Sous la surface (histoire originale)

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

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Gallonigher
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Sous la surface (histoire originale)

Message par Gallonigher »

Bonsoir :-)

Comme indiqué dans le titre, ceci n'est pas une fanfic mais le début d'une histoire originale. je ne sais pas si la section s'y prête aussi par contre. Au pire, j'effacerai le topic si vraiment c'est inadéquat mais j'avais quand même envie de soumettre mon texte à vos critiques :twisted:

Certains diront que je me disperse un peu. D'abord ma fic le grand défi, puis mes parodies et maintenant une fic originale ... Mais ça me plait de varier un peu ce que j'écris. C'est interessant de savoir jusqu'où on peut aller. Pour ceux qui attendent le chapitre 4 de ma fic LGD s'il y en a, rassurez vous. Il va arriver :grin:


Genre : polar fantastique (un peu à la Death Note)
Disclaimer : Tous les personnages m'appartiennent (pour une fois que je raconte pas de conneries :lol: )


Résumé du fond de l'histoire



Le sous sol. La cave. Peu importe le nom que vous lui attribuez. L’obscurité qui y règne dissimule les plus sombres vérités.

Alors que la maison où avait sévi autrefois un mystérieux criminel était restée inhabitée depuis des années, un jeune couple vient enfin d’en signer l’acte de propriété. Will et Axelle semblent y respirer le bonheur aux côtés de leur fille Emma.

Force est de constater pourtant que depuis leur emménagement, le couple s’entend très mal. Will est pris de plus en plus souvent d’accès de colère et Axelle de son côté devient dépressive et se met à fumer. Même leur fille Emma cache difficilement le mal être qu’elle éprouve en compagnie de ses parents. Pourquoi un tel revirement de comportement ? Et surtout, pourquoi maintenant ?

Désorienté, Will se lancera en quête d’une vérité qu’il n’est pas prêt à accepter. Une vérité que tous ont cherché à oublier. Une vérité cachée sous la surface …








_________________________________PROLOGUE






« Il ne t’arrivera rien ! »

Depuis que Valentine est aux côtés de l’homme avec qui elle doit entrer en contact, elle ne cesse de repenser à ces paroles. Celles là mêmes prononcées par son supérieur le lieutenant Hambert. Elle ne devait surtout pas perdre son sang froid. Sous aucun prétexte. L’homme qui est la cible de sa mission est elle le sait extrêmement dangereux. Un criminel de la pire espèce avec qui on préfère frapper d’abord et discuter ensuite.

Mais cette nuit là, Valentine n’a pas trop le choix. En effet, la jeune femme a été chargée d’une mission à risque important. Depuis déjà plusieurs mois, la petite ville de Tourielle est en proie à des meurtres commis avec une rare atrocité. Décapitation, castration, éviscération … Tout y est passé. Et tout le monde y est passé. De l’homme ordinaire à un nouveau-né âgé de sept jours à peine, personne n’a été épargné. Débordé par la pression qu’exerçaient sur lui les habitants, le commissaire Range avait demandé des renforts à un de ses homologues marseillais. Celui-ci lui avait alors dépêché sur place un de ses meilleurs agents selon ces termes, mademoiselle Berbille Valentine. Une femme ? s’était évidemment étonné le commissaire Range en apprenant le nom de l’agent en question. Mais après avoir lu les innombrables rapports qui ne tarissaient point d’éloges à son égard, le commissaire avait été convaincu.

Lors de son arrivée, la jeune femme avait été immédiatement briffée sur le cas auquel elle aurait à se pencher. Le lieutenant Hambert, qui était son coéquipier dans l’affaire, fut fort étonné du sang froid qui émanait de la jeune femme. Valentine, la petite trentaine, était une femme bien bâtie physiquement et aurait largement pu faire carrière comme mannequin dans une grande multinationale. De longs cheveux d’une nuance de brun éclatant surplombaient ses deux épaules qui les accueillaient dans leur chute sensuelle. Le lieutenant Hambert était fasciné par cette femme qui lui semblait sortir tout droit d’un film d’espionnage des années soixante, le maquillage superflu en moins ! Cependant, Valentine n’avait jamais évoqué sa vie privée devant le lieutenant Hambert ou devant qui que ce soit d’autres. Cela devait être clair, elle était ici pour arrêter un dangereux criminel et non pour prendre des vacances ! La jeune femme faisait preuve d’une telle autorité que personne n’avait osé la contredire. Pas même lorsqu’elle leur avait communiqué son plan pour capturer le criminel en question.

