Publié : lun. 05 juin 2006, 14:26
Chapitre 31 : Sympathy For The Devil
Plaisir.
Satisfaction intense.
Lascivité voluptueuse.
Ce furent les mots dont auraient usé Tsunade pour décrire les sentiments qu'elle éprouvait alors qu'elle s'asseyait sur son fauteuil. Son corps, courbatu au possible, lui faisait parvenir un flot ininterrompu de signaux douloureux, mais ce n'était que bien peu de chose en comparaison du sentiment de plénitude qui l'envahit lorsqu'elle laissa tomber sa tête sur son oreiller de documents en retard.
Elle ferma les yeux, se laissant bercer par la va-vient répétitif de son coeur qui résonnait dans tout son être, et était sur le point de partir pour le pays de l'irréel lorsqu'elle comprit que quelqu'un d'autre était dans son bureau. Elle ne l'avait même pas vu lorsqu'elle était passé par la fenêtre, trop fatigué pour être paranoïaque.
Elle n'ouvrit pas les yeux tout de suite, ne sachant pas si cet intrus avait de mauvaises intentions. Dans le doute, elle préférait se faire passer pour endormie pour mieux surprendre son adversaire potentiel. Elle se tendit peu à peu, concentrant son chakra dans sa main, prête à bondir.
Cependant, l'importun ne bougea pas, ou presque. Le bruit d'un livre qu'on tourne, semblable à une respiration, emplissait la pièce à intervalle régulier.
L'Hokage se relâcha imperceptiblement. Elle savait qui était là et se permit même de prendre un repos bien mérité.
Elle fut réveillée par les lueurs matinales et par la voix de la personnne avec qui elle partageait son bureau.
« Si je ne vous connaissais pas, j'aurais du mal à penser que vous êtes Hokage, posa Shikamaru, un sourire affleurant à la surface de ses paroles. Épuisée après une seule mission, ce n'est pas digne d'un sannin. »
Tsunade entrouvrit un œil et aperçut le directeur de son tout nouveau service stratégique. Il se tenait assis sur son fauteuil, un livre sur les genoux, des cernes de fatigue sous les yeux, glacés et bleuâtres comme la nacre. Elle articula un « je-t'emmerde » de bon aloi avant d'ajouter, la voix encore ensuquée :
« Malgré mon physique avantageux, je n'en ai pas moins cinquante-sept ans et les réserves de chakra qui vont avec. Alors tes réflexions de petits jeunes… À ton âge, je n'aurai jamais eu ce genre de problème.
- Vous avez raison, temporisa Shikamaru. »
Il n'avait pas envie de se prendre les choux avec l'Hokage de si bon matin, juste parce qu'il avait émis une vérité évidente, d'autant plus qu'il allait falloir qu'il justifie à sa mère ses deux nuits passées en dehors du cocon familial.
Galère…
Tsunade se frotta les yeux puis commença à s'étirer, un peu à la manière des chats, c'est-à-dire tous les muscles en même temps, le tout accompagné par un bâillement à s'en décocher la mâchoire.
Elle marmonna dans sa barbe quelque chose que Shikamaru ne parvint à saisir.
« Pardon ? reprit-il
- Je disais, je ne comprends pas.
- Vous ne comprenez pas quoi ?
- Je ne comprends pas pourquoi tu as tenu à nous envoyer nous, les sannin, sur une mission que de nombreux ANBU auraient été capables d’accomplir. De plus, le plan était totalement abracadabrant. Pourquoi avoir combiné l'infiltration avec une diversion importante de l'autre côté, si c'était pour demander à Jiraya d'éliminer l'ANBU qui resterait en surveillance. Ça n'a ni queue ni tête. Je sais que tu le sais alors dit moi c'était pour quoi cette mission avec les trois sannin? S'assurer de la loyauté d'Orochimaru ? »
Shikamaru secoua la tête.
« Cette mission avait plusieurs objectifs. Tout d'abord, en volant l'argent qui était destiné au soldat, nous augmentons les risques d'insurrection dans les camps de nos adversaires. Autant dire qu'ils seront paralysés pendant quelque temps, ce qui nous permettra de préparer notre guerre sur le second front. De plus, le fait que seul deux personnes aient réussi à tailler dans les rangs avant autant de facilité va marquer les esprits. Une grande partie de son armée va craindre les confrontations, et sur un champ de bataille, cela nous avantagera et ainsi, nous pourrons peut-être même éviter la guerre. Je n'y crois pas trop, mais ça n'en reste pas moins une possibilité. Enfin, dernier point important, si jamais nous arrivons à vaincre tous nos ennemis, il restera toujours le problème Orochimaru. Et nul doute que si nous sommes affaiblis, il pourrait tenter de nous attaquer. Cette mission nous a permis de collecter quelques informations sur lui et son état actuel. C'est aussi pour ça que j'ai insisté pour que ce soit Jiraya qui s'occupe de la partie solitaire, au-delà de ses capacités en juinjutsu et camouflage. Ainsi vous avez eu tous loisirs de l'observer au combat. Je souhaitais aborder le sujet après le petit-déjeuner, mais vu que nous en parlons, autant que je vous pose la question : Avez-vous remarqué quelque chose d'inhabituel ? »
Tsunade cligna plusieurs fois des paupières, presque sous le choc. Elle connaissait les capacités de déduction et d'anticipation de la personne qui lui faisait face, mais quand cette même personne vous déballait un plan qui s'étalait sur différentes échelles politico-militaires et qui envisageait même l'avenir après le conflit, ça avait toujours quelques choses d'étourdissant, voire même, d'effrayant.
Il est arrivé à un niveau de connaissance tel, que l'avenir finirait presque par devenir limpide. Il est le genre d'homme qui fait basculer les conflits. Et évidemment, il faut toujours que ça tombe sur ceux qui sont les moins à même de remplir ce rôle.
« Alors, reprit Shikamaru
- Hein ? Euh… Pour tout te dire, j'ai combattu avec lui pendant près de quinze minutes. On ne combattait pas de toutes nos forces pourtant aucune faiblesse ne m'est apparu. Quoique… »
Elle ferma les yeux et se remémora la dernière minute de combat.
Une flèche tombant du ciel.
Orochimaru qui la fixe pendant une seconde.
Une trop longue seconde.
Il bouge la tête au dernier moment, esquivant de justesse.
Du sang.
Une infime goutte de sang perlant le long de sa joue.
La plaie se referme dans un crachin de chakra bleu.
Une langue remonte et lèche la larme qui glissait.
Orochimaru qui la fixe, un drôle de sourire sur le visage.
« Et bien, à la fin, il m'a semblé bizarre. Une flèche tombait et il n'a pas réussi à l'esquiver correctement. La blessure était minime ce qui fait que je n'en ai pas vraiment tenu compte mais maintenant que tu m'en parles… C'est vrai que c'est étrange, surtout qu'il est resté en contemplation devant cette flèche qui tombait dans sa direction. Il n'aurait dû avoir aucune difficulté à la saisir, la brûler. Peut-être qu'il voulait juste goûter à son sang. Dérangé comme il est, ça ne me surprendrait pas.
- Peut-être… murmura t'il. Mais je n'y crois pas. Cette flèche aurait pu être empoisonné et il devait le savoir. Même avec vous à ces côtés, je doute qu'il soit du genre à faire ça.
- Tu penses à quoi alors ? »
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Il n'aurait pas dû se lever ce matin.
En fait, le problème se situait sur un autre niveau, autrement plus complexe. Il n'aurait pas dû devenir ninja. Il n'en avait ni l'étoffe, ni la motiviation. Il aurait dû écouter son père, devenir un simple marchand de choux. Il aurait épousé une fille pas trop moche, aurait eu des enfants pas trop chiants. Il aurait vécu, serait mort de vieillesse avec la certitude qu'il n'avait servi rien, que ce soit en bien ou en mal.
Mais que voulez-vous ? Quand on est petit, l'appel de l'aventure est plus fort que tout (A vrai dire, c'était plutôt les moqueries que ses amis d'enfances qui étaient plus fortes que tout.) Il avait fait ses premières armes en temps de guerre, avait côtoyé la mort et s'en était sorti vainqueur. Ça avait refroidi côté “appel de l'aventure” et aucun de ses amis n'étaient revenu. Ça avait été le bon moment pour raccrocher son kunaï, mais il ne l’avait pas. Par flemme.
Il savait qu'il n'aurait pas dû se lever ce matin. Comme tout bon ninja, il avait une espèce de trouillomètre qui sommeillait au fond de ses tripes et il savait que le sien était le plus performant du village. Sinon comment expliquer qu'il fut toujours en vie ?
Ce jour-là, le trouillomètre était en mode vibration-de-la-mort. Quelque chose allait arriver et ça allait être pour sa pomme.
Il le savait, mais ça ne l'avait pas empêché, comme tous les matins, de balancer son réveil par la fenêtre lorsque celui-ci avait sonné avant de le rattraper, dans un ultime sursaut de lucidité.
Comme tous les matins, il avait pris sa douche, oubliant d'allumer le cumulus et se retrouvant sous une cascade d'eau froide.
Comme tous les matins, il avait trempé sa manche dans son café.
