XouX : "Eau et Sable" (nouveau : chapXIV) p3

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Chapitre V : Fugue

« Non mais j’y crois pas… » soupire Kankuro en entrant dans la chambre de son frère.
Gaara, la tête rejetée en arrière, sur le dossier du fauteuil, dort la bouche ouverte. Yue est allongée, droite comme un i, d’un calme étrange, mais leurs deux mains sont toujours liées, posées entre le bord du lit et le bras du fauteuil qui se rejoignent.
« Qu’ils sont mignons… » s’attendrit Temari en tirant Kankuro hors de la chambre.
« Mais on doit aller faire la ronde ! » proteste le grand frère.
« Shikamaru est venu se coucher à plus de deux heures et Gaara n’était pas encore rentré. Laisse-le dormir. » ordonne la benjamine à son aîné.
Kankuro ronchonne alors qu’il doit partir seul accomplir sa première tâche de la journée.

Ce n’est que plus tard que Gaara se réveille. Il a mal à la nuque, à être resté la tête en arrière de la sorte, et quand il se redresse, son premier reflexe est de se passer la main dans le cou. Mais dans sa main, celle de Yue le retient. Il lui sourit. Elle s’est réveillée en même temps que lui ? C’est drôle, depuis qu’elle a repris conscience, il ne l’a plus vue s’endormir ou se réveiller sans lui. Il soupçonne que le soir, elle ferme les yeux pour le laisser dormir lui. Il pense que le matin, elle sent quand il va se réveiller et ouvre ses yeux avant lui. Elle n’en perd pas une miette. Il sourit à cette idée. Ou peut être se méfie-t-elle sans cesse ?
Une légère pression de la main de Yue chasse cette idée de sa tête. Elle sort du lit sans le lâcher. On dirait un jeu pour elle, mais c’est assez difficile de faire le lit ou d’essayer de prendre son petit déjeuner avec une main prise.
Et c’est encore plus difficile d’aller travailler.

« Tu as essayé de lui expliquer ? » interroge Temari.
Miyako débarrasse la table en levant les yeux au ciel.
« Plus vous faites attention à elle, plus elle fera son cinéma. » réplique-t-elle en regagnant sa cuisine.
« Bien sûr que je lui ai expliqué ! » se défend Gaara. « Mais elle ne comprend pas, elle ne fait pas exprès. »
Il s’attendrit. Son regard posé sur la main qui fait suite à la sienne, il pense avec nostalgie qu’il pourrait s’agir d’un prolongement de son propre corps. Un peu comme des siamois. Cette idée ne lui déplait pas forcément. Mais Temari ne l’entend pas de cette oreille.
« Allez viens. »
Elle sépare d’autorité les deux mains jointes depuis la veille et colle la main de Yue dans la sienne. La jeune fille la regarde, de son regard habituel, mais Gaara sent qu’elle est surprise et même choquée, qu’elle ne veut pas d’autre main dans la sienne que celle de Gaara. Mais elle n’a pas le choix, et Gaara non plus, il a du travail.
« A ce soir. »
Il ne se retourne pas avant de partir. Ça lui briserait le cœur de voir les yeux de Yue lui faire ces reproches. Sur le chemin vers son bureau officiel, ses yeux se froncent. Il s’en veut. Mais le travail passe avant tout…
Aujourd’hui, en plus de la paperasse habituelle et des rapports à faire, à lire et à classer, il reçoit en entrevue toute personne le souhaitant. Un jour par mois est destiné à ces séances de doléances. Il voit du monde. Beaucoup de monde. Des personnes qui lui demandent de l’aide. D’autres qui viennent se plaindre. D’autres encore qui le félicitent de son travail. Certains étrangers venus proposer des alliances. Et la quasi-totalité des ninjas de son village qui ne perdent jamais cette occasion pour lui montrer leur soutien, leur fidélité, et leur reconnaissance. Gaara est aimé dans son village, même si quelque opposition subsiste.
Il voit des milliers d’yeux aujourd’hui. Des yeux froncés. Des yeux larmoyants. De petits yeux plissés par le nombre des années, et d’autres grand ouverts sur la vie. Mais aucun regard ne reflète ce qu’il peut lire dans celui de Yue.
Il porte la main à son visage pour mieux réfléchir. Sa main sent la main de Yue. Il inspire profondément. Ce n’est pas une odeur commune. Ce n’est ni agréable, ni désagréable. Ça sent le frais, et en même temps ça vient de loin. Cette odeur ne le quitte pas de la journée et l’aide même à faire passer le temps plus vite.
La séparation a ceci d’agréable qu’on sait qu’elle ne va pas durer. On peut revisiter des souvenirs, se projeter dans le futur. Et l’odeur présente l’enveloppe d’une aura bienveillante.
Après son dernier entretien, le jeune Kazekage quitte son bureau. Il s’occupera de ce qui reste le lendemain. Il ne reste pas beaucoup, en plus. Sur le trajet le conduisant chez lui, il ne peut s’empêcher de porter sa main à son nez, et d’en inspirer profondément la paume. Yue n’est pas loin. Yue est ici.

« Yue n’est pas là ! » s’écrie, en pleurs, Temari. « Elle s’est enfuie !!! »
« Comment… comment ça ? »
Gaara reste figé. Yue est partie.
« On l’a cherchée partout, la porte était fermée, et elle n’est pas sortie par le jardin. » explique brièvement Kankuro en entrant dans le salon par la baie vitrée.
« Mais où est-elle alors ? » demande Gaara comme pour lui-même.
Sa main sent encore Yue. Il est impossible qu’elle soit partie…
« Je suis désolée, c’est moi qui la surveillais, je suis une femme horrible, j’ai perdu Yue, qu’est-ce que je vais faire avec un bébé… » se torture Temari en pleurant, recroquevillée sur le canapé.
Miyako s’emploie à la consoler, à lui essuyer le visage, à enlever ses cheveux de devant sa figure, à lui donner mouchoir sur mouchoir et à tapoter gentiment son dos.
Gaara est totalement désemparé. Que peut-il faire ?
Shikamaru le tire par la manche et l’isole dans la cuisine.
« Elle s’est sauvée par le mur. Mais elle n’est plus dedans. Elle est sortie par le mur du salon. »
« Celui où elle se met tout le temps… » remarque Gaara.
« Le crépit est taché à l’extérieur, et ça n’a jamais été comme ça. Elle est donc passée par là. J’ai trouvé sa piste à cet endroit, j’ai pu la suivre quelques temps, mais elle s’est soudain évanouie dans le sol. A partir de là, on ne peut plus rien faire. »
« Je comprends… Merci… Je vais aller voir. »
Gaara sort de la cuisine et se dirige vers l’extérieur, suivi par Shikamaru puis par Kankuro. Le mur de la maison est auréolé d’une couleur difficile à cerner. Un jaune bleu gris vert propre à Yue. Un jaune bleu gris vert qui ressemble à ses yeux, parfois. Ils suivent la piste trouvée par Shikamaru mais s’arrêtent peu de temps après. Nulle trace ne subsiste. Yue a vraisemblablement plongé dans le sol à cet endroit précis.

« Réfléchissons… Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant à proximité ? » demande Gaara, pensif.
« Des tas de choses ! Il y a le centre commercial, le quartier des plaisirs, le stade, l’académie… » commence Kankuro en pointant des directions du doigt.
« Et les thermes, le jardin botanique, la piscine, le zoo, des terrains agricoles, sans oublier une sortie de Suna pas très loin… » complète Shikamaru.
Gaara comprend où il veut en venir. Ce sont à coups sûr ces destinations qui pourraient attirer Yue.
« Kankuro, tu vérifies tes hypothèses, Shikamaru, tu fais la piscine et le reste, moi, je vais voir les thermes et le jardin. » décide Gaara.
Chacun s’élance dans les directions choisies. Arrivé aux thermes, Gaara est aux aguets. Rien ne semble trahir la présence de la jeune fille. Il ne la sent nulle part. Et si on l’avait vue dans le sol, dans les murs, ou dans l’eau des thermes, il y aurait eu une certaine agitation. A tout hasard, il demande à l’accueil si quelque chose d’inhabituel s’est produit, mais rien. Il insiste pour faire un tour. Aucune trace de Yue. Gaara s’excuse, remercie et s’en va. Le jardin botanique, pourvu qu’elle soit là…

A l’entrée du jardin, Gaara sent son cœur se serrer. Yue ?
Il suit les méandres du petit chemin de terre tracé pour la visite et zigzague entre les fleurs et les arbres comme dans une forêt étrangère. Mais un chemin tout tracé ne donne rien à sentir et ne ressemble pas à Yue. Soudainement agacé par les feuilles qui obstruent sa vue, il bifurque à l’opposée du chemin et s’enfonce dans les feuillages denses.
Entre les troncs d’arbres et les lianes, il se croit perdu pendant un instant. Une petite ouverture qui semble une clairière apparaît au loin. Gaara se précipite vers cet endroit où sa visibilité ne sera plus entravée par les plantes. Il arrive à la lisière du bois. Un lac. Loti au creux de la forêt, il abrite une faune entière de fleurs et de plantes d’eau. Un calme étrange et hors du temps règne dans cette bulle de verdure et d’eau mêlées. Gaara se sent apaisé. Il pose un regard serein sur les grandes feuilles de nénuphar qui jonchent la surface du lac.
Un orbe palpitant se dessine sur l’eau. Le lac lisse ondule. Au centre des ondes qui se propagent, quelque chose émerge.
« Yue… »
Gaara se sent soulagé, à un point tel que sa respiration en est un instant coupée. Yue lui tourne le dos mais elle est là. Nue, couverte de boue et de feuilles, la peau reflétant étrangement les couleurs du lac, mais là.
Yue se retourne et plante ses grands yeux dans ceux du jeune homme qui l’a retrouvée. Gaara sent son cœur se serrer à nouveau. Les yeux qu’ils voient expriment la peur d’être abandonné surpassée par le refuge dans l’indifférence et l’isolement de soi. Les yeux de Yue trahissent aussi une grande souffrance. Pourquoi a-t-il lâché sa main ? Elle détourne son regard et s’enfonce lentement dans l’eau.
Gaara entre dans le lac tout habillé. Ses vêtements amples l’empêchent d’avancer à sa guise, il se perd dans les lianes des plantes d’eau. Il ne veut pas voir ces yeux plonger dans les profondeurs de l’eau, il veut qu’elle reste. Reste Yue.
« Reste Yue ! »
Il a attrapé sa main avant que les épaules ne soient entrées dans l’eau noire et froide. Yue ne se retourne pas. Il la serre dans ses bras et pose sa tête sur son épaule.
« Reste Yue... »
Le chuchotement se répercute à la surface de l’eau en un millier d’ondes auxquelles font échos les arbres, les feuilles, les fleurs parsemée sur le lac, tout. Reste Yue.
La jeune fille se retourne en entoure Gaara de ses longs bras mouillés. Elle serre ses jambes autour de sa taille. Ça y est, elle est accrochée.
« Merci. »
Gaara ferme les yeux et respire l’odeur de Yue. Cette odeur qui inspire le calme, mais aussi le recul. Elle est pourtant bien là.

« Gaara ! » appelle une voix au loin.
« Je suis là ! »
Shikamaru et Kankuro ne tardent pas à le rejoindre et apparaissent entre les feuilles.
« Et bien, fallait pas te gêner, hein, nous on s’inquiète, et tu te paies du bon temps ! » se moque Kankuro.
Gaara réalise soudain que Yue, agrippée à son cou, le corps collé contre lui, est nue. Il plonge dans l’eau pour ne laisser que leurs deux têtes émergées.
« Retourne-toi ! »
Kankuro rit à plein poumons. Il se tient les côtes d’une main et tape son genou de l’autre. Shikamaru sourit en coin et enfonce sa capuche sur la tête de son beau-frère.
« Hé ! C’est pas drôle ! Je suis coincé ! »
Pendant que Kankuro se débat avec sa capuche et que Shikamaru se retourne pour ne pas voir la jeune fille nue, Gaara tente de faire lâcher Yue, sans grand résultat.
« Gaara ne peut pas rester dans l’eau comme ça, il va attraper froid. » lance Shikamaru le dos tourné à la scène.
Il n’a peut être pas vu mais il a très bien entendu, au clapotis de l’eau et aux suppliques de Gaara, que Yue ne voulait pas descendre de son perchoir préféré.
Mais à l’interpellation de Shikamaru, la jeune fille s’est soudain laissée glisser dans l’eau, gardant une main de Gaara en otage.
Le jeune homme aux cheveux rouges la recouvre de son long manteau et la tire vers le bord. L’eau au niveau des genoux, elle marque une pause. Elle hésite. Gaara voit dans ses yeux qu’elle a peur de sortir. Et à son tour, il a peur qu’elle décide de rester là. Ses yeux se froncent, ils la supplient de venir avec lui. Elle avance enfin une jambe pour sortir de l’eau. A nouveau, le cœur de Gaara ne fait qu’un tour dans sa poitrine, il est soulagé.
« Dépêchons-nous de rentrer, il faut rassurer Temari et Miyako. » presse Shikamaru.

A mesure qu’ils sortent de la véritable forêt que représente le cœur du jardin botanique, Gaara doit tirer plus fort pour que Yue le suive. Il hésite à la regarder, elle ne veut peut être plus venir après tout. S’il la regarde il ne pourra pas éviter ses yeux, et il ne pourra pas faire comme s’il ne savait pas qu’elle voulait rester.
Il serre sa main plus fort pour qu’elle ne puisse lui glisser entre les doigts. Il tire son bras vers le sien pour sentir qu’elle est toujours là. Yue trébuche et se rattrape difficilement à lui, elle tombe à genou.
« Ça va ? » s’inquiète Shikamaru, qui a entendu le bruit de la chute.
La culpabilité ronge Gaara, c’est lui qui l’a faite tomber, elle ne veut pas venir, il la forçait à la suivre mais elle ne veut plus rester avec lui. Il est monstrueux de lui avoir fait ça. Gaara est un monstre.
« Ça va ? » réitère Shikamaru qui voit l’expression de Gaara changer douloureusement.
Le jeune homme aux cheveux rouges n’ose pas regarder Yue dans les yeux. Une main s’impose soudain à son champ de vision. La main tendue de Yue qui demande qu’on la relève. Que Gaara la relève. Il sourit, inespéré. Lui tend la main et la remet d’aplomb.
« Elle s’est fait mal ? » interroge Kankuro.
Yue se hisse sur le dos de Gaara. Il lui attrape les cuisses pour assurer son assise. C’est la première fois qu’il serre si fort les cuisses d’une fille. Elle passe ses bras autour de son cou et pose sa tête sur son épaule. Non, elle ne s’est pas fait mal, elle est juste très fatiguée quand elle sort de l’eau, et elle n’aime pas marcher. Le contact de la terre est trop dur pour elle. C’est pour ça qu’elle se réfugie dans les murs. Car en fusionnant avec les murs, elle ne sent plus la dureté de ces murs mais sa propre fluidité. Sa fluidité de créature aquatique. Si elle est partie, c’est qu’il lui fallait de l’eau. Pas de l’eau domestique, mais de l’eau vivante. Elle s’excuse d’avoir causé tant de souci à Gaara, elle reviendra sans doute dans cette eau si vivante, mais elle le remercie d’être venu la chercher.

Gaara sait tout ça au seul contact de sa peau. Il se sent transporté.
« Elle va bien, elle est juste fatiguée. » explique-t-il.
Ils se remettent en marche et regagnent en peu de temps la maison familiale. Temari s’est endormie sur le canapé. Miyako a rangé ce qui devait l’être et préparé le dîner. Quand la porte d’entrée grince à leur arrivée, Temari ouvre des yeux rougis par les larmes.
« Yue ! » s’exclame-t-elle, soulagée.
Yue descend du dos de Gaara et se dirige vers Temari. Elle lui prend la main. Temari reste bouche bée.
« Yue ! » répète-t-elle.
Elle la serre fort dans ses bras.
« Tu es trempée ! » remarque-t-elle.
« Elle se baignait dans le lac du jardin botanique. » explique Shikamaru. « Gaara a dû l’y chercher. »
« Et elle est toute nue. » ajoute Kankuro.
« Gaara, vas vite te doucher dans ta chambre pendant que je m’occupe de Yue dans la grande salle de bain. Miyako, fait chauffer le dîner on passe à table dans dix minutes ! » ordonne Temari.
Lavée, séchée, peignée et habillée pour la nuit, c’est une Yue civilisée qui s’installe aux côtés de Gaara pour le repars du soir. Elle a quelque chose de mystérieux comme ça, mais il la préfère encore sauvage. C’est le jour et la nuit. Mais ses yeux ne changent pas. Ce sont toujours les mêmes, grand ouverts et observateurs.
Le repas se déroule dans le calme et l’agréable des conversations de fins de journées. On parle de ce qu’on a fait, de ce qu’on n’a pas fait, du repas qui est délicieux, et aussi de Yue. Après un café qui traîne en longueur et s’accompagne de la dernière émission télé ou du journal, tout le monde se sépare pour aller se coucher.
« Besoin d’aide pour coucher Yue ? » propose Temari.
« Non, je vais m’en sortir. »

Yue sait qu’il est l’heure de dormir, elle le tire dans la chambre et ferme la porte derrière elle. La main gauche toujours liée à celle de Yue, il commence à se débarrasser de ses vêtements superflus pour enfiler un pyjama plus confortable. Passer la manche du bras libre n’est pas très aisé, mais passer le bras qui tient Yue est impossible. Il s’arrête en court de route, prêt à rester comme il est. Elle le lâche soudain. Il la regarde. Elle s’assoit sur le bord du lit et semble lui sourire. Gaara ne sait trop quoi penser. Elle l’a lâché pour qu’il se change. Elle a compris qu’il ne partirait pas. C’est fou le nombre de choses qu’elle semble avoir intégrées depuis son arrivée. Elle ne parle pas, elle ne mange pas, mais elle comprend tout de même, et commence à le montrer. Gaara se sent fier.
« Merci. »
Il finit de boutonner sa chemise. Yue remonte ses pieds sur le lit et se glisse dans les draps, de l’autre côté. Elle laisse une grande place. Gaara ouvre des yeux ronds. Il demande explication du regard. Il faut qu’il dorme dans un lit pour être en pleine forme. C’est ce que semblent dire les pupilles noires de Yue.
« Heu… »
Gaara ne se sent pas très à l’aise. Le rouge lui monte aux joues tandis qu’il se faufile dans les draps. Une fois allongé, il n’ose plus bouger, ni même éteindre la lampe de chevet. Sous le drap, Yue attrape sa main et la serre dans la sienne. Il la regarde. Ses yeux lui sourient, puis ses paupières aux longs cils se ferment et montrent qu’il est temps de dormir. De son autre main, Gaara éteint la lumière. Il dort avec une fille. Avec Yue. Il sent sa main dans sa main, et son corps allongé près du sien. Le drap qui se soulève au rythme de sa respiration calme. Sa chaleur qui se répand dans le lit. Il se sent bien et ferme les yeux lui aussi.

« Aujourd’hui, je t’assure qu’il va venir avec moi ! » s’énerve Kankuro.
« Mais il a d’autres choses à faire, et du travail dans la journée que tu n’as pas, ne le réveille pas si tôt pour ces rondes dont il peut se passer !!! » proteste Temari.
« Et ton mari, il faut qu’il se lève pour les faire… » baille Shikamaru en se dirigeant vers la salle de bain pour se préparer.
« Gaara adore ces rondes, il n’en manquait pas une avant que cette anguille arrive, les guetteurs le réclament, et je suis sûr que ça lui plaira ! » reprend Kankuro.
Temari s’agrippe à lui de toutes ses forces pour l’empêcher de déranger son petit frère, mais Kankuro parvient à la porte de la chambre et les griffures de Temari ne l’empêche pas d’y entrer.
« Ah… heu… »
Temari n’en croit pas ses yeux. Un sourire gigantesque fend le visage de Kankuro. Dans le lit, Gaara dort profondément, un bras autour de Yue qui dort sur sa poitrine.
« Je savais que ça finirait par arriver un jour ! » éclate, triomphant, Kankuro.
Yue ouvre les yeux et les regarde. Gaara se retourne, s’étire, baille, et finit par ouvrir de petits yeux encore plein de sommeil.
« On a passé une bonne nuit ? » interroge doucement Kankuro qui s’est accroupi devant le lit.
« Ah !!! »
Gaara sursaute et bouscule Yue qui manque de tomber du lit. Il la rattrape par la taille. Sa chemise de nuit est ouverte. Gaara tourne à l’écrevisse, il regarde tour à tour Yue qui ne bouge pas, et Temari, Kankuro, et Shikamaru resté en retrait dans le couloir, figés eux aussi dans des expressions plus ou moins amusées.
Temari est la première à retrouver ses esprits.
« Bon, heu… Shikamaru et Kankuro vous sortez d’ici ! Et vous, et bien… heu… C’est l’heure du petit-déjeuner, et tu dois aller patrouiller, Gaara. »
Elle pousse les deux autres hors de la chambre et ferme la porte derrière eux.
Gaara fait mine de sortir du lit. Yue lui a déjà attrapé la main. Il la regarde, encore plus rouge. Ses grands yeux lui sourient d’un air moqueur, elle le lâche, il doit s’habiller pour la journée.
Gaara se détourne de la jeune fille difficilement. Il attrape ses vêtements et commence à se changer. Il sent le regard de Yue posé sur lui. Il arrête de se déshabiller. Il n’ose pas se montrer, même en petite tenue, devant elle. Il attrape ses vêtements en tas et se précipite dans sa salle de bain comme une biche effarouchée. Il sort quelques minutes après, fin prêt, une couleur normale enfin revenue sur son visage.

Il croise malgré lui son regard. Ses yeux lui sourient encore, d’une autre façon. Elle semble un peu troublée elle aussi. Elle a tout vu, même s’il était enfermé dans la salle de bain.
Gaara vire au cramoisi et sort de la chambre en courant pour rejoindre la table du petit-déjeuner.
« Ben, et Yue ? Elle ne te tient pas la main ? » s’étonne Temari en lui servant un café bien fort.
La tête de Gaara semble vouloir rentrer dans ses épaules. Il se lève de table aussi vite qu’il s’y est assis et retourne dans la chambre. Yue n’a pas bougé du lit. Il lui attrape la main. Elle se glisse hors des draps et le suit. Il l’assoit très vite, elle se laisse faire, et il reprend sa place, en moins de deux minutes.
Temari et Shikamaru prennent un air attendri. Kankuro a un sourire lourd de sous-entendu. Gaara ne sait plus où se mettre. Yue ne bouge pas, ne montre aucune expression, comme à son habitude, mais il sent qu’elle est elle aussi embarrassée.
Gaara vide sa tasse d’un trait. Le café est un peu fort, il secoue la tête en grimaçant.
« Bon, j’y vais ! »
Il se lève comme un ressort et se précipite vers la sortie.
« Bonne journée ! » lance Temari tandis que la porte d’entrée claque.
Tous les regards convergent vers Yue.
« Tu crois qu’ils ont… » commence Kankuro.
« Je ne veux aucun commentaires à ce sujet ! » coupe court Temari. « Si vous n’y allez pas maintenant, vous allez être en retard pour la première ronde du matin. » les presse-t-elle en débarrassant la table.
« Oui, oui… » soupire Shikamaru en laissant son journal pour se diriger à son tour vers la porte.
« On y va ! On va pouvoir cuisiner Gaara ! » décide Kankuro en se précipitant à la poursuite de son frère.
Temari retient Shikamaru le temps d’un baiser.
« Surveille bien Kankuro, qu’il n’embête pas trop Gaara. »
Shikamaru sourit.
« Ne t’inquiète pas. »
Elle les regarde s’éloigner, puis referme la porte.

« Bon, à nous ! » reprend-t-elle à l’adresse de Yue.
La jeune fille dévisage Temari.
« Et si on se préparait un peu ? »
Temari attrape Yue par la main et la traîne vers sa chambre à elle. La chambre qu’elle occupait du temps où elle était enfant et qu’elle vivait ici avec son père et ses frères. Il reste des tas de souvenirs dans sa chambre, et notamment des tas de vêtements que son gros ventre bien rond ne lui permet plus de porter.
« Depuis que tu es ici, on ne t’a pratiquement pas changée. Cette tenue te va bien mais il va falloir penser à la laver. » constate Temari en avisant quelques tâches sur la petite jupe de Yue.
S’ensuit une séance d’habillage comme Temari n’en avait jamais faite. Yue est une véritable poupée qui se laisse habiller, déshabiller, coiffer, recoiffer, à l’infini.
« Fiou !!! » soupire Temari en s’asseyant enfin sur le bord du lit.
Yue est enfin habillée. Sa poupée lui plait, elle la laisse un instant, le temps de se reposer.
« Temari, tu ne devrais pas autant t’occuper d’elle. » gronde Miyako. « Regarde dans quelle fatigue tu t’es mise, c’est mauvais pour ton état. »
« Ce n’est rien, je ne suis pas en sucre ! »
« Elle ne se rend même pas compte de ce que tu fais pour elle. » se fâche Miyako en ramassant le linge sale de Yue pour le mettre à la corbeille.
Temari parait un peu choquée. Yue ne comprend pas tout, mais quand même.
« Je suis sûre qu’elle comprend. »
Miyako hausse les yeux et les épaules et sort de la chambre.
« Hein Yue, que tu comprends ? »
Temari plante ses yeux dans ceux de la jeune fille. Yue la regarde et lui prend la main.
« Oh ! »
Temari est très touchée et ses yeux pleurent tous seuls. Yue la dévisage bizarrement.
« Ce n’est rien, juste des larmes de crocodile ! » sourit Temari.
Un coup de pied du bébé fait bouger son ventre.
« Ouch ! »
Yue regarde le ventre bouger tout seul.
« C’est mon bébé. » explique Temari.
Elle prend la main de Yue et la pose sur son ventre. Au premier coup, Yue la retire brusquement. Elle ouvre la bouche sous la surprise.
« Tiens ! C’est la première fois que je te vois une expression ! » remarque Temari, très heureuse. « Miyako a tort, tu comprends tout, tu es géniale Yue ! »
Elle se lève, Yue la suit, la main toujours dans la sienne.
« Miyako, regarde ! »
Elle brandit leurs deux mains unies.
« Tu lui tiens la main, comme c’est inhabituel. » ironise la jeune femme occupée à ses tâches ménagères.
« Non, je ne lui tiens pas la main, c’est elle qui me la tient ! »
Temari montre sa main les doigts dépliés, tandis que Yue continue à la garder serrée entre ses doigts. Miyako lève un œil. Bien, et alors ? Elle retourne à son travail. Temari soupire.
« Bon, si on regardait un peu la télé pour se reposer ? »

Du côté des remparts de la ville, les guetteurs ont ovationné celui qu’ils considèrent comme leur capitaine pour son retour tant attendu. On ne l’avait plus trop vu ces derniers temps, et ils sont heureux de pouvoir à nouveau effectuer leur ronde avec lui. Gaara leur sourit, on lui tapote les épaules, on lui serre la main. Il est heureux.
« Et bien, que d’effusions ! » lance Kankuro qui vient d’arriver.
Gaara lui jette un regard noir. Si par malheur Kankuro venait à parler de ce qu’il a vu ce matin, Gaara ne lui pardonnera jamais.
La ronde commence. Tout le monde suit Gaara un instant, et à son signal, chacun part dans la direction qu’il doit suivre. Kankuro suit son frère en silence. Gaara ne semble pas disposé à lui parler, mais il ne le congédie pas pour autant.
« Tout à l’heure, tu étais au milieu de tout ce monde, tout le monde t’a touché, tu ne t’en es pas rendu compte. Je me demande si c’est le poids de Yue sur ton dos qui t’as habitué à la proximité physique, ou si tu as un peu changé ces jours-ci. »
Gaara consent enfin à regarder son aîné. C’est vrai. Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
« Alors, qu’est-ce que vous avez faits entre hier soir et ce matin ? » relance Kankuro, goguenard.
« On a dormi !!! » crie Gaara avant de partir à toute allure pour semer son frère.
« Ah ? »
Kankuro croit avoir perçu une pointe de regret dans la voix de son cadet. Il a fait des progrès, mais il a encore des choses à régler, et des sentiments qui lui échappent, après tout. Il faudra sans doute qu’ils aient une conversation tôt ou tard.
La journée se déroule sans qu’aucun n’y prête attention. Kankuro et Shikamaru effectuent de menues missions de livraison, et Gaara reste à son bureau. Le soir, il rentre plus tard que les autres, mais il est heureux de rentrer.
Image
The FFNPA's Raaly fan!
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Coucou tout le monde!
(ou coucou personne s'il n'y a personne...)

Cela fait un petit moment que j'observe, et je vois le nombre de visites grimper doucement.
Malgré ça, personne ne poste sur ma fanfic, et je me demande si ça plait au moins un peu.

Alors, pour ceux qui lisent, en espérant qu'il y en a, si vous pouviez vous manifester (juste un petit "coucou, ça me plait parce que..." ou "coucou, ça me plait pas, parce que...", je dois avouer que ça serait bien sympa).

Merci tout le monde!
Image
The FFNPA's Raaly fan!
sevee
Chunnin
Messages : 607
Inscription : lun. 30 oct. 2006, 21:25
Localisation : sur le forum...

Message par sevee »

J'ai lu tous les chapitres postés, ça y’est, et je l’ai pas regretté^^ J’étais dégoûtée de ne pas avoir le chapitre 6 à lire…
Il y a pas mal de choses à en dire en effet. Mais tu les as posté tellement à la suite que c’est dur de revenir sur chacun d’entre eux.

Je confirme ce que j’avais dit pour le premier chapitre : beaucoup de poésie dans cette fic, et comme Jainas, je trouve que tu rends bien l’amour du désert de Gaara et tout ce qui concerne le sable. Histoire de pas copiter totalement, voilà par exemple deux passages qui m’ont tapé dans l’oeil: celui où Gaara se rend aux thermes (ce passage est whaouh ! :shock: ) et celui de la goutte d’eau insaisissable dans le verre. Ce sont deux passages où tu saisis vraiment bien les éléments Eau et Sable. T’as vraiment bien choisi le titre de ta fic, vu comme tu gères la présence de ces deux éléments. ;-)


Un deuxième point important concerne les caractères de tes personnages : Temari et Shikamaru sont vraiment OOC (Out Of Character) et Gaara… on y reviendra :grin:

Temari est une kunoichi forte, intraitable et fière, élevée dans un environnement d’hommes et de dureté, entre un père Kazekage au regard de psychopathe et un frère démoniaque. Malgré tout, elle a réussi à s’imposer. Là, tu en fait une femme qui s’effraye, qui pleure, qui reste en arrière, et parce qu’elle est enceinte doit être traitée comme un chose fragile (et agit en tant que tel !) qui a même pas le droit de porter une valise, avec un mari hyper protecteur.
Ca a un petit côté roman de fille qui convient pas trop à l’univers de Kishi, je trouve. Quand à Shikamaru, ben il a vachement changé dis donc :lol:
Il est toujours en train de faire quelque chose et d’approuver ce que dit sa femme ; le Shika tel que je le vois, même trentenaire, supporterait pas de rester confiné avec des femmes et de lire le journal alors qu’il pourrait s’absorber dans la contemplation du plafond :lol:
Kankuro lui, a toujours été bégueule, donc la façon dont tu l’utilises maintenant lui va bien.

