Entièrement d'accord. Jarhead, c'était quelque chose.shinzo a écrit : Mendes pour ma part ces "Jarhead", quoi! Même si j'ai apprécié l'humour noir d'"A-B".
32e de Finale: c'est fini !
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Re: 32e de Finale: American Beauty vs Piège de Cristal
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Re: 32e de Finale: American Beauty vs Piège de Cristal
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comme un puzzle mélancolique...
dont chaque pièce a sa propre tristesse.
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Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Victoire de Die Hard avec 11 voix, contre 7 voix pour American Beauty.
Passons maintenant au versus suivant, opposant un animé magnifique à un poids lourd du cinéma américain:
Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Et voici les fiches.
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Princesse Mononoké
Mononoke Hime
Film japonais de Hayao Miyazaki (2000)
Scénario: Hayao Miyazaki
Image: Atsushi Okui
Musique: Joe Hisaishi
Casting (voix japonaises):
Yôji Matsuda: Ashitaka
Yuriko Ishida: San
Yuko Tanaka: Dame Eboshi
Kaoru Kobayashi: Jiko-bô
Sumi Shimamoto: Toki
Synopsis:
Mononoke Hime (Princesse Mononoke) est un récit épique et bouleversant se déroulant au Japon de l'ère Muromashi (XVème siècle). Il nous conte l'histoire du jeune Prince Ashitaka qui, frappé d'une malédiction mortelle, doit quitter son village dans l'espoir de trouver une réponse à son mal. Dans sa quête Ashitaka sera témoin d'un conflit et s'impliquera dans la guerre cruelle que se livrent les humains et les dieux de la forêt. Ce conflit entre nature et civilisation est symbolisé par la lutte sans merci opposant San, jeune fille élevée par les loups, à Dame Eboshi, chef du clan des forgerons et responsable de la destruction de la forêt. Ashitaka s'efforcera de concilier les intérêts de chacun. En vain... La guerre sera menée à son terme et le monde s'en trouvera à jamais changé.
Les Personnages:
Ashitaka
A cause d'un sortilège hérité d'un dieu maléfique, celui qui était destiné à devenir le chef de son village se voit contraint à quitter les siens sans espoir de retour. La malédiction qui pèse sur lui et qui n'a d'autre issue que la mort, se nourrit de la haine, que chacun a en soi.
En partant à la recherche d'une explication à son mal, Ashitaka sera témoin de la folie du monde. Un monde totalement nouveau pour lui, puisqu'il vient d'un village traditionnel complètement isolé. Plus qu'une simple aventure, son histoire est donc celle d'une bouleversante quête initiatique, dans laquelle il apprendra à gérer sa souffrance et à porter sur le monde un regard sans haine.
Ashitaka est le personnage auquel on s'identifie naturellement. D'abord du fait de son destin tragique qu'il affronte avec un courage et une sagesse qui forcent l'admiration., mais aussi parce qu'il fait preuve tout au long du récit d'aptitudes exceptionnelles. Ses prouesses au combat déjà impressionnantes sont rendues surnaturelles par le maléfice. Alliées à un héroisme remarquables, elles lui permettront de sauver San puis Eboshi et enfin de mettre un terme à la guerre.
Le rôle d'Ashitaka sera donc celui d'un trait d'union, d'un conciliateur entre les humains auxquels il appartient et les Dieux de la forêt qu'il apprend à connaître par amour pour San et par besoin d'approcher le Dieu-Cerf. Il est le seul, tout au long du film, à professer de manière utopique un monde où pourraient coexister les humains et les dieux.
Yakkuru est la monture d'Ashitaka. Sa race (Yakkle) n'existe pas. C'est un mélange de yak et de bouquetin inventé par Miyazaki. Yakkuru est l'exemple même de la dévotion pour son maître. Il veillera sur le corps du jeune homme jusqu'à ce que celui-ci soit ressucité par le Shishi Gami. On le verra aussi continuer à marcher après avoir reçu une flèche dans le flanc. Yakkuru a un rôle assez important dans le message du film: il symbolise ce que peuvent être aussi les rapports hommes-animaux. On voit d'ailleurs Ashitaka partager sa propre nourriture avec sa monture.
San (Princesse Mononoké)
San est une jeune fille recueillie par les loups après avoir été abandonnée par des humains dans leur fuite. Elle est la fille adoptive de la déesse louve Moro et la considère comme sa véritable mère. Elle lutte auprès d'elle et de ses deux frères avec acharnement, afin de protéger la forêt des humains et de Dame Eboshi en particulier, qu'elle s'est jurée de tuer. Sa rencontre avec Ashitaka, dont elle tombera amoureuse, ne la détournera pas de ses convictions. Son clan est sa seule famille et la forêt est sa maison.
Si son coeur est du coté des animaux et des dieux, elle a gardé toutes les caractéristiques congénitales des humains. Son intelligence, sa capacité d'analyse (c'est elle qui dirige les attaques des animaux) et sa sensibilité sont celles d'un humain. Mais sa vision extrêmement partiale de la situation et l'incroyable instinct de sauvagerie dont elle peut faire preuve lui donnent une personnalité quasi-animale.
L'histoire de San n'est pas seulement celui d'une lutte mais d'une personne qui ouvre son coeur. En tant que personne, elle a évolué tout au long du film, pour à la fin admettre son amour pour Ashitaka dont elle a appris à respecter les convictions.
A l'instar d'Ashitaka, on peut considérer San comme le personnage principal du film. Elle n'est pas au centre du récit et on la voit beaucoup moins qu'Ashitaka (elle n'apparait qu'au bout de 20 minutes et ne parle qu'après trois quarts d'heure).Mais cette relative absence ne fait que renforcer la fascination qu'elle suscite, rendant chacune de ses apparitions bouleversante.
San est l'emblème du film car elle incarne les deux combats les plus engagés de Miyazaki: le féminisme et l'écologie. Ainsi, malgré l'apparente impartialité de ce film, San est là pour nous rappeler le penchant du maître pour un écologisme militant.
