Splice de Vincenzo Natali :
Avec
Natali, c'est un peu
"je t'aime, moi non plus". À savoir que j'ai toujours été profondément intrigué par les concepts de base de ses films. Ils recelaient un potentiel considérable, mais l'éventail des possibilités qu'ils proposaient étaient tuées dans l'oeuf, tant et si bien qu'aujourd'hui le simple fait de songer à
Cube ou
Nothing - exception faite de
Cypher - reste douloureux. Alors
Splice, - produit par
Del Toro - avec son thème Cronenbergien, Fête du Cinéma oblige, pourquoi ne pas tenter. S'agirait-il du film de la réconciliation ?
Non.
Le schéma se répète une nouvelle fois. Le problème face auquel je me suis retrouvé est simple :l'impassibilité. Je suis resté de marbre devant l'histoire contée par le cinéaste; histoire prévisible au plus haut point. En cause, le duo d'acteurs
Brody/
Polley, irritant au possible en couple emo/nerd aux
baby issues convenues. Evoluant dans la plus complète autarcie, ils sont amenés à prendre en main le fruit de leurs réflexions passionnantes de scientifiques cas soc' métaleux:
Dren. S'ensuit les sempiternelles questions d'éthique qui, dans un premier temps, fonctionne en parallèle de l'émergence des capacités hors normes de la créature. Passé ce bref coup d'éclat, le navire sombre, alors que le théâtre de l'intrigue se trouve délocalisé hors de l'environnement scientifique.
Sur la fin,
Splice navigue ainsi entre deux eaux, à la fois slasher (raté) et film fantastique pur. Formellement, la mise en scène est sans saveur, sans âme.
Splice ressemble à la créature principale, il est anodin, bancal et par dessus tout, très largement dispensable.
Cronenberg transformait l'essai avec
The Fly en créant un film cohérent, présentant une unité de tous les instants et des enjeux intéressants. Et, par dessus tout, le spectateur ne pouvait que s'identifier, ou dans une moindre mesure, éprouver un sentiment de sympathie pour
Goldblum et vivre sa descente dans les abîmes de la folie.
The A-Team de Joe Carnahan :
La Fête du Cinéma, c'était également l'occasion de voir le dernier
Carnahan, après l'excellent exercice qu'était
Narc et l'O.F.N.I qu'était le très bon
Smokin' Aces. La belle, concise et jouissive introduction, indique clairement que l'on se trouve chez
Carnahan, dans son univers underground à la stylisation extrême. Produit calibré,
A-Team revendique son statut de blockbuster, produit cool dont le but n'est autre que de te filer la banane deux heures durant.
Et ça marche plutôt bien. Côté scénario, on ne cherche pas la complexité, même si cette histoire de redemption, de rachat de carrière injustement entâché se suis sans déplaisir (comme dit plus haut, les masques tombent vite et les salauds retords sont aisément reconnaissables). Le
Bigger & Louder est roi, tant du côté des personnages que des scènes d'actions démentes (le tank, les docks).
Carnahan emballe de belles séquences, même si sa mise en scène aurait gagnée à s'aérer quelque peu (par exemple, l'introduction de B.A). Son style, fashion & casual limite tape-à-l'oeil fonctionne totalement, là où
Guy Ritchie, lui, m'exaspère. On rigole devant
The A-Team et surtout, on sent le plaisir, l'alchimie qui fonctionne entre les différents acteurs.
Du blockbuster qui fait vraiment plaisir.
"I'm B.A, and you're gonna be unconcious."
Ip Man de Wilson Ip :
Dernier projet en date de
Wilson Ip, réalisateur - entre autres - de
SPL,
Bullet Over Summer et plus récemment
Flash Point,
Ip Man, comme son titre l'indique, se veut être un biopic sur l'un des plus grands maîtres d'arts martiaux contemporains, ayant eu notamment comme disciple un sombre inconnu nommé
Bruce Lee.
L'intrigue se déroulant dans les années 1930 et englobant innévitablement le conflit sino-japonais à partir de 1937, il y a deux possibilités de lecture du film. La première est de voir
Ip Man comme un très agréable film de cinéma, s'encrant dans l'histoire de la Chine et présentant l'émergence d'une figure - hors de sa ville de Fuo Shan - et la réhabilitation des arts martiaux. Dans cette optique-ci l'on suit le parcours d'
Ip Man, homme financièrement aisé proche du peuple. Sorte de grande introduction à la tonalité très douce et joyeuse, la première partie du film s'attache à présenter le quotidien de Fuo Shan, ville dont le quartier le plus animé est celui dédié aux arts martiaux. Ainsi, c'est dans un bon esprit de camaraderie que disciples et maîtres s'entrainent et se défient pour voir lequel est à même de surpasser l'autre.
