Démineurs

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Heaven smile
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Démineurs

Message par Heaven smile »

Démineurs [The Hurt Locker] - Kathryn Bigelow

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Informations sur le film :

- Réalisé par : Kathryn Bigelow.
- Avec : Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty, Guy Pearce, Ralph Fiennes.
- scénario : Kathryn Bigelow, Mark Boal.
- Durée du film : 2h10.
- Sortie : 23 septembre 2010 (reprise dans les cinéma dès le 10 mars 2010).

Ayant reçu à Los Angeles les prix du Syndicat des producteurs et du Syndicat des réalisateurs, The Hurt Locker compte désormais à son palmarès six oscars (discutés ?). Sur son site, Le Figaro note, par ailleurs, que Démineurs est, je cite,"le film le moins rentable de l'histoire des Academy Awards à être couronné. Avec un budget estimé de 11 millions de dollars - très modeste, selon les normes hollywoodiennes - le film a été un échec commercial, avec des recettes mondiales d'un peu plus de 16 millions."
Malgré des recettes qui, comme vous le constatez, sont loin d'être mirobolantes, 2010 somme comme l'année de la consécration pour la célèbre réalisatrice de Point Break et Strange Days, alors que, pour l'occasion, le film ressort en salles. Etant le principal sujet de discussion de la sphère cinématographique depuis déjà quelques semaines, je me lance dans un petit sujet sur le film, afin que nous en discutions avec fougue et passion.
"Accrochez-vous, ça va faire mal..."


L'histoire :

Bagdad, de nos jours. Le sergent-chef James, spécialiste du déminage en zone de combat, prend la tête d'une unité d'hommes ultra-entraînés au désamorçage d'explosifs. Mais ses méthodes surprennent deux de ses soldats, lorsqu'il les précipite dans un jeu mortel de guerilla urbaine, sans se soucier de leur sécurité. James se comporte comme si la mort ne lui faisait pas peur. La ville plonge dans le chaos. Ses subordonnés tentent de raisonner James, grisé par le danger. Sa vraie nature se révèle alors, et ses hommes en seront marqués à jamais.
(source Comme au cinéma)

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"The Rush Of Battle is often a potent and lethal addiction, for war is a drug."

Grosse surprise pour ma part que ce Démineurs (on lui préfèrera son titre original, The Hurt Locker), que je n'attendais pas spécialement. Digne héritier de Point Break, The Hurt Locker est un film sensitif, outrancié et viscéral. Une quête perpétuelle d'adrénaline, où s'enchaine frénétiquement les situations les plus extrêmes. Point de speed balls ici, le shoot est dans un premier temps environnemental, il se capte : Bagdad, ses rumeurs, sa population indigente, l'inconnu, le chaos d'une guerre. Dans un deuxième temps, il est matériel : un sol truffé d'obus, une voiture piégée, un martyr forcé chargé au C4. Il faut agir dans un temps déterminé sous peine d'y rester. C'est l'ensemble de ces éléments que la cinéaste capture et retransmet à l'écran, par le biais de la shaky cam et le recours à la slow motion, pour un rendu visuel formel et symbolique confirmant que son oscar de la mise en scène n'est pas usurpé.
Réputée "couillue" pour ses choix cinématographiques, la réalisatrice place au centre de son long métrage des personnages ayant de la consistance, un passé qui transparait à l'écran. Le récit et la narration fonctionne sur cette base là, et justifie par conséquent le choix de scènes pouvant paraitre au premier abord décousues, superflues, interchangeables. En cela The Hurt Locker n'est pas un film de "guerre" à proprement parlé, mais une variation sur le thème du conflit au Moyen-Orient, à l'image d'autres réalisations en marges comme l'excellent Black Hawk Down de Scott, ou Jarhead de Mendes. Bagdad remplace Mogadiscio en 2009, mais les soldats sont toujours soumis au régime implacable de la guerrilla.
Point de propos pro-Irak ici, mais un film d'homme sur des hommes, en proie à leurs doutes, leurs peurs. Sur ce point là, The Hurt Locker travaille l'impact psychologique du conflit avec finesse et intelligence, opposant ainsi le duo Sanborn / Eldridge à l'ambivalence de James, alternant entre l'inconscience, la brutalité et la compassion. Bigelow met en lumière les ravages du conflit, ose mettre en image les bouleversements psychologiques, tout comme le fit Cimino dans ce chef d'oeuvre qu'est The Deer Hunter. Il faut voir l'état de James durant les désamorçages, sombrant presque dans la démence, la jouissance du sursis et faisant dès lors abstraction de tout élément l'entourant. Le final est lourd de sens et pessimiste : cette ligne qu'il a côtoyé durant la quarantaine de jours avant la rotation d'équipe, est outrepassée. Sous couvert de porter assistance - bien que cela fasse partie intégrante de ses motivations - c'est l'excitation du déminage qui le stimule.

Bigelow signe avec The Hurt Locker un film fort, osant la différence et l'affichant avec fierté. Si l'on peut lui reprocher un petit coup de mou dans le second tiers, il n'en demeure pas moins terriblement efficace et riche en émotions. On a là un actionner qui n'est pas sans rappeler les hectolitres de testostérone eighties des McTiernan et autres maitres du divertissement intelligent.
Le déminage à travers le regard d'une femme si séduisante, qui peut résister ? :mrgreen:

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