XouX : "Eau et Sable" (nouveau : chapXIV) p3

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

xoux
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Re: XouX : "Eau et Sable" (sortie : chapXII)

Message par xoux »

Merci Yuki de toujours me lire !

Je sais que le côté plus quotidien que ninja est pesant... Mea culpa. Dans la suite, ça devrait aller (j'ai fait des efforts, si si, je te jure!)
D'ailleurs, tu as très bien interprété le changement de Yue. Mais ça va être beaucoup plus qu'une histoire de "monstrification"...
niark niark niark...
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xoux
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Re: XouX : "Eau et Sable" (sortie : chapXII)

Message par xoux »

Voici le début d'une action de vrai ninja qui va ouvrir une nouvelle ère dans cette fanfic : et oui! j'ai découvert comment écrire des combats et le reste!
Ici donc, le chapitre qui annonce du ninja, beaucoup de ninja, dans les cinq prochains chapitres. Mais bon, ça commence soft.


Chapitre XIII : Pierres

Une fois encore, quand Gaara rentre, tout le monde est endormi. De sa fenêtre, il peut contempler le pavillon. Il a l’air d’avoir grandi d’une pièce ou deux de plus. Il sourit. Yue n’étais pas dans la chambre, mais elle glisse ses bras autour de son cou.
« Tiens, tu as la peau un peu râpeuse. » remarque Gaara en passant sa paume le long de son bras.
C’est à cause des lingettes…
« Je dirais à Temari de ne plus s’en servir. »
Si seulement ça pouvait changer quelque chose.
Mais cela, Gaara ne l’entend pas. Yue est déjà couchée, et à peine a-t-elle posée sa tête sur son oreiller préférée qu’elle s’endort à poings fermés.
Gaara caresse ses cheveux qui dégoulinent sur son torse et le chatouille à chaque inspiration qu’il fait.
« Ces travaux ont l’air de t’épuiser toi aussi. »
Le lendemain, il laisse Yue dormir, et quand elle se lève, les autres membres de la maisonnée son depuis longtemps au travail.
« Et Yue, elle pourrait aider non ? Peindre des murs en blanc, ça ne demande pas une grande qualification ! » se plaint Kankuro.
Kimiko entreprend d’enseigner la peinture à Yue, mais l’étrange pâte, ni liquide, ni solide, semble avoir de drôles d’effets sur elle.
« Il ne faut pas mettre les doigts dedans ! » explique Kimiko. « Juste le pinceau ! »
A mesure que le mur prend des couleurs, Yue semble en perdre. Bientôt, elle sera plus blanche que l’acrylique.
« Ça doit être les vapeurs. Viens là… » s’apitoie Temari.
Elle l’amène dans la cuisine et lui sert un jus de fruit. Yue le vide d’un trait et laisse la marque de ses doigts blanc sur le verre.
« Tu as de la peinture partout ! »
Hop ! Une lingette par ci, une lingette par là, Yue est bien vite débarbouillée.
« C’est frais les lingettes, ça va te faire du bien ! »
Elle ressert un autre jus de fruit à Yue qui le finit aussi sec.
« Nous aussi on a soif !!! »
« J’arrive ! »
« Aujourd’hui, il fait terriblement chaud ! Je propose qu’après ça on s’arrête un peu. Avant d’ameubler et de décorer, il va falloir que ça sèche, alors pas la peine de forcer aujourd’hui ! »
« J’espère que l’eau courante arrivera plus tôt aujourd’hui. » soupire Kankuro en frottant ses mains l’une contre l’autre.
« Et moi j’espère que tu ne passeras pas tant de temps à la salle de bain : hier j’ai dû attendre la deuxième vague pour me laver, et c’était à trois heures du matin ! » se plaint Kimiko.
« Le plus à plaindre c’est Gaara : ça fait trois jours qu’il travaille tant qu’il ne voit personne ! »
« Bien m’en fasse ! Ce n’est pas moi qui me plaindrais… » ronchonne Kankuro.
« Il faut qu’on fasse ouvrir un deuxième compteur, comme ça quand il n’y a pas d’eau, on peut gruger… » suggère Shikamaru.
Les originaires de Suna le dévisagent, les yeux exorbités.
« Tu plaisantes j’espère ? » s’indigne Temari.
« Peut-être pas un deuxième compteur mais séparer la ligne en trois ça pourrait être pas mal pour les factures. Comme ça on saurait qui consomme quoi. » rattrape-t-il au vol.
Ce n’est pas une bête idée. Il faudra en parler à Gaara, et voir aussi comment s’y prendre pour payer les factures communes comme le jardin ou la nourriture, mais l’idée est à creuser. En tout cas, il faudra bien trois lignes de téléphone. Ils n’ont pas pensé à ce genre de choses-là.
« Je vais me doucher ! » annonce Temari.
Dix minutes plus tard, c’est au tour de Kimiko de prendre possession de la salle de bain. Après elle vient Kankuro. Quand Shikamaru entre dans la salle d’eau, les robinets sont à sec.
« Putain de pays à la noix !!! » hurle-t-il.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » s’inquiète Temari à travers la porte de la salle de bain.
« Il n’y a plus d’eau. »
« Tu te laveras à la prochaine vague. »
« Je suis à poil dans la baignoire… »
« Et bien rhabille-toi ! »
« MAIS J’AI PISSE DANS LA BAIGNOIRE ! J’EN AI PARTOUT ET … !!! »
Temari éclate dans un fou rire incontrôlable.
« Attends ! Je vais te chercher les lingettes ! »
Elle rit toujours autant quand une main de Shikamaru dépasse de la porte entrouverte pour réclamer ses lingettes. Il faudra attendre la nuit, et la deuxième vague d’eau courante, pour être enfin bien propre.
« Quand même, il n’y a pas de quoi rire… » s’énerve-t-il alors que tout le monde sourit en le voyant. « Un deuxième compteur, c’est peut-être pas une mauvaise idée. »
« Non, pas de deuxième compteur. » affirme Kankuro.
« Tu vois ? Même lui est plus mature que toi sur ce coup-là ! » avoue Kimiko.
« En tout cas, cette histoire d’eau sera vite résolue quand on aura chacun notre salle de bain ! Alors ne parlons plus de fraude à la compagnie des eaux, et pensons que les travaux sont bientôt finis ! » applaudit Temari.
« Bientôt, bientôt, c’est un grand mot ! » rappelle Shikamaru.
« Peut-être, mais en attendant que le pavillon sèche et qu’on puisse emménager, on va travailler l’étage pour Kimiko et Kankuro, ce qui veut dire qu’on sera en intérieur pour travailler, et qu’il y fera donc bien plus frais que dehors… » se réjouit Temari en sirotant son jus d’orange.
« Encore heureux que Suna ait des actions chez Pampril, Joker et Paquito, parce que sans vos fichus jus de fruits, la moitié de la population crèverait en été ! » fait remarquer Shikamaru, la paille au bec, aspirant goulûment son jus multivitaminé.
« Je vais laisser un mot sur la table pour Gaara, pour qu’il s’occupe de Yue cette nuit, pendant la troisième vague d’eau courante. » prévoit Temari.
« Quand même… Au bout de trois jours, il n’y pensera pas tout seul ? Il a bien trouvé les autres messages ? » s’enquiert Kimiko.
« Oui, mais… »
« Et Yue est propre tous les matins ? » ajoute Kimiko.
« Oui mais… »
« Et bien fais-lui un peu confiance ! Il est Kazekage, il peut comprendre au bout de trois jours qu’il doit s’occuper de laver Yue en même temps que lui le soir ! » objecte Kimiko.
« Oui mais tu sais, si on ne lui rappelle pas tous les jours qu’il faut se laver, c’est une chose que Gaara peut oublier facilement, vu comme il déteste l’eau. »
Temari laisse le petit mot bien en vue sur la table. Tout le monde monte se coucher. La nuit, Yue erre dans la maison. Ses déplacements à travers les murs et les objets ont encore une fois fait voler le petit mot destiné à Gaara.