Dès lors que ce climat est installé,
Ip amorce la seconde partie du film, en évoquant l'Incident du Pont Marco-Polo, le 7 Juillet 1937, pont marquant la frontière entre la zone tenue par les Japonais et celle aux mains des Chinois. La misère s'installent et
Ip Man, ne vivant auparavant que pour le Wing Chun, se retrouve forcé de travailler dans les industries de matières premières afin de subvenir aux besoins de sa famille. Inutile de vous dire que
Ip, interprêté par
Donnie Yen - lequel y trouve son meilleur rôle -, après avoir délaissé le Wing Chun, va renouer avec les arts martiaux pour s'opposer aux soldats Japonais, lors de rixes orquestrées par ces derniers.
En tant que film lambda,
Ip Man est un film d'action aux tonalités profondément dramatiques très réussit et sans contenu superflu. Le questionnement du personnage sur l'apprentissage du Wing Chun, son utilisation et sa transmission est très intéressant et particulièrement bien géré. Côté arts martiaux,
Wilson Ip livre un film visuellement impeccable. L'action est fluide, lisible et enlevée. Les chorégraphies signées
Sammo Hung sont impressionnantes, confrontant avec fureur les arts des différents écoles. Mention pour le combat le plus jouissif du film :un fight démentiel opposant
Donnie à 10 karatékas. Sur le plan des combats, vous l'aurez compris,
Ip Man est un bonheur de tous les instants, nerveux, violent et esthétique. Immanquablement, on en vient à s'attacher aux personnages et soutenir
Ip Man dans sa volonté d'aider l'opprimé par l'apprentissage du Wing Chun face à l'envahisseur. Bien réalisé, interprêté et raconté, le film est une réussite.
Mais.
Le truc, c'est qu'
Ip Man se présente comme un biopic, hors d'un point de vue historique et moral, il y a de quoi se chopper un bel infarctus tant l'Histoire est biaisée. Quant on connait le fonctionnement de la Chine, leur type de prods et leur regard personnel sur l'Histoire, on voit qu'ils sont loin d'être maîtres dans l'art de la pure objectivité. Donc clairement,
Ip Man, sur le plan idéologique et historique est nauséabond.
Saint Ip Man se voit réinventé; la réalité historique étant aux antipodes de celle créée pour le film.
Ip étant entre autres membre du
Kuo Min Tang de
Sun Yat-Sen. Passons sur la classique diabolisation de l'ennemi japonais, l'homme fédérateur de tout un peuple (dans le film, une manufacture représentative de la Chine dans son ensemble), et deux trois autres éléments irritants
genre le fait qu'Ip ait fuis sa région, par crainte de l'arrivée des communistes...'fin de genre de choses.
En fait, c'est un formidable film de castagne avec un
Donnie Yen impérial, savamment orchestré par
Ip, virtuose et attachant. Par contre, sur le plan historique, il donne envie de se faire seppuku.
Ip Man 2 de Wilson Ip :
Suite du premier volet sur l'installation du maître à Hong Kong et sa rivalité avec les autres ténors en la matière qui voient en lui quelqu'un de dangereux. La volonté d'
Ip Man est d'ouvrir une école pour enseigner le Wing Chun. Même mode opératoire que pour le premier volet :
Wilson Ip développe son histoire en deux temps. D'abord en se focalisant sur les oppositions récurrentes entre les disciples des écoles, puis
Ip Man face aux autres maîtres dont
Sammo Hung, ultra charismatique, dans un fight en huit clos sur une table. C'est nerveux, impressionnant, et toujours aussi bien shooté.
Donnie enfin accepté par ses pairs, un nouveau challenge apparaît :botter le cul des anglais gogols, roublards, pétés de thunes et prétentieux. L'occidental est l'hérétique de ce deuxième volet. Dans cet opus, les occidentaux cumulent tellement l'ensemble des pires travers de l'humanité que même moi, j'avais envie que
Donnie leur fasse bouffer ses points. Fort. Les repproches sont les mêmes que pour le premier opus. C'est encore une fois très efficace, mais ma préférence va au premier.