Dame Eboshi
Avant de diriger le village des forgerons, Dame Eboshi était aristocrate à la cour impériale. Ecartée du pouvoir, elle a pris en charge les laissés pour compte de la société (esclaves, exclus, prostituées,...) et a fondé une communauté indépendante qui vit de la production de fer. Mais cette émancipation a un prix. En plus de la gestion de la forge, Eboshi doit affronter les Dieux de la forêt menacés par le déboisement, ainsi que les seigneurs des contrées avoisinantes qui souhaitent s'approprier la production.
Eboshi a soif de reconnaissance; mais son ambition est aussi de faire le bonheur de son peuple. Elle se bat pour assurer la survie et l'indépendance de sa communauté. Elle est aussi bonne avec ses protégés que féroce et déterminée face à ses ennemis. C'est ce qui fait toute l'ambiguïté de ce personnage capable d'accueillir et de soigner les lépreux et en même temps de piller la forêt et de massacrer les dieux.
Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, on ne peut qu'admirer Dame Eboshi pour son charisme, son sang-froid, sa volonté et ses qualités de chef. Les forgerons lui vouent d'ailleurs une confiance et une admiration sans bornes. A l'image de Gonza, ils seraient prêts à mourir pour elle.
Eboshi incarne le progrès autant social qu'économique (début de la production industrielle) ou technologique (les arquebuses). Elle a organisé une communauté sans exclusion où chacun a sa place. Profondément féministe aussi, elle donne beaucoup de responsabilités aux femmes. Elle leur apprend par exemple à utiliser les armes à feu, fonction qui leur était traditionnellement interdite. Ainsi, plus que tout autre personnage du film, Dame Eboshi symbolise l'ère Muromachi qui fut une période de profonds bouleversements.
Dans sa guerre l'opposant aux Dieux de la forêt, elle réussit à décapiter le Dieux Cerf. Dans le cataclysme qu'elle déclenche par cet acte elle perdra un bras et les forges.
Analyse du film:
Ancré dans la culture et la mythologie japonaise, Mononoke Hime fait s'entremêler une multitude de significations cachées et autres symbolismes religieux (notamment shintoïstes). Mais il n'y a pas de quoi rebuter le spectateur qui a un minimum d'ouverture culturelle. Il n'est en effet pas nécessaire d'être japonais pour apprécier les beautés et les richesses inépuisables de ce chef-d'oeuvre. Au contraire, chacun peut y voir ce qui le touche le plus, sans pour autant se "perdre". Peut-être parce que ce nouvel hymne à la tolérance et à la vie, est d'abord une expérience unique et bouleversante qui va au delà des frontières culturelles.
Un récit épique et boulversant
Beaucoup de spectateurs peu habitués à l'animation japonaise ont en fait surtout été déroutés par le traitement, inhabituel pour un dessin animé. Notre vision manichéenne du monde est en effet mise à dure épreuve… Ce n'est pas l'habituelle lutte entre le bien et le mal. Il n'y a ni « méchants » ni « gentils », mais juste des protagonistes qui ont une vision différente du futur et qui défendent leurs intérêts. Ils ont chacun leurs défauts, mais les animaux comme les forgerons combattent pour leur survie. Le conflit naît de l'incompréhension et de l'absence de dialogue, chacun restant sur ses positions.
Ce n'est pas souvent qu'un film d'animation nous montre que, dans le monde, rien n'est blanc ou noir. L'exemple d'Eboshi est frappant. Que penser de cette femme? Notre sentiment envers elle oscille entre colère et profonde admiration. Et comme elle, les autres protagonistes sont placés sous le signe d'une troublante ambiguïté.
Même Ashitaka, l'âme la plus pure de l'histoire, n'est pas exempt de sentiments haineux par moments. C'est en fait un personnage qui évolue mentalement et physiquement tout au long du film. Son parcours est celui d'un jeune homme qui cherche à se soigner, à se purifier. C'est une des conditions qui lui permettra d'atteindre l'harmonie intérieure. Dans son périple, il rencontre la haine, l'amour, le désespoir et perdra son innocence originelle. On vibre, on souffre avec lui. Comme lui, on se sent concerné par cette lutte de civilisation. Comme lui, on aimerait pouvoir concilier les intérêts de chacun. Comme lui, on se rend compte comme il est difficile de porter sur le monde un regard lucide…
Ashitaka n'est pas ce genre de héros qui réussit tout, mais devant chaque difficulté il tente quelque chose. Sa quête est d'abord spirituelle, mais elle inclut aussi l'action. C'est toute la force des oeuvres de Miyazaki comme Mononoke Hime ou Nausicaä d'exprimer une philosophie à travers les actes. Mais à la différence du "messie" vêtu de bleu qui avait une destinée toute tracée, Ashitaka crée plus la sienne.
Mononoke Hime est un spectacle visuel éblouissant mais il appartient aussi à cette catégorie de films que l'on a toujours plaisir à revoir, rien que pour la richesse de son contenu. Sa longueur est assez inhabituelle pour un film d'animation. Mais le tout est d'une cohérence parfaite. Aucune scène n'est superflue, chacune participant à la signification générale du récit. Cela aurait été un crime de faire des coupes (les films du studio Ghibli ne sont pas des produits mais des oeuvres!).
Dans cette oeuvre, le souffle nous transporte, les personnages sont bouleversants d'humanité et la tragédie qui nous est contée nous touche au plus profond de nous-mêmes.
Mais c'est surtout la mort du Dieu-Cerf et tout ce qu'il s'ensuit qui donne matière à méditer. Sa disparition marque la fin d'une ère, celle d'un monde peuplé de démons et merveilles. Plus rien ne sera jamais comme avant. Ce ne seront plus les mêmes forêts. Les animaux gigantesques et les esprits disparaîtront avec les derniers représentants du clan Moro et le Kodama de la dernière scène. On ressent un immense vide comme si on avait la nostalgie de ce monde imaginaire, quasi mythologique et pourtant plausible où le rapport entre la nature et l'homme était différent. L'héritage du Dieu-Cerf (la végétation qui a repoussé à vue d'œil) est plein d'espoir mais aussi tellement fragile...
