Re: 32e de Finale: Sueurs Froides vs The Virgin Suicides
Publié : mar. 25 mars 2008, 15:01
Jolie victoire de L'armée des 12 singes face à Shrek.

Place maintenant au prochain versus opposant l'un des chefs d'oeuvres du cinéma, réalisé par Sir Alfred et le premier film d'une réalisatrice plus que prometteuse, fille elle-même d'un monstre du cinéma, je veux bien sûr parler de
Sueurs Froides contre The Virgin Suicides.
Place aux fiches.
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Sueurs Froides
Vertigo
Film américain de Alfred Hitchcock (1958)
Scénario: Samuel A. Taylor, Alec Coppel d'après l'oeuvre de Pierre Boileau et Thomas Narcejac
Image: Robert Burks
Musique: Bernard Herrmann
Casting:
James Stewart: John Ferguson (Scottie)
Kim Novak: Madeleine Elster / Judy Barton
Barbara Bel Geddes: Marjorie Wood (Midge)
Tom Helmore: Gavin Elster
Synopsis:
Scottie est sujet au vertige, ce qui lui porte préjudice dans son métier de policier. Rendu responsable de la mort d'un de ses collègues, il décide de quitter la police. Une ancienne relation le contacte afin qu'il suive sa femme, possédée selon lui par l'esprit de son aïeule. Scottie s'éprend de la jeune femme et se trouve ballotté par des évènements qu'il ne peut contrôler.

La technique au service de la mise en scène
Pour illustrer les scènes de vertige, Alfred Hitchcock utilise la caméra subjective, mais d’une façon particulière : alors qu’il filme, vers le bas, la profondeur de la cage d’escalier que James Stewart est censé voir avec angoisse, la caméra opère deux mouvements simultanés : un mouvement d’appareil vers l’arrière (travelling arrière) et un mouvement optique vers l’avant (zoom avant). Le résultat de cet artifice technique appelé travelling compensé, utilisé ici pour la première fois dans un film, est une image qui se déforme, comme si la cage d’escalier s’allongeait.
Vertige et sexualité
Dans le roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, D'entre les morts, le personnage principal est impuissant. Les auteurs écrivent explicitement, dès le premier chapitre, qu'il n'a jamais connu de femme alors qu'il a plus de 30 ans. Dans l'adaptation cinématographique Alfred Hitchcock s'amuse à multiplier les clins d'œil ironiques sur la sexualité de Scottie, incarné par James Stewart. Ainsi dès la deuxième scène, un dialogue interminable dans l'appartement de Midge, il joue avec une canne pendant que Midge fait allusion à leurs courtes fiançailles rompues parce qu'il ne s'est rien passé. Il la pointe même vers un soutien-gorge car Midge travaille dans la fabrication de lingerie féminine, ce qui contribue à érotiser encore plus la scène. Cette canne est donc un substitut de son sexe dont il ne sait que faire en présence d'une femme qui veut l'aimer charnellement. Midge lui parle comme à un enfant "you are a big boy now !". À la fin de la séquence, Scottie essaie de lutter contre le vertige en grimpant progressivement sur un escabeau. Hitchcock montre, dans un plan très bref, des dessins de femme au pied des marches. C'est une tentative d'érection qui est ainsi suggérée. Elle se termine par un fiasco dans les bras de Midge, éternelle insatisfaite.
L'ironie atteint son comble par l'utilisation de la tour Coit (un tel nom ne s'invente pas) bien connue par tous les habitants de San Francisco et dont l'érection (si ! si !) a été financée par une dame qui s'appelait Lillie Hitchcock Coit (aucun lien de famille avec Sir Alfred !). La tour, évident symbole phallique, représente une lance d'incendie car Lillie voulait rendre hommage aux pompiers de la ville. La tour apparaît constamment par la fenêtre de l'appartement de Scottie comme pour se moquer de son manque de vigueur sexuelle. Quand Madeleine, après sa tentative de suicide, vient le remercier de l'avoir sauvée, elle lui dit qu'elle a retrouvé son appartement grâce à elle. Scottie répond que c'est la première fois qu'elle lui est utile à quelque chose.
Quelques plans plus tard, ils finissent par coucher ensemble, scène suggérée et non montrée. Scottie est alors persuadé qu'elle est une réincarnation et c'est avec un fantôme, avec une morte donc, qu'il a une relation. Dans l'interview qu'il a accordée à François Truffaut, Hitchcock parle de nécrophilie du personnage. Scottie est convaincu de la réincarnation de Carlotta après la magnifique séquence dans la forêt de séquoias, arbres sempervirens comme il le souligne lui-même. Dans le plan suivant, ils s'embrassent au pied d'un arbre tortueux (symbole de la sexualité vacillante de Scottie comparé à la vigueur insolente des arbres millénaires) et le déferlement des vagues ne laisse aucun doute sur le fait qu'ils se connaissent au sens biblique du terme.