Après moult interrogations de témoins et autres enquêtes sur les victimes, le présumé coupable avait été identifié. Il pourrait s’agir d’un certain Jimmy Barboni, connu pourtant dans le village pour être un bon pompiste chez Total sans histoire. Mais les résultats de l’enquête, comme l’avait fortement souligné Valentine, ne laissait effectivement planer que peu de doutes. Et c’est ainsi que, selon le plan de la jeune femme, celle-ci devait se vêtir en tenue aguichante et retrouver l’homme en question au bar où il se rend tous les soirs après son travail. Une fois le contact établi, Valentine devrait se faire conduire chez le fameux Jimmy et attendre le cas échéant qu’il l’agresse.

Voilà pourquoi aujourd’hui, à l’heure où le soleil commence à disparaître à l’horizon, Valentine se retrouve dans ce petit bar de Tourielle afin d’aller trouver ce Jimmy Barboni. Evidemment, comme lui avait juré le lieutenant Hambert, lui et ses hommes surveilleront le bon déroulement de l’action de leur côté. Ne serait ce que pour garantir la sécurité de la jeune femme. Et pourtant, malgré tout son professionnalisme, toute son envergure et toute son assurance, Valentine a des doutes. Elle doute d’elle. Depuis qu’elle est aux côtés de ce Jimmy, elle se sent mal à l’aise. Que lui arrive t’il ? Elle sait pourtant qu’elle est en pleine forme physique et que tout est fait pour que la mission réussisse. Alors pourquoi ? Pourquoi se sent elle si déroutée à la simple présence du criminel en question ? Elle ne lui a même pas encore adressée la parole. Mais si elle veut réussir, elle sait qu’elle ne doit pas passer l’occasion. Prenant son courage à deux mains, elle prend une discrète inspiration et aborde enfin l’homme.

- Excusez moi. Vous auriez l’heure s’il vous plaît ? dit elle d‘un air peu convaincant.

L’approche était nulle mais elle n’avait rien d’autre en stock à cet instant.


- Oui. Il est exactement … dix sept heure cinquante ! Vous avez fini votre journée vous aussi ?

L’homme parait déjà intéressé par la beauté de Valentine qu’il lorgne discrètement.

- Ouais, tout juste. Je suis la nouvelle stagiaire au salon de coiffure à côté. Et vous ?

De fil en aiguille, Valentine réussit à se faire conduire chez Jimmy sous prétexte que l’hôtel où elle loge était sur sa route. En chemin, Jimmy, qui entretemps lui a
appris son nom, ne cesse de lui poser des questions sur elle, sa vie, son entourage. Tout ce qui peut avoir un rapport direct avec la jeune femme présente apparemment un intérêt tout particulier à Jimmy. Prévoyante, Valentine a déjà une histoire bidon à lui déballer au moment de répondre. Elle se fait donc passer en une victime de rêve pour le tueur acharné qu’elle suppose caché sous les traits de Jimmy.

Pourtant, une question interloque Valentine. Une question que personne ne lui a encore posée. « De quoi as-tu le plus peur ? » lui a simplement réclamé Jimmy. La jeune femme reste de glace. Son silence trahit l’assurance qu’elle a montré devant Jimmy. Cependant, l’homme, un sourire aux lèvres, coupe le silence en disant à Valentine qu’elle aurait le temps de réfléchir à la question. Imperturbable, la jeune femme continue de jouer son rôle malgré les doutes qui l’ont assaillit précédemment. La nuit commence lentement à déposer ses voiles. Valentine ne voit pas ses coéquipiers mais elle espère leur présence en jetant des coups d’œil furtifs à ses côtés.

Finalement, le duo arrive au domicile de Jimmy. C’est un petit pavillon perdu dans une banlieue résidentielle mais qui fait très bonne figure. Il pourrait même dépasser la côte des cent mille euros à l’Argus avec la flambée de l’immobilier. Les volets grincent légèrement à l’approche d’un petit vent naissant à l’horizon du crépuscule.