« Bonsoir ! »
Mais tout est calme dans la maison, et sans lumière, il ne voit pas le morceau de papier tombé au sol.
« Yue ? »
La jeune fille sort du mur.
« Encore à jouer avec les canalisations… » sourit Gaara en s’habillant pour la nuit.
Yue s’installe dans le lit.
« Tu sens la lingette. » s’amuse Gaara.
Le lendemain, les travaux de l’étage commencent. Et la première chose à faire est de donner son indépendance à cette partie de la maison.
« Quand est-ce qu’ils vont livrer l’escalier ? » s’impatiente Kimiko.
« Aucune idée, mais en attendant, les garçons vont percer le mur pour faire la porte qui conduira à l’extérieur, ils vont aussi mettre une trappe en haut de l’escalier actuel… »
« Et pourquoi on condamnerait cet escalier ? » s’inquiète Kankuro entre deux coups de masse destinés à percer la porte.
« Pour que tu n’ailles pas toutes les trente secondes importuner Gaara et Yue. Si tu veux les voir, tu descendras par le dehors et tu taperas à la porte. » explique Kimiko.
« Ah bon… »
Kankuro grimace. Quand même, lui interdire l’accès du rez-de-chaussée par une porte…
« Et vous allez aussi agrandir la salle de bain, et aménager une cuisine. » poursuit Temari.
« Et vous, qu’est-ce que vous allez faire pendant ce temps ? » s’informe Shikamaru, déjà fatigué.
« Nous ? On va poser des panneaux isolants dans le grenier pour le transformer en grande chambre, et on va mettre le papier peint, monsieur le râleur. » rétorque sa femme.
Les travaux avancent bien. Les ouvriers posent l’escalier extérieur et aident à tirer les fils et tuyaux nécessaires à la réalisation d’une cuisine et d’une meilleure salle d’eau.
« Au fait, vous avez vu Yue ? » s’inquiète soudain Temari.
« Non. »
« Moi non plus. »
« Tu crois qu’elle est où ?» interroge Kimiko.
« Je ne sais pas du tout. Ça fait un moment que je la cherche, et la maison n’est pas si grande… »
Temari tortille ses doigts.
« Je sens qu’elle est partie. Il manque quelque chose ici, et c’est elle… » s’affole la future maman.
Kimiko ne semble pas sentir ce genre de chose, mais fait entièrement confiance à l’instinct maternel qui anime son amie depuis quelques temps.
« Bon, on n’a qu’à aller en ville et on va la chercher ! » décide Kimiko.
« On vient vous aider. » propose Kankuro.
Mais en ville, nulle trace de Yue. Il faut prévenir Gaara, c’est toujours lui qui parvient à la retrouver.
« Gaara ! Gaara ! Yue a disparu !!! » s’écrie Temari en entrant comme une foudre dans son bureau.
Les portes claquent derrière elle. Gaara lâche ses papiers et sort en trombe du bureau. Une fois dans la rue, il se concentre… Son sable ne ressent pas la présence humide de la jeune fille. Mais où est-elle ? C’est comme si elle s’était volatilisée.