Scottie Pygmalion
Quand Scottie découvre par hasard dans la rue Judy, le sosie de sa regrettée Madeleine, il entreprend de la transformer à l'image de son amour disparu. Il ignore que c'est la même personne et qu'il est victime d'une machination diabolique. Une fois la transformation terminée, il l'aime à nouveau. Or Madeleine n'a jamais existé. Il est donc amoureux d'une image qu'il a créée lui-même. Quand il découvre la vérité la jalousie le submerge et il cause la mort de Judy. C'est aussi un châtiment divin, Hitchcock est très moral, car une religieuse contribue à provoquer l'accident. La question que l'on peut se poser c'est les causes du malaise de Scottie. Est-il malade parce qu'en définitive il a eu des relations avec une femme de chair et de sang ? Ou bien est-ce d'Elster qu'il est jaloux ? Ce que Scottie a fait en créant Madeleine, Elster l'a fait avant lui mais sans tomber amoureux de sa création. Son but machiavélique était qu'un autre succombe à ses charmes et tombe dans son piège maléfique.
Bande Annonce
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Virgin Suicides
The Virgin Suicides
Film américain de Sofia Coppola (2000)
Scénario: Sofia Coppola d'après l'oeuvre de Jeffrey Eugenides
Image: Edward Lachman
Musique: Air, Richard Beggs
Casting:
James Woods: M. Lisbon
Kathleen Turner: Mme Lisbon
Kirsten Dunst: Lux Lisbon
Josh Hartnett: Trip Fontaine
Synopsis:
Dans une ville américaine tranquille et puritaine des années soixante-dix, Cecilia Lisbon, treize ans, tente de se suicider. Elle a quatre soeurs, de jolies adolescentes. Cet incident éclaire d'un jour nouveau le mode de vie de toute la famille. L'histoire, relatée par l'intermédiare de la vision des garçons du voisinage, obsédés par ces soeurs mystérieuses, dépeint avec cynisme la vie adolescente. Petit a petit, la famille se referme et les filles reçoivent rapidement l'interdiction de sortir. Alors que la situation s'enlise, les garçons envisagent de secourir les filles.

Une affaire de famille
Outre Francis Ford Coppola, Sofia a fait participer des membres de sa famille au film. Ainsi a-t-elle engagé son frère Roman et ses cousins Chris Neil et Robert Schwartzman.
Sofia Coppola, réalisatrice et scénariste
Actrice, elle a joué sous la direction de son père dans The outsiders (1983), Rusty James (id.), Cotton Club (1984), Peggy Sue s'est mariée (1986) et Le Parain III (1990), où elle tenait l'un des rôles principaux. Elle a également participé au Parrain (1972), où elle était le nourrisson baptisé dans une célèbre scène du film, et au Parrain II (1974), où elle ne faisait qu'une très brève apparition.
Styliste, elle a créé les costumes du sketch de Francis Ford Coppola de New York Stories (1990).
Virgin Suicides est son premier long métrage. Elle avait auparavant réalisé un court métrage, Lick the star (1998).
L'avis de l'auteur, Jeffrey Eugenides
« De toutes les adaptations, celle de Sofia était la mieux construite. Je pense qu'elle est plus intriguée par l'histoire des filles proprement dite que par le point de vue des garçons, ce qui donne ainsi des nuances différentes à l'histoire. En écrivant le roman, j'étais davantage concerné par les filles et Sofia l'a très bien compris. »
Un scénario convaincant
Lorsque Sofia Coppola débuta l'écriture du scénario, les droits du roman avaient déjà été cédés, ce qui n'entama en rien sa détermination. Son travail achevé, elle le soumit à son père, Francis Ford Coppola, qui avoue qu'il s'agissait de l'un des meilleurs scénarios qu'il avait lu depuis dix ans. Il décida alors de produire le film au travers de sa société American Zoetrope. La qualité du scénario convainc les ayants droits de changer d'avis. Ils cédèrent les droits du livre à la société de production.