- Au fait … s’adresse Jimmy à Valentine. Si tu veux, j’ai une chambre d’ami. Qu’est ce que tu dirais d’économiser une nuit d’hôtel pour ce soir ?
- Eh bien …
Valentine hésite. Le pire est qu’elle n’hésite pas pour jouer son rôle. Non, elle hésite pour de bon ! « Mais qu’est ce qui cloche avec moi aujourd’hui ? » pense Valentine. « Je ne vais quand même pas m’enfuir ici. J’en ai vu d’autres bon sang ! »

- Alors ? s’impatiente Jimmy en restant toutefois calme. Tu sais, la porte de la chambre ferme à clé. Si tu as peur que …
- Non ! l’interrompt soudainement Valentine. C’est OK ! Mais juste pour cette nuit là alors !

Ouf ! se dit Valentine pour elle-même. Un peu plus et elle aurait prit ses jambes à son cou avant d’aller s’accrocher à celui du lieutenant Hambert. Ah celui là aussi … Encore un intéressé qui a dû penser immédiatement qu’elle est du genre à coucher à droite et à gauche à cause de son physique ! Mais malheureusement pour lui, elle n’est pas comme ça. Elle a sa fierté la Valentine. Là par contre, elle se sent aussi vulnérable qu’un enfant. Elle ne comprend pas d’autant plus que c’était la première fois que ça lui arrive. Est-ce dû à trop de stress ? Non, peu de risque à son avis. Le problème est ailleurs mais elle ne sait pas où. Une chose est sûre en tout cas. Pour elle, Jimmy Barboni n’est sûrement pas étranger à tout ça.

A l’extérieur, accueillie par une légère frasque de vent, une voix sur un fond de grésillement se fait entendre.

« Renard 1 à Renard 2. Je répète : l’agent Berbille s’est infiltrée au domicile du suspect. Terminé ! »

Terminé ? Ah si ça pouvait vraiment être le cas ! Le lieutenant Hambert n’aime pas ça du tout. Pendant que lui « s’amuse » avec des talkie walkie en prenant des surnoms ridicules, la jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu est rentrée littéralement dans la gueule du loup. Dans le cas présent, ce serait même celle du « broyeur ». Valentine a tout de suite tapé dans l’œil du fameux lieutenant. Fraîchement divorcé et devenu depuis coureur de jupons, il collectionne les aventures sans lendemains. Mais cette fois ci, il en est persuadé, c’est la bonne ! Et il n’est pas près de la lâcher comme ça. Oh non ! Il la surveillerait de très près, autant maintenant qu’après cette mission. « Il va falloir que je fasse gaffe avec ce boucher ! » se prévient Hambert pour lui-même. Car ce n’est pas à un enfant de chœur qu’ils ont affaire. Il doit se montrer très vigilant. Déjà il observe sous toutes les formes possibles la maison où a disparue Valentine. « Ne pas la perdre de vue surtout » se répéte t’il encore à lui-même. « Ne pas … » Il est interrompu par son talkie walkie :

« Ici Renard 1 ! Me recevez vous ? Ici Renard 1 ! » Et zut ! Il faut encore qu’il réponde à cet enquiquineur de « Renard » !

A l’intérieur, Valentine se trouve encore plus mal à l’aise que tout à l’heure. La maison semble pourtant tout ce qu’il y a de plus normal. Pas de hache ou quoi que ce soit de sordide en vue et la tapisserie jaune orange du salon donnerait même un air agréable à la demeure. Mais quelque chose ne va tout de même pas. Valentine a comme un frisson qui lui parcourt l’échine. Comme si quelqu’un ou quelque chose se tenait là, tout près d’elle, mais sans qu’elle le voie. « Mais qu’est ce qui me gêne tant que ça ici ? » pense encore Valentine. Constatant son trouble mais sans en être surpris, Jimmy l’invite à s’asseoir sur le fauteuil du salon.

- Vous voulez quelque chose ? lui demande t’il. J’ai un peu de whisky, du gin …
- Merci, j’aurai assez d’un verre d’eau.

Soucieuse de garder la tête froide, Valentine ne veut surtout pas se noyer dans l’alcool. A présent, elle doit démasquer Jimmy. Et le plus vite sera le mieux. C’est ainsi qu’alors que Jimmy la laisse seule dans le salon, Valentine commence sa discrète enquête. Son nez, habitué à l’odeur du sang, ne détecte quant à lui rien d’anormal. Elle entreprend alors de fouiller frénétiquement quelques tiroirs et recoins afin d’espérer dénicher quelque chose. Mais elle ne devait tomber sur rien de compromettant.

