés vers la lune. Il n’est pas d’humeur à parler, il ne saurait même pas quoi dire, mais il est content que son frère soit là.
« Merci. »
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Message par yukiyoruno »

L'histoire est tout à fait intéressante mais j'ai eu un peu du mal de m'y plonger. Peut-être, je n'ai pas l'habitude de ton style d'écriture.
J'ai l'impression que l'histoire manque un peu de profondeur. Je ne sais pas.

Mais tu es vraiment attentive de tous les détails. Tu prends le temps pour réaliser les descriptions qui sont très importants pour la structure d'une histoire comme celle-ci.

Sinon, attention une chose à éviter: dans Naruto, je n'ai JAMAIS VU un moyen de transport en roue( voiture, train, camion, vélo, moto...) or Shikamaru et Temari sont venus avec un camionette??!! Il est plus judicieux qu'ils soient venus avec un chariot tiré des chameaux par exemple .

Et voilà, tel était mon court avis sur ta fanfic.
Je t'encourage d'en continuer car ta fanfic a des qualités requises d'une bonne fanfic. Quoique Gaara est un peu-légèrement-OCC mais ce détail pouvait être pardonné en étant vu que l'histoire se situe bien plus tard.
A bientôt!
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Message par xoux »

Merci Yukiyoruno pour ton avis et tes conseils!!!

Pour ce qui est des engins motorisés, il me semble que dans le film Naruto "Chroniques ninja de la Princesse Fuun" (je crois que c'est le titre exact), il y a des trains, des motos, des vélos, je sais plus pour les voitures, mais il y a la télé aussi, et le cinéma.
Après, c'est sûr, ça ne fait pas partie du manga, mais ça fait bien partie du monde de Naruto.
Il ne faut pas oublié qu'au-delà des villages ninjas cachés, il y a aussi le monde des civils, dont nous faisons tous partie!
Par contre, c'est vrai que les chameaux, ça aurait fait plus classe pour le désert.

Il y a une chose que je n'ai pas comprise à propos de ta critique sur Gaara : c'est quoi OCC ???
Merci de m'expliquer!
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Message par yukiyoruno »

Out of character= hors du personnage.
Par exemple, dans le manga Shino est discret et parle peu. mais l'auteur d'une fanfic en a décidé autrement pour les besoins de sa fanfic: Shino est Dom Juan et parle beaucoup et adore réciter les alexandrins. Ce n'est pas un vrai Shino tout ça.

Je trouve que Gaara manque de l'interiorité, du naturel...Je ne sais pas trop.

Sinon, il ne faut pas suivre l'anime mais le manga parce que l'anime se permet parfois de faire les concessions vis à vis manga, les films de Naruto en sont de bons exemples.
C'est mieux de suivre le manga plutôt que l'anime. Il y a plus de gens assidus des scans que de l'anime. Et il faut suivre le grand gourou qu'est Masashi Kishimoto...
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Message par xoux »

Merci pour la définition de OCC!
Je ne savais pas du tout.
Mais du coup je suis toute triste... Je pensais que l'évolution de mon Gaara pouvait être assez crédible...

Enfin bref, méa culpa d'avoir suivi l'anime plutôt que le manga, je n'avais pas réalisé en effet qu'il existait tant de différences...
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Message par xoux »

Chapitre IV : Sangsue

Les trois jours suivants, Gaara paraît être dix personnes différentes. Il ne rate aucune ronde, il traite dans la minute tous les rapports qu’on lui donne, il prépare les nouvelles missions de toute la saison, il s’occupe des papiers administratifs, des aides aux familles, des travaux prévus pour agrandir la ville… Quand il rentre chez lui le soir, il aide Temari à chercher une maison pour sa future famille.
« Gaara, où est passé mon vieux coffre, tu sais, celui où je mettais mes poupées quand j’étais petite ? »
« Je crois qu’il est à la cave. »
« C’est bête, j’aurais bien aimé lui refaire une beauté pour le bébé. »
« Je vais le chercher ! »
Gaara plonge dans les entrailles de la maison.
« Tu ne trouves pas que Gaara est bizarre en ce moment ? » interroge soudain Temari, à l’attention de son deuxième frère.
« Bizarre ? Bizarre comment ? »
« Et bien, il travaille, ça c’est sûr, mais il fait plein d’autres choses. Tiens, tu savais qu’il allait boire tous les soirs avec ses guetteurs ? »
« J’étais vaguement au courant. »
« Et il va voir les habitants de Suna ! Il aide tout le monde. L’autre fois il a même aidé une maman à porter un de ses marmots qui s’échappait ! »
« Et ben ? »
« Et qu’il se précipite à la cave pour me trouver ce vieux coffre mité ? »
« Il est prévenant, c’est tout ! »
« Et tu ne trouve pas ça bizarre ? »
« Bah non, je l’aurais fait aussi, s’il n’y avait pas ce film à la télé. C’est normal quoi. » conclut Kankuro.
« Et depuis quand Gaara est normal ? »
Kankuro détourne enfin les yeux de l’écran de la télévision. Il ouvre grand les yeux. Depuis quand Gaara agit normalement ?
« C’est fou, ça. Comment j’ai fait pour pas m’en rendre compte alors que je le vois tous les jours ! » s’en veut Kankuro.
« C’est normal. Tu l’as vu évolué, ça t’a donc paru normal. Mais Temari a du recul puisqu’elle ne l’a pas vu depuis longtemps. Elle peut mieux comparer l’ancien Gaara et le nouveau. » explique Shikamaru. « Je trouve aussi qu’il est normal. Et c’est vrai que c’est bizarre. »
« Et voilà le coffre ! »
Gaara est remonté de la cave avec le gros coffre en bois poussiéreux. Il passe la soirée à le laver, le poncer, et le repeindre avec sa sœur. Kankuro observe. Jamais le Gaara d’avant n’aurait accepté ce genre d’atelier peinture ! D’ailleurs, jamais la Temari d’avant n’aurait proposé ce genre d’activité non plus…
« Temari, t’es trop normale. » se moque Kankuro en lui tendant un pinceau propre.
Elle ne relève même pas. Comble de la bizarrerie.