Et, bien entendu, comme tous les matins, il était arrivé en retard pour la relève, au grand dam du ninja qui venait de passer la nuit dehors et qui n’aspirait quà une chose : dormir. Celui-ci avait émis quelques remontrances mais sur le ton de la plaisanterie.
Hijo était toujours surpris par les réactions des ninja plus jeunes que lui. Chacun de leurs gestes, de leurs expressions, de leurs paroles, semblait teinté d'un étrange mélange de peur et de respect, deux composantes qui transparaissaient jamais chez ses supérieurs.
La raison était toute simple. Personne ne savait comment il avait accédé au rang de chuunin. Il semblait être dépourvu de talents. Cela confinait à l'art, au génie, la façon avec laquelle il s'était non-spécialisé dans quelques jutsu qu'ils soient. Alors les rumeurs les plus folles courraient sur la raison de son affectation.
Certains pensaient qu'il avait de bonnes relations dans les hautes-sphères politiques. D'autres pensaient qu'il avait récupéré une veste de chuunin sur les champs de bataille parce qu'il avait froid et s'était ainsi vu régulariser sa situation sans qu'il ne s'en rende compte. Les derniers envisageaient le fait qu'Hijo était en fait un ninja surpuissant qui était obligé de contenir sa force pour ne pas risquer de détruire le village.
Après avoir reçu une tape sur l’épaule en guise d’au-revoir, Hijo se retrouva seul, avec encore une fois la certitude que quelque chose allait se passer et c'était sur lui qu'il fallait que ça tombe.
Et Ça ne tarderait pas à arriver.
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Orochimaru s'avança sur l'estrade qui surplombait ses troupes. Avec une infinie lenteur, il s'approcha du rebord, prêt à faire un discours d'encouragement pour ses troupes. Lorsque les cent cinquante ninja amassés en aval l'aperçurent, des hurlements emplirent la prairie qui où les ninja du son avaient établi le campement.
Le Serpent n'avait toujours pas dit un mot, mais tous continuèrent de l'acclamer pendant une longue minute. Tous savaient qu'Orochimaru ne les tenait aucunement en estime, qu'il les considéraient comme de simple pions que l'on pouvait sacrifier, mais pourtant, tous continuaient à le suivre. Parce qu'ils étaient persuadés qu'il les mènerait à la victoire. Parce qu'il avait été le seul à les accueillir lorsqu'ils avaient fui leur village d'origine. Parce qu'il pouvait être charmant et accordait des bénéfices non négligeables si l'on avait accompli quelques choses d'extraordinaires.
Quelque part, Orochimaru était leur nouveau père à tous, distillant récompense et punition, et aucun n'avait envie de le quitter.
Le Sannin leva les bras, intimant le silence. Le vacarme assourdissant s'évanouit comme il était apparu.
« Ninja du son ! cria t'il et tous répondirent en scandant son nom. Ninja du son, nous sommes sur le point de partir en guerre avec Konoha. Je sais que bon nombre ont été surpris de notre alliance avec nos pires ennemis mais je puis vous assurer qu'elle est nécessaire ! A l'heure actuel, notre ennemi n'est plus ce minable village de la feuille mais un démon autrement plus puissant, Juubi ! Il est un obstacle à notre dessein d'envahir Konoha, puis le reste des terres ninja. Mais nous pouvons, non… Nous allons le battre ! Alors suivez-moi sans crainte, je vous conduirai à la victoire ! Car nous ne craignons la mort ! Juubi n'est pas le pire démon que cette Terre est porté ! Les pires démons, c'est nous et personne d’autre ! Alors, je vous le demande mes amis, êtes-vous prêt à me suivre jusqu'à la victoire ?! »
Une onde d'énergie brute envahit ses terres qui bordaient Konoha. Oui, ils étaient à le suivre. Tous sans aucune exception. Jusqu'en enfer s'il le fallait.
Parce qu'Orochimaru était leur père à tous.
Celui-ci quitta cette estrade fabriquée par un déserteur du village de l'herbe pour l'occasion et retourna se réfugier dans sa tente.
Celle-ci était très spacieuse, un tapis avec un motif semblable à une fractale, éternelle répétition d'une même figure, reposait sur le sol. En son centre, une vielle table en chêne était jonchée de documents et de vieux rouleaux. La notion d'incendie involontaire ou d'accident domestique ne semblait pas avoir émergé dans l'esprit d'Orochimaru si l'on en croyait toutes bougies qui clairsemé le bureau, tel un ciel étoilé.
Le Sannin s'assit dans un vieux fauteuil, le dossier plus long que la normale. Sur chacun des accoudoirs était dessiné un serpent la gueule béante. La queue des serpents rejoignait le dossier et s'y développait avant de se rencontrer sur le sommet, formant une double gueule qui s'embrassait.
D'un coup de pied bien placé, il fit voler un rouleau qui traînait par terre depuis quelques temps déjà et l'attrapa d'un geste rapide. Il l'avait reçu la veille et n'avait pas encore eu le temps de le parcourir, tout de suite mobilisé pour une mission ridicule. Lorsqu'il le lut, ses deux yeux s'écarquillèrent, ses deux pupilles dessinant une feinte encore plus mince qu'à l'accoutumé, puis son visage fut déformé par la colère. Il hurla de rage, criant deux ou trois insanités avant de balancer à travers la tente. Celui-ci s'écrasa à côté de la mince ouverture qui faisait office d'entrée.
Ce fut le moment que choisit Kabuto pour rentrer.
« Que se passe-t'il, sir Orochimaru ? demanda t'il avec le plus de délicatesse possible. » Son chef semblait être d'une humeur plus qu'exécrable et il ne souhaitait pas s'en attirer les foudres. Il y avait les mercenaires pour ça. « La mission avec vos anciens coéquipiers s'est mal déroulée ?
- S'il n'y avait que ça. Tu n'as qu'à lire le rouleau qui est à tes pieds. »
Le bras d'Orochimaru se pencha pour ramasser le rouleau avant de parcourir le message.
« Je vois, reprit-il. Il semblerait que kidnapper le fils et la fille du Raikage n'ait pas suffi pour qu'il daigne rejoindre notre alliance. Cependant, si ce que je lis est correcte, nous pouvons arracher un pacte de non agression si nous consentons à lui rendre les corps. Est-ce que je fais préparer une équipe pour les faire porter. »
Orochimaru eut un drôle de sourire, à mi-chemin entre l'orgasme et le dégoût.
« Ça ne sera pas nécessaire… marmonna t'il
- Vous ne comptez pas leur renvoyer les dépouilles ? demanda Kabuto. »
Il n'était pas surpris. Quand cette mimique animait le visage de son maître, il savait qu'il avait une idée derrière la tête.
« Non… J'avais plutôt dans l'idée de lui faire parvenir le cadavre de son fils par oiseau, le tout par pièce détachée. Sur son cœur, j'ajouterai un petit mot où je précise que sa fille lui sera rendue si j'ai pu m'assurer de sa neutralité. Je préciserai aussi que je lui confirai au passage le nom de mon espion qui a posé des explosifs dans le bâtiment administratif ainsi que la localisation des autres explosifs que j'ai glissé par inadvertance dans d’autres lieus importants.
- Ingénieux, admira Kabuto. Je présume que vous n'avez aucun espion à Kumo et que vous n'êtes aucunement responsable des attentats du mois dernier. De même qu'aucun nouvel explosif a été posé. Ainsi, vous êtes quasiment certain qu'ils ne feront rien à notre encontre.
- Tout à fait. »
Et il se tut. Pendant une longue minute, rien ne se passa. Kabuto posa le message sur la table et réarrangea les documents sur le bureau, prenant bien soin de ne peut pas faire tomber les bougies. Du coin de l'oeil, il continuait, comme toujours, d'observer Orochimaru. Il ne lui avait jamais tourné le dos et ne le ferait jamais. Le visage du Sannin avait changé. En lieu et place du sourire sadique qu'il affichait quelques secondes auparavant, il donnait l'impression d'attendre quelque chose. Ou quelqu'un.
Ce quelqu'un pénétra dans la tente et Kabuto lança un kunaï par pur réflexe. Et tant pis pour le ninja imprudent.
Sauf que la lame fut facilement bloqué par un mouvement bref.
« Sasuke Uchiwa, susurra Orochimaru. »
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Shikamaru fixait les reflets ambrés de la table, le regard quelque peu dans le vide.
« Je ne peux émettre que quelques théories. Ce jutsu n'a jamais été utilisé avant ou, tout du moins, il n'y en a aucune trace.
« Je pars du principe qu'un jutsu a toujours des défauts. Une technique qui confère vitesse fait perdre en précision, une qui confère force fait perdre en vitesse etc… De plus, d'après les informations que j'ai pu recueillir du rapport de Sasuke Uchiwa après son retour. »
Il posa tous ses documents sur le bureau et s'éclaircit quelque peu la voix.
« Tout d'abord, on sait qu'Orochimaru récupérait toujours des corps d'excellents ninja. Par ailleurs, il a entraîné Sasuke pendant deux ans et demi. Pourquoi ? Certes, il ne peut utiliser son jutsu que tous les trois ans et il devait calmer l'impatience de Sasuke, mais alors pourquoi ne l'a-t-il pas tout simplement enfermé jusqu'à ce que les trois années s'écoulent ? Il se doutait qu'en entraînant Sasuke, celui-ci allait vouloir s'enfuir avant qu'il se fasse prendre son corps.