Pour Gaara, tout dépend des moments. Parfois OOC, parfois IC (In character = dans le personnage).
Il est laconique, je le vois mal s’exclamer comme tu le fais. Lorsqu’il boit un coup en compagnie des gardes ou de son frère, c’est assez plausible, il a évolué. Mais qu’il soit grisé au point de perdre sa réserve et de rire franchement, ça dérange un peu. Pareil pour son sommeil : Gaara qui a passé les 15/16 premières années de sa vie insomniaque et à devoir contrôler son sommeil pour ne pas se faire envahir par le Shukaku ne peut pas aujourd’hui avoir le sommeil lourd et le réveil difficile.

Et puis d’un coup tu nous sors des phrases comme « « C’est aussi ça les rapports humains. C’est se contraindre à faire ce qu’on ne veut pas pour rassurer ceux à qui l’on tient. », ou « Et même si désormais, le démon n’est plus, et qu’on fait bien la différence entre Gaara et Ichibi, Gaara reste Gaara et Ichibi sera toujours une partie de lui. » et ces phrases sont d’une telle justesse qu’on pardonne les écarts précédents.


Tu insères beaucoup de comiques de situation ; les scènes où Kankuro charrie Gaara à cause de la possible proximité physique entre Yue et Gaara sont vraiment drôles, j'aime beaucoup^^


Le combat entre le démon et Gaara est un peu sous-exploité ; Gaara qui bat en retraite et lui balance un vase alors qu’il doit avoir les poches remplies de shuriken et de kunai c’est moyen… Tu n’insistes pas assez sur les effets du cri du démon pendant le combat, on le comprend a posteriori avec les propos de Shikamaru. Et puis le mur de Genjutsu ne me semble pas une très bonne technique pour stopper un démon ; tu ne voulais pas plutôt parler d’un sceau d’emprisonnement dessiné au sol ou d’un kekkai ?
Bref, vu comme j’ai du mal à pondre le combat entre Yondaime et Leiko, je comprends tes difficultés… :roll:


Le perso de Yue me plaît beaucoup ; son physique, son caractère, ses pouvoirs… j’adhère. Juste un truc : toute l’attitude de Yue tend à montrer qu’elle ne connaît pas les conventions humaines, or tu nous la montres « embarrassée » pour un truc qui devrait lui passer complètement au-dessus : l’intimité.
C’est une bonne idée d’avoir fait de Yue quelqu’un de nature, sans conventions, encore plus à l’ouest que Gaara, parce que c’est exactement le genre de personnage avec qui Gaara se sentira en confiance. J’attends de voir comment tu vas faire progresser l’histoire entre eux deux. Pour l’instant tu t’en sors bien.


Ca ne me gêne pas les fics très centrées sur les évolutions intérieures, sur le mental et Gaara s’y prête parfaitement. J’adore déjà les fics Asahi de Aya Völsunga et Kage de Jainas, l’une parlant de la petite enfance de Gaara, l’autre de Gaara peu après sa défaite face à Naruto et avant qu’il ne devienne Kazekage ; et je trouve que ta fic se penche sur un autre moment clé pour Gaara : sa découverte de l’amour. J'avais pas encore eu l'occasion d'en lire.
Donc mis à part les quelques points soulignés qui me gênent un peu, ta fic me plaît beaucoup, à la fois le thème et le traitement. ;-)
Image
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Merci Sevee d'avoir tout lu et d'avoir mis un com!!!

Et quel com, ça fait plaisir à lire!

Attaquons les justifications maintenant...
Temari, je suis totalement d'accord : elle est OOC... Cependant, je m'étais dit que le fait d'être enceinte et d'avoir des hormones perturbées pouvait très bien justifier son changement. Raté...
Shikamaru, je ne comprends pas pourquoi tu le trouves OOC aussi. Je l'ai toujours vu devenir comme son père, vivre en famille, en ramer le moins possible, et faire ce qu'on lui demande quand on le lui demande pour pas qu'un gros truc lui tombe dessus par la suite... Enfin, je me suis peut-être trompée.
Pour Gaara, il est à moitié bon à moitié pas bon, ça jsuis d'accord. Mais c'est parce qu'il est en train de changer justement. Pour ce qui est de son sommeil ou de ses rires... Que dire? S'il a passé les 15-16 premières années de sa vie à les contrôler, il a aussi passé les 15-16 dernières années à les réapprendre, non? J'y suis juste peut-être allée un peu trop fort.

Les prochains chapitres sont déjà écrits, mais je vais essayer de les reprendre un peu par endroit, pour rendre mes personnages plus IC. Surtout Temari, parce que vraiment, niveau nunucherie, je l'ai pas ratée...

Quand j'ai fini tout ça, je mets le prochain chapitre!
Image
The FFNPA's Raaly fan!
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Chapitre VI : Sourire

« Bonsoir ! »
« Bonsoir ! » répond Temari d’un ton enjoué.
Elle enlace son frère et lui fait un bisou sur la joue. Gaara sourit. Il sourit beaucoup ces derniers temps, et ce n’est pas désagréable, même si sa joue est un peu humide.
« Regarde ! »
Temari tend sa main en direction de Yue. La jeune fille s’approche et la prend.
« Elle a fait ça toute seule aujourd’hui, c’est elle qui me donne la main ! » explique Temari, très heureuse.
Kankuro grogne, à part lui-même. Lui, il suffit qu’il arrive un peu vite dans la même pièce que Yue pour qu’elle sursaute et se cache dans un coin.
« Tiens. »
Temari tire la main de Yue en direction de Gaara. Elle attrape la main de son frère et y colle celle de Yue. Les yeux de Yue disent bonjour à Gaara et lui sourient, même si sa bouche et le reste de son visage semblent impassibles.
« Tu ne trouves pas qu’elle est belle comme ça ? » interroge Temari. « Je lui ai mis ma robe portefeuille. La forme lui va bien, et le bleu fait ressortir ses yeux, non ? »
C’est vrai. On voit ses yeux encore plus que d’habitude. Ils ne sont pas noirs pourtant. Ils sont bleus, en effet. Ça lui va bien, cette couleur.
Gaara semble perdu dans sa rêverie quand soudain, on frappe à la porte.

« J’y vais ! » consent Kankuro.
Il ouvre.
« Ki…Kimiko ! C’est toi ? Comment vas-tu ? As-tu fais bon voyage ? Tu veux que je t’aide à porter ta valise ? »
« Je veux surtout que tu me laisses passer. » rétorque la jeune fille.
Kankuro s’efface et laisse place à Kimiko.
« Kimiko ! On ne t’attendait plus ! »
Temari lui tombe dans les bras.
« Désolée mais il y avait encore beaucoup de choses à faire à Konoha. »
« Tu vas bien ? » demande Kankuro d’une petite voix.
« Mais oui. » répond-t-elle sèchement.
« Kimiko, voici Yue, Gaara l’a recueillie, elle était perdue dans le désert. » présente Temari.
« Enchantée Yue. »
Elle tend la main pour la serrer. Yue attrape celle de Temari.
« Elle ne parle pas. Et elle est très timide. » prévient la future mère.
« Ce n’est pas grave. »
Kimiko sourit gentiment à Yue.
« Bonjour Kimiko ! Tu peux t’installer en haut, le grenier a été aménagé en grande pièce à vivre, et on y a mis un lit pour toi le temps que vous trouviez à vous loger. » invite Miyako en prenant les valises de sa collègue de Konoha.
« Vous avez trouvé une maison ? » demande Kimiko.
« A vrai dire nous n’avons pas vraiment cherché, depuis notre arrivée. » s’excuse Shikamaru.
« Nous avons été très pris avec Yue, et puis… » commence Temari.
Kimiko sourit. Elle sait très bien que Temari adore vivre ici avec toute sa famille, et qu’elle aimerait y rester.
« Bien, passons à table ! » réclame Miyako tandis qu’elle part dans la cuisine chercher les plats qu’elle avait mis à mijoter.

Le dîner s’effectue dans la bonne humeur des retrouvailles. Kimiko est la meilleure amie de Temari, c’est elle qui l’aidait, dans sa maison à Konoha, mais c’est bien plus que ça. C’est sa confidente, elle est heureuse de la retrouver. Miyako est gentille mais elle ne fait vraiment pas l’affaire, et elle ne semble pas apprécier Yue outre mesure.
Mais ce qui intéresse le plus Gaara, c’est de voir à quel point son frère est capable de changer en présence de Kimiko. Il se fait calme, et même silencieux. Il n’est plus le centre de la conversation, il ne raconte pas ses anecdotes habituelles où il est le héros de quelque sauterie improvisée. Au contraire, il écoute, se veut sérieux. Il aide même à servir les assiettes, et à les débarrasser. Il se plie en quatre pour briller, mais pas de la façon dont il brille d’ordinaire. Il veut montrer qu’il est quelqu’un de fiable. Il est aux petits soins pour Kimiko qui l’ignore tant qu’elle peut.
Kankuro fait rire Gaara. Il ne se ressemble pas du tout. C’est gros comme une maison. Mais Kimiko est bien plus attentive qu’il n’y paraît. Seulement, tout à son rôle d’homme prévenant, Kankuro ne se rend pas compte que l’indifférence de la jeune fille n’est que feinte, et la plupart de ses tentatives sombrent dans le désespoir alors qu’elles ne devraient pas.
Est-ce que lui aussi change à ce point en présence de Yue ? Il n’en a pas l’impression. Pourtant, les remarques de Kankuro sont exactes. Comment l’expliquer ?
« Bon, nous avons des choses à nous raconter, et des projets à mettre en place ! » décident Temari et Kimiko en sortant de table ensemble.
« Laissez les verres, je débarrasserai ! » s’empresse de proposer Kankuro.
« Mais c’est bien ce qu’on espérait. » rétorque Kimiko en s’éloignant.
Elle et Temari s’enferment dans le grenier. Par moment, on entend leurs rires, mais c’est tout. Kankuro débarrasse. Même Miyako n’a pas le temps de toucher aux assiettes qu’elles sont déjà propres et rangées.
« Kimiko est votre femme de ménage je crois ? » demande Miyako à Shikamaru, resté à table avec son journal.
Il hoche la tête. Miyako tourne et retourne ses doigts dans les plis de son tablier.
« Je lui demanderai. » lâche soudain Shikamaru.
Miyako sourit, surprise qu’il ait compris tout de suite, et content qu’il accepte. Depuis l’arrivée de la famille de Konoha, elle n’a pas pris un jour de congé. Elle va pouvoir un peu rentrer chez elle et s’occuper de sa propre famille.
Elle sort de la salle à manger et part préparer ses affaires.

De son côté, Kankuro n’est pas affalé sur le canapé. Il n’est pas sorti non plus pour une de ses traditionnelles beuveries nocturnes. Contrairement à ses habitudes, il s’est installé à table avec Shikamaru et a ouvert un livre.
Gaara fait de même, sans grande conviction. Yue reste assise à côté mais semble ailleurs.
Les rires de Temari et Kimiko résonnent à nouveau. La jeune fille aux yeux bleus lève la tête au plafond.
« C’est vrai, excuse-moi. » déclare Gaara en se levant.
Elle le suit dans le couloir. En montant l’escalier, elle lui tient la main.
« Toc, toc, toc ! »
« On est occupées !!! » répondent en chœur les deux filles.
Gaara ouvre tout de même la porte.
« Excusez-moi, c’est Yue, elle voudrait venir avec vous. »
Temari ouvre de grands yeux, et sourit largement.
« Viens Yue, tu es la bienvenue ! »
Yue regarde Gaara, ses yeux lui disent merci, et qu’elle est contente d’être acceptée. Il lui rend un regard plein de gentillesse. Elle rejoint Temari et Kimiko, et s’assoit sur le lit avec elles, en tailleur comme elles.
« Allez ouste ! C’est réservé aux filles ici ! » intervient Kimiko.
Gaara sort de la chambre. Yue est de plus en plus à l’aise même si elle ne parle toujours pas. Son visage semble impassible. Mais ses yeux transcendent la communication. Elle se fait de mieux en mieux comprendre, et par de plus en plus de monde.
Dans sa chambre, Gaara range un peu ses affaires. Entre son travail de Kazekage et Yue invariablement accrochée à lui, il n’a pas vraiment eu le temps ces derniers jours de mettre assez d’ordre pour que ça se voit. Sa tâche finie, il avise l’heure. Il est encore tôt.
« Je sors pour la dernière ronde. » prévient-il en passant dans la salle à manger.
Kankuro le suit. Shikamaru s’excuse, mais il n’a pas très envie de sortir ce soir.

« Gaara, je peux te parler ? »
Le jeune homme aux cheveux rouges soupire. Que peut bien encore lui vouloir son frère ? Lui parler de Yue ? S’il a le malheur de revenir sur le fait qu’ils aient dormi ensemble… !
« Tu crois que Kimiko m’aime un peu ? »
Gaara ouvre de grands yeux. Son frère, coureur de jupons invétéré, chéri de ses dames, toujours sûr de lui et de ses actes, vient lui demander conseil sur son terrain favori ! Et Gaara qui n’y connait rien…
« Je crois que oui. Elle est très attentive à toi. »
« Tu trouves ? » s’empresse de demander Kankuro. « J’avais l’impression qu’elle m’ignorait totalement. »
« Pourquoi elle fait ça d’ailleurs ? La dernière fois, elle n’était pas comme ça. »
« La dernière fois… » soupire Kankuro.
« Qu’est-ce que tu as encore fait ? » réclame Gaara.
Un petit silence s’installe.
« Tu te rappelles, la fois où je suis allé voir Temari pour lui donner du sable de chez nous pour son jardin ? »
Hochement de tête affirmatif.
« Et bien je suis sorti avec quelques filles de Konoha. »
« Combien ? »
« Cinq ou six. »
Cinq ou six. Rien que ça. A part Temari, Miyako, Kimiko et Yue, Gaara ne connait pas de femmes, et ce n’est pas sa faible expérience avec Yue qui peut l’aider à y voir clair dans le domaine amoureux.
« Et bon, la dernière fois, à la fin du séjour, on se baladait tous les deux, et je suis tombé sur quelques-unes d’entre elles. Kimiko l’a très mal pris. On n’a pas eu le temps de s’expliquer. »
« Mais toi et Kimiko, vous avez… »
Gaara s’arrête en chemin. Mais à quoi pense-t-il en posant cette question ? Il vire au rouge.
« Non. Le plus qu’on ait fait c’est se tenir la main. » avoue Kankuro.
Gaara ne peut réprimer un rire. Se tenir la main. Ça lui rappelle Yue. C’est hallucinant que son frère et la jeune fille de Konoha n’en soient encore que là.
« Pourquoi tu ne fais pas comme avec les autres filles ? Je ne t’ai jamais entendu lui sortir ton baratin habituel ? »
Kankuro paraît choqué.
« Je donne une si mauvaise image de moi ? » dit-il, la mine sombre, d’un ton désappointé.
« Ce n’est pas ça. Mais Kimiko est une fille. Tu sais parler aux filles. Mais pas à Kimiko. Je ne comprends pas. »
« Ah ça ! C’est parce que Kimiko n’est pas une fille ! » finit par dire Kankuro.
Serait-ce un travesti ???
« Tu comprends… » reprend Kankuro, d’un air de confidence. « Kimiko n’est pas une fille. C’est LA fille… »
Il enfonce ses mains dans ses poches.
Gaara n’est pas sûr de bien comprendre. Il saisit quelque chose mais ne saurait l’exprimer. Kimiko n’est pas une fille, c’est LA fille…
« Et c’est pour ça que tu n’agis pas comme un homme mais comme L’Homme ? »
Kankuro lève un sourcil. Il n’avait pas envisagé son propre changement d’attitude de cette manière, mais il y a du vrai dans ce que dit son frère.
« Je crois que Kimiko n’attend pas une façade de Kankuro, mais le vrai Kankuro. »
« Celui qui a des dizaines de maîtresses et qui les croise dans la rue à tout bout de champ ? » ironise Kankuro. « Aucune fille un tant soit peu correcte ne veut de ça. »
« Mais ça aussi c’est une façade. Le vrai Kankuro, c’est celui qui est prévenant sans l’être, qui comprend tout en étant un peu lourd quand même, et qui fait rire sans faire exprès. » reprend Gaara.
« Charmant ! » pouffe son frère. « Et c’est ça qui donne envie tu crois ? »
Kankuro attrape Gaara, lui coince la tête dans le creux de son coude et lui embrouille les cheveux de l’autre main.
« Ah, mais arrête !!! » proteste Gaara.
Kankuro le lâche soudain et se met à courir.
« Et le vrai Gaara jusqu’à présent ne voulait pas qu’on le touche et n’aurait jamais été capable de comprendre à ce point des états d’âmes autres que les siens ! » crie Kankuro de loin. « C’est ça, quand on a LA fille. On trouve aussi L’Homme, tu as raison !!! »
Cette fois, Gaara ne comprend pas. Mais il sait au sourire de son frère, qu’il a dû lui dire quelque chose qui l’a aidé. Il est content d’en avoir été capable.

Ce n’est que bien plus tard que les deux frères rentrent de leur ronde. Kankuro le premier, et Gaara ensuite, car il effectue toujours un tour plus grand que les autres guetteurs. Il connaît mieux le désert, et il aime aller jusqu’à son cœur, là où personne d’autre ne va jamais.
Quand il rentre, les filles sont encore en train de parler, mais Shikamaru et Kankuro sont déjà couchés.
Il en fait de même. Il se déshabille, entre dans les draps frais et se relaxe un peu. Il a passé une très bonne journée, et de loin, il entend les rires de Yue…
« Yue ! »
La jeune fille s’est glissée dans la chambre pendant qu’il s’endormait. Gaara est du côté du lit le plus proche de la porte, celui par lequel elle a l’habitude de passer pour se coucher. Faire le tour du lit ne lui vient pas à l’esprit et elle a décidé de grimper par-dessus Gaara pour gagner l’autre côté du lit.
Le frôlement du corps de la jeune fille contre le sien a tiré Gaara de son début de sommeil. Surpris, il a sursauté, elle est tombée sur lui. Il sent le corps de la jeune fille tout contre lui. La chemise fine laisse sentir la peau. Son cœur cogne dans sa poitrine collée sur celle de Yue.
A cheval au dessus de lui, elle ne bouge pas. Ses yeux brillent dans le noir. Gaara la fixe. Il devrait faire quelque chose. Il est attiré par elle. Mais si son corps sait quoi faire, son esprit l’en empêche. Il ne bouge pas, tétanisé par ce soudain contact qui le bouleverse.
Yue se redresse un peu et s’assoit sur lui, ses pupilles toujours plantées dans les siennes. Les émotions de Gaara se bousculent tellement dans son cœur qu’il en a le souffle coupé. Au bout de quelques minutes à se regarder mutuellement, Yue bouge la première. Elle s’allonge sur Gaara, pose sa tête sur sa poitrine, presque dans son cou, et enroule ses bras autour des épaules du jeune homme. La respiration calme, elle semble avoir décidé de passer la nuit sur ce nouvel oreiller. Gaara soupire. Il s’en veut de ce qu’il est en train de penser, alors que Yue s’endort si innocemment. Il ne comprend pas ce qu’il ressent. Il ne sait vraiment pas quoi faire. Pris à ce point au dépourvu de ses propres sentiments, les larmes lui viennent aux yeux.
Il enlace Yue et la serre fort dans ses bras, tandis qu’il respire à plein poumons son odeur, le visage emmêlé dans les longs cheveux noirs.
Yue lui transmet son calme. Leurs cœurs battent à l’unisson, et leurs respirations prennent le même rythme. Gaara sent sa gorge nouée se détendre. Il sait que Yue l’aime. Il ne sait pas encore que c’est de l’amour, mais il sent quelque chose qui l’apaise.
Fatigué par ses contradictions, il s’endort, Yue sur lui, ses bras autour de sa taille.

Le lendemain, il se réveille avant qu’on ne vienne lui annoncer le petit-déjeuner. Tant mieux, Yue est encore sur lui et il a gardé ses bras sur elle toute la nuit. Elle dort. C’est la première fois qu’il se réveille avant elle. Du bout du doigt, il caresse sa peau pour l’éveiller en douceur. Elle ouvre des yeux magnifiques. Il lui sourit.
« Tu as bien dormi ? » murmure-t-il.
Elle se redresse un peu. Ses yeux sont dorés aujourd’hui. Elle a bien dormi.
Yue se redresse totalement, elle est assise sur Gaara. Il la regarde. Elle est belle. Elle ne bouge pas. Elle semble le regarder aussi. Gaara se rend compte qu’il n’est pas le seul à contempler l’autre. Cette idée le fait sourire.
« Je suis content que tu sois là. »
Elle cligne des yeux. C’est rare. Elle rougit ?
D’un geste délié, Yue porte sa main au visage de Gaara et lui caresse la joue. Elle pousse les cheveux qui cachent ses beaux yeux. Ces yeux bleus pâles qu’elle ne se lasse pas de fixer. Elle pousse la frange et paraît surprise. C’est la première fois qu’elle remarque le tatouage. Elle suit les traits de l’idéogramme du bout du doigt et le repasse jusqu’à l’avoir appris par cœur. Elle se lève soudain. Debout sur le lit, une jambe de chaque côté du jeune homme encore allongé, elle pointe un doigt en sa direction. L’index à l’ongle bleu. Un tout petit tatouage que Gaara avait déjà remarqué quand il l’avait trouvée dans le désert. Il se redresse à son tour et s’assoit dans les draps, le dos contre la tête de lit. Il attrape sa main et regarde l’ongle. Il touche à son tour le tatouage, pour essayer d’en lire les minuscules caractères. Quelque chose d’étrange commence. Les petites lettres se déploient. Elles courent hors de l’ongle, remontent sur le doigt, parcourent la main, grimpent le long du bras, attaquent les épaules et envahissent tout le corps jusqu’à recouvrir même ses jambes. On dirait un sort. Un sceau. Elle est couverte d’écritures illisibles. Gaara suit les lignes des mains, mais il n’arrive pas à déchiffrer les symboles. Il s’assoit en tailleur, pour être plus concentré. Il attrape une jambe de Yue et s’approche pour mieux lire. Les caractères restent incompréhensibles. Il se rend brusquement compte qu’il a la main posée sur sa cuisse. Même si c’était pour lire, cela le gêne soudain. Il retire sa main, comme si le contact de la peau ferme le brûlait.

Elle le dévisage. Il ne veut plus lire ses inscriptions ? Gaara évite les yeux de Yue pour un temps. Elle finit par s’agenouiller devant lui. Le matelas rebondit un peu. Gaara la regarde, surpris. Son visage est couvert des mêmes écritures. Ses pupilles devenues ovales laissent voir de grands yeux jaunes. Il a un peu peur. Qu’est-ce qu’elle a fait ?
Yue approche à nouveau sa main du front de Gaara et lève une fois encore la frange qui dissimule son propre tatouage. Elle veut voir comment le sien fonctionne. Gaara comprend. Il sourit d’un air un peu triste.
« Le mien ne marche plus. » dit-il en regardant les yeux jaunes de Yue qui attendent une réponse.
Elle fronce les sourcils. Elle s’approche tout près de Gaara et regarde attentivement le tatouage. Elle le touche, mais il est vrai que rien ne se passe. Elle s’éloigne et s’assoit sur le lit, un peu déçue. Ses pupilles reprennent une forme normale à mesure que les écritures avancent en chemin inverse. En quelques secondes, son corps retrouve sa couleur de chair et seul son ongle porte la marque du sceau. Elle fixe le front de Gaara. A travers la frange, elle regarde de toute son âme le tatouage.
Gaara se sent à nouveau gêné. Jamais personne ne l’a regardé comme ça auparavant. Il se lève. Elle le suit des yeux. Il ouvre la fenêtre.
« Regarde comment ça marche. »
Il tend le bras à l’extérieur de la chambre. Aussitôt un nuage de sable prend forme autour de sa main. Il revient près du lit, le sable gravitant autour de lui. Il s’assoit sur le bord du matelas, près de Yue. Elle tend la main et touche le sable. Les grains s’organisent en un ruban ocre et soyeux. Ils remontent le long de son bras, s’enroulent autour de son cou et caressent son visage avant de retourner à leur maître. Elle lève la frange pour contempler le tatouage. Le sable forme une bulle autour d’eux. Elle est dedans, avec Gaara qui n’en revient pas. La seule personne à pénétrer sa barrière de sable comme si de rien n’était. Elle lui sourit. Un vrai sourire. Un sourire sur sa bouche.
« Yue… »
Elle se rapproche, s’agrippe à lui pour mieux voir son tatouage. Du bout du doigt, elle trace encore l’idéogramme sur le front aux cheveux rouges. Elle est si proche que Gaara peut sentir son souffle, et voir son cœur battre. Il l’attrape et la serre fort contre son cœur.
« Yue… »
Image
The FFNPA's Raaly fan!
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Bon, tant pis si personne ne poste de coms entre chaque chapitre. J'ai commencé quelque chose, je le finis. J'irais au bout de mon nindo!!!


Chapitre VII : Bains

« Petit déjeuner ! » appelle une voix derrière la porte.
Yue se lève. Gaara en fait de même. Il va vers la fenêtre pour laisser son sable retourner au désert. Yue regarde les grains s’éloigner. Elle monte sur le dos de Gaara. Finalement, que serait Yue si elle ne s’accrochait pas comme ça ? Gaara se rend compte qu’il aime la porter. Ils vont petit-déjeuner avec les autres.
« Encore sur ton dos ! Mais c’est une maladie ! » se moque un peu Kankuro.
Gaara descend Yue sur sa chaise. Il s’assoit à côté.
« Oui, merci. Et toi, tu as bien dormi ? » répond Gaara.
Temari pouffe en servant le café.
« On ne te voit jamais d’humeur si piquante ! » remarque la grande sœur. « Tu as réussi à clouer le bec de Kankuro, c’est une exploit ! »
« Et même un exploit de taille ! » ajoute Kimiko en portant des croissants sur la table.
« L’exploit de taille ça serait de réussir à clouer ton bec à toi. » répond Kankuro.
Kimiko le dévisage. Gaara sourit en coin. Kankuro a-t-il décidé de se rebeller ???
« Je ne t’ai pas demandé de commentaire. » réplique Kimiko en repartant vers la cuisine.
Kankuro fronce les sourcils, anxieux. Est-il allé trop loin ?
Gaara lui sourit en hochant la tête. Pas de souci à se faire.
« Bon, dépêchez-vous les garçons, vous allez être en retard pour la ronde ! » rappelle Temari.
Shikamaru est déjà prêt. Temari ne lui permet pas de petit-déjeuner en pyjama. Kankuro enfourne un croissant dans sa bouche et file à la salle de bain. Gaara quant à lui, n’a pas fait attention, mais il a pris Yue sur son dos en se levant et ils sont allés directement à table. Il est en caleçon long et chemise, il ne peut pas sortir comme ça, c’est évident.
« Et Yue ? » s’étonne-t-il à haute voix.
Elle est elle aussi en chemise. Les boutons défaits, le décolleté mal ajusté, les jambes à l’air et les pieds nus sur le sol…
« Mais c’est moi qui l’habille voyons ! » rit Temari. « Dépêche-toi, tu vas être en retard. »
« Allez on y va !!! » ordonne Kankuro en ouvrant la porte d’entrée.
Shikamaru se lève lentement de sa chaise, replie soigneusement son journal, range sa chaise sous la table et se dirige nonchalamment vers la porte. Gaara arrive en courant, le pantalon à moitié mis, il est en train de se boutonner, il ajuste sa veste tant bien que mal.
« Et passez aux thermes avant de rentrer, aujourd’hui, on fait du grand ménage, hors de question que vous rentriez tout sale !!! » prévient Kimiko avant que tout le monde ne soit sorti.
« On respectera ton travail, ne t’inquiète pas. » promet Kankuro avant de claquer la porte.

Kimiko paraît surprise de la gentillesse dégagée par Kankuro. Elle reste immobile.
« Tu devrais te voir ! » se moque Temari.
Kimiko lui jette son tablier à la figure. Yue les regarde s’agiter de loin.
« Et bien Yue, on va y aller, nous, hein ? »
« Tu veux que je t’aide à la laver ? » propose Kimiko.
« La laver ça ira. C’est pour la sortir de l’eau que j’aurais besoin de toi ! »
Temari entraîne Yue à la grande salle de bain. Elle ne ferme pas la porte, il faut que l’air circule.
« Allez, déshabille-toi ! »
Yue reste plantée sur place, mais Temari essaye toujours de lui expliquer les choses avant de les faire à sa place.
Elle place la bonde au fond de la baignoire pour la boucher et ouvre grand le robinet. Yue s’accroupit aussitôt et regarde l’eau couler.
« Ah non ! Debout, déshabille-toi ! »
Temari éteint le robinet.
« Allez, enlève cette chemise ! Ce n’est pas dur, elle est à moitié défaite ! »
Yue semble comprendre que Temari ne rallumera pas le robinet tant qu’elle n’aura pas fait ce qu’on lui demande. D’un geste imperceptible, Yue fait glisser la chemise au bas de ses pieds en une seconde.
« Et bien, tu vois, tu as compris ! »
Temari rallume le robinet. Yue s’accroupit pour voir l’eau couler.
« En plus tu as fait ça très vite. Tu n’es pas du genre à perdre ton temps… » sourit Temari.
Elle se demande ce qu’il peut bien y avoir entre la petite muette et son frère.
« Tiens, aujourd’hui on va faire un truc drôle ! »
Temari attrape un flacon de verre posé sur le bord de la baignoire, ôte le petit bouchon ciselé et verse un liquide gluant et ambré dans l’eau qui s’emplit. Aussitôt, des nuages de mousses en recouvrent la surface.
Yue a un mouvement de recul et paraît surprise. Elle approche son nez très près de la mousse pour la voir et la sentir. Elle éternue. La mousse s’envole en épaisses volutes qui dégringolent dans les airs. Yue en admire l’étrange ballet.
« Allez, entre dans l’eau. »
Temari tapote l’épaule de Yue pour lui faire signe de se lever. La jeune fille se redresse et se glisse dans l’eau sans une vague. Elle paraît toute autre.
Temari attrape un vase, le plonge dans l’eau, et le vide sur la tête de Yue pour lui mouiller les cheveux.
« Tu aimes ça, hein ? Allez, je te laisse le vase, c’est pas grave si tu en mets partout, on doit laver de toute façon. »
Yue prend le vase que Temari lui tend. Elle le laisse tomber dans l’eau et se remplir tout seul. Les bulles qui remontent à la surface font mousser le bain. Elle semble s’amuser.
« Temari ! Viens voir ce que j’ai trouvé sous l’armoire !!! » appelle Kimiko qui se débat déjà avec le balai.
« J’arrive ! »

Pendant que les deux jeunes femmes entretiennent la maison, Yue reste dans son bain. Elle observe les bulles se crever une à une. La mousse s’amoindrir et finir par se recroqueviller sur les bords de la baignoire. L’eau est trouble. Elle en caresse la surface et son regard se perd dans les ondes qui s’y propagent. Les heures passent.
« Ne reste plus que la… »
« Yue ! »
« …salle de bain… »
Kimiko et Temari, les cheveux nouées dans des foulards, les tabliers à manches protégeant leurs vêtements, les manches retroussées, munis d’une batterie de balais, de brosses, de serpillères, de seaux… n’ont pas pensé à leur petite pensionnaire de toute la journée.
« Mon Dieu ma pauvre, je t’ai complètement oubliée ! »
Temari lâche ses torchons et ses chiffonnettes.
« Et la fenêtre est ouverte en plus ! » remarque Kimiko qui se précipite pour la fermer.
Temari plonge ses mains dans le bain pour tirer la bonde et vider l’eau.
« Elle est gelée !!! » s’effraie-t-elle.
Kimiko pose sa main sur l’épaule de Yue.
« Sa peau est toute froide, elle va tomber malade… » craint Kimiko.
Temari lève Yue, Kimiko empoigne le pommeau de douche et Temari règle l’eau pour qu’elle soit bien chaude. La buée envahit la salle de bain. Yue se laisse faire. Elle ne tremble pas, pourtant.
Les deux jeunes femmes la frictionnent, enduisent son corps de crème, la frottent encore. Il faut la réchauffer !
Une fois habillée, elles l’asseyent sur le canapé, au milieu des coussins, une couverture la recouvrant presque entièrement.
« Et si on lui faisait un chocolat ? » propose Kimiko.
Hochement de tête négatif.
« Elle n’accepte que l’eau. »
« Je vais lui faire bouillir une tasse alors. »
Yue boit l’eau chaude. Temari a vraiment l’air anxieux. Kimiko s’en veut. Si elle n’avait pas appelé Temari pour partager les vieux souvenirs, Yue n’aurait pas croupi avec son bain pendant toute la journée. Toute la fin d’après-midi, les deux filles restent à la chaleur du salon, à papoter entre elles, et surveillent l’état de Yue par la même occasion.