« He, maman, ya une drôle de dame… »
« Ne t’approche pas… »
Un peu plus loin, Yue a planté ses doigts dans le sol. Les écritures remontent le long de son bras, mais encore une fois, elle n’a rien trouvé. Elle ne laisse derrière elle qu’un cercle de terre desséchée.
« Yue ? »
Mais Gaara arrive trop tard.
« Regardez, je suis sûr que c’est elle qui a fait ça ! »
« Quoi ? Ce rond cramé, là ? » interroge Kankuro.
« Oui, c’est comme dans le jardin, hier. » fait remarquer Temari.
« Elle en a déjà fait ? » demande Gaara.
Affirmatif.
Ils se remettent en route et courent à travers les rues. Elle ne doit pas être très loin, on peut trouver ci et là ces ronds brulés caractéristiques.
« Les filles, vous restez dans les parages, nous on va chercher plus loin. » propose Gaara.
En déplacement ninja, exercice interdit à Temari dans son état, les trois garçons arrivent en quelques secondes à l’étang où Yue aime aller.
« Est-ce que vous avez vu Yue ces derniers temps ? » s’informe Gaara auprès du gardien du parc.
« La petiote qui parle pas ? Pour sûr que je l’ai vue ! »
« Mais quand ? Aujourd’hui ? Où est-elle ? » s’inquiète le jeune homme aux cheveux rouges.
« Ah ben non, pas cette journée, non. La pauvre, elle est venue hier et avant-hier pour se baigner dans son coin d’eau, mais c’est que de l’eau ici, y en a guère l’été ! »
« Et alors ? » précipite Gaara.
« Et alors, y reste plus qu’une flaquasse de boue, pardi ! Elle s’est assise dedans, et hier la terre a crevassé tant elle était sèche ! »
« Yue cherche de l’eau… » murmure Gaara.
« De l’eau ? » interroge Shikamaru. « Ote-moi d’un doute : tu la laves le soir quand tu rentres ? »
« Pourquoi ça ? »
« Tu te laves toi ? » demande Kankuro.
Gaara lui jette un regard noir.
« Tu as eu les mots de Temari ? » recentre Shikamaru. « Avec les restrictions d’eau, on ne peut pas tous passer à la douche pour la première vague d’eau courante. Alors on te laisse toujours t’occuper de Yue puisqu’elle ne dort pas tant que tu n’es pas rentré. »
« Les mots de Temari ? » ne comprend pas Gaara.
« Elle t’a laissé un mot tous les soirs pour te dire de doucher Yue. »
« Alors en fait ça fait presque une semaine que tu ne te laves pas ??? » répugne Kankuro.
« Ça fait surtout presque une semaine que Yue n’a pas eu de contact avec de la vraie eau, et pour elle ça doit être insupportable. » révèle Shikamaru.
« Elle est donc partie chercher de l’eau. » résume Gaara. « Mais à Suna, en ce moment, il n’y en a plus… »
« Allez donc voir du côté des grandes canalisations ! » suggère le vieillard en charge de la réserve.
« Les aqueducs ! » reprend Shikamaru. « Mais comment n’y ai-je pas pensé plus tôt !!! »
Les trois garçons repartent en direction de la ville, les aqueducs sont exactement à l’opposé de là où ils se trouvent.

Au détour d’une rue de Suna, une jeune fille part faire son marché.
« Eh ! Yue ! Qu’est-ce que tu fais ici ? »
C’est Miyako qui l’a trouvée. Sortie faire les courses, elle est tombée sur la jeune fille, accroupie par terre, le bras enfoncé dans le sol.
« Mais… Mais… Tu es un monstre ! » s’écrie-t-elle, terrorisée.
Les yeux jaunes de Yue la regardent en biais. Miyako, tétanisée par la peur, lâche son panier à commissions et parvient à fuir en courant. Elle atterrit un peu plus loin dans les bras de son frère.
« Qu’est-ce qu’il y a, Miya ? »
« Là…Là-bas ! C’est elle ! C’est le monstre ! » hurle Miyako, traumatisée par sa dernière rencontre avec une Yue transformée.
« Attends, je vais aller voir… Les gars, avec moi ! » ordonne Fuyusuke.
Au coin de la rue, tapie dans l’ombre, Yue fouille toujours la terre. Ses yeux jaunes luisent dans l’obscurité.
« Alors c’est toi le monstre qui a pété la jambe à ma sœur ? » questionne le jeune homme.
Pas de réponse.
« Je te parle ! »
Devant le silence qui suit, il s’approche des yeux.
« Espèce de sale monstre… »
Il donne un petit coup de pied dans un caillou, pour l’envoyer vers Yue et la faire réagir. Le geste est à peine esquissé que Yue sort son bras du sol et se recule d’un bond. Ses ongles ont démesurément poussés et ressemblent à des griffes acérées. Effrayée par le caillou, elle gifle l’air pour repousser cet ennemi qui la menace.
« Woh ! »
Fuyusuke fait un pas en arrière. Yue, toutes griffes déployées, l’attend de pieds fermes, prête à bondir. Un kunaï siffle devant elle, lui indiquant la limite à ne pas franchir.
« Hé ! C’est un vrai chat sauvage ! » hue un gars de Fuyusuke.
Le frère de Miyako n’a pas l’intention de se dégonfler devant toute sa bande réunie.
« Ce n’est pas un chat sauvage, Hidéaki. C’est un monstre… » rétorque Fuyusuke, le regard noir.
Il s’avance à nouveau vers Yue. Elle le griffe à la jambe.
« Putain ! J’étais venu discuter mais je vois que tu préfères passer direct à la baston… Tes sales yeux de monstre me font pas peur ! »
Fuyusuke se jette dans l’ombre, droit sur Yue, et tente de l’attraper. Elle se débat si bien qu’elle lui glisse entre les doigts.
« C’est pas un monstre, c’est une anguille ! » s’énerve Fuyusuke, essoufflé.
« C’est pas une anguille. C’est un chat sauvage, je te dis. Et moi, les chats sauvages, je les chasse à coups de pierre ! » suggère Hidéaki, faisant sauter une pierre dans sa main.
Il jette la pierre de toutes ses forces sur Yue. Elle parvient à l’esquiver, mais les autres garçons la prennent également pour cible.
« Prends ça, sale monstre ! »
Fuyusuke parvient à la toucher au front. Le sang l’aveugle et la rage la prend. Yue ne cherche plus à éviter les jets de pierres, elle fonce droit dans le tas et attrape au vol une jambe pas assez rapide.
« Aahhh !!! »
« Putain de chat sauvage ! » s’exclame Hidéaki.
« Putain de monstre ! » reprend Fuyusuke en s’enfuyant.
Trop tard. Yue le mord. Le sang coule dans sa bouche et le long de son visage. Mais bien plus que la marque profonde des dents, c’est celle de ses ongles qui fait souffrir son prisonnier. Elle les enfonce dans sa peau sans qu’il ne s’en rende compte, mais quelque chose cloche. La proie qu’elle enserre se dessèche sur place.
« YUE ! »
A la voix de Gaara, la jeune fille lâche sa prise. Titubant, ce qui reste de son agresseur s’éloigne comme il peut.
« C’est un monstre !!! » hurlent les autres, courant pour s’enfuir.
Yue reste tapie dans l’ombre. Elle se recroqueville sur elle-même, une nouvelle fois prête à bondir.
« Yue… »
Les yeux jaunes scintillent toujours, mais le bond reste en suspend. Elle hésite.
« Splafffff !!! »
Temari est arrivée, armée d’un grand seau d’eau froide qu’elle a jeté en plein visage de Yue.
« Temari ! »
« C’est comme ils disent : il n’y a pas trente six façons de s’y prendre avec les chats sauvages ! Mais j’ai toujours préféré les jets d’eau aux jets de cailloux ! » explique-t-elle.
Yue semble tout à coup revenir à elle. Elle baisse ses grands yeux sur la flaque d’eau que la terre absorbe déjà. Vite, elle plante son bras dans le sol, jusqu’à l’épaule, et frotte sa joue dans la boue, guettant la moindre goutte qui pourrait lui échapper.
« Yue ? »
Elle se redresse soudain, les yeux noirs. Elle ne comprend pas ce qu’elle fait là. Où est-elle d’abord ? Et pourquoi sa vision se brouille de rouge ?
« Viens Yue. »
Gaara lui tend la main. Elle s’approche. Sa peau est rêche et sèche. Elle est totalement déshydratée, et le manque d’eau l’a conduite à la folie.
« Viens, on va aller aux bains, on leur demandera de nous donner de l’eau. »
Yue prend la main qu’il lui tend et se lève péniblement. Après une si vive émotion, elle est en sueur et perd ainsi les dernières gouttes d’eau que peut contenir son organisme affaibli. Yue tient à peine debout. Gaara est obligé de la porter. Ses grands yeux se ferment à demi. Même si ce n’est pas l’heure, même s’ils sont en restriction, Gaara usera de son pouvoir de Kazekage s’il le faut. Le gérant ne peut rien refuser au jeune homme aux cheveux rouges. Et Yue, les yeux sombres, les joues et les épaules pleines d’un sang qui n’est pas le sien est un bon atout de persuasion, malgré elle.
Les thermes sont tout à eux.