Je pense que lorsqu'il intègre un nouveau corps, il n'emporte avec lui que l'énergie spirituelle qui trouve son origine dans la méditation et l'expérience au combat. Il ne peut récupérer l'énergie spirituel qui vient de l'entraînement. C'est pour ça qu'il récupère des corps expérimentés ou qu'il a entraîné Sasuke. Mais le fait qu'il acquiert des corps aussi bien entraînés me conduis à une autre réflexion.
« Les réflexes que l'on acquiert par l'entraînement sont liés au subconscient. Je doute qu'il souhaite les réacquérir à chaque nouveau transfert. J'imagine alors qu'une partie de l'esprit des corps subsiste dans le subconscient. Le problème doit être que lorsque ce subconscient fait surface, il entre en conflit avec l'âme d'Orochimaru, ce qui peut être à l'origine de quelques ralentissements dans ses mouvements. Ça doit être encore plus vrai lorsqu'il se lance dans un combat de grande envergure car ça nécessite une grande concentration, donc d'autant plus de risque de faire ressortir son hôte.
« Sasuke précise dans son rapport que votre ancien coéquipier avait d'abord porté son dévolu sur Itachi, mais qu'il aurait été forcé d'abandonner parce qu'il le considérait trop puissant. Venant d'un Sannin, je trouve ça assez excessif. Peut-être n’avait il qu’une chance sur deux d’en sortir vainqueur, mais de là à affirmer qu’il n’y arriverai pas. Vous le connaissez mieux que moi que je dois pouvoir dire qu’Orochimaru ne pars combattre que lorsqu’il a un 90% de chance de victoire. Par ailleurs, si on analyse le combat qui l’opposait au Sandaime, on remarque qu’il n'a que très peu combattu. Il a invoqué le premier et le second Hokage, qui ont mené le duel à sa place. Il aurait usé de cette technique pour éviter de dévoiler cette faiblesse. C'est pourquoi je pense qu'il ne peut pas combattre longtemps. Son jutsu est incomplet. Après je ne sais pas si c'est par choix, ou parce qu'il ne peut pas faire mieux, mais ça on s'en fout. L'important est qu'il a une faiblesse. »
Tsunade ne répondit rien. Du moins pas dans l'immédiat. Pour la deuxième fois en un peu moins d'une heure, elle trouvait les capacités de Shikamaru éblouissantes. Quelques mois auparavant, elle avait demandé au service science et technique s'il pouvait lui obtenir quelques informations sur le jutsu d'Orochimaru. Ils avaient fait de nombreuses recherches et elle avait reçu un compte-rendu où ils expliquaient de A à Z pourquoi il n'avait rien trouvé.
« Ah euh… Ton raisonnement m'a l'air pertinent et j'en tiendrai compte pour l'avenir. Sinon quoi d'autre ? »
Quoi d'autre… Raisonnement pertinent… Tu lui sors de ses phrases alors qu'il vient de t'expliquer le fonctionnement du jutsu d'immortalité. Y'a pas à dire ma petite Tsunade, tu es la meilleur quand il s'agit de motiver tes troupes.
Cette petite voix avait quelques accents propres à Orochimaru, ce qui la lui fit haïr sur le coup.
« Quoi d'autre ? reprit Shikamaru, l'air désappointé. Et bien, j'ai réfléchi toute la nuit à cette histoire de civil et je n'ai pas de réponses. Une chose dont je suis sûr, c'est qu'ils n'attaqueront pas les civils de Konoha. Trop dangereux et ça ne sert à rien. Par contre, il n'est pas impossible qu'ils s'en prennent à l'un des villages avoisinants avec lequel nous avons un contrat.
- Pourquoi ? l'interrompit Tsunade. Ça ne sert à rien. Certes, on perdra de l'argent pendant quelques temps et peut-être un peu de notre capital confiance mais ce n'est pas désastreux.
- C'est vrai. Mais imaginez qu'ils répètent cette opération sur plusieurs villages. Que vont faire les autres ? Ils vont venir ici pour demander notre protection. On va alors se retrouver avec de nombreux civils supplémentaires à protéger, ce qui fait que l'on va devoir assigner des ninja à leur protection et ainsi, dégarnir nos fronts. Le problème reste le même si on décide d'envoyer des ninja pour protéger les civils. Mais ça peut aussi être un plan pour éliminer une partie de nos effectifs en attaquant nos shinobi qui seront parqués dans les villages. (Sa voix se fit quelque peu emballé) Et puis, il y'a aussi ce code que l'on a obtenu presque trop facilement. Suna et Iwa n'utilisait même pas un système de cryptage asymétrique. Il était presque trop facile.
- Et tu conseilles quoi alors ?
- Je ne sais pas. »
Le ton était sec.
Il ne savait vraiment pas. Pour une des premières fois de sa vie, il faisait face à deux solutions qui, en termes de probabilité, était équivalentes. Il était bloqué.
Tsunade le fixa, l'air inquiet. Elle comprit que c'était à elle de prendre la décision. Parce que Shikamaru n’oserait jamais décidé pour les autres. Elle le comprenait très bien. Elle-même s’était trouvé de nombreuses fois dans ce cas de figure.
« Bien. Je propose que pour le moment on ne fasse rien. Suna n'est pas du genre à s'en prendre à des civils innocents, du moins, c'est comme ça qu'ils auraient agi avec Gaara au pouvoir. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il n'est pas leur Danzo. »
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La première chose qu'il remarqua était le silence assourdissant qui venait d'envahir la forêt. Les bruits dans lesquels il baignait depuis sa plus tendre enfance venaient de disparaître. Le “ fi-bî fî-bé ” caractéristique des mésanges à tête noire s'était évanoui. Le grognement des sangliers, cor vivant de la forêt, s'était volatilisé. Il en était de même avec toutes les voix, toutes les notes qui composaient cet orchestre naturel. Pour la première fois, Hijo prit conscience que le silence était pire que tout. Pire que les hurlements, pire que le sifflement d'un shuriken fendant l'air.
Au loin apparut une ombre diffuse, presque nuageuse.
Hijo se tendit imperceptiblement.
Si je veux fuir, c'est le bon moment.
Sauf que s'il partait en laissant tout en plan, il se demandait comment allait réagir l'Hokage. Elle ne l'avait déjà pas à la bonne… Genma avait entendu des histoires horribles sur des ninja qu'on avait retrouvés à l'hôpital, le corps broyé par les poings de Tsunade. Motif : ils avaient apporté un thé trop amer.
L'ombre se rapprochait avec une lenteur qu'il qualifiait d'ignoble. Il avait l'impression qu'elle prenait plaisir à le voir surnager dans sa peur. Car pour avoir, il avait peur. L'inconnu dégageait une aura malsaine, pernicieuse.
Pire que ça. Cette atmosphère semble maudite.
Par pur réflexe, il saisit un kunaï dans sa main droite et deux shurikens dans sa main gauche. La dernière fois qu'il avait ressenti une émanation aussi maléfique, c'était lorsqu'il avait 15 ans. Kyubi avait attaqué le village et tous les ninja avait été envoyé sur le front.
Finalement, l'individu arriva à son niveau. Il était recouvert d'une longue cape, la tête encapuchonnée, ne laissant même pas entrevoir une once de son visage. À sa grande surprise, la pression qu'il ressentait depuis plusieurs minutes avait disparu, laissant place à un sentiment de vacuité qui l'inquiétait davantage.
« Halte ! On ne passe pas ! lança-t'il d'une voix qui se voulait assurée mais qui n'arrivait pas à faire illusion. »
Malgré tout, et à sa grande surprise, l'intrus s'arrêta et avait l'air de l'observer. Il n'en était pas sûr mais la capuche regardait dans sa direction.
Quelque peu enhardi par l'obéissance de ce dernier, Hijo lança d'une voix forte.
« Ôter votre capuche que je puisse voir votre visage. »
Il s'exécuta avec nonchalance, prenant bien soin de défaire chacune de ses ficelles. La cape tomba à terre proviquant un petit nuage de poussière.
Il était beau. Incroyablement beau.
Ce furent les seuls pensés qu'il parvint à formuler.
De longs cheveux blonds tombant sur ses épaules, le regard d'un bleu intense, si intense que l'on jurerait qu'il était aveugle, un petit nez tout rond surmontant deux fines lèves pulpeuses. Son visage avait un aspect androgyne du plus bel effet. Son corps était parfaitement équilibré, à mille lieux des musculatures d'acier qu'affichait généralement les ninjas.
L'inconnu remarqua l'effet qu'il faisait au garde.
« Et bien mon très cher, ne me dites pas que vous avez une orientation sexuelle dison… un peu hors norme.
- Hein ? »
Hijo mit une dizaine de secondes à comprendre que l'Autre venait de lui demander s'il était homosexuel.
« Non… Non… Non ! Je vous assure que mon… ahem… orientation sexuel comme vous dites… n'est pas… euh… hors norme.
- Vous me comblez de joie en me disant cela, répliqua l'Autre. Pendant une seconde, j'ai cru que vous alliez me sauter dessus.
