:bave:

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J'en rêverai de ce personnage.
mais est-ce-que ça le fait d'intégrer dans les films un personnage qui a été introduit par la série animée???
Elle a eu un tel succès dans la série animée qu'elle a été reprise dans les comics. Donc en soit, ça n'aurait rien de choquant.
Bon, pour ma part, j'ai vu le film il y a une semaine (pas en VOST comme je l'aurais aimé par contre) et je dois avouer que je sortis de ce film sur le cul. Sur le cul parce que, toute catégorie cinématographique confondu, c'est l'un des meilleurs film qu'il m'est été donné de voir cette année.
Contrairement aux autres, qui pensent que parce que tout a été dit auparvant, on a rien à dire, je vais tacher de faire une critique du film. Ce qui suit contient des spoilers donc ne pas lire si vous n'avez pas vu le film.
Christopher Nolan reprend le film peu de temps après la fin du dernier et prend plaisir à conclure des intrigues pas complètement terminé à la fin de Batman Begins comme celle de l'Epouvantail.
Cela est agréable car on a vraiment l'impression de faire face à un tout avec Batman Begins et pas à un Autre comme c'était en quelque sorte le cas avec les précédents Batman où ils étaient tous en quelque sorte interchangeable dans l'ordre chronologique (à l'exception des deux derniers parce qu'il y a Robin mais est-ce vraiment important, un batman avec une bat-cart (>-<) ? ).
Cependant, le film est en soi déjà bien long et il est vrai que ce début n'était pas vraiment indispensable mais il n'en reste pas moins agréable et permet d'intégrer certains détails à la fois dispensable et agréable (les faux Batman, la non-perfection de Batman et les limites auxquels il doit se confronter sur le plan physique et gadget).
Cet épisode doit beaucoup a la présence du Joker, incarné ici par Heath Ledger et ayant bénéficié, comme la totalité du film par ailleurs, d'un énorme buzz autours du jeu d'acteur dont a fait preuve Heath.
Et même s'il me faudra revoir le film un peu plus tard, loin du buzz ambiant autours du film pour pouvoir réellement jugé de la qualité de son jeu d'acteur, je dois dire que à chaud et sur le coup, il est monstrueux.
Incarnant un joker à mille lieux de celui de Nicholson (qui, de toute façon, aurait juré dans l'univers Nolanien mais parfaitement adapté au Batman gothique de Burton), il ne joue pas le rôle du Joker. Il
est le Joker. Il transpire littéralement du personnage que ce soit à travers toutes ses mimiques, sa façon de jouer avec sa langue lorsqu'il cherche ses mots, la façon dont il tape des mains, son dos légèrement voûté.
Il incarne le personnage dans toute sa splendeur, dans toute son angoisse et dans toute sa folie. Le personnage, soit dit en passant, est magnifié par son costume. Je tenais à le signaler car je trouve le costume tout bonnement splendide une fois retiré la veste, extrêmement sobre dans son approche et pourtant, faisant complètement ressortir l'aspect dingue et crade du personnage.
Mais parlons plus en détail du Joker. Nolan l'avait dit au départ, il ne souhaitait pas s'attarder sur le passé du personnage (probablement parce qu'il voulait mettre cet aspect de côté pour le Batman 3 qui devait se dérouler pendant le procès du Joker mais ça, vous le savez déjà) cependant, ça ne l'empêche pas d'en jouer tout au long du film, à travers les quelques fois où le Joker s'amuse avec ça.
Cela a quelque chose de dérangeant car il empêche le spectateur de se fonder un avis définitif sur le personnage et à savoir s'il doit ressentir une certaine compassion pour lui (comme c'était le cas avec la première de son histoire) ou une certaine frayeur pour la folie du personnage (2e histoire, mais l'effet est moins saisissant car on se rend compte qu'il ne fera que mentir sur son passé).
N'ayant aucune base bibliographique sur laquelle s'appuyer, le spectateur en est réduit à voir en le Joker un électron libre, l'incarnation du chaos. La petite histoire raconté par Alfred, en plus de dévoiler un passé militaire, nous pousse dans cette voie. Par ailleurs, le fait que Alfred qualifie le Joker de terroriste nous pousse encore dans cette voie (et nous permet d'entrevoir que le film témoigne d'un pays encore traumatisé par les attentats).
Jamais drôle, sans aucune motivation si ce n'est le plaisir de la destruction, doté de goût simple (essence, explosif et couteau), n'ayant strictement rien auquel il ne tienne, il est la Némésis parfaite du héros. C'est un personnage hors-norme, que l'anormalité de Batman a poussé au grand jour. Sans Batman, le Joker ne serait rien, juste une petite frappe particulièrement malsaine mais dont il serait possible de se débarrasser.
Le dernier plan avec le Joker (du moins c'est comme ça que je l'interprète), qui montre tour à tour un Batman à l'endroit puis un Joker pendant dans le vide, mais où l'image a été inversé pour donner l'impression qu'il vole, témoigne de cette relation. L'un tire le monde le monde vers le bas, l'autre cherche à le faire tenir sur la terre ferme.
Le Joker est l'envers du Batman (ce qu'on savait tous mais que je trouvais particulièrement bien pensé sur le plan de la mise en scène du dernier face à face entre les deux.)
Cependant, ce film permet de voir apparaitre une autre figure emblématique de l'univers de Gotham City en la personne de Harvey Dent. Procureur habile et intelligent, il est également un personnage central de l'épisode.
