Au bout de 5 mois d'arrêt
la suite
!
Je m'excuse pour lebibou mais je ne me souviens plus du tout de ce que tu m'avais marqué comme commentaire avant que le forum ne subisse les problèmes que l'on sait
. Mais une chose est sûre, je te remercie de suivre ma fic ^^.
May_ra : Je te remercie itou pour ta fidélité en espérant que ce chapitre ne te décevra pas ^^.
Hyourinmaru : Découse sans doute du fait que les chapitres ne se sont pas écrits dans un temps rapproché, je pense que cela ne fait qu'accentuer ce phénomène. En tout cas recevoir des compliments comme ceux que tu m'as écrit me font extrêmement plaisir connaissant ta qualité d'écriture ^^. J'espère que tu ne trouveras pas ce chapitre trop court
.
Chapitre XVIII/ Des lendemains qui chantent ?
Pendant ce temps Antoine dormait paisiblement dans son lit. Un tremblement de terre n’aurait pu le réveiller, mais alors comment expliqué cette étrange mélodie parvenant aux tréfonds de son cerveau ? Il n’avait aucun souvenir de ce qui s’était passé la veille depuis qu’il avait quitté le café, sa mémoire était entré dans une nébuleuse où réalité, fiction se mélangeait sans qu’il en prenne réellement conscience. Sur sa table de chevet, il avait posé le numéro de téléphone que son ex lui avait confié la veille. Etrangement, il se sentait bien, le malaise qui l’avait parcouru en la revoyant s’était dissipé. Peut-être pourrait il recommencer comme avant, cette pensée le mit en joie et un sourire léger éclaira son visage. Passant sa main droite dans ses cheveux, de l’autre il saisit le bout de papier, un léger bâillement interrompit sa réflexion. Allait il l’appeler ou préfèrerait il patienter un peu, que les évènements se tassent, que les cicatrices guérissent complètement ? Sortant de son lit en caleçon, pris par une soudaine envie de ménage, il s’habilla, revêtant un jean usé, et un T-shirt bleu délavé avec inscrit dessus : « I love the World but the World hates me ». Il l’avait trouvé aux Puces parisiennes, le slogan l’avait amusé aussi pour 2 Euros n’avait pas hésité à l’acquérir.
Ramasser les boîtes de pizza, les canettes traînant ici et là n’était pas une mince affaire. Une odeur persistante s’était ancrée dans sa chambre, imprégnant aussi ses vêtements. Tentant d’aérer cet endroit, il commença par passer l’aspirateur. Quelque chose s’était métamorphosé en lui, il n’en prenait pas réellement conscience mais il se sentait apaisé. Le bruit de l’engin recouvrait ceux de la rue. Entièrement immergé dans son monde, il sifflotait un air qui lui passa par la tête. Il n’avait aucune idée d’où celui-ci provenait mais il était ancré dans son esprit et ne semblait pas décider à partir.
Une heure de travaux ménagers, il appela le coiffeur le plus proche de chez lui, ce matin ses longs cheveux gras le rebutaient, et prit rendez-vous pour le lendemain. Après un rapide déjeuner, il se mit à lire, occupation qu’il faisait régulièrement entre deux cours et trois jeux sur PC. Hormis les livres d’histoire, il lisait des romans de toutes sortes, que cela soit littérature américaine, française ou même japonaise, sa soif de mots ne s’étanchait jamais et chaque livre l’émerveillait lui procurant une sensation de bien-être, lui permettant de découvrir des horizons inconnus que seules ses pensées créaient. Actuellement il dévorait
les Amants du Spoutnik d’Haruki Murakami. Allongé sur le canapé, tentant de trouver la position de lecture la plus confortable, il dévorait voracement cet ouvrage, touché par les aventures de ces personnages tristement commun, et pourtant follement mystérieux.
L’heure tournait, passe le temps comme défile les saisons, irrémédiable, inéluctable. Une pluie fine fit son apparition dehors. Antoine se leva pour assister à cet envoûtant spectacle. Il aimait le bruit des clapotis sur les trottoirs, sur les pavés, sur les vitres, sur la tôle des voitures. Ses pensées étaient ailleurs, ses yeux se perdaient dans le vague de ses souvenirs, se remémorant la première nuit qu’il passa avec celle qui avait déchirée son cœur.