La soirée passe. Gaara et Kankuro s’éclipsent pour la dernière ronde et laissent Shikamaru et Temari aller se coucher.
« Dis Gaara ? »
« Quoi ? »
« S’il y avait quelque chose de nouveau dans ta vie, tu me le dirais ? »
« Hein ? »
« Je veux dire, quelque chose d’important ? »
Gaara ne semble pas comprendre.
« Heu… oui. »
« Vraiment Gaara, tu es mon frère, j’aimerais savoir. »
Une ambiance de confidence règne soudain.
« Et bien… » commence Gaara.
« Je le savais ! C’est à cause d’une fille ! C’est une infirmière ! C’est Akiko, allez, c’est Akiko j’en suis sûr ! »
Gaara n’en revient pas. Dire qu’il a cru que son frère était sérieux.
« T’es vraiment pas bien toi ! » se moque-t-il en le poussant.
Le retour se fait dans l’allégresse.
« Bon ben, bonne nuit ! » lance Kankuro avant de se diriger vers sa chambre.
« Bonne nuit ! » répond Gaara.
En se couchant, il se sent heureux. Demain, il pourra aller à l’hôpital.

« Petit déjeuner ! » appelle Temari qui s’est mise à la cuisine depuis son retour à Suna no Kuni.
Gaara est déjà prêt, habillé, il aurait volontiers sauté le petit déjeuner pour aller plus vite mais sa sœur le harponne avant qu’il n’ait temps de s’éclipser.
« Petit déjeuner !!! » ordonne Temari en le tirant par le col de sa chemise.
Il n’a d’autre choix que de s’exécuter. A table, tout le monde tire un visage de six pieds de long.
« Régalez-vous ! »
Mais l’invite sonne comme un glas. Temari ne remplace pas avantageusement Miyako en ce qui concerne les repas. Shikamaru remue vaguement ce qui paraît être des œufs brouillés avec le bout de sa fourchette. Kankuro repousse sa tasse de thé à peine y a-t-il trempé les lèvres tant le liquide est amer. Gaara quant à lui ne semble pas avoir remarqué le changement dans son petit déjeuner. Il engloutit son œuf et vide sa tasse d’un trait pour se lever comme un ressort dans la seconde qui suit.
« Et bien, tu as aimé ? » interroge Temari tandis que son frère s’éloigne déjà.
« Oui ! C’était très bon merci ! » lâche-t-il avant de se sauver.
« Super, grâce à ton frère, on va être obligé de manger maintenant… » se plaint Shikamaru en jetant un regard dédaigneux sur son assiette.

Mais Gaara se moque bien de savoir si son estomac va avoir du mal à digérer ce qu’il a ingurgité sans s’en rendre compte. Il se précipite vers le marché. Il ne sait pas bien où trouver la fleuriste de la dernière fois. Il était tombé dessus par hasard. Apparemment ce sera encore le cas aujourd’hui.
« Ouch ! »
Gaara heurte la fleuriste aveugle et renverse l’énorme vase qu’elle tenait dans ses bras. Toutes les fleurs et l’eau se déversent sur lui. Il est trempé, et des pétales s’accrochent un peu partout dans les plis de ses vêtements.
« Je suis désolé… » panique Gaara en tentant de ramasser les fleurs maltraitées.
« Ce n’est rien. Vous étiez pressés de venir chercher ces fleurs et le désir de votre cœur a outrepassé ce que vous dictaient vos sens ! » rit la jeune femme.
Gaara sourit, un peu gêné. A genou dans la flaque, il regroupe les fleurs tant bien que mal. Ce sont toutes des fleurs d’eau. Nénuphars, orchidées, fluviatiles, renoncules, angéliques et lotus jonchent le sol détrempé. Il tend le bouquet maladroitement refait à sa propriétaire.
« Vous avez constitué un magnifique bouquet ! » admire-t-elle.
Elle tâtonne le bouquet, secoue légèrement les tiges comme si elle tentait de deviner le poids de leur ensemble, et les fleurs s’organisent d’elles-mêmes pour former une masse ronde et structurée d’où s’échappent par endroits les longs bois des fluviatiles aériennes.
« Et pour finir… »
La fleuriste attrape une grande feuille de nénuphar et l’enroule autour des tiges, puis noue le bouquet d’une liane de raphia.
« Vous êtes vraiment très douée… » s’émerveille Gaara.
« Je n’ai absolument rien fait ! Ce sont les fleurs qui ont fait ça, votre cœur leur a parlé et elles ont aimé l’écouter. »
Avant même que Gaara n’ait ouvert sa bourse, la fleuriste lui impose de prendre le bouquet dans ses bras.
« Mais… » proteste Gaara.
« Vous reviendrez m’offrir quelque chose qui viendra de votre cœur. Il parle si clairement, et son discours est si plaisant à entendre que je ne peux accepter d’argent. » insiste-t-elle en s’éloignant dans l’arrière boutique.
Gaara essaye de la suivre, mais l’arrière boutique paraît une vraie jungle, pleine de marres fleuries, de lianes, de plantes de toutes sortes, et la fleuriste reste introuvable. Le jeune homme aux cheveux rouges n’a d’autre solution que de s’en aller. Il doit absolument aller à l’hôpital. Un dernier coup d’œil à l’étal de fleurs, il se décide à partir.