Princesse Mononoke peut ainsi être vu comme une immense tragédie car c'est l'histoire d'un changement. Et comme tout changement, il ne peut être que douloureux. Miyazaki nous fait le récit d'un moment confus de l'histoire, celui de la rupture d'un équilibre qui aboutit fatalement à un autre. Meilleur ? A chacun d'en juger. Ce bouleversement qui, dans le film, concerne le Japon médiéval peut parfaitement être retranscrit à la réalité de notre époque.
De l'importance de la nature, de l'importance de l'amour
On a rarement vu une représentation aussi forte de la nature dans un film… Elle est montrée dans toute sa splendeur, son mystère, mais aussi sa cruauté quand elle se sent menacée. Excepté le Shishi Gami, les dieux sont représentatifs de l'hostilité de cette nature qui se sent agressée. Elle se révolte contre des hommes, pour qui l'affirmation de soi est devenue conquête et destruction, là où auparavant existaient le respect et la crainte des éléments naturels. Dans Mononoke Hime, la nature est un impressionnant pouvoir, mais qui ne cesse de décroître au fur et à mesure que l'humanité s'émancipe. Ainsi, les divinités animales voient irrémédiablement leur taille et leur intelligence diminuer au fil des générations, certaines allant jusqu'à perdre la parole. Au fur et à mesure que le film avance, on sent le combat perdu d'avance pour la nature, d'autant que le Dieu de la forêt reste en dehors du conflit.
L' amour est un autre thème important de Princesse Mononoke, ce qui peut sembler surprenant pour une oeuvre de Miyazaki. Exceptée plus tard, dans Le château ambulant, rarement une romance n'a été traitée de façon aussi explicite dans la filmographie du réalisateur. Mais loin de sombrer dans une bluette romantique, l'histoire entre San et Ashitaka symbolise en réalité cette alliance nécessaire entre l'homme et la nature. Si cette romance peut paraître frustrante dans son dénouement, elle ne reflète en fait que les relations entre la Nature et l'Homme, entre attraction et répulsion. De plus, cette conclusion inhabituelle rend la relation entre les deux héros étonnemnent magnifique. Si Ashitaka et San se séparent, ce n'est pas par fatalisme, mais par respect du choix de l'autre. Ils n'appartiennent pas au même monde, ils n'ont pas les mêmes convictions, et pourtant ils ont réussi à s'ouvrir mutuellement leurs coeurs. Les deux amoureux ne se verront qu'occasionnellement, sans certitude que leur relation durera; après ce qu'il ont vu et ce qu'ils ont vécu, ils ne sont plus assez naïfs pour demander des garanties ou faire des promesses...
Dans Mononoke Hime, bien que le combat homme/nature prenne une dimension onirique, il reste profondément humain car il est le théâtre de nombreux amours contradictoires. Plus que la haine féroce que se vouent les différentes parties, ce sont finalement l'amour de San et celui de Dame Eboshi pour leurs clans respectifs qui sont le pilier central du conflit. Mêler avec une telle profondeur tragédie monumentale et sentiments humains, destin collectif et moments d'intimité, constitue une des plus grandes réussites de Hayao Miyazaki.
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Taxi Driver
Film américain de M. Scorsese (1976)
Scénario: Paul Schrader
Image: Michael Chapman
Musique: Bernard Hermann
Casting:
Robert De Niro: Travis Bickle
Jodie Foster: Iris
Harvey Keitel: Sport
Cybill Shepherd: Betsy
Synopsis:
Travis Bickle, un jeune homme du Midwest a -apprend-on discrètement- récemment été démobilisé des Marines. Il en ressort une personnalité déséquilibrée et un individu refoulé, en marge de la Société. Souffrant d'insomnie, il décide de prendre un travail de chauffeur de taxi à New York et se porte volontaire pour un travail de nuit. Bickle passe son temps libre à regarder des films pornographiques dans des cinémas sordides, et à rouler sans but dans son taxi.
Bickle est horrifié par la décadence morale qu'il pense voir autour de lui, et quand Iris, une prostituée de douze ans et demi, monte une nuit dans son taxi, il devient obsédé par l'idée de la sauver, malgré le total désintérêt de la jeune fille.
Bickle est obsédé aussi par Betsy, une assistante du Sénateur de New York. Au bout de quelques rendez-vous et de quelques cadeaux, elle accepte un rendez-vous dans un cinéma miteux où, contre son plein gré, elle va voir un film pornographique. Au bout de dix secondes de film, elle quitte la salle, dégoûtée.
Bickle décide d'assassiner le Sénateur. Il échoue et s'en prend au proxénète d'Iris. Il le tue, mais est lui-même blessé dans l'assaut. Il semble mourir.
Un épilogue rapide termine le film et montre la belle Betsy montant à nouveau dans le taxi de Bickle, et qui le félicite pour son acte de bravoure. Certains ont pu voir dans cette scène la rêverie romantique d'un Bickle mourant, tandis que d'autres y voient une fin réelle et positive.
Analyse:
Mean Streets symboliqait la rencontre cinématographique de Martin Scorsese et de Robert De Niro, Taxi Driver représentera celle de Scorsese avec Paul Schrader qui sera à plusieurs reprises son scénariste. Les deux hommes se sont rencontrés en 1972, à l'instigation de Brian De Palma quipensait avec raison qu'ils pouvaient avoir de nombreux points communs. De Palma et Schrader avaient déjà parlé d'Obsession, Scorsese et Schrader vont faire de même avec un autre scénario de Schrader, Taxi Driver, que De Palma ne souhaitait pas réaliser.
