This is 40 de Judd Apatow :

Le retour d'Apatow derrière la caméra après le boudé-conspué - mais pourtant excellent - Funny People. Nouveau projet, mais "sort of sequel" de son deuxième long-métrage Knocked Up, où le couple secondaire formé par Pete (Rudd) et Debbie (Mann) passe désormais au premier plan. Le sujet ? Une réflexion sur la quarantaine. Du quotidien, des rires, des engueulades. Une chronique douce-amère de la vie d'une famille américaine moderne. Le boulot, les gosses, le couple, la famille. En somme, tout le package.
Je radote, mais j'adore Apatow, sons univers, ses personnages, son comique de situation, son sens du dialogue, de la phrase. Les dernières productions de son écurie, type The Five-Year Engagement, m'avaient moins emballé qu'à l’accoutumé. Sensation de tourner quelque peu en rond, durée excessive, facilités scénaristiques et j'en passe. Quid de ce nouveau long-métrage ? Ben merde, c'est vachement biiiien. Et en plus, ça s'inscrit dans la continuité de Funny People - film le plus ambitieux, le plus amer et dramatique du réalisateur.
This is 40, c'est donc une chronique familiale jouant sur plusieurs registres. C'est drôoole. Mais pas que. C'est triiiiste. Mais pas que. C'est sériiiieux. Mais pas que. Le film a un aspect fragmenté volontaire qui lui assure un renouvellement permanent, une capacité à surprendre constante. Cet aspect fragmenté, presque épisodique constitue l'une des forces du projet et le démarque en cela de The 40 Year Old Virgin, Knocked Up et Funny People. Les trois films cités avaient tous, un enjeu clairement établi. Tirer un coup, devenir adulte ou changer de vie par exemple. Ce n'est pas la cas ici. This is 40 conjugue à la fois frustrations, regrets, tracas du présent et espoir pour les années à venir. Cela avec l'idée permanente qu'une fois que l'on a quarante ans, "on cligne des yeux une fois et on a 90 ans." Et la, c'est la merde. Ce dialogue du film agit sur la durée. La vie, lorsque l'on en fait le bilan, c'est une succession de souvenirs, de moment plus ou moins joyeux. Apatow tape dans le mille.
Le film est d'une justesse incroyable et la dimension autobiographique du film, au delà même du casting - femme et enfants du réalisateur à l'écran - se ressent clairement. C'est ce qui le rend en partie vraiment passionnant. Parce qu'Apatow y va fond dans l'introspection, traduisant ses angoisses de ricain à l'écran et écorchant le vernis qu'est le rêve américain. Formellement parlant, c'est moins virtuose que Funny People qui témoignait d'une réelle volonté de faire un grand drame saupoudré d'éléments comiques. Là, le cinéaste rejoint plus ses deux premiers films.
Sinon y a aussi de très bonnes vannes à base de pets, de parties génitales, de beuh et autres. I'm lovin' it.
Spring Breakers d'Harmony Korine :

Voilà.
Korine oblige, Spring Breakers, c'est un peu l'OFNI de ce début d'année. Un trip flashy sous LSD, complètement gol' et fucked up. Le genre de film que l'on va voir un peu coupable, histoire de matter quatre actrices et pléthore de boooobs et de culs. L'histoire de Spring Breakers est nase, mais ça, c'est pas une surprise. Le parcours de quatre nanas dont le seul but dans la vie est de se barrer faire le Spring Break annonce d'entrée la couleur. Quatre connes qui partent faire la teuf, woohooh. Tous les personnages sont cons et tout ce qu'ils font est con. Spring Break bitches. Franco est coooon. Tous les dealers sont coooons.
Mais le film est très bon. Spring Break. Par contre, c'est pas le genre de film que l'on peut revoir avec plaisir X fois vu à quel point c'est pointless et pathétique. C'est un one-shot, peut-être un film culte en devenir. Un gros trip sous LSD donc. Spring Break forever. La grande force de Spring Breakers, c'est de faire bader le spectateur dès l'ouverture, en le plongeant dans un univers flashy, assourdissant, répétitif, alcoolisé, shooté, cradingue et puant le sexe. Spring Break. Le film défonce avec une aisance déconcertante toute temporalité. Il dure une heure et demi mais semble en faire trois. Spring Break. Korine joue avec les répétitions et efface toute cohérence temporelle. Spring Break. Les images sont explosées, déformées, protéiformes et en décalage constant avec les dialogues. Spring Break. Spring break. Spring Break forever. Spring Break. Spring Break bitches. La réal de Korine est assez classe, instinctive et physique. On est en permanence au plus près des filles. Elles s'enlacent, se caressent, s'embrassent. La caméra les enlace, les caresse, les pénètre. Spring Break bitches. La photo pop de Benoît Debie est superbe. La musique de Martinez et Skrillex envoie. Elle est d'ailleurs à l'image du film, constamment en équilibre. D'un côté la classe de Martinez, de l'autre, le caractère excessif et putassier de Skrillex. Spring Break.
L'introduction annonce la couleur. Sorte de gros clip dégueulasse et racoleur accompagné par Scary Monsters and Nice Sprites. Des seins et des culs en gros plans. Du mouvement. Du soleil. Des seins et des culs en gros plans. De l'alcool. De l'alcooool. Des mecs qui versent de l'alcooool sur meufs en mode pissing. Du soleil.
C'est baveux, ça en met plein la tête, c'est planant, c'est flippant, c'est consternant, c'est sexuel. La peinture de la jeunesse américaine par Korine fait toujours autant flipper.
Une horreur fascinante.