« Je suis désolé… » soupire Gaara en baignant Yue.
Au contact de l’eau froide, la jeune fille semble revivre. Sa peau retrouve sa fraîcheur habituelle, alors qu’elle était devenue si chaude ces derniers temps. Gaara a beau remplir le bassin, Yue semble absorber l’eau plus vite qu’elle ne coule. Elle met sa tête sous l’eau, les yeux grands ouverts, et tend les bras au flux qui la fait revivre.
Gaara l’observe. Il la contemple. Elle reste longtemps sous l’eau. Plus longtemps qu’il n’est possible à Gaara de retenir sa respiration. Mais il attend. Yue sort la tête de l’eau. Un filet de sang suinte de son front et coule le long de sa joue.
« Yue… »
La jeune fille s’approche. Elle attrape Gaara et le prend dans ses bras. Une légère pression lui fait comprendre qu’elle veut qu’il vienne sous l’eau avec elle. Gaara la serre fort et plonge la tête sous la surface. Il sent Yue respirer. Il sent son cœur battre dans l’eau et s’amplifier en ondes infinies. Yue est l’eau. Gaara refait surface pour respirer. Ses cheveux lui tombent dans les yeux. Yue le regarde. Elle touche ses cheveux et lui dégage le front.
« ? »
Petit à petit, mèche par mèche, elle enlève tous les cheveux de Gaara, de cette frange qui masque désormais son front. Elle découvre le tatouage, les yeux grands ouverts, intriguée.
« ? »
Elle suit du bout du doigt le dessin de l’idéogramme rouge. Soudain, elle touche son propre front. Son sang qui coule. Ses doigts sont rouges. Comme le tatouage de Gaara.
« Qu’y a-t-il ? »
C’est quoi ?
« Ce dessin ? »
C’est un dessin ? »
« C’est le symbole de l’amour. »
Comme le mien ?
Yue se touche à nouveau le front, le sang coule si fluide que toute sa main devient rouge.
Comme le mien ?
« Non. »
J’ai mal. Toi aussi ?
« Oui. »
Gaara serre Yue fort contre elle. Il a toujours eu du mal à comprendre la marque qu’il avait sur le front. Et Yue et ses questions mettent à mal tout ce qu’il a pu en deviner depuis toutes ces années. Cette marque sur le front. Le symbole de l’amour. Qu’on a infligé au monstre.
« L’amour est un monstre Yue. Quand on ne l’a pas, on est exclu. Mais quand on l’a, on est tout aussi exclu. »
Et l’exclusion c’est la haine des autres…
Yue hoquète. Son front lui fait mal. Il s’orne d’un gros hématome. Gaara a les larmes aux yeux quand il regarde Yue. Il touche son propre tatouage. Elle pleure.
« Rentrons chez nous. »