Adapté d'un roman
Virgin Suicides est l'adaptation du roman homonyme de Jeffrey Eugenides paru en 1995.
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Les votes se termineront le samedi 29 mars à midi.
Votez bien


Place maintenant au prochain versus opposant l'un des chefs d'oeuvres du cinéma, réalisé par Sir Alfred et le premier film d'une réalisatrice plus que prometteuse, fille elle-même d'un monstre du cinéma, je veux bien sûr parler de
Sueurs Froides contre The Virgin Suicides.
Place aux fiches.
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Sueurs Froides
Vertigo
Film américain de Alfred Hitchcock (1958)
Scénario: Samuel A. Taylor, Alec Coppel d'après l'oeuvre de Pierre Boileau et Thomas Narcejac
Image: Robert Burks
Musique: Bernard Herrmann
Casting:
James Stewart: John Ferguson (Scottie)
Kim Novak: Madeleine Elster / Judy Barton
Barbara Bel Geddes: Marjorie Wood (Midge)
Tom Helmore: Gavin Elster
Synopsis:
Scottie est sujet au vertige, ce qui lui porte préjudice dans son métier de policier. Rendu responsable de la mort d'un de ses collègues, il décide de quitter la police. Une ancienne relation le contacte afin qu'il suive sa femme, possédée selon lui par l'esprit de son aïeule. Scottie s'éprend de la jeune femme et se trouve ballotté par des évènements qu'il ne peut contrôler.

La technique au service de la mise en scène
Pour illustrer les scènes de vertige, Alfred Hitchcock utilise la caméra subjective, mais d’une façon particulière : alors qu’il filme, vers le bas, la profondeur de la cage d’escalier que James Stewart est censé voir avec angoisse, la caméra opère deux mouvements simultanés : un mouvement d’appareil vers l’arrière (travelling arrière) et un mouvement optique vers l’avant (zoom avant). Le résultat de cet artifice technique appelé travelling compensé, utilisé ici pour la première fois dans un film, est une image qui se déforme, comme si la cage d’escalier s’allongeait.
Vertige et sexualité
Dans le roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, D'entre les morts, le personnage principal est impuissant. Les auteurs écrivent explicitement, dès le premier chapitre, qu'il n'a jamais connu de femme alors qu'il a plus de 30 ans. Dans l'adaptation cinématographique Alfred Hitchcock s'amuse à multiplier les clins d'œil ironiques sur la sexualité de Scottie, incarné par James Stewart. Ainsi dès la deuxième scène, un dialogue interminable dans l'appartement de Midge, il joue avec une canne pendant que Midge fait allusion à leurs courtes fiançailles rompues parce qu'il ne s'est rien passé. Il la pointe même vers un soutien-gorge car Midge travaille dans la fabrication de lingerie féminine, ce qui contribue à érotiser encore plus la scène. Cette canne est donc un substitut de son sexe dont il ne sait que faire en présence d'une femme qui veut l'aimer charnellement. Midge lui parle comme à un enfant "you are a big boy now !". À la fin de la séquence, Scottie essaie de lutter contre le vertige en grimpant progressivement sur un escabeau. Hitchcock montre, dans un plan très bref, des dessins de femme au pied des marches. C'est une tentative d'érection qui est ainsi suggérée. Elle se termine par un fiasco dans les bras de Midge, éternelle insatisfaite.
L'ironie atteint son comble par l'utilisation de la tour Coit (un tel nom ne s'invente pas) bien connue par tous les habitants de San Francisco et dont l'érection (si ! si !) a été financée par une dame qui s'appelait Lillie Hitchcock Coit (aucun lien de famille avec Sir Alfred !). La tour, évident symbole phallique, représente une lance d'incendie car Lillie voulait rendre hommage aux pompiers de la ville. La tour apparaît constamment par la fenêtre de l'appartement de Scottie comme pour se moquer de son manque de vigueur sexuelle. Quand Madeleine, après sa tentative de suicide, vient le remercier de l'avoir sauvée, elle lui dit qu'elle a retrouvé son appartement grâce à elle. Scottie répond que c'est la première fois qu'elle lui est utile à quelque chose.
Quelques plans plus tard, ils finissent par coucher ensemble, scène suggérée et non montrée. Scottie est alors persuadé qu'elle est une réincarnation et c'est avec un fantôme, avec une morte donc, qu'il a une relation. Dans l'interview qu'il a accordée à François Truffaut, Hitchcock parle de nécrophilie du personnage. Scottie est convaincu de la réincarnation de Carlotta après la magnifique séquence dans la forêt de séquoias, arbres sempervirens comme il le souligne lui-même. Dans le plan suivant, ils s'embrassent au pied d'un arbre tortueux (symbole de la sexualité vacillante de Scottie comparé à la vigueur insolente des arbres millénaires) et le déferlement des vagues ne laisse aucun doute sur le fait qu'ils se connaissent au sens biblique du terme.