- Ah… Euh… Je… Désolé… Je voulais pas faire peur.
- Rassurez vous mon très cher ! Plus de peur que de mal ! »
Les paupières d'Hijo papillonnèrent. Il ne savait plus trop où il en était. Était-ce bien cette personne, d'une politesse rare et d’une conversation aisée, marivaudant à tout va, qui était à l'origine de l'atmosphère lourde et poisseuse qu'il avait côtoyée pendant de trop longue minute ? Ou bien avait-il tout simplement rêvé, s'imaginant des choses qui n'existait.
Une partie de lui-même croyait de tout son coeur que la deuxième solution était la bonne. Pourtant il savait qu'il y avait quelque chose qui clochait. Son allure sympathique, sa beauté, la culture qu'il déployait dans un dialogue de bas-niveau.
Trop honnête pour être honnête.
« Qu'est ce que vous venez faire à Konoha ? s'exclama-t'il. »
Il avait décidé. Il allait à tout prix conserver son rôle de gardien et tentait de ne pas tomber dans le piège d'une trop grande bonhomie.
« Et bien… Porter par quelques zéphyrs insouciants, j'ai erré de ville en ville, de village en village, à la recherche d'une connaissance à laquelle j'attache beaucoup d'importance.
- Vous cherchez quelqu'un ? décoda Hijo
- C'est exactement ça.
- Et qui ? Peut-être que je le connais.
- Je pense effectivement que son nom ne vous est pas inconnu. Je suis à la recherche de la Déesse parmi les Déesses, de celle qui a fait chavirer mon coeur de cupidon. Mais je pense que vous la connaissez mieux sous le nom de Kyubi…
- Hein ? Kyubi ?»
Hijo explosa de rire. Il fut peu à peu suivi par son tout nouvel ami.
« Ahahah !!! Kyu… Kyubi ? Le renard géant qui a attaqué notre village il y'a près de dix-huit ans ? C'est de lui que vous parlez ? C'est de lui que vous êtes amoureux ?
- Ahaha ! De elle pour être exact. Et oui, c'est d’elle que je suis amoureux. C'est fou non ?»
Ils continuèrent de rire jusqu'à plus soif, Hijo ayant même rangé son kunaï. Peu après que les rires eurent cessé, il reprit d'une voix un brin hilare.
- Et c’est vous qui dites que j’ai une orientation sexuelle déviée. Enfin bref, vous êtes ?
- Sanbi. Ravi de vous connaître. »
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Le premier à réagir fut Kabuto. Il enchaîna quelques signes et fit apparaître deux scalpels de chakra, tel deux extensions de ses mains. Il se mit en garde, prêt à en découdre avec Sasuke. Il allait lancer son attaque lorsque Orochimaru lui attrapa le bras, le bloquant dans son élan.
« Ça ne sera pas nécessaire. J'ai l'impression que mon cher apprenti n'est pas venu pour combattre. »
Pour toute réponse, Sasuke laissa tomber le kunaï qu'il avait dans la main. Celui-ci se planta net dans le tapis, raide comme un i.
« Alors ? reprit le Serpent en s'approchant de l'Uchiwa. Qu’est ce qui me vaut ta visite ? Je doute que ce soit pour prendre de mes nouvelles.
- J'ai besoin de vous. »
Le ton était froid, tentant de marquer le plus de distance possible entre lui et son ancien maître. Il ne voulait pas laisser transparaître le trouble qui l'assaillait. Il était effrayé par son face à face avec Orochimaru, en territoire ennemi qui plus est. Il ressentait du dégoût vis-à-vis du Sannin, et pire, vis-à-vis de lui-même, obligé de devoir demander de l'aide à la personne qu'il haïssait le plus.
« Voyez vous ça. Toi, Uchiwa Sasuke, tu quémandes mon aide à moi, Orochimaru. C'est ironique au plus haut point, tu ne trouves pas Sasuke ? Et en quoi pourrai-je t'être utile ? »
Sasuke ferma les yeux et inspira un grand coup.
« Je veux que vous m'enseignez les quatre arcanes élémentaires.
- Les quatre arcanes élémentaires… Et qu'est ce qui te fait croire que je les maîtrise ? »
Sasuke ne répondit pas, se contentant de fixer intensément le regard fendu d'Orochimaru.
Le Sannin s'avança de quelque pas, beaucoup trop près dans l'esprit de Sasuke et posa sa tête dans le creux de l'épaule de l'Uchiwa.
Surtout ne pas s'énerver, murmura une petite voix dans l'esprit de Sasuke. Surtout ne pas s'emporter. Il fait ça pour te mettre mal à l'aise.
Sasuke fit appel à tout son self-contrôle pour ne pas exploser. Il haïssait toucher le Sannin. Sa peau était aussi froide que celle d'un cadavre, aussi rugueuse qu'une pierre. Et surtout, il avait l'impression que sa marque allait exploser chaque fois à chacune de ses respirations.
Cela faisait des années qu'il ne s'en était plus servie. Elle était scellé par un triple sceau qui lui bloquait tout accès à son chakra. Mais elle était toujours là. Elle le suivrait jusqu'à sa mort, le marquant comme un pestiféré pour tout le reste de son existence. Tous les efforts qu'il avait fourni pour réacquérir la confiance des villageois ne serviraient à rien tant qu'il aurait ça, cadeau empoisonné d'Orochimaru.
Comme pour le mettre encore plus mal à l'aise, Orochimaru laissa sortir sa langue et commença à lui lécher la joue.
Il veut te tester. Il veut te tester comme lorsqu'il a tenté de te faire porter cet immonde uniforme rose et violet le premier jour où tu es arrivé chez lui. Alors ne fait aucun mouvement et tant pis tu viole chacune des règles du code de conduite des Uchiwa. Tiens le coup.
Il ravala sa salive et essaya d'ignorer la langue qui venait de lui caresser le menton. Celle-ci finit par retourner dans son propriétaire. Il sentit le souffle glacé d'Orochimaru dans son oreille avant d'entendre la voix sifflante dans son maître.
« Pourquoi veux-tu maîtriser ces arcanes ? susurra t'il. Tu es déjà très puissant. J'ai vu ton nouvel oeil et nul doute qu'il te confère des pouvoirs hors du commun. Réponds-moi franchement Sasuke, pourquoi ? »
Il allait le dire. Il allait prononcer des mots, ces mots qu'ils n'avaient jamais envisagé de prononcer. Ces mots que son clan aurait sans doute dénigré. Juste six mots. Mais finalement, et pour la première fois de sa vie, il comprit, ce qui est important n'est pas le mot en lui-même, c'est le sens qu'on lui attribue.
« Je…dois…aller…les…sauver, murmura t'il les dents serrés.
- Kukuku… Voyez vous ça… Sasuke Uchiwa qui pense à sauver quelqu'un. Ça a quelque chose d'irréel tu ne penses pas, quand on connaît ton passif. »
Encaisser chacune de ses piques. Faire semblant que rien ne t'atteint. Laissez couler. Attendre qu'il en vienne au fait.
« Je pourrai effectivement t'apprendre ces quelques techniques… Ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps grâce à ton oeil. Mais là n'est pas la réponse que tu cherches. La question tu aimerais avoir la réponse est : "est ce que je le ferai ? " J'admets que par pur narcissisme, j'aimerais que tu me la poses, cette question dont tu convoites tant la réponse. »
Sasuke articula avec difficulté, une impression de malaise lui parcourant l'échine :
« Est-ce que vous le ferez ?
- Est ce que je le ferai… Sans doute, mais pour cela, il faudrait que tu me proposes quelque chose qui en vaille la peine tu ne penses pas ? Tu m'as causé beaucoup d'ennui lorsque tu as fui. Qu'as-tu donc à me proposer ? »
Il aurait préféré ne pas en arriver là. Il se doutait qu'Orochimaru allait lui demander quelque chose en échange de sa coopération, mais il avait beau le savoir, il n'en restait pas moins qu'il le redoutait et qu'une part de lui avait aspiré à ce que cela se passe sans encombre.
« Je vous donnerai mon corps lorsque je les aurai sauvés. Pour de bon cette fois. »
La réponse ne vint pas tout de suite. Un long silence s'abattit dans la tente. Orochimaru prit bien soin de le faire durer autant qu'il était possible puis il reprit d'une voix langoureuse.
« Non, non… Tu m'as déjà fait cette promesse et tu ne l'as pas respecté. Qu'est ce qui me prouve que tu le feras cette fois là. Et par ailleurs, qu'est ce qui me garantie que tu rentreras vivant ? Et puis, j'ai changé de corps il y'a un an donc il me faut encore attendre deux ans. Non non non. Moi je veux quelque chose maintenant. Quelque chose qui a le même prix que ton corps. »
Sasuke avait peur de trop bien comprendre à quoi il faisait allusion. Orochimaru prit son visage entre ses longs doigts blafards et le fixa droit dans les yeux.
« Tu ne vois toujours pas mon Sasuke ? Ce que je veux c'est l'un de tes sharingans. »
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Vous n'y croyez plus ? Le voilà. Le fameux chapitre 31.
En espérant qu'il vous ait plu. Je remercie au passage Arakasi qui a bien voulu me prêter Hijo le temps d'une scène.
