Et hop, victoire de
Matrix face à
Akira avec 15 voix contre 8.
Voici le dernier duel de ces 32èmes de finale
Il opposera
Heat à
In The Mood for Love.
J'ai demandé à
Heaven Smile de faire la fiche de
Heat et il a gentiment accepté.
Je vous laisse donc à la lecture de sa superbe fiche (et merci beaucoup

)
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H E A T
Informations sur le film :
- Réalisé par : Michael Mann
- Avec : Robert de Niro, Al Pacino, Val Kilmer, Tom Sizemore, Jon Voight, Natalie Portman ...
- Durée du film : 2h 51
- Format d'image : 35 mm
- Genre : Polar / Drame
- Date de sortie : 21 Février 1996
L'histoire :
Après la violente attaque d'un fourgon blindé, un lieutenant de police rusé et obsédé par son métier, se lance sur les traces d'un gang dirigé par un redoutable professionnel endurci et solitaire. Commence alors entre les deux hommes un étonnant jeu d'observation et de défi...
Mad Mann :
Chaque cinéaste nourrit un jour l’envie de réaliser un projet de rêve, une œuvre plus personnelle que les autres. Parfois le projet de toute une vie:
2001, l’odyssée de l’espace de
Kubrick,
La Porte du Paradis de
Cimino ou encore
Apocalypse Now de
Coppola. Ce rêve, ils en parlent des années sans jamais avoir l’opportunité de le réaliser. Ironiquement,
Michael Mann le réalisa deux fois. A l’origine écrit dans les années 70,
H E A T contait déjà l’histoire d’un flic et d’un braqueur, tous deux professionnels endurcis, mais animés d’un respect mutuel.
Mann savait qu’il tenait là une histoire unique, et était bien décidé à la voir un jour réalisée. En 1989, il eut l’opportunité de mettre en scène un téléfilm policier. Mais ne disposant que d’une dizaine de jours de préparation, et d’une vingtaine d’autres pour tourner, il ne pu rendre justice à son script. Le titre fut changé à la diffusion par
L.A. Takedown, et
Mann troqua son nom pour celui plus anonyme d’
Alan Smithee.
(Peter Dourountzis)
Six ans après
L.A Takedown, du fait du succès de son dernier long métrage,
Le Dernier Des Mohicans,
Michael Mann parvient à adapter
H E A T sur grand écran. Si le premier métrage avait une durée d'une heure et demi, le second, lui, dépasse les deux heures cinquante.
Mann modifie son script, le densifie à l'aide de recherches extrêment détaillées et complexes, livrant ainsi une oeuvre unique, véritable maelström polaro-dramatique. L'ensemble se trouve amplifié par l'un des duels cinématographique les plus ambitieux opposant deux monstres sacrés du cinéma américain :
Robert de Niro et
Al Pacino.
He's the Mann :
Michael Mann est l'un des rares réalisateurs encore en activité à effectuer une remise en question complète lors de chaque nouveau projet. Artiste et brillant narrateur, chaque nouvelle oeuvre qu'il réalise étonne et stupéfait du fait de tant de précision et d'implication personnelle. Basés principalement sur une mise en scène proche de la perfection et un script dense et structuré, les projets de
Mann suscitent toujours l'attention des amoureux du 7ème Art et constituent des oeuvres contemporaines majeures.
H E A T est l'un des chefs d'oeuvres de
Mann et fait écho à son autre chef d'oeuvre (dont les avis apparaissent nettement plus mitigés)
Miami Vice. Loin de moi l'idée de promouvoir ce dernier mais il me paraît essentiel de le mentionner, tout comme mérite - mais ce dans une moindre mesure - d'être cité
Collateral. En effet l'on retrouve une analogie certaine entre ces trois métrages en question, principalement dans les thématiques et rapports humains qu'entretiennent entre eux les personnages. Ainsi, les interrogations telles que,
"qui suis-je ?",
"jusqu'où suis-je près à aller ?"; les difficultés à s'acclimater à une situation, un environnement, la sollitude ou encore l'apparente opposition entre bien et mal, sont quelques-uns des divers thèmes récurrents présents dans la filmographie du réalisateur. Il y a dans
H E A T et
Miami Vice un jeu complexe d'opposition et de complémentarité, notamment sur le plan de la structure narrative et des rapports humains.
Avant d'être un grand polar dense et viril,
H E AT est un drame. C'est une grande fresque épique, dramatique et profondément réaliste. Le perfectionnisme de
Mann atteint pour la première fois (et non la dernière) un sommet. Mise en scène extrêmement élégante aux cadrages chirurgicaux, travail sonore apportant à l'ensemble une crédibilité unique au cinéma, acteurs possédés par leur rôle, narration impeccable...tels sont les atouts de ce long métrage. Cette mise en scène poussée plus tard à l'extême dans
Miami Vice, véritable quintessence de ce style
Mannien apparait ici plus posée et offre de pures séquences anthologiques dont l'attaque de la banque en est très certainement la plus emblématique. Les plans séquences témoignent de la complexité caractéristique des oeuvres de
Mann, tout comme les multiples travelling apportant aux séquences une grande fluidité ou encore les degrés d'angles de prise de vue peu conventionnels.
H E A T est donc un sommet en terme de travail technique, tant visuel que sonore (dois-je vous rappeler l'effet produit par les tires à balles réelles des
M16 ?).
