Publié : dim. 28 janv. 2007, 19:54
par lebibou
Je n'ai pas encore fini d'écrire, loin de là. Au contraire, je me suis retrouvé avec une histoire annexe que je n'avais pas du tout prévu mais j'avance, j'avance. En tout cas, je vous gratifie d'un petit chapitre. (11000 mots quoi. Prevoyez un peu de temps.)
Chapitre 36 : Monochrome
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Une boule serra ses entrailles de Sasuke lorsqu'il aperçut son frère. Ce dernier était égal à lui-même, ses longs cheveux noirs flottant au gré du vent d’un caprice freiné par une queue de cheval. Toujours vêtu de sa longue robe aux armes de l'Akatsuki et de sa bague marquée du kanji Shu (sanguinaire), il observait son frère, impassible.
Il dégagea nonchalamment une mèche de cheveux lui barrant le visage avant d'ajouter d'une voix faussement enjoué :
« Tu as les traits tirés petits frère. Tu ne dors pas assez ?»
Sasuke ne répondit rien, ou ne put rien répondre. Sa salive avait fui sa bouche tant elle lui était sèche. Il venait de croiser la personne qu'il devait éviter. Non. Ce n'était pas tout à fait ça. Son frère était venu à sa rencontre, ce n'était pas dû au hasard.
Normalement, il aurait dû en être flatter, pour une fois que ce n'était pas lui qui provoquait leur rencontre. Pourtant, c'était une faveur dont il se serait bien passé.
Itachi continuait de fixer son frère, le regard las. Il inspira profondément et expira avec la même force, comme pouur évacuer un quelconque ennui traînaillant quelque part entre ses intestins. Ce faisant, il constata, à son grand regret, que dans l'air flotté l'odeur du Serpent. Elle avait imprégné les vêtements de son petit frère.
« Cher stupide petit frère, je constate avec regret que tu t'es décidé à revoir Orochimaru pour apprendre je-ne-sais-quel-jutsu. Je n'ai rien dit la première fois, sachant qu'un petit tour chez lui ne te ferait que du bien mais y retourner se rapproche cette fois d'un masochisme certain. (Il fit une pause de quelques secondes avant de reprendre.) Que t'a t'il demandé en échange de ses services ? J'ai cru comprendre que vous n'étiez pas en très bon terme alors j'imagine que le prix à payer devait être conséquent.»
Un drôle de rictus déchira le visage de Sasuke, à mi-chemin entre le sourire extatique d'Orochimaru et celui du Sasuke d'autrefois, complètement ivre de vengeance.
« Mon sharingan, » posa t'il d'une voix qu'il voulait calme. Pourtant, un net tremblement était audible pour celui tendant l'oreille. « Mais nous savons tous les deux que ça n'aurait jamais marché. Pas si je ne l'avais pas souhaité du fond de mon être. »
Itachi secoua la tête, non pas dans une mimique désapprobatrice, plutôt comme un professeur s'amusant de la maladresse de son élève tout en lui reconnaissant des qualités.
« Je vois que tu es allé faire un tour dans la cache secrète des Uchiwa.»
Sans trop savoir pourquoi, Sasuke lui déballa d'une voix monocorde un texte qu'il avait appris pour avoir égaré son regard dessus trop longtemps, trop souvent.
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Moi, Aizen Uchiwa, fils de Kashitsu Uchiwa, troisième porteur de l'illustre nom des Uchiwa, vais vous conter par quelle moyen le sharingan est arrivé dans notre clan pour que jamais nous n'oublions son origine et quelqu’en furent les conséquences.
Il y a de très nombreuses années, on m'avait confié la tache d'exterminer une secte qui sévissait à la frontière du pays du feu. J'appris bien plus tard que nos commanditaires étaient une secte rivale. J'admets que cette mission ne m'enchantait guère, car il m'avait bien été précisé que le massacre serait complet, femmes et enfants compris.
Mais en bon ninja, je fis passer mes convictions en arrière plan et me contenta de remplir mon rôle d'arme humaine.
On m'avait donné carte blanche, ce qui me permettait d'user de la méthode de mon choix pour les approcher.
N'ayant que très peu d'informations quant à leur puissance éventuelle, je préférai me faire passer pour un futur adepte.