Il prend Yue et la porte jusqu’à la maison familiale. Dehors il fait nuit. Il ignore combien de temps ils sont restés là, mais quand ils rentrent, toute la famille les attend.
« Alors ? »
« Elle dort. »
Gaara s’absente quelques instants, le temps d’aller coucher Yue, et revient dans la salle à manger où tout le monde attend de ses nouvelles.
« J’ai vu son pansement. »
« Elle a été touchée au front… Mais ce n’est pas grave. J’irais voir Kaora-sama demain. »
« Je t’accompagnerai à l’hôpital. » impose Shikamaru.
« Moi aussi. » avance Kankuro.
Devant les regards qu’échangent ces deux-là, Gaara se pose des questions.
« Il se pourrait que les gens aient des réactions bizarres. On viendra pour éviter tout conflit. » explique vaguement Shikamaru.
« Bon, la journée a été longue pour tout le monde. » coupe Kimiko, voulant échapper à la gravité de la discussion.
« Oui, on en reparlera demain. » reprend Temari. « Bonsoir tout le monde ! »
« Bonsoir. » répète Gaara, songeur.
Il serait bien resté dans le salon pour cette nuit, mais l’étage étant toujours en travaux, c’est Kimiko et Kankuro qui squattent les canapés pour cette fois.
« Bonsoir. » répète à nouveau Gaara, se dirigeant vers sa chambre.
Il tourne la poignée de porte. Dans la lumière qui filtre les volets, la silhouette de Yue se découpe. Accoudée à la fenêtre, elle fixe l’interstice lumineux et regarde la nuit au dehors.
« Tu ne dors pas ? »
Yue se retourne et sourit. Un sourire différent de celui qu’elle a parfois. Un sourire légèrement troublé, les joues rouges et les yeux brillants. Elle s’approche de Gaara.
« Qu’y a-t-il ? »
J’ai bien réfléchi.
Gaara prend Yue dans ses bras
« Tu as réfléchi à quoi ? »
Yue porte la main à son front.
J’ai mal, mais je suis contente.
« Tu es contente d’avoir mal ? »
Yue sourit encore, de ce nouveau sourire, énigmatique.
Elle soulève la frange de Gaara.
« On est pareil maintenant. »
La jeune fille colle son front contre celui de Gaara. Sa cicatrice correspond parfaitement à l’emplacement du tatouage. Elle est un peu chaude, elle doit avoir de la fièvre.
« On a toujours été pareil… » souffle Gaara, en souriant du même sourire énigmatique que Yue.
Il la serre fort contre elle. Ses yeux se ferment.
« Tu es épuisée. »
Une larme coule des yeux clos de Yue pour rouler le long de sa joue.
J’ai eu si peur...
« Yue… » soupire Gaara, ému.
La jeune fille sanglote.
Je suis un monstre.
« Yue… »
Elle semble inconsolable. Les joues rougies par la fièvre, les yeux éclatés de larmes, elle ne tient plus sur ses jambes tant son chagrin la vide de son énergie. Gaara sent ses yeux se remplir d’eau lui aussi.
« Tu n’es pas un monstre. »
C’est ce qu’ils criaient tous. Je suis un monstre, personne ne peut m’aimer. Je ne devrais même pas exister.
Gaara sent une larme couler le long de sa joue. Furieux, il l’essuie d’un revers de manche, attrape Yue et la force à lever la tête, à le regarder.
« Tu as dit que nous étions pareils ! »
D’une main, il lève sa frange et dévoile son tatouage.
« Si nous sommes pareils, je suis aussi un monstre. Et moi, j’existe ! Alors tu peux exister toi aussi ! » s’écrie-t-il, plein de haine.
Plein de haine envers ceux qui ont fait ça à Yue. Plein de haine envers ceux qui lui ont fait ça, à lui. Plein de haine envers la normalité et ses étranges réactions face à l’anormal. Plein de haine envers lui-même pour ne pas comprendre tout ça.
Yue pleure toujours, les larmes coulent malgré elle, mais elle regarde Gaara. Elle le regarde de tous ses yeux. De toute son attention. Elle le regarde comme elle regardait avant d’être apprivoisée. Comme si elle le voyait pour la première fois. Elle lit en lui et comprend sans comprendre. Comme avant. Comme toujours.
« Si nous sommes pareils, je peux t’aimer… Je t’aime. » murmure Gaara.
Il pose son front contre celui enfiévré de la jeune fille, rassuré, serein.
Nous sommes pareils.
« Nous sommes pareils. »
Gaara passe sa main dans les cheveux de Yue, sur sa nuque, et la serre fort contre lui, longtemps, si longtemps qu’il ne sait plus si c’est son propre cœur qui bat, ou bien s’il entend celui de Yue. Elle s’est endormie dans ses bras, les yeux humides, les joues rouges, mais le visage paisible.
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Re: XouX : "Eau et Sable" (new p3 : chapXIII)

Message par xoux »

Oulà!! J'ai complètement oublié de poster les chapitres de la fin...
Voici donc la suite^^
C'est ici le début des vraies actions de ninjas, enfin!!

Chapitre XIV : Kansozan

« Bonjour ! »
« Bonjour… » baille Gaara en guise de réponse.
« Comment va Yue ? » s’inquiète Kimiko en lui servant son café du matin.
« Elle dort encore. Je crois qu’elle a de la fièvre. Il faut vraiment que je la mène à l’hôpital, mais je préfère attendre qu’elle se réveille. »
« Tu vas rester à la maison aujourd’hui ? »
Gaara, occupé à boire son café, fait non de la tête.
« Je ne peux pas m’absenter en ce moment. Avec les missions à préparer… »
« Oui, je comprends. Dès qu’elle se réveille on te téléphone. » assure Temari.
« On va peut-être pouvoir terminer les travaux aujourd’hui ! » affirme Shikamaru en s’étirant.
Il espère détourner les pensées noires de tous vers d’autres buts, les occuper pour la journée pour les empêcher de ressasser…
« Sûrement pas ! Avec le bruit que ça fait, je ne voudrais pas réveiller Yue si elle est malade ! » corrige Temari.
« Mais le gros œuvre a déjà été fait ! On peut très bien finir en silence aujourd’hui ! Il ne reste que les peintures à faire, et l’électricité à tirer au grenier. » fait remarquer Shikamaru.
« Oui, et puis le canapé, c’est bien, mais c’est pas des plus confortables ! » se plaint Kankuro. « J’ai hâte d’aménager ! » se réjouit-il, jetant un clin d’œil à Kimiko.
« Bon, je dois y aller. S’il y a du changement pour Yue… » commence Gaara.
« On te prévient tout de suite, ne t’inquiète pas. » promet Temari.
Le jeune homme aux cheveux rouges quitte le domicile familial, le cœur serré de devoir laisser Yue, si fragile, derrière lui.
« Kankuro, tu fais l’électricité ou la peinture ? » questionne Shikamaru.
« Tu m’as bien regardé ? Tu me vois faire l’électricité ? »
« Ce n’est pas compliqué, il s’agit de tirer quelques fils et voilà tout. Je pensais que tirer des fils, tu pourrais faire. » explique Shikamaru.
« Tirer des fils, oui ! Faire sauter la maison… » se moque Kimiko.
« Les pantins, ça sera tout aussi bien pour la peinture que pour l’électricité. Au moins, avec eux, je peindrai trois fois plus vite, et même le plafond, sans problème ! » assure Kankuro.
Il s’étire sur sa chaise.
« Et puis comme ça, c’est toi qui sors acheter le nouveau disjoncteur et les fusibles ! » fanfaronne-t-il. « Monsieur J’ai-envie-de-me-la-couler-douce-chez-moi-pendant-que-les-autres-font-les-courses… »
« Pfff… Tu seras quand même obligé de sortir. On n’a qu’un seul rouleau à peinture, et toi plus tes pantins, il nous en faut trois de plus si je ne m’abuse. »
Les deux comparses se dirigent vers la ville pour effectuer leurs achats.

