Re: drabbles ? topic général
Publié : sam. 14 juin 2008, 21:39
Coucou, c'est RE-moi :D
fandom : Naruto
personnages : Kakashi, Naruto, Sasuke
note : Le tout dernier chapitre a déjà rendu caduque ce drabble (ça fini par devenir perturbant, la vitesse a laquelle les choses évoluent dans ce manga...), mais je reste convaincue que ce serait la seule issue.
Sevee m'a fait remarquer que mon style était plus épuré qu'a l'accoutumée, c'est voulu, ça me change de mes autres textes récents. Et puis ça colle avec l'esprit du drabble. Merci à elle, ainsi qu'à Thot.
Attention, spoilers possible sur les derniers chapitres.
Le bout de la route
La terre est retournée sur des centaines de mètres à la ronde, traces d'impacts et rochers réduits en miettes, arbres abattus jonchant le sol dont les fûts rompus révèlent les plaies claires des fibres de bois arrachées.
Le soleil couchant souligne tous les reliefs du paysage, accentuant crûment chaque détail de sa lumière jaune et rasante, et la vue devrait être magnifique, car c'est là que se dresse le sanctuaire de l'est de la Déesse au Mille Bras.
Mais du petit temple il ne reste aucune trace, et la colline sur laquelle il était édifié n'est plus qu'un monticule éventré, chaos de troncs brisés comme des allumettes émergeant du sol labouré, et à d'autres endroits ne subsiste rien, que des plaques lépreuses de terre nue et noircie que Kakashi est obligé de contourner tant la chaleur qui s'en dégage est encore insupportable.
Il a vu bien des champs de bataille, et il a toujours su qu'un jour on devrait en arriver là, mais cela n'empêche pas quelque chose de se contracter douloureusement au creux de son ventre tandis que son regard glisse sur le paysage dévasté devant lui, pour venir finalement s'arrêter sur la cicatrice béante du cratère, et les deux corps immobiles en son milieu, enfin.
C'est étrange, songe-t-il en regardant l'une des silhouettes se remettre debout avec des gestes vacillants, lents et empruntés. C'est étrange ce sentiment de culpabilité, de responsabilité qui vous étreint lorsque vos équipiers sont concernés. Peu importe qu'ils soient leurs propres personnes, qu'il aient fait leur choix il y a bien longtemps. Ce sont les liens des premières équipes, différents de tous ceux que l'on forge par la suite, et peu importe le temps, la haine ou la distance, il y a une responsabilité.
Dans la plaie de terre, le garçon -l'homme- qui s'est relevé titube, fait quelques pas en direction du corps toujours à terre. Kakashi devrait probablement se précipiter, s'assurer de l'identité du vainqueur, et l'abattre de ses propres mains le cas échéant, s'il n'est pas la bonne personne.
Mais il se contente de rester là où il se trouve, étrangement réticent à s'immiscer dans le dénouement d'un combat qui n'est pas le sien.
Il en connaît toutes les phases pourtant. La culpabilité et la responsabilité des actes de l'autre parce qu'on a pas su voir, réaliser quand il était encore temps, parce qu'ensuite on a pas su l'arrêter, le ramener. Il en a été témoin, il en a parfois été victime, et après tout, ils sont un peu sa première équipe, en tant qu'enseignant, une nouvelle chance qui a si tragiquement tournée.
C'est différent du cas de Jiraiya et d'Orochimaru, parce que l'ermite n'a jamais totalement fait face à la responsabilité, et que ce n'est pas lui qui a fini par arrêter son ancien équipier... Mais ces deux là... Ca ne pouvait pas finir autrement, songe-t-il amèrement en observant le vainqueur tomber à genoux à côté de celui qui est à terre.
Ca ne pouvait pas finir autrement parce que c'est Naruto, et Sasuke, parce que Naruto n'a jamais su renoncer et que Sasuke a commencé à tuer des ninjas de Konoha.
Il se rapproche, parce que c'est son devoir, et songe à l'ironie qui fait que ce combat, le dernier, se soit déroulé sur les vestiges du temple de l'Infinie Compassion.
Il est peu probable que Naruto sache même quel est le culte voué à la Déesse aux Mille Bras, mais c'est après tout Sasuke qui les a menés ici, et Kakashi a cessé voilà bien longtemps d'essayer de comprendre le fonctionnement de son esprit.
Le Sasuke d'avant aurait été parfaitement imperméable à l'ironie morbide et douloureuse de la chose, et il n'y a aucun moyen de savoir ce qu'il en était pour le jeune déserteur qui a systématiquement exterminé tout ninja de Konoha croisant son chemin les six derniers mois.
Et à vrai dire ce n'est pas très important, parce qu'a présent qu'il est plus proche, la lumière et l'ombre qui découpent les silhouettes des deux hommes ne sont plus suffisantes pour cacher leur identité, et Kakashi s'immobilise de nouveau, parce que c'est Naruto penché au dessus du corps sans vie de Sasuke.
Ca ne pouvait finir autrement, parce qu'avec le lien et l'amour viennent la responsabilité et la culpabilité. L'exacte raison pour laquelle Naruto a si longtemps cherché à sauver Sasuke est finalement celle-là même pour laquelle il a réclamé le privilège d'être celui qui le tuerait.