Cela fait drôle à voir, un Kazekage d’habitude impressionnant, entièrement dissimulé par un bouquet de fleurs encore plus impressionnant. Gaara ne sait plus où donner des mains pour retenir toutes les fleurs. La feuille de nénuphar glisse un peu. Il est trempé par le vase qu’il a renversé. Il a encore des feuilles accrochées dans les cheveux. Mais il parvient sans trop de retard à la porte de l’hôpital, traverse le couloir et se retrouve enfin devant la porte de la chambre.
Il hésite à entrer. Il tend la main vers la poignée mais elle se dérobe soudain.
« Heu… »
« Et bien, vous allez rentrer ? » questionne Kaora-sama.
« Oui ! » se précipite Gaara.
Mais le lit est défait et personne n’est dedans.
« Oh ! Mais c’est une vraie maladie ça !!! » s’exclame la vieille infirmière.
Elle se dirige vers le fauteuil que Gaara avisait déjà. La jeune fille est cachée derrière, totalement recroquevillée entre le dos du fauteuil et le mur. Les genoux sous le menton, les bras serrés autour des jambes, on ne voit que ses longs cheveux noirs qui l’entourent, et ses yeux noirs qui dépassent.
« Sors de là ! » supplie Kaora-sama.
Elle s’accroupie près de la fille en chemise et lui tend la main pour l’inviter à regagner son lit. Mais l’inconnue se recule d’autant plus et semble même s’incruster dans le mur.
« Elle ne peut pas rester dans son lit une minute si on n’a pas tout le temps les yeux fixés sur elle ! » explique Kaora-sama en se relevant.
Ses vieux os craquent. Elle se tient le dos mais se penche à nouveau vers la jeune fille. Gaara observe le manège quelques instants, puis pose l’énorme bouquet sur le lit et s’avance vers le coin de la pièce.
« C’est peine perdue. Elle va finir par rentrer dans le mur. Elle a déjà fait ça hier et j’ai mis toute la nuit à l’en sortir. »
Gaara s’approche du mur en question.
« Reculez-vous, si vous lui faites peur elle va vraiment rester dans le mur et je devrais demander à Akiko d’imperméabiliser les murs avec du genjutsu pour qu’elle ne se retrouve pas dehors. » se plaint la vieille infirmière.

Mais Gaara n’écoute déjà plus. Ses yeux ont croisés ceux de la jeune fille. Elle fixe ses pupilles dans les siennes, et son iris noir s’éclaircit pour devenir aussi bleu que le regard azuré du jeune homme aux cheveux rouges. Elle change soudain de point de mire et semble attiré par le bouquet posé sur le lit. Gaara avise le bouquet. Il en détache un lotus et le tend vers la jeune fille. Elle balance. Elle se détache progressivement du mur pour se coller au fauteuil. Mais elle ne lâche pas le lotus des yeux. Ses grandes paupières se referment un instant et ses longs cils palpitent. Elle réfléchit. Gaara s’accroupit devant elle et tend la fleur blanche à bout de bras. Pour qu’elle puisse l’attraper de là où elle est, sans avoir peur, sans la forcer à sortir de son refuge. Elle rouvre soudain les yeux, regarde encore un instant le lotus puis le délaisse pour se concentrer à nouveau sur le Kazekage. Elle s’avance soudain et enroule ses bras autour du coup du jeune homme, surpris. Elle pose sa tête sur sa poitrine et inspire profondément. Il sent le lotus. Le lotus, c’est lui.

« Et bien ! Si je m’y attendais ! » s’étonne Kaora-sama, amusée.
Gaara ne sait trop quoi faire. Il n’ose pas prendre la jeune fille dans ses bras, il n’ose pas bouger. Il attend. Mais elle reste comme ça.
« Levez-vous, vous allez vous fatiguer. Elle est capable de rester immobile un temps fou ! » prévient la vieille infirmière.
Mais Gaara n’ose toujours pas. Kaora-sama lui confie la surveillance de l’inconnue et sort de la pièce, un patient nécessite son attention.
Gaara se lève progressivement. La jeune fille le garde dans ses bras mais suit son mouvement et se lève avec lui. Elle reste encore un moment comme ça, et s’écarte soudain. Gaara sourit d’un air gêné. Elle prend le lotus qu’il gardait dans sa main et le serre contre elle. Un silence bienveillant envahit la pièce. L’immobilisme les gagne tous les deux.
« Comment t’appelles-tu ? » demande soudain Gaara pour briser le silence.
La jeune fille ne répond pas. Elle penche la tête de côté pour mieux percer son regard.
« Comment t’appelles-tu ? » réitère Gaara.
Mais elle a tourné la tête, les yeux fermés. Elle hume l’air et cherche quelque chose. Elle se dirige vers le lit et attrape le bouquet. Elle tombe sur les draps et le serre fort contre elle. Elle ne bouge plus.
« Vous avez réussi à la calmer ? » interroge Kaora-sama, surprise, en rentrant dans la chambre.
Gaara s’est assis sur le fauteuil, la jeune fille est recroquevillée en travers du lit, le bouquet dans les bras comme s’il s’agissait d’une peluche.
« Il est tard vous savez, vous devriez partir. »
Gaara pose ses yeux sur la jeune fille et se dirige vers la sortie. La jeune fille se réveille soudain. Les yeux au bord des larmes. Elle s’est agenouillée sur le lit, et implore Gaara du regard.
« Est-ce que… » commence le Kazekage.
« Il est hors de question qu’elle sorte d’ici ! » rétorque Kaora-sama comme si elle devançait la demande du jeune homme aux cheveux rouges.
Gaara ne sait quoi répondre. Il garde ses yeux dans ceux de la jeune fille, mais la vieille infirmière le pousse hors de la chambre et ferme la porte.