Schrader a raconté lui-même l'origine de Taxi Driver: "A la suite d'une aventure sentimentale désastreuse. Je me baladais toute la nuit. Je n'arrivais pas à dormir. Je me réveillais l'après-midi vers quatre ou cinq heures, et me mettais à boire. J'ai vécu ainsi trois ou quatre semaines, et fus sauvé par un ulcère. Mon séjour à l'hôpital terminé, je voulus quitter Los Angeles pour quelques temps, lorsque l'idée de Taxi Driver me vint. C'était la métaphore que je cherchais. L'homme qui va n'importe où pour de l'argent. Un homme constamment entouré de gens mais qui n'a pas d'amis. Un symbole de la solitude urbaine. La voiture représente une sorte de cercueil métallique. J'ai écrit le scénario en quinze jours.
Les producteurs Michael et Julia Phillips prennent une option sur le scénario et cherchent dès lors un réalisateur. Ils pensent successivement à Irvin Kershner, à Lamont Johnson, à John Milius lui-même qui avait conseillé Schrader pour le thème du fétichisme d'armes. Pour l'instant, il n'est toujours pas question de Martin Scorsese.
Mais Julia et Michael Phillips remportent un triomphe public avec L'Arnaque et peuvent donc désormais produire ce qu'ils veulent. Ils visionnent Mean Street et sont d'accord pour confier Taxi Driver à Scorsese à partir du moment où Robert De Niro joue le rôle de Travis. De Niro, qui était intéressé par un sujet vaguement similaire, accepte, mais il est néanmoins demandé à Paul Schrader de modifier son premier état de scénario dans lequel le souteneur et toutes les prostituées étaient noirs.
Scorsese envisage de confier le rôle de Tom, l'un des membres de la campagne électorale du sénateur Palantine, à Harvey Keitel, mais ce dernier préfère celui de Sport, le souteneur de la jeune Iris. Celle-ci sera jouée par Jodie Foster, déjà dirigée par Scorsese. Quant au personnage de la blonde Betsy, il va échoir à Cybill Sheperd. La mysoginie de Marty [Martin Scorsese], déclarait à ce propos Julia Phillips, a été évidente par le choix de Cybill Shepard. Nous avions interviewé toutes les blondes, et il continuait à regarder, regarder, regarder. J'aimais Farrah Fawcett, sa fine ossature, son profil aquilin, ses grandes dents et la finesse de son corps. Marty choisit Cybill pour son gros derrière, un comportement typiquement italien."
Le décor du film est un New York plus glauque que jamais, une ville dans laquelle Travis Bickle ne peut même pas trouver le sommeil après douze heures de travail. Il en est réduit à aller s'effondrer dans un cinéma porno. La 122e Rue est défini par Wizrad, l'un des collègues chauffeurs de taxi de Travis, comme "a fuckin' Mau mau land".Travis décrit lui aussi ceux qu'ils rencontrent: "Ce sont des animaux. Tous les animaux sortent la nuit: putes, chattes en chaleur, enculés, folles, pédés, pourvoyeurs, camés. Le vice et le fric. Un jour, une véritable pluie surviendra et balaiera tout cet excrément des rues.
Travis va dès lors devenir - selon les propres mots de Scorsese - un "ange exterminateur".
Armé d'un 44 Magnum, d'un 38 Smith et Wesson à canon court, d'un Colt 25, d'un Walther 380 et d'une arme blanche, il est désormas prêt à éliminer un politicien qu'il juge aussi démagogue que les autres. N'y parvenant pas, il s'attaque au souteneur Sport et aux complices de ce dernier. Le fait que pour accomplir cette action punitive - qui lui vaudra finalement les honeurs de la presse et les remerciements chaleureux des parents d'Iris ! - il port le coupe de cheveux "à la Mohawk" des membres des Special Forces ayant opéré au Viêtnam est un symbole amigu.
Initialement, le scénario prévoyait une fin plus rassurante, laissant entendre que travis et Betsy pourraient se retrouver à nouveau. La fin retenue, même si elle voit Betsy monter dans le taxi de Travis, l'est beaucoup moins.
L'une des qualités essentielles du film tient d'ailleurs à la composition de Robert De Niro. Pour être convaincant dans son rôle de chauffeur de taxi, De Niro n'a pas hésité à passer son permis taxi et à conduire durant plusieurs jours untaxi dans New York. "Il a gagné pas mal d'argent ainsi", plaisantait Paul Schrader. On doit aussi à De Niro le superbe "Are you talking to me" qu'il prononce à plusieurs reprises face à son miroir phrase qui ne figurait pas au scénario et qui fut improvisée par De Niro. Ce rôle demeure un des grands moments de sa carrière.
Persuadé de sa mission, Travis Bickle, qui nettoie chaque jour son taxi, oscille entre une blonde socialiste et une jeune prostituée, s'imaginant être le purificateur d'une société qu'il juge corrompue.
Sûr de son bon droit, cet ancien du Viêtnam, où peut-être il a déjà tué, est prêt à recommencer.
Le carnage final a à la fois inquiété la Columbia qui devait distribuerle film et ses producteurs. Afin d'atténuer l'horreur sanglante de certains plans, Scorsese a choisi de les filtrer afin que le film obtienne un certificat R au lieu de l'infamant X. Mais la Columbia retait circonspecte. Julia Cameron obtint de son amie Pauline Kael, chroniqueuse redoutée, qu'elle publie une colonne en faveur du film dans The New Yorker. Le pari de Scorsese était dès lors gagné et le succès critique et public du film fut immédiat.
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Fin du vote le Jeudi 20 mars à midi.
Bon votes
Passons maintenant au versus suivant, opposant un animé magnifique à un poids lourd du cinéma américain:
Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Et voici les fiches.
