STOKER - Park Chan-Wook

Tu aimes les salles obscures, tu veux parler du dernier film qui t'a fait hurler, crier ou mourir de rire. Fais-nous partager ton plaisir.

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Heaven smile
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STOKER - Park Chan-Wook

Message par Heaven smile »

STOKER - Park Chan-Wook


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Informations sur le film :

- Réalisé par : Park Chan-Wook
- Avec : Matthew Goode, Mia Wasikowska, Nicole Kidman
- Genre : Thriller
- Durée du film : 1h40
- Origine : Etats-Unis, Corée du Sud
- Sortie française : 1er mai 2013


Genèse du projet :

Etats-Unis, 2010. Intérieur, jour.
Deux hommes, dans un bureau. L'un dew deux, Ridley, est un peu déprimé.

Michael dit : "Ridley, ça va vieux ?"
Ridley dit : "Moarf, pas tellement non. J'ai l'impression qu'on produit vachement de merdes en ce moment. Pas que dans la boite hein, mais dans tous l'pays.
- C'est pas un secret mec. Ça fait trente qu'on patine dans la s'moule et qu'on enchaîne daubes sur daubes. La faute à Reagan si tu veux mon avis. D'ailleurs maintenant, même tes films sont faisandés eux aussi.
- T'abuse un peu Michael. Y en a quand même un sur quatre qui tient la route, non ?
- Ouais... en étant gentil quoi.
- Merci de le reconnaître, même avec difficulté Michael.
- Pas de quoi, vieux. Bon sinon, t'as des trucs dans les tiroirs ? Un script ou deux, un peu sympas, qu'on pourrait mettre en route histoire de se faire légalement un peu d'flouze ?
- Rien. Zob. Que dalle. Même le scénario de mon prochain film pue la merde.
- Sans déconner ? Ça s'appelle comment ? Qui te l'a écrit ?
- Prometheus. De Damon Lindelof. C'est un prequel de mon film Alien, mais c'est différent d'Alien tout en se passant dans le même univers mais deux cents ans avant et avec pleins de références à Alien sans être directement connecté à Alien. Tu vois ?
- Euh... pas vraiment non.
- Moi non plus...
- Mais c'est un bon scénariste au moins ce mec ?
- Ben... c'est un p'tit chauve à lunettes qui bossé sur Lost et...
- Lost ? La série où tous les mecs sont morts dès le premier épisode mais où on te le dit qu'au bout de six saisons ?
- Ouais, c'est ça... sinon, il vient de vendre un autre de ses scénarios.
- Et comment qu'il s'appelle çui-là ?
- Cowboys contre Envahisseurs. C'est... ben avec des cowboys et des aliens.
- Genius. J'en connais qui vont avoir le rectum en feu en payant pour voir une merde comme ça.
- Clair. Et j'te dis même pas c'que ça va être pour Prometheus.
- 'fin bon, relativisons, ça fait que deux merdes de plus. Comme j'te l'ai dit, on est plus à ça près. Moi, par contre, j'ai un script !
- Bah fallait le dire tout de suite. C'est quoi ?
- Un thriller ?
- De qui ?
- Un certain Ted Foulke. Vu le script, probablement un consanguin du Midwest.
- Laughing out loud, quoi !
- Tu l'as dit. Le truc ouf, c'est que c'est vachement bien en plus.
- Vraiment ?
- Ouais, j'te jure.
- Je pourrais le réaliser après Prometheus ?
- Ben... euh...disons que... euh... c'est pas trop ton style tu vois...
- Mon style ? Mais j'ai pas de style moi. Je suis Ridley Scott. Je fais de tout. Des trucs de guerre, de science-fiction, d'histoire, de guerre ou de science-fiction. J'ai même fais un film d'amour en France avec Marion Cotillard, pour te dire.
- Bah voilà. C’est justement là où je veux en venir. Ton exemple avec Cotillard là, c’est vachement symptomatique de ton style. Le style film de merde. Non, là pour ce script, y nous faut du sang neuf. Un mec qui a bonne réput’, qui fait du cinéma, du vrai.
- Un américain ?
- Tu m’as écouté ? J’ai dit du sang neuf. Faut qu’on écarte un peu les jambes pour chopper un étranger. On tortille du croupion, on fait les beaux, les gentils et hop, on l’invite à faire son prochain film ici, aux States.
- Un italien alors ? Ou un français ? J’adore le cinéma français.
- Non, non. Pas de ça chez nous. D’autant que le cinéma français, il est un peu comme toi. Mort depuis trente ans. Les grenouilles ne font que des comédies ou des films sociaux sur les pauvres. En plus, l’argent est tabou chez eux. En plus de plus, cette histoire se passe chez des riches. Non, il nous faut autre chose.
- On peut taper en Asie. En Chine par exemple.
- Non, pas la Chine. Ça va être emmerdes sur emmerdes. La Corée par contre, c’est pas mal.
- Laquelle ?
- Quelle question, la Corée du Sud. Au Nord, c’est que des fidelistos.
- Ah oui, c’est vrai. T’as des noms ?
- Des noms, des noms, c’est vite dit. Ces mecs, ils s’appellent tous Park quelque chose. Je vais checker, voir si dans les bons réalisateurs, il y a un mec qui s’appelle Park.
- Génial. Bon moi, je retourne travailler sur Prometheus."