Résignée, elle regagne alors sa place en prévoyant le retour imminent de son hôte. Néanmoins, elle a beau attendre une, deux, puis cinq minutes encore, le silence règne encore dans la maison. « Jimmy ? » appelle alors Valentine, soucieuse en plus d’être déjà mal à l’aise. Mais aucune réponse ne lui parvient. Elle l’appelle encore une fois, toujours rien. Inquiète, elle décide de se lever et de se diriger vers la cuisine. Sur ses gardes, elle ne trouve cependant qu’une pièce vide avec comme seul bruit celui d’une cafetière se remplissant lentement de café. Aucune trace d’un quelconque être humain.

Comprenant qu’il se trame quelque chose, Valentine sort alors l’arme qu’elle a dissimulée dans sa poitrine. Elle retourne sur ses pas, scrutant la direction qu’aurait pu prendre Jimmy sans repasser par le salon. La conclusion est simple, il n’y a
qu’une porte dans le couloir qui sépare le salon de la cuisine. « Sans doute une chambre » songe Valentine. Où du moins désire t’elle que ce soit une chambre et rien d’autre. Car ce que cette porte entrouverte recouvre, ce n’est pas une chambre. Il s’agit des marches d’un escalier menant dans une pièce obscur.

« La cave. Il est descendu à la cave ! »

Valentine n’a pas parlé mais la pensée y est. Cela signifierait donc qu’elle aurait peur du noir ? « Sottises ! J’ai déjà arrêté des criminels dans des chambres obscurs et même dans un cimetière ! Alors une cave … » Mais la jeune femme n’arrive pas à se convaincre. Si ce n’est pas le noir qui l’effrait, alors qu’est ce ? Pas ce quadragénaire pas plus musclé qu’un piquet de réverbères quand même ? Valentine cherche mais n’arrive pas à trouver d’explication. Alors que faire ? Passer pour une vulgaire bleue et dire aux autres de venir l’aider ?

Jamais ! Et c’est d’un pas décidé mais malgré tout prudent qu’elle s’engage l’arme au poing dans cet inquiétant dédale de marche. « Jimmy ! Jimmy ! » Continue t’elle d’appeler malgré tout. Toujours aucune réponse. Très prudente, la jeune femme cherche instinctivement l’interrupteur qui n’a pas eu la bonne idée d’être en haut des marches. Enfin, elle finit par le trouver après être arrivée en bas. Son cœur lui parait exploser au moment où la lumière inonde la pièce. Elle s’est attendue à être témoin d’un spectacle des plus morbides qui soit dans cette cave. A son grand étonnement cependant, il n’y a rien ! Une cave tout ce qu’il y a de plus normal, avec cartons bien emballés, bouteilles de vins bien entassées … Une cave très bien entretenue même. Comme si … Comme si quelqu’un y vivait ! songe tout de suite Valentine. Mais elle sait que Jimmy vit seul ici. Et il y a même un matelas ! constate la jeune femme en levant les yeux vers un sommier accueillant un lit frais et bien propre !

Soudain, Valentine ressent alors à nouveau le frisson qui l’a parcouru en entrant dans la maison. Mais cette fois ci, sa puissance est décuplée ! De plus en plus mal à l’aise, Valentine cesse de fouiller la pièce des yeux avant de se retourner sur elle-même. Tant pis pour sa fierté, son assurance. Elle veut retourner sur ses pas. Fuir, s’en aller de cette cave qui parait la toiser de tout son être, prête à l’engloutir. Mais tout juste monte t’elle les premières marches qu’elle voit la porte de la cave se refermer violemment sur elle. Au même moment, la lumière de la pièce vacille, faisant perdre encore davantage ses repères à la jeune femme. Désorientée, celle-ci remonte malgré toutes les marches en catastrophe, pressée de rouvrir cette porte qui l’a laissée en proie à cette cave mystérieuse. Valentine tente alors de l’ouvrir mais sans succès. Perdant complètement son sang froid, la jeune femme sort alors de sa poche le petit appareil qu’elle doit actionner si elle se trouve en difficulté. Ni une ni deux, elle presse le petit bouton rouge qui fait résonner un petit bip de l’engin.

Bip ! Bip !

Le lieutenant Hambert ne tarde pas à recevoir le signal et, sans attendre d’ordre de ses supérieurs, il entreprend de prendre directement d’assaut la maison. Son talkie walkie grogne mais il s’en débarrasse promptement. Une seule chose importe pour lui à présent. Il faut qu’il entre dans cette maison, qu’il y trouve Valentine et qu’il liquide le « boucher ».