« On est rentrés !!! » annonce Kankuro.
« Que se passe-t-il ? » s’inquiète Shikamaru en voyant la contrariété de sa femme rider son visage d’ordinaire si serein.
« J’ai oublié Yue dans le bain quasiment toute la journée. L’eau était gelée, elle va tomber malade à coup sûr ! » gémit Temari.
Shikamaru la serre dans ses bras pour la rassurer. Ensuite, il se dirige vers Yue, blottie dans le coin du canapé. Il lui prend la main, touche son front, regarde ses yeux et écoute son cœur.
« Non, elle n’a rien. »
« Mais regarde, elle n’a pas l’air bien, elle a une drôle de couleur… » constate Temari.
C’est vrai. Yue semble un peu grise, voire même verte, comme si elle avait le mal de mer. Mais à part sa couleur, et on l’a déjà vue en changer, rien ne témoigne d’un quelconque malaise.
« De toute façon on ne peut rien faire tant que la maladie est en latence. Quand elle sera déclarée, on l’amènera voir Kaora-sama. En attendant, il faudra juste faire attention à ne pas l’exposer à de nouvelles sources d’affaiblissement. » décide Kankuro.
D’un seul coup, il a l’air très adulte pense Kimiko.
« Que va penser Gaara… » se mine Temari.
« A quel propos ? »
Le jeune homme aux cheveux rouges vient de rentrer à son tour.
« J’ai fini plus tôt aujourd’hui, pour passer aux thermes. »
« Tu mens… » devine Kimiko.
Gaara reste quoi.
« Ce n’est pas grave, nous n’avons pas pu finir le ménage. » conclut-elle.
« Mais qu’est-ce que je vais penser à propos de quoi alors ? Ce n’est vraiment pas grave, le ménage. »
Temari s’avance.
« J’ai oublié Yue dans son bain. Elle a attrapé froid. »
Gaara ne parait pas comprendre. Yue se lève soudain de son canapé et lui attrape la main. Elle est froide. Mais c’est habituel. Il n’y a pas de quoi s’en faire.
« Regarde, elle a une drôle de couleur. » ajoute Temari.
Mais les yeux de Yue ne disent rien à Gaara. Elle a l’air normal. Il scrute le fond de ses pupilles, dès fois qu’elles cachent quelque chose. Mais Yue ne connait pas la duplicité.
« Non, je t’assure il n’y a rien, ne t’en fais pas. » affirme Gaara.
Comme pour appuyer ces mots, Yue prend la main de Temari. La future mère sourit.
« Et Miyako qui pense que tu ne comprends rien… » soupire-t-elle, les larmes aux yeux.

Shikamaru entraîne Temari vers leur chambre. Elle s’est sans doute surmenée aujourd’hui. Ce n’est pas grave en soi, mais vu son état et ses hormones, elle a besoin d’un peu de calme.
« Je vais préparer à dîner. » propose Kimiko.
« Si tu as besoin d’aide, ne dérange pas ma sœur, demande-moi. » devance Kankuro en s’installant sur le canapé.
Le cœur de Kimiko bat la chamade. Kankuro est bien plus gentil quand il est normal que lorsqu’il se force.
« Viens m’attraper un plat à gratin. Il est rangé trop haut pour moi. »
Kankuro la rejoint dans la cuisine.
Gaara reste avec Yue. Ils s’installent sur le canapé, Yue réfugiée sous le bras ouvert de Gaara.
« Tu as passé une bonne journée ? » demande Gaara, les yeux perdus dans l’horizon élargi que dévoile devant eux la grande baie vitrée.
Yue ne répond pas, mais il sait que oui.
« Et ce bain alors ? »
Le froid ne l’a pas dérangée. La mousse l’a surprise et même amusée, mais ce qu’elle n’aime pas, c’est le contact prolongée de l’eau domestique sur sa peau.
« Notre eau est trop calcaire, il faudra qu’on change le filtre. »
La question n’est pas là. L’eau a laissé une impression trouble sur sa peau. Quelque chose de gluant, un peu étouffant.
Gaara rit. Yue ne comprend pas mais ses yeux rient tout de même.
« C’est à cause du bain moussant ! »
Dans les reflets de la baie vitrée, le soleil orangé semble se coucher des milliers de fois.
« Je dirais à Temari de ne pas en mettre dans ton bain demain. »
Dis plutôt à Temari de ne pas me donner de bain demain.
« ? »
J’aimerais sortir un peu.
Gaara plonge ses yeux dans ceux de Yue. Il l’observe un long moment.
Je rentrerais avant le soir.
Gaara sourit. Les yeux de Yue brillent.

« Depuis quand est-ce que tu parles tout seul ? » demande Temari en entrant dans le salon, les yeux endormis.
« Tu ne faisais pas la sieste ? »
« Si… » soupire Shikamaru. « Elle s’est réveillée en réclamant du melon d’eau. »
Gaara pouffe de rire. Du melon d’eau ? A Suna no Kuni ?
« Tu rêves… »

Le reste de la soirée se déroule tranquillement. Il y a un bon film à la télé, et même Yue est absorbée par l’écran où les personnages et les couleurs se succèdent.
Shikamaru somnole sur son fauteuil. Temari s’attendrit. Elle le réveille doucement.
« On va aller se coucher, bonne nuit tout le monde ! » murmure-t-elle en sortant du salon à petits pas, pour ne pas perturber le calme qui y règne.
Shikamaru la suit en s’étirant.
« Peut-être que nous aussi, nous allons nous coucher… » déclare Gaara en appelant Yue du regard.
Mais elle ne décolle pas de la télé. Il sourit. C’est amusant de la voir prendre conscience du monde qui l’entoure.
« Bon, et bien moi je n’ai pas sommeil ! » annonce Kankuro en se levant d’un bond.
Il se frotte les mains et se diriger vers la porte de la maison.
« Tu vas où ? »
« Je n’en sais rien, je verrai bien sur place s’il y a quelque chose à faire !!! »
Kimiko est désemparée. Kankuro va sortir le soir. Il va retrouver quelqu’un ? Une fille ?
Elle se redresse un peu et jette un regard perdu à Kankuro.
« Un nouveau café-concert s’est ouvert. Et ce soir c’est l’inauguration. Il y a un super groupe qui passe, les Shinobliques ! »
« Les Shinobliques ? » reprend Kimiko, les yeux brillants.
Elle a essayé d’avoir des places, quand ils sont passés à Konoha, mais leur tournée s’est effectuée à guichet fermé. Il fallait réserver des mois à l’avance, et elle a été très prise par son déménagement.
« J’ai deux places. » avoue Kankuro en souriant à la jeune fille.
Elle se lève aussitôt du canapé, attrape le bras de Kankuro et le tire hors de la maison.
« Dépêche-toi, on va être en retard ! »

Gaara sourit. Apparemment, tout est redevenu normal entre son frère et Kimiko. Il plonge son regard pâle dans les yeux translucides de la jeune fille blottie contre son flanc. Elle dort. Gaara sent son cœur se gonfler d’un sentiment nouveau. Un sentiment de plénitude. Il est heureux que Yue ait à ce point confiance en lui. Il se sent fort. D’une force différente de celle nécessaire lors des combats, mais d’une force bien plus puissante et plus profonde.
« Vous avez encore dormi sur le canapé ? Mais ça va devenir une maladie ! » s’étonne Temari en rentrant dans le salon, au petit matin.
« C’est l’heure du petit-déjeuner ! » appelle Kimiko en portant sur la table un plateau rempli de tasses et de viennoiseries.
Gaara s’étire. Yue déploie ses longues jambes. Elle va s’assoir d’elle-même à la table sous l’œil amusé et surpris de Temari.
« Tu as faim ? »
Mais Yue ne mange rien. Elle boit son carafon d’eau fraîche, cela lui suffit.
« Dépêchons-nous ! On part en mission aujourd’hui ! » rappelle Kankuro.
« Quelle idée… » soupire Shikamaru. « Je suis en vacances, et je dois me taper les missions des pays voisins… »
« Je file pour la ronde ! » annonce Gaara.
« Nous allons terminer le ménage alors ne rentre pas sans être passé aux thermes ! » prévient Temari.
« Mais j’y suis allé hier ! » proteste Gaara.
« Bien, fais comme tu veux mais tu ne mettras pas un pied à l’intérieur si tu ne sens pas le propre ! Et je te préviens : je sentirais ! » menace la grande sœur.
Yue tourne ses grands yeux vers Gaara, qui tourne déjà la poignée pour sortir. Il lui sourit d’un air entendu.
« Temari, laisse Yue faire ce qu’elle veut aujourd’hui, elle peut sortir. »
Sans plus d’explication, Gaara s’en va. Yue regarde longtemps la porte, comme si elle pouvait encore le voir.

« La laisser sortir ? » n’en revient pas Temari, morte d’inquiétude.
« Fais ce qu’il dit. » affirme Shikamaru, une expression rassurante détendant son visage.
Temari finit par sourire.
« Bon, puisqu’il le faut ! Viens au moins te laver ! » propose Temari à Yue.
Mais les yeux de la jeune fille signifient très clairement qu’il en est hors de question. Yue ouvre grand la baie vitrée qui donne sur le jardin et reste longtemps accoudée sur le balcon.
« Tu crois qu’elle regarde quoi ? » interroge Kimiko.
« Si seulement je le savais ! » soupire Temari. « Je me plaignais d’avoir un petit frère totalement incompréhensible, mais je crois qu’avec elle, on a repoussé les limites des difficultés de communication… » se désespère-t-elle.
« Au moins ils vont bien ensemble ! » rit Kimiko.
« Je ne sais pas, je me demande si Gaara a des sentiments pour elle, mais en tout cas il a drôlement changé depuis qu’elle est là et qu’il doit s’en occuper. »
« Et il a changé en bien, je trouve. » avoue Kimiko. « La première fois que j’étais venue à Suna, il m’avait fait une de ces peurs ! »
« A ce point ? » se moque Temari. « Pourtant, tu ne l’as pas connu avant. »
« Je te jure ! J’étais complètement tétanisée. Par la suite, j’ai vu qu’il n’était pas spécialement mauvais, mais même la dernière fois, je n’étais pas très à l’aise. Je dois t’avouer que j’avais un peu peur de revenir. »
« Juste parce que tu lui as jeté un seau d’eau sur la tête ! » se souvient Temari. « Tu ne l’as même pas fait exprès ! »
« Mais il déteste l’eau, et je t’assure que je n’aimerais pas que ça arrive une seconde fois… »
« Et maintenant, ça va non ? »
« Oui, depuis que je suis arrivée, j’ai trouvé qu’il a changé. Et même cette maison, on s’y sent mieux. On s’y sent même bien. » finit-elle, rêveuse.
« On s’y sent bien à cause de Gaara et ses nouvelles humeurs ou à cause de Kankuro et son soudain sérieux ? »
Kimiko et Temari se mettent à glousser.
« Regarde, Yue s’en va ! » remarque tout à coup Kimiko.
Temari l’observe grimper sur la balustrade, s’enfuir dans le jardin et passer dans la rue. Elle a un peu peur. Mais bon, il faut bien que les petits partent un jour…
« Tu es toute rouge, ça va ? » s’inquiète Kimiko.
« Oui, je pensais qu’un jour, il faudrait aussi que je laisse partir mon bébé… »
Kimiko la pousse gentiment.
« Tu n’en es pas encore là. »
Temari soupire.
« Et puis si tu veux, je peux toujours aller la rattraper et la ramener à la maison ! » propose la jeune fille de Konoha.
« Non, Gaara a demandé qu’elle puisse sortir, il doit avoir ses raisons. Tu as vu comme elle avait l’air absorbée par sa contemplation, tout à l’heure ? J’ai très bien senti qu’elle voulait partir. »
Le silence s’installe. Seul le vent fait bruisser les feuilles et apporte par vagues les senteurs fraîches qu’exhalent le jardin.
« Tu crois qu’elle reviendra ? » demande timidement Kimiko.
« J’en suis sûre. » confie Temari. « Bon, c’est pas tout ça, il faut encore briquer la maison ! »
Seaux, serpillères, balais, chiffons et poussières volent dans toutes les pièces. Il faut profiter de l’absence des garçons, en mission pour quelques jours, pour faire le grand ménage. Il y aura bien Gaara et Yue ce soir, mais du moment qu’il n’y a pas Kankuro, pour entraîner Shikamaru, le ménage est une affaire réglée.

« Bonsoir tout le monde ! » crie Gaara en entrant dans la maison déserte.
« Ne bouge pas !!! » hurle sa sœur. « Fais-toi voir. »
Gaara ne comprend pas.
« C’est bien ce qu’il me semblait. Tu n’es pas allé aux thermes ! Tu ne rentres pas à la maison !!! »
Gaara grimace. Il est chez lui quand même !
« Je n’irai pas aux bains si je n’ai pas envie d’y aller. » rétorque-t-il froidement.
Il esquisse un pas dans la maison.
« Je te préviens, si tu poses ne serait-ce qu’une demie pointe de pied sale sur un carreau propre, je t’étripe ! »
Elle s’en permet bien, des commentaires, depuis qu’elle est enceinte !
« Et puis d’abord on a laissé partir Yue, puisque c’est ce que tu voulais, et elle n’est pas encore rentrée. » informe Temari.
« Il faudrait au moins qu’on sache où elle est, dès fois qu’il y ait besoin de quelque chose. » avise timidement Kimiko.
Gaara fronce les yeux. Yue avait promis d’être rentrée le soir même…
« Je vais la chercher. » décide-t-il en repartant aussi sec.
« Parfait, alors passe d’abord aux thermes ! Je le saurai si tu n’y es pas allé, avec tous tes grains de sable ! » menace Temari.
Les grains de sable, ce n’est pas un problème. Il suffira simplement de leur intimer l’ordre de partir, et il n’y paraîtra que du feu. Ce qui tourmente Gaara, ce n’est pas le ménage de sa sœur et de son amie, c’est la disparition de Yue.
Il se faisait une telle joie de la retrouver. De la voir attendre son retour. Et elle n’est pas là. Il est un peu vexé. Qu’est-ce qu’elle a bien pu aller faire dehors ? Elle ne connait personne.

Au hasard de ses pas, Gaara arrive devant une boutique bien connue.
« Vous avez perdu quelque chose ? » demande la fleuriste aveugle.
« Non. Enfin, oui. C’est compliqué. »
« Je ne crois pas que ça le soit tant que ça. Voyons, c’est bien un lotus que vous regardez ? »
Gaara paraît surpris. Accroupi devant les vases de fleurs, il étendait en effet sa main vers la fleur d’eau qu’il commence à connaître.
« Mais… ? »
« Je vous l’ai déjà dit, votre cœur s’exprime à merveille, et les plantes d’eau en renvoient les ondes jusqu’à moi. Si c’est un lotus que vous avez perdu, peut-être faut-il aller le chercher dans un étang. »
Gaara ne comprend pas. Il n’a pas perdu de lotus.
« D’ailleurs, vous me devez une fleur je crois ! » sourit la marchande. « Pensez à me la donner quand vous l’aurez trouvée. »
Elle repart vers son arrière boutique. Gaara ne cherche même pas à la rattraper, il sait qu’elle aura disparu comme par enchantement parmi les feuillages que renferme son magasin.
Il n’a pas perdu de fleur. Encore moins de lotus. Les derniers qu’il a vus, c’était…
« Au jardin botanique ! »
Là où Yue s’était enfuie la première fois, dans le lac au milieu des arbres tropicaux.
Le jeune homme aux cheveux rouges court à toute allure vers ce lieu où il était tombé par hasard. Les feuilles volent dans son visage, les lianes s’agrippent à ses vêtements, en un bond, il atterrit, les pieds dans l’eau jusqu’aux genoux.
« Yue ! »
Elle lui sourit. Il était temps qu’il arrive !
« Mais on devait se retrouver à la maison. » murmure Gaara en la prenant dans ses bras.
Elle s’évapore soudain en un millier de gouttelettes pour se retrouver au milieu du lac, ses yeux verts à la surface, telle les reptiles.
Gaara la rejoint en quelques brasses. Au milieu des grandes feuilles de nénuphars et des tiges de lotus, il est difficile de se frayer un chemin. Les lentilles d’eau recouvrent sa peau. Il a l’air plein d’écailles.
Tu me ressembles, comme ça.
Yue balaie sa joue d’un revers de paume pour en ôter les petites feuilles vertes qui s’y étaient accrochées. Ses yeux se perdent dans le vague.
« Je te ressemble comme ça aussi. » murmure Gaara.
Yue cligne des yeux. Elle se laisse couler sous l’eau pour cacher son visage.
Gaara plonge sa main dans l’eau pour la rattraper. Il s’accroche par mégarde à une longue tige. Il tire dessus. Un étrange lotus en sort, très petit, aux pétales inégales, mais d’une couleur irisée telle qu’il n’en a jamais vu de pareille.
Il a trouvé sa fleur !
« Viens Yue, j’aimerais te présenter quelqu’un. »

Gaara nage vers la berge. Au moment de prendre pied, Yue le retient par la longue cape qui flotte dans son dos. Le jeune homme aux cheveux rouges perd l’équilibre, et tombe face contre terre dans la boue vaseuse du bord du lac.
Yue rit. La bouche ouverte. Les yeux plissés. Elle rit.
Gaara fait la moue mais ne peut s’empêcher de sourire. Un monceau de boue dégouline de sa tête le long de son cou. Yue rit de plus belle. C’est la première fois que Gaara entend sa voix. Mais n’est-ce pas qu’un simple rêve ? Dans la forêt, aucun écho ne se fait entendre. Mais Yue rit, c’est tout ce qui compte.
« Plafff !!! »
Gaara lui a jeté une galette de boue sur la tête. Yue plonge pour s’en débarrasser. Elle ne remonte pas.
« Allez, ne soit pas vexée ! » s’inquiète Gaara en scrutant le fond de l’eau.
Il avance de quelques pas. Un bruit mouillé le fait se tourner à nouveau vers la berge.
Yue lui saute dessus ! Elle s’agrippe tant qu’elle peut, mais dans la vase, difficile de garder l’équilibre. Gaara tombe à la renverse, Yue avec lui. Elle se dégage, se glisse sur lui et pèse de tout son poids pour qu’il s’enfonce dans la vase. Elle rit à plein poumons.
« Ah, c’est comme ça ! »
Gaara fait volte face, Yue est dessellée de son cheval improvisée et tombe à son tour dans la boue. Un pâté de vase vient s’écraser sur elle.
« J’en peux plus ! » avoue Gaara en s’écroulant sur la berge, à moitié dans la boue, à moitié dans les feuilles des plantes riveraines.
Yue s’allonge à côté de lui. Le soleil envoie ses derniers rayons. Bientôt, les nuages se grisent de leurs teintes nocturnes.
« Il faut y aller. J’ai une course à faire avant de rentrer. »

Mais une fois sortis du jardin botanique, Gaara se ravise et regarde Yue. Ses cheveux collent à sa peau et dégoulinent de vase le long de son cou. Ses vêtements sont maculés de boue, on n’en voit même plus la couleur d’origine. Des algues pendent sur ses bras et restent accrochées à ses chaussures.
« Quel spectacle ! » se moque Gaara.
Les yeux de Yue lui retournent le compliment. Il est noir de boue lui aussi.
« Je sens qu’on va devoir aller aux thermes finalement. »
Gaara tire Yue vers la direction opposée.
« Tiens, mon jeune ami aux fleurs d’eau ! Vous vouliez peut-être une autre fleur ? Je viens juste de fermer, mais on peut retourner à la boutique quelques minutes si vous le désirez. »
« Non, je ne suis pas en état de rentrer où que ce soit ! » confie Gaara tandis qu’un gros paquet d’algues tombe de ses épaules et s’écrasent à ses pieds.
Yue tend soudain le lotus que Gaara a cueilli et le donne à la fleuriste. Elle le prend et en inspire le parfum. La tige pleine d’eau dégouline le long de son bras, et la boue lui salit la main, mais la femme aveugle ne paraît pas surprise ou dégoutée. Elle sourit, d’un sourire plein de joie, de satisfaction, de nostalgie, de sentiments que Gaara saisit sans les comprendre tous.
« Vous avez trouvé une fleur magnifique. Elle peut arborer un aspect rebutant par rapport aux autres fleurs, toutes calibrées, toutes catégorisées… Mais celle-ci est un vrai trésor de la nature. Son parfum est unique. Et son chant merveilleux. Merci. » achève-t-elle en un souffle, les larmes aux yeux.
Yue ouvre de grands yeux. Le regard opaque de la fleuriste ne l’effraie pas. Elle lui touche une dernière fois la main.
« Votre cœur est à l’image de cette fleur, ne l’oubliez jamais. Il est différent, mais il n’en est que plus beau. »
Gaara ne sait pas si elle s’adresse à lui ou à Yue. Il n’ose pas ouvrir la bouche.
« Vos deux cœurs, devrais-je dire. » un sourire complice illuminant son visage. « Vous avez vraiment trouvé une fleur exceptionnelle, gardez-la toujours près de vous. »
Gaara est perdu. De qui parle-t-elle ?
La fleuriste serre la main de Yue dans la sienne, et la rend à Gaara.
« Bien, il est tard, je ne vais pas vous retarder d’avantage ! » reprend la fleuriste, souriante. « Je vous remercie de tout cœur pour ce lotus hors du commun ! »
« C’est nous qui vous remercions. » murmure Gaara tandis que la fleuriste s’éloigne, les pétales du lotus effleurant ses narines pour y distiller leur parfum.

Gaara se tourne vers les grands yeux de Yue. Ses cheveux poisseux lui collent au visage et lui donnent un air encore plus sauvage. Elle est couverte de boue, mais par endroit on peut encore apercevoir un bout de peau à peu près rose.
Pas assez pour se permettre de rentrer en l’état. Temari risquerait de piquer une crise monstre.
« Bon, il faut vraiment aller aux thermes… » se résigne Gaara.
Arrivés à l’établissement, Gaara fait signe à Yue de se diriger vers la partie réservée aux femmes, tandis que lui-même la quitte pour rejoindre la partie des hommes.
Il se dépêche. Il a toujours autant horreur de l’eau. Un peu de savon et le tour est joué. Il sort de l’eau en trombe, comme si elle le brûlait. Il faut en plus rincer ses vêtements, eux aussi couverts de boue et d’algues. Il les tord tant qu’il peut pour en enlever l’eau et se les remet tels quels. Il sèchera en route.
« Avez-vous vu la jeune fille qui m’accompagnait ? » demande Gaara à l’accueil.
La caissière affirme que personne n’est sorti du bain des femmes.
Gaara attend. Ses vêtements gouttent dans le couloir. Il décide de les sécher au séchoir automatique. Mais il est sec, et Yue n’est toujours pas revenue.

Il commence à se faire tard. Le jeune homme aux cheveux rouges se faufile à pas de loup dans le couloir qui mène à la partie des thermes réservée aux femmes. A l’entrée du bain, il croise Yue, dans le même état qu’à son arrivée.
« Pssittt. » appelle Gaara.
Yue se retourne. Une flaque de boue s’étend à ses pieds.
« Vas dans le bain ! » chuchote Gaara en faisant de grands gestes pour la pousser vers les thermes.
Mais Yue se détourne de l’entrée et se rapproche de Gaara. Elle tend ses bras vers lui pour le prendre par le cou mais il lui attrape les mains avant qu’elle n’ait pu le maculer de tâches.
« Hé, non ! Tu vas te laver ! » proteste Gaara.
Mais Yue ne semble pas comprendre. C’est vrai que c’est Temari qui la lave, d’habitude…
« Bon, viens là, on ne va pas s’en sortir sinon… »
Gaara attrape la main de Yue et la tire jusqu’au coin des douches. Là, il peut rester avec elle sans déranger les autres femmes du bain, et Yue pourra sans doute se doucher si elle sait qu’il n’est pas loin.
Il la pousse dans la cabine de douche, referme la porte derrière elle et s’adosse au mur en attendant que Yue finisse. Au bout de cinq minutes, il n’entend toujours pas l’eau couler…

« Yue s’il te plait fais un effort… »
Il passe la tête dans la cabine de douche. Elle est toujours habillée !!!
« Allez, enlève moi tout ça et mets toi un peu sous l’eau ! »
Gaara ouvre le robinet et règle l’eau de sorte qu’elle soit fraîche sans être gelée. Yue semble apprécier. Elle se positionne sous le jet d’eau qui sort du mur et ne bouge plus. L’eau coule sur sa tête et la vase glisse de ses cheveux mais elle ne bouge pas.
« Yue, lave-toi… » supplie Gaara.
Elle se tourne vers lui, toujours sous le jet d’eau, le visage ruisselant.
« Je m’en sortirai jamais… »
Gaara enlève ses vêtements, les plie soigneusement sur le banc à l’extérieur de la douche, et reste en caleçon. Il entre dans la cabine où Yue laisse tomber l’eau goutte à goutte sur son visage.
« Sois un peu coopérative, il faut qu’on y aille vite… »
Gaara sait très bien que les mots n’ont pas vraiment d’influence sur Yue, mais il les dit à haute voix pour meubler. L’atmosphère se fait tendue.
« Laisse-toi faire au moins… »
Yue ne veut pas quitter le jet d’eau. Gaara est obligé de se rapprocher et de se mouiller à son tour. Il fait glisser les vêtements de la jeune fille au bas de ses pieds en se concentrant sur le somment de son crâne. Les habits tombés, il s’accroupit pour les ramasser. Ses yeux semblent vouloir remonter le long des cuisses, mais il se détourne soudain.
Il est terriblement mal à l’aise. Mais à quoi pense-t-il enfin ? Le tas de linge roulé en boule sous le bras, il ressort tout à coup de la cabine de douche, le souffle court.
« Bon, heu… Tu restes sous l’eau, ça devrait suffire… » décide-t-il.

Il reste dehors à attendre, rince les vêtements dans le grand lavabo et commence à les sécher sous le séchoir automatique. Mais Yue ne sort toujours pas.
« Oh non… Je vais devoir aller la rechercher… » se plaint Gaara.
Il prend une serviette, la déplie et la tend devant lui pour cacher Yue. Elle est encore toute sale, il avait oublié qu’elle avait les cheveux trop longs pour qu’un simple jet d’eau en vienne à bout !
« Yue… Heu… »
Gaara enroule la serviette autour de la jeune fille comme il peut, sans regarder ce qu’il fait. Il garde les yeux fixés sur le robinet pour ne pas laisser son regard vagabonder là où il ne devrait pas. La serviette tient tant bien que mal, mais elle tient enfin.
« Assieds-toi. »
Gaara pose un tabouret au milieu de la douche, sous le jet d’eau qu’il n’éteint pas pour ne pas perturber Yue. Il attrape le shampoing et en verse quantité sur les longs cheveux qu’il masse et frictionne. La mousse coule dans les yeux de Yue mais elle ne bouge toujours pas.
« Excuse-moi. »
Gaara lui essuie les yeux. Il passe sa main sur sa joue. Elle est si douce et si fraîche.
« Bon, je te rince. »
Gaara continue à frotter les cheveux jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de mousse qui s’en écoule. Il s’apprête à sortir de la douche quand il avise la couleur de l’eau qui s’écoule par terre. Elle est encore boueuse. Gaara rougit. Il ose enfin descendre ses yeux sur les épaules nues de Yue. Des traces de vase subsistent. Sur ses bras aussi. Et ses jambes n’y échappent pas non plus. Il va devoir la laver pour de bon si ça continue…
« Tu ne bouges pas, hein ? »
Mais ce n’est pas la peine de demander, Yue ne bouge jamais de toute façon. Gaara prend une éponge et frotte doucement sur les épaules de Yue. Il attrape son poignet d’une main pour qu’elle tende le bras et le frotte également. Il fait l’autre bras. Le haut du dos. Il desserre un peu la serviette pour passer son bras dedans et faire aussi le reste du dos. Il regarde en l’air comme si de rien n’était en accomplissant le plus soigneusement possible sa « tâche ».
« Tu peux terminer toute seule ? »
Gaara pose l’éponge dans la main de Yue. Elle ne serre pas les doigts, l’éponge tombe par terre. Gaara paraît désespéré. Il ramasse l’éponge et s’accroupit devant Yue, toujours assise sur le tabouret. Il lui fait tendre une jambe et commence à la frotter. D’abord le pied, puis le mollet, le genou et la cuisse. Il ne savait pas Yue chatouilleuse, elle se tortille et le fait lâcher sa jambe. Gaara tombe assis par terre, le chaud lui monte aux joues et il est aussi rouge que ses cheveux. Il n’ose pas relever la tête. Il a failli tout voir. Il ne veut pas croiser les yeux de Yue. Il plisse très fort les yeux, il veut que tout disparaisse. Mais l’eau qui coule résonne encore à ses tympans. Il ouvre un regard vague sur le carrelage du sol. De petits doigts de pieds frétillent devant lui. Yue lui tend sa deuxième jambe pour qu’il la lave, elle sourit. Gaara reprend son éponge et termine son lavage. Il fait lever Yue et la rince correctement.
« Tu fais toi-même sous la serviette, hein ? » conclut Gaara en esquissant un pas hors de la cabine de douche.
Yue le retient par la main. Il se retourne et plante ses yeux dans les grandes pupilles de la jeune fille.
Sous le poids de l’eau la serviette tombe sur les pieds de Gaara. Il rougit encore plus.
« J’y vais ! »
Gaara part en courant. Il se plaque contre le mur à la sortie de la douche. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle aille dans cet étang ?