Etats-Unis, 2010. Intérieur, jour.
Une semaine après leur première conversation, Ridley est de retour au bureau. Michael déboule en trombe, des papiers plein les bras.

"- Ridley, mon vieux Ridley, ça biche ? Tu te souviens de ce dont on a parlé concernant le script ?
- Quel script ? Prometheus ?
- Mais non, bordel. Tu me gaves avec ton Prometheus. Je te parle du BON script. Ben j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à t'annoncer. Tu veux laquelle en premier ?
- File- moi la bonne. Avec les emmerdes que j'ai sur Prometheus, j'ai besoin d'entendre quelque chose de positif.
- J't'ai dit de me lâcher avec ton film. J'ai un réalisateur. Un Park. Park Chan-Wook qu'il s'appelle.
- Ça sonne drôlement bien.
- Tu m'étonnes. Cerise sur le gâteau, c'est un habitué des festivals de cinéma. Il a fait genre Venise et Cannes. La classe, hein ? Deux fois en plus. Tu sais, Cannes c'est là où tu t'es fait siffler avec ton Gladiator des Bois y a trois mois.
- Oui. C'est pas des rigolos là-bas. Les films de Park y ont bien été accueilli ?
- Un peu mon n'veu, il a même eu un Grand Prix en 2004. Pour un truc de vengeance violent et désespéré.
- La classe !
- T'as vu. C'est génial. Je l'ai contacté et il adore le script. Il va faire le film.
- C'est sûr ?
- Ouais ouais, il va le réaliser. J'ai fait quelques concessions, mais c'est bon il a accepté. Par contre, y a un truc que j'ai découvert après notre discussion de la semaine dernière. C'est la mauvaise nouvelle. Et je l'ai pas balancé au coréen.
- Dis voir.
- Ted Foulke. Le mec qui a écrit le script.
- Eh ben ?
- Bah le truc, c'est qu'il s'appelle pas Ted Foulke en vrai. En fait, c'est Wentworth Miller, le mec de Prison Break !
- Le benêt tatoué ou le benêt pas tatoué ?
- Nan, le tatoué. L'autre, il sait même pas écrire son prénom. Dur, hein ? Foulke, c'est le nom de son clebs en réalité.
- P'tain, je sais pas quoi dire. Comme quand j'ai lu le script de Prometheus.
- ... Du coup, je sais pas quoi dire au coréen. Je sais pas ce qu'il pense de Prison Break.
- P'têt' qu'il est fan.
- Ça existe les fans de cette merde ?
- Ouais ouais. Je crois qu'y a malgré tout eu quatre saisons. C'est pas rien. Dis-lui. L'honnêteté c'est vachement important culturellement parlant pour les coréens.
- Vrai de vrai ? Parce que j'ai regardé tous les films de Park et ce qui revient le plus, c'est le mensonge, pas l'honnêteté.
- Ça c'est cool. Tu sais ce que ça veut dire ? Qu'il est d'ores et déjà en phase avec notre culture à nous. Et pis dans l'absolu, le mensonge, l'honnêteté, tout ça, c'est la même chose. Simple question de point de vue.
- Je vois ce que tu veux dire Ridley. Je comprends mieux l'évolution de ta carrière."



Synopsis :

Le jour de ses dix-huit, India, fille unique, perd son son père dans un sombre accident de voiture. Lors des funérailles, elle découvre l'existence d'un oncle - frère de son père - mystérieux et séduisant. Celui-ci vient s'installer dans la demeure familiale afin de faciliter la dure transition qui s'annonce. Méfiante, elle ne sait que penser de cet homme apparu soudainement entre elle et sa mère pour les aider. Pourquoi est-il là. Mais surtout, qui est-il ?


