
Quatre ans après le très réussi - mais mésestimé - House of Wax, Collet-Serra revient avec Esther au thriller côtoyant la frontière de l'horreur. A la base, il y a ce couple, Kate et John, désireux - après avoir subit plusieurs coups durs - d'offrir à un enfant dans le besoin, l'amour qu'ils n'ont pu offrir à leur troisième enfant, mort-né. C'est ainsi qu'entre dans leur vie la jeune Esther, au demeurant innocente et adorable. L'exemple même de l'enfant représentatif de la locution "donner le bon Dieu sans confession". Au demeurant seulement, car "there's something wrong with Esther". Sans réellement innover dans le développement de l'intrigue sur fond de thème de l'enfant "maléfique", le film de Collet-Serra parvient malgré tout à se démarquer du reste des productions similaires, comme l'avait fait en son temps House Of Wax pour le slasher-horrifique, par une rigueur notable et le soin apporté aux personnages et à la mise en scène. Distillant les informations par petites touches, sans lourdeur aucune, le cinéaste fait exister ses personnage, laissant peu à peu entrevoir un historique sombre qui va être remis en lumière par l'arrivée au sein de la famille de la jeune enfant. L'interprétation, l'écriture, l'enchainement intrinsèque de situations troublantes...tous ces éléments contribuent au développement d'une réelle empathie pour le couple et sa progéniture.
Acclimaté à la vie au sein de cette famille, l'on voit arriver Esther. Si l'on semble troublé par l'allure initiale de la fillette, ce sentiment va aller en s'intensifiant, sans que l'on sache réellement qu'elle est la cause des excès de l'enfant. Au trouble succède le profond malaise, car entre en jeu la question des désordres psychologiques, tant au sein de la famille que chez l'enfant à mesure que les évènements gagnent en intensité. Paroxysme de violence le dernier quart du film dérange, sombrant dans le malsain.
Bien que préférant la fin alternative - moins grandiloquente que celle conservée pour la version salle -, The Orphan laisse un sentiment de malaise persistant. Cohérent, doté d'une véritable identité visuelle, de personnages travaillés, le film se révèle être une réussite. Pas foncièrement innovant, mais efficace.
Délivrance de John Boorman :

Il y avait cette scène de viol qui m'avait marquée lorsque j'étais tombé sur le film, plus jeune. Mais de l'ensemble, je n'avais que de vagues souvenirs. J'ai donc profité d'une rediffusion la semaine passée pour revoir le film. Et quel film. Noir, brut. L'interprétation est exemplaire; le rythme, soutenu; le voyage, éprouvant. A la descendante du fleuve se fait en parallèle celle vers les plus bas instinct de l'homme. La lutte pour la survie, entre espèce et dans une nature hostile. Fort et dérangeant.