Scottie Pygmalion
Quand Scottie découvre par hasard dans la rue Judy, le sosie de sa regrettée Madeleine, il entreprend de la transformer à l'image de son amour disparu. Il ignore que c'est la même personne et qu'il est victime d'une machination diabolique. Une fois la transformation terminée, il l'aime à nouveau. Or Madeleine n'a jamais existé. Il est donc amoureux d'une image qu'il a créée lui-même. Quand il découvre la vérité la jalousie le submerge et il cause la mort de Judy. C'est aussi un châtiment divin, Hitchcock est très moral, car une religieuse contribue à provoquer l'accident. La question que l'on peut se poser c'est les causes du malaise de Scottie. Est-il malade parce qu'en définitive il a eu des relations avec une femme de chair et de sang ? Ou bien est-ce d'Elster qu'il est jaloux ? Ce que Scottie a fait en créant Madeleine, Elster l'a fait avant lui mais sans tomber amoureux de sa création. Son but machiavélique était qu'un autre succombe à ses charmes et tombe dans son piège maléfique.
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Virgin Suicides
The Virgin Suicides
Film américain de Sofia Coppola (2000)
Scénario: Sofia Coppola d'après l'oeuvre de Jeffrey Eugenides
Image: Edward Lachman
Musique: Air, Richard Beggs
Casting:
James Woods: M. Lisbon
Kathleen Turner: Mme Lisbon
Kirsten Dunst: Lux Lisbon
Josh Hartnett: Trip Fontaine
Synopsis:
Dans une ville américaine tranquille et puritaine des années soixante-dix, Cecilia Lisbon, treize ans, tente de se suicider. Elle a quatre soeurs, de jolies adolescentes. Cet incident éclaire d'un jour nouveau le mode de vie de toute la famille. L'histoire, relatée par l'intermédiare de la vision des garçons du voisinage, obsédés par ces soeurs mystérieuses, dépeint avec cynisme la vie adolescente. Petit a petit, la famille se referme et les filles reçoivent rapidement l'interdiction de sortir. Alors que la situation s'enlise, les garçons envisagent de secourir les filles.

Une affaire de famille
Outre Francis Ford Coppola, Sofia a fait participer des membres de sa famille au film. Ainsi a-t-elle engagé son frère Roman et ses cousins Chris Neil et Robert Schwartzman.
Sofia Coppola, réalisatrice et scénariste
Actrice, elle a joué sous la direction de son père dans The outsiders (1983), Rusty James (id.), Cotton Club (1984), Peggy Sue s'est mariée (1986) et Le Parain III (1990), où elle tenait l'un des rôles principaux. Elle a également participé au Parrain (1972), où elle était le nourrisson baptisé dans une célèbre scène du film, et au Parrain II (1974), où elle ne faisait qu'une très brève apparition.
Styliste, elle a créé les costumes du sketch de Francis Ford Coppola de New York Stories (1990).
Virgin Suicides est son premier long métrage. Elle avait auparavant réalisé un court métrage, Lick the star (1998).
L'avis de l'auteur, Jeffrey Eugenides
« De toutes les adaptations, celle de Sofia était la mieux construite. Je pense qu'elle est plus intriguée par l'histoire des filles proprement dite que par le point de vue des garçons, ce qui donne ainsi des nuances différentes à l'histoire. En écrivant le roman, j'étais davantage concerné par les filles et Sofia l'a très bien compris. »
Un scénario convaincant
Lorsque Sofia Coppola débuta l'écriture du scénario, les droits du roman avaient déjà été cédés, ce qui n'entama en rien sa détermination. Son travail achevé, elle le soumit à son père, Francis Ford Coppola, qui avoue qu'il s'agissait de l'un des meilleurs scénarios qu'il avait lu depuis dix ans. Il décida alors de produire le film au travers de sa société American Zoetrope. La qualité du scénario convainc les ayants droits de changer d'avis. Ils cédèrent les droits du livre à la société de production.

Adapté d'un roman
Virgin Suicides est l'adaptation du roman homonyme de Jeffrey Eugenides paru en 1995.
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