Quatre ans s’étaient écoulés depuis, enflammés, passionnés, déchirés, contradictoires, haïs. Il avait traversé tous ces états comme l’éternel voyageur sillonnant différents pays à la recherche d’autres cultures, d’autres horizons. Mais comment ne pas se souvenir de la nuit originel. Il était allé en vacances en Angleterre chez des amis de ses parents et elle, en stage pour ses études de journalisme, afin de perfectionner son anglais. Le destin joue parfois de drôles de tours et facilite bien des choses. Entre eux, il n’y avait jamais eu besoin de mots, leurs corps, leurs gestes, leurs mimiques parlaient pour eux. Antoine était sorti avec ses amis dans un des pubs de Londres, le coup de foudre fut immédiat, lorsqu’il l’aperçut traînant son sourire mélancolique et ses yeux de chatte égarée.
Malgré l’envie irrépressible qui l’étreignait, il ne pouvait aller lui parler. Tout en lui s’était figé, il demeurait dans ce coin, attablé, à l’abri des regards, à fixer cette apparition. Nymphe, vision enchanteresse, jarre de Pandore qui s’ignore. Ce fut elle qui fit le premier pas, se dirigeant vers lui, fière, décidée et indomptable. L’abordant en anglais, elle s’amusa de sa méprise, et passèrent la soirée à discuter.
Dehors un fin crachin, recouvrait la ville. Et lorsque le pub dut fermer, il se proposa de la raccompagner chez elle. Ils marchèrent ainsi à pied pendant un certain temps, ignorant les taxis et les bus qui auraient pu les raccompagner. Une bulle sur laquelle le monde n’avait de prise sur eux s’était formée, n’existant que l’un pour l’autre, ils déambulaient dans les rue de cette capitale cosmopolite.
Cela peut paraître étrange, mais tout entre eux se déroulât naturellement. Il n’y eut pas de fausse pudeur, les évènements s’enchaînaient comme la rivière dans son lit suit son cours. Sur le pas de la porte, ils s’embrassèrent, la pluie coulait dans leurs nuques créant une sensation agréable de froid alors que leurs corps s’embrasaient sous leurs doigts caressants. Leur première nuit fut belle et limpide. Comment décrire en quelques mots ces moments d’extases purs ? Une fleure s’épanouit avec un peu de chaleur, chez Antoine cette éclosion embellissait cette âme d’ordinaire si sombre, si tourmentée.
Tenir Laure près de soi, la chaleur d’un corps contre un autre, sentir les doigts de celle que l’on aime caresser votre peau, souffle éphémère de deux corps en parfaite harmonie, respiration irrégulière et rauque d’instants trop vite oubliés, perdus dans un océan d’immondices. Il profitait de cet instant, brûlait de ces sentiments si longtemps étouffés, éclairant et embrasant cette nuit au manteau de jais.
L’odeur de sa peau, de ses cheveux, enivrait un esprit qui n’est plus. Seul l’instinct animal demeure dans ces moments de perdition. Les anges n’ont cure de cette valse ininterrompue où deux êtres s’aiment jusqu’au bout de la nuit. L’œil attendri, ils voient ce cœur s’éveiller et chavirer, porté par le désir, la passion.
Soupirant, il referma le rideau. Le passé devenait si présent en lui. Comment avait il pu se masquer ça pendant tant de temps. Il l’aimait toujours, son dégoût pour elle n’était qu’une preuve de cette passion toujours vivace, terré comme un félin guettant sa proie, prête à surgir au moment opportun. Il avait désormais acquis la certitude, que non seulement il devait la rappeler mais en sus, la voir.
Après quelques sonneries, le téléphone émit un léger craquement avant qu’une voix familière surgissant des ténèbres parvint à l’oreille d’Antoine. La discussion aborda différents sujets, il parlait de leur vie, l’un sans l’autre, feignant de ne plus rien ressentir, jouant ce jeu de dupe afin d’éviter de replonger. Mais inévitablement, Laure aborda le massacre dans le métro parisien. Notre étudiant en fut très surpris, mais curieusement cela ne lui était pas totalement étranger. En allumant la télévision, il dut se rendre à l’évidence, il avait déjà vu ça quelque part. Perturbé par ces révélations, il raccrocha le combiné prétextant un rendez-vous. Mais imperceptiblement, son monde s’écroulait, une violente douleur au crâne le déchirait.
Il neigeait dans son appartement, le froid avait envahit la pièce. Un homme étrange avec un masque sur la figure lui souriait. Non ! Il riait d’un rire démoniaque. Antoine prit peur et tentât de s’enfuir de chez lui. Mais aucune issue. Il pouvait entendre les battement de son propre cœur marteler sa poitrine. Sa tête tournait, il se sentait divisé. Il ferma les yeux.