L’eau s’arrête soudain. Yue sort de la douche elle aussi. Complètement nue. Gaara ne comprend pas. Il l’a déjà vue nue plusieurs fois. Quand il l’a trouvée dans le désert. Il était gêné, mais c’était la première fois qu’il voyait une fille nue. Il l’a vue aussi à l’hôpital, et ça ne lui a rien fait. Pourquoi là, il se sentait bizarre ?
Il avait cru que c’était à cause de l’eau, lui qui déteste se laver, mais ça ne lui a rien fait de rester sous le pommeau de douche si longtemps, tant qu’il y avait Yue. C’était même plutôt agréable. Il s’est senti léger, et en même temps oppressé. Alors pourquoi se sent-il si bizarre ?
Yue lui touche le bras. Il sursaute et se retourne. Elle lui attrape la main. Il n’ose plu bouger.
« Les thermes vont bientôt fermer. Merci de vous diriger vers la sortie. » fait entendre un haut-parleur.
Gaara attrape les vêtements de Yue et les serre contre lui. Il faut encore l’habiller.
Il se retourne soudain. Yue s’est enroulée toute seule d’une serviette propre et sèche et tend le bras pour récupérer ses affaires. Gaara soupire. Un soupir de soulagement. En même temps, une pointe de regret serre son cœur. Il aurait aimé l’habiller ?
« Dépêchons-nous, ça ferme bientôt et on va être en retard. »
Gaara s’habille à la hâte. Quand il sort enfin la tête de son tee-shirt, c’est une Yue emmêlée dans ses manches qu’il voit se débattre avec le tissu. Il rit.
« Je peux encore faire ça s’il le faut ! »
Il met les bras de Yue en l’air, déroule le tricot emmêlé et le descend le long de son corps. Un frisson parcourt le corps de Yue. Celui de Gaara aussi. Il attrape son manteau et le pose sur les épaules de la jeune fille. Il doit faire frais dehors.
« Merci de votre visite aux thermes de Suna no Kuni, en espérant vous revoir bientôt. » leur sourit l’hôtesse à leur sortie.
Gaara s’excuse de leur longueur en rougissant quelque peu. Yue lui prend le bras, ils sortent ensemble de l’établissement thermal et rentrent à la maison familiale.

Le vent léger qui balaie les rues sur le chemin du retour a quelque chose de grisant. Yue s’appesantit sur le bras de Gaara et colle son visage endormi sur son épaule. Gaara quant à lui, sent sa tête lui tourner. Le cœur de Yue bat contre son bras, et sa vibration le plonge dans un agréable vertige.
« Vous rentrez bien tard ! » les gronde Temari alors que Gaara ouvre à peine la porte.
« Oui ! En plus j’ai fait votre plat préféré ! » affirme une voix dans la cuisine.
« Tu sais, Miyako est rentrée aujourd’hui nous donner un coup de main à tout nettoyer. » explique Temari.
Elle s’arrête aussitôt, devant l’air embarrassé de son frère.
« Et bien, qu’est-ce qu’il y a ? »
« Heu… rien… je… Je vais me coucher, garde un peu Yue. »
Gaara s’enfuit dans sa chambre.
« Quelle mouche l’a piqué ? » interroge soudain Kimiko.
« Il est souvent comme ça vous savez… » confie Miyako.
« Pas depuis longtemps. Il a changé, tu n’as pas encore pu le constater vu que tu n’étais pas là, mais il a changé. » avoue Temari.
Miyako ne semble pas vraiment convaincue et retourne à ses fourneaux.
« Alors ? » reprend Kimiko.
« Ma foi… Yue ? »
Mais la jeune muette se contente de les regarder sans rien dire. Depuis leur retour, elle est restée plantée là sans bouger. C’est vrai que ce n’est pas dans ses habitudes d’être très mobile, mais elle avait pourtant commencé à s’assoir d’elle-même.
« Bon, viens nous aider à… » commence Kimiko.
Elle se ravise.
« Temari… »
La future maman scrute la jeune fille, toujours immobile.
« Tu as quelque chose de bizarre… » remarque-t-elle.
« Je dirais quelque chose de raide. » reprend Kimiko en touchant ses vêtements.
D’avoir été séchés au séchoir automatique, puis à l’air libre directement sur elle, les vêtements de Yue sont devenus rigides comme du carton pate.
« Vous êtes bien allés aux bains avant de venir ? » demande Temari, soupçonneuse.
Elle scrute le fond des yeux de Yue.
« Je crois que oui… » finit-elle par conclure.
« Bon, la vaisselle ne va pas se ranger toute seule. Venez un peu m’aider. »
Temari entraîne Yue dans la cuisine pour terminer son rangement. Peut-être que Gaara veut juste rester un peu seul.
Image
The FFNPA's Raaly fan!
yukiyoruno
Gennin
Messages : 461
Inscription : jeu. 22 sept. 2005, 19:22
Localisation : Quelque part en France
Contact :

Message par yukiyoruno »

Voilà, j'ai lu tes trois chapitres comme je te l'ai promis.

Eh, bien... Tu as bien travaillé Yue pour ses comportements, ses mouvements et ses particularités. Yue me rappelle à Victor, l'enfant sauvage... La seule différence , Yue est beaucoup plus calme et docile que Victor.

Tu as bien transcrit la gêne de Gaara pour la nudité femelle.

Et puis...Je vois Temari, Gaara et Kankuro comme les gens qu'on croise dans la vie de tous les jours: leurs activités répétifs, leurs dialogues, la grossesse de Temari (le ventre qui bouge, c'est absolument vrai: j'en ai vu. :grin: ), les démêlés sentimentaux...

J'ai l'impression de lire une histoire des gens qui adoptent une enfant anormale et mystérieuse, non une histoire des ninjas.

Il manque surtout les trucs de vrais ninjas.

Juste une question: tu n'aimes pas trop de la violence, des batailles, de l'espionnage ou de trucs de ninjas? Je ne le crois pas trop... Tu as du mal d'en écrire? Ou tu as tout simplement l'intention d'écrire une histoire d'amour accompagné de quelques élèments fantastiques?Ou bien un calme avant la tempête?

Tu décris bien le jardin botanique, un oasis luxureux dans le milieu sec et désertique. J'aime la manière dont tu décris le lotus et la fleuriste aveugle qui parle de la langage secrète de fleurs.

Je te félicite surtout pour ton écriture fluide et maîtrisé, pour ton français impeccable!!!!!!!!! Comme je t'en envie... Mais bon.

Et voilou...

Tu as déjà avancée de combien de chapitres? As-tu l'idée pour la fin de l'histoire?
"Tuer la Monotonie" la devise des Imprévisibles
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Whaaaaaa!!!!!!!

Merci Yuki pour ton super post! ça fait super plaisir! Tu dois être la seule à avoir lu le dernier chapitre que j'ai posté, alors ça fait encore plus plaisir! :grin:

Pour les trucs de vrais ninjas, je me suis posée la question. Est-ce que j'arriverais à en écrire? Alors au début, j'avais décidé de me focaliser sur la vie quotidienne. Après tout, quand ils disent "on part en mission", on ne sait pas ce qu'ils font. Si ça se trouve, ils passent trois jours à égorger hommes femmes enfants et chiens, et ils reviennent la bouche en coeur.
Je dois avouer que ça m'arrangeait bien, ce "on part en mission". :roll:

Mais du coup, j'ai vite senti qu'il manquait quelque chose. Les trucs de vrais ninjas comme tu dis. Alors, surprise, dans le prochain chapitre qui sera un peu plus long que celui-là, il se passe (j'espère), des trucs de vrais ninjas!!! 8-)

Pour ce qui est de l'avancement de mon histoire... Je dois avouer qu'elle est quasiment finie. Je corrige deci delà, mais à force de corriger, il va bien falloir que je m'arrête. :cry:
J'ai pensé à continuer, mais je me suis dit que ça ne serait que répéter la même chose d'une autre façon (et oui, le temps est un serpent qui se mord la queue...). :twisted:
Donc, bah j'ai fini. Il reste quand même pas mal de chapitres avant la fin, et comme ça finit par : UN MEGA TRUC DE VRAI NINJA, je me creuse les méninges pour rendre la scène plus vraisemblable et plus active. ;-)

Je résume : en gros, j'ai la fin de l'histoire mais je réécris sans cesse les scènes de combat pour les rendre plus dynamiques.

Tu parlais d'espionnage, d'infiltration, de combat et tout le reste, je te promets qu'il va y en avoir moulte quantité d'ici la fin! :grin:

Mais toujours, sans oublier la vraie vie, au milieu de la vie de ninja! ;-)



Pour conclure : encore une fois merci de me lire, Yukiyoruno!!!

et en guise de post scriptum : j'ai posté un nouveau minuscule drabble dans le topic approprié, sur Naruto qui mange des ramens. ;-)
Image
The FFNPA's Raaly fan!
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Et voilà le chapitre 8!!!
Je promets à tous ceux qui voulaient de l'action qu'il va y en avoir, et plutôt deux fois qu'une^^




Chapitre VIII : Solitude

Après la cuisine, les deux filles décident d’une soirée cartes.
« Tu viens Miyako ? » propose Temari.
« J’arrive ! » répond-t-elle de la cuisine.
« On va apprendre à jouer à Yue ! » se réjouit Kimiko.
Miyako fait soudain une drôle de tête. Elle ne paraît pas enchantée de jouer avec la muette. Au bout de quelques tours, elle s’excuse et retourne à sa cuisine.
« Miyako a l’air mal à l’aise en présence de Yue, tu ne trouves pas ? » chuchote Temari.
« Ma foi, ça fait un moment qu’elle n’est pas venue, alors elle doit être restée sur ses premières impressions. Moi aussi je n’étais pas très à l’aise avant. Laisse-lui le temps de la connaître. » conseille Kimiko.
La soirée se déroule dans la bonne humeur apparente. Mais Yue ne cesse de fixer le mur derrière lequel il y a la chambre. Là où elle sent la présence de Gaara.
« C’est fou ! Elle n’y connait rien, mais n’importe quel jeu qu’on choisisse, elle a toujours les meilleures cartes ! » s’amuse Kimiko.
« Wouais… Je suis vannée, je vais me coucher… » baille Temari en remballant les cartes.
Yue comprend que la soirée touche à sa fin et se dirige vers le lieu où elle désire être le plus. Plus elle s’approche, plus elle sent la présence de Gaara, intensément. Elle a hâte de le voir.
A peine ouvre-t-elle la porte que le jeune homme aux cheveux rouges sursaute, visiblement mal à l’aise.
« Ah… Tu as déjà fini ? »
Yue se glisse dans le lit. Gaara en sort aussitôt. Devant le regard plein d’incompréhension que lui lance la jeune fille, Gaara sent qu’il doit s’excuser, son comportement ne lui paraît sûrement pas normal.
« Je… je vais faire la ronde de nuit. »
Il sort en trombe de la chambre à coucher.
« Mais qu’est-ce qu’il a ? » s’étonne Temari en le voyant claquer la porte.
« Il va sans doute rejoindre les guetteurs. » avance Miyako.
« Ça fait longtemps qu’il n’y va plus la nuit. » réplique Temari. « Il est bizarre. »
« Il a toujours été bizarre. » rétorque Miyako.
Temari n’aime pas du tout le ton de cette dernière phrase. Miyako est passé à côté de choses essentielles depuis qu’elle est partie en vacances.
« Laisse. » la calme Kimiko.
Temari écoute son amie. Après tout, c’est son retour de vacances qui doit la mettre dans cet état.

Dans la chambre, Yue est restée seule dans le grand lit. Les draps sont à peine défaits. Elle ne les supporte plus. Elle les attrape et les tire de toutes ses forces, les arrache du matelas et les jette au pied du lit. Elle court hors de la chambre mais reste plantée dans le couloir, les yeux fixés sur la porte d’entrée que Gaara a déjà franchie.
« Ça va Yue ? s’inquiètent les deux filles.
Mais pour la première fois de sa vie, les yeux de Yue ne semblent pas rire. Quelque chose d’humide s’en échappe. De l’eau. Salée. Amère. Elle déteste ça. Ça pique. Ça coule. Mais elle ne peut pas les empêcher de couler.
« Yue ma chérie ! » s’exclame Temari en tendant les bras vers la jeune fille.
Elle l’attrape, pose sa tête sur son épaule et lui caresse le dos et les cheveux pour la consoler. Mais les larmes ne cessent de couler. Yue devient toute pâle. Tout grise. Elle pleure.
« Elle prend une drôle de couleur, on dirait qu’elle va être malade… » remarque Kimiko.
La jeune fille lui apporte de l’eau pendant que Temari l’assoit sur le canapé. Plus elle pleure, plus elle a besoin d’eau.
Ni hoquet, ni grimace, ni sanglot. Elle pleure comme elle vit. Sans expression. Ses larmes ont quelque chose de déroutant. De terrible. Une communication bien plus violente que son habituelle impassibilité.
« Voilà. » annonce Miyako.
Elle dépose une nouvelle carafe, pleine, sur la table.
Yue ne prend même plus soin d’un verre et boit à même la carafe. Elle se remplit de toute l’eau qu’elle peut. De toute l’eau qu’elle perd.
Elle finit par vider trois carafes et pleure tant qu’elle détrempe sa chemise toute entière. Kimiko et Temari ne savent plus quoi faire et la câlinent tant qu’elles peuvent. Miyako quant à elle, se contente d’apporter de l’eau quand cela paraît nécessaire, et reste dans son coin.
« Si vous la laissiez, je suis sûre qu’elle arrêterait son cinéma. » lance-t-elle soudain en passant dans le salon.
« Je ne la laisserai pas comme ça, mais tu peux allez te coucher. Rien ne t’oblige à rester. » répond Temari.
Miyako n’attendait que ça pour prendre congé.
« Tu peux aller dormir aussi, Kimiko. »
La seule éventualité que Temari ait pu penser qu’elle oserait la laisser seule la choque profondément. Elle se sent elle aussi concernée par la peine de Yue et ne serait jamais capable de la laisser toute seule dans cet état. Temari lui sourit. Elle est triste de voir que Yue soit si mal, sans savoir pourquoi, ni comment faire pour la soulager.
A force de la câliner, Yue, les yeux gonflés, s’endort entre elles deux.

Ce n’est que tard dans la nuit que Gaara rentre de sa ronde. A sa grande surprise, la lumière s’allume à son retour, et un coussin du canapé lancé énergiquement l’accueille et atterrit dans sa figure.
« Je ne sais pas ce que tu as fait, mais tu peux repartir tout de suite. » commence Temari, le regard noir.
« Hein ? »
« Et ne penses même pas à aller dormir dans ta chambre, on a eu tellement de mal à la calmer ! » ajoute Kimiko.
Gaara ne comprend pas.
« Tu n’as pas honte de l’avoir faite pleurer comme ça ? » continue Temari, les larmes aux yeux. « Quand on a vu dans quel état était la chambre, on a cru que vous vous étiez battus. Tu es un monstre de lui faire subir des choses qu’elle ne comprend pas. »
Elle et Kimiko partent dans le couloir qui conduit aux chambres et ferment la porte derrière elles, interdisant cet accès au jeune homme aux cheveux rouges.

« Un… monstre… ? »
Gaara sent son cœur se serrer douloureusement. Il tombe sur le canapé, les jambes coupées. Le canapé est humide. Il sent Yue. Il sent ses yeux et son lac. Il sent la tristesse et l’incompréhension.
« Je l’ai faite pleurer… ? » n’en revient pas Gaara.
Il en pleurerait lui-même. Cette nuit, le canapé sera son lit. Mais en sachant que Yue a pleuré à cause de lui, il n’aurait jamais pu aller dormir avec elle.
« Elle a pleuré. Tellement pleuré… »
Gaara sait qu’il n’arrivera jamais à dormir avec cette odeur, mais il n’arrive pas non plus à s’en détourner. Il pourrait aller sur l’autre canapé. Il pourrait aller dans la véranda. Il pourrait même aller à l’hôtel. Mais il se sent seul. Cette odeur sent la solitude.
« Je suis un monstre… »
Il serre le coussin trempé dans ses bras, le cœur au bord des yeux, le nez dans la tâche mouillée, l’odeur dans la tête. Cette odeur de solitude qui n’est pourtant pas la sienne. Avec elle, il est déjà moins seul. Il sait qu’il ne dormira pas, mais cette pensée le calme étrangement. Il faudra qu’il le dise à Yue. Mais il ne sait pas comment.

Le soleil se lève. Gaara veut s’éclipser pour la ronde du matin. Il ne prendra pas son petit déjeuner avec tout le monde. Il se prépare à partir, il veut partir avant que les autres n’arrivent. Il y parvient presque. Mais devant la porte d’entrée, il sent une présence. Yue.
Rien ne témoigne d’un quelconque changement d’état d’âme. Elle est toujours égale à elle-même. Mais une espèce de froideur se dégage de tout son être. Une froideur humide et pleine de tristesse. Ses grands yeux ne font aucun reproche. Ils sont à peine gonflés. Gaara ne les supporte pas. Ce ne sont pas les yeux qu’il aime sonder. Et c’est de sa faute.
« Je suis désolé. »
Il ferme la porte derrière lui et part survoler le désert.

« Yue ? »
La porte qui claque a réveillé Temari. Mais impossible de faire bouger Yue du milieu du couloir de l’entrée. Elle contemple la poignée immobile, et la serrure fermée.
« Yue ? »
Temari pose sa main sur l’épaule de la jeune fille. Son contact a quelque chose de glacé. De glacial. Yue dégage la main inopportune d’un revers de paume. Une gifle. Ce n’est pourtant rien que des doigts qui claquent sur d’autres doigts. Tout au plus un geste d’impatience. Mais Yue n’a jamais eu ce genre de geste, elle qui ne bouge jamais, elle qui ne parle pas. Cette violence dans la communication effraie Temari qui recule d’un pas.
« Yue ! » appelle-t-elle.
Mais la jeune fille n’entend pas. Elle est ailleurs. Une aura liquide et froide émane de tout son être. La pièce s’emplit d’une humidité de mort. Temari s’appuie contre la commode pour ne pas perdre pied.
« YUE ! » hurle-t-elle.
A son cri, Kimiko accourt. La pièce est embrumée. On se croirait dans un marécage en hiver. Glauque, froid, terrifiant. La peau de Yue change aussi de couleur et paraît tel un fantôme aquatique.
Kimiko soutient Temari. Elle sent qu’il faut s’éloigner, mais le froid qui envahit la pièce les tétanise.
« Que se passe-t-il ? » s’écrie Miyako.
Elle prend son courage à deux mains et empoigne la jeune fille pour la forcer à se tourner vers elles toutes.
Ces yeux. Ce ne sont pas ses yeux.
Deux fentes jaunes ont pris la place de ces grandes pupilles bleues. Deux fentes plissées coupent son visage en deux. Ses yeux d’ordinaire si grands ouverts ne sont plus que deux traits fermés. Menaçants. La peau aussi a changé de couleur. De texture. Des écailles éraillent l’épiderme et le coupent d’un millier de stries suintantes.
Miyako retire promptement sa main. Un filet gluant la relie encore à la peau. Temari et Kimiko, en retrait, restent pétrifiées. Miyako, soudain atteinte par la même peur qui les retient déjà, esquisse un pas en arrière. Elle n’ose pas courir pour s’éloigner. Yue sent la peur qui envahit cette intruse. Elle la pousse violemment. Miyako glisse sur le sol et tombe lourdement à travers la table basse du salon. Le plateau de verre ne supporte pas le choc et rompt aussitôt sous son poids, les éclats transparents explosant sous elle et volant un peu partout dans les airs. Les brisures s’échappent, la lumière se reflète sur leurs surfaces tournoyantes, et les éclairs acérés viennent se planter près de Temari et Kimiko. Les deux jeunes femmes n’ont que le temps de tourner leurs visages et de se baisser contre le mur pour ne pas être défigurées.
Yue les toise de haut. Ses yeux les terrifient. Elle se retourne lentement et fond soudain en une myriade de gouttelettes. Elles restent un infime instant en suspension dans l’air et tombent brusquement en cascade, formant une flaque d’eau répandue sur le sol, s’infiltrant entre les joints des carreaux, pour finalement disparaître, emportant avec elle l’atmosphère pesante et humide qu’elle avait fait naître.
« Ah… » gémit Temari, une main sur son gros ventre rond.
« Temari ! Temari ! »
Kimiko la secoue légèrement mais la future maman a perdu connaissance.
De son côté, Miyako ne semble guère en meilleure santé. Elle se tient fermement un genou ensanglanté, le visage grimaçant sous l’effet de la douleur, la peau striée de coupures, assise dans le verre brisé.

Quand Gaara est prévenu, à son bureau de Kazekage, c’est comme si le poids du monde lui tombait sur les épaules. Il lui faut du temps pour réagir. Pour comprendre. Que s’est-il passé ? Mais même une fois chez lui, rien ne témoigne de l’événement. Le salon est tout ce qu’il y a de plus normal. L’air respire le propre, le grand ménage a été fait la veille. Il a peine à croire à ce qu’on lui a décrit. Mais il sent que c’est tout ce qu’il y a de plus vrai. Il le sait. Yue est partie. Elle a blessé Miyako, elle a fait mal à sa sœur. Temari est toujours allongée, un gros plâtre orne désormais la jambe droite de Miyako. Le verre brisé est vite balayé, et en attendant d’acheter une nouvelle table basse, un vide trône désormais au milieu du salon. Mais c’est tout ce qu’il reste de la violence de Yue. C’est tout ce qu’il reste de Yue.

« Gaara ! Où est Temari ? »
Shikamaru est entré en trombe dans le salon. Gaara, levé comme un ressort du fauteuil sur lequel il est resté prostré tout l’après-midi, a à peine la force de lui désigner la chambre d’un geste en direction du couloir. Shikamaru court rejoindre sa femme souffrante. Dès qu’il est rentré de mission, la nouvelle lui a été annoncée. A sa suite, Kankuro entre dans la maison familiale. Il s’approche de son frère et commence à vouloir le prendre dans ses bras, mais retient son geste entre temps.
« Que s’est-il passé ? »
Il voit dans les yeux de Gaara qu’il n’est pas totalement étranger au débordement de Yue.
« Rien… »
Gaara voudrait parler à son frère, mais il ne sait pas comment lui dire. Il détourne la tête et sort dans le jardin.
Le soir, tout le monde est calme et en même temps tendu. Temari proteste, elle va bien, elle a vu le médecin, il n’y a rien, et puis elle n’est pas en sucre, elle peut encore faire la cuisine. Mais Shikamaru insiste pour l’assister à chacun de ses gestes. Miyako est repartie chez elle. Avec un plâtre de la hanche jusqu’au pied, elle ferait une piètre aide-ménagère de toute façon. Kimiko aimerait bien se retrouver un peu seule avec Kankuro. Mais le grand frère reste attentif au seul petit dernier dont il essaye désespérément d’analyser chaque battement de cil, dès fois qu’il trouve une solution. Elle le sent très impliquée, elle ne veut pas le perturber. Tous s’occupent comme ils peuvent, en essayant de sauver les apparences, d’agir comme d’habitude. Mais ils restent tous crispés dans leurs réactions, gravitant tous autour de Gaara. Il semble perdu. Seul. Une coquille vide. Il ne bouge pas, ne mange pas vraiment, ne parle pas et se contente de rester sur son fauteuil, les yeux dans le vague. On dirait l’ancien Gaara. Ils avaient tous oublié cette personne. Ils s’y étaient fait, ils avaient appris à l’aimer, mais depuis qu’il était parti, ils ne regrettaient pas cet ancien Gaara. Ils veulent tous que le nouveau Gaara revienne. Mais personne ne sait comment le faire revenir. Il a disparu en même temps que Yue.

« Du nouveau ? Vous l’avez trouvée ? » demande Gaara, les yeux noircis par le manque de sommeil.
Dans son bureau, un espion vient au rapport. Il en a dépêché toute une batterie à la recherche du moindre indice pouvant conduire à Yue. L’espion hoche la tête négativement.
« Personne ne l’a vue, mais il semble que certains événements curieux qui se déroulent depuis sa disparition ne soit pas sans rapport avec elle. »
Gaara fait signe qu’il est à l’écoute. Apparemment, des quantités d’eau non négligeables ont commencé à disparaître un peu partout dans la ville. La plus notable est tout de même…
« La piscine municipale… » n’en revient pas Gaara.
Il sait qu’elle ne peut pas vivre sans eau. Mais elle a toujours eu horreur des eaux domestiques. Que peut-elle bien vouloir à une eau si peu naturelle que celle d’une piscine municipale ? Que va-t-elle faire de toute cette eau ?
L’espion prend congé et laisse son Kazekage plongé dans une intense réflexion. Cela fait trois jours que Yue est partie, et il ne pense qu’à elle. Les papiers s’entassent, les rapports ne sont pas lus, les lettres même pas ouvertes. Les missions si soigneusement préparées sont distribuées sans aucune considération envers les capacités spécifiques du destinataire… Le Kazekage d’ordinaire si méticuleux dans son travail n’est plus que l’ombre de lui-même.

« Je peux te parler ? »
Kankuro entre sans attendre de réponse. Il arpente le bureau et finit pas poser fermement ses deux mains dessus. Gaara lève les yeux vers son grand frère.
« On va aller faire un tour dans le désert, hein ? C’est bientôt l’heure de la ronde. »
Cette phrase sonne comme une punition. Qu’est-ce qu’il manigance encore ?
Mais c’est vrai, c’est l’heure de la ronde. Gaara quitte son bureau et une fois rejoints les guetteurs, il s’élance à l’assaut des dunes. L’air chaud alourdit son cœur. Le désert a toujours eu les mêmes ressentis que lui. Depuis que Yue est partie, il n’y est pas retourné, il sait pourquoi. Le vent fait pleurer les dunes et son chant d’ordinaire si puissant et énergique semble chuinter, ses lames sont devenues des larmes.
« Pourquoi elle est partie ? Vous vous êtes disputés ? »
Comment serait-il possible de se disputer avec une fille qui ne parle pas ? Non, ils ne s’étaient pas disputés. Au contraire. Une dispute aurait peut-être mieux valu. Au moins la communication n’aurait pas été rompue.
« On ne se parle plus. C’est tout. »
« Parce que vous vous parliez avant ? Il me semble que le seul à parler, c’était toi. Donc c’est seulement toi qui ne lui parle plus. » déduit Kankuro.
Dans un sens il a raison. Il ne l’a peut-être pas fait exprès mais il a pleinement raison. C’est Gaara qui a cessé de parler à Yue.
« Mais pourquoi ? »
Pourquoi ? Parce qu’il ne savait pas quoi dire. Ou plutôt il ne savait pas comment le dire. Il n’est même pas vraiment sûr de savoir ce que c’était.
« C’est une question d’ordre privé. »
« Ce n’est pas en répondant comme ça que tu arriveras à recoller les morceaux. C’est quoi pour toi, les questions d’ordre privé, hein ? »
Kankuro attrape son frère par la main et le force à s’arrêter, à le regarder. Gaara voudrait lui demander des tas de choses, mais ce genre de détails le rend mal à l’aise bien plus qu’ils ne l’aident à comprendre. Il se passe trop de choses dans sa tête, dans son cœur, et dans son corps. Il ne les comprend pas, comment pourrait-il les faire comprendre à quelqu’un d’autre ? Comment quelqu’un d’autre pourrait les comprendre pour lui ?
« Gaara, tu dois le savoir, mais il n’y a rien de pire que d’ignorer les gens. La haine reste un lien que l’on partage avec les autres. Mais l’indifférence, c’est vraiment être enfermé. »
La haine, Gaara l’a connue. Il a aussi connu l’indifférence. Si la deuxième lui était plus sereine, au moins se sentait-il exister dans la première. Il n’y a rien de pire que l’indifférence des autres. Mais il n’est pas du tout indifférent à Yue. Il ne l’a jamais été. Il ne l’est pas plus maintenant. Il ne pense qu’à elle. Mais il ne sait pas comment lui dire. Il n’a jamais été doué avec ce genre de mots.
« Gaara… »
Le jeune homme aux cheveux rouges, égaré dans les méandres de ses sentiments, se sent perdu. Son cœur lui fait mal. Trop de questions sans réponses, et un grand vide qui lui fait perdre la tête. Ses yeux s’emplissent de quelque chose d’humide. Quelque chose qui sonne comme Yue.
« Viens là… »
Kankuro attrape son frère par les épaules et le serre fort contre lui. Gaara ne sait pas quoi faire, mais il sent son cœur se serrer terriblement. Des larmes coulent malgré lui sur ses joues.
« C’est entièrement ma faute… » avoue-t-il, la voix coupée. « J’ai arrêté de la regarder, je lui ai enlevé la seule chose qui lui permettait de se faire comprendre et d’exister… C’est comme si je l’avais rendu muette moi-même… »
Kankuro serre Gaara encore plus fort et lui frotte la tête.
« Ça va aller, je t’assure. Maintenant que tu sais d’où vient le problème, tu vas pouvoir le régler. » affirme Kankuro.
« Mais comment ? » interroge Gaara en redressant la tête.
Kankuro l’éloigne un peu de lui en le tenant par les épaules.
« Comment tu faisais, avant ? »
Avant ? Avant quoi ?
« Quand tu essayer de l’apprivoiser et que tu ne comprenais pas encore le langage de ses yeux et de son cœur ? » reprend Kankuro devant l’air pensif de son frère.
Le langage des yeux et le langage du cœur. Cette dernière expression rappelle quelque chose à Gaara. Avant qu’il ne parle avec Yue, il lui faisait comprendre ce qu’il n’arrivait pas à dire avec d’autres choses que les mots.
« Avec des fleurs… » chuchote Gaara, comme s’il venait de percer un secret de l’univers.
Un large sourire fend le visage de Kankuro. Gaara sent également ses joues se tendre sous l’effet de la joie.
« Des fleurs ! Je vais aller chercher des fleurs et je trouverais Yue ! »
Gaara éclate de rire. Une franche bourrasque de vent l’accompagne. Le soleil lui-même semble avoir retrouvé ses couleurs. Le désert chante à nouveau.

« Tiens, cela fait un moment qu’on ne vous avait pas vu. Un problème ? »
« Rien que vous n’ayez su résoudre. » répond Gaara à la fleuriste.
« Résoudre ? Moi ? Je n’ai jamais rien résolu du tout ! » rit-elle, la main devant la bouche.
« Bien sûr que si. » insiste Gaara en cherchant des lotus parmi les imposants bouquets qui emplissent les vases.
« Le seul à avoir jamais résolu de problèmes ici est votre cœur. Ces derniers temps il n’a pas vraiment pu s’exprimer, mais on sent que maintenant il sait quoi dire. »
Gaara dévisage la fleuriste aveugle. Une communication au-delà de la communication. Il se souvient de Yue. C’est ce qu’elle emploie elle aussi. Il trouve ça magnifique, et en même temps très impressionnant. Mais il commence à comprendre.
« Vous avez raison. Je sais très bien ce que je vais dire. Et pour cela je n’ai pas besoin de mots mais de ceci. »
Gaara attrape enfin une tige. Grande, ferme, souple, au bout de laquelle se dresse la fleur de lotus la plus grosse qu’il n’ait jamais vue. Les pétales forment une véritable boule tant ils sont nombreux, à la fois denses et étalés. Le ventre est légèrement rosé, mais la blancheur de l’ensemble ferait plisser les yeux si les pétales devaient refléter les rayons du soleil. C’est un lotus éclatant. Le lotus qu’il lui faut.
« Vous ne connaissez pas son prix. »
Gaara se lève, la tige à la main, un peu hébété. Il n’a pas prix l’habitude de payer, mais après tout, il est vrai qu’il est dans une boutique de fleurs et qu’il n’a que trop abusé de la bonté de la propriétaire.
« Je paierais le prix qu’il faut, cela va sans dire. »
« Je ne parle pas d’argent. Avec ce lotus vous allez donner autre chose qu’une simple fleur. C’est votre cœur tout entier qui s’engage, et c’est le cœur de l’autre que vous réclamez en retour. Etes-vous prêt à un échange si total ? »
Gaara n’a pas besoin d’y réfléchir. Il est fermement décidé à retrouver Yue.
« Vous ne pourrez jamais récupérer votre cœur, et vous aurez toujours la garde de celui de l’autre. Et un cœur est une chose fragile. Il faudra prendre grand soin de celui que vous récolterez avec ce lotus. »
C’est l’évidence même. Mais un cœur est une chose lourde à porter. Gaara sent le sien se serrer, et reprendre sa place dans sa poitrine. Il comprend ce que tente de lui expliquer la fleuriste. Il serait incapable de supporter que ce cœur qu’il s’apprête à offrir soit rejeté. Il pense à Yue. A son cœur. Le cœur de Yue supporterait encore moins d’être rejeté. Il ne l’a pas supporté. Dire que ce cœur était déjà à lui sans qu’il ne s’en soit rendu compte avant de le perdre…
« Je comprends. » répond Gaara, en un murmure quasi religieux. « Mais je ne peux plus vivre sans cœur. »
La fleuriste tend la main vers sa joue, la caresse du creux de la paume. Une caresse de mère que Gaara ressent au plus profond de son cœur. Elle lui sourit et le pousse vers la sortie.
« Je vous souhaite bonne chance. »
Gaara sourit. Il sait bien que les sourires ne se voient pas, mais il a l’intime conviction que la fleuriste aveugle en aura ressenti la chaleur dans son cœur.