Et c'est pour cela aussi que Kakashi reste immobile où il est, à distance, tandis que les épaules de Naruto s'affaissent, et qu'il se met à pleurer silencieusement.
fandom : Naruto
personnages : Kakashi, Naruto, Sasuke
note : Le tout dernier chapitre a déjà rendu caduque ce drabble (ça fini par devenir perturbant, la vitesse a laquelle les choses évoluent dans ce manga...), mais je reste convaincue que ce serait la seule issue.
Sevee m'a fait remarquer que mon style était plus épuré qu'a l'accoutumée, c'est voulu, ça me change de mes autres textes récents. Et puis ça colle avec l'esprit du drabble. Merci à elle, ainsi qu'à Thot.
Attention, spoilers possible sur les derniers chapitres.
Le bout de la route
La terre est retournée sur des centaines de mètres à la ronde, traces d'impacts et rochers réduits en miettes, arbres abattus jonchant le sol dont les fûts rompus révèlent les plaies claires des fibres de bois arrachées.
Le soleil couchant souligne tous les reliefs du paysage, accentuant crûment chaque détail de sa lumière jaune et rasante, et la vue devrait être magnifique, car c'est là que se dresse le sanctuaire de l'est de la Déesse au Mille Bras.
Mais du petit temple il ne reste aucune trace, et la colline sur laquelle il était édifié n'est plus qu'un monticule éventré, chaos de troncs brisés comme des allumettes émergeant du sol labouré, et à d'autres endroits ne subsiste rien, que des plaques lépreuses de terre nue et noircie que Kakashi est obligé de contourner tant la chaleur qui s'en dégage est encore insupportable.
Il a vu bien des champs de bataille, et il a toujours su qu'un jour on devrait en arriver là, mais cela n'empêche pas quelque chose de se contracter douloureusement au creux de son ventre tandis que son regard glisse sur le paysage dévasté devant lui, pour venir finalement s'arrêter sur la cicatrice béante du cratère, et les deux corps immobiles en son milieu, enfin.
C'est étrange, songe-t-il en regardant l'une des silhouettes se remettre debout avec des gestes vacillants, lents et empruntés. C'est étrange ce sentiment de culpabilité, de responsabilité qui vous étreint lorsque vos équipiers sont concernés. Peu importe qu'ils soient leurs propres personnes, qu'il aient fait leur choix il y a bien longtemps. Ce sont les liens des premières équipes, différents de tous ceux que l'on forge par la suite, et peu importe le temps, la haine ou la distance, il y a une responsabilité.
Dans la plaie de terre, le garçon -l'homme- qui s'est relevé titube, fait quelques pas en direction du corps toujours à terre. Kakashi devrait probablement se précipiter, s'assurer de l'identité du vainqueur, et l'abattre de ses propres mains le cas échéant, s'il n'est pas la bonne personne.
Mais il se contente de rester là où il se trouve, étrangement réticent à s'immiscer dans le dénouement d'un combat qui n'est pas le sien.
Il en connaît toutes les phases pourtant. La culpabilité et la responsabilité des actes de l'autre parce qu'on a pas su voir, réaliser quand il était encore temps, parce qu'ensuite on a pas su l'arrêter, le ramener. Il en a été témoin, il en a parfois été victime, et après tout, ils sont un peu sa première équipe, en tant qu'enseignant, une nouvelle chance qui a si tragiquement tournée.
C'est différent du cas de Jiraiya et d'Orochimaru, parce que l'ermite n'a jamais totalement fait face à la responsabilité, et que ce n'est pas lui qui a fini par arrêter son ancien équipier... Mais ces deux là... Ca ne pouvait pas finir autrement, songe-t-il amèrement en observant le vainqueur tomber à genoux à côté de celui qui est à terre.
Ca ne pouvait pas finir autrement parce que c'est Naruto, et Sasuke, parce que Naruto n'a jamais su renoncer et que Sasuke a commencé à tuer des ninjas de Konoha.
Il se rapproche, parce que c'est son devoir, et songe à l'ironie qui fait que ce combat, le dernier, se soit déroulé sur les vestiges du temple de l'Infinie Compassion.
Il est peu probable que Naruto sache même quel est le culte voué à la Déesse aux Mille Bras, mais c'est après tout Sasuke qui les a menés ici, et Kakashi a cessé voilà bien longtemps d'essayer de comprendre le fonctionnement de son esprit.
Le Sasuke d'avant aurait été parfaitement imperméable à l'ironie morbide et douloureuse de la chose, et il n'y a aucun moyen de savoir ce qu'il en était pour le jeune déserteur qui a systématiquement exterminé tout ninja de Konoha croisant son chemin les six derniers mois.
Et à vrai dire ce n'est pas très important, parce qu'a présent qu'il est plus proche, la lumière et l'ombre qui découpent les silhouettes des deux hommes ne sont plus suffisantes pour cacher leur identité, et Kakashi s'immobilise de nouveau, parce que c'est Naruto penché au dessus du corps sans vie de Sasuke.
Ca ne pouvait finir autrement, parce qu'avec le lien et l'amour viennent la responsabilité et la culpabilité. L'exacte raison pour laquelle Naruto a si longtemps cherché à sauver Sasuke est finalement celle-là même pour laquelle il a réclamé le privilège d'être celui qui le tuerait.
Et c'est pour cela aussi que Kakashi reste immobile où il est, à distance, tandis que les épaules de Naruto s'affaissent, et qu'il se met à pleurer silencieusement.