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Princesse Mononoké
Mononoke Hime
Film japonais de Hayao Miyazaki (2000)
Scénario: Hayao Miyazaki
Image: Atsushi Okui
Musique: Joe Hisaishi
Casting (voix japonaises):
Yôji Matsuda: Ashitaka
Yuriko Ishida: San
Yuko Tanaka: Dame Eboshi
Kaoru Kobayashi: Jiko-bô
Sumi Shimamoto: Toki
Synopsis:
Mononoke Hime (Princesse Mononoke) est un récit épique et bouleversant se déroulant au Japon de l'ère Muromashi (XVème siècle). Il nous conte l'histoire du jeune Prince Ashitaka qui, frappé d'une malédiction mortelle, doit quitter son village dans l'espoir de trouver une réponse à son mal. Dans sa quête Ashitaka sera témoin d'un conflit et s'impliquera dans la guerre cruelle que se livrent les humains et les dieux de la forêt. Ce conflit entre nature et civilisation est symbolisé par la lutte sans merci opposant San, jeune fille élevée par les loups, à Dame Eboshi, chef du clan des forgerons et responsable de la destruction de la forêt. Ashitaka s'efforcera de concilier les intérêts de chacun. En vain... La guerre sera menée à son terme et le monde s'en trouvera à jamais changé.
Les Personnages:
Ashitaka
A cause d'un sortilège hérité d'un dieu maléfique, celui qui était destiné à devenir le chef de son village se voit contraint à quitter les siens sans espoir de retour. La malédiction qui pèse sur lui et qui n'a d'autre issue que la mort, se nourrit de la haine, que chacun a en soi.
En partant à la recherche d'une explication à son mal, Ashitaka sera témoin de la folie du monde. Un monde totalement nouveau pour lui, puisqu'il vient d'un village traditionnel complètement isolé. Plus qu'une simple aventure, son histoire est donc celle d'une bouleversante quête initiatique, dans laquelle il apprendra à gérer sa souffrance et à porter sur le monde un regard sans haine.
Ashitaka est le personnage auquel on s'identifie naturellement. D'abord du fait de son destin tragique qu'il affronte avec un courage et une sagesse qui forcent l'admiration., mais aussi parce qu'il fait preuve tout au long du récit d'aptitudes exceptionnelles. Ses prouesses au combat déjà impressionnantes sont rendues surnaturelles par le maléfice. Alliées à un héroisme remarquables, elles lui permettront de sauver San puis Eboshi et enfin de mettre un terme à la guerre.
Le rôle d'Ashitaka sera donc celui d'un trait d'union, d'un conciliateur entre les humains auxquels il appartient et les Dieux de la forêt qu'il apprend à connaître par amour pour San et par besoin d'approcher le Dieu-Cerf. Il est le seul, tout au long du film, à professer de manière utopique un monde où pourraient coexister les humains et les dieux.
Yakkuru est la monture d'Ashitaka. Sa race (Yakkle) n'existe pas. C'est un mélange de yak et de bouquetin inventé par Miyazaki. Yakkuru est l'exemple même de la dévotion pour son maître. Il veillera sur le corps du jeune homme jusqu'à ce que celui-ci soit ressucité par le Shishi Gami. On le verra aussi continuer à marcher après avoir reçu une flèche dans le flanc. Yakkuru a un rôle assez important dans le message du film: il symbolise ce que peuvent être aussi les rapports hommes-animaux. On voit d'ailleurs Ashitaka partager sa propre nourriture avec sa monture.
San (Princesse Mononoké)
San est une jeune fille recueillie par les loups après avoir été abandonnée par des humains dans leur fuite. Elle est la fille adoptive de la déesse louve Moro et la considère comme sa véritable mère. Elle lutte auprès d'elle et de ses deux frères avec acharnement, afin de protéger la forêt des humains et de Dame Eboshi en particulier, qu'elle s'est jurée de tuer. Sa rencontre avec Ashitaka, dont elle tombera amoureuse, ne la détournera pas de ses convictions. Son clan est sa seule famille et la forêt est sa maison.
Si son coeur est du coté des animaux et des dieux, elle a gardé toutes les caractéristiques congénitales des humains. Son intelligence, sa capacité d'analyse (c'est elle qui dirige les attaques des animaux) et sa sensibilité sont celles d'un humain. Mais sa vision extrêmement partiale de la situation et l'incroyable instinct de sauvagerie dont elle peut faire preuve lui donnent une personnalité quasi-animale.
L'histoire de San n'est pas seulement celui d'une lutte mais d'une personne qui ouvre son coeur. En tant que personne, elle a évolué tout au long du film, pour à la fin admettre son amour pour Ashitaka dont elle a appris à respecter les convictions.
A l'instar d'Ashitaka, on peut considérer San comme le personnage principal du film. Elle n'est pas au centre du récit et on la voit beaucoup moins qu'Ashitaka (elle n'apparait qu'au bout de 20 minutes et ne parle qu'après trois quarts d'heure).Mais cette relative absence ne fait que renforcer la fascination qu'elle suscite, rendant chacune de ses apparitions bouleversante.
San est l'emblème du film car elle incarne les deux combats les plus engagés de Miyazaki: le féminisme et l'écologie. Ainsi, malgré l'apparente impartialité de ce film, San est là pour nous rappeler le penchant du maître pour un écologisme militant.
Dame Eboshi
Avant de diriger le village des forgerons, Dame Eboshi était aristocrate à la cour impériale. Ecartée du pouvoir, elle a pris en charge les laissés pour compte de la société (esclaves, exclus, prostituées,...) et a fondé une communauté indépendante qui vit de la production de fer. Mais cette émancipation a un prix. En plus de la gestion de la forge, Eboshi doit affronter les Dieux de la forêt menacés par le déboisement, ainsi que les seigneurs des contrées avoisinantes qui souhaitent s'approprier la production.
Eboshi a soif de reconnaissance; mais son ambition est aussi de faire le bonheur de son peuple. Elle se bat pour assurer la survie et l'indépendance de sa communauté. Elle est aussi bonne avec ses protégés que féroce et déterminée face à ses ennemis. C'est ce qui fait toute l'ambiguïté de ce personnage capable d'accueillir et de soigner les lépreux et en même temps de piller la forêt et de massacrer les dieux.
Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, on ne peut qu'admirer Dame Eboshi pour son charisme, son sang-froid, sa volonté et ses qualités de chef. Les forgerons lui vouent d'ailleurs une confiance et une admiration sans bornes. A l'image de Gonza, ils seraient prêts à mourir pour elle.
Eboshi incarne le progrès autant social qu'économique (début de la production industrielle) ou technologique (les arquebuses). Elle a organisé une communauté sans exclusion où chacun a sa place. Profondément féministe aussi, elle donne beaucoup de responsabilités aux femmes. Elle leur apprend par exemple à utiliser les armes à feu, fonction qui leur était traditionnellement interdite. Ainsi, plus que tout autre personnage du film, Dame Eboshi symbolise l'ère Muromachi qui fut une période de profonds bouleversements.
Dans sa guerre l'opposant aux Dieux de la forêt, elle réussit à décapiter le Dieux Cerf. Dans le cataclysme qu'elle déclenche par cet acte elle perdra un bras et les forges.
Analyse du film:
Ancré dans la culture et la mythologie japonaise, Mononoke Hime fait s'entremêler une multitude de significations cachées et autres symbolismes religieux (notamment shintoïstes). Mais il n'y a pas de quoi rebuter le spectateur qui a un minimum d'ouverture culturelle. Il n'est en effet pas nécessaire d'être japonais pour apprécier les beautés et les richesses inépuisables de ce chef-d'oeuvre. Au contraire, chacun peut y voir ce qui le touche le plus, sans pour autant se "perdre". Peut-être parce que ce nouvel hymne à la tolérance et à la vie, est d'abord une expérience unique et bouleversante qui va au delà des frontières culturelles.
Un récit épique et boulversant
Beaucoup de spectateurs peu habitués à l'animation japonaise ont en fait surtout été déroutés par le traitement, inhabituel pour un dessin animé. Notre vision manichéenne du monde est en effet mise à dure épreuve… Ce n'est pas l'habituelle lutte entre le bien et le mal. Il n'y a ni « méchants » ni « gentils », mais juste des protagonistes qui ont une vision différente du futur et qui défendent leurs intérêts. Ils ont chacun leurs défauts, mais les animaux comme les forgerons combattent pour leur survie. Le conflit naît de l'incompréhension et de l'absence de dialogue, chacun restant sur ses positions.
Ce n'est pas souvent qu'un film d'animation nous montre que, dans le monde, rien n'est blanc ou noir. L'exemple d'Eboshi est frappant. Que penser de cette femme? Notre sentiment envers elle oscille entre colère et profonde admiration. Et comme elle, les autres protagonistes sont placés sous le signe d'une troublante ambiguïté.
Même Ashitaka, l'âme la plus pure de l'histoire, n'est pas exempt de sentiments haineux par moments. C'est en fait un personnage qui évolue mentalement et physiquement tout au long du film. Son parcours est celui d'un jeune homme qui cherche à se soigner, à se purifier. C'est une des conditions qui lui permettra d'atteindre l'harmonie intérieure. Dans son périple, il rencontre la haine, l'amour, le désespoir et perdra son innocence originelle. On vibre, on souffre avec lui. Comme lui, on se sent concerné par cette lutte de civilisation. Comme lui, on aimerait pouvoir concilier les intérêts de chacun. Comme lui, on se rend compte comme il est difficile de porter sur le monde un regard lucide…
Ashitaka n'est pas ce genre de héros qui réussit tout, mais devant chaque difficulté il tente quelque chose. Sa quête est d'abord spirituelle, mais elle inclut aussi l'action. C'est toute la force des oeuvres de Miyazaki comme Mononoke Hime ou Nausicaä d'exprimer une philosophie à travers les actes. Mais à la différence du "messie" vêtu de bleu qui avait une destinée toute tracée, Ashitaka crée plus la sienne.
Mononoke Hime est un spectacle visuel éblouissant mais il appartient aussi à cette catégorie de films que l'on a toujours plaisir à revoir, rien que pour la richesse de son contenu. Sa longueur est assez inhabituelle pour un film d'animation. Mais le tout est d'une cohérence parfaite. Aucune scène n'est superflue, chacune participant à la signification générale du récit. Cela aurait été un crime de faire des coupes (les films du studio Ghibli ne sont pas des produits mais des oeuvres!).
Dans cette oeuvre, le souffle nous transporte, les personnages sont bouleversants d'humanité et la tragédie qui nous est contée nous touche au plus profond de nous-mêmes.
Mais c'est surtout la mort du Dieu-Cerf et tout ce qu'il s'ensuit qui donne matière à méditer. Sa disparition marque la fin d'une ère, celle d'un monde peuplé de démons et merveilles. Plus rien ne sera jamais comme avant. Ce ne seront plus les mêmes forêts. Les animaux gigantesques et les esprits disparaîtront avec les derniers représentants du clan Moro et le Kodama de la dernière scène. On ressent un immense vide comme si on avait la nostalgie de ce monde imaginaire, quasi mythologique et pourtant plausible où le rapport entre la nature et l'homme était différent. L'héritage du Dieu-Cerf (la végétation qui a repoussé à vue d'œil) est plein d'espoir mais aussi tellement fragile...
Princesse Mononoke peut ainsi être vu comme une immense tragédie car c'est l'histoire d'un changement. Et comme tout changement, il ne peut être que douloureux. Miyazaki nous fait le récit d'un moment confus de l'histoire, celui de la rupture d'un équilibre qui aboutit fatalement à un autre. Meilleur ? A chacun d'en juger. Ce bouleversement qui, dans le film, concerne le Japon médiéval peut parfaitement être retranscrit à la réalité de notre époque.