Maintenant, il ne lui reste plus qu’à trouver…
« Yue ! C’est Yue ! Dépêche-toi !!! »
Kankuro attrape son frère par la main et le tire derrière lui vers le centre ville.
« Que se passe-t-il ? »
« On sait où est passé toute l’eau… »
Arrivé sur la place principale de Suna, Gaara se retrouve face à face à un véritable raz-de-marée. La vague semble suspendue dans les airs mais sa base avance inéluctablement, elle engloutit les maisons alentours, elle emporte tout sur son passage.
« Elle semble se diriger vers les remparts. » observe Shikamaru. « Je crois que si elle a pris autant d’eau, c’est qu’elle espère traverser le désert. »
« Traverser le désert… » répète Gaara. « Elle veut partir… »
Son cœur se serre à l’étouffer. Yue veut partir…
« Non… »
Un grondement retentit dans le cœur de Gaara.
Yue va partir…
« Non… »
Il s’élève et résonne dans tout son être.
Elle va l’abandonner…
« Non… »
Il va se retrouver seul… Une nouvelle fois…
« NON !!! »
Le cri sort, de toute la puissance, de toute la force qu’il possède pour la retenir.
« Gaara ! Ne fais pas ça !!! »
Kankuro a beau crier lui aussi, son cri est bien faible par rapport à celui qui anime son frère. Gaara s’élance à toute allure vers la vague. Quelque chose le porte vers un point précis. Une ombre à l’intérieur de la masse d’eau. L’ombre de Yue qui dirige son cortège aqueux. Qui veut fuir une ville où elle n’est pas la bienvenue.
« YUE !!! » appelle Gaara en direction de la vague.
Au milieu des cris des villageois qui tentent d’échapper à l’eau, Gaara a du mal à remonter la marée humaine. Il pousse, il tire, il se fraie un chemin tant bien que mal, à contre courant.
« YUE !!! »
La vague gagne du terrain. Mais Gaara se fiche bien de ce que ces gens pensent, de ce que ces inconnus fuient avec tant d’énergie. Lui, la seule chose qu’il espère, la seule chose qu’il désire, c’est atteindre cette vague. Le cœur de cette vague.
« YUE !!! »
« GAARA !!! Calme-toi ! Elle ne t’entend pas ! Arrête ! »
Kankuro a rattrapé son frère et le retient par la taille de toutes ses forces. Shikamaru n’est pas de trop pour lui tenir les bras, mais Gaara ne l’entend pas de cette oreille. Il n’a qu’une seule visée, Yue. Tout ce qui peut barrer son chemin ne fait que le gêner.
« Lâchez-moi !!! »
Gaara frappe à l’aveugle. Il sent l’étreinte se desserrer, mais on le retient toujours. Un nuage de sable se forme autour de la bagarre qui mêle les deux frères et Shikamaru. Les grains s’immiscent entre les tissus, s’enroulent autour des membres, serrent les gorges.
« Ga… Gaara… »
Le jeune homme aux cheveux rouges s’échappe enfin. Il sprinte vers la vague qui a déjà atteint les remparts de la ville. Il saute au dessus des barrières et plonge dans le vide. Dans la vague.

Il a toujours eu horreur de l’eau. De son contact froid. Cette vague-là l’enveloppe entièrement et si le froid le glace, son contact n’est pas désagréable. Le froid le saisit et lui fait cracher sa dernière inspiration. Les bulles s’échappent de sa bouche. Son appel résonne dans ses bulles. Yue. Il voit son ombre au cœur de la vague. Il tend la main vers elle. De son autre main, il serre le lotus qu’il avait rangé dans sa chemise, contre sa poitrine.
Quelque chose trouble la vague.
« Sors. »
Elle se décide à parler. Gaara sourit, mais son visage se crispe. Un sursaut de respiration, les poumons de Gaara s’emplissent, mais il nage toujours vers le centre de la vague.
« Sors. »
La voix froide et sévère glapit son ordre sans état d’âme.
Gaara s’obstine. Il pourrait très bien, en quelques brasses, retrouver l’air libre, sauver sa vie. Mais sa vie n’est rien s’il ne récupère pas son cœur.
« Sors. »
La voix se fait pressante.
Une nouvelle brasse. Un peu plus d’eau dans son organisme. Sa vue commence à se troubler.
« Sors… »
Quelque chose de suppliant se fait entendre dans la voix.
Gaara nage encore un peu. Il est tout près. Il va bientôt la toucher. Il s’accroche d’une main à ce qu’il a enfin réussi à atteindre. De l’autre, il sort la fleur de son vêtement. Il prend Yue dans ses bras. Son dernier souffle lâche quelques bulles infimes, perdues dans la vague. Il voudrait la serrer, mais il n’en a plus la force. Une larme apparaît au coin de ses yeux. Il pose sa tête sur l’épaule de Yue. Les pétales de lotus effleurent la peau écailleuse. Les yeux de Gaara se ferment sur deux larmes qui se mêlent à la vague.
L’eau se réchauffe brusquement. Quelque chose a changé, un battement de cœur anime la vague, la fait bouillir de l’intérieur. Les gouttes s’évaporent en un nuage humide qui s’élève et court dans les rues de la ville. Gaara reste dans les bras de Yue. Ils sont à genoux au milieu du sable et de l’eau entrelacés.
« Reste ici… »
Gaara a encore du mal à respirer. Il ne tient droit que parce que Yue le serre fort contre lui. Elle pleure à chaudes larmes. Des larmes si chaudes qu’elles pénètrent le cœur de Gaara.
« Reste ici… » supplie-t-il encore malgré la faiblesse de sa voix.
Yue sent le lotus contre leurs deux cœurs. Ses pétales doux apaisent les doutes de Yue. Elle sent toute sa chaleur, tout l’amour de cette fleur offerte. De ces respirations étouffées. De cette lutte contre la peur ancestrale de l’eau. De cette main tendue vers elle avec toute la force de la vie.
Oui, elle va rester ici.




Et un petit dessin bonus : la première rencontre de Gaara et Yue (pour ceux qui ont lu et qui s'en souviennent)^^
Image


J'espère que ça vous a plu!
N'hésitez pas à laisser un com, aussi petit soit-il, et critiquez tant que vous le voulez, ça peut servir à améliorer la suite de l'histoire^^
Merci!
Image
The FFNPA's Raaly fan!
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

Je vois que le compteur de visites continue de grimper, même si personne ne poste. Je vous mets donc la suite directe du chapitre précédent, suivi d'un petit retour à la vie quotidienne. N'en déplaise aux adeptes de scènes d'action, je vous en réserve une floppée pour les prochains chapitres!!!




Chapitre IX : Liens

« Gaara ! »
Kankuro, la joue bleuie par un gros hématome, arrive enfin sur les lieux. Il se précipite vers son frère, toujours à genoux dans les bras de Yue.
« Viens, marche un peu, il faut t’aérer… »
Kankuro, les sourcils froncés, visiblement très inquiet, soutient son frère pour le lever. Une fois debout, Gaara tousse et se plie en deux. Il crache toute l’eau retenue par ses poumons. Kankuro lui tient le front et lui tape le dos. Yue les observe, toujours assise par terre.
« Et toi, tu vas bien ? »
Sans lui accorder un regard, Shikamaru s’est planté à côté d’elle. Elle lève ses grands yeux jaunes vers lui.
« Tu vas bien ? » réitère-t-il en lui tendant la main.
Ses yeux reprennent peu à peu une couleur normale, les écailles rentrent dans la peau et les dernières volutes de vapeurs finissent d’être dispersées par la légère brise qui balaie les dunes.
Elle prend la main tendue et se redresse à son tour. Les yeux à nouveau sec. Après s’être séparée de toute cette eau, la tête lui tourne. Elle perd conscience. Shikamaru la prend dans ses bras pendant que Kankuro se charge de son frère.
« Il vaudrait mieux déguerpir avant que quelqu’un ne vienne ici et ne s’en prenne à elle. » décide Shikamaru, Yue dans les bras.
Gaara, sur le dos de son frère, ne quitte pas la jeune fille des yeux. Il lui sourit une dernière fois avant de perdre conscience à son tour.

« Ça va mieux ? » s’inquiète Temari, au chevet de son frère.
Il ouvre un regard brouillé sur l’image floue de sa sœur. Temari lui sourit, mais son front reste plissé par l’inquiétude.
« Yue… » réclame-t-il, la voix éraillée.
« Nous lui avons aménagé un lit dans la baignoire. Elle perdait beaucoup d’eau, alors on l’a mise dans un bain et depuis elle semble aller mieux. » explique, en retrait dans la pièce, la voix de Kaora-sama, accourue aux soins de son Kazekage.
Gaara sourit. Il tousse un peu, son nez siffle, il doit rester un peu d’eau en lui, mais il est heureux.
« Reste au lit, tu es encore faible ! » ordonne la vieille femme médecin.
Gaara se redresse malgré tout et s’assoit sur le bord du matelas.
« Je peux aller la voir ? »
«Heu… Elle est dans le bain… » prévient Temari, gênée pour son frère.
Mais Gaara n’en est plus là. Tout ce qu’il veut, c’est la voir.
« J’y vais. »
Gaara fait un pas vasouillard en direction de la salle de bain. Dans la baignoire, allongée, Yue. Yue et son lotus serré entre ses deux mains jointes, contre sa poitrine, les pétales caressant son visage. A l’arrivée du jeune homme aux cheveux rouges dans une chambre si originale, Yue sourit. Un sourire de la bouche et des yeux. Son deuxième vrai sourire.
Gaara s’accroupit près de la baignoire et lui prend la main.
« Merci d’être restée. »
Yue sort de l’eau et serre fort Gaara dans ses bras. Elle s’accroche à lui comme à ses premiers jours passés chez eux. Gaara respire ses cheveux, il la tient dans ses bras.
« Yue… »
« Je vois que ces deux-là vont bien. » remarque Kaora-sama.
Temari n’est pas de cet avis.
« Mais… Yue a l’air d’être gelée ! » s’effraie-t-elle en poussant son frère du bord de la baignoire. « Regarde comme elle tremble, laisse-la dans l’eau ! »
Yue commence effectivement à devenir bleu. Toute sa peau prend une couleur grisée.
« Remets-toi dans l’eau Yue, je vais te frictionner. »
Gaara n’a d’autre choix que sortir de la salle de bain. S’il lui reste une légère toux de l’incident de la veille, Yue, elle, n’est pas entière. Pour reprendre l’expression de Kaora-sama, Yue a perdu beaucoup d’eau. Se délester de toute cette vague l’a sans doute épuisée. Gaara est inquiet, mais il a aussi pleine conscience que le sacrifice qu’elle a fait, elle l’a fait pour lui. Il est heureux.
« Il faut vous ménager, mais vous n’êtes en danger ni l’un ni l’autre ! » conclut Kaora-sama en rassemblant ses ustensiles médicaux dans sa trousse de secours.
Elle se tourne vers Gaara et prend soudain un air sérieux.
« C’était la nouvelle lune. » révèle-t-elle. « Ce n’est pourtant pas la première depuis qu’elle est ici, mais mieux vaut éviter de la contrarier pendant ces périodes-là. Après tout, c’est une femme comme les autres ! »
Kaora-sama hausse les épaules d’un air entendu. Gaara se sent un peu gêné d’envisager la situation du côté des événements typiquement féminins.
« Tu t’en remettras ! » ricane la vieille infirmière en gratifiant Gaara d’une tape sur l’épaule.
Elle charge son lourd sac sur son dos.
« Je vais retourner en ville. J’ai laissé l’hôpital aux soins d'Akiko. Il doit y avoir beaucoup de villageois à prendre en charge après ce raz-de-marée vivant, Beaucoup de gens à rassurer surtout, et ma présence ici n’est pas nécessaire. Portez-vous bien. »
« Merci pour tout. » chuchote Gaara tandis que la vieille femme s’éloigne.
Tout le monde semble aller mieux qu’il ne craignait. Si Kaora-sama parle de gens à rassurer, c’est qu’il n’a pas dû y avoir beaucoup de blessés. Gaara se sent soulagé. Le village, lui… Yue… Tout va bien. Il est heureux.
Heureux mais fatigué !

« Tu ferais mieux de retourner te coucher. » se moque son frère quand il le voit arriver en baillant dans le salon.
« J’arriverai pas à dormir, ça sert à rien que je reste au lit… » continue-t-il à bailler.
Il s’arrête au milieu du salon, s’étire, et reste un instant à contempler la pièce, les yeux dans le vague.
« Kankuro… »
« Quoi ? »
« Je… non, rien. »
Gaara baisse la tête tandis que ses yeux perdent de leur éclat d’à peine.
Kankuro s’approche et… envoie une tape derrière la tête de son petit frère.
« Hé ! » se plaint Gaara.
Son ainé l’attrape soudain et le serre dans ses bras.
« Quand tu as quelque chose à dire, dis-le, ça ne sert à rien de te miner. »
Gaara soupire. Il serre lui aussi son frère dans les bras.
« Ça va bien se passer, dans quelques jours, tout sera comme avant. » le rassure Kankuro.

Kimiko entre dans le salon, mais en voyant les deux frères enlacés, elle s’arrête à la porte et ne fait plus un bruit. Gaara a dû être secoué par la disparition de Yue, et même encore maintenant qu’elle est revenue, personne ne sait trop comment réagir. Ces derniers temps, il faisait peine à voir, mais depuis que Kankuro est rentré de mission, il semble reprendre du poil de la bête. Ça fait plaisir à voir. Ça fait plaisir à Kimiko de voir que Kankuro est capable de consoler son petit frère, de trouver les bons mots et de le comprendre, quand cela semble si difficile. Elle sort du salon en prenant bien garde que la porte ne grince pas. Elle parlera plus tard à Kankuro. Depuis qu’il est à nouveau à la maison, elle ne l’a pas trop vu, mais pour l’instant, elle est fière de savoir qu’il peut agir comme ça aussi, comme un chef de famille.
Elle sourit.
« Et bien alors ? Que t’arrive-t-il à sourire béatement toute seule ? »
« Shhh… »
Kimiko fait signe à Temari de la suivre dans la cuisine. Il faut préparer le dîner après tout.
« Tes frères sont mignons tous les deux. » avoue Kimiko.
Temari ouvre de grands yeux.
« Hein ??? »
Kimiko rougit.
« Non, attends, tu n’as pas compris ! Je trouve que c’est mignon qu’ils soient si unis. Tout à l’heure, Kankuro consolait Gaara, et je lui ai trouvé un air d’adulte tout à coup. Un air d’homme. »
Temari esquisse un sourire qui en dit long.
« Toi, tu es amoureuse de Kankuro ! »
« Ce n’est pas un secret. » réplique Kimiko en rougissant de plus belle.
« Non, pas amoureuse comme ça. Kankuro est séduisant et beau parleur, c’est un fait, mais là, c’est plus qu’une simple histoire d’hormones… »
« Oh ! Mais qu’est-ce que tu racontes ?!? » se vexe Kimiko.
Elle envoie le chiffon de table en plein dans le visage de Temari qui jette en retour l’éponge dans la direction de son amie.
« Shplafff… »
Shikamaru, le visage dégoulinant, est entré au mauvais moment dans la cuisine et sa tête a intercepté bien malgré elle l’éponge mousseuse qui ne lui était pas destinée.
« Et moi qui pensais que vous auriez besoin d’un coup de main pour le repas… » se plaint-il en tâtonnant les poches de sa veste.
« Je l’ai pris. » coupe Temari.
Shikamaru semble se décomposer sur place.
« Non, rends-les moi, allez ! » chougne Shikamaru en tapant du pied.
« C’est mauvais pour le bébé. » réplique Kimiko. « Temari a raison. »
« Et puis c’est quoi cette idée ? Tu pars trois jours en mission avec Kankuro et tu te remets à fumer ? » gronde Temari.
« C’est dur de résister à côté d’un autre fumeur, allez, rends-les moi, c’est juste pour quelques jours et après j’arrête, c’est promis. »
« Tu arrêtes, bien sûr, tu es déjà supposé avoir arrêté au moins huit fois depuis que je suis enceinte… » soupire Temari.
« Mais je fume toujours dehors ! » répond celui-ci pour sa défense.
« Peut-être, mais tu es imprégné de l’odeur de ces saletés, et ça ne me plait pas du tout ! »
« Ton frère fume bien quand il veut, lui. » boude Shikamaru, les mains enfoncées dans les poches.
« Oh, la petite mesquinerie que voilà ! Je ne dors pas avec mon frère. » termine Temari en poussant Shikamaru hors de la cuisine. « Laisse-nous un peu et va remuer les deux autres pour mettre la table. »
Shikamaru rejoint les garçons dans le salon.
« Heu, faut mettre la table. »
« Tu veux dire… ‘heu, on doit mettre la table’. » le reprend Kankuro.
« C’est ce que j’ai dit. Vous devez mettre la table. »
« Non non non non non. » le coupe Kankuro. « ON doit mettre la table, ON, tous les trois ! »
« Je la débarrasserai. »
« Ah ah ! Et qu’est-ce qui nous vaut cet honneur ? » inquisitionne Kankuro.
« Elle m’a piqué mes clopes. »
Kankuro hoche la tête en signe de compassion.
« Gaara, mets la table ! Shika et moi, on part en mission !!! »
Kankuro attrape Shikamaru par l’épaule et sort avec lui de la maison, chercher les fameuses cigarettes au bureau de tabac le plus proche.
« Ouais… » soupire Gaara, un sourire en coin.

Il se retourne pour prendre la vaisselle dans le buffet quand soudain…
« Yue ! Je ne t’avais pas vue ! »
La jeune fille était juste derrière lui. Elle lui sourit. Toujours ce vrai sourire.
« Tu devrais retourner te reposer encore un peu. »
Elle fait non de la tête. Gaara paraît étonné. C’est la première fois qu’elle s’exprime par ce geste.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Yue, accroupie devant le vaisselier, en sort quantité d’assiettes et de plats. Gaara la rejoint et l’aide à tout porter, mais elle tient absolument à mettre en place les couverts elle-même. La table une fois dressée a quelque chose de bancal, rien n’est vraiment à sa place, mais rien ne manque vraiment. Gaara lève un sourcil, amusé.
« Mais… Qu’est-ce qui est arrivé à cette table ? » s’étonne Kimiko en portant un premier plat.
« C’est Yue qui a mis la table. » explique fièrement Gaara.
Un large sourire fend le visage de Temari. Elle prend les deux mains de la jeune fille et lui fait une bise sur chaque joue.
« Je savais bien qu’à force de regarder, tu finirais pas comprendre comment marchent les choses. Miyako a totalement tort. Yue, tu es formidable ! »
Yue lui sourit. Un sourire de la bouche.
« Ah… Ah… Mais… Elle m’a fait un sourire ! » s’exclame Temari.
« Oui, ça fait quelques jours qu’elle a trouvé comment faire. »
Temari est aux anges. Pour le peu, elle en pleurerait s’il n’y avait personne autour d’elle pour se moquer gentiment de sa sensibilité exacerbée.
« A table ! » crie plus fort Kimiko.
La porte d’entrée s’ouvre sur un nuage de fumée grisâtre mal dissipée par de grands battements de mains.
Yue renifle en leur direction. Elle plisse les yeux.
« Bon, asseyez-vous, on va manger. » annonce Temari.
Chacun s’installe à sa place, mais Yue semble perturbée par l’odeur de cigarette.
« Qu’est-ce qu’elle a ? » remarque Temari, inquiète.
« Vous sentez quelque chose ? » demande Kimiko. « Je vais vérifier si j’ai bien fermé le gaz. »
Kankuro et Shikamaru se regardent du coin de l’œil. Le repas se déroule dans la joie, la bonne humeur, et les reniflements intempestifs de Yue.
« Elle est peut-être enrhumée. » finit par conclure Temari en débarrassant la table.
Shikamaru et Kankuro se lèvent et se dirigent vers la véranda. En passant près de Yue, une effluve de tabac se dégage malgré eux de leurs vêtements.
Elle éternue.
« Mais voilà ! »
Temari retient, triomphale, les deux hommes qui pensaient partir s’en griller une, ni vus ni connus.
« C’est ça que Yue sent ! »
Elle arrache un paquet de cigarettes neuf mais déjà à moitié terminé de la poche de son frère.
« Vous n’avez pas honte… » remarque-t-elle en voyant l’état d’avancement du paquet. « Et toi Kankuro, tu te demandes pourquoi Yue ne t’aime pas, et bien c’est parce que tu pues !!! » conclut-elle en allant jeter les cigarettes dans les cabinets.
Kankuro se vexe.
« Non, c’est pas vrai, je sens bon, je me lave, et la cigarette, ça pue pas d’abord ! »
Tout le monde se met à rire. La vie reprend là où elle s’était arrêtée.

« Wouaaaaaaaaaaaaaahhh… Je suis vanné. Je vais me coucher. » annonce Shikamaru en baillant.
« Nous allons tous en faire autant ! Demain, nous aurons tous beaucoup de travail. » acquiesce Temari.
Il est vrai que depuis la disparition de Yue, aucun d’eux ne s’est occupé de son travail personnel, et c’est dans le bureau de Gaara que doit régner le plus grand désordre.
« Pour ma part, je vais aller respirer un peu dans le jardin. » décide Kankuro. « Bonne nuit tout le monde ! »
Il sort de la salle à manger par la grande baie vitrée qui mène au jardin.
« Il va fumer… » bougonne Shikamaru.
« Tu veux peut-être aller faire comme lui ? » propose Temari d’un ton pas tout à fait anodin.
Shikamaru n’a pas besoin de faire appel à ses dons d’analyste pour sentir le piège. Il sourit d’un air entendu, attendri, prend sa femme dans ses bras et la pousse gentiment vers leur chambre à coucher.
« Non, j’ai tout ce dont j’ai besoin ici. »
Restent Yue, Gaara et Kimiko qui termine de ranger la table.
« Vous n’allez pas vous coucher ? » interroge-t-elle en pliant la nappe.
Gaara sourit à Yue qui s’est déjà levée pour aller vers le couloir.
« Apparemment si ! » rit-il. « Bonne nuit Kimiko, et merci pour ton aide. »
« Mais de rien ! »
Gaara rejoint Yue, déjà devant la porte de leur chambre. Il tourne la poignée pour elle, mais tandis qu’il se penche pour pousser la porte et l’ouvrir plus grand, la jeune fille se pend à son cou et s’accroche à lui. C’est la deuxième fois aujourd’hui qu’elle reprend son ancienne habitude. Il sourit, ému, nostalgique, et la porte jusque dans le lit. D’une main, il soutient le petit corps à la peau froide et humide, de l’autre, il écarte les draps et glisse Yue à l’intérieur du lit frais. Elle le lâche des jambes mais garde ses bras autour de son cou. Gaara lui prend la main et embrasse ses doigts. Il se défait de ses vêtements superflus et prend place à son tour dans le lit. Une fois installé, il écarte un bras en direction de Yue qui s’approche aussitôt et colle sa tête contre sa poitrine. Son oreiller préféré. Gaara enroule son bras autour d’elle. Il sourit tandis que les paupières aux longs cils se ferment sur de grands yeux mordorés enfin apaisés. Il est heureux.

Gaara a vraiment changé, Kimiko s’en est rendu compte elle aussi. La remercier de débarrasser la table, de faire son travail, lui a fait profondément plaisir, et l’a rassurée aussi. Elle craignait que la nouvelle facette de Gaara ne soit qu’une façade, mais maintenant, elle comprend la profondeur des sentiments qui l’unissent à Yue et remercie la jeune fille d’avoir apporté tant de changements positifs dans cette maison. Elle n’a plus d’appréhension face à cette étrange famille qu’elle veut intégrer.
« Je ne te dérange pas ? »
Kimiko est sortie rejoindre Kankuro sur la terrasse. Accoudé à la rambarde, il garde les yeux perdus dans le ciel. Un mince filet de fumée s’échappe de ses lèvres. La cigarette à la main, il admire les étoiles.
« Pas du tout. » répond-t-il d’une voix étrangement douce.
Kimiko pose les mains sur la barrière tout à côté de lui.
« Il y a eu pas mal d’agitation ces derniers temps. »
Kankuro acquiesce.
« Et depuis que tu es parti en mission, et que tu en es revenu, je n’ai toujours pas eu l’occasion de te remercier de m’avoir emmenée au concert avec toi, la dernière fois. »
Kankuro laisse filer la fumée de cigarette de sa bouche entrouverte.
« Tu n’as pas besoin de me remercier. Ça m’a fait plaisir d’y aller avec toi. »
Quelque chose dans sa voix fait craquer Kimiko. Décidément, elle ne l’a encore jamais vu sous ce jour, et l’air adulte qu’elle a remarqué à Kankuro ces derniers-temps n’est pas pour la laisser indifférente.
« Mais si j’ai envie de te remercier, moi ? »
Kankuro baisse les yeux vers le petit visage de la jeune fille. Elle tend sa main vers la cigarette. Il la laisse la lui prendre.
« Toi aussi tu veux m’empêcher de fumer ? » sourit-il.
« Non… »
Elle s’approche de lui et dépose un baiser sur ses lèvres rugueuses.
Kankuro lui attrape les poignets, doucement, et l’embrasse à son tour. Kimiko, complètement sous le charme, se laisse aller pour la première fois à la tendresse de celui qu’elle s’emploie d’habitude à repousser avec tant de véhémence.
« Kimiko, tu as un goût de litchi. » remarque Kankuro.
La jeune fille sourit. C’est le parfum qu’elle préfère. Son gel douche, son eau de toilette, son rouge à lèvres et ses chewing-gums sont au litchi.
« Et ça te plait ? »
« C’est ce que je sens tous les jours depuis ton arrivée. Je n’avais pas remarqué que c’était toi, mais ce parfum me rend fou. »
Les yeux flous, Kankuro prend Kimiko par la taille et l’embrasse à nouveau. La balancelle les accueille pour la nuit, et le dôme étoilé les entoure telle une couverture scintillante.

« Petit-déjeuner ! » appelle Temari.
La porte de la véranda s’ouvre sur Kankuro et Kimiko, échevelés.
« Vous êtes déjà debout ? » questionne Temari.
« A vrai dire on a dormi sur la balancelle… » baille Kankuro avec le sourire.
« Je me suis endormie sur son épaule et il ne m’a pas réveillée. » avoue Kimiko, ses yeux brillants d’admiration tournés vers Kankuro.
Temari lance un regard interrogateur à son amie. Kimiko lui sourit, plus heureuse que jamais. Temari lève haut les sourcils. Se pourrait-il que… Elle attrape Kimiko par le bras et la tire dans la cuisine.
« Viens m’aider à porter les tasses ! »
Une fois la porte de la cuisine refermée, Temari se tourne vers Kimiko, l’attrape par les épaules et, ses yeux plantés dans ses pupilles, l’observe intensément.
« Heu… Temari… »
« C’est bien ce que je pensais ! Tu as dormi avec mon frère cette nuit ! »
« Heu… Oui… Sur la balancelle, on n’en a pas fait un secret, hein… »
Temari se reprend.
« Dormi, dormi, tu vois ce que je veux dire. »
« Et alors ? Je te rappelle que ça fait un bail que de ce côté-là, c’est déjà fait. » rétorque Kimiko.
Il est vrai que la jeune fille a toujours été « l’officielle » de Kankuro pour ses missions aux environs de Konoha.
« Oui mais je vois que ce n’était pas qu’une histoire d’une nuit. Allez Kimiko, on est amies, dis-le moi si tu es amoureuse de mon frère. »
Devant l’air terriblement sérieux de Temari, Kimiko ne sait trop quoi répondre. Temari croise les bras en signe d’impatience et fronce les sourcils. Elle serait du genre à n’aimer aucune réponse qu’on pourrait lui donner. Surtout quand ça concerne sa famille.
« Et bien… » commence timidement Kimiko.
« Ouuuiii ??? » précipite Temari.
Kimiko tortille ses doigts, fait des ronds de jambes, tripote ses cheveux. Et elle craque.
« Et bien alors, qu’est ce que ça peut te faire si je suis amoureuse de ton frère ? » s’écrie-t-elle soudain.
« …ah… »
La porte s’est ouverte sur un Gaara, un plateau dans les mains, qui se demande encore ce qui vient de lui tomber dessus. Il reste pétrifié par les révélations de Kimiko.
« Ah, Gaara… Non, ce n’est pas toi, c’est Kankuro que j’aime ! » rectifie Kimiko à toute vitesse.
Derrière Gaara, Kankuro, en renfort pour chercher les bouteilles de jus de fruits, n’en croit pas ses oreilles.
« Kimiko… »
« Kankuro… Tu… Je… Temari, je te déteste !!! »
Kimiko pousse les garçons pour partir en courant se réfugier dans sa chambre.
« Ah bravo ! Vous n’aidez jamais, et pile aujourd’hui vous vous souvenez de l’endroit où se situe la cuisine ! Vraiment, bravo !! » gronde Temari en partant à la poursuite de son amie.
« Bon… Je… Je vais au bureau ! » décide Gaara en s’éclipsant à son tour de la cuisine.
Kankuro reste seul dans cette pièce où il ne va jamais.
« Et ben, le jus d’orange, il arrivera pas tout seul sur la table. »
Shikamaru entre à son tour dans la cuisine, nonchalant, passe devant Kankuro, ouvre le frigo, prend le jus d’orange et balaie la pièce du regard.
« Ya personne. » remarque-t-il.
Il ouvre la bouteille et boit directement au goulot avant de la ranger au frigo.
« Bon, j’y vais, aujourd’hui, je visite deux-trois maisons pour Temari et moi. »
Shikamaru part comme il est venu, laissant Kankuro planté comme un piqué au milieu de la cuisine, encore sous le coup des aveux de Kimiko.
« Kimiko… » soupire-t-il à nouveau.
« Au passage, ton téléphone sonne. Il est sur la table. » signale Shikamaru, revenu quelques instants dans la cuisine pour emporter un encas.