« Trois de plus, trois de plus. J’ai Karasu, Kuroari, et Shanshuou, mes vieilles marionnettes, pour m’aider à la peinture. Ça fait bien plus de trois rouleaux en tout, si on compte tout leurs bras ! » s’enorgueillie Kankuro.
« Tu as toujours ces trois vieux là ? Et toute ta panoplie alors ? »
« Non, ceux-là, c’est pour les combats. »
« Et Karasu et compagnie, c’est ton côté sentimental ? » se moque Shikamaru.
Kankuro va pour répondre quand un attroupement au bout de la rue attire son attention.
« … et des yeux jaunes, je vous jure, on aurait dit le démon ! »
« Les yeux, c’était rien, fallait aviser les griffes ! Vous avez vu cette entaille ? »
Celui qui parle exhibe son avant-bras filé de rouge.
« Et encore, si vous voyiez Hidéaki… »
La conversation baisse en niveau sonore.
« Il est totalement desséché… Un vieux fruit tout ridé. »
« Il a dû aller à l’hôpital, et même Kaora-sama n’a rien trouvé pour le guérir d’un seul coup ! Il a eu de la chance de ne pas y rester… »
Shikamaru retient Kankuro, qui veut se joindre à la troupe. Ils tendent l’oreille de loin, et évitent alors de se montrer.
« C’est ce monstre qui a cassé la jambe à ma sœur. C’est ce monstre qui avait mis à sac l’hôpital à son arrivée, et c’est ce monstre qui s’en est pris à Hidéaki. »
« C’est la voix de Fuyusuke… » chuchote Kankuro à Shikamaru.
Il acquiesce et fait signe de se taire.
« On s’était débarrassé d’un monstre, et voilà qu’il nous en ramène un autre. » souffle-t-il entre ses dents.
« Je t’interdis de parler de notre Kazekage de cette façon ! » oppose une personne de l’assemblée.
« On voit que tu ne l’as pas connu du temps de sa grandeur ! » ironise une autre.
Le débat fait rage au sein des habitants de Suna. Personne n’a oublié la terreur qui régnait du temps d’Ichibi. Mais tandis que certains sont capables de dissocier le Bijuu de son Jinshuuruki, d’autres tombent dans l’amalgame dicté par la peur et taxe le jeune homme aux cheveux rouges de monstruosité de la nature.
« Quoi qu’il en soit, c’est le monstre femelle qui pose problème actuellement ! C’est d’elle qu’il faut s’occuper en premier ! »
« Et de préférence avant qu’elle nous ponde tout un tas de petits monstres derrière elle ! » lance quelqu’un d’autre.
« Le premier qui la voit la signale aux autres ! Mettons en place un comité de surveillance ! » organise un meneur.
Shikamaru annonce la retraite à Kankuro. Il faut à tout prix avertir à la maison : Yue ne doit sortir sous aucun prétexte.
« Mais elle s’est réveillée et sa fièvre empire de minute en minute ! Il faut la mener à Kaora-sama ! » objecte Temari.
« Non. Nous attendrons la nuit. » décide Shikamaru. « Ne dis rien à ton frère tant qu’il n’est pas rentré. Il ne comprendrait pas. »

Quand Gaara rentre chez lui le soir, en effet, il ne comprend pas.
« Quoi ? Et vous l’avez laissée comme ça toute la journée ? » s’énerve-t-il, devant une Yue haletante et blême, du fait de sa fièvre.
« C’était trop risqué pour Yue. » coupe court Shikamaru.
« Pour Yue ou pour moi ? »
Gaara n’est pas dupe. Si des ninjas cherchent le monstre Yue, il doit y en avoir qui n’auraient rien contre trouver le monstre Gaara.
« Quand bien même, c’est à elle que tu dois penser. Elle aurait été incapable de se défendre si un incident s’était produit. » rétorque Shikamaru.
Gaara prend la jeune fille malade dans ses bras.
« Je vais voir Kaora-sama. »
« On t’accompagne. » impose Kankuro, une main sur l’épaule de Shikamaru.
Encapuchonnés de leurs larges capes, le trio se faufile dans la nuit à travers les rues de Suna. De-ci delà, on aperçoit des groupuscules de surveillance, on intercepte des bribes de conversation hostile. Mais ils arrivent chez la vieille femme sans être repérés.
« Entrez vite… » chuchote-t-elle dès qu’elle les reconnait.
Ils ne sont pas allés à l’hôpital mais directement au domicile de la doyenne des kunoichis médicales.
« Beaucoup de gens en veulent à Yue d’avoir desséché Hidéaki. En cette période de sécheresse, elle apparaît d’autant plus dangereuse. » explique la vieille femme.
Elle désigne un lit d’une main. Gaara installe Yue. Kaora-sama commence les soins.
Le front de Gaara se plisse. Voir Yue si mal lui serre la gorge, à l’empêcher de respirer convenablement. Est-ce cela, tenir si fort à quelqu’un que l’idée de la séparation en devient douloureuse ?
« Elle ne mourra pas, rassurez-vous. » diagnostique la vielle femme, comme si elle avait senti le malaise de Gaara.
« Elle va vite se remettre ? » interroge-t-il alors, inquiet malgré tout.
« Ce n’est qu’une petite fièvre. Elle est déshydratée elle aussi… » remarque la vieille femme. « Akiko prendra en charge l’hôpital demain. Je garderai Yue ici pour la journée en observation. »
Gaara s’assoit sur un fauteuil près du lit de la convalescente.
« Il vaudrait mieux que vous ne restiez pas ici trop longtemps. » conseille soudain Kaora. « Je n’ai pas souvent de visite, et quatre signatures de chakras si puissantes que les vôtres ne passeront pas inaperçues. »
Shikamaru et Kankuro font mine de partir. Gaara reste.
« Vous aussi, vous devez partir. » rappelle la vieille femme.
Gaara embrasse Yue sur le front, là où désormais, une cicatrice en forme d’idéogramme mal tracé se dessine. Il la laisse à regret et rentre avec les deux autres.
Cette nuit encore, Kankuro et Kimiko dorment dans le salon. La peinture n’a pas totalement séché durant la journée, et l’odeur est insupportable. Quelque chose d’irritable traîne dans l’air. Tout le monde est à fleur de peau.
« C’est à cause de la chasse au démon… » soupire Gaara, accoudé à sa fenêtre.
Sa chambre plongée dans l’obscurité, il répugne à se coucher, dans ce grand lit où Yue n’est pas.