C'est également un sommet scénaristique. Malgré le classicisme apparant du script, à savoir, une lutte acharnée entre un officier de police et un gangster,
H E A T déroge aux règles classiques du polar. A travers ce face à face,
Mann étudie methodiquement la nature humaine et le sentiment de sollitude. Tout n'est qu'une question de point de vue et ces deux hommes en apparence si différents s'avèrent être étonnamment semblables, principalement du fait de leur caractère jusqu'au-boutiste. La froideur glaciale de la photographie laisse malgré tout transparaitre une émotion insoupsçonnée. Les personnages de
Micheal Mann sont torturés, adèptent du dépassement de soi et doivent feindre une acclimatation en réalité impossible. Ce sont des loups solitaires. En témoigne cette scène d'une grande mélancolie où un coyote erre sur le bitume de
L.A dans
Collateral. Une grande partie des personnages des polars de
Mann peuvent y être assimilés. Ils sont en perdition dans un milieu qui n'est pas le leur.
H E A T narre la traque d'un homme par son double et est hanté par un pessimisme troublant. L'univers de
Mann est l'un de ceux qui me parle le plus et dans lequel je vibre le plus. C'est l'un des rares cinéastes qui parvient à allier à chaque réalisation beauté formelle et humanisme. Quand bien même plusieurs de ses oeuvres laissent transparaitre un certain pessimisme (encore une fois,
H E A T et
Miami Vice se rejoignent).
Bande Annonce
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In The Mood for Love
Fa yeung nin wa
Film franco-hongkongais de Wong Kar-wai (2000)
Scénario: Wong Kar-wai
Image: Christopher Doyle et Mark Li Ping-bing
Musique: Michael Galasso et Shigeru Umebayashi
Casting:
Maggie Cheung: Mme Chan
Tony Leung: M. Chow
Synopsis:
Hong Kong, 1962. M. et Mme Chow emménagent dans leur nouvel appartement le même jour que leurs voisins, M. et Mme Chan. Sans comprendre comment cela a commence, Chow Mo-wan et Chan Li-zhen apprennent que leurs époux respectifs ont une liaison. Cette découverte les choque mais les rapproche. Ils se voient de plus en plus souvent mais le voisinage commence à s'en apercevoir. Il semble n'y avoir aucune possibilité pour eux de vivre une relation amoureuse. Mais la retenue, les réserves émotionnelles de Mme Chan hantent M. Chow, qui sent ses sentiments changer.
Depuis sa sortie, à l’automne 2000, le septième opus de Wong Kar-wai a fait tant d’amoureux et connu un tel succès (un million d’entrées en France) que son titre sonne comme une formule magique, un sésame pour quelque paradis perdu. Titre en VO d’un fameux tube jazzy qu’on ne voit pas comment traduire sans déperdition de sens ou d’élégance. Titre de rêve pour ce film tout en langueurs, en envies de, en espoirs que…
In the mood for love, ou l’histoire de M. Chow et Mme Chan, un homme et une femme « d’humeur à s’aimer » à Hongkong, en 1962. Qui n’a encore à l’oreille cette valse entêtante et triste rythmant leurs chassés-croisés de voisins de palier –frôlements fugaces, filmés comme de soyeux instants d’éternité ?
Pour mémoire, c’est un évènement indépendant de leur volonté qui les rapproche : ils découvrent que leurs époux respectifs, trop souvent et trop longtemps retenus par leur «travail», ont une liaison ensemble. Ce secret partagé transforme la céleste élégante et le beau ténébreux en laissés-pour-compte, en victimes solidaires l’une de l’autre. Avant que leurs conjoints en les trahissent et les devancent, ils pouvaient sans doute s’aimer. Après cela, déclassés au rang de doublures, de témoins, que peuvent-ils bien faire ensemble ? C’est toute l’histoire et toute la beauté du film, fait d’intermittences, d’esquisses, d’atermoiements, tel un système de rimes visuelles et sonores et de répétitions aux discrètes variantes, où les acteurs (Maggie Cheung et Tony Leung, mythiques) changent de costume presque entre chaque plan… Ces infimes différences de tonalité, de « mood », parcourent toutes les virtualités d’un amour objectivement impossible et distillent un mélange de mélancolie et de sensualité qui atteint au sublime.
Autour du film
-À l'origine, le film devait raconter trois histoires centrées sur la nourriture et son impact sur les relations amoureuses. La première, qui prendra des proportions telles qu'elle éclipsera les deux autres et deviendra
In the Mood for Love, était consacrée à la « révolution » introduite par l'autocuiseur (l'appareil revient d'ailleurs plusieurs fois dans le film), qui a libéré la femme asiatique ; la seconde concernait l'apparition des soupes de nouilles pré-cuites, associées à une restriction de cette même liberté (on en trouve une trace a contrario dans
In the Mood for Love : Mme Chan peut encore sortir de son appartement pour aller chercher à manger dans un restaurant de nouilles… où elle croise Mr. Chow) ; la troisième étudiait les conséquences du succès du fast-food, associé au développement du « fast-love »…
-Pour l'anecdote, il faut savoir que le réalisateur avait deux projets de scénarios, l'un où les deux personnages devenaient effectivement amants à la fin du film et l'autre, qui est la version visible, où rien n'est dit explicitement. Comme toutes les scènes de fin ont été tournées avant les scènes de début, les acteurs ne savaient pas en tournant celles-ci la conclusion qui serait retenue au montage. Ce point augmente donc l'ambiguïté de leurs attitudes et les rapproche du monde réel où personne ne connaît son destin avec certitude.
-Bien que la caméra et le décor confinent M. Chow et Mme Chan dans l'espace inévitablement étroit des appartements et des bureaux de Hong Kong, la date de 1962 correspond aux émeutes fomentées dans la colonie par la Chine contre les autorités britanniques de tutelle. C'est un moment de crise pour le territoire, soumis à deux autorités extérieures et qui mettent en question son identité et son devenir.
-Le titre du film en chinois (
Fa yeung nin wa) ne signifie pas
In the Mood for Love mais
Le Temps des fleurs, ces mêmes fleurs qui ornent les robes portées par Maggie Cheung.
Bande Annonce
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