Chacun vaque à ses occupations. Mais le plus occupé de tous reste tout de même Gaara. Quand il entre dans son bureau, il croit crouler sous une montagne de paperasse. A peine quelques jours d’absence, et c’est la bérézina dans son bureau. Les dossiers s’empilent jusque dans le couloir. Il ne peut même pas faire le trajet jusqu’à son fauteuil, les papiers lui en coupent l’accès. Résigné, il s’assoit en tailleur à l’entrée du bureau et commence à trier rapports de missions, doléances, officialités et autres en différentes catégories.
« Pffff… » soupire Gaara, enfin capable d’entrer dans son bureau.
Il a réussi à venir à bout du désordre du couloir, il a même fait de la place sur le sol de son bureau, mais il n’est pas encore question de prendre place dans son fauteuil. Il se rassoit par terre et s’attaque aux centaines de papiers qui lui interdisent son assise habituelle.
« Qu’est-ce que tu fais par terre ? »
Kankuro entre dans le bureau.
« Par terre ? Tu serais venu ce matin, tu m’aurais vu par terre dans le couloir. » explique Gaara en se levant, une pile de papiers triés dans les bras.
Il les range à la place qui est la leur et se réinstalle, en tailleur, devant une autre pile.
« Bon… » soupire Kankuro.
Il imite son cadet et s’assoit devant la pile de papiers qui juxte celle de Gaara.
« Qu’est-ce tu fais ? » interroge Gaara, les yeux toujours rivés sur ses papier.
« Je t’aide. »
Gaara pose la feuille qu’il tenait dans les mains, lève la tête de son travail et fixe son frère.
« Tu es malade ? »
« Depuis quand tu verse dans l’humour, toi… ? »
Gaara sourit.
« Alors ? »
Kankuro semble hésiter.
« Si tu me dis ce qui te tracasse, je te dirai ce qui me tracasse aussi. » promet Gaara à son grand frère.
Kankuro le regarde. Gaara n’a jamais été comme ça. Il semble avoir grandi, tout à coup.
« Tu es vraiment incroyable… »
« Hein ? » ne comprend pas Gaara. « Si tu ne veux rien dire, tu n’as qu’à travailler, on verra après. »
Gaara se remet au tri de ses papiers. Au bout de quelques minutes d’un silence studieux, Kankuro n’a d’autre choix que de s’y mettre aussi. Les deux frères se lèvent, chacun leur tour, pour ranger leurs papiers, pour s’assoir devant d’autres. La moitié du bureau y passe quand Kankuro décide soudain de se rassoir à côté de son frère. Gaara travaille toujours mais paraît extrêmement attentif.
« Qu’est-ce que tu ferais si… » commence Kankuro.
Gaara détourne les yeux de son papier pour écouter son frère, mais Kankuro se ravise et soupire profondément.
« Qu’est-ce que je dois faire ? »
Gaara observe son frère encore un peu, il veut le laisser finir sa phrase.
« Pour Kimiko je veux dire ! Elle a clairement avoué ses sentiments, même si c’était un peu… comment dire… involontaire. »
« Oui ? » encourage Gaara.
« Il faut sans doute que je lui dise quelque chose moi aussi. Sinon elle va se sentir gênée, il va y avoir une drôle d’ambiance à la maison, et ça va me mettre mal à l’aise, alors vraiment… je ne peux pas laisser ça comme ça ! »
« Et bien dis-lui quelque chose alors. » répond calmement Gaara.
« Oui mais quoi ? C’est ça le problème !!! »
« Et bien, tout d’abord, il faudrait que tu te demandes ce que tu ressens pour elle. Et une fois que tu auras trouvé, il faut que tu le lui dises à elle. »
Kankuro paraît écrasé par cette vérité.
« Mais… je ne sais pas… je pourrais lui faire de la peine et… »
« Il faut que ça vienne du cœur. Faire de la peine ou faire plaisir ne doivent pas dépendre de conditions extérieures. »
Kankuro ouvre de grands yeux. Gaara a vraiment muri, c’es sûr. Et dire que c’est lui l’aîné, qu’il est sorti avec des tas de filles, et qu’il se fait donner des leçons par un jeunot qui ne connaissait rien aux filles il y a à peine quelques mois…
Kankuro sourit. Un de ses habituels sourires en coin.
« Tu sais, tu ne m’aides pas beaucoup… » souffle-t-il en repoussant quelques papiers qui envahissent ses genoux.
« Oui, mais il n’y a que ça qui soit vrai. »
« Oui… »
Le silence s’installe, seulement perturbé par le bruissement de papiers que Gaara trie toujours. Une fois sa pile triée, Gaara se lève, les bras chargés, et range les documents traités dans les dossiers correspondants.

« Bien, et toi ? Qu’est-ce que tu voulais me dire ? »
Gaara lâche les derniers feuillets qu’il portait. Il espérait que son frère ait oublié, mais finalement, il devra composer avec.
« J’exige avant toute chose que tu ne te moques absolument pas de moi. » commence Gaara.
Debout devant son aîné toujours en tailleur sur le sol, il croise les bras sur la poitrine et le toise de haut.
« Pas la peine de prendre cet air et de monter sur tes grands chevaux, c’est promis, je ne me moquerai pas ! » concède Kankuro, le sourire aux lèvres.
« Tu commences déjà. » se désespère Gaara.
« C’est normal vu comme tu as commencé toi ! Allez, dis-moi tout. » réclame Kankuro, prenant un air le plus sérieux possible.
« La raison pour laquelle Yue est partie c’est… Yue est partie parce que j’ai été froid avec elle. » lâche enfin Gaara.
Kankuro lève un sourcil.
« C’est tout ? »
« Et bien… disons… que j’ai été distant. »
« Mais pourquoi ? Elle est toujours sur ton dos, au sens propre, je ne vois pas comment tu pourrais être distant. »
Gaara se pose soudain par terre, en tailleur en face de son frère, et les mains sur les chevilles, il inspire profondément avant de se lancer.
« Je me sens très attiré par Yue, elle est plutôt physiquement proche comme tu as pu le constater, mais je ne sais pas comment m’y prendre, et comme ça m’a stressé, j’ai mis de la distance entre nous et ça l’a blessée. C’est pour ça qu’elle est partie. »
Kankuro observe son frère. Plus il l’observe, plus celui-ci devient rouge.
« Tu vas dire quelque chose oui ??? » s’énerve Gaara qui n’y tient plus.
« Et bien, ça aussi ça vient du cœur. »
Gaara paraît frappé à son tour par les révélations de son frère.
« Bien sûr, ça peut venir d’ailleurs aussi… » rectifie Kankuro, goguenard.
Gaara lui lance un regard noir. Il ne veut pas de ce genre de réponse.
« Mais il est préférable que ça vienne du cœur. » continue Kankuro.
« Peut-être, mais ça ne me dit pas comment… comment faire ! »
Kankuro se rapproche de son frère, comme pour une confidence qui ne doit se dire qu’à l’oreille.
« Et bien tu vois les abeilles et les papillons ? »
Kankuro sourit. Gaara se fâche et pousse son frère. Kankuro se jette sur lui et une mêlée commence, où le but est bien évidemment d’immobiliser l’autre par n’importe quel moyen. Une bataille sans coup, un jeu entre frères. Chacun prend le dessus à son tour, mais Kankuro a pour lui sa taille et ses années supplémentaires. Il coince son frère d’une clé de bras. Gaara grimace. La fenêtre ouverte grince. Un nuage de sable se lance à l’assaut de Kankuro.
« C’est pas du jeu ! Tu triches ! »
Gaara se libère pendant que Kankuro se débat inutilement contre des grains qui lui échappent. Le nuage repart comme il est venu.
« Bon, on n’a pu avoir aucune réponse finalement. »
« Et non. » confirme Kankuro.
« Et il va falloir qu’on se débrouille tout seul. »
« Et oui. »
« Il y a une fleuriste trois rues plus loin. »
« Celle de la dernière fois ? »
« Oui. Vas-y et accroupis-toi au milieu des vases. Elle devrait t’aider. »
Kankuro n’y croit pas vraiment. Mais devant le sourire sincère de son frère, il décide que faire un tour chez cette fleuriste, même si ça ne mène à rien, ne pourra pas lui faire de mal.
« Bien, alors dans ton cas, le mieux que tu puisses faire, c’est laisser faire Yue. Tu finiras par t’habituer à sa proximité, et un jour ça viendra tout seul. »
Gaara dévisage son frère. Ça non plus, ce n’est pas une vraie info.
« Tu vois… » commence Kankuro. « Avant que Yue ne vienne, tu ne te posais pas vraiment ce genre de question. Ou tout du moins, tu n’y cherchais pas de réponse. »
Gaara ne paraît pas convaincu.
« Depuis qu’elle est là, tu t’es beaucoup amélioré. Le simple fait que je sois ici, avec toi, à ranger des piles de papiers, et à parler de ce genre de choses en témoigne. » fait remarquer Kankuro.
Il n’a pas tort. Avant, il n’y avait jamais de papiers en retard. Kankuro ne mettait jamais les pieds dans ce bureau, ni dans aucun autre d’ailleurs. Et Gaara n’avait aucune conversation réelle avec lui, pas plus qu’avec d’autres. Il a raison.
« C’est comme Yue. Avant d’être ici, elle ne devait pas beaucoup s’exprimer, et elle ne savait rien faire, mais à force d’être ici, elle commence à avoir des attitudes normales, comme quand elle a souri à Temari. Ou aussi quand elle a mis la table. C’est la force de l’habitude. »
Dit comme cela, ce n’est pas très romantique…
« Je ne veux pas dire que tu l’auras à l’usure. Quand il existe déjà quelque chose de spécial entre deux personnes, il faut juste laisser faire, et un jour ce truc spécial se met à parler de lui-même. »
Le visage de Kankuro s’illumine. Cela finit de convaincre Gaara. Finalement, il lui suffit de continuer comme à son habitude, et le changement viendra tout seul. Quel paradoxe… Mais l’expérience l’a prouvé. Et c’est suffisant pour l’esprit pragmatique du Kazekage.
« Je crois que tu as raison. Je vais aller chez ta fleuriste. Kimiko sera sûrement contente. »
Kankuro sort du bureau. Gaara sourit. Ce n’est pas le tout, d’acheter une fleur… Mais le reste devrait se faire tout seul.
« Le reste devrait se faire tout seul… » répète Gaara, songeur.
Image
The FFNPA's Raaly fan!
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Message par xoux »

1000 visites!!!
Personne ne poste de coms, mais 1000visites, ça ne peut pas être que des égarés!
Pour fêter ça, je vous mets le chapitre X de "Eau et Sable".
Pour information, on repart dans la vie quotidienne des ninjas, mais rien ne dit que la suite ne verra pas son lot d'actions!
A suivre...

Chapitre X : Tortures

Le bureau est quasiment débarrassé de son travail en retard. Il ne reste plus que la table de travail à proprement parler. Mais le fauteuil a pu être libéré, et Gaara n’est pas mécontent de pouvoir poser ses fesses sur quelque chose de moins dur que ce sol dallé, aussi moelleux soient les tapis.
Heureusement qu’il avait préparé des missions à l’avance, et que ses secrétaires sont compétentes. S’il n’avait pas eu ce système, les ninjas seraient restés au chômage technique, sans missions à accomplir, pendant quelques temps. Gaara peut se permettre de passer sa journée au tri, après tout. Il lit des rapports, il les tamponne, il les classe. Le bureau se vide. A force à force, ça s’est fait tout seul. Nouveau paradoxe…
Gaara pouffe.

« Maître, une jeune fille attend devant votre bureau depuis quelques temps, elle ne veut pas se présenter et ne veut pas partir. » annonce une secrétaire.
« Une jeune fille ? Quelle jeune fille ? »
« Elle ne veut pas se présenter. » répète la secrétaire. « Elle a même essayé de passer à travers la porte, malgré les barrières de genjutsu. Les gardes ont eu du mal à la retenir. »
Gaara ouvre des yeux effrayés.
« Yue ! »
Il n’a pas le temps de finir de prononcer son nom que la jeune fille est déjà sur lui. Elle a glissé entre les bras des gardes et saute sur Gaara pour se pendre à son dos.
« Maître ! » s’apeurent les gardes, accourus pour récupérer l’intruse.
« Ce n’est rien. C’est… c’est mon amie. »
Comme ça au moins c’est clair. Et c’est venu tout seul, ça aussi !
« Bien, excusez-nous. »
« Non, je vous remercie de vous soucier à ce point de ma sécurité. » reprend Gaara.
Les gardes prennent congés. Il est heureux qu’il n’y ait pas eu d’incident, et que Yue soit venue quand il a fini son travail.
« Tu m’as manquée aussi. »
Gaara passe sa main sur le bras de la jeune fille, enlacée autour de son cou, pour la caresser et lui souhaiter la bienvenue. Accrochée au dos de Gaara, Yue le serre fort dans ses bras et pose sa tête dans le creux de sa clavicule, comme à son habitude. Gaara sourit. Encore quelque chose qui est venu tout seul. Kankuro a raison. Il ne faut pas s’inquiéter.

« Vous n’auriez pas une fleur à me conseiller ? » réclame Kankuro à la fleuriste.
Il a eu beau faire tous les étals, fourrer son nez dans tous les vases, tout ce qu’il a récolté, ce sont des éternuements à répétition.
Un rire cristallin lui tire les narines de la fleur qu’il humait.
« Vous désirez ? »
« Heu… Oui… Je voudrais… »
« Un regard. »
« Hein ? »
La fleuriste s’avance en riant de son rire de clochette.
« Vous ne voulez pas que des fleurs. Vous voulez qu’on vous regarde. »
Kankuro se renfrogne. Il n’est pas si égocentrique que ça tout de même !
« Vous voulez qu’on vous regarde pour de vrai. En fait, ce n’est pas le regard des autres qui vous importe maintenant, c’est votre propre regard, et celui dans lequel vous voudriez qu’il se reflète, n’est-ce pas ? »
Kankuro ouvre de grands yeux et les cligne plusieurs fois. C’est une fleuriste ou une voyante ?
« La question est : comment faire en sorte que cet autre regard se reflète dans le votre ? »
La fleuriste s’avance dans un rayon de soleil que filtre la serre de sa boutique. Ses yeux opaques se révèlent à Kankuro, encore plus impressionné qu’il ne l’était déjà. Une voyante non-voyante…
« Non, vous faites fausse route. »
Kankuro semble interloqué. Il fait fausse route ?
« Ce n’est pas de la voyance, c’est juste de l’écoute attentive. »
« De l’écoute attentive ? » répète religieusement Kankuro.
« Oui… Vous entendez ? »
Le silence se fait. Kankuro tend l’oreille. Il sent les fleurs frémir au passage d’un léger courant d’air, les pétales s’épanouir, les feuilles s’étirer vers le soleil, les gouttes tomber dans les vases et se répercuter en ondes infinies contre les bords de pierre ou de métal. Il entend la porte grincer, le vent passe à travers les gonds. Il entend les gens qui passent dans la rue, leurs pas que le sol dur absorbe. Plus loin, le marché et ses vendeurs à la criée. Des verres qui éclatent, des rires qui trinquent. Des enfants qui courent dans les rues. Des gens qui parlent, qui travaillent, qui se baladent, qui vivent. La pulsation qui les anime tous et qui résonne dans les vases plein d’eau. Quelque chose qui cogne à ses oreilles et qui retentit dans toute la ville, dans toute la vie. Une voix qui pulse au rythme de ces battements. C’est Kankuro que j’aime.
« Kimiko !?! »
Kankuro est soudain tiré de cette étrange expérience. C’est Kimiko qu’il a entendu, par-dessus tout. C’est Kimiko qui anime son cœur.
« Je vois que vous avez vite compris. Tenez. »
La fleuriste impose à Kankuro un énorme bouquet de gardénias blancs et de roses rouges.
« Heu… Merci... Je n’aurais jamais pu choisir tout seul. »
« Mais si, c’est vous qui avez choisi ces fleurs. Ou plutôt, ce sont elles qui vous ont choisi. Roses rouges pour révéler l’éclat de votre amour, et gardénias blancs pour montrer votre sincérité à toute épreuve. »
« Une déclaration et une promesse… » remarque Kankuro.
« Tout à fait. Mais rien qui ne soit en accord avec quelqu’un qui sait d’instinct écouter si attentivement. »
Un large sourire fend le visage illuminé de Kankuro. Les sourires ne s’entendent pas, mais il est sûr que la fleuriste le voit tout de même. Il la prend dans ses bras et la serre fort.
« Merci beaucoup ! »
Il fourre sa main dans sa poche, en sort une petite bourse, la pose sur le comptoir et file en courant.
« Merci pour tout ! A la prochaine ! »
La porte tinte à son passage, signalant à la fleuriste qu’il est sorti.
« A la prochaine. » répond-t-elle simplement, appuyée au montant de la porte.
Elle referme soigneusement la porte derrière elle, baisse la tête vers les vases posés à même le sol et soupire.
« Il est gentil, mais il ne sait pas qu’ici, les fleurs ne se paient pas de cette façon. »
Un bruissement de feuilles lui répond. Les fleurs acquiescent. Elle sourit au soleil.

A travers les rues de la ville, Kankuro court. De toute la vitesse de son cœur, il court porter ses fleurs à Kimiko. Il ne remerciera jamais assez Gaara de l’avoir conduit à cette fleuriste. C’en était presque magique. Et en écoutant attentivement, il a entendu son cœur. Entre chaque battement, il y avait quelque chose de Kimiko. Sa voix, ses airs, sa force de caractère, son petit côté attachant, et une odeur de litchi alléchante. Il ouvre la porte d’un grand geste, bondit à l’intérieur de la maison et… trébuche sur Yue, accroupie au milieu du salon, occupée à examiner les joints du carrelage.
« Aaah !!! »
Kankuro essaie tant bien que mal de se rétablir mais il n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive qu’il se retrouve affalé sur Yue, emmêlé dans entre ses cheveux et ses jambes. Le bouquet de fleurs n’a pas résisté non plus et roses et gardénias jonchent les carreaux, s’accrochent aux épaules de Yue et les couvrent de petites touches rouges et blanches.
Les pétales volètent encore autour d’eux quand, attirée par le bruit, Kimiko entre dans la pièce.
« Que se passe-t-il ici ?!? »
Kankuro, la main accrochée dans les cheveux de Yue, à moitié assis sur elle, ouvre de grands yeux affolés. Que va penser Kimiko ?
« Kimiko, je… »
Kankuro tend la main vers la jeune fille de Konoha, mais il est toujours pris dans les cheveux noirs de Yue. Désemparé, il cherche une solution du regard sous l’œil spectateur de Kimiko. Il se tord tant bien que mal et, de sa main libre, regroupe quelques fleurs épargnées en un minuscule bouquet.
« C’est pour toi Kimiko ! » s’écrie-t-il, à genoux, en tendant le bras vers celle qu’il cherchait.
Les trois fleurs qu’il a pu trouver s’étiolent pitoyablement. Kimiko ne manifeste aucune réaction autre que la surprise.
« C’est… c’est pour toi ! Pour ce que tu as dit ce matin ! »
La main gauche toujours accrochée aux cheveux de Yue, il tente tant bien que mal de ramper à genoux vers la jeune fille qu’il courtise curieusement.
Yue est obligée de suivre pour ne pas perdre ses cheveux et grimace bizarrement.
« Kimiko, je… Je t’aime aussi ! » finit par avouer Kankuro.
Kimiko se déride et pousse un cri de joie. Elle saute au cou de Kankuro et le renverse à nouveau sur le sol. Au milieu des pétales, des carreaux de carrelage et des cheveux de Yue, elle l’enlace et l’embrasse à pleine bouche.
« Tu as un goût de litchi. » remarque Kankuro.
Il passe sa langue sur ses lèvres.

Temari arrive. Au milieu d’un tapis de fleurs éparpillées, Kimiko assise sur Kankuro enroule ses bras autour de son cou. Kankuro est étalé de tout son long sur le sol, la main droite autour de la taille de la jeune fille, la main gauche reliée à Yue par un enchevêtrement de cheveux noirs qu’elle décroche un par un des ongles de Kankuro.
« Je sens qu’il y a une bonne explication à tout ça… » essaie de se convaincre Temari.
Elle s’agenouille comme elle peut, avec son gros ventre, et démêle les cheveux de Yue en un tour de main.
« Qu’est-ce que vous faites tous par terre ? » demande Shikamaru en entrant.
« Viens t’assoir, tu comprendras. » l’invite Temari en tapotant le carrelage de la paume de sa main, pour lui faire signe de se mettre à côté d’elle.
Shikamaru s’installe à l’endroit désigné par Temari, en tailleur, et attend la révélation.
« Maintenant, tu as l’air aussi bête que nous tous. » conclut Temari.
Elle rit. Shikamaru fait la moue.
« Non, réflexion faite, tu as l’air encore plus bête… » s’esclaffe-t-elle.
« Merci… »
Gaara entre à son tour dans la maison.
« C’est la nouvelle mode ? » interroge-t-il, amusé.
« Tiens, quand je te dis que tu fais de l’humour… » fait remarquer Kankuro.
« Viens t’assoir. » réitère Temari.
« Je te le déconseille… » avise Shikamaru en se levant.
« Tu n’es pas drôle pour un sou ! » se plaint Temari, dont le mari vient de faire rater la farce.
Il l’aide à se lever.
« Merci. »
« Tu vois que je sers à quelque chose ! »
« Meuh oui mon chéri, et tu sers tellement bien que tu vas mettre la table pendant que je vais brosser les cheveux de Yue. » affirme Temari en tenant le menton pointu de Shikamaru entre ses doigts.
Elle lui fait un bisou, tend sa main à Yue qui se lève d’un glissement et la suit dans la salle de bain pour un démêlage intensif.
« Bon, je vais faire à manger ! » décide Kimiko en se levant de dessus Kankuro.
« Heu… Moi aussi ! » ajoute Kankuro en suivant Kimiko dans la cuisine.
« Bien… » soupire Gaara.
Il retrouve la famille comme il l’a laissée. Ça le fait agréablement sourire.
« Je vais t’aider à mettre la table. » propose-t-il à son beau-frère.
Shikamaru n’a rien contre et la table est vite mise.

« Je vous confie la belle échevelée, aux bruits qu’il y a dans la cuisine, je devine que le repas est loin d’être fait ! » se plaint Temari en passant dans le salon pour rejoindre les casseroles.
« Et bien, la belle échevelée est surtout électrisée… » sourit Shikamaru.
Les cheveux de Yue sont gonflés d’électricité statique. Elle s’approche de Gaara pour grimper sur son dos mais un éclair les sépare. Gaara se frotte la joue tandis que Yue observe craintivement ses cheveux, sans oser les toucher.
« C’est ce qui s’appelle le coup de foudre ! » plaisante Shikamaru.
Il part quelques instants et revient aussitôt avec une serviette de coton.
« Tiens, assieds-toi. »
Il tire une chaise pour Yue qui s’installe à son invitation. Shikamaru enroule la serviette autour de ses cheveux épars et les lisse avec la fibre du coton. Ils reviennent en place, lisses, plaqués, impeccables. Yue lui sourit. Un vrai sourire aussi.
« C’est vrai que ça fait un drôle d’effet. » conçoit Shikamaru en rougissant un peu. « Mon premier sourire de Yue ! »
Il lui caresse la tête et part ranger la serviette.
« Tu t’entends bien avec tout le monde. » remarque Gaara, heureux que cette ambiance chaleureuse succède à la panique de la disparition de Yue.
Comme si elle pouvait l’entendre s’inquiéter à propos de sa fugue, la jeune fille se met debout sur la chaise et tend les bras. Gaara s’approche. Elle attrape sa tête et la colle contre son ventre.

« Et bien, c’est le jour des câlins curieux ! » déclare Temari en entrant, les bras chargés de plats, dans la salle à manger.
Elle pose sur la table ses casseroles et appelle tout le monde à venir manger.
« Mon chéri, il n’y a que toi et moi qui n’avons pas eu notre câlin du jour. »
Shikamaru sourit, il s’avance près de sa femme pour la prendre dans ses bras et lui faire le fameux câlin du jour. Mais le ventre rond de Temari l’empêche de l’embrasser, il doit se mettre sur la pointe des pieds pour espérer atteindre son bout du nez. Finalement, il décide de faire le tour, de la prendre par la taille sur le côté, et de lui faire un bisou sur la joue.
« Tu parles d’un câlin bizarre ! » se moque Kankuro en prenant place à table.
« Je commence à servir. » propose Gaara.
Il remplit une à une les assiettes en attendant que tout le monde s’installe.
« Mais dis-moi, tu as une de ces faims ! » s’amuse Temari.
« Moui. » répond Gaara la bouche pleine. « Tu serais dans le même état si tu avais dû passer ta journée à trier des montagnes de papiers. Et encore, j’ai repoussé toutes les entrevues privées à demain. »
Gaara enfourne une grosse boulette de riz dans sa bouche et prend à peine le temps de la mâcher.
« Je confirme, il y avait des papiers jusque dans le couloir ! » renchérit Kankuro.
« Jusque dans le couloir ?!? » n’en revient pas Temari. « Mais tes assistants n’ont rien fait ? »
« Si, je n’ai eu que les dossiers où il était impératif que je signe, tu te rends compte. »
« Et bien reprends-en une part alors ! »
Temari ressert son frère.
« Et ce soir je vais aller à la ronde de nuit. Les guetteurs ne m’ont pas vu depuis longtemps, ça leur fera sans doute plaisir. »
Gaara s’empresse de finir son assiette et d’engloutir son dessert pour filer faire sa ronde.
« Je rentrerais tard ! Bonne nuit tout le monde ! »
« Bonne nuit ! » répètent les filles.
« Attends, je viens ! » réclament les deux autres garçons en se levant de table à la suite de Gaara.
La porte d’entrée claque derrière eux.

« Le premier, ok, il va travailler. Mais les deux autres, on le sait qu’ils vont faire la tournée des bars et vider au moins deux paquets de cigarettes ! » rechigne Temari.
« C’est surtout pour ne pas débarrasser la table. » poursuit Kimiko se chargeant de ramener les plus gros plats à la cuisine.
Yue se lève, prend une fourchette et l’amène dans la cuisine. Puis elle revient, prend une assiette, et l’amène elle aussi dans la cuisine.
« Elle est marrante depuis qu’elle nous copie. » sourit Temari.
« Il manque certains détails mais c’est un bon début ! » concède Kimiko.
Yue vient déposer une bougie dans l’évier.
« Et si j’allais l’aider à débarrasser ? Avec tout ce qu’il y a, si elle prend tout un par un, elle va en avoir pour un sacré moment. » calcule Kimiko.
« Laisse-la. Ça l’occupe, et puis comme ça, on a le temps de faire la vaisselle et le café. »
Une fois le dernier set de table ramené à la cuisine, et le café avalé, les filles baillent et s’étirent.
« Je vais me coucher ! » annonce Kimiko en embrassant Temari et Yue pour leur souhaiter la bonne nuit.
« Je ne vais pas tarder à t’imiter. Juste le temps de conduire Yue à sa chambre pour être bien sûr qu’elle ne reste pas assise sur le carrelage toute la nuit. »
Kimiko monte dans sa chambre pendant que Temari conduit Yue jusqu’à celle de Gaara. Elle ouvre les draps, aide Yue à se mettre en chemise de nuit, et lui souhaite le bonsoir.
Yue, allongée dans le lit, ne dort pas pour autant. Elle suit en pensée le trajet de Gaara dans le désert nocturne.

Ça fait longtemps qu’il n’a pas fait de ronde aussi plaisante. Après la chaleur du bureau et des papiers à trier, la fraîcheur des dunes a un effet vivifiant des plus libérateurs. Au-dessus des courbes du désert, volant dans son nuage de sable, Gaara se sait vivant. Il sent la présence de Yue, il sait qu’elle est là, et le cœur gonflé, il zigzague dans le défilé des reliefs du désert, un sourire béat aux lèvres. Les courbes du paysage emmènent ses pensées vers d’autres courbes encore, et les y perdent agréablement. Il est temps de rentrer.
A pas de loup, Gaara se faufile dans la maison endormie. Les cheveux pleins de sable, il se secoue un peu avant d’entrer, mais il est inévitable que les grains restent accrochés dans les replis de ses vêtements. Dans sa chambre plongée dans le noir, Gaara se dévêt pour ne rester qu’en short de nuit. Deux yeux luminescents l’observent depuis le lit. Il sourit. Yue l’attendait. Il écarte les draps frais et se glisse à l’intérieur. La jeune fille s’approche de lui pour poser sa tête sur sa poitrine, comme à son habitude. Il la prend dans ses bras. Elle a la peau douce. Ses cheveux voilent ses yeux. D’un geste minutieux, Gaara ôte les mèches noires qui l’empêchent de contempler un regard si profond. Elle lève ses pupilles vers lui, ce n’est pas dans son habitude, de lui toucher les cheveux comme ça. Il les caresse, pourtant, en lui souriant. Elle sourit aussi. Un sourire des yeux. Un sourire de l’âme. Gaara ferme les yeux et inspire profondément le parfum de Yue. Il veut s’imprégner de son odeur de pluie froide. Soudain, d’un mouvement fluide, Yue se glisse sur Gaara pour s’allonger sur lui de tout son long. Comme si elle était sur son dos. Seulement, c’est sur son torse nu qu’elle repose. Elle redresse la tête pour fixer Gaara. Elle lui sourit. Un sourire des lèvres. Elle imite Kimiko et Kankuro, quand ils se sont tombés dessus le matin-même. Gaara lève les sourcils, amusé. Il enroule ses bras autour de sa taille et croise les mains sur ses hanches pour la tenir tout contre lui. Elle continue de le regarder. Elle n’a pas l’air de vouloir dormir. Ou alors elle ne s’en lasse pas. Lui non plus ne se lassera jamais de la regarder. Mais son poids sur lui, ses cheveux qui l’effleurent, l’odeur de sa peau, ses grands yeux malicieux… Gaara se sait plus quoi faire. Fermer les yeux et laisser s’enivrer son imagination, au risque d’avoir des gestes malheureux, ou prendre les choses en mains.
« Yue… Tu es une vraie torture pour moi… »
Elle le regarde en souriant des yeux mais ne se lève toujours pas. Gaara décroise tout à coup ses mains pour écarter une nouvelle fois les cheveux de Yue qui envahissent son visage lunaire. Il pose sa main sur sa joue. Il dessine les courbes des lèvres du bout des doigts. Il s’approche, les pommettes rougies, les tempes battantes, et embrasse Yue. Après tout, Kankuro a raison, il faut laisser les choses se faire par elles-mêmes, rien ne sert de lutter.
Image
The FFNPA's Raaly fan!
sevee
Chunnin
Messages : 607
Inscription : lun. 30 oct. 2006, 21:25
Localisation : sur le forum...

Re: XouX : "Eau et Sable" (pour les 1000visites:chapX)

Message par sevee »

Hello, un ptit passage pour dire que je continue à lire ta fic, et j'attends la suite avec impatience ;-)

Pas grand chose à dire de plus par rapport à mon dernier post. Ecriture impeccable, et l'histoire m'intéresse donc je continue à passer sur les OOC et le côté plus quotidien que ninja. Ca reste une fanfic de qualité :grin: :jap:
Image
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Re: XouX : "Eau et Sable" (pour les 1000visites:chapX)

Message par xoux »

Ah! Merci! Un lecteur qui répond!!!