« Pas de pitié pour ce genre de salaud ! » grommelle le lieutenant.

Toujours enfermée dans la cave, Valentine est redescendue vérifier s’il n’y a pas une autre issue en bas. Tout ce qu’elle trouve est hélas un vasistas tellement étroit que même un chat s’y engouffrerait difficilement ! Et de plus, il est fermé hermétiquement. Valentine hurle, cogne de toutes ses forces contre ce vasistas mais elle n’obtient aucune réponse. Le teint de la jeune femme était maintenant passé à un blanc d’une pâleur extrême. Elle ne sait plus ce qu’elle doit faire. Instinctivement, elle s’enlace le corps avec ses deux bras comme si elle avait été prise d’un refroidissement. Les frissons commencent à la faire se glacer de terreur. Mais de quoi ? Qu’est ce qui pouvait bien lui faire si peur ici ? « Je crois que je deviens folle ! » dit à voix haute Valentine avec une inquiétude certaine. Toutefois, ce n’est rien à côté du sursaut qu’elle fait lorsqu’elle entend une voix lui répondre.

- Non. Vous n’êtes pas folle. Vous avez juste peur !

Et ce n’est pas n’importe quelle voix. C’est celle de Jimmy Barboni qui vient à l’instant de sortir d’un recoin sombre. Etrangement, sa présence rassure instantanément un peu Valentine. Il faut dire que quand on est dans un état pareil, même la présence d’un tueur sanguinaire vous rassure un tant soit peu !

- Je vous arrête ! Mettez les mains en l’air !

Valentine pointe à présent son arme sur Jimmy. Pour elle à présent, ça ne fait aucun doute. Il est coupable. Elle n’est pas sûre de quoi mais il doit forcément être coupable de quelque chose !

- Vous avez peur n’est ce pas ?

Jimmy parle le plus naturellement du monde comme si tout était normal.

- Les mains en l’air j’ai dit ! Sinon je tire !

L’arme de Valentine tremble au creux de sa main. Elle est complètement désorientée.

Dire que je n’ai pratiquement jamais tremblé en tenant une arme !

- Voyons. Nous savons tous les deux que vous n’en ferez rien. Vous vous rendriez compte ? Vous vous retrouveriez toute seule ici si vous tiriez !

Valentine est horrifiée. Comme pour confirmer ses dires, Jimmy se permet d’avancer vers Valentine d’un pas calme et assuré. Et la jeune femme n’arrive effectivement pas à lui tirer dessus. Même pas pour le blesser ! Elle s’imagine appuyer sur la détente mais le geste ne vient pas. Elle est comme paralysée. Paralysée par la peur.

- Vous voyez ? Allons, donnez moi ça.

Jimmy lui prend délicatement le revolver des mains. Valentine se laisse faire, incapable du moindre mouvement. « Voilà. » Il jette aussitôt l’arme à terre et commence à tourner autour d’elle.

- Alors, que ressentez vous ?
- Qu … Qu’est ce qui se passe ici ? Qui … Qui êtes vous ?
- Qui je suis ?

L’homme affiche un léger sourire sur son visage. Puis il se met devant elle et lui prend délicatement le menton pour qu’elle se tourne vers lui.

- Je suis un agent. Un agent chargé d’une mission bienveillante dans ce monde à feu et à sang !
- Qu’ … qu’est ce que vous racontez ?

Valentine ne suivait pas son interlocuteur. Un agent ? Lui aussi ? C’est la meilleure !
Jimmy s’éloigne un peu de Valentine et revient à sa place initiale.

- Vous voyez cette pièce ? Depuis toujours, elle a été une porte. Un passage. Vous vous demandez pourquoi vous avez tellement peur ? Moi aussi au début. Mais j’ai fini par comprendre. J’ai su pourquoi j’avais été envoyé ici. Vous voyez ces mains ? C’est avec elles que je l’ai fait. Ce sont elles qui ont contribué à purifier ce monde obscur !

Jimmy devient de plus en plus excité par ses propres paroles et Valentine est complètement perdue. Un dingue ! C’est sûrement un dingue ! Ça ne peut pas être autre chose ! Valentine le souhaite ardemment car plus il parle et plus sa peur grandit. Comme si elle se nourrissait de la voix de Jimmy. Cette voix qui formule des choses que la jeune femme au fond d’elle n’arrive pas à comprendre. Et pourtant, plus Jimmy parle, plus elle paraît y voir plus clair. Et cette impression lui fait horreur. Devient elle dingue aussi ? Mais que fait cet enfoiré d’Hambert ?!!