Summer Wine :

"You know I've often wondered why it is we have children in the first place and the conclusion I've come to is at some point in our lives we realize things are, they're messed up beyond repair. So we decide to start again, wipe the slate clean, start fresh and we have children, little carbon copies we can turn to and say, you will do things I cannot. You will succeed where I have failed because we want someone to get it right this time.

But not me. Personally speaking, I cannot wait to see life tear you apart."


L'une des nombreuses questions de STOKER n'est pas où est Charlie, mais plutôt qui est Charlie. Cet oncle si beau, si séduisant, si agréable, si dévoué, si troublant, si... trouble. Deuxième réalisateur du trio, porte-étendard du cinéma sud-coréen, Park Chan-Wook livre outre-atlantique, la suite logique de son beau et poétique Thirst. Alors que Le Dernier Rempart de Kim Jee-Woon s'est révélé être une petite récréation des coudées en dessous de ses précédents films - notamment I Saw the Devil - il y avait de quoi flipper un peu pour ce nouveau projet - voir la genèse du film, plus haut.

Que nenni, STOKER est un excellent thriller dans lequel on ne cesse de retrouver l'empreinte du cinéaste. Et ça commence cash, dès les premières minutes du film. Pour des raisons évidentes, je ne vais pas rentrer dans les détails de l'histoire afin de ne pas vous pourrir la séance - si vous souhaitez le voir. Simplement, j'ai trouvé ça excellent. STOKER est un film sous cloche, à l'image du gâteau d'India. Anxiogène, il ne cesse de surprendre, soit en termes d'écriture, soit en termes de mise en scène. Oui, Miller a composé un scénario de qualité, carré mais suffisamment trouble et retors pour passionner le spectateur et le tenir en halène. Implacable, le film lorgne du côté des grands maîtres américains, notamment Hitchcock et bien évidemment De Palma. Comme le Sisters de ce dernier, STOKER se distingue par un habile suspense, une véritable maestria formelle et un équilibre exemplaire entre thriller pur et film fantastique.

À la fois fable sur le passage à l'âge adulte et conte cruel, le film de Park Chan-Wook ausculte les rapports familiaux et la transmission du Mal. Cette transmission, elle s'effectue dans le sang, par le sang. De part les thèmes abordés, à savoir l'éveil à la sexualité, l'impossibilité à communiquer des membres d'une même famille entre eux, la différence, l'exclusion et j'en passe, STOKER rappelle - mais de manière plus cruelle - le magnifique Morse d'Alfredson. Constamment surprenante, la mise en scène de Park Chan-Wook est moins ostentatoire que précédemment mais toujours aussi époustouflante. Tantôt glacée, tantôt diablement sexuelle, elle traduit avec justesse les troubles des personnages. Parce qu'avec Charlie, y a de quoi être troublé. Matthew Goode est excellent. Littéralement captivant. Tant et si bien que l'on ne sait jamais si l'on doit esquisser un sourire ou flipper dès qu'il apparaît. La seule certitude, c'est que c'est lui que l'on regarde et que l'on ne veut rien perdre de ce qu'il fait, tant il fascine. Le reste du casting est bon également. Y a pas chier. Pis cette utilisation de la musique, popopo, quelle classe.

Le titre est extrêmement judicieux. Assurément l'un des gros films de l'année. Et un authentique coup de cœur. Chapeau Park Chan-Wook.


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Lâchez des coms, je veux pas refaire un bide complet (sachant que je me suis vraiment cassé le cul à faire un gros sujet).
Sincèrement, c'est vachement bien. Allez-y. J'ai bien envie d'avoir des retours.
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k1Rua
Jounin
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Re: STOKER - Park Chan-Wook

Message par k1Rua »

Il fait parti de ma liste. Park Chan-Wook après tout. J'avais un peu peur au vu de qui était au scénario, mais t'as dernière phrase me rassure.

Puis Park Chan-Wook, quoi.
Man this is crazy... you're dancing with the entire McPoyle familly. These people are a freak show man! But you're keeping it cool. You're keeping it cool. You know why ? Because you are the Green-Man!“ (Charlie in It's Always Sunny In Philadelphia)
nataku
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Re: STOKER - Park Chan-Wook

Message par nataku »

STOKER rappelle - mais de manière plus cruelle - le magnifique Morse d'Alfredson.
ça me suffit. 8-)
Mon âme se compose et décompose
comme un puzzle mélancolique...
dont chaque pièce a sa propre tristesse.
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