« Alors, bonne journée ? » interroge Temari au retour de son frère.
Mais Gaara ne semble pas entendre. Il se dirige vers son balcon et s’accoude à la balustrade, le regard perdu dans la le halo de la lune croissante.
« Qu’est-ce qu’il a ? » s’inquiète Temari.
« Je vais voir. » décide Kankuro.
Il ouvre à son tour la grande baie vitrée du balcon de son frère et le rejoint dans le jardin. Il s’installe à côté de lui et respecte son silence pendant un bon moment.
« Tu ne devrais pas rester dehors. Il commence à faire froid, tu n’as rien mangé depuis cet horrible petit-déjeuner ce matin, et Temari s’inquiète pour toi. »
Gaara ne réagit pas.
« C’est aussi ça les rapports humains. C’est se contraindre à faire ce qu’on ne veut pas pour rassurer ceux à qui l’on tient. » conclue Kankuro en rentrant.
Gaara regarde dans sa direction. Se contraindre à faire ce que l’on ne veut pas pour rassurer ceux à qui l’on tient. Il ne comprend pas encore beaucoup de choses en ce qui concerne ces rapports humains dont Kankuro parle. Mais tout ce qu’il a pu apprivoiser, il l’a fait justement grâce à ce genre de phrases lâchées par son frère. Des phrases sérieuses qui dénotent de sa verve habituelle. Gaara ne cherche pas à comprendre mais il s’exécute. A force de mettre en pratique ces préceptes, il finit par les comprendre. Se contraindre pour montrer qu’on tient aux gens. Pourquoi pas, c’est une idée.
Il rentre et rejoint tout le monde à table. Ce soir, c’est Miyako qui s’est mise aux fourneaux. Gaara a échappé aux expériences culinaires de Temari servies à midi, mais Kankuro et Shikamaru sont heureux de pouvoir compter sur un vrai repas.
La joie d’un bon repas est vite communiquée. Les discussions fusent. Gaara se prend même à rire. Temari paraît complètement détendue. Gaara est heureux d’avoir écouté Kankuro. Il se sent mieux. Il comprend des choses et se ressert un verre pour trinquer. A la famille.

« Dieu soit loué, vous êtes là ! » l’accueille Kaora-sama.
Gaara ouvre des yeux tout ronds. Les fleurs apportées la veille tapissent le sol comme si elles étaient mille fois plus nombreuses. On patauge dans l’eau et les pétales. Il fait à la fois lourd et frais dans la chambre. Et la jeune fille semble une fois de plus avoir élu résidence dans un mur.
« Depuis votre départ d’hier soir on ne la tient plus. Akiko a pu imperméabiliser sa chambre de part en part mais impossible de la sortir du mur ou d’empêcher cette eau de venir d’on ne sait où ! »
Gaara sourit, interloqué. Une ombre parcourt les arrêtes des murs.
« Elle a été intenable, in-te-nable ! » insiste la vieille infirmière. « Depuis hier elle joue avec ses fleurs, elle protège votre fauteuil comme si c’était un trésor et personne ne peut l’approcher. »
Soudain, le corps sort du plafond, les bras tendus vers Gaara. Les mains s’accrochent à son cou, les jambes s’enroulent autour de sa taille. Les cheveux noirs le recouvrent entièrement, et il se retrouve une nouvelle fois enlacé par un fardeau agrippé à son dos.
« On peut dire qu’elle s’est littéralement accrochée à vous ! » rit à pleine gorge Kaora-sama.
Gaara est totalement désemparé. Il n’a d’autre choix que se pencher en avant pour assurer son équilibre, et attraper la jeune fille dans son dos pour éviter qu’elle ne glisse et ne l’étrangle.
« Vous ne vouliez pas la laisser seule hier, c’est chose impossible à présent ! Emportez-la où bon vous semble, elle est en pleine forme, elle n’est plus dangereuse, je ne veux plus la voir ici ! » ordonne Kaora-sama en poussant les jeunes gens hors de la chambre.

