Mad Max

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Heaven smile
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Mad Max

Message par Heaven smile »

They killed his family. Now he's going to run them over.

MAD MAX

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(picture from The Road Warrior :Mad Max 2, 1981)

Aujourd'hui, qui ne connait pas Mad Max ?Sans forcément l'avoir vu, chacun est capable d'accoler à l'image de Max Rockatansky le nom de Mel Gibson. Par trois fois l'acteur a enfilé le rôle qui l'a révélé au grand public. En 1979 débarque Mad Max premier du nom, puis en 1981, The Road Warrior :Mad Max 2. Enfin, l'année 1985 voit l'arrivée d'un troisième volet, Mad Max :Beyond Thunderdome. Dans l'attente d'un éventuel quatrième opus intitulé Fury Road, libre à chacun de se replonger dans l'univers si particulier propre aux premiers épisodes. Pour les masochistes, je ne peux que vous indiquer le troisième (que je me suis moi-même infligé de nouveau hier, afin de raviver de douloureux souvenirs).

Il était une fois...

Mad Max de George Miller :

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- Avec : Mel Gibson, Joanne Samuel, Steve Bisley, Tim Burns
- durée : 1h25 mn
- année de production : 1979
- Synopsis : Sur les autoroutes désertées d'une Australie méconnaissable, une guerre sans merci oppose motards hors-la-loi et policiers Interceptor, qui tentent de triompher de la vermine au volant de voitures aux moteurs surgonflés. Le cavalier de la nuit sème la terreur au volant de son bolide jusqu'au moment ou Max Rocktansky, l'as des as, l'arrête. Mais ses interventions ne sont pas du goût de tout le monde. Dans cet univers en pleine décadence, les bons, les méchants, le manichéisme disparaissent.
(source : Allociné, Ecranlarge)


On aura rarement vu film aussi violent. Pour son premier long métrage, Miller nous plonge dans un futur immédiat sinistre fait de violence, de mort et où tout espoir semble voué à disparaître. Récit d'une humanité condamnée à une lente descente aux Enfers, Mad Max éblouit, tétanise par tant de radicalisme. Au chaos d'un bitume faisant sien tout individu l'en approchant répond une figure maternelle, symbole vivace d'une alternative à cette démence épidémique. Mise à mort sur ces longues routes rectilignes sacralisées par la mise en scène, la cellule familiale de Max – symptomatique de l'état de la société – voit s'éteindre avec elle une ultime chance de rédemption, condamnant l'homme à une impasse, « Dead End ». Celui-ci mène alors une vie de guerrier solitaire exprimant sa pleine puissance – via l'affirmation de la symbolique phallique des véhicules à travers le dynamisme du montage et la mise en scène – par la vitesse et les vrombissements des moteurs.

Trop souvent réduit au statut de « film de vengeance », Mad Max tend avant tout à traduire la crainte d'une dégénérescence de l'humanité si celle-ci, dans l'absence totale d'institutions d'encadrement, s'attache à suivre et assouvir ses plus bas instincts. De cette affirmation outrancière de virilité et d'animalité résulte le chaos. Celui-ci est présent dès les premières minutes du film, alors que la seul forme d'autorité se trouve être entre les mains d'adultes aux attitudes et réactions puériles.
Le mal est partout. Max lui même y est sujet de manière inconsciente – voir les plans serrés et les cadrages désaxés de la poursuite introductive – aliéné au volant de son Interceptor, et ce jusqu'à la tragédie frappant Goose. C'est là qu'à lieu la prise de conscience, que se révèle la crainte de devenir l'un des acrobates de ce « mad circus out there », de n'exister plus que par / pour la route. À la deuxième partie – initiée avec l'accident de Goose et clôturée par la mort de Jessie – succède l'acte final que l'on connait, celui de la vengeance, froide, sauvage et implacable. Dans un plan final d'une noirceur terrible, Max, s'aventure – sous un ciel nuageux – sur une route sans fin venant sectionner une pleine désertique : désormais seul, il se dirige vers un monde où l'homme ordinaire n'a plus sa place.