J'espère ne pas m'être trop éloigné de l'image qu'elle s'en fait.
Plaisir.
Satisfaction intense.
Lascivité voluptueuse.
Ce furent les mots dont auraient usé Tsunade pour décrire les sentiments qu'elle éprouvait alors qu'elle s'asseyait sur son fauteuil. Son corps, courbatu au possible, lui faisait parvenir un flot ininterrompu de signaux douloureux, mais ce n'était que bien peu de chose en comparaison du sentiment de plénitude qui l'envahit lorsqu'elle laissa tomber sa tête sur son oreiller de documents en retard.
Elle ferma les yeux, se laissant bercer par la va-vient répétitif de son coeur qui résonnait dans tout son être, et était sur le point de partir pour le pays de l'irréel lorsqu'elle comprit que quelqu'un d'autre était dans son bureau. Elle ne l'avait même pas vu lorsqu'elle était passé par la fenêtre, trop fatigué pour être paranoïaque.
Elle n'ouvrit pas les yeux tout de suite, ne sachant pas si cet intrus avait de mauvaises intentions. Dans le doute, elle préférait se faire passer pour endormie pour mieux surprendre son adversaire potentiel. Elle se tendit peu à peu, concentrant son chakra dans sa main, prête à bondir.
Cependant, l'importun ne bougea pas, ou presque. Le bruit d'un livre qu'on tourne, semblable à une respiration, emplissait la pièce à intervalle régulier.
L'Hokage se relâcha imperceptiblement. Elle savait qui était là et se permit même de prendre un repos bien mérité.
Elle fut réveillée par les lueurs matinales et par la voix de la personnne avec qui elle partageait son bureau.
« Si je ne vous connaissais pas, j'aurais du mal à penser que vous êtes Hokage, posa Shikamaru, un sourire affleurant à la surface de ses paroles. Épuisée après une seule mission, ce n'est pas digne d'un sannin. »
Tsunade entrouvrit un œil et aperçut le directeur de son tout nouveau service stratégique. Il se tenait assis sur son fauteuil, un livre sur les genoux, des cernes de fatigue sous les yeux, glacés et bleuâtres comme la nacre. Elle articula un « je-t'emmerde » de bon aloi avant d'ajouter, la voix encore ensuquée :
« Malgré mon physique avantageux, je n'en ai pas moins cinquante-sept ans et les réserves de chakra qui vont avec. Alors tes réflexions de petits jeunes… À ton âge, je n'aurai jamais eu ce genre de problème.
- Vous avez raison, temporisa Shikamaru. »
Il n'avait pas envie de se prendre les choux avec l'Hokage de si bon matin, juste parce qu'il avait émis une vérité évidente, d'autant plus qu'il allait falloir qu'il justifie à sa mère ses deux nuits passées en dehors du cocon familial.
Galère…
Tsunade se frotta les yeux puis commença à s'étirer, un peu à la manière des chats, c'est-à-dire tous les muscles en même temps, le tout accompagné par un bâillement à s'en décocher la mâchoire.
Elle marmonna dans sa barbe quelque chose que Shikamaru ne parvint à saisir.
« Pardon ? reprit-il
- Je disais, je ne comprends pas.
- Vous ne comprenez pas quoi ?
- Je ne comprends pas pourquoi tu as tenu à nous envoyer nous, les sannin, sur une mission que de nombreux ANBU auraient été capables d’accomplir. De plus, le plan était totalement abracadabrant. Pourquoi avoir combiné l'infiltration avec une diversion importante de l'autre côté, si c'était pour demander à Jiraya d'éliminer l'ANBU qui resterait en surveillance. Ça n'a ni queue ni tête. Je sais que tu le sais alors dit moi c'était pour quoi cette mission avec les trois sannin? S'assurer de la loyauté d'Orochimaru ? »
Shikamaru secoua la tête.
« Cette mission avait plusieurs objectifs. Tout d'abord, en volant l'argent qui était destiné au soldat, nous augmentons les risques d'insurrection dans les camps de nos adversaires. Autant dire qu'ils seront paralysés pendant quelque temps, ce qui nous permettra de préparer notre guerre sur le second front. De plus, le fait que seul deux personnes aient réussi à tailler dans les rangs avant autant de facilité va marquer les esprits. Une grande partie de son armée va craindre les confrontations, et sur un champ de bataille, cela nous avantagera et ainsi, nous pourrons peut-être même éviter la guerre. Je n'y crois pas trop, mais ça n'en reste pas moins une possibilité. Enfin, dernier point important, si jamais nous arrivons à vaincre tous nos ennemis, il restera toujours le problème Orochimaru. Et nul doute que si nous sommes affaiblis, il pourrait tenter de nous attaquer. Cette mission nous a permis de collecter quelques informations sur lui et son état actuel. C'est aussi pour ça que j'ai insisté pour que ce soit Jiraya qui s'occupe de la partie solitaire, au-delà de ses capacités en juinjutsu et camouflage. Ainsi vous avez eu tous loisirs de l'observer au combat. Je souhaitais aborder le sujet après le petit-déjeuner, mais vu que nous en parlons, autant que je vous pose la question : Avez-vous remarqué quelque chose d'inhabituel ? »
Tsunade cligna plusieurs fois des paupières, presque sous le choc. Elle connaissait les capacités de déduction et d'anticipation de la personne qui lui faisait face, mais quand cette même personne vous déballait un plan qui s'étalait sur différentes échelles politico-militaires et qui envisageait même l'avenir après le conflit, ça avait toujours quelques choses d'étourdissant, voire même, d'effrayant.
Il est arrivé à un niveau de connaissance tel, que l'avenir finirait presque par devenir limpide. Il est le genre d'homme qui fait basculer les conflits. Et évidemment, il faut toujours que ça tombe sur ceux qui sont les moins à même de remplir ce rôle.
« Alors, reprit Shikamaru
- Hein ? Euh… Pour tout te dire, j'ai combattu avec lui pendant près de quinze minutes. On ne combattait pas de toutes nos forces pourtant aucune faiblesse ne m'est apparu. Quoique… »
Elle ferma les yeux et se remémora la dernière minute de combat.
Une flèche tombant du ciel.
Orochimaru qui la fixe pendant une seconde.
Une trop longue seconde.
Il bouge la tête au dernier moment, esquivant de justesse.
Du sang.
Une infime goutte de sang perlant le long de sa joue.
La plaie se referme dans un crachin de chakra bleu.
Une langue remonte et lèche la larme qui glissait.
Orochimaru qui la fixe, un drôle de sourire sur le visage.
« Et bien, à la fin, il m'a semblé bizarre. Une flèche tombait et il n'a pas réussi à l'esquiver correctement. La blessure était minime ce qui fait que je n'en ai pas vraiment tenu compte mais maintenant que tu m'en parles… C'est vrai que c'est étrange, surtout qu'il est resté en contemplation devant cette flèche qui tombait dans sa direction. Il n'aurait dû avoir aucune difficulté à la saisir, la brûler. Peut-être qu'il voulait juste goûter à son sang. Dérangé comme il est, ça ne me surprendrait pas.
- Peut-être… murmura t'il. Mais je n'y crois pas. Cette flèche aurait pu être empoisonné et il devait le savoir. Même avec vous à ces côtés, je doute qu'il soit du genre à faire ça.
- Tu penses à quoi alors ? »
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Il n'aurait pas dû se lever ce matin.
En fait, le problème se situait sur un autre niveau, autrement plus complexe. Il n'aurait pas dû devenir ninja. Il n'en avait ni l'étoffe, ni la motiviation. Il aurait dû écouter son père, devenir un simple marchand de choux. Il aurait épousé une fille pas trop moche, aurait eu des enfants pas trop chiants. Il aurait vécu, serait mort de vieillesse avec la certitude qu'il n'avait servi rien, que ce soit en bien ou en mal.
Mais que voulez-vous ? Quand on est petit, l'appel de l'aventure est plus fort que tout (A vrai dire, c'était plutôt les moqueries que ses amis d'enfances qui étaient plus fortes que tout.) Il avait fait ses premières armes en temps de guerre, avait côtoyé la mort et s'en était sorti vainqueur. Ça avait refroidi côté “appel de l'aventure” et aucun de ses amis n'étaient revenu. Ça avait été le bon moment pour raccrocher son kunaï, mais il ne l’avait pas. Par flemme.
Il savait qu'il n'aurait pas dû se lever ce matin. Comme tout bon ninja, il avait une espèce de trouillomètre qui sommeillait au fond de ses tripes et il savait que le sien était le plus performant du village. Sinon comment expliquer qu'il fut toujours en vie ?
Ce jour-là, le trouillomètre était en mode vibration-de-la-mort. Quelque chose allait arriver et ça allait être pour sa pomme.
Il le savait, mais ça ne l'avait pas empêché, comme tous les matins, de balancer son réveil par la fenêtre lorsque celui-ci avait sonné avant de le rattraper, dans un ultime sursaut de lucidité.
Comme tous les matins, il avait pris sa douche, oubliant d'allumer le cumulus et se retrouvant sous une cascade d'eau froide.
Comme tous les matins, il avait trempé sa manche dans son café.