Dehors, la nuit tombe. Heureusement. Personne ne pourra voir le Kazekage, une jeune femme simplement vêtue d’une chemise sur son dos, les bras autour de son cou, la tête sur son épaule. Il doit tenir ses genoux, voire même ses cuisses pour qu’elle reste en place. Mais elle ne semble pas décidée à descendre. Gaara rase les murs avec sa cargaison et arrive chez lui un long moment après. Quand il ouvre la porte, il tombe nez à nez avec Kankuro.
« Mama mia ! » s’écrie celui-ci. « Le grand jour est enfin arrivé !!! » chantonne-t-il en ouvrant grand le passage à son frère pour le guider vers sa chambre.
« Je ne vais pas par là… » répond Gaara, énervé.
Temari écarquille les yeux. Shikamaru sourit en coin. Kankuro est aux anges. Son frère ramène une fille à moitié nue à la maison !
« Tu peux la poser tu sais, on l’a vue. » explique Temari.
« Je ne la cache pas. C’est elle qui s’est mise comme ça. »
« Tu peux le lâcher. » déclare Shikamaru à l’adresse de la jeune fille.
Mais elle reste sur son perchoir.
« Ne le lâche pas tu as bien raison ! » s’exclame Kankuro. « Il serait du genre à s’enfuir. Allez Gaara, comporte-toi en homme et fais-en quelque chose !!! »
Un regard noir en direction de son frère fait stopper les commentaires.
« L’ennui c’est que je commence à fatiguer mais elle ne veut vraiment pas lâcher… » soupire Gaara.
Temari dégage une commode et en tapote la surface. Gaara s’assoit, la jeune fille derrière lui toujours accrochée à son dos, les jambes pliées le long de la commode le long des siennes.
« Merci ! Ça va mieux ! »
« Et comment s’appelle cette sangsue ? » s’informe Temari.
« Yue. » répond tout à coup Gaara.
« Yue ? C’est chinois ça, non ? Ça veut pas dire… »
« Lune. » interrompt Gaara.
A ce mot, la jeune fille lève la tête, et d’un mouvement délié, se détache de Gaara, glisse le long de la commode et s’accroupit par terre, les genoux sous le menton. Seuls ses yeux dépassent et observent.
« Ben dis donc… T’as pas choisi la meilleure… » remarque Kankuro.
Gaara jette un regard meurtrier à son frère qui l’ignore royalement. Il se lève de la commode et tend la main à Yue. Elle l’attrape et se lève.
« Je vais la coucher. Elle est fatiguée. » décide Gaara.
Il l’amène dans sa chambre en la tirant gentiment par la main. Il ouvre les draps, elle se glisse dedans sans même qu’il ne le lui demande.
« Et bien bonne nuit alors. »
Mais elle ne ferme pas les yeux. Gaara s’assoit sur le rebord du lit sans oser s’approcher plus. Il pose un regard bienveillant sur elle. Ses pupilles noires disparaissent derrière une longue rangée de cils. Elle dort. Gaara la regarde encore un instant. Elle semble paisible. Il se sent curieusement heureux de la voir comme ça. Finalement, il sort de la chambre.

« C’est déjà fini ??? » s’étonne Kankuro.
« Oui, elle s’est endormie très vite. » répond Gaara.
Il se dirige vers le canapé, regroupe tous les coussins d’un seul côté et les tapote, puis s’allonge pour dormir.
« Désespérant… » soupire Kankuro en se levant. « Bon, c’est pas que, mais j’y vais, la nuit commence à peine et il y a sans doute des tas de choses à faire ! Et je dis ça, mais moi, j’ai pas une fille qui est déjà dans mon lit. » continue-t-il, piquant.
Gaara ne relève pas. Temari lui fait de gros yeux. Shikamaru sourit en coin et baille.
« Tu veux pas venir te dégourdir ? » propose Kankuro à son beau-frère, alors qu’il ouvre la porte d’entrée pour sortir.
Une cuillère à soupe vole à travers le salon et rebondit contre la porte fermée à toute allure. Temari ne permettra jamais une telle chose ! Grommelant, elle ramasse la cuillère, déplie une couverture d’appoint et en recouvre son frère. Elle empoigne une bassine de linge à plier posée dans un coin. Shikamaru lui prend la bassine des mains et la repose. Il enlace tendrement sa femme, qui continue à grogner, et descend doucement ses mains sur son gros ventre.
« Les seules personnes avec qui je veux être sont ici, dans mes bras. Je n’ai aucune raison d’aller zoner en ville. » la rassure-t-il en l’embrassant dans le cou.
Elle sourit enfin. Gaara ne dort pas encore. Il a entendu les paroles réconfortantes de Shikamaru. C’est vraiment étrange. Il est heureux pour sa sœur. On peut être heureux du bonheur de quelqu’un d’autre. De même qu’il est heureux pour Yue. Il s’endort en pensant à elle.

La lumière du jour filtre à travers la grande baie vitrée, et un rayon se pose sur sa tempe. Gaara plisse des yeux et se réveille. Dans la cuisine, on entend Miyako et Temari préparer le petit-déjeuner.
« Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller. » chuchote Shikamaru.
Dans le buffet, il est venu chercher des tasses pour le café.
« Ce n’est pas toi. Ne t’inquiète pas. » sourit Gaara.
Shikamaru lui rend son sourire. C’est vrai que les sourires aident à bien commencer une journée. Gaara inspire profondément. Il sent qu’il va faire de grandes choses.
« Bonjour tout le monde ! » dit-il en entrant dans la cuisine.
« Bonjour ! » lui répond-t-on d’un ton enjoué.
« Ouais c’est ça, bonjour… » bougonne Kankuro, des valises sous les yeux. « Dormir sur le canapé, mais je t’en donnerais moi… »
Gaara paraît amusé. Il tapote l’épaule de son frère.
« Je vais voir si elle dort encore. »
Il se dirige vers sa chambre et ouvre doucement la porte. Rien ne bouge à l’intérieur. Elle tourne soudain la tête et ouvre grand les yeux. La première chose qu’elle voit est Gaara. Elle sourit. Un sourire des yeux. Il sent son cœur se gonfler, sourit aussi, un peu gêné. Il s’approche d’elle et défait les draps pour l’aider à sortir du lit. Elle reste assise sur le rebord.
« Viens. »
Gaara lui tend la main. Elle la lui attrape, se lève, et grimpe sur son dos. Gaara n’a pas le choix, mais en fin de compte, cette façon de faire lui convient.
« Mais ça va devenir une habitude ! » rit Temari en les voyant arriver dans la cuisine.
Elle débarrasse le dessus du lave-vaisselle pour former un siège assez grand pour qu’ils y tiennent à deux. Gaara s’installe. Miyako lui tend un café. Il passe la tasse par-dessus son épaule. La jeune fille la renifle et détourne la tête, repoussée par l’odeur.
« Ah, c’est une autre histoire. » soupire Miyako. « Qu’est-ce qu’elle va boire ? »
On lui tend successivement une tasse de jus d’orange, de pomme, de lait, de thé vert, de tisane. Elle repousse tous les breuvages la mine dégoûtée. Puis on lui tend des croissants, des fruits, des tartines, du gâteau…
« Elle ne veut rien, c’est une difficile ! » se plaint Miyako.
« Quand elle aura faim, elle nous montrera ce qu’elle veut. » lâche Shikamaru en trempant le bout de son croissant dans sa tasse de café.
Gaara, assis sur le lave-vaisselle, la jeune fille dans son dos, finit son petit-déjeuner.
« Comment je peux faire pour la faire lâcher ? » demande-t-il.
« Ah ça ! » se moque Miyako, vexée qu’aucune de ses propositions n’ait convenue à la fine bouche.
Il faut qu’il aille travailler, il ne peut pas l’emmener. Mais il ne veut pas la forcer à le lâcher.
« Tu veux qu’on la tire ? » propose Kankuro.
« Ne commence pas avec tes sous-entendus lourdauds. » le reprend Temari.
Mais soudain, la jeune fille détache d’elle-même ses bras du cou de Gaara.
« Je peux vous la laisser ? »
« Tu as du travail de toute façon, on fera avec ne t’inquiète pas ! » sourit Temari.