Ses paupières ne voulaient plus se rouvrir, sur celles-ci le froid avait posé un cadenas dont lui seul détenait la clé. Son esprit divaguait, des taches blanches cerclées de noir, seul spectacle que ses yeux discernaient dans l’obscurité. Pourtant petit à petit la chaleur d’un âtre, se fit sentir. Sans en prendre conscience lui-même, il avançait dans l’obscurité, tâtonnant ici et là afin de se guider. Mais ses mains ne sentaient aucun contact, et plus curieux ce n’était pas ses mains. Cette révélation le surprit, et petit à petit, il s’aperçût que seul son esprit voguait dans ce lieu macabre. Son corps n’existait plus, un long tunnel s’étendait face à lui, au bout, une leur. Au plus profond de lui, il pressentait qu’il ne devait pas accéder à cette pièce lumineuse, tout en lui le retenait dans ce monde obscur. Mais la force d’attraction de cette voie l’envoûtait et malgré lui, la lumière se rapprochait.
Lumière douce et divine, aiguise ses sens, et perd la notion du temps, de lieu, et d’espace. Perdu au tréfonds de son esprit, glissant vers les catacombes de l’enfer. Ce soleil infernal l’attire comme le moustique vers la lampe brillant dans la chambre du nouveau-né, berceau de la vie lorsque la mort vous appelle. Antoine contemplait cette macabre danse, il y était à présent. Un long fleuve s’étendait devant lui, une barque vide, sans rame, quelques fleurs dans un paysage désolation. Au loin, vous pouvez entendre les rires de jeunes enfants, tels Dante accompagnés par Virgile accédant aux Enfers. Il prend place dans la barque, celle-ci se meut d’elle-même poussé par une force magique et démoniaque.
Une pièce, blanche, pure. La barque s’est arrêtée, ses yeux ont cligné, la luminosité a changé, tout éblouit. Le carrelage de la salle résonne au moindre de ses pas. Un bureau, une table, style Louis XIV. Tout a un goût de suranné, de désespérément éphémère, il ne comprend plus, quel est donc ce voyage où l’irrationnel se confond avec le réel ?
Il regarde ses mains, ce ne sont plus les siennes, mais celle d’un homme de trente ans. Il tourne la tête, assis au milieu de jouets, lui bébé. Ce bébé lui sourit, se met à crier, à hurler et disparaît. La futilité de l’existence s’étale devant lui, un miroir le montre tel qu’en lui-même, vieux, ridé, désemparé. Il saisit une canne pour avancer, son sourire se fige, une larme coule, plus rien n’existe, seul le néant se révèle et s’installe. Le lourd silence de nos vies inutiles et futiles s’installe sur ses épaules.
Il tâtonne, fouille, cherche mais ne trouve rien. Laure. Elle se tient là, nue, s’offrant à lui, fantasme de ses nuits. Il ne peut bouger, l’air se raréfie, sa poitrine se comprime. Vainement il tente de la toucher, de la caresser, mais elle demeure lointaine, vierge solitaire, au parfum enchanteur. Ses mains de jeune homme, son corps de jeune homme réagissent à ce spectacle digne de Botticelli. Il la désire, il la veut, mais inaccessible, elle lui sourit consciente de sa force, de son pouvoir d’attraction. Sa gorge est sèche, ses mains moites. Cette force contient un désir irrépressible, l’envie de caresser, toucher, lécher cette peau douce et ferme. L’odeur de son corps en sueur contre le sien. Mais rien de tout cela n’arrive, seules les images qui se forment dans son esprit, vivent ce fantasme tandis qu’elle, immobile, lui sourit, et le nargue.
Une lame traverse la pièce et coupe le corps en deux, le sang gicle sur les murs immaculés. Le blanc de la pièce est souillé, viscères et entrailles se mêlent, au milieu un fœtus, grandit, vieillit. Bébé, enfant, adolescent, jeune homme, homme, vieil homme, vieillard, cadavre. Sous ses yeux révulsés les différents états de la vie, naissance et mort combinées dans un cycle infernal se perpétuant sans cesse.
Au loin une musique, il traverse la pièce, ouvre une porte. Il fait chaud, il fait nuit. La musique s’amplifie, au loin les vagues se déchirent sur les rochers, le sac et le ressac bercent cette mélodie monotone. Un hautbois transpercent la voûte céleste. Ouranos frémit, Gaïa tremble. La chute est longue, infinie, il ne reste rien, son corps se désagrège. Une larme glisse, coule, et se fond dans l’océan, le corps porté par le courant.
Un cri, toutes ces images défilent et reviennent à leur point de départ. Sombre, immuable, la pièce est silencieuse. Il ne reste plus qu’à se lever, marcher, et vivre ou mourir.