The Road Warrior : Mad Max 2 de George Miller :

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- Avec : Mel Gibson, Bruce Spence, Vernon Wells
- durée : 1h40 mn
- année de production : 1981
- Synopsis : Dans un futur non défini, les réserves de pétrole sont épuisées et la violence règne sur le monde. Max, un ancien de la sécurité routière, se porte aux secours d'une communauté de fuyards aux prises avec des pirates de la route. La bataille se concentre autour d'une citerne de raffinerie.
(Source :Ecranlarge)


Plus rapide, plus aride, plus sauvage; tel est Mad Max 2. Ce que ce deuxième épisode perd sur le plan de l'impact psychologique, il le compense par des scènes d'action extrêmes, SM, où l'on prend pleinement conscience de la marche inéluctable de l'homme vers l'animalisation . Que ce soit dans les rapports qu'entretiennent Max et son chien, ou Humungus et ses subordonnés, on renoue avec la déshumanisation de l'être – ici portée à l'extrême – initiée dans Mad Max. Rabaissé au rang tant redouté de « fuel injected machine » le renvoyant au Night Rider du premier opus, il erre sur les routes, tel un damné. Autrefois chasseur, il devient une proie, traqué par l'un des nombreux gangs façonnant cet univers aride désolé.

L'adage selon lequel « l'homme est un loup pour l'homme » prend tout son sens dans ce monde névrosé sujet – sur le long terme – à une dystrophie de plus en plus prononcée. Dans le but de contrebalancer le chaos étouffant de l'environnement au sein duquel évolue Max, Miller lui fait croiser la route d'une micro-société succédant au rôle symbolique de la famille, (voir Mad Max, 1979) mais affectée malgré tout par un certains archaïsme sociétal venant traduire le caractère généralisé de la dégénérescence. Eux également sont dépendants de carburant, véritable manne que chacun tente de posséder aux prix d'actes souvent innommables.
Sommet de frénésie meurtrière, la poursuite finale opposant Max aux troupes d'Humungus lui permet de s'imposer au regard de ses « compagnons de fortune », comme un véritable guerrier : le « Road Warrior »; avec le temps mythifié, comme en témoigne la chronologie introductive – modèle de concision, de clarté et d'efficacité scénaristique – lui faisant écho. Ainsi, dès les premières minutes Max se détache du reste des hommes. Il est transfiguré par le langage, dématérialisé et n'existe de manière vivace qu'à travers lui et donc à travers le narrateur.
D'où légitimement, la question de la véracité des faits. Alors que la vue se voile et qu'il ne reste que les souvenirs, comment ne pas douter de l'histoire de cet homme et de ce qu'il a accompli :ce qui se dit a-t-il eu lieu ? Max n'est qu'une ombre fantomatique hantant la mémoire d'un vieillard ayant croisé son chemin alors que celui-ci ne comprenait pas et ne maitrisait pas la langue. On assiste à ce titre à un véritable chassé-croisé dans la vie de cet individu / narrateur qui se trouve systématiquement en situation d'infirmité en présence – physique ou mentale – de Max :dans un premier temps, il le voit mais ne parle pas, puis, lorsqu'il cherche à retracer son parcours, il a cette fois-ci la pleine maitrise du langage au détriment de la vue. Être mythologique de cette société, Le Guerrier, ombre du bitume et de l'esprit vit par la force des mots et échappe ainsi dans le temps, dans ce milieu infini, à toute dépréciation de statut.