Miyako ne semble pas de cet avis et soupire. Mais être Kazekage réclame un travail soutenu quotidien auquel Gaara ne peut se soustraire ne serait-ce qu’un jour. Yue le fixe de ses grands yeux bleus. Gaara s’en va. Il se sent au bord des larmes. Pourquoi est-ce si difficile de la quitter ?
Au bureau, il n’a pas la tête à travailler et doit se concentrer pour classer tous ses dossiers. Il n’a qu’une hâte, c’est rentrer chez lui. Mais les rapports se succèdent, et il doit préparer de nombreuses missions pour la prochaine saison. Il se libère finalement à l’heure du goûter.
« Je suis rentré ! » crie-t-il en ouvrant grand la porte de la maison.
« Tu as fait vite ! » s’étonne Kankuro.
« Non, il n’est pas rentré manger… » le sermonne Miyako.
« Tu arrives juste à temps ! » renchérit Temari. « Surprise ! »
Derrière elle, Yue a troqué sa chemise d’hôpital pour de vrais vêtements de kunoichi. Un short en résille surmonté d’une jupe courte. Des bottes. Un tricot asymétrique.
« Je n’ai trouvé que ça à sa taille. Elle est si menue que j’ai dû ressortir mes vieilleries ! » explique Temari.
Et de très longs cheveux, noirs et lisses. Encore plus longs qu’ils ne paraissaient, maintenant qu’ils sont coiffés. Ils encadrent son visage clair de deux bandes sombres, et ses yeux ressortent encore plus. Ses yeux s’illuminent en voyant Gaara.
« Et bien, et bien… Nous n’avons pas le droit à un petit commentaire ? Avec tous ces nœuds qu’il a fallu démêlés, et ces vêtements qu’il a fallu enfiler ? » réclame Temari en poussant Yue vers son plus jeune frère.
Elle est vraiment magnifique. Mais Gaara ne prononce aucun mot. Elle sourit pourtant. Ses yeux sourient.
« Et si vous alliez vous promener un peu ? Elle est restée enfermée toute la journée la pauvre ! »
Gaara lui tend la main. Elle l’attrape. Il la tire vers la porte mais elle s’arrête soudain d’avancer. Ses yeux ne sourient plus. Elle ne veut pas aller dehors. Elle a peur.
« Ne t’inquiète pas. Il n’y a rien à craindre. »
Mais elle ne bronche pas d’un pouce. Gaara referme la porte. Ils resteront à la maison. Temari semble un peu déçue, mais Kankuro se réjouit. Yue semble fort à son goût.

« Viens par ici ! » essaye-t-il en lui tendant sa main.
Elle agrippe le bras de Gaara.
Il ne se démonte pas.
« Tu veux un verre d’eau ? » propose-t-il en versant la carafe.
Elle regarde l’eau avec envie mais reste derrière le jeune homme aux cheveux rouges.
« N’insiste pas Kankuro, tu as essayé toute la journée et tu n’as réussi à rien. » se moque Temari.
Yue grimpe sur le dos de Gaara et accroche ses bras autour de son cou.
« Et bien c’est gagné ! »
Kankuro, enragé, sort de la maison. Elle l’a fuit toute la journée comme s’il était la peste, et Temari n’arrête pas de se moquer de lui.
« Elle n’a pas été trop difficile à vivre ? » s’inquiète Gaara. « Elle n’est montée sur personne ? »
« Ton dos semble le seul à lui convenir. » répond Shikamaru, plongé dans un livre dont il tourne lentement les pages.
« Elle a été adorable avec moi, je me suis amusée à l’habiller et à la déshabiller comme une petite poupée ! Ça me fait un bon entraînement pour le bébé ! » s’enjoue Temari.
Gaara s’assoit sur la commode. Elle n’est pas très lourde mais il préfère s’assoir maintenant, on ne sait jamais combien de temps elle va vouloir rester perchée.
« Elle a ignoré Shikamaru toute la journée, et elle déteste cordialement Kankuro ! » ajoute la sœur du Kazekage. « C’était très drôle ! »
« Temari ! J’ai trouvé le petit lit !!! » crie la voix lointaine de Miyako, perdue quelque part dans la cave.
« Fantastique ! »