De l'importance de la nature, de l'importance de l'amour
On a rarement vu une représentation aussi forte de la nature dans un film… Elle est montrée dans toute sa splendeur, son mystère, mais aussi sa cruauté quand elle se sent menacée. Excepté le Shishi Gami, les dieux sont représentatifs de l'hostilité de cette nature qui se sent agressée. Elle se révolte contre des hommes, pour qui l'affirmation de soi est devenue conquête et destruction, là où auparavant existaient le respect et la crainte des éléments naturels. Dans Mononoke Hime, la nature est un impressionnant pouvoir, mais qui ne cesse de décroître au fur et à mesure que l'humanité s'émancipe. Ainsi, les divinités animales voient irrémédiablement leur taille et leur intelligence diminuer au fil des générations, certaines allant jusqu'à perdre la parole. Au fur et à mesure que le film avance, on sent le combat perdu d'avance pour la nature, d'autant que le Dieu de la forêt reste en dehors du conflit.
L' amour est un autre thème important de Princesse Mononoke, ce qui peut sembler surprenant pour une oeuvre de Miyazaki. Exceptée plus tard, dans Le château ambulant, rarement une romance n'a été traitée de façon aussi explicite dans la filmographie du réalisateur. Mais loin de sombrer dans une bluette romantique, l'histoire entre San et Ashitaka symbolise en réalité cette alliance nécessaire entre l'homme et la nature. Si cette romance peut paraître frustrante dans son dénouement, elle ne reflète en fait que les relations entre la Nature et l'Homme, entre attraction et répulsion. De plus, cette conclusion inhabituelle rend la relation entre les deux héros étonnemnent magnifique. Si Ashitaka et San se séparent, ce n'est pas par fatalisme, mais par respect du choix de l'autre. Ils n'appartiennent pas au même monde, ils n'ont pas les mêmes convictions, et pourtant ils ont réussi à s'ouvrir mutuellement leurs coeurs. Les deux amoureux ne se verront qu'occasionnellement, sans certitude que leur relation durera; après ce qu'il ont vu et ce qu'ils ont vécu, ils ne sont plus assez naïfs pour demander des garanties ou faire des promesses...
Dans Mononoke Hime, bien que le combat homme/nature prenne une dimension onirique, il reste profondément humain car il est le théâtre de nombreux amours contradictoires. Plus que la haine féroce que se vouent les différentes parties, ce sont finalement l'amour de San et celui de Dame Eboshi pour leurs clans respectifs qui sont le pilier central du conflit. Mêler avec une telle profondeur tragédie monumentale et sentiments humains, destin collectif et moments d'intimité, constitue une des plus grandes réussites de Hayao Miyazaki.
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Taxi Driver
Film américain de M. Scorsese (1976)
Scénario: Paul Schrader
Image: Michael Chapman
Musique: Bernard Hermann
Casting:
Robert De Niro: Travis Bickle
Jodie Foster: Iris
Harvey Keitel: Sport
Cybill Shepherd: Betsy
Synopsis:
Travis Bickle, un jeune homme du Midwest a -apprend-on discrètement- récemment été démobilisé des Marines. Il en ressort une personnalité déséquilibrée et un individu refoulé, en marge de la Société. Souffrant d'insomnie, il décide de prendre un travail de chauffeur de taxi à New York et se porte volontaire pour un travail de nuit. Bickle passe son temps libre à regarder des films pornographiques dans des cinémas sordides, et à rouler sans but dans son taxi.
Bickle est horrifié par la décadence morale qu'il pense voir autour de lui, et quand Iris, une prostituée de douze ans et demi, monte une nuit dans son taxi, il devient obsédé par l'idée de la sauver, malgré le total désintérêt de la jeune fille.
Bickle est obsédé aussi par Betsy, une assistante du Sénateur de New York. Au bout de quelques rendez-vous et de quelques cadeaux, elle accepte un rendez-vous dans un cinéma miteux où, contre son plein gré, elle va voir un film pornographique. Au bout de dix secondes de film, elle quitte la salle, dégoûtée.
Bickle décide d'assassiner le Sénateur. Il échoue et s'en prend au proxénète d'Iris. Il le tue, mais est lui-même blessé dans l'assaut. Il semble mourir.
Un épilogue rapide termine le film et montre la belle Betsy montant à nouveau dans le taxi de Bickle, et qui le félicite pour son acte de bravoure. Certains ont pu voir dans cette scène la rêverie romantique d'un Bickle mourant, tandis que d'autres y voient une fin réelle et positive.
Analyse:
Mean Streets symboliqait la rencontre cinématographique de Martin Scorsese et de Robert De Niro, Taxi Driver représentera celle de Scorsese avec Paul Schrader qui sera à plusieurs reprises son scénariste. Les deux hommes se sont rencontrés en 1972, à l'instigation de Brian De Palma quipensait avec raison qu'ils pouvaient avoir de nombreux points communs. De Palma et Schrader avaient déjà parlé d'Obsession, Scorsese et Schrader vont faire de même avec un autre scénario de Schrader, Taxi Driver, que De Palma ne souhaitait pas réaliser.
Schrader a raconté lui-même l'origine de Taxi Driver: "A la suite d'une aventure sentimentale désastreuse. Je me baladais toute la nuit. Je n'arrivais pas à dormir. Je me réveillais l'après-midi vers quatre ou cinq heures, et me mettais à boire. J'ai vécu ainsi trois ou quatre semaines, et fus sauvé par un ulcère. Mon séjour à l'hôpital terminé, je voulus quitter Los Angeles pour quelques temps, lorsque l'idée de Taxi Driver me vint. C'était la métaphore que je cherchais. L'homme qui va n'importe où pour de l'argent. Un homme constamment entouré de gens mais qui n'a pas d'amis. Un symbole de la solitude urbaine. La voiture représente une sorte de cercueil métallique. J'ai écrit le scénario en quinze jours.
Les producteurs Michael et Julia Phillips prennent une option sur le scénario et cherchent dès lors un réalisateur. Ils pensent successivement à Irvin Kershner, à Lamont Johnson, à John Milius lui-même qui avait conseillé Schrader pour le thème du fétichisme d'armes. Pour l'instant, il n'est toujours pas question de Martin Scorsese.