Mad Max :Beyond Thunderdome de George Ogilvie et George Miller :

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- Avec : Mel Gibson, Tina Turner, Bruce Spence
- durée : 1h48 mn
- année de production : 1985
- Synopsis : Max, de retour, s'est fait dépouiller de son maigre bien. Suivant le voleur, il arrive à la Ville du Troc, où règne Entity. Celle-ci l'engage pour qu'il la débarrasse de Master et Blaster, rois du Monde souterrain. N'ayant voulu tuer Blaster, Max est abandonné en plein désert, d'où il ressurgit à la tête d'une troupe d'enfants pour faire exploser la Ville du Troc.
(Source :Ecranlarge)

Ni allons pas par quatre chemins; ce troisième volet n'est pas un bon film. Mad Max :Beyond Thunderdome ne raconte rien, non parce qu'il n'a rien à dire, mais parce qu'il ne veut rien dire. Qui blâmer pour avoir à ce point dépouillé le travail considérable effectué sur les deux premiers volets? Probablement un américanisme primaire venu injecter à ces monuments post-apocalyptiques 80's une dose subite de venin nommé Dollars. Aux concessions budgétaires s'adjoignent des concessions scénaristiques évidentes, – comprenez formatage – dénaturant au plus point l'univers si atypique de la série. Peu importent la souffrance et de désarroi de Max, la cohérence avec les précédents films. Ici, le bigger & louder est roi, exacerbant jusqu'à l'excès chaque parcelle du champ créatif de Miller.

Sur ces enjeux inexistants, ce scénario atterrant, vient trôner au sommet de sa hutte – assise du pouvoir – Tina Turner. L'ironie de ce personnage qui « n'était rien dans l'ancien monde » est d'être en possession d'un pouvoir illusoire. S'érigeant en reine de Bartertown, cité dont l'énergie provient des porcs – plus précisément de leurs déjections – et dont la population est, elle aussi, assimilée à un combustible permettant une quelconque expansion, elle en vient à oublier qu'elle est le centre névralgique d'un tas de matière fécale – ni plus, ni moins – qu'elle a elle-même fondée.

C'est dans ce contexte que l'on retrouve Max, au volant d'une charrette tractée par six chameaux. Le processus de mythification développé précédemment par Miller vole en éclat au profit d'un Max bédouin, se confrontant de nouveau à une forme de civilisation. Quand bien même l'on puisse discerner l'intérêt du cinéaste pour la temporalité, – thème récurrent sur les deux précédents films – celui-ci ne demeure qu'esquissé. L'évolution intrinsèque de l'univers n'avait fondamentalement rien d'illogique :The Road Warrior constituant lui même un vibrant hommage aux codes du western, pourquoi ne pas étendre la sphère westernienne à l'ensemble de cet environnement ?Le processus de régression opéré pousse la société à renouer, à l'horizon des années deux mille, à une organisation sociale portant la marque des villes de l'ouest américain durant tout le XIXe siècle. Max aborde ainsi tous les éléments propre au Far West :la population urbaine et indienne, le chemin de fer – de l'après 1840 – ou encore les duels. Maladroitement mis bout à bout, ces empreints au Western ne parviennent à dynamiser une construction narrative littéralement incohérente. En témoigne le retour futile de Bruce Spence, les tensions politiques pour le contrôle de Bartertown ou le messianisme universaliste entrant en ligne de compte lors de l'entrée en scène des indigènes. Autrement dit, tout un programme.
Mais à quoi bon; Beyond Thunderdome traine tel un bagnard un boulet d'un poids considérable :l'inconsistance de ses protagonistes, les impressions de déjà vu, les situations videS de tout intérêt. À n'en plus douter, le film cherche à draguer le public le plus large, mais le résultat à pour effet de nous laisser dans un état similaire à Max lorsqu'il entre en contact avec la population indigène :désappointé, puis consterné par cette régression généralisée.
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R'iryh
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Localisation : Tout près d'Angers ^^

Re: Mad Max

Message par R'iryh »

Tu me fais penser qu'il faut absolument que j'm'enfile le premier, j'ai toujours vu que le deux :???:

Que j'trouve génial d'ailleurs.
Faut vraiment que j'vois la genèse :mrgreen:

Le troisième visiblement j'me ferais du mal, alors j'hésite :hein:
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'Tain, y sont cool mes 'tits monstres :3
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