Je frappai à la porte du sanctuaire dans lequel il organisait toute leur procession, et je reçus un accueil fort chaleureux, accompagné de vin et autres fruits fort agréable en bouche. Ils avaient des méthodes de recrutement très poussé.
En plein milieu de la procession, mon regard fut attiré par un homme aux yeux étranges. Sa pupille était cerclée d'un trait noir, leur conférant une profondeur peu commune. Cet homme n’avait pas parlé de la soirée, pourtant, tout le monde semblait le respecter.
De façon fort habile, je tournai la conversation sur cet oeil et questionna l'assistance sur ces yeux.
L'un des convives m'expliqua que cet homme était le chef de leur secte et qu'il bénéficiait d'un don des Dieux, le kamigan.
Le kamigan, ou l’œil de Dieu, lui permettrait de voir dans l'avenir. À l’époque, je pris tout cela pour du pipeau et comme le kamigan avait plus à mes yeux une valeur d'artefact dont on usait pour attirer encore plus de fidèles. Je me contentai d'acquiescer et la fête repartit de plus belle.
Lorsque la majorité des personnes fut endormie ou soûle, je passai à l'action. Je récupérai la courte lame planquée sous mon pantalon et me mis au travail. Je commençai par égorger les personnes ivres mortes, espérant qu'elles ne réveilleraient pas les autres en crachant leur dernier râle.
Tout se passa bien, sans heurt, jusqu'au moment je me rendis compte que l'homme au drôle de regard me fixait. Je m’attendais à ce qu’il hurlât, mettant fin à mon attaque silencieuse. Cependant il ne se passa rien. Je ne savais pas pour quelles raisons, il me voyait faire mais ne tentais rien pour m'en empêcher, comme si cela faisait partie d'un plan bien établi. Pendant quelques secondes, je ne fis aucun mouvement, le fixant à mon tour, comme pour l'inciter à venir en découdre. Il ne moufta pas. Lorsque vint son tour, il ne dit rien, s'enfermant dans un silence encore plus calme que celui des autres.
Je bouclai mon affaire en dix minutes et pris une courte pause. Il allait falloir que je visite les étages supérieurs pour finir mon travail. Les femmes et les enfants…
Fermer les yeux n'enleva rien à l'inhumanité de mes mouvements répétés. J'eus vite fait d'éliminer toutes les femmes et les enfants, ceux-ci n'opposant aucune résistance.
Il ne me restait plus qu’une chambre à visiter. Lorsque je l'ouvris, une femme m'attendait, une petite fiole à la main. Elle en but une gorgée, comme pour me montrer que ce n'était pas un poison, puis elle me la tendit.
Désobéissant à toutes les règles élémentaires de sécurité, je la saisis par pur réflexe et demanda pourquoi. Elle me répondit de mettre deux gouttes dans la nourriture de ma femme pour faire naître un enfant aux yeux divins.
Je la fixai, incrédule. La compréhension des événements m'apparaissait incertaine. Nombres de questions me traversaient l'esprit, les pourquoi et les comment revenant sans cesse.
Piètre ninja pour l'occasion, perdu dans mes pensées, je ne vis pas que la femme avait saisi une lame. Elle se suicida sous mes yeux, un étrange sourire rouge sur la gorge.
Dans le coin, j'entr’aperçus un jeune enfant en larme, recroquevillé sur lui-même. Il avait les mêmes yeux que le chef de la secte. J'en déduis alors que c'était son fils. J'agitai ma lame sous son nez, pour le forcer à fermer les yeux.
C'est toujours plus facile lorsqu'ils ont les yeux fermés.
Mais il ne cessa pas de me fixer.
Je soupirai et rangeai mon ninjatô dans son fourreau. Ce n'était qu'un gamin et il ne risquait pas de poser de problème.
Ma fiole en main, je quittai cette maison qui avait accueilli ma lame ensanglantée.
Une fois rentrée chez moi, je rangeai ma fiole et elle disparut de mon esprit pendant des années.
Environs cinq ans plus tard, notre clan subit un revers politique de première ordre. D'autres familles, comme ces salopards de Hyuuga, nous reprochaient notre manque de spécialisation, autant dire qu'ils nous trouvaient mauvais, et faisait pression sur l'Hokage pour que nous perdions nos privilèges, et ainsi que nous ne devenions qu’un clan de second rang.