- J’ai rendu ce monde meilleur tous les jours en y enlevant les parasites qui le hantaient. Et je l’ai fait avec courage. Regardez !

A peine a-t-il prononcé ces mots qu’il s’accroupit alors devant Valentine qui a peur de ce que pourrait faire « le boucher ». Mais ça, elle ne s’attendait pas à le voir. Voilà en effet que Jimmy plonge sa main dans la terre qui sert de sol à cette cave. Et sa main, au lieu de venir se cogner contre cette terre dure, s’y enfonce au contraire comme si elle était de la simple pâte à modeler ! Et ce n’est pas fini. Le fait que Jimmy ait pénétré cette terre semble avoir rafraîchit encore davantage la pièce. En plus d’être encore plus horrifiée, Valentine tremble à présent de tous ses membres comme en pleine tempête de neige. « Le boucher » de son côté hurle d’excitation comme si son geste lui procurait une jouissance hors du commun. Brutalement, il ressort alors son bras du sol, laissant du même coup une ouverture dans celui ci. De cette ouverture parait se dégager une grande lumière rouge qui envahit petit à petit la pièce. Valentine commence à divaguer complètement. Elle ne sait plus du tout comment réagir. Et encore moins lorsqu’elle voit ce que le bras de Jimmy a
ressorti de sous cette terre. « Le boucher » a en effet à sa main droite une faux qui est recouverte de sang. L’outil est si étincelant que Valentine l’aurait crue sorti tout droit de la forge. Mais le côté le plus inquiétant est la lame. Celle là même d’où dégouline maintenant le sang qui recouvre la faux. Affolée mais toujours incapable de bouger, Valentine assiste impuissante au fait que Jimmy se relève calmement, la faux à la main, prêt à s’en servir. Le boucher est encore tout excité.

- Vous avez vu ?!! Vous l’avez vu ? Voilà l’instrument de la justice ! Celle là même à laquelle vous allez devoir répondre maintenant !
- Mais … Mais pourquoi ? Je n’ai jamais rien fait de mal !

Valentine s’étonne elle-même de ses mots. Elle est en train de supplier quelqu’un de lui laisser la vie sauve ! Sa terreur la dépasse complètement.

- Inutile de nier ! Tous ceux qui se sont retrouvés à votre place ont fait la même chose. Mais je sais ! Je sais que vous méritez de mourir !

Jimmy s’approche maintenant de Valentine qui est toujours incapable du moindre mouvement. Son bourreau improvisé commence alors à lui entailler légèrement les deux bras avec sa faux. La jeune femme est terrifiée. Non pas par la douleur mais justement du fait qu’elle ne sent même pas qu’elle devrait avoir mal ! Elle se sent
comme dans un cercueil de glace, prête à accueillir les ténèbres de la mort.

- Vous sentez quelque chose ? Non hein. Pas encore. Mais bientôt … Bientôt vous sentirez … là où vous allez être emmenée !
- Non … Pitié. Ne …

Les mots se perdent dans la bouche de Valentine. Elle n’a même plus la force de parler. Sachant sa victime à sa merci, le boucher fait à nouveau face à la jeune femme, prêt à la frapper d’un coup mortel.

- Vous lui direz tout à lui … en bas !

Il désigne furtivement l’ouverture d’où s’échappe toujours l’inquiétante lumière rouge.
N’arrivant toujours pas à se mouvoir, Valentine décide de fermer les yeux. De se résigner à sa propre mort. Tant pis. Tant pis pour sa mission et pour tout le reste.

Qu’est ce que je suis bête ! Si seulement j’avais su …

Jimmy brandit à présent sa faux et se trouve maintenant prêt à frapper. Subitement, il est tiré de sa concentration par des coups à la porte de la cave qui le surprennent. C’est le lieutenant Hambert. Ayant fouillé la maison de fond en comble, l’homme en a déduit que Valentine doit se trouver derrière cette porte. C’est ainsi qu’il commence à la larder de coups de pieds tout en criant :

- Valentine ! Valentine répondez ! Vous êtes là ?!!

Celle-ci, comme tirée d’une torpeur aussi douce que terrorisante, réouvre brutalement les yeux. Elle voit Jimmy, prête à la frapper, le regard toujours tourné vers la porte de la cave. Instinctivement, elle lui porte un grand coup de pied qui envoie le boucher s’écraser à l’autre bout du mur.