Sevee, merci de passer sur les OOC et le côté plus quotidien que ninja...
Pourtant j'essaie de m'améliorer sur ces points-là, mais apparemment non.
En plus le chapitre qui suit (et pitètre même les 2prochains), vont sans doute tous vous faire hurler à l'OCC...

Mais bon, je dirais pour ma défense (oui, toujours besoin de me justifier...) que l'histoire est centrée sur un personnage qui n'est pas un ninja, et un qui n'est plus un ninja (Kazekage, c'est dans son bureau, et ça fait de brêves apparitions, comme Tsunade, pour boire un café et dire "Je le sens mal"...)
Enfin bref, ça n'excuse pas le côté OCC de tous les autres.
Shika je l'aime bien comme ça, c'est vraiment du parti pris.
Temari, ça va pas s'améliorer j'en ai peur, mais là vraiment, je fais pas exprès, je sais pas pourquoi elle me vient comme ça.

Trêve de blabla, voici le chapitre XI de "Eau et Sable"!






Chapitre XI : Bruits

« Petit déjeuner !!! » hurle Temari pour la troisième fois.
Gaara consent enfin à ouvrir un œil. Il s’étire, baille, il se sent bien. A côté de lui, Yue dort encore, elle qui a les yeux ouverts avant n’importe qui. Il profite de ce moment privilégié pour la contempler dans son sommeil. Les grandes paupières closes parpelègent. Elle va bientôt ouvrir ses magnifiques yeux. Gaara se tourne vers elle et se colle tout près pour la prendre dans ses bras. Elle s’éveille dans un câlin de Gaara.
« PETIT DEJEUNER !!!! » vocifère Temari, impatiente.
Yue se redresse dans le lit, à l’affût. Ça doit être la première fois qu’elle entend hurler Temari. Ce ne sera sans doute pas la dernière, pense Gaara en souriant.
Ils descendent rejoindre la table familiale, échevelés, rompus, main dans la main, comme à l’accoutumée.
« Et bien, enfin des gens qui répondent ! » soupire Kimiko.
« Et les autres sont sourds ma parole. » ajoute Temari.
Elle inspire profondément, et de tout l’air de ses poumons, ouvre grand la bouche.
« PETIT DEJEUNER ! ET SI VOUS NE DESCENDEZ PAS, VOUS LE FEREZ VOUS-MEMES JUSQU'A L’ANNEE PROCH… »
Le reste de la phrase s’étouffe dans un toussotement. Temari est arrivée à bout de souffle. Mais la menace a sans doute été correctement interprétée, et dans son intégralité, car dans la seconde qui suit, Kankuro, suivi de Shikamaru, apparaissent dans les escaliers.
« Il ne fallait plus venir… » fait remarquer Temari, la voix raillée.
« Désolé, j’suis crevé… » baille Kankuro.
« Moi ausshi… » renchérit Shikamaru en s’étirant de plus belle. « Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit… »
« Tu parles, et moi donc ! Il y avait une espèce de chose qui tapait qui m’a vrillé les oreilles toute la nuit… » ajoute Kankuro.
« J’ai cru que c’était le portail qui grinçait parce qu’on l’avait mal fermé. » rectifie Shikamaru.
« Et pourquoi tu n’es pas allé vérifier ? » interroge Temari en baillant à son tour.
« J’avais pas envie de me lever… » confie Shikamaru en prenant un croissant d’un geste peu convaincu.
Les yeux à moitié fermés, il trempe sa pâtisserie dans son verre de jus d’orange.
« Euârk… » conclut-il en s’en rendant compte.
« Ce n’était pas le portail, je suis sûre de l’avoir correctement fermé hier soir, mais Gaara est rentré après, et comme je soupçonnais moi aussi ce vieux portail, j’ai vérifié ce matin et il était parfaitement clos. » informe Kimiko. « Moi, je pense que c’était quelque chose dans la maison. »
« Ah ? Et quoi ? » se demande Temari.
Pendant que la petite troupe débat sur l’origine du grincement nocturne responsable de leur mauvaise nuit, Gaara rétrécit à vue d’œil sur sa chaise. S’il pouvait, il disparaitrait totalement pour échapper à la conversation. Yue ne comprend sans doute pas. Le regard vague, elle est perdue dans les méandres de son verre d’eau. Mais c’est bel et bien du lit de Gaara dont tout le monde parle. Il était pourtant très tard, et le bruit très faible. Il ne pensait pas que ça aurait réveillé toute la maisonnée. Pourvu que personne ne les soupçonne…
« Et bien Gaara, tu ne manges pas ? Tu n’es même pas habillé, tu vas être en retard à ton bureau. » prévient Temari emplissant sa tasse de café pour lui.
« Hein ? »
« Toi aussi tu as dû mal dormir, ça se voit à tes petits yeux. En plus tu es rentré tard de ta ronde hier soir. Il faudra vraiment chercher ce que c’était. » résume Temari.
« Ah, oui… » acquiesce petitement Gaara.

Il engloutit son petit déjeuner et file dans la salle de bain, se remettre les idées en place à grand renfort d’eau fraîche dans le visage. La tête dans le lavabo, il ne pense encore qu’à Yue. Il s’ébroue, attrape la serviette à l’estime et se frotte la figure. Quand il se redresse enfin devant le miroir, la silhouette de Yue se dessine derrière son propre reflet.
« Yue ! » sursaute Gaara.
Elle le regarde en souriant. Il sourit à son tour et pose la serviette. Elle s’approche un peu de lui, pose ses mains sur sa poitrine et se hisse sur la pointe des orteils pour être bien en face de lui. Elle tend son petit menton triangle et colle ses lèvres sur la bouche de Gaara. Une esquisse de baiser. Un essai attendrissant.
« Yue… » s’émeut Gaara.
Il la prend dans ses bras et l’embrasse à nouveau quand quelqu’un frappe à la porte de la salle de bain.
« Je pourrais pas venir avec toi ? Il faut que je fasse vite, j’ai une mission ce matin ! » réclame Kankuro en tournant la poignée.
Gaara a le cœur qui bat. Heureusement que la porte est fermée !
« Mais, comment tu es entrée ?!? » s’étonne-t-il alors, en regardant Yue.
Elle plisse les yeux en souriant en coin. Une nouvelle expression. Ça fait vraiment un drôle d’effet de la voir imiter si bien les gens !
Yue recule jusqu’à se trouver dos au mur et colle ses mains sur la surface où elle s’adosse. Elle entre dans le mur, s’y enfonce et s’y fond. Avant de disparaître, elle serre les lèvres en forme de baiser adressé à Gaara. Il sourit.
« Alors cette porte !!! » exige Kankuro. « J’ai juste besoin d’un gant et d’eau, je ferai le reste ce soir si tu veux rester longtemps dans la salle de bain, mais laisse moi au moins me laver la figure ! »
Gaara enfile ses vêtements à toute hâte avant d’ouvrir le verrou. Son frère se rue à l’intérieur de la salle de bain, vers le lavabo, et se ravise soudain. Il fait un pas en arrière, se cale devant son frère et le regarde intensément.
« Toi, tu as quelque chose à me raconter ! » s’exclame Kankuro, en le retenant d’une main sur le torse.
Gaara se dégage de l’obstacle ainsi dressé et s’échappe de la salle de bain.
« Non, rien ! A ce soir, bonne mission !!! »
Il court vers la sortie. En passant devant la salle à manger, il voit Yue assise tranquillement avec sa sœur et Kimiko. Il forme un baiser sur sa bouche et l’envoie en sa direction. Elle ouvre grand les yeux, visiblement surprise de ce nouveau geste, mais à la fois heureuse.
« A ce soir ! » crie Gaara en claquant la porte derrière lui.
« A ce soir ! » répondent les deux filles.
« Attends Gaara ! Je ne te laisserai pas t’enfuir comme ça !!! » le poursuit Kankuro.
Shikamaru, devant la porte, le retient.
« On va rater le début de la mission, et au lieu de partir pour la journée, on sera obligés de chercher autre chose à faire, et comme les petites missions sont déjà parties, on devra encore se farcir une excursion de trois jours au minimum… Bouge-toi de venir. »
Shikamaru part de son côté. Son argument paraît suffisant à Kankuro pour qu’il décide de remettre la satisfaction de sa curiosité à plus tard. Il le suit docilement jusqu’à leur lieu de travail pour la journée.

« Temari, c’est aujourd’hui qu’on devait changer les draps ? » interroge Kimiko du couloir.
« Non, pourquoi ? » répond Temari, toujours dans la cuisine à ranger la vaisselle.
Kimiko la rejoint, un gros paquet de draps dans les bras.
« Je les ai trouvés dans ce sac, roulés en boule au pied du lit de ton frère. »
« Lequel ? »
« Gaara. Yue essayait de les sortir de sous le sommier pour faire le lit, mais ils étaient coincés, roulés comme ça sous le lit, et dans ce grand sac. »
Temari plisse les yeux. Elle prend le sac dans ses mains, commence à en sortir les draps et se ravise.
« Va le remettre sous son lit, et ne mets pas de nouveaux draps. »
« Hein ? Mais s’il rentre tard ce soir… » interpose Kimiko.
« Je me demande si… »
« Si quoi ? »
A l’air entendu que prend Temari et à la drôle de lueur qui illumine ses yeux, Kimiko semble comprendre ce que la grande sœur de la maisonnée pense.
« Non, quand même pas ! » s’exclame Kimiko.
« Si ! » sourit Temari. »
Les deux filles prennent un air rêveur et se mettent à glousser, les joues roses. Soudain, Yue entre dans la cuisine. Temari écarquille les yeux.
« Il est complètement inconscient ! » s’énerve Temari. « Yue n’y connait sans doute rien, et lui non plus d’ailleurs, ils n’ont pas dû se protéger, elle pourrait tomber enceinte, il n’a pas besoin de ça avec tout le travail qu’il a ! Et même si c’est ce qu’il veut, il n’est pas encore prêt ! Et Yue non plus ! Et moi, c’est juste mon premier, et il n’est même pas né ! Je veux un peu attendre avant d’avoir à m’occuper d’un autre bébé ! Il exagère, oser me faire ça à moi ! Il croyait peut-être que j’allais m’en occuper, mais je ne suis pas la nounou de tout le monde, hein, faut pas abuser ! Avec tout le travail qu’on a à la maison, et les garçons qui n’en rament pas une, il faudrait en plus que je leur donne des cours d’éducation sexuelle, et que j’ouvre une garderie pour faciliter le travail de tous ces inconscients ! »
« Calme-toi Temari, ça ne sert à rien ! » tente vainement Kimiko.
Temari ne se calme pas du tout. Elle fait les cent pas dans la cuisine, fronce les sourcils, pose soudain les yeux sur Yue, s’attendrit, mais reprend sa colère là où elle l’avait laissée. Son frère ne pense vraiment à rien !
Dans son bureau, entre deux dossiers à traiter, Gaara est tiré de sa rêvasserie par un puissant éternuement. Quelqu’un doit parler de lui…
« Et donc je suis sûr que c’est ça ! » conclut Kankuro.
« Quand bien même, il peut faire ce qu’il veut non ? Il n’a plus 10 ans, et il a assez mûri pour être capable de gérer ce genre de situation. »
« Je sais pas bien. »
« Arrêtez de le couver, il va beaucoup mieux depuis quelques temps, il comprend plus de choses que vous ne croyez, toi et ta sœur ! Vous êtes tous les deux pareils, à chouchouter le petit dernier. Ok, il n’a pas eu la vie facile, mais ce n’est pas en le tenant à l’écart de toutes les choses de la vie que sa vie sera meilleure ! C’est Yue qu’il faut à Gaara, depuis qu’elle est là, il a fait des progrès formidables en matière de relations humaines. Alors laisse-le vivre sa vie. » termine Shikamaru.
« Oui mais quand même, il faudrait que je lui demande comment… »
« Rien du tout. La curiosité mal placée, c’est ça qui peut nuire. S’il veut des conseils, il te les demandera. Maintenant, regarde ce que tu fais avec tes fils, ta marionnette est en train de s’affaisser, et si tu ne la mènes pas plus loin, je ne pourrais pas gagner assez de terrain avec mes ombres. »
Dans son bureau, Gaara en a terminé avec la paperasse. Maintenant, il reçoit les gens qui veulent s’adresser à lui, les ninjas qui doivent lui faire directement leurs rapports, les gens du peuple qui viennent aux séances de doléance, les étrangers qui nécessitent une entrevue particulière…

A la fin de la journée, tout le monde a fini son travail et gagne le domicile familial. Quand Gaara entre, tout le monde l’attend déjà à table. Personne n’ose cependant lui demander ce qui brûle les lèvres de chacun.
« Heu… Vous avez passé une bonne journée ? » demande-t-il enfin, dans le silence inhabituel des seuls couteaux et fourchettes.
« Heu… Oui, très bonne ! » répond Temari.
« Nous aussi ! » répond Kankuro sans plus d’explication.
Shikamaru observe. Tout le monde a deviné, pour Gaara et Yue. Ils ne sont vraiment pas malins, de se sentir tous gênés, comme ça.
« La mission s’est bien passée. Grâce aux fils de Kankuro, je peux faire courir mon ombre encore plus loin. Il a pris un oiseau comme marionnette et l’a fait entrer chez le voleur par une fenêtre. Avec ma manipulation des ombres, j’ai fait en sorte que quelqu’un prenne le fétiche volé et l’attache aux pattes de l’oiseau. Quand ça a été fait, un fil de Kankuro a déclenché l’évaporation d’un gaz amnésique et on a pu récupérer le colis sans problème. Le voleur ne se rappelle même plus du fétiche, ce qui fait qu’il ne sera pas tenté de le rechercher, et avec cette méthode, on a pu ramener le fétiche volé sans bouger, en restant à pratiquement un kilomètre du domicile du voleur, et en assurant que celui-ci ne fasse plus des siennes. » explique Shikamaru, pour meubler la conversation.
« L’art du fainéant dans toute sa splendeur : mener à bien une mission en ne faisant absolument rien par soi-même ! » résume Temari.
A la fin du repas, les apparences sont sauves : Gaara ne se doute pas que toute la famille est au courant de ses ébats nocturnes, et part pour sa ronde habituelle.
« Alors vous savez vous aussi ? » interroge Temari. « Vous n’allez rien lui dire ? »
« J’ai bien pensé qu’il faudrait lui donner deux-trois conseils mais ton cher et tendre pense qu’il vaut mieux s’abstenir et laisser Gaara faire les choses comme il les sent. » se désole Kankuro.
« Crétin ! Je ne parlais pas de ça ! Vous êtes des hommes, vous devez rappeler certaines réalités à Gaara ! »
« Des réalités ? Quelles réalités ? » ne comprend pas Kankuro.
« Et bien, le genre de réalité qui fait que dans un mois au plus tu seras tonton, et que Shikamaru sera papa. » explique Kimiko en posant sa main sur le ventre de Temari.
« Hein ? Mais ce sont des trucs de filles, ça ! C’est plutôt à vous d’expliquer tout ça à Yue ! » rétorque Shikamaru, gêné à l’idée de devoir se servir des abeilles et des fleurs pour figurer ce genre de réalité à Gaara.
« Bonsoir ! Vous êtes encore debout ? » s’étonne Gaara en rentrant de sa ronde. »
« Heu… On allait se coucher ! » décide subitement Temari.
Chacun gagne sa chambre. De son côté, Gaara fait tourner la lessive de ses draps du matin. Pendant que les draps se lavent, il en met des propres sur son matelas. La machine à laver fait du bruit. Puis on entend Gaara pendre ses draps sur l’étendoir, dans le jardin.
« Et il aura fallu attendre ça pour qu’il sache faire la lessive… » soupire Temari en se retournant dans son lit.
Shikamaru passe un bras autour de sa taille et pose sa tête dans le creux de son cou pour lui faire un câlin.
« Shhh… N’y pense plus et fais de beaux rêves. »
Quand le sommeil arrive enfin à se saisir des pensées de la maisonnée, un grincement résonne. D’abord faiblement, mais sa régularité finit par sortir de leurs rêves au moins quatre personnes qui essayaient de dormir.
« Je vais l’étriper… » râle Temari en mordant sa couverture.
« Ça me donne de ces envies… » chuchote Kankuro, seul dans sa chambre.
De son côté, Kimiko doit penser la même chose. Le grincement l’a aussi réveillée.

« Bonjour tout le monde ! »
Mais ce ne sont que des regards noirs qui répondent à Gaara. S’il a pu dormir du sommeil du juste, ceux qu’il a réveillés n’ont pas profité de leur nuit.
Quand Gaara part enfin à son travail, les quatre restants soupirent profondément.
« Il va falloir qu’on lui dise, sinon il va la mettre enceinte ! » s’énerve Temari. « Il ne doit même pas savoir que ça s’attrape comme ça, les bébés ! »
« Il va falloir qu’on lui dise, sinon on va devenir insomniaque ! » reprend Kankuro.
« Il ne faut rien lui dire du tout. De toute façon, il ne peut pas faire ça toutes les nuits, il faudra bien qu’il dorme lui aussi à un moment, il travaille plus que nous, il fait des activités supplémentaires la nuit, il va forcément se fatiguer et comprendre qu’il y a des heures pour dormir, et des heures pour faire autre chose ! » réplique Shikamaru.
« Je suis de cet avis, ça ne servirait à rien de les embarrasser, alors qu’il suffit d’attendre. » affirme Kimiko.
« Et moi, cet avis, je n’en pense pas grand-chose. Je vous rappellerai tout de même que Gaara a passé la moitié de sa vie à ne pas dormir. Je parie qu’il peut remettre ça toutes les nuits, et on crèvera la bouche ouverte avant qu’il ne s’endorme. » ronchonne Kankuro.
« Peut-être, mais on va attendre un peu pour voir. » décide Temari.
Mais ils ont beau attendre, toutes les nuits, le grincement s’insinue dans leurs oreilles, résonne dans leurs pensées, perturbe leurs rêves, les empêche de dormir, leur donne des envies dans le bas ventre et des poches sous les yeux.
Ce n’est pas que le bruit soit si fort que ça. Il s’apparenterait tout au plus à un grattement de souris feutré, et encore… C’est simplement qu’il est très rythmé, qu’il ne permet pas de s’endormir, et surtout qu’il fait penser à des choses qui maintiennent bien éveillé malgré toute la fatigue qu’on pourrait avoir…
Sans compter qu’avant ça, il y a la machine à laver qui tourne, le bruit des draps qu’on défroisse et qu’on étend, les portes qu’on ouvre et qu’on ferme…
« Bonne journée ! A ce soir ! »
« Bonne journée ! » répondent en chœur tous les membres de la famille en un sourire crispé.
Mais dès que Gaara a refermé la porte d’entrée derrière lui et qu’il est parti pour son travail, les visages s’affaissent et s’ornent de moues et grimaces indélébiles.
« Il faut vraiment qu’on lui dise. » supplie Kankuro. « Kimiko refuse qu’on dorme dans la même chambre ! »
Kimiko lui lance un regard noir.
« Il faut vraiment qu’on lui dise, il ne reste presque plus de draps dans les placards ! » ajoute la jeune fille.
« Il faut vraiment qu’on lui dise, il va la mettre enceinte sans même le savoir ! » s’énerve Temari.
« Il faut vraiment qu’on lui dise. J’ai sommeil. » cède Shikamaru.
« Comment on va lui dire ça ? Maintenant qu’on a attendu si longtemps, ça va faire bizarre… » s’inquiète Kimiko.
« Et bien dites-le toujours à Yue, elle le dira à Gaara, et bon, il saura qu’on sait, mais ça sera tacite entre nous, personne n’aura à être gêné, et Yue sera pas gênée non plus vu qu’elle ne comprend pas ! » décide Kankuro.
Tout le monde se tourne avec espoir vers Yue. La jeune fille tourne ses grands yeux jaunes vers eux. Accroupie par terre, elle joue avec une colonie de fourmis qui a réussi à s’infiltrer dans la maison.
« Yue ne comprend pas. » termine Shikamaru. « Et puis comment tu veux qu’elle l’explique à Gaara ? Non, il faut trouver quelque chose de plus subtil pour lui faire comprendre tout, d’un seul coup, sans que ça ne soit gênant pour personne. »

« Bonsoir tout le monde ! »
Quand Gaara rentre de son travail, il ne se rend pas compte qu’une étrange atmosphère, pleine de complicité entre les quatre autres, règne dans la maison, et l’étreint à la gorge.
« Le repas de ce soir était délicieux ! » remercie Gaara. « Je vous laisse, je vais aller faire ma ron… »
« Non reste assis un petit moment, on a des trucs à te donner et après c’est nous qui partons. Tu auras la maison pour toi tout seul pour deux heures. »
« Vous partez tous ? » s’étonne Gaara.
« Kankuro et moi allons te remplacer pour la ronde nocturne, ça fait longtemps qu’on ne l’a pas faite, et toi ces derniers temps, tu n’en as pas raté une. Tu pourras dormir plus tôt, comme ça. » explique Shikamaru.
« Kimiko et moi on va au cinéma, Autant en emportent les ninjas du pays du Vent. Un film à l’eau de rose, plein de sentiments qui dégoulinent. On a pris la grosse boîte de kleenex. » explique Temari.
« Ah, d’accord. Et bien, les garçons et les filles, amusez-vous bien ! » conclut Gaara.
« Avant de partir, on a deux-trois petits trucs à te donner. »
Gaara lève un sourcil interrogateur. En file indienne, les quatre se sont rangés les uns derrière les autres et en passant près de Gaara, installé sur son fauteuil, chacun dépose un cadeau sans emballage sur ses genoux avant de se diriger vers la porte et de partir.
« Bonne soirée. » finit Temari en claquant la porte d’entrée derrière elle.
Sur les genoux de Gaara, une bouteille d’huile pour graisser le bois, une boîte de préservatifs et un livre sur la conception des enfants, un set de draps neufs, et un guide illustré du Paradis du Batifolage, cadeaux respectifs de Shikamaru qui ne veut plus de grincement, de Temari qui ne veut pas de neveu, de Kimiko qui ne veut plus sacrifier le stock de draps, et de Kankuro qui aimerait bien des détails croustillants...
Gaara vire au rouge cramoisi, la honte et la colère lui montent à la tête, il se précipite dans la rue pour leur demander des explications, mais ils ont dû partir très vite à l’aide d’un déplacement éclair. Ils ont bien préparé leur coup.
Quand Gaara revient dans le salon pour récupérer ses « cadeaux », Yue est en train de feuilleter le Paradis du Batifolage Version Illustrée qu’elle tient à l’envers. Les joues de Gaara s’empourprent, mais après tout, le spectacle n’est pas déplaisant. Il soupire, un sourire en coin aux lèvres. Ils sont irrécupérables… Irrécupérables, mais gentils.

Au bout de deux heures, Temari, Shikamaru, Kankuro et Kimiko font face à la porte d’entrée. On n’entend aucun bruit, on ne voit aucune lumière…
« Ils sont peut-être couchés ? »
« Espérons ! » soupire Shikamaru. « J’aimerais bien en faire autant, et dormir !!! »
Ils entrent sur la pointe des pieds. Après leur coup d’éclat du début de soirée, il ne faudrait pas en plus qu’ils viennent déranger en plein milieu.
Mais il n’y a personne.
Sous la porte de chambre de Gaara, on voit la lumière filtrer, mais on n’entend rien.
« Ils ne dorment pas encore ! » chuchote Temari.
« Oui, mais ils ne font pas de bruit. Mon cadeau a l’air d’avoir été utile. » répond Shikamaru sur le même chuchotement.
« Bon, sur ce : bonne nuit tout le monde ! » résume Kimiko en se dirigeant vers sa chambre.
« Bonne nuit. »
Et, soit que les cadeaux ont fait passer le message, soit que Gaara ait profité des deux heures sans personne dans la maison, la nuit est paisible, et tout le monde dort tout son soul !
« Aaaahhh !!!!! J’ai bien dormi !!!! » baille Temari en s’étirant.
« J’aurais bien profité encore deux ou quatre heures… » avoue Shikamaru, les yeux plissés sur sa tasse de café.
« Moi, je pète la forme ! » annonce Kankuro, déjà lavé, habillé, préparé, et se frottant les mains l’une dans l’autre, comme s’il savourait à l’avance sa journée.
« Tu crois que ton frère va venir prendre son petit déjeuner avec nous ? » s’inquiète Kimiko.
« Bien sûr, il n’est pas si rancunier je pense. »
Mais on a beau appeler au petit déjeuner, pas de trace de Gaara. Yue a fini par venir. Qu’elle ait compris ou pas qu’on l’appelait, elle s’est jointe au groupe.
« Bon, on le verra ce soir au pire des cas ! » décide Temari en trempant sa tartine dans son bol.
Au milieu du petit déjeuner, la baie vitrée s’ouvre sur un Gaara plein de tâches d’eau. Les manches retroussées, des épingles à linge encore accrochées aux plis de ses vêtements, il écarquille les yeux en voyant que tout le monde est déjà levé. Il est tôt, pourtant.
« Salut ! Qu’est-ce que vous faites de si bon matin ? »
« Et bien, ce n’est pas le week-end, on se prépare à aller travailler. » explique Temari sur le ton de la moquerie.
« Oui, mais, c’est férié aujourd’hui. » répond Gaara.
Tout le monde tombe des nues. Et dire qu’ils ont raté une si belle opportunité de faire la grasse matinée !
« Bon, ben moi, je vais me recoucher… » décide Shikamaru en se levant de sa chaise.
Une main de sa femme le tire par le pantalon et le force à se rassoir.
« Hors de question ! On va en profiter pour aller au centre commercial tous les deux, et préparer une chambre au bébé. »
« Une chambre au bébé ? Il ne faudrait pas déjà que vous trouviez une maison ? » recentre Kankuro.
Kimiko lui lance un regard noir.
« Non ! » rétorque Temari. « Cette maison est autant à moi qu’à vous, et si je n’étais pas là, elle se changerait vite en taudis. Aussi, Shikamaru et moi avons décidé d’habiter ici, avec vous. »
Shikamaru ouvre de grands yeux et dévisage Temari.
« Mais… heu… Vous allez nous envahir ! » s’affole Kankuro. Et puis il n’y a pas la place ! Kimiko dort déjà dans le grenier, et il ne reste plus de chambre de libre ! Vous allez le mettre où, ce bébé ? »
« Et bien, ton enthousiasme fait plaisir à voir ! » remarque Temari, un peu vexée.
« Temari a oublié de préciser qu’elle envisageait de me faire retaper l’annexe de l’autre côté du jardin. » précise Shikamaru, une moue grimaçante déformant son visage à la seule idée du travail qui l’attend.
« Ah… L’annexe… »
Tout le monde hoche la tête, ce projet devient d’un seul coup beaucoup plus compréhensible. L’annexe est très grande. Il s’agit en fait de l’ancien bureau de leur père. Un bureau assez grand pour y faire rentrer au moins trois chambres, un grand salon - salle à manger, et même une cuisine et une salle de bain, et tout ça sans trop pousser.
« Seulement, annexe ou pas, ça fait des années qu’on ne l’a pas ouverte, et il doit y avoir pas mal de bazar entassé là-dedans depuis le temps. »
« A ce propos, je comptais bien sur toi et Shikamaru pour nous aider un peu à rendre ça habitable ! » avance Temari, appuyée de Kimiko.
Kankuro ouvre de grands yeux. Shikamaru paraît désespéré mais semble confirmer qu’un piège est déjà en préparation.
« Mais, tu fais ce que tu veux de ton mari, mais moi, j’ai des missions en préparation ! » fanfaronne Kankuro, ravi de pouvoir se soustraire à la corvée.
Le petit sourire entendu qui lie Temari et Kimiko lui échappe totalement.
« Bon, je file à mon bureau, je suis déjà en retard ! » prévient Gaara.
« Tu n’as pas dit que c’était férié ? » s’étonne Temari.
« Mais tu le connais, c’est un bêcheur, il inventerait le travail s’il n’y avait plus que des vacances ! » se moque Kankuro.
« Ce n’est pas parce que c’est férié pour les ninjas de Suna que ça l’est pour les ninjas du reste du monde. Je dois assurer les entrevues et les visites diplomatiques, et ce, n’importe quel jour de l’année. » ajuste Gaara.
Dans le même temps, il descend les manches de son tricot qu’il avait remontées jusqu’aux coudes, et défroisse son pantalon tacheté d’eau. Il se secoue les cheveux d’une main pour en chasser les gouttelettes qui s’y accrochaient et s’apprête à partir quand sa sœur le retient.
« Mais pourquoi tu es trempé comme ça ? » remarque enfin Temari.
« Heu… Je… Je t’en parlerai ce soir, là je suis pressé. »
Temari hausse les épaules. Son frère est peut-être toujours gêné de ce qu’ils lui ont fait la veille, mais il n’a pas l’air de mal le prendre en tout cas.

« Bon, aujourd’hui, on s’occupe un peu de Yue ! » décide Temari une fois que tous les hommes ont quitté la maison.
« On va aller lui acheter des affaires. Elle ne peut pas éternellement vivre sur mes vieilles fringues, et vu que Gaara n’est pas très à cheval sur la propreté, j’ai peur qu’à la longue elle ne finisse par se transformer en statue de crasse ! »
« Tu exagères ! Je la trouve très propre, et pourtant ça fait un moment que ce n’est pas nous qui l’avons lavée. » la reprend Kimiko.
« Ah oui ? Qu’est-ce qu’elle portait hier ? »
« Heu… Ces vêtements ? »
« Et avant-hier ? »
« Ces vêtements ! »
« Et avant avant-hier ? »
« Ces vêtements… »
« Et le jour d’encore avant ? »
« … »
« Et qu’est-ce qu’ils ont fait toute la semaine ??? Ou plutôt toutes les nuits ? » poursuit Temari.
« Arrrhhh !!! » s’écrie Kimiko d’un air de dégoût. « Ça va, ça va, on va aller lui acheter un stock de nouveaux habits, sans oublier les sous-vêtements, les pyjamas, et surtout, des nouvelles paires de draps !!! » cède Kimiko.
« Encore des draps ? » n’en revient pas Temari.
« Tu n’as pas vu ? Les draps que j’ai offerts hier pendent déjà dans le jardin, sur la corde à linge. Ils sont trempés, en train de sécher… »
« C’est vraiment un mystère quand même, il pourrait faire attention… »
« Depuis quand les garçons font-ils attention à quoi que ce soit ? » fait remarquer Kimiko.
« Très juste, mais cette réplique aurait dû être la mienne. » sourit Temari. « Bon, où est Yue ? »
Image
The FFNPA's Raaly fan!
xoux
Jounin
Messages : 2038
Inscription : lun. 24 avr. 2006, 21:42
Localisation : somewhere over the rainbow

Re: XouX : "Eau et Sable" (nouveau : chapXI)

Message par xoux »

Je constate avec plaisir que le compteur de visites de ce topic ne cesse de monter. Bientôt 1200...
Par contre, no comment...
Tant pis!
Je vous mets le chapitre XII de Eau et Sable.
Attention, j'attends qu'on m'écharpe sur au moins une phrase de Gaara... lol
Toujours pas d'actions, mais plein d'indices concernant le "gros truc de ninja" qui va se passer dans les prochains chapitres, et jusqu'à la fin.
^^
C''est la suite directe du précédent chapitre.
Bonne lecture!




