L'Art et la manière
L'action est au cœur de l'entreprise. Plus encore, elle constitue le centre névralgique de la filmographie de
Michael Bay, cinéaste de l'immédiateté, de l'outrance et du chaos.
Revenge Of The Fallen, aboutissement stylistique dans la droite lignée du sous estimé
Bad Boys 2, tout en adoptant les transformations nécessaires à la démesure de son sujet, était une apothéose en soi; une ode à la destruction. Les carences d'un script souffreteux conditionnaient la forme intrinsèque de ce deuxième épisode, devenu laboratoire propre aux expérimentations parfois les plus aberrantes. Images et rythme se faisaient mécaniques, réflectifs, témoignant de l'autarcie créatrice et dévastatrice d'un cinéaste poussant les codes de son langage cinématographique dans leurs derniers retranchements.
Transformers 3 porte en lui les stigmates d'une remise en question nécessaire, sans pour autant renier l'essence même de la série.
Comme toujours, la structure binaire du film souffre d'un divorce relativement prononcé entre exposition misant sur un comique de situation et résolution dramatique. La faiblesse récurrente de cette première partie se trouve ici partiellement palliée par une volonté affichée de lier à un univers développé depuis maintenant quatre ans, l'histoire politique et scientifique de la seconde moitié du XXe siècle via une relecture certes rudimentaire mais somme toute cohérente de la conquête spatiale. Moins de
teenage movie, sans pour autant faire l'impasse sur un humour grivois au profit d'interactions plus prononcées entre hommes et machines. Là réside la semi-réussite de ce premier acte. De même, il faut également mentionner le prologue de
Transformers 3, modèle de concision et de virtuosité formelle pour ce type de spectacle.
C'est précisément dans sa forme que
The Dark Side Of The Moon se révèle le plus convaincant.
Bay fait vivre ses personnages et s'exprime à travers eux, à la foi messager et leader à l'image de Sam Witwicky. L'avant et l'après
Revenge of the Fallen n'est jamais si limpide que lors de la scène où Witwicky troque son statut de jeune homme diplômé pour celui d'homme face à un patron dont l'apparente rudesse s'effondre à la vision fantasque d'un des autobots. Ces enfantillages sont révolus. La mise en scène du deuxième acte du film se fait l'écho de cette profession de foi, où le cinéaste refuse de céder à la facilité destructrice ayant gangrené le deuxième épisode en amorçant le climax final non pas à grands renforts de 360° shots aériens de la ville de Chicago mais en usant de plans fixes secs et concis, visions cauchemardesques entérinées par un jeu de fonds noirs assainissant la narration. L'action reste le maitre mot mais retrouve ses lettres de noblesse via une mise en scène plus claire, des cadrages plus fouillés, alliés à une progression plus cohérente, temporisée et donc plus agréable. Le dialogue entre hommes et machines passe alors par l'image, le cadrage assurant l'énoncer des enjeux propre à chaque scène. Si le sérieux ne sied pas au cinéaste – voire les boursoufflés
Pearl Harbor et
The Island –
Transformers 3 amorce dans sa filmographie une évolution stylistique et narrative relativement réjouissante.
Après, ça reste très culcul. D'ailleurs en parlant de cul, merci beaucoup
Michael. Tu m'as fait découvrir pour la première fois de ma vie, un boule en 3D. Et pas n'importe lequel. Pour introduire le personnage
(dans tous les sens), c'est parfait.