Le lendemain, Gaara peine à gagner son bureau. Il aimerait plutôt faire un tour du côté de chez Kaora-sama. Mais il sait très bien que cela pourrait attirer les soupçons.
« Maître Kazekage, puis-je m’entretenir un instant avec vous ? » demande timidement un des assistants de Gaara.
Le jeune homme aux cheveux rouges lui fait signe que oui.
« Je voulais vous dire… je ne sais pas si vous savez… c’est à propos de… et puis je me demandais… pour sa santé, vous voyez… »
« Cela concerne Yue ? »
Le secrétaire hoche la tête, affirmatif, désolé de l’être.
« Elle va bien. »
Soupir de soulagement. Aussitôt suivi d’un froncement de sourcil inquiet.
« Le Mouvement Anti Démon a été reformé. »
Gaara paraît surpris. Il ne savait pas qu’un tel mouvement avait existé. Il ne comprend pas qu’un tel mouvement puisse être reformé.
« Que font-ils ? » interroge le Kazekage.
« Ils montent un réseau de surveillance, rallient à leur cause tous ceux qui… ceux qui ne… »
« Ceux qui ne me considère pas comme quelqu’un de normal. » comble Gaara.
« Ceux qui ne vous sont pas fidèles. » reprend le jeune assistant, outré qu’on puisse qualifier son Kazekage d’anormal.
Fier de ce sentiment d’allégeance et de la force de la foi qu’il nourrit envers son maître, le jeune homme timide ne se sent plus de limites.
« Beaucoup de gens savent que cette jeune fille habite chez vous. Ils veulent l’enlever pour s’en débarrasser, mais ils ont peur de s’en prendre à votre maison, à cause de votre frère et de votre sœur, qui sont des ninjas d’un niveau élevé. Beaucoup d’entre eux veulent aussi s’en prendre à vous et tenter un coup d’état, mais la reformation du mouvement n’en est qu’à ses débuts, et leurs convictions ne sont pas encore assez fortes pour assumer un tel acte. » explique le téméraire secrétaire.
Gaara acquiesce, grave.
« Mais encore plus de gens croient en vous et en l’ère de paix que vous avez amenée à Suna. Ils croient au progrès que vous avez apporté, et que vous apporterez encore, et ils veulent défendre avec vous ce que nous avons tous construit. » achève le jeune homme, le regard illuminé.
Gaara ouvre grands les yeux. Il est étonné d’un tel dévouement. Il est Kazekage, bien sûr, mais il a toujours pensé que ce n’était qu’un choix tactique ou un relent de peur qui avaient guidé les gens de Suna lors de son élection.
« Un contre mouvement est en train de se créer pour vous protéger, vous, votre famille et la jeune fille que vous avez recueillie. Le MAD est déjà sous surveillance, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider. » allègue l’assistant motivé.
Gaara sourit.
« Merci beaucoup. C’est bien plus que tout ce à quoi j’aurais pu aspirer. »
Le travail terminé, la journée finie, Gaara sort de son bureau. Aujourd’hui, il a passé son temps à recevoir des doléances. Des gens venus parler du MAD, le dénoncer ou même l’approuver, demander des comptes quant à la gravité de la situation, quant à la dangerosité de Yue. Il a reçu peu de visites de détracteurs cependant, et beaucoup de gens sont venus lui témoigner leur soutien. Par contre, la malle postale était envahie de lettres de menaces, de demande de reddition du « monstre femelle », d’abdication du Kazekage…