Et, bien entendu, comme tous les matins, il était arrivé en retard pour la relève, au grand dam du ninja qui venait de passer la nuit dehors et qui n’aspirait quà une chose : dormir. Celui-ci avait émis quelques remontrances mais sur le ton de la plaisanterie.
Hijo était toujours surpris par les réactions des ninja plus jeunes que lui. Chacun de leurs gestes, de leurs expressions, de leurs paroles, semblait teinté d'un étrange mélange de peur et de respect, deux composantes qui transparaissaient jamais chez ses supérieurs.
La raison était toute simple. Personne ne savait comment il avait accédé au rang de chuunin. Il semblait être dépourvu de talents. Cela confinait à l'art, au génie, la façon avec laquelle il s'était non-spécialisé dans quelques jutsu qu'ils soient. Alors les rumeurs les plus folles courraient sur la raison de son affectation.
Certains pensaient qu'il avait de bonnes relations dans les hautes-sphères politiques. D'autres pensaient qu'il avait récupéré une veste de chuunin sur les champs de bataille parce qu'il avait froid et s'était ainsi vu régulariser sa situation sans qu'il ne s'en rende compte. Les derniers envisageaient le fait qu'Hijo était en fait un ninja surpuissant qui était obligé de contenir sa force pour ne pas risquer de détruire le village.
Après avoir reçu une tape sur l’épaule en guise d’au-revoir, Hijo se retrouva seul, avec encore une fois la certitude que quelque chose allait se passer et c'était sur lui qu'il fallait que ça tombe.
Et Ça ne tarderait pas à arriver.
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Orochimaru s'avança sur l'estrade qui surplombait ses troupes. Avec une infinie lenteur, il s'approcha du rebord, prêt à faire un discours d'encouragement pour ses troupes. Lorsque les cent cinquante ninja amassés en aval l'aperçurent, des hurlements emplirent la prairie qui où les ninja du son avaient établi le campement.
Le Serpent n'avait toujours pas dit un mot, mais tous continuèrent de l'acclamer pendant une longue minute. Tous savaient qu'Orochimaru ne les tenait aucunement en estime, qu'il les considéraient comme de simple pions que l'on pouvait sacrifier, mais pourtant, tous continuaient à le suivre. Parce qu'ils étaient persuadés qu'il les mènerait à la victoire. Parce qu'il avait été le seul à les accueillir lorsqu'ils avaient fui leur village d'origine. Parce qu'il pouvait être charmant et accordait des bénéfices non négligeables si l'on avait accompli quelques choses d'extraordinaires.
Quelque part, Orochimaru était leur nouveau père à tous, distillant récompense et punition, et aucun n'avait envie de le quitter.
Le Sannin leva les bras, intimant le silence. Le vacarme assourdissant s'évanouit comme il était apparu.
« Ninja du son ! cria t'il et tous répondirent en scandant son nom. Ninja du son, nous sommes sur le point de partir en guerre avec Konoha. Je sais que bon nombre ont été surpris de notre alliance avec nos pires ennemis mais je puis vous assurer qu'elle est nécessaire ! A l'heure actuel, notre ennemi n'est plus ce minable village de la feuille mais un démon autrement plus puissant, Juubi ! Il est un obstacle à notre dessein d'envahir Konoha, puis le reste des terres ninja. Mais nous pouvons, non… Nous allons le battre ! Alors suivez-moi sans crainte, je vous conduirai à la victoire ! Car nous ne craignons la mort ! Juubi n'est pas le pire démon que cette Terre est porté ! Les pires démons, c'est nous et personne d’autre ! Alors, je vous le demande mes amis, êtes-vous prêt à me suivre jusqu'à la victoire ?! »
Une onde d'énergie brute envahit ses terres qui bordaient Konoha. Oui, ils étaient à le suivre. Tous sans aucune exception. Jusqu'en enfer s'il le fallait.
Parce qu'Orochimaru était leur père à tous.
Celui-ci quitta cette estrade fabriquée par un déserteur du village de l'herbe pour l'occasion et retourna se réfugier dans sa tente.
Celle-ci était très spacieuse, un tapis avec un motif semblable à une fractale, éternelle répétition d'une même figure, reposait sur le sol. En son centre, une vielle table en chêne était jonchée de documents et de vieux rouleaux. La notion d'incendie involontaire ou d'accident domestique ne semblait pas avoir émergé dans l'esprit d'Orochimaru si l'on en croyait toutes bougies qui clairsemé le bureau, tel un ciel étoilé.
Le Sannin s'assit dans un vieux fauteuil, le dossier plus long que la normale. Sur chacun des accoudoirs était dessiné un serpent la gueule béante. La queue des serpents rejoignait le dossier et s'y développait avant de se rencontrer sur le sommet, formant une double gueule qui s'embrassait.
D'un coup de pied bien placé, il fit voler un rouleau qui traînait par terre depuis quelques temps déjà et l'attrapa d'un geste rapide. Il l'avait reçu la veille et n'avait pas encore eu le temps de le parcourir, tout de suite mobilisé pour une mission ridicule. Lorsqu'il le lut, ses deux yeux s'écarquillèrent, ses deux pupilles dessinant une feinte encore plus mince qu'à l'accoutumé, puis son visage fut déformé par la colère. Il hurla de rage, criant deux ou trois insanités avant de balancer à travers la tente. Celui-ci s'écrasa à côté de la mince ouverture qui faisait office d'entrée.
Ce fut le moment que choisit Kabuto pour rentrer.
« Que se passe-t'il, sir Orochimaru ? demanda t'il avec le plus de délicatesse possible. » Son chef semblait être d'une humeur plus qu'exécrable et il ne souhaitait pas s'en attirer les foudres. Il y avait les mercenaires pour ça. « La mission avec vos anciens coéquipiers s'est mal déroulée ?
- S'il n'y avait que ça. Tu n'as qu'à lire le rouleau qui est à tes pieds. »
Le bras d'Orochimaru se pencha pour ramasser le rouleau avant de parcourir le message.
« Je vois, reprit-il. Il semblerait que kidnapper le fils et la fille du Raikage n'ait pas suffi pour qu'il daigne rejoindre notre alliance. Cependant, si ce que je lis est correcte, nous pouvons arracher un pacte de non agression si nous consentons à lui rendre les corps. Est-ce que je fais préparer une équipe pour les faire porter. »
Orochimaru eut un drôle de sourire, à mi-chemin entre l'orgasme et le dégoût.
« Ça ne sera pas nécessaire… marmonna t'il
- Vous ne comptez pas leur renvoyer les dépouilles ? demanda Kabuto. »
Il n'était pas surpris. Quand cette mimique animait le visage de son maître, il savait qu'il avait une idée derrière la tête.
« Non… J'avais plutôt dans l'idée de lui faire parvenir le cadavre de son fils par oiseau, le tout par pièce détachée. Sur son cœur, j'ajouterai un petit mot où je précise que sa fille lui sera rendue si j'ai pu m'assurer de sa neutralité. Je préciserai aussi que je lui confirai au passage le nom de mon espion qui a posé des explosifs dans le bâtiment administratif ainsi que la localisation des autres explosifs que j'ai glissé par inadvertance dans d’autres lieus importants.
- Ingénieux, admira Kabuto. Je présume que vous n'avez aucun espion à Kumo et que vous n'êtes aucunement responsable des attentats du mois dernier. De même qu'aucun nouvel explosif a été posé. Ainsi, vous êtes quasiment certain qu'ils ne feront rien à notre encontre.
- Tout à fait. »
Et il se tut. Pendant une longue minute, rien ne se passa. Kabuto posa le message sur la table et réarrangea les documents sur le bureau, prenant bien soin de ne peut pas faire tomber les bougies. Du coin de l'oeil, il continuait, comme toujours, d'observer Orochimaru. Il ne lui avait jamais tourné le dos et ne le ferait jamais. Le visage du Sannin avait changé. En lieu et place du sourire sadique qu'il affichait quelques secondes auparavant, il donnait l'impression d'attendre quelque chose. Ou quelqu'un.
Ce quelqu'un pénétra dans la tente et Kabuto lança un kunaï par pur réflexe. Et tant pis pour le ninja imprudent.
Sauf que la lame fut facilement bloqué par un mouvement bref.
« Sasuke Uchiwa, susurra Orochimaru. »
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Shikamaru fixait les reflets ambrés de la table, le regard quelque peu dans le vide.
« Je ne peux émettre que quelques théories. Ce jutsu n'a jamais été utilisé avant ou, tout du moins, il n'y en a aucune trace.
« Je pars du principe qu'un jutsu a toujours des défauts. Une technique qui confère vitesse fait perdre en précision, une qui confère force fait perdre en vitesse etc… De plus, d'après les informations que j'ai pu recueillir du rapport de Sasuke Uchiwa après son retour. »
Il posa tous ses documents sur le bureau et s'éclaircit quelque peu la voix.
« Tout d'abord, on sait qu'Orochimaru récupérait toujours des corps d'excellents ninja. Par ailleurs, il a entraîné Sasuke pendant deux ans et demi. Pourquoi ? Certes, il ne peut utiliser son jutsu que tous les trois ans et il devait calmer l'impatience de Sasuke, mais alors pourquoi ne l'a-t-il pas tout simplement enfermé jusqu'à ce que les trois années s'écoulent ? Il se doutait qu'en entraînant Sasuke, celui-ci allait vouloir s'enfuir avant qu'il se fasse prendre son corps.