- Ça y est ! Je peux à nouveau bouger ! constate d’un air réjoui la jeune femme.

Pressée de se mettre à nouveau en sécurité, elle n’attend pas que Jimmy se relève pour ramasser son arme et la pointer sur lui. Celui-ci, la faux toujours à la main, se remet debout malgré le revolver braqué sur lui.

- Ça ne sert à rien ! râle Jimmy. Vous devez mourir ! Je dois vous tuer ! Je …

PAN !

Valentine ne lui a pas laissé le temps d’en placer une de plus. Elle vient de lui tirer une balle en plein sur le genou droit. Jimmy est forcé de se laisser choir à terre. Cependant, il ne démord pas de ses mystérieuses répliques.

- Non ! Vous ne pouvez pas m’échapper ! Vous n’avez pas le droit ! Vous devez mourir maintenant de ma main !

L’homme était au bord de l’hystérie, le genou en sang. En haut, le lieutenant Hambert travaille toujours la porte qui semble très solide.

- C’est fini maintenant Jimmy ! crie Valentine à l’attention du « boucher ». Vous allez devoir répondre du meurtre de plus de trente personnes ! Allez ! Lâchez cette faux et debout !

Valentine le brusque mais elle n’ose pas l’approcher. Cette faux l’effraye toujours. Et de plus, l’ouverture qu’a faite Jimmy tout à l’heure continue d’illuminer la cave.

- Vous allez mourir ! Vous allez …

Jimmy n’eut pas le temps de finir sa phrase. Un gigantesque hurlement vient de le couper. Un hurlement qui vient de l’ouverture faite à même le sol. Valentine est surprise mais reste cette fois ci toujours maîtresse de ses mouvements. Soudain, des flammes jaillissent de cette ouverture et la font tripler voire quadrupler de volume. Elle est à présent suffisamment grande pour engloutir un être humain.

Mais c’est tout le contraire qui se passe.

Loin d’engloutir qui que ce soit, l’ouverture, telle une bouche caverneuse, crache une silhouette en feu qui s’en extirpe en rageant. Valentine a maintenant devant elle un homme dont les flammes qui l’entouraient venaient de s’évanouir brusquement, comme réengouffrées dans l’ouverture.

L’homme est banal. Un blond aux cheveux longs vêtu d’une tenue un peu rétro digne des années cinquante. Ses yeux, d’un bleu profond, fixent à présent Valentine avec envie. Un sourire se dessine alors sur son visage tandis que celui de Valentine se crispe encore davantage. Mais l’attention de l’homme se focalise alors vers la porte du haut que Hambert et ses hommes viennent à l’instant de défoncer. Sans leur laisser le temps d’admirer le spectacle, l’homme se contente de lever le bras vers eux. C’est alors que les hommes d’Hambert et lui-même sont brutalement expulsés vers l’arrière comme si un vent d’une intensité infernale les avait repoussés. Ils gisent à présent dans la cuisine, à moitié assommés.

- Ceux là ne nous gêneront pas !

L’homme se concentre à nouveau sur Valentine.

- Qui êtes vous ? Qu’est ce que vous avez fait ?

Valentine ressent alors les terribles effets du froid l’engourdir à nouveau.

- Merci ! s’adresse Jimmy à l’homme. Merci de m’être venu en aide !

Il tente de se relever mais il est remis d’autorité à terre par l’homme.

- Reste où tu es vermine ! dit l’homme d’un regard qui veut tout dire.
Jimmy paraît surpris de la réaction du mystérieux visiteur. En même temps, Valentine, ressentant toujours davantage les effets dévastateurs du froid sur elle, décide d’oublier les consignes et de tirer.

PAN ! PAN ! PAN !

Trois coups. Rien que ça ! Mais à son grand désarroi, Valentine assiste à une scène inattendue : les balles paraissent en effet traverser comme dans du beurre son adversaire !

Impossible ! Et pourtant, elle doit se rendre à l’évidence. Alors que l’homme s’approche à nouveau d’elle, elle tire encore quelques coups mais qui reste sans effet. D’un geste brusque, il lui retire son arme et la prend à bras le corps. A son contact, la jeune femme se sent comme tétanisée, incapable à nouveau du moindre mouvement.

- Tu seras parfaite ! Grâce à toi, mon tourment sera plus agréable !