Chapitre XII : Remue-ménage

Les deux jeunes femmes ont beau faire, de trace de Yue elles n’en trouvent nulle part.
« Regarde-moi ça ! » s’écrie Temari en entrant dans la chambre de Gaara.
La fenêtre est grande ouverte. Un courant d’air chaud envahit toute la chambre. Or, quand il fait chaud, il est bien connu qu’il faut fermer les volets si l’ont veut laisser la fenêtre ouverte. Une chaleur suffocante et humide règne dans toute la pièce. Et pour couronner le tout, l’humidité semble provenir du matelas.
« Mais… Il est trempé ! » s’exclame Kimiko.
Telle une grosse éponge gonflée d’eau, le matelas goutte au sol et répand sa flaque sur le parquet. Quand Temari le touche pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts, elle peut sentir sous ses doigts une pellicule d’eau le recouvrir entièrement, tant il est imbibé.
« Il est débile ou quoi ??? » s’énerve Temari. « Je sais très bien qu’il a deux draps housse sur son matelas, c’est moi qui ai instauré ce système, c’est impossible qu’il ait pu salir à travers les deux draps housse ! Il s’amuse à quoi ? Un matelas, ça ne se lave pas à grands coups de seaux d’eau au beau milieu de la chambre, et surtout, en période de restriction d’eau !!! »
« Ne te mets pas dans des états pareils pour rien. Je vais sortir le matelas dehors pour qu’il sèche. Toi, tu fermes les volets pour rafraîchir la chambre et tu passes la pièce derrière moi. »
« Je vais t’aider à porter le matelas. »
« Dans ton état sûrement pas ! » rappelle Kimiko à la future maman. « Tu prends la serpillère. »
Sortir le matelas n’est pas une mince affaire. Son poids est d’autant plus lourd à porter qu’il est gorgé d’eau. Mais Kimiko ne s’en laisse pas compter et parvient à bout de sa peine. A bout certes, mais trempée !
« Essayes de voir où est Yue, je vais aller me changer avant d’aller au centre commercial… » souffle Kimiko, épuisée.
Elle et Temari rentrent dans la maison. Dans le jardin, une curieuse flaque se forme au pied du matelas, s’infiltre entre les rares herbes ayant échappé à la sécheresse de l’été, se faufile dans les fondations de la maison pour ressortir par les fissures des joints, entre les carreaux du carrelage.
« Yue ! Tu étais là ! »
La jeune fille aux cheveux noirs est une nouvelle fois assise contre un mur, dans le salon. Temari la rejoint, lui prend la main, la lève et la tire vers la cuisine.
« Tu es toute barbouillée. Kimiko est dans la salle de bain, et ce n’est pas l’heure pour avoir de l’eau, mais tu sais, je peux très bien te laver dans la cuisine ! » menace-t-elle, excédée.
Mais Yue, comme à son habitude, se laisse faire sans mot dire. Temari la frotte énergiquement avec des lingettes. Mais Yue ne dit vraiment rien. La future maman se calme et s’en veut de l’avoir pris comme ça. Après tout, ce n’est pas sa faute. Elle ne doit même pas comprendre, la pauvre.
« Bon, je suis prête, on y va ? » questionne Kimiko, toute requinquée après s’être changée.

Direction : shopping. Un véritable défilé prend place. Pour la sœur du Kazekage, rien n’est trop beau ! Les boutiques s’enchaînent, les vendeuses sont aux petits soins, elles prennent même la peine d’habiller elles-mêmes Yue pour faciliter la tâche de Temari. On leur offre du thé, des rafraîchissements, et divers petits objets pour elles ou le bébé. Elles sont aux anges !
« Cette tenue est plutôt pas mal ! » n’en revient pas Kimiko. « C’est fou ce que ça change ! Il la lui faut absolument, ça sera pour les grandes occasions ! » s’enjoue-t-elle.
Yue est magnifique. A croire que la robe a été faite pour elle. D’un tissu changeant comme ses yeux, fluide comme ses cheveux. Un prix exorbitant, mais Temari a trouvé la carte bleu de Gaara dans le tiroir du buffet, ce matin.
« Ajoutez-là aux autres s’il vous plait ! » commande Temari.
La tournée des magasins continue de plus belle. Elles en oublient même l’heure, et ne pensent à leurs estomacs qu’à trois heures de l’après-midi. Elles s’accordent une pause délice.
« Tiens Yue, goute-moi ça ! »
Il est vrai que depuis son arrivée, la jeune fille n’a pas vraiment diversifié ses habitudes alimentaires. A part de l’eau, dont elle semble s’emplir littéralement, elle refuse toute nourriture solide, et ce n’est que récemment qu’elle a accepté de gouter aux jus de fruits. Mais là, c’est une occasion à saisir : le meilleur lait au chocolat de toute la région, cuisiné à l’ancienne ! Le péché mignon de Temari et Kimiko.
« Allez, ouvre la bouche ! »
Mais Yue ne parait pas convaincue. C’est liquide, mais ça a une drôle de consistance. Elle serre les lèvres pour ne pas y toucher.
« Non mais regardez cette forte tête ! »
Temari plonge son doigt dans le mug de chocolat et d’un geste vif, l’enfonce dans la bouche de Yue. Au passage, elle est barbouillée de chocolat, mais cette fois Temari est sûre qu’elle a pu sentir le goût !
« Alors ? C’est comment ? »
Yue grimace. Cette intrusion n’est pas pour lui plaire. Elle mâchonne, passe sa langue sur ses dents, et… repasse sa langue sur ses dents… Mais c’est bon !
« Alors tu vois ! Je ne vais pas t’empoisonner ! Je sais bien que tu ne veux pas de solide, mais du lait quand même, et au chocolat en plus ! »
Temari donne sa tasse à Yue et en commande une autre pour elle. La jeune fille aux yeux d’or s’est faite piquée par la fièvre du chocolat et se jette sur la tasse qu’on lui tend. Elle y plonge le doigt, le suce, le replonge, le remet dans sa bouche.
« Tiens. »
Temari met une paille dans son mug et lui montre qu’il faut aspirer. Yue a compris et se régale ! Temari et Kimiko rient. Ça fait plaisir de voir les découvertes de Yue. En sortant du café, Yue ne quitte plus sa paille. Elle la garde à la bouche, souffle, aspire, la mâchouille : impossible de la lui enlever !
Ce n’est pas ce qui va empêcher les deux autres filles de continuer leurs essayages !
« Je veux celle-là ! »
« Et moi celle-ci ! »
« Oh ! Regarde ça comme c’est mignon ! »
Quand arrive la fin de la journée, elles sont obligées de louer les services d’un porteur pour regagner leur domicile : avec tous leurs achats, tous ces paquets, ces sacs, ces boîtes et le reste, il leur aurait été impossible de se débrouiller toutes seules pour tout porter !
« C’était une excellente journée ! » avoue Temari.
« Oui, tout à fait ! » approuve Kimiko.
Mais en rentrant, il faut tout ranger. L’ennui, c’est qu’elles ne savent pas où mettre les affaires de Yue. Elle n’a pas d’armoire à elle, il faudrait revoir tout le plan d’occupation de la maison. Et il y a aussi le matelas qui est toujours dehors !
« Cette fois je t’aide. Il est sec, donc moins lourd, ça ira plus vite à deux. »
Mais les portes sont vraiment difficiles à passer… Après une journée effrénée de shopping, pas moyen de fournir ce dernier effort. Elles tombent en sueur sur les bancs du jardin, le matelas toujours à l’extérieur.

« Salut tout le monde ! Je suis rentré plus tôt aujourd’hui ! »
C’est la voix de Gaara. Yue échappe à Kimiko et Temari et court sauter sur Gaara. Il l’attrape au vol, il commence à avoir l’habitude, et même à apprécier ce petit rituel de bienvenue.
« Où sont les filles ? »
Yue tend le bras en direction du jardin. Gaara sort. Il trouve Kimiko et Temari, les manches relevées, et son matelas au milieu.
« Ah… Heu… »
« Alors ? » exige Temari, les bras croisés sous la poitrine, tapant du pied sous le coup de l’énervement.
Gaara fait descendre Yue de ses bras. Il se sent terriblement gêné. Il est rouge comme une tomate, et entre sa peau et ses cheveux, on ne voit plus la différence.
« Je… Heu… C’est que… »
« Tu sais Gaara, il faut faire attention à… enfin, à ne pas en mettre partout ! » explique Temari, soudainement gênée elle aussi.
« Ce n’est pas moi… » chuchote Gaara, tortillant ses doigts.
« Comment ça ce n’est pas toi ? »
Gaara ne sait pas trop s’il faut avouer ou non. Il ignore encore si quelqu’un d’autre sait que Yue peut se liquéfier pour passer à travers les obstacles.
« Quand… et bien… Quand Yue est… quand elle a … Et bien elle… » commence-t-il.
« Je n’y comprends rien ! » éructe Temari, qui souhaite mettre un terme à cette discussion gênante, et aux sévices de sa literie.
« Yue est une fille de l’eau et… » avance timidement Gaara.
« ET QUOI ??? » s’emporte sa sœur.
« ET PUISQUE VOUS SAVEZ CE QU’ON FAIT LA NUIT, VOUS DEVRIEZ COMPRENDRE QU’EN TANT QUE FILLE DE L’EAU, ELLE SE LIQUEFIE ET PASSE A TRAVERS LE MATELAS, VOILA ! » hurle Gaara.
Il serre les poings, tourne des talons, attrape Yue par la main au passage et rentre dans la maison, furibond.
« Et bien ! Notre frère est un homme finalement ! » s’extasie Kankuro en ouvrant la porte d’entrée après sa journée de vagabondage.
Il arbore un sourire particulier, à l’écoute des exploits de son cadet. Shikamaru derrière lui ne sait trop quoi penser, à mi-chemin entre la compassion pour Gaara qui vient de se vendre tout seul, et le rire que lui inspire la situation. Kimiko et Temari quant à elles, sont restées clouées sur place, dans le jardin, une de chaque côté du matelas.
Temari est la première à se reprendre.
« Kimiko, tu prépares le diner. Kankuro, tu t’occupes de faire rentrer le matelas dans la maison et tu le laisses dans le couloir. Tu ne déranges surtout pas Gaara ! Et toi Shika, tu mets la table. » ordonne-t-elle.
« Et toi ? » demande alors Shikamaru, mécontent d’être une nouvelle fois de corvée de table.
« Moi… Je m’occupe de Gaara. »
Temari prend son courage à deux mains et rentre dans la maison. Elle monte au grenier et fouille dans les vieilles armoires pour en sortir un paquet de tissus informes.
« Je peux entrer ? »
Elle frappe doucement à la porte de son frère.
« NON ! »
Elle entre quand même.
« Mais ne te gêne pas, fais comme chez toi ! Ça sert à quoi de demander si tu fais l’inverse après ?!? » s’énerve Gaara, qui n’a vraiment envie de voir personne.
Yue est assise par terre contre un mur. Ou plutôt elle est à moitié dans le mur. Temari reste figée. Elle n’avait jamais vraiment remarqué. Mais maintenant qu’elle y prête attention, il est vrai que Yue est souvent là où on ne l’attend pas, peut-être parce qu’elle passe vraiment à travers les murs.
« Tiens. »
Temari tend son paquet à Gaara.
« C’est quoi ? » grogne-t-il.
« Une alèse. C’est pour protéger le matelas. C’est étanche. » explique-t-elle avec un petit sourire.
Gaara attrape le drap et le lui arrache des mains. Elle sort de la chambre. Dans le couloir, Kankuro arrive avec le matelas.
« On te laisse ton matelas dehors. » assure Temari en empêchant Kankuro d’entrer de force dans la chambre pour questionner son frère.
Elle ferme la porte derrière eux. Quand le couloir est à nouveau silencieux, Gaara se décide à sortir de sa chambre pour récupérer son matelas et refaire son lit. Il déploie l’alèse et l’installe sur le lit. C’est gentil de la part de Temari quand même. Il aurait pu y penser lui-même.

« A table ! » appelle Kimiko de la cuisine.
Gaara soupire. Il ne va pas rester dans sa chambre. Il n’a plus l’âge de bouder dans son coin. Et en plus il a faim.
« Tu viens, Yue ? »
Ils rejoignent le reste de la famille autour de la grande table de la salle à manger. Gaara est plus gêné qu’il ne devrait, mais à vrai dire personne ne fait attention à lui. Tout le monde parle, mange, et il oublie vite de continuer à broyer du noir. Seul Kankuro l’observe, mais c’était à prévoir.
« On va faire la ronde ? » demande Kankuro, surexcité, en sortant de table.
« Non, pas ce soir. » s’excuse Gaara avec un sourire entendu.
Il a échappé aux mille et une questions coquines que son aîné aurait voulu lui poser. Ouf.
« Bon, ben je vais faire un tour en ville alors. » se reprend Kankuro.
« Moi, je vais me coucher ! » baille déjà Shikamaru.
« Non, vous allez tous rester ici, on va un peu parler de la maison. » réclame Temari.
« De la maison ? » répète Shikamaru en baillant de plus belle.
« Il faudrait penser à agrandir, à faire des travaux, à réaménager, à redécorer, enfin, à faire en sorte que cette maison puisse tous nous accueillir sans qu’on se gêne sans cesse ! » explique la future mère, s’armant d’un calepin et d’un crayon.
« Je sens les choses se corser… » grimace Shikamaru.
« Arrête de râler et assieds-toi là. » l’oblige sa femme.
Devant les regards noirs qu’elle jette à tout le monde, personne n’ose se défiler.
« Bon, alors, il y a le pavillon dans le jardin qui est une vraie bérézina. Mais les murs sont toujours en très bon état. Gaara, j’aimerais habiter là-bas. » confie Temari, rêveuse.
« Heu… Si tu veux. »
« On parle toujours de jardin, mais en réalité le domaine est très grand ici. Je ne vois pas pourquoi on devrait chercher des logements séparés alors qu’il y a de la place plus qu’il n’en faut! » avance-t-elle, enjouée.
C’est vrai. La maison est assez grande pour eux tous. Même pour leurs futures familles. Si parfois avoir la famille sur le dos présente quelques inconvénients, il n’en reste pas moins que depuis près de cinq mois de cohabitation, il ne viendrait à l’idée de pas un d’aller vivre seul. La famille, ça permet de partager les tâches et les plaisirs, après tout.
« Bon ! Je vois à vos sourires béats que tout le monde est de mon avis ! » recentre Temari, tout à fait heureuse. « Alors le pavillon, c’est pour Shikamaru et moi. J’y ai déjà pas mal d’affaires de quand j’étais petite après tout. Ce qui va libérer l’étage. A ce moment-là, on peut dire que l’étage sera pour Kankuro et Kimiko. Elle dort dans le grenier la pauvre, elle ne va pas toujours y rester. »
Kankuro jette un coup d’œil à Kimiko. Ça fait un moment qu’elle n’a plus dormi dans le grenier…
« Donc, l’étage et les sous-pentes, c’est pour Kankuro et sa famille. » résume Temari.
« Kankuro et sa famille, tu vas vite en besogne ! » rie Kankuro.
« Aller vite en besogne, c’est ta spécialité. Tu verras ce que je dis, Kankuro et sa famille me remercieront plus tard. » avance Temari, très sûre d’elle.
« Ce qui fait que tout l’étage du bas est à moi. » conclut Gaara. « Parfait, j’ai la cuisine, la salle de bain, la salle à manger, vous êtes ici chez moi : tout le monde dehors ! Je vais aller dormir. »
Un sourire aux lèvres, il commence à se lever de table.
« Bien joué, mais je n’ai pas fini ! » le rattrape Temari.
Elle dessine sur son calepin, elle fait des listes. Finalement, tout le monde se laisse prendre à son jeu et y va de son coup de crayon. On décide des murs à abattre, des nouvelles cloisons à poser. Il faudra faire une salle de bain plus grande à l’étage, et en aménager une dans le pavillon. Chacun aura sa cuisine et son salon, il y a assez de place pour se le permettre, mais c’est ici qu’ils se réuniront tous. Après tout, cet endroit de la maison est le plus spacieux, le mieux conçu, toujours au frais, et plein de souvenirs. Et il faut s’occuper de Yue aussi.
Ce n’est que fort tard qu’ils se décident à aller se coucher, épuisés mais heureux d’avoir tout mis en place. De vivre ensemble. Comme une grande famille.
« Avant de partir ! » appelle Temari de l’escalier. « On a acheté des vêtements pour Yue, il faudra que tu fasses une place dans ta chambre pour qu’on lui range ses affaires, en attendant que vous disposiez du rez-de-chaussée entier. »
Gaara sourit. Ils s’y croient tous déjà.
« Ok, ça sera prêt pour demain matin. Bonne nuit. »
« Bonne nuit. »

Le lendemain matin, une sorte de branle-bas de combat envahit la maisonnée. Kankuro et Shikamaru sont préposés à l’achat des matériaux. Quand Gaara se lève, ils sont déjà en train de charrier des briques, du plâtre et autres ciments et carrelages. Kimiko est chargée du ravitaillement. Temari s’est autoproclamée grande organisatrice.
« Mais qu’est-ce que vous faites ? » baille Gaara en s’étirant.
« Tiens, avale ton café et déguerpis d’ici. File à ton bureau. Aujourd’hui, on s’occupe du pavillon. Tant que Shika et moi, on sera à l’étage, Kankuro et Kimiko ne pourront pas s’installer, et en conséquence toi non plus. » lui explique sa sœur.
« Ah… Si vite ? »
« Si vite ?! Je te signale que je suis enceinte depuis déjà plus de huit mois ! Ce qui fait qu’il ne reste qu’un mois pour tout faire avant l’arrivée du bébé !!! »
« Passez directement par le jardin ! C’est peut-être un détour, mais vous voyez bien que ça ne passera jamais par la porte ! » ordonne Kimiko.
Kankuro et Shikamaru font la moue.
« C’est pas comme si c’était lourd ! » ironise Kankuro, portant d'énormes sacs de ciment qui passent difficilement pas la porte.
Gaara sourit à l’agitation qui règne dans sa maison. Quand il pense qu’il n’y a pas si longtemps, sa sœur était à Konoha, et Kankuro ne rentrait que quand il était à court de ressources… Maintenant, ils sont six dans cette maison. Bientôt sept avec le petit Nara qui va arriver. C’est perdu dans ces heureuses pensées familiales que le Kazekage gagne son bureau.
« Monsieur, les équipes 3 et 4 sont rentrées de mission et demandent une entrevue pour effectuer leurs rapports. »
« Hmm ? »
« Je leur dis de venir plus tard ? »
« Non non, excusez-moi j’étais ailleurs un moment. »
Gaara ramasse les feuilles de son bureau et en fait des petits paquets. Quand même, rêvasser comme ça… Se prendre à penser à avoir des enfants…
« Equipes 3 et 4 au rapport Monsieur ! »
La journée suit son cours. Gaara aimerait écourter ses heures de bureau mais c’est la journée des retours de missions et il est hors de question qu’il sacrifie son travail à ses envies personnelles.
« Bonsoir tout le monde… »
Quand il retourne enfin chez lui, ce n’est que pour trouver une maison endormie depuis bien longtemps. Il n’ose même pas allumer les lumières pour voir ce qui a été fait en son absence. Dans la chambre, des tas de sacs sont entreposés par terre. Ils contiennent des vêtements de femme. Mince, il a oublié de faire de la place dans son armoire pour les affaires de Yue.
« Yue ? »
Elle n’est pas dans le lit. Pourtant, c’est Temari qui la couche d’habitude, et elle attend toujours Gaara, assise au milieu des draps défaits. A n’importe quelle heure qu’il soit rentré, elle a toujours été là à attendre, plus ou moins endormie, mais là.
« Yue ? »
Une silhouette se détache du mur. La jeune fille était sortie. Elle sort complètement du mur et s’approche du lit dans l’ombre de la lune. Ses yeux jaunes brillent. Un frisson d’inquiétude parcourt l’échine de Gaara.
« Yu… Yue ? »
Elle tend ses bras et l’enlace, se pend à son cou dans la posture qu’on lui connait. Gaara la prend dans ses bras, rassuré. Qu’est-il allé imaginer ?
« Tu as passé une bonne journée ? »
Yue desserre son étreinte et s’assoit sur le lit. Elle laisse pendre ses jambes et les balance contre le rebord du matelas. Une journée curieuse, mais une bonne journée malgré tout, comprend Gaara. Il se couche.
Le lendemain matin, il est obligé de se lever très tôt, encore beaucoup de travail l’attend, en cette période de l’année.
Yue se réveille en même temps que lui. Elle aimerait bien aller aux bains.
« Nous sommes en restriction d’eau. A cause de la sécheresse. »
Et alors ?
« Et donc les bains sont fermés, et l’eau courante accessible uniquement la nuit. » explique Gaara en s’habillant à la hâte.
C’est toujours comme ça, à Suna. L’été, on prend soin d’économiser l’eau au maximum si on ne veut pas en manquer.
« Bon, je dois y aller. Bonne journée. »
Yue tend sa joue. Gaara y dépose un baiser. Il sourit en partant. La maison dort encore. Sur le chemin, il passe sa langue sur ses lèvres.
« Tiens, elle n’a pas le même goût que d’habitude. »

« Debout tout le monde ! Les travaux continuent !!! » hurle Temari en tirant les draps.
Shikamaru grogne.
« Il ne fait pratiquement pas jour… » bougonne-t-il.
« Et bien c’est déjà assez pour y voir clair. Si on ne commence pas maintenant on devra travailler à midi, et c’est impossible vu la chaleur qu’il fait. »
« Alors on n’a qu’à travailler plus tard… »
Temari tire Shikamaru par la couette. Il se lève d’un bond pour éviter qu’elle ne lui arrache les cheveux.
« Je vais finir chauve à cause de toi. »
« Et moi ce n’est pas mon premier enfant que j’attends mais mon deuxième. Allez, espèce de gros bébé, sors de la chambre et va boire ton café, tu n’es bon à rien si tu ne le bois pas… »
Shikamaru s’exécute. En bas, Kimiko est déjà aux fourneaux pour préparer le petit-déjeuner, mais aussi le repas du midi. C’est qu’ils ont une grosse journée en perspective : on leur livre la bétonneuse aujourd’hui.
« Si Gaara restait à la maison, il pourrait tout colmater avec du sable en un clin d’œil. » marmonne Shikamaru en remuant sa tasse.
« Oui ! Si on laissait ça à Gaara ??? » supplie Kankuro, lui aussi très fatigué.
« Et pendant ce temps, tu le remplacerais au bureau de Kazekage, tu remplirais des papiers, tu préparerais des missions, et… » commence Temari.
« Sans problème… » ronchonne Shikamaru.
« Toi peut-être, quoi que tu pourrais t’endormir dessus, mais cette andouille de Kankuro sûrement pas ! » se moque Temari.
« Eh ! J’suis pas une andouille ! »
« La preuve que si ! » reprend Kimiko. « Qui a monté les tuiles du pavillon à l’envers ? »
« C’est Shikamaru ! » dénonce Kankuro. « Je le fais comme je veux, le toit ! » se vexe-t-il.
« Ah bon ? Et bien vas-y, on attend de voir ! »
Temari et Kimiko se mettent à rire. Shikamaru grimace en direction de Kankuro. Il s’est fait avoir comme un bleu.
« Bon, mettez-vous au travail, je vais chercher Yue. »
Les deux garçons se dirigent vers le jardin pendant que Kimiko débarrasse la table.
« Pas la peine d’aller chercher Yue ! Elle est là !!! » hurle Shikamaru dans l’entrebâillement de la porte.
La jeune fille est accroupie au milieu du jardin, la main droite plantée jusqu’au coude dans le sol. D’étranges écritures se propage sur son bras et remontent son épaule, et autour d’elle, la terre a complètement grillé.
« Mais qu’est-ce que tu fais ??? »
Au cri affolé de Temari, Yue semble se reprendre. Elle sort la main de terre et se relève. Aussitôt, les tatouages redescendent le long de son bras pour n’être plus présent que sur l’ongle de son index, quasiment invisibles.
« Tu es couverte de boue ! Regarde-moi ça ! »
Temari attrape Yue et la ramène à l’intérieur de la maison.
« Il est trop tard pour avoir de l’eau, mais il y a toujours les lingettes ! »
Yue grimace.
« Ah oui, tu n’aimes pas ça hein ? Et bien la prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois ! »
Temari nettoie Yue avec ces fameuses lingettes. Pendant ce temps, Shikamaru fait tourner la bétonnière, Kankuro défonce à grands coups de masse les derniers pans de murs indésirables, et Kimiko ramasse les morceaux pour les porter un peu plus loin.
« Attends, je vais t’aider ! » propose Temari.
Mais se baisser pour attraper les gravats n’est pas des plus faciles pour elle et son gros ventre. Au final, elle supervise la bétonnière pendant que Shikamaru ramasse les gravats.
De son côté, Yue s’est recroquevillée dans un coin d’ombre épaisse et attend en regardant le ciel.

« Bonsoir tout le monde ! »
Mais encore une fois, personne ne répond à Gaara. Il est pourtant rentré plus tôt que la veille, mais apparemment pas assez tôt pour une équipe fatiguée par d’importants travaux de terrassement.
Gaara meurt d’envie de jeter un coup d’œil au jardin, mais à Suna, les nuits sont aussi noires que les jours éclatants, et l’obscurité aveugle tout autant que le soleil. S’il sortait sans lumière, il n’y verrait rien. Et s’il allume une lampe, il risque de réveiller tous ces braves travailleurs qui se démènent pour lui. Il regagne sa chambre en soupirant.
Yue n’est toujours pas là.
« Yue ? »
Elle sort du même mur que la dernière fois et s’essuie la bouche d’un revers de manche.
« Qu’est-ce que tu faisais ? »
Une goutte d’eau perle aux encoignures de ses lèvres.
« Tu bois directement dans les canalisations ? » s’amuse Gaara. « Remarque, elle doit être bien fraîche, et du moment que tu ne te trompes pas de tuyaux… »
Yue s’allonge dans les draps. Gaara s’installe à côté d’elle et tend le bras : elle pose sa tête sur sa poitrine.
« J’ai hâte d’avoir un peu moins de travail pour rester plus longtemps avec toi. On pourrait aller au lac, la prochaine fois que j’ai un congé ? »
Il caresse sa joue d’un revers de main. Sa peau est douce et chaude.
« Tu as chaud toi aussi… »
Yue transpire beaucoup, mais elle sourit. Il fait chaud pour tout le monde à Suna. Gaara s’endort. Yue n’arrive pas à fermer les yeux. Elle manque de larmes pour les hydrater, et fermer ses paupières l’irrite. Elle finit pourtant par s’endormir.
Quand elle se réveille, Gaara n’est déjà plus là et il fait jour dehors.

« On a fait la grasse mat ? » questionne Temari en voyant Yue sortir enfin dans le jardin.
« Ouais… Yen a qui ont de la chance… » marmonne Shikamaru.
« Attention à ce que tu fais ! Le Placoplatre a failli me tomber dessus !!! » se plaint Kankuro, en fixant la fameuse plaque isolante.
« Je crois qu’on a frappé ! » remarque Kimiko, en sortant la tête de sa planche à tapisser.
Temari va ouvrir.
« Miyako ! Ça fait un sacré moment qu’on ne t’a plus vue !!! »
Mais la jeune fille reste mi-figue mi-raisin.
« Yue est toujours là ? »
« Oui, mais ne t’inquiète pas, elle est gentille tu sais ! »
Miyako ne semble pas totalement convaincue.
« J’étais venue voir s’il y avait encore du travail pour moi ici, mais je vois qu’il y a Kimiko, vous n’avez sans doute pas besoin d’une aide ménagère supplémentaire… »
« C’est mal connaître cette maison et les hommes qui y habitent ! » se moque Temari. « On est en plein travaux de réaménagement ! »
« Ah bon ?
Temari fait visiter à Miyako.
« …et Gaara et Yue pourront garder tout le rez-de-chaussée ! Comme c’est la maison du Kazekage tu comprends, c’est plus logique que ce soit lui qui ait l’entrée. »
« Gaara et Yue ? »
« C’est vrai que ça fait un moment que tu n’es pas revenue, mais il s’en est passé des choses, ici ! » sourit Temari.
Sa bonne humeur et le temps passé lui ont fait oublier que la dernière transformation de Yue avait valu une jambe dans le plâtre à Miyako, et que la jeune fille n’avait jamais vu d’un bon œil que Gaara ait recueilli ce monstre chez lui sans demander l’avis de personne.
« Pour aujourd’hui on a déjà préparé à manger, mais tu peux toujours aider aux travaux tu sais ! »
« Non, je ne manie pas si bien les marteaux et les truelles. Je cherche du travail domestique à long terme et vous n’avez pas assez besoin de moi ici pour que je reprenne du service. J’ai une autre maison en attente, tu comprends, une famille de huit enfants, et le père souvent en mission… »
Temari ouvre de grands yeux. Huit enfants, et le père en mission… Avec un bébé, acceptera-t-elle que Shikamaru s’éloigne très longtemps ?
« Oui, tu as raison, repasse quand tu veux ! Et si on a besoin de toi, on pourra toujours t’appeler ! »
« Oui, c’est ça. Au revoir. »
Miyako sort de la maison.
« Bon ! C’est pas tout ça, mais au travail ! » se ressaisit Temari.
A la fin de cette troisième journée de travaux, le pavillon a pris son aspect définitif : les murs correspondent aux pièces que désiraient le jeune couple, et il ne manque plus qu’à fignoler. Carrelage, peinture et tapisserie seront pour le lendemain.
Image
The FFNPA's Raaly fan!
yukiyoruno
Gennin
Messages : 461
Inscription : jeu. 22 sept. 2005, 19:22
Localisation : Quelque part en France
Contact :

Re: XouX : "Eau et Sable" (sortie : chapXII)

Message par yukiyoruno »

J'ai bien aimé la suite des aventures de Gaara et Co même si la côté très quoditienne me plaît de moins en moins. C'est dû surtout à la répétition.
Décidement, j'aime la fleuriste et ses observations justes (même si c'est sur les sentiments humains).
Le comportement récent de Yue commence être bizarre... Elle s' étouffe et va se transformer en monstre sous l'effet de la chaleur?

Je trouve que l'ambiance est très familial et très intimiste dans ces derniers chapitres...C'est normal.
Quand le bébé de Temari et de Shikamaru va naître...

Je n'aime pas les passages d'amour entre deux couples, c'est un peu niais (au même temps, je n'aime pas tellement les histoires des couples) mais c'est déjà bien que les passages de "sexe" sont discrets et non explicites juste implicites. C'est un point positif dans ta fanfic.

Parce que d'autres fanfics, les auteurs (souvent jeunes) ont du mal d'écrire de façon atténuante et discret sur la vie sexuelle des protagnistes...

et voilou. Bonne continuation pour ta fanfic et j'espère qu'il y aura les actions typiquement ninjas, l'atmosphére inquiétante dû aux comportements de plus en plus bizarres de Yue etc...

Sinon, ne prête pas attention au nombre de visites. Il y en a qui cliquent ton topic tout simplement, pour avoir un aperçu de ta fanfic (la longueur du texte, les personnages, le thème...). Il y a aussi les flemmards de te laisser un comm'. C'est comme ça, malheureusement.
"Tuer la Monotonie" la devise des Imprévisibles
Répondre