Je pense que lorsqu'il intègre un nouveau corps, il n'emporte avec lui que l'énergie spirituelle qui trouve son origine dans la méditation et l'expérience au combat. Il ne peut récupérer l'énergie spirituel qui vient de l'entraînement. C'est pour ça qu'il récupère des corps expérimentés ou qu'il a entraîné Sasuke. Mais le fait qu'il acquiert des corps aussi bien entraînés me conduis à une autre réflexion.
« Les réflexes que l'on acquiert par l'entraînement sont liés au subconscient. Je doute qu'il souhaite les réacquérir à chaque nouveau transfert. J'imagine alors qu'une partie de l'esprit des corps subsiste dans le subconscient. Le problème doit être que lorsque ce subconscient fait surface, il entre en conflit avec l'âme d'Orochimaru, ce qui peut être à l'origine de quelques ralentissements dans ses mouvements. Ça doit être encore plus vrai lorsqu'il se lance dans un combat de grande envergure car ça nécessite une grande concentration, donc d'autant plus de risque de faire ressortir son hôte.
« Sasuke précise dans son rapport que votre ancien coéquipier avait d'abord porté son dévolu sur Itachi, mais qu'il aurait été forcé d'abandonner parce qu'il le considérait trop puissant. Venant d'un Sannin, je trouve ça assez excessif. Peut-être n’avait il qu’une chance sur deux d’en sortir vainqueur, mais de là à affirmer qu’il n’y arriverai pas. Vous le connaissez mieux que moi que je dois pouvoir dire qu’Orochimaru ne pars combattre que lorsqu’il a un 90% de chance de victoire. Par ailleurs, si on analyse le combat qui l’opposait au Sandaime, on remarque qu’il n'a que très peu combattu. Il a invoqué le premier et le second Hokage, qui ont mené le duel à sa place. Il aurait usé de cette technique pour éviter de dévoiler cette faiblesse. C'est pourquoi je pense qu'il ne peut pas combattre longtemps. Son jutsu est incomplet. Après je ne sais pas si c'est par choix, ou parce qu'il ne peut pas faire mieux, mais ça on s'en fout. L'important est qu'il a une faiblesse. »
Tsunade ne répondit rien. Du moins pas dans l'immédiat. Pour la deuxième fois en un peu moins d'une heure, elle trouvait les capacités de Shikamaru éblouissantes. Quelques mois auparavant, elle avait demandé au service science et technique s'il pouvait lui obtenir quelques informations sur le jutsu d'Orochimaru. Ils avaient fait de nombreuses recherches et elle avait reçu un compte-rendu où ils expliquaient de A à Z pourquoi il n'avait rien trouvé.
« Ah euh… Ton raisonnement m'a l'air pertinent et j'en tiendrai compte pour l'avenir. Sinon quoi d'autre ? »
Quoi d'autre… Raisonnement pertinent… Tu lui sors de ses phrases alors qu'il vient de t'expliquer le fonctionnement du jutsu d'immortalité. Y'a pas à dire ma petite Tsunade, tu es la meilleur quand il s'agit de motiver tes troupes.
Cette petite voix avait quelques accents propres à Orochimaru, ce qui la lui fit haïr sur le coup.
« Quoi d'autre ? reprit Shikamaru, l'air désappointé. Et bien, j'ai réfléchi toute la nuit à cette histoire de civil et je n'ai pas de réponses. Une chose dont je suis sûr, c'est qu'ils n'attaqueront pas les civils de Konoha. Trop dangereux et ça ne sert à rien. Par contre, il n'est pas impossible qu'ils s'en prennent à l'un des villages avoisinants avec lequel nous avons un contrat.
- Pourquoi ? l'interrompit Tsunade. Ça ne sert à rien. Certes, on perdra de l'argent pendant quelques temps et peut-être un peu de notre capital confiance mais ce n'est pas désastreux.
- C'est vrai. Mais imaginez qu'ils répètent cette opération sur plusieurs villages. Que vont faire les autres ? Ils vont venir ici pour demander notre protection. On va alors se retrouver avec de nombreux civils supplémentaires à protéger, ce qui fait que l'on va devoir assigner des ninja à leur protection et ainsi, dégarnir nos fronts. Le problème reste le même si on décide d'envoyer des ninja pour protéger les civils. Mais ça peut aussi être un plan pour éliminer une partie de nos effectifs en attaquant nos shinobi qui seront parqués dans les villages. (Sa voix se fit quelque peu emballé) Et puis, il y'a aussi ce code que l'on a obtenu presque trop facilement. Suna et Iwa n'utilisait même pas un système de cryptage asymétrique. Il était presque trop facile.
- Et tu conseilles quoi alors ?
- Je ne sais pas. »
Le ton était sec.
Il ne savait vraiment pas. Pour une des premières fois de sa vie, il faisait face à deux solutions qui, en termes de probabilité, était équivalentes. Il était bloqué.
Tsunade le fixa, l'air inquiet. Elle comprit que c'était à elle de prendre la décision. Parce que Shikamaru n’oserait jamais décidé pour les autres. Elle le comprenait très bien. Elle-même s’était trouvé de nombreuses fois dans ce cas de figure.
« Bien. Je propose que pour le moment on ne fasse rien. Suna n'est pas du genre à s'en prendre à des civils innocents, du moins, c'est comme ça qu'ils auraient agi avec Gaara au pouvoir. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il n'est pas leur Danzo. »
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La première chose qu'il remarqua était le silence assourdissant qui venait d'envahir la forêt. Les bruits dans lesquels il baignait depuis sa plus tendre enfance venaient de disparaître. Le “ fi-bî fî-bé ” caractéristique des mésanges à tête noire s'était évanoui. Le grognement des sangliers, cor vivant de la forêt, s'était volatilisé. Il en était de même avec toutes les voix, toutes les notes qui composaient cet orchestre naturel. Pour la première fois, Hijo prit conscience que le silence était pire que tout. Pire que les hurlements, pire que le sifflement d'un shuriken fendant l'air.
Au loin apparut une ombre diffuse, presque nuageuse.
Hijo se tendit imperceptiblement.
Si je veux fuir, c'est le bon moment.
Sauf que s'il partait en laissant tout en plan, il se demandait comment allait réagir l'Hokage. Elle ne l'avait déjà pas à la bonne… Genma avait entendu des histoires horribles sur des ninja qu'on avait retrouvés à l'hôpital, le corps broyé par les poings de Tsunade. Motif : ils avaient apporté un thé trop amer.
L'ombre se rapprochait avec une lenteur qu'il qualifiait d'ignoble. Il avait l'impression qu'elle prenait plaisir à le voir surnager dans sa peur. Car pour avoir, il avait peur. L'inconnu dégageait une aura malsaine, pernicieuse.
Pire que ça. Cette atmosphère semble maudite.
Par pur réflexe, il saisit un kunaï dans sa main droite et deux shurikens dans sa main gauche. La dernière fois qu'il avait ressenti une émanation aussi maléfique, c'était lorsqu'il avait 15 ans. Kyubi avait attaqué le village et tous les ninja avait été envoyé sur le front.
Finalement, l'individu arriva à son niveau. Il était recouvert d'une longue cape, la tête encapuchonnée, ne laissant même pas entrevoir une once de son visage. À sa grande surprise, la pression qu'il ressentait depuis plusieurs minutes avait disparu, laissant place à un sentiment de vacuité qui l'inquiétait davantage.
« Halte ! On ne passe pas ! lança-t'il d'une voix qui se voulait assurée mais qui n'arrivait pas à faire illusion. »
Malgré tout, et à sa grande surprise, l'intrus s'arrêta et avait l'air de l'observer. Il n'en était pas sûr mais la capuche regardait dans sa direction.
Quelque peu enhardi par l'obéissance de ce dernier, Hijo lança d'une voix forte.
« Ôter votre capuche que je puisse voir votre visage. »
Il s'exécuta avec nonchalance, prenant bien soin de défaire chacune de ses ficelles. La cape tomba à terre proviquant un petit nuage de poussière.
Il était beau. Incroyablement beau.
Ce furent les seuls pensés qu'il parvint à formuler.
De longs cheveux blonds tombant sur ses épaules, le regard d'un bleu intense, si intense que l'on jurerait qu'il était aveugle, un petit nez tout rond surmontant deux fines lèves pulpeuses. Son visage avait un aspect androgyne du plus bel effet. Son corps était parfaitement équilibré, à mille lieux des musculatures d'acier qu'affichait généralement les ninjas.
L'inconnu remarqua l'effet qu'il faisait au garde.
« Et bien mon très cher, ne me dites pas que vous avez une orientation sexuelle dison… un peu hors norme.
- Hein ? »
Hijo mit une dizaine de secondes à comprendre que l'Autre venait de lui demander s'il était homosexuel.
« Non… Non… Non ! Je vous assure que mon… ahem… orientation sexuel comme vous dites… n'est pas… euh… hors norme.
- Vous me comblez de joie en me disant cela, répliqua l'Autre. Pendant une seconde, j'ai cru que vous alliez me sauter dessus.
- Ah… Euh… Je… Désolé… Je voulais pas faire peur.