Mais Julia et Michael Phillips remportent un triomphe public avec L'Arnaque et peuvent donc désormais produire ce qu'ils veulent. Ils visionnent Mean Street et sont d'accord pour confier Taxi Driver à Scorsese à partir du moment où Robert De Niro joue le rôle de Travis. De Niro, qui était intéressé par un sujet vaguement similaire, accepte, mais il est néanmoins demandé à Paul Schrader de modifier son premier état de scénario dans lequel le souteneur et toutes les prostituées étaient noirs.
Scorsese envisage de confier le rôle de Tom, l'un des membres de la campagne électorale du sénateur Palantine, à Harvey Keitel, mais ce dernier préfère celui de Sport, le souteneur de la jeune Iris. Celle-ci sera jouée par Jodie Foster, déjà dirigée par Scorsese. Quant au personnage de la blonde Betsy, il va échoir à Cybill Sheperd. La mysoginie de Marty [Martin Scorsese], déclarait à ce propos Julia Phillips, a été évidente par le choix de Cybill Shepard. Nous avions interviewé toutes les blondes, et il continuait à regarder, regarder, regarder. J'aimais Farrah Fawcett, sa fine ossature, son profil aquilin, ses grandes dents et la finesse de son corps. Marty choisit Cybill pour son gros derrière, un comportement typiquement italien."
Le décor du film est un New York plus glauque que jamais, une ville dans laquelle Travis Bickle ne peut même pas trouver le sommeil après douze heures de travail. Il en est réduit à aller s'effondrer dans un cinéma porno. La 122e Rue est défini par Wizrad, l'un des collègues chauffeurs de taxi de Travis, comme "a fuckin' Mau mau land".Travis décrit lui aussi ceux qu'ils rencontrent: "Ce sont des animaux. Tous les animaux sortent la nuit: putes, chattes en chaleur, enculés, folles, pédés, pourvoyeurs, camés. Le vice et le fric. Un jour, une véritable pluie surviendra et balaiera tout cet excrément des rues.
Travis va dès lors devenir - selon les propres mots de Scorsese - un "ange exterminateur".
Armé d'un 44 Magnum, d'un 38 Smith et Wesson à canon court, d'un Colt 25, d'un Walther 380 et d'une arme blanche, il est désormas prêt à éliminer un politicien qu'il juge aussi démagogue que les autres. N'y parvenant pas, il s'attaque au souteneur Sport et aux complices de ce dernier. Le fait que pour accomplir cette action punitive - qui lui vaudra finalement les honeurs de la presse et les remerciements chaleureux des parents d'Iris ! - il port le coupe de cheveux "à la Mohawk" des membres des Special Forces ayant opéré au Viêtnam est un symbole amigu.
Initialement, le scénario prévoyait une fin plus rassurante, laissant entendre que travis et Betsy pourraient se retrouver à nouveau. La fin retenue, même si elle voit Betsy monter dans le taxi de Travis, l'est beaucoup moins.
L'une des qualités essentielles du film tient d'ailleurs à la composition de Robert De Niro. Pour être convaincant dans son rôle de chauffeur de taxi, De Niro n'a pas hésité à passer son permis taxi et à conduire durant plusieurs jours untaxi dans New York. "Il a gagné pas mal d'argent ainsi", plaisantait Paul Schrader. On doit aussi à De Niro le superbe "Are you talking to me" qu'il prononce à plusieurs reprises face à son miroir phrase qui ne figurait pas au scénario et qui fut improvisée par De Niro. Ce rôle demeure un des grands moments de sa carrière.
Persuadé de sa mission, Travis Bickle, qui nettoie chaque jour son taxi, oscille entre une blonde socialiste et une jeune prostituée, s'imaginant être le purificateur d'une société qu'il juge corrompue.
Sûr de son bon droit, cet ancien du Viêtnam, où peut-être il a déjà tué, est prêt à recommencer.
Le carnage final a à la fois inquiété la Columbia qui devait distribuerle film et ses producteurs. Afin d'atténuer l'horreur sanglante de certains plans, Scorsese a choisi de les filtrer afin que le film obtienne un certificat R au lieu de l'infamant X. Mais la Columbia retait circonspecte. Julia Cameron obtint de son amie Pauline Kael, chroniqueuse redoutée, qu'elle publie une colonne en faveur du film dans The New Yorker. Le pari de Scorsese était dès lors gagné et le succès critique et public du film fut immédiat.
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Fin du vote le Jeudi 20 mars à midi.
Bon votes
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- Sannin
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Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Dur dur... très dur même...
Allez je me lance et vote
Princesse Mononoke
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Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Princesse Mononoké (mon Miyazaki préféré )
Mon âme se compose et décompose
comme un puzzle mélancolique...
dont chaque pièce a sa propre tristesse.
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- Ninja de Légende
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Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Taxi Driver
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- Sannin
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Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Attendez faut pas déconner là, Taxi Driver sans hésitation !!!!
S'il passe pas, je le prends mal
S'il passe pas, je le prends mal
Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
vraiment pas simple celui la (ca devrait etre interdit un vs. comme ca )
on va dire malgré tout Princesse Mononoké (mon Miyazaki préféré sans aucun doute ^^), meme si ca fait mal de voter contre Taxi Driver ...
(et au passage, vraiment nickelle cette présentation de Princesse Mononoké )
on va dire malgré tout Princesse Mononoké (mon Miyazaki préféré sans aucun doute ^^), meme si ca fait mal de voter contre Taxi Driver ...
(et au passage, vraiment nickelle cette présentation de Princesse Mononoké )
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- Boulet mort
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Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Taxi Driver!!!!!!!!!!!!
Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Princesse Mononoke
trop trop bon ce film !
trop trop bon ce film !
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- Agent Crockett
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Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Princesse Mononoke \o/
Re: 32e de Finale: Princesse Mononoké vs Taxi Driver
Princesse Mononoke.