Temari rejoint la jeune aide-ménagère pour s’occuper de ce lit d’enfant qu’elle cherche depuis son arrivée. Shikamaru la regarde s’en aller et ferme son livre. Gaara lève un sourcil. Il se pourrait bien que son beau-frère veuille lui parler.
« Gaara, approche un peu s’il te plait. »
Bingo.
« Tu sais qu’elle n’est pas guérie. Et ce n’est pas une question. »
« Oui. »
« Je ne sais pas pourquoi, mais elle ne semble pas se soucier de moi. Elle se déplace étrangement quand les autres ne sont pas là. »
Gaara attend la suite.
« Elle marche sur les murs. Ou même dans les murs. »
« Oui. »
« Quand ça lui arrive, elle a un drôle de regard. Ses yeux changent de couleurs et de forme. »
Gaara soupire.
« Oui. »
« Mais elle doit avoir une certaine conscience de ce qui lui arrive. Elle ne se laisse aller que devant moi, j’ignore pourquoi, mais quand elle sent d’autres personnes approcher, elle sort des murs et paraît normale. »
Gaara est interloqué. Elle a conscience de ce qu’elle fait. C’est un progrès indéniable puisque la fois où elle s’est entièrement transformée, Kaora-sama a assuré de l’inconscience de sa patiente.
« Je ne dirais rien. De toute façon ce n’est pas grave. Mais si ça devait… empirer… il faudra faire quelque chose. »
« Je sais. »
Sur le dos de Gaara, Yue n’a pas bougé. Quand Shikamaru s’est tu, elle a regardé dans sa direction, comme si elle pouvait voir à travers. Shikamaru n’y prête pas attention mais en vérité cela le trouble plus qu’il ne voudrait. Elle le regarde sans le regarder. C’est assez gênant de se sentir ignoré à ce point, mais après tout, Shikamaru a toujours préféré faire partie du paysage que de la scène.
« Merci. »
Yue détache ses bras du cou de Gaara et appuie son dos contre le mur. Elle retire ses jambes de la taille du jeune homme aux cheveux rouges et d’un mouvement fluide, elle les replie sous son menton.
« Elle recommence. Ne bouge pas, ça va la perturber. » annonce Shikamaru.
Gaara sent Yue se détacher progressivement de lui. Pourtant, il n’y a pas assez de place sur le lave-vaisselle pour permettre une si grande distance entre lui et la jeune fille. Il n’ose pas bouger. Il sent qu’elle n’est plus là.

« Regardez un peu dans quel état je suis ! » se plaint Temari en entrant comme une furie dans la cuisine.
Gaara sent Yue revenir. Elle glisse ses bras autour de son cou. Sa main est froide et humide.
« On a bien retrouvé le petit lit, mais il est plein de poussière, j’ai cru étouffer ! » explique Temari en passant ses mains sous l’eau qui coule abondamment du robinet.
Yue observe le débit de l’eau. On dirait qu’elle peut voir chaque goutte d’eau s’écouler de la tuyauterie et disparaître dans le fond de l’évier.
« Et bien Yue, tu fais une drôle de tête. » remarque Miyako.
« Tu veux de l’eau ? » s’empresse de proposer Temari en lui tendant un verre.
Yue tend les deux mains. Temari lui donne le verre et la fait serrer ses doigts autour pour qu’elle ne le fasse pas tomber. Elle boit lentement mais finit le verre d’un trait.
« Oui, nous avons découvert ça cette après-midi. Elle n’accepte que ça : l’eau. »
Miyako lui ressert un verre qu’elle vide de même.
« Tu vois ? Elle reprend du poil de la bête ! Ce matin elle était toute pâle, presque grise. Et depuis qu’on lui donne de l’eau, elle est… heu… » commence Temari.
« Toujours aussi pâle mais de sa pâleur habituelle ! » termine Miyako. « Si au moins elle voulait manger quelque chose… »
Elle lui ressert un autre verre. Cette fois, Yue le boit très lentement et ferme les yeux. Le verre vide, Yue fixe ses grandes pupilles sur la dernière goutte. Celle qui ne tombera jamais du verre même si on le retourne. La goutte qui obsède. Ses yeux se perdent dans le vague. Shikamaru ferme son livre, se lève et lui prend le verre des mains sans pour autant la toucher. Il le pose sur la table. Yue fixe le verre et Shikamaru qui retourne à sa place.
« Pourquoi tu fais ça ? » s’étonne Temari. « Si elle aime garder ce verre, laisse-le lui, c’est la seule chose qu’on sache à propos d’elle ! »
« Elle allait le faire tomber et se blesser. » oppose Shikamaru, impassible.
Gaara sait pourquoi il a fait ça. Il lui en veut, mais lui en est aussi reconnaissant. Il a senti que Yue changeait. Même si elle est dans son dos et qu’il ne la voit pas, il semble comprendre Yue au-delà de la perception ordinaire.