- Rassurez vous mon très cher ! Plus de peur que de mal ! »
Les paupières d'Hijo papillonnèrent. Il ne savait plus trop où il en était. Était-ce bien cette personne, d'une politesse rare et d’une conversation aisée, marivaudant à tout va, qui était à l'origine de l'atmosphère lourde et poisseuse qu'il avait côtoyée pendant de trop longue minute ? Ou bien avait-il tout simplement rêvé, s'imaginant des choses qui n'existait.
Une partie de lui-même croyait de tout son coeur que la deuxième solution était la bonne. Pourtant il savait qu'il y avait quelque chose qui clochait. Son allure sympathique, sa beauté, la culture qu'il déployait dans un dialogue de bas-niveau.
Trop honnête pour être honnête.
« Qu'est ce que vous venez faire à Konoha ? s'exclama-t'il. »
Il avait décidé. Il allait à tout prix conserver son rôle de gardien et tentait de ne pas tomber dans le piège d'une trop grande bonhomie.
« Et bien… Porter par quelques zéphyrs insouciants, j'ai erré de ville en ville, de village en village, à la recherche d'une connaissance à laquelle j'attache beaucoup d'importance.
- Vous cherchez quelqu'un ? décoda Hijo
- C'est exactement ça.
- Et qui ? Peut-être que je le connais.
- Je pense effectivement que son nom ne vous est pas inconnu. Je suis à la recherche de la Déesse parmi les Déesses, de celle qui a fait chavirer mon coeur de cupidon. Mais je pense que vous la connaissez mieux sous le nom de Kyubi…
- Hein ? Kyubi ?»
Hijo explosa de rire. Il fut peu à peu suivi par son tout nouvel ami.
« Ahahah !!! Kyu… Kyubi ? Le renard géant qui a attaqué notre village il y'a près de dix-huit ans ? C'est de lui que vous parlez ? C'est de lui que vous êtes amoureux ?
- Ahaha ! De elle pour être exact. Et oui, c'est d’elle que je suis amoureux. C'est fou non ?»
Ils continuèrent de rire jusqu'à plus soif, Hijo ayant même rangé son kunaï. Peu après que les rires eurent cessé, il reprit d'une voix un brin hilare.
- Et c’est vous qui dites que j’ai une orientation sexuelle déviée. Enfin bref, vous êtes ?
- Sanbi. Ravi de vous connaître. »
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Le premier à réagir fut Kabuto. Il enchaîna quelques signes et fit apparaître deux scalpels de chakra, tel deux extensions de ses mains. Il se mit en garde, prêt à en découdre avec Sasuke. Il allait lancer son attaque lorsque Orochimaru lui attrapa le bras, le bloquant dans son élan.
« Ça ne sera pas nécessaire. J'ai l'impression que mon cher apprenti n'est pas venu pour combattre. »
Pour toute réponse, Sasuke laissa tomber le kunaï qu'il avait dans la main. Celui-ci se planta net dans le tapis, raide comme un i.
« Alors ? reprit le Serpent en s'approchant de l'Uchiwa. Qu’est ce qui me vaut ta visite ? Je doute que ce soit pour prendre de mes nouvelles.
- J'ai besoin de vous. »
Le ton était froid, tentant de marquer le plus de distance possible entre lui et son ancien maître. Il ne voulait pas laisser transparaître le trouble qui l'assaillait. Il était effrayé par son face à face avec Orochimaru, en territoire ennemi qui plus est. Il ressentait du dégoût vis-à-vis du Sannin, et pire, vis-à-vis de lui-même, obligé de devoir demander de l'aide à la personne qu'il haïssait le plus.
« Voyez vous ça. Toi, Uchiwa Sasuke, tu quémandes mon aide à moi, Orochimaru. C'est ironique au plus haut point, tu ne trouves pas Sasuke ? Et en quoi pourrai-je t'être utile ? »
Sasuke ferma les yeux et inspira un grand coup.
« Je veux que vous m'enseignez les quatre arcanes élémentaires.
- Les quatre arcanes élémentaires… Et qu'est ce qui te fait croire que je les maîtrise ? »
Sasuke ne répondit pas, se contentant de fixer intensément le regard fendu d'Orochimaru.
Le Sannin s'avança de quelque pas, beaucoup trop près dans l'esprit de Sasuke et posa sa tête dans le creux de l'épaule de l'Uchiwa.
Surtout ne pas s'énerver, murmura une petite voix dans l'esprit de Sasuke. Surtout ne pas s'emporter. Il fait ça pour te mettre mal à l'aise.
Sasuke fit appel à tout son self-contrôle pour ne pas exploser. Il haïssait toucher le Sannin. Sa peau était aussi froide que celle d'un cadavre, aussi rugueuse qu'une pierre. Et surtout, il avait l'impression que sa marque allait exploser chaque fois à chacune de ses respirations.
Cela faisait des années qu'il ne s'en était plus servie. Elle était scellé par un triple sceau qui lui bloquait tout accès à son chakra. Mais elle était toujours là. Elle le suivrait jusqu'à sa mort, le marquant comme un pestiféré pour tout le reste de son existence. Tous les efforts qu'il avait fourni pour réacquérir la confiance des villageois ne serviraient à rien tant qu'il aurait ça, cadeau empoisonné d'Orochimaru.
Comme pour le mettre encore plus mal à l'aise, Orochimaru laissa sortir sa langue et commença à lui lécher la joue.
Il veut te tester. Il veut te tester comme lorsqu'il a tenté de te faire porter cet immonde uniforme rose et violet le premier jour où tu es arrivé chez lui. Alors ne fait aucun mouvement et tant pis tu viole chacune des règles du code de conduite des Uchiwa. Tiens le coup.
Il ravala sa salive et essaya d'ignorer la langue qui venait de lui caresser le menton. Celle-ci finit par retourner dans son propriétaire. Il sentit le souffle glacé d'Orochimaru dans son oreille avant d'entendre la voix sifflante dans son maître.
« Pourquoi veux-tu maîtriser ces arcanes ? susurra t'il. Tu es déjà très puissant. J'ai vu ton nouvel oeil et nul doute qu'il te confère des pouvoirs hors du commun. Réponds-moi franchement Sasuke, pourquoi ? »
Il allait le dire. Il allait prononcer des mots, ces mots qu'ils n'avaient jamais envisagé de prononcer. Ces mots que son clan aurait sans doute dénigré. Juste six mots. Mais finalement, et pour la première fois de sa vie, il comprit, ce qui est important n'est pas le mot en lui-même, c'est le sens qu'on lui attribue.
« Je…dois…aller…les…sauver, murmura t'il les dents serrés.
- Kukuku… Voyez vous ça… Sasuke Uchiwa qui pense à sauver quelqu'un. Ça a quelque chose d'irréel tu ne penses pas, quand on connaît ton passif. »
Encaisser chacune de ses piques. Faire semblant que rien ne t'atteint. Laissez couler. Attendre qu'il en vienne au fait.
« Je pourrai effectivement t'apprendre ces quelques techniques… Ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps grâce à ton oeil. Mais là n'est pas la réponse que tu cherches. La question tu aimerais avoir la réponse est : "est ce que je le ferai ? " J'admets que par pur narcissisme, j'aimerais que tu me la poses, cette question dont tu convoites tant la réponse. »
Sasuke articula avec difficulté, une impression de malaise lui parcourant l'échine :
« Est-ce que vous le ferez ?
- Est ce que je le ferai… Sans doute, mais pour cela, il faudrait que tu me proposes quelque chose qui en vaille la peine tu ne penses pas ? Tu m'as causé beaucoup d'ennui lorsque tu as fui. Qu'as-tu donc à me proposer ? »
Il aurait préféré ne pas en arriver là. Il se doutait qu'Orochimaru allait lui demander quelque chose en échange de sa coopération, mais il avait beau le savoir, il n'en restait pas moins qu'il le redoutait et qu'une part de lui avait aspiré à ce que cela se passe sans encombre.
« Je vous donnerai mon corps lorsque je les aurai sauvés. Pour de bon cette fois. »
La réponse ne vint pas tout de suite. Un long silence s'abattit dans la tente. Orochimaru prit bien soin de le faire durer autant qu'il était possible puis il reprit d'une voix langoureuse.
« Non, non… Tu m'as déjà fait cette promesse et tu ne l'as pas respecté. Qu'est ce qui me prouve que tu le feras cette fois là. Et par ailleurs, qu'est ce qui me garantie que tu rentreras vivant ? Et puis, j'ai changé de corps il y'a un an donc il me faut encore attendre deux ans. Non non non. Moi je veux quelque chose maintenant. Quelque chose qui a le même prix que ton corps. »
Sasuke avait peur de trop bien comprendre à quoi il faisait allusion. Orochimaru prit son visage entre ses longs doigts blafards et le fixa droit dans les yeux.
« Tu ne vois toujours pas mon Sasuke ? Ce que je veux c'est l'un de tes sharingans. »
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Vous n'y croyez plus ? Le voilà. Le fameux chapitre 31.
En espérant qu'il vous ait plu. Je remercie au passage Arakasi qui a bien voulu me prêter Hijo le temps d'une scène.
J'espère ne pas m'être trop éloigné de l'image qu'elle s'en fait.