L’homme s’apprête alors à se retourner lorsque brusquement, il sent une douleur à son abdomen. Étonné, il relâche Valentine qui tombe lâchement à terre. Un râle de douleur sort de la gorge du visiteur. Il entreprend de se retourner pour savoir qui l’a frappé et il voit horrifié Jimmy, sa faux plantée dans son ventre.

- T’as voulu me doubler hein ?!!

Jimmy peste contre son ex sauveur. Le genou toujours en sang, il se tient presque debout devant lui.

- Tu voulais lui donner ma place c’est ça hein ?!! Va au diable toi aussi ! vocifère Jimmy en crachant un peu de sang.

L’homme esquisse alors un léger sourire.

- Mon pauvre Jimmy. C’est toi qui vas y aller !

D’un geste calme, il s’apprête à retirer la faux de son abdomen. Il allait y parvenir lorsque soudain, deux coups retentissent dans la pièce. Interloqué, l’homme reçoit alors une flasque de sang en plein visage. C’était le sang de Jimmy. Une balle venait de lui perforer la boîte crânienne alors qu’il tient toujours la faux contre l’homme. Celui-ci regarde d’où est parti le coup de feu. Il voit en haut le lieutenant Hambert qui pointe à présent son arme sur lui.

- Plus un geste ! s’écrit il.

Mais comme pour le contredire, l’homme pointe brutalement son bras vers lui ce qui a pour effet de le renvoyer voltiger en arrière. Cependant, l’homme en question n’arbore plus une mine fière. Au contraire, son visage semble maintenant refléter une terreur atroce. Ses yeux sont fixés sur Jimmy, la tête en sang, qui venait de rendre son dernier souffle. Il n’a pas lâché la faux. L’homme laisse échapper un râle de surprise en constatant cela et, sans lui laisser le temps d’une autre réaction, l’ouverture d’où il était sortit commence à trembler.

Comme désemparé, l’homme paraît alors fondre sous les flammes qui renaissent en lui et qui paraissent comme le réaspirer là d’où il était venu. L’ouverture l’accueillit donc, engloutissant jusqu'à la dernière flamme qui l’entourait encore il y a une seconde. Puis, comme rassasiée par ce « repas », l’ouverture se contracte et la lumière rouge qu’elle laissait s’échapper d’elle disparut jusqu’à mourir sur le sol nouvellement reformé.

Il ne reste à présent dans la pièce que le cadavre de Jimmy Barboni et Valentine, toujours sans connaissance.

Néanmoins, celle-ci commence à reprendre ses esprits. Les évènements s’enchaînent dans sa tête et elle n’arrive plus à se souvenir exactement de ce qui s’est passé. Puis, tout lui revient alors. Jimmy, l’ouverture, le mystérieux homme … Elle tente de se relever précipitamment lorsque soudain, elle sent une paire de mains paraissant vouloir l’aider dans son mouvement. Prise de panique, elle se retourne brutalement et aperçoit le lieutenant Hambert. Pas rassurée pour autant cependant, elle lui fait comprendre explicitement de ne pas l’approcher. Etonné, celui-ci n’insiste cependant pas et laisse la jeune femme assise dans son coin.

- Vous savez où est passé l’autre homme avec vous ? questionne malgré tout le lieutenant.
- … Non … Je n’en sais rien.
- Ok. J’ai appelé une ambulance. Elle va s’occuper de vos bras. Vous avez fini votre boulot maintenant. Vous pouvez marcher ?

Valentine fait un oui de la tête. Elle finit par accepter la main du lieutenant pour se relever et elle sort enfin de cette cave après avoir jeté un dernier coup d’œil au cadavre de Jimmy.

Lorsqu’elle passe la porte de la cave, elle a l’impression de revivre. L’air frais, les lumières éblouissantes, les hommes s’affairant par ci par là, le ciel qui s’offre à elle une fois à l’extérieur … Elle ressent comme une nouvelle vie qui lui tendait les bras. Jamais elle n’a savouré la vie comme à cet instant là. Dehors, les voisins se bousculent au barrage improvisé par la police, le bruit et les gyrophares de l’ambulance déchirent l’atmosphère de la nuit …

Elle adorait voir ça.

Cette nuit là, alors que l’ambulance l’emmènerait loin de cette maison, loin de cette cave maudite, loin de toute cette peur affreuse …

Elle est heureuse de sentir encore la chaleur de la vie.
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