« Bien, tout le monde à table ! » appelle Miyako de la salle à manger.
Shikamaru entraîne Temari hors de la cuisine. Gaara tente de se lever mais Yue le retient par le cou. Il attrape ses genoux et rejoint le reste de la famille.
« Allez Yue, lâche-le. » ordonne Temari en posant sa main sur le bras de la jeune fille.
Yue se détache de Gaara et glisse de son dos. Temari lui attrape la main et la mène à sa chaise. Elle s’assoit, pose ses pieds sur le bord de la chaise et remonte ses genoux sous son menton une nouvelle fois.
« Ah non, pas de ça ici ! » la reprend Temari.
Elle déplie les jambes de la jeune fille et l’assoit correctement sur sa chaise. Puis elle lui prend les mains et les pose sur la table. Enfin, elle l’approche de la table en poussant sa chaise et dépose sa serviette sur ses genoux.
« Ce n’est pas un enfant. » fait remarquer Shikamaru.
Mais voir sa femme ainsi l’attendrit et il sourit malgré lui. Kankuro arrive à son tour dans la salle à manger.
« Toi, tu t’installes là. » décide Temari en lui tirant une chaise.
« Mais c’est pas ma place ! »
« Ta place est trop près de celle de Yue et tu lui fais peur. Alors tu déménages à l’autre bout ! » explique Miyako en servant le repas.
Gaara se sent bizarre. En une journée, il a manqué pas mal de choses concernant Yue. Il l’observe intensément. Elle ne bouge pas, mais ses yeux démesurés semblent embrasser toute la pièce et ne perdre aucune miette de tout ce qui s’y passe.
« Yue ne supporte pas Kankuro et Temari est la seule à pouvoir la toucher sans qu’elle ne recule. Mais elle a toujours l’air absent dans ces cas-là. Par contre quand c’est avec toi, c’est elle qui s’agrippe. » dit soudain Shikamaru.
« C’est vrai que sa volonté ne se manifeste qu’en ta présence. » avoue Temari un peu contrariée. « Mais au moins elle m’aime bien ! » sourit-elle.
Elle ne peut s’empêcher de regarder Kankuro.
« C’est ça, c’est ça, alors que moi, si je m’approche, elle se crispe et arrête de respirer. Je ne lui ai rien fait et j’ai déjà l’impression de devoir m’excuser sans cesse alors que je suis chez moi, c’est insupportable ! » s’énerve-t-il en s’acharnant du couteau contre la viande de son assiette.

Tout le monde finit le repas tranquillement, au milieu des moqueries à l’égard de Kankuro qui arrive à en rire lui-même. Yue est assise mais elle ne mange pas. Temari a bien essayé de lui donner à manger, elle lui a tout coupé en petits morceaux, elle a même présenté la fourchette garnie devant la bouche de la jeune fille mais en vain. Elle a gardé les lèvres scellées. Non pas qu’elle fermait la bouche comme de fait exprès, mais elle n’avait pas l’air de comprendre l’intérêt d’un tel acte et se contentait de regarder les autres comme des bêtes curieuses. Dépitée, Temari s’est résignée à la laisser jeûner. Yue n’a même pas voulu de dessert.

« Bon, il va falloir que je vous fausse compagnie, j’ai du travail à terminer au bureau… » s’excuse Gaara en se levant de table.
Yue le suit du regard et tourne la tête. Elle se glisse derrière lui mais avant qu’elle ait eu le temps de grimper sur son dos, Gaara s’est retourné.
« Je dois vraiment travailler. » s’excuse-t-il encore. « Je rentrerai, mais un peu plus tard. »
Yue ne bouge pas. Gaara se demande si elle a compris mais il n’a d’autre choix que de l’abandonner à nouveau pour se consacrer à ses taches de Kazekage. Après des heures passées à trier les documents officiels, il rentre enfin chez lui. La nuit est avancée et on ne voit aucune lumière.
« Ils ont dû aller se coucher. » pense Gaara en regardant sa montre afficher près de trois heures du matin.
Il entre sans faire de bruit, en prenant de multiples précautions pour éviter que la porte ne grince. Une fois l’entrée passée, il arrive dans le salon, prêt à le traverser pour gagner sa chambre mais un reflet inattendu le fait sursauter. Il se rattrape de justesse sur le dossier du canapé. Quelque chose le fixe du coin de la pièce, tapis dans l’ombre.
Il allume la petite lampe.
« Yue ! »
La jeune fille a adopté sa position préférée : accroupie par terre, les genoux sous le menton, les bras autour des jambes, et le dos contre le mur. Dans le mur même. Mais Gaara commence à s’y habituer. Ce sont ses yeux qui l’ont fait sursauter. Des yeux jaunes translucides et grand ouverts.
« Yue… » hasarde-t-il vers la jeune fille.
Elle semble l’avoir vu. Ses yeux se colorent peu à peu de bleu mais elle ne sort pas du mur et semble s’y enfoncer d’avantage. Elle ne le regarde plus.
« Yue… » s’inquiète Gaara.
Elle ferme les yeux. Seul son visage dépasse encore du mur.
« S’il te plait. »
Gaara pose un genou à terre et tend la main vers la jeune fille aux yeux fermés. Un flottement de quelques secondes se fait sentir. Il plonge sa main dans le mur pour attraper celle de Yue. Elle ouvre les yeux et se laisse faire. Elle est enfin sortie du mur. Elle lui en veut de l’avoir laissée, mais elle tient fermement sa main.
« Pardonne-moi. »
Yue ouvre à nouveau ses grands yeux. Ils sont noirs à présent, mais quelque chose fait comprendre à Gaara qu’elle est heureuse, désormais.
Gaara se sent un peu gêné. Il sent bien qu’il est hors de question de coucher Yue dans sa chambre et de partir ensuite dormir sur le canapé comme il l’a fait la nuit dernière. Il reste cloué dans le salon sans pouvoir se décider, quand la jeune fille lui tire soudain la main pour l’emmener vers la chambre.
Ils entrent. Sans lui lâcher la main, Yue ferme la porte. Elle tourne un fauteuil vers le lit et le pousse tout près du bord. Elle assoit Gaara, et toujours sans lui lâcher la main, elle se glisse dans les draps et s’allonge. Gaara sourit. Le voilà à la veiller, comme lorsqu’elle était inconsciente à l’hôpital. S’en souvient-elle ?
Une pression quasi imperceptible de la main de Yue lui fait penser qu’elle n’a pas oublié. Il sourit encore. Elle ferme les yeux.
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