Agréablement interprété par Aaron Eckhart, il est un personnage intéressant quand il est le procureur, beaucoup moins lorsqu'il est Double-Face.
Au départ, je pensais que ce film devait servir à intégrer le personnage de Double-Face (dont je ne comprend toujours pas la traductions française hasardeuse en Pile ou Face) et on lui ferait face dans le troisième volet.
Même si le personnage est soigneusement décrit et la manipulation du Joker reste du grand art (et le seul moment où le Joker est un tant soi peu drôle de l'épisode), je trouve que le personnage est beaucoup trop vite expédié.
Mise à part pour introduire le nouveau de status de Batman en tant que meurtrier (et au passage, lui assurant un crédit supplémentaire auprès des méchants car s'il est capable de meurtre et sans principe, les méchants parleront un peu plus vite), son rôle en tant que Double-Face et son interaction avec les autres personnages aura été, au final, assez vide et aurait gagné à être développé dans un épisode entier et pas seulement dans un tiers de film.
A contrario, le personnage de Harvey Dent est beaucoup plus intéressant, beaucoup plus malin et moins monomaniaque, et surtout beaucoup plus riche. Sa relation avec Gordon, et notamment leur différence de point de vue sur un certain nombre de chose et les erreurs de Gordon à l'origine de la déchéance de Harvey est passionnante.
De même, son intelligence pour faire face à la pègre renvoie à des aspects beaucoup plus proche d'un Heat que d'un film de super héros.
Sa prise de position vis-à-vis de Bruce Wayne et de Batman, offrant une porte de sortie au deux est tout simplement passionnante, même si par moment, cela renvoie à une vision totalitariste du monde. Mais là où c'est intéressant, c'est que les deux en sont parfaitement conscient et Nolan se permet de montrer les limites de ce système.
Comme dit précédemment, dans ce film, on fait face à des Etats-Unis toujours traumatisé par un 11 Septembre.
Le terme de terroriste pour désigner le Joker est très loin d'être anodin. Ce dernier peut s'attaquer à tout le monde et le démontre à plusieurs reprise tout au long du film.
Personne n'est protégé, personne est intouchable et c'est devenu quelque chose de profondément enfoui dans l'inconscient états-uniens.
Par ailleurs, la prise de position de Harvey Dent, la recherche d'une personne forte seule chargé de protéger la cité, tout cela fait penser au Patriot Acts (encore plus lorsque l'on fait face au système qui met tout sur écoute) et encore une fois à la lutte contre le terrorisme.
Lutte contre le terrorisme à laquelle Batman se confronte tout comme il se confronte au limite de son action, de sa moralité. Face à des personnes prêtes à tout, jusqu'où peut il aller ? C'est encore une fois une problématique récurrente de l'occident et des hommes en général.
Je ne sais plus qui le faisait remarquer mais quand on regardait les premières affiches qui étaient sorties, on voyait un Batman dans un bâtiment aux allures de prison et le Joker dans une rue complètement vide. La prison renvoie directement au limite que c'est imposé Batman tandis que la rue large et vide représente l'absence de limite du Joker.
Par ailleurs, que serait un Batman sans Batman ? Beaucoup trouve le jeu de Christian Bale effacé. Je pense que c'est faux. Cela est tout bonnement pour la simple et bonne raison que Bruce Wayne est complètement absent du film, relégué au rôle de playboy en arrière fond et que la romance avec Rachel Dawes (Maggie Gyllenhaal, beaucoup plus mignogne dans Donnie Darko) est également complètement effacé au détriment de celle avec Harvey.
Et le Batman est le Batman, avec un rôle relativement rigide ne permettant pas au talent de s'exprimer. Ce explique la performance relativement effacé de Christopher Nolan.
N'empêche que le Batman de ce film est diablement intéressant. Il fait face à ses propres limites et les dépassent assez régulièrement, contrastant avec le Batman bien sage que l'on voit habituellement. On peut citer lorsqu'il pète un cable, avec le Joker dans la salle d'interrogatoire, ou lorsqu'il balance Maroni du deuxième étage. Cela rend le personnage un peu plus dark, lui met du sang sur les mains et plus ils s'enfoncent dans le noir, plus un cavalier blanc est nécessaire. Et la détermination avec laquelle il continue de creuser le rend humain, beaucoup plus que de nombreux super-héros.
Cependant, au delà des nombreuses qualités, le film n'est pas exempt de défaut.
Parmi les défauts de moindre importance, on peut citer Michel Caine et Morgan Freeman (à qui on souhaite un prompt rétablissement.) Attention, je ne remet nullement en cause leur interprétation.
Le plus gros problème est, selon moi, leur stature. Ils sont beaucoup trop connu et crèvent beaucoup trop l'écran pour être cantonné à leur second rôle. Des acteurs moins connu aurait été nécessaire je pense car là, ça fait too much. (Un peu comme dans Planète Terreur où il y a beaucoup trop de guest-star).
Un autre défaut est ce que Istari qualifie de Mickey film, c'est-à-dire les trucs franchement too much. Citons donc la batmoto, le système qui permet de détecter des empreintes sur les balles d'un pistolet, le système radar.
Ça va beaucoup trop loin et ça contraste beaucoup trop avec l'aspect réaliste du film. Et c'est franchement dommage car ça gache un peu le tout.
Je tiens cependant à ajouter quelque qualité que je n'ai pas réussi à caser dans la review : Nolan arrive à filmer une scène de combat (parce que, dans le premier, c'était quand même le gros défaut du film) ; Gordon ; le film ménage de véritable plage de suspense et est un régal à suivre.