Quand il sort de son bureau, Gaara a la tête pleine.
« Salut. »
« Qu’est-ce que vous faites là ? »
Kankuro et Shikamaru sont venus attendre Gaara à la sortie de son bureau, pour le raccompagner chez eux. Ils sont en tenue camouflée, et armés jusqu’aux dents.
« Si tu savais… » commence Shikamaru.
« On nous a balancé des pavasses dans les vitres toute la journée, et quelqu’un a même essayé de brûler la haie de la clôture. » informe Kankuro.
Gaara n’en croit pas ses oreilles.
« Quelqu’un a aussi empoisonné l’eau des canalisations qui viennent jusque chez nous. » ajoute Shikamaru, sombre.
« L’eau… ? »
« Au moment de la première vague, Kimiko est partie se laver et… » commence Kankuro.
« Elle va bien ? » le coupe Gaara.
« Oui, quand elle a vu la couleur de l’eau, elle y a d’abord mis la main. Mais ses doigts ne s’en remettront pas de si tôt… » grince Kankuro, furieux d’une telle traîtrise.
« Sa peau a été touchée en surface. Sa main est à vif, l'ennui c'est qu'elle ne supporte plus le moindre contact pour l'instant. Mais c’est somme toute superficiel : elle n’a pas de brûlure, elle ne pèle pas, elle est juste hypersensibilisée. » détaille Shikamaru, pour rassurer Gaara sur l’état de santé de Kimiko. « Mais si ça avait été Yue… »
« Si ça avait été Yue, elle n’aurait pas touché l’eau. » répond Gaara.
Shikamaru lui jette un coup d’œil furtif mais attentif. Non, elle n’aurait pas touché l’eau, en effet. Mais si elle l’avait touché, alors à coup sûr, ça n’aurait pas été superficiel.
« Mais le problème est réglé. » affirme Kankuro. « La compagnie des eaux est venue, et notre eau est saine à présent. »
Ils arrivent enfin à la maison familiale. Gaara paraît terrifié en regardant les fenêtres.
« On a dû tout calfeutrer, et tout barricader, pour éviter que toutes les vitres n’y passent, ou que les volets cèdent. » explique Shikamaru d’un ton d’excuse. « Mais les travaux sont finis ! » reprend-t-il, plus enjoué.
Cela ne prend pas. Il aura beau y mettre tout son cœur, la fin des travaux ne rendra pas la situation moins lourde et plus heureuse. De même, une légère odeur de sang couverte de savon titille les narines de Gaara. Ça n’a pas été qu’une question de vitres cassées…
« Et dire qu’on aurait dû faire la pendaison de la crémaillère, et être tous en train de faire la fête avec des tas de gens qu’on aurait invité, ou qui se seraient invités en passant… » soupire Temari en servant le dîner.
La place vide de Yue jette un froid sur le repas.
« On ira la chercher quand la lune disparaitra. » coupe Shikamaru.
« Pourquoi ? »
Gaara sent que cette décision n’est pas dépourvue de raison.
« Kaora-sama a eu quelques problèmes avec Yue. Tant qu’elle n’a pas récupéré son niveau d’eau, elle peut devenir dangereuse. » explique le jeune homme de Konoha.
« Dangereuse ? » réclame Gaara. « Il s’est passé quelque chose ? »
« Elle a refait une crise de manque, elle a tout fait cramé chez la vieille à force d’extraire l’eau et Akiko l’a rattrapée de justesse alors qu’elle allait se tirer. Une vraie rebelle ta belle. » balance Kankuro.
Temari et Kimiko lui jettent des regards noirs. Il aurait pu y aller doucement tout de même !
« C’est en rapport avec la lunaison. Ça n’arrange pas son état. » rattrape Shikamaru. « On ira la chercher à la nouvelle lune. Kaora-sama pense que son démon est affaibli à cause du manque d’eau. Elle n’est qu’en transformation partielle actuellement. Et bref, ce démon profitera de l’absence de la lune, quand il est au maximum de son pouvoir, pour se refaire une santé et rester tranquille, au lieu de se manifester totalement. » achève Shikamaru. « Mais on n'est sûr de rien. »
« Cela fait quand même un moment, qu’elle ne s’est plus transformé. » fait remarquer Kimiko.
« Oui, tout au plus deux fois depuis qu’on la connait. » ajoute Temari.
« Peut-être, mais le manque d’eau l’a poussée dans ses retranchements, et le démon peut reprendre le dessus. Cela dit, Kaora-sama ne pense pas que Yue se laissera faire, elle trouve qu’elle se contrôle de mieux en mieux. » assure Shikamaru, confiant.
Gaara sourit en coin. Yue prend des forces. Yue fait des siennes. Yue est vivante. C’est tout ce qui compte. Si elle est capable de prendre sur elle alors qu’elle manque à ce point d’eau, il pourra aussi tenir jusqu’à ce qu’elle revienne.

Les jours qui suivent, la maison familiale voit les derniers changements prévus s’effectuer. On refait toute la déco, on s’occupe du jardin, et si l’on craignait pour les vitres, il n’est plus à déplorer aucun accident de pavés.
De la même façon, au bureau du Kazekage, on ne reçoit plus que les lettres habituelles, les rapports de mission, et quelques lettres de soutien. Mais de menace, aucune. D’auditions malvenues, nulle demande. De patrouilles du MAD, pas de trace. On n’attaque plus sa maison, il n’a plus besoin de Shikamaru et Kankuro pour se déplacer en sécurité.
« Ils doivent préparer quelque chose, ce n’est pas possible que ça soit si vite passé… » rumine Gaara.
« Ne t’en fais pas. » le rassure Shikamaru, le gratifiant d’une tape amicale sur l’épaule.
« Quand Yue sera revenue, on sera plus tranquille. » affirme Temari. « Avec toutes les anciennes protections dont bénéficie cette maison, et toutes les nouvelles qu’on a mises pour épargner les fenêtres, il ne pourra plus rien arriver ici ! » détaille-t-elle, enjouée.

Mais ça n’empêche pas le MAD d’œuvrer dans l’ombre.
« Qu’a donné la surveillance de la maison du Kazekage ? »
« On sait que le monstre n’est pas là. »
« La surveillance de la ville ? »
« Aucun déplacement suspect. De plus en plus de partisans se manifestent et sont prêts à affronter cette engeance aberrante qui nous pollue. »
« Et en ce qui concerne la localisation du monstre femelle ? »
« Vu son état, elle nécessitait des soins. Mais l’hôpital ne montre aucun signe d’occupation suspecte. »
« Par contre, il est possible qu’elle soit hébergée chez Kaora-sama. »
« Cette maudite femme et son éthique ! En a-t-on des preuves ? »
« Une certaine activité a été remarquée chez elle la journée, alors qu’elle est à l’hôpital. On a vu Gaara, Shikamaru et Kankuro traîner par-là bas il y a cinq jours, et c’est précisément à ce moment qu’on a perdu la trace de la femelle. »
« Même si le monstre est là-bas, il nous serait impossible d’entrer chez elle sans son consentement. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. »
« Doit-on contacter les nomades ? »
« Tout à fait. Après tout, tout ce qu’ils veulent en échange, c’est un accès aux aqueducs. On manque déjà d’eau, il suffira de trier qui de Suna peut en avoir ou non. »
« Les nomades de quelle région ? »
Tous se tournent vers le jeune initié à la voix tremblante.
« Les nomades de Kansozan. »
Ce nom suffit à imposer un silence impressionné à l’assemblée complotante. Les nomades de Kansozan, le Mont Aride. Là où nulle vie n’existe d’elle-même. Un lieu déserté par les animaux, même par les animaux les plus vils. Ni scorpion ni serpent du désert. Pas même le plus petit insecte. Rien. Seuls les nomades de Kansozan sont assez fous pour y rester et s’accrocher à leurs cailloux secs.
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