En ma qualité de représentant du clan, je me devais de réagir, mais mon champ d'action était limité. J'étais forcé d'admettre que nous ne possédions pas d'attribut génétique équivalent à celui des Hyuuga. Nous étions des ninjas de premier ordre grâce un entraînement rigoureux, une excellente maîtrise du chakra et des jutsus de feu. Mais c'était tout.
C'est alors que je me souvins de la fiole. J'avoue que l’utiliser m’effrayer quelque peu. La femme au sourire rouge en avait avalé pour me prouver que ce n'était pas un poison, mais elle était morte une minute après. Ce n'était pas une preuve. Cependant, je n'avais pas d'échappatoire. Ma femme avait toujours été dévouée au clan et elle comprendrait.
Je versai deux gouttes dans le thé de ma femme et patientai. Elle était en parfaite santé, me signalant que le thé était un peu trop sucré. J’en conclu que ce n’était pas un poison. Je l'honorai le soir même et j'appris deux mois plus tard qu'elle était enceinte. Cela m'emplit de joie, car cela faisait longtemps que nous essayions d'avoir un héritier.
Seulement, trois mois plus tard, elle fit une fausse-couche qui l'emporta. J'étais effondré, mais n'en montrai rien. Le clan traversait une période difficile et je ne pouvais me permettre de faire étalage de mon désarroi.
Je me remariai très vite et réitéra l'expérience. Elle tomba également enceinte, mais fit à son tour une fausse-couche. Elle n'en mourut point, mais je me décidais à arrêter l'expérience. Cette fiole devait contenir poison qui empêchait la naissance d'un enfant.
Je manquai de la bazarder, mais me retint. Malgré le malheur qu’elle m’avait apportée, elle n’en restait pas moins le dernier cadeau d'une femme sur le point de se mourir.
Cinq mois plus tard, ma femme retomba enceinte et parvint à terme. J'eus un magnifique garçon que j'élevai avec soin pour en faire un magnifique ninja.
Dix ans passèrent et mon fils dépassa toutes mes espérances. Il devint très rapidement chuunin et fut envoyé au front pendant la première guerre ninja. Il me revint de sa première mission portée en héros. On m'expliqua qu'il avait terrassé tous ses adversaires à lui seul alors que ses partenaires étaient blessés. Cela ne me surprit pas outre-mesure, pourtant dès son retour dans le cercle familial, il voulut que l’on parle en privé.
Lorsque l'on fut seul à seul, il me montra son nouveau pouvoir : deux yeux rouges entouré d'un cercle et de deux virgules.
Il m'expliqua que grâce à ses yeux, il arrivait à voir les mouvements de l'adversaire avant qu'il ne les fasse, il pouvait voir les flux de chakra un peu à la manière des Hyuuga et avait inconsciemment mémorisé les divers techniques de son adversaire.
J'observai bien son oeil et le trouva fort différent du kamigan. Déjà la couleur, ce rouge sang qui ne me rappelait que trop la fausse couche de ma première femme, les deux virgules, qui semblait symboliser un niveau. Peut-être y en avait-il un supérieur ? m'étais-je exclamé en aparté
Je me pressai de rendre ce doujutsu public, le nomma sharingan et le présenta comme une mutation génétique, conséquence de notre maîtrise parfaite de tous les types de jutsus. Notre clan se replaça au premier rang, au grand dam des Hyuuga qui ne tardèrent pas de faire courir une rumeur comme quoi le sharingan n’était qu'un byukugan muté. S'ils savaient…
Fort de ce premier succès, je récupérai ma fiole et en versa la totalité du contenu dans le thé de nos femmes. S'en suit alors nombre de fausses couches, de morts mais aussi de naissances.
Par contre, à ma grande surprise, tous ne développèrent pas le sharingan. Il m'apparut alors qu'une émotion forte était nécessaire pour favoriser son apparition.
Lorsque mon fils développa la troisième virgule, je m'interrogeai de plus en plus sur le sharingan. J'oserai presque le comparer à un organisme vivant qui mute et évolue. S'il est rouge, c'est parce qu'il est né dans le sang, celui de ma femme et de mes deux premiers enfants. Il choisit lui-même son hôte et apparaît lorsque tous les espoirs se sont évanouis. Il évolue pour fournir encore plus de puissance à son hôte.
Lorsque mon fils tua son meilleur ami au cours d'un duel, fruit d'une dispute pour une fille, son sharingan évolua à un stade supérieur, que je décidai de baptiser Mangekyou. Mon fils atteint un niveau alors jamais égalé, sauf par les Hokage, et encore…
Peu après, des changements s'opérèrent dans son comportement. Il devint arrogant, peu intéressé par la vie du clan alors que je l'avais choisi comme héritier. Il en vint à me menacer ouvertement lorsque j’entrepris de le réprimer.
Plus tard, il manqua de tuer un enfant parce qu'il l'avait bousculé. Il était allé trop loin et je savais que s’il continuait, tôt ou tard, il finirait par tuer quelqu’un pour une raison stupide. Ce serait un trop grand déshonneur pour le clan. Mais surtout, il serait alors trop dangereux pour toute la population.
Personne n'ayant le niveau pour l’arrêter en duel et même en deux contre un, je pris les devants en organisant un assaut nocturne.
Nous êtions cinq. Pourtant je crus que nous n'arriverions pas à le tuer. Je ne possédait pas le sharingan moi même et les autres ne pouvait rivaliser avec un doujutsu aussi puissant.
Fort heureusement, il ne le maîtrisait encore que partiellement et il n'avait jamais été très à l'aise avec les genjutsu. Je l'achevai de ma main, une fois au sol, le corps transpercé.
Je pense que le mangekyou n'apparaît pas parce que l'on a tué son meilleur ami. Il apparaît à cause du désespoir dans lequel nous plonge cette acte. Peut-être existe-il d'autre façon de le faire évoluer mais je ne les connais pas.
Comme je l'ai déjà dit plus haut, je pense que le sharingan est vivant et qu'il décide de lui-même s'il souhaite évoluer, et il ne le fera qu’en accord avec la personnalité de son hôte.
J’avais bien vu que mon fils était toujours en quête de puissance. Son mangekyou ne m’apparaît alors pas très surprenant.
L'Hokage n'en apprit jamais rien, du moins de manière officielle.
Peu de temps après, on me confia la protection de la cité.
Mon deuxième fils prit ma relève quelques années plus tard et je décidai alors de lui confier le secret quant à l'origine du sharingan. Je lui demandai de confier à son tour ce secret à son successeur, mais il refusa, me conseillant de le graver dans la roche, pour que l'histoire traverse les âges sans risquer d'être altéré par le temps. Je m'exécutai et vous êtes en train de lire mon résultat.
Je pense maintenant que le chef de la secte avait le don de lire l’avenir. Il savait que j’allais venir pour les tuer et qu’à long terme, leur destruction était programmée. Il mit au point un plan d'une rare perfidie pour faire perdurer son don et se venger par la même occasion. Il nous a donné un pouvoir presque incontrôlable, sachant qu'à long terme, l'acteur de sa vengeance serait l'un des nôtres et que nous ne pourrons rien y faire.
Peut-être a-t-il raison et que nous sommes condamnés à disparaître, mais j’espère de tout cœur que ça ne sera jamais le cas.
Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument.
Aizen Uchiwa, troisième chef du clan des Uchiwa.
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Avant même que Sasuke n’est le temps de poser la question lui brûlant les lèvres depuis trop longtemps, Itachi répondit :
« Ne t'imagine pas que c'est pour accomplir une prophétie vieille d'un siècle que j'ai… (il laissa sa phrase en suspend) Je ne me considère pas comme un élu, celui qui a été désigné pour venger quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais eu cette prétention.
- Alors pourquoi ? cracha Sasuke »
Il fut lui-même surpris par son ton, par ses intonations emplies de colère. N'était-il pas sensé avoir tiré un trait sur tout ça il y'a bien longtemps, après ses quatre mois de mise à pied chez lui ? N'avait il pas pas accepté, voire pardonné son frère ?
Oui, j'ai oublié tout ça, se convainc-t'il.
Alors d'où provenait toute cette colère si longtemps muselée ? Pourquoi la ressentait-il à travers chacun de ses pores, grandissant au rythme de ses respirations ? Pourquoi avait-il l'impression qui la conversation s'éternisait, il bondirait sur son frère, chidori à la main, toujours mené par sa soif de vengeance insatiable ?
Ses retrouvailles avec Orochimaru et son frère avait fait ressortir des émotions qui, à défauts d'avoir disparu, avait été mises en veille, attendant patiemment leur heure pour ressortir, pour l'envahir.
Face à lui, Itachi s'amusait du trouble de son petit frère. Comme tout grand frère, il s'amusait du degré de manipulation dont il était capable, bien que surpris que la sienne fonctionne encore.
« J'ai déjà partiellement répondu à cette question il y a quelques années de cela. Pour tester mon niveau, pour voir de quoi était capable le si fameux clan des Uchiwa attaqué par de nuit après la célébration de la renaissance des Tengu à laquelle nous sommes tenus d'assister tous les ans. Je voulais voir s'il pouvait résister, me résister. »
Loin panser le coeur de Sasuke, les mots de son frère ravivaient la douleur et la souffrance.
« Alors pourquoi avoir tué tout le monde, même les vieillards et les enfants !? Pourquoi m'avoir laissé moi !?
Itachi faillit se laisser à dire sur un ton ironique : « Comment pourrai je tuer mon petit frère adoré ? » mais se retint. Il savait que s'il disait ça, la discussion prendrait fin dans la seconde et le combat débuterait. Il ne servait à rien de se presser, autant prendre son temps pour savourer leurs retrouvailles colorées.
« Sais-tu comment on se sent lorsqu'on est différent, trop inhabituel pour se laisser assimiler au flot des gens moyens ? Arrives-tu à entrevoir la solitude dans laquelle on est plongé, non pas parce qu'on est ignorant mais parce qu'on en sait trop ? Alors que fait t'on dans ce cas là ? On s'isole davantage tout en espérant trouver quelqu'un sur la même longueur d'onde. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on est différent, on en vient à douter de sa propre existence. Si je ne suis pas comme tout le monde, alors peut-être que je n'existe pas. La masse rassure et loin de nous faire disparaître, elle nous confirme ce que tous nous aspirons. Exister. C'est pour ça que l'on cherche quelqu'un qui nous fasse ressentir notre existence, qui nous donne l'impression d'être vivant. (Son visage prit une teinte nostalgique inhabituelle.) Je pensais que Shisui était l'homme que j'attendais. Je l'aimais bien, il était doué, on arrivait à discuter des heures sans se lasser. C'était mon meilleur ami. Vraiment. Pourtant, au fond de moi, j'aspirais à autre chose. Lors de notre combat, je m'en suis rendu compte. Il ne m'apportait pas cette satisfaction que j'espérais. Alors j'ai compris.
« Si la personne que j'ai toujours attendue n'arrivait pas, alors c'était à moi d'aller la chercher, à moi de la créer de toutes pièces. Tu ne vois toujours pas Sasuke ?Tu ne vois pas pourquoi j'ai tué tout le monde, t'isolant de tous, t'enfermant dans ta haine ? Tu ne t'es pas demandé pourquoi Juubi t'a donné ses nouveaux sharingans ? Regarde toi Sasuke. Tu as à peine dix-huit ans et déjà tu égalerais Orochimaru, Sannin avec infiniment plus expérimenté que toi. Qu'en serait il si tu avais grandi dans un clan entouré par une famille aimante ? Tu aurais stagné, te serait bouffi avec les années et jamais avec ton seul talent, tu ne serais arrivé à ma cheville. »
Un lourd silence emplit la forêt. Sasuke n'en croyait pas ses oreilles ou plutôt, ne voulait pas le croire. Ça ne tenait pas debout, c'était trop… Personne ne serait capable de ça. Pas de tuer tout un clan juste pour ça.
Pas pour ça…
Pourtant, il savait qu'Itachi en était parfaitement capable.
« Tu ne comprend toujours pas Sasuke ? C'est à la fois pour toi et pour moi que j'ai massacré tout le monde. Je te voulais, au maximum de ta puissance. Je voulais trouver mon égal, mon alter-égo, quitte à le fabriquer de mes mains. Pendant des années tu as été inintéressant, totalement indigne de mes aspirations puis te voilà, à ton maximum. Tu es ce que j'ai toujours espéré, toujours recherché sans trop y croire. Suffisamment fort pour être intéressant, suffisamment proche pour que le partage soit entier. »
Sasuke ne pouvait même pas dire ce qu'il pensait, à savoir que son frère était dingue, complètement dingue, que son raisonnement était insensé et ce, de la racine jusqu'au feuille. Ça ne pouvait pas se tenir !
On se cherche un alter-égo pour se sentir bien avec lui. Pas pour le tuer !
Pourtant, alors que la moitié de son être faisait tout pour éviter ce combat, pour le fuir, la seconde activa ses sharingans. Son hémisphère gauche eut beau lui intimer de toutes ses forces de ne pas se mettre en position, son hémisphère droit saisit subrepticement un kunaï.
« Viens me voir petit frère. Toi que j'ai si longtemps attendu sans l'espérer, viens me faire ressentir pleinement que je suis vivant.»
-¤ 4 ¤-
« Alors, qu'avons-nous là ? commença Ryuusaki, du haut d'un arbre. A droite, Kakashi, l'homme au Sharingan. Au milieu, Gai, le ninja le plus… (il laissa sa phrase en suspend et passa à autre chose.) Et enfin, le célèbre Kabuto, le traître parmi les traîtres. Une certaine Arakasi, ninja de l'est, m'a dit que la seule chose qu'elle espérait de vous mourriez de façon lente, cruelle et sanguinaire. »
Kabuto fixa Ryuusaki, l'air absent, tout en remontant ses lunettes du bout du majeur.
« Vous me voyez ravi de l'intérêt que me porte cette personne même si je doute un jour lui donner raison. J'attache trop d'importance à ma propre existence. »
Kakashi avait observé la conversation d'un oeil qu'il voulait endormi. En bon ninja, il cherchait une faille dans la défense de son adversaire. A son regret, il n'en voyait aucune. Ryuusaki avait sa main posée sur la garde de son sabre, et Kakashi ne doutait pas être tranché en deux avant même de l'avoir éraflé. Si ce dernier était dans l'Akatsuki, ce n'était pas pour se faire tuer par une attaque basique.
De plus, il bénéficiait de l'avantage de la position, seul sur une branche, rendant toute tentative d'encerclement caduc et les obligeant à se dévoiler en cas d'attaque. La meilleure option à leur portée était sans aucun doute la destruction de l'arbre. Cependant, dans le groupe, seul Gai avait la puissance à l'impact suffisant pour réussir.
Il n'eut même pas besoin de lui indiquer car déjà Gai venait de s'élancer le poing en arrière et pulvérisa le tronc. Cela ne gêna guère Ryuusaki qui quitta sa position d'un salto arrière. Il allait toucher le sol mais avant que ce ne fut le cas, il planta son épée de façon à pouvoir repartir en l'air. La lame traversa la couche d'humus et vint s'échouer à quelques centimètre de la tête de Kabuto.
Le clone qu'il avait laissé à côté de Kakashi disparut dans un nuage de fumée.
Avant même que Ryuusaki n'ait touché le sol, Gai était reparti à l'attaque, balançant son poing avec une puissance remarquable. Le chef de l'Akatsuki le para avec le plat de sa lame et fut projeté en arrière. Kakashi, s'étant déplacé entre temps, s'apprêtait à le recevoir avec un kunaï bien ajusté mais il ne put s'y résoudre, son adversaire ayant freiné en plantant sa lame dans le sol et venant de reprendre le contrôle de sa trajectoire. Il rengaina son sabre et poursuivit sa course en direction de Kakashi
Kakashi enchaîna quelques signes, terminant par celui du tigre, abaissa son masque et envoya une boule de feu rougeoyante de mille reflets rouge-orangé. Le chef de l'Akatsuki agita son sabre et coupa littéralement la boule en deux morceaux qui vinrent s'échouait à côté de lui.
Kabuto sortit ses deux mains du sol et tenta de toucher les tendons d'achille de son ennemi mais ce dernier avait déjà anticipé le coup et venait de bondir en arrière, tout en pivotant pour éviter la tornade de Gai.
Kakashi enfonçant ses pieds dans le sol pour améliorer son appui (tant de ninja morts suite à une glissade idiote) et partit en avant. Gai tendit son pied et le ninja copieur posa son pied dessus pour accélérer grâce à l'immense puissance à l'impact de son rival. Entre temps, Kabuto se déterra et encercla le chef de l'Akatsuki, ce dernier étant toujours en l'air. Ses mains étaient entouré d'une épaisse couche de chakra bleu-vert. Il venait de sortir ses scalpels.
Pour faire part à cette attaque croisé, Ryuusaki décrocha son fourreau et d'un coup surpuissant, détourna les deux mains tranchantes visant son cou. Il saisit Kabuto par le col et l'expédia sur Kakashi qui percuté en plein élan, se retrouva projeté au sol avec son pire rival.
Le chef de l'Akatsuki se figea alors à côté de l'arbre qui venait d'être abattu.
Kakashi et Kabuto se relevèrent et vinrent se mettre respectivement à gauche et à droite de Gai.
Ryuusaki réengagea son sabre dans son fourreau et le réaccrocha à sa ceinture. Puis, ayant les deux mains de libre, il applaudit.
C'était un son sonore et parfaitement incongru aux oreilles des trois ninja. Personne n'applaudit jamais la prestation de son adversaire.
« Et bien messieurs, je dois dire que je suis impressionné. Vous êtes tous extrêment et vos réputations sont loin d'être usurpé. Et je reste coi devant votre travail d'équipe, de loin le meilleur auquel j'ai assisté depuis bien longtemps. »
Il est fort, pensa Kakashi. Vraiment très fort. Du niveau d'Itachi, voire plus. Nous l'avons attaqué tous les trois en même et il n'a accusé aucune blessure, ni même n'a semblé surpris par nos combinaisons. Il va falloir qu'on y aille à fond pour espérer avoir la moindre chance.
De la main gauche,il dévoila son sharingan. Etrange sensation était celle le parcourant chaque fois que son bandeau était relevé. Sur une grande partie de son champ de vision, tout semblait ralenti et démultiplié alors que rien ne changeait de l'autre côté. Il était toujours surpris par le fait que son cerveau parvienne à gérer un tel flot d'information contradictoire mais il avait appris lors de son long séjour chez les ANBU que des vertiges le prenait rapidement s'il ne fermait pas l'un des deux yeux. Alors il ferma son oeil droit, sacrifiant une partie de son champ de vision et l'univers ralentit. Il parvenait à deviner les flux de chakra parcourant le corps de Gai et du «binoclard merdeux.»
Cependant, le chef de l'Akatsuki l'intriguait. Son corps était froid et seule sa tête était parcouru par des flux de chakra.
Son oeil, pensa t'il immédiatement. Il ne lui reste du chakra que pour son oeil. A peine pour le faire fonctionner. Et encore.
Il était très intrigué par cet oeil, fort semblable à un sharingan mais involué.
« Très joli sharingan, le complimenta Ryuusaki. Mon père m'a un jour dit que le Sharingan maudit des Uchiwa agissait de leur propre volonté. Le votre semble toujours en activité, comme s'il ne vous appartenait pas vraiment, et cherchait à vous protéger sans cesse… Par opposition, le mangekyou d'Itachi a été pris dans le sang et ne veut vivre que pour le sang. »
Un long silence suivit ce petit discours comme si chacun réunissait toute son énergie. Ou méditer sur ses paroles
D'un coup, Ryuusaki, main sur sa tsuka, s'élança en direction du groupe. Kakashi sut tout de suite qu'il y avait un problème. Mis à part pour les mouvements de sa tête, Kakashi était incapable de prédire ses mouvements. Il le vit fondre sur eux sans être capable de faire le moindre geste. Comme s'il ne possédait pas de sharingan, il ne put qu'entrevoir le sabre sortir de son fourreau.
Merde…
Gai le poussa violemment et un sabre fendit l'air juste au dessus de sa tête, lui arrachant au passage quelques mèches grises.
Prenant appui sur ses mains, et sortant de sa rêverie impromptu, il se releva. Gai et Kabuto était déjà en train d'en découdre, esquivant de justesse la pointe du sabre. Mais à peine voulurent-ils repartir à l'assaut que déjà Ryuusaki était loin d'eux, rengainant son sabre.
Il souriait, content d'avoir réussi à prendre le célèbre Kakashi au dépourvu.
« Hé Kakashi, lança Gai, sans quitter des yeux son adversaire. C'est quoi son truc spécial à lui ? »
Kakashi secoua la tête dépité.
« Il n'y en a pas.
- Quoi ! s'exclama Kabuto.
- Mon sharingan n'a rien vu. Pas la moindre émission de chakra au niveau de jambe, à peine dans la tête. Il n'a pas une vitesse surhumaine grâce à une technique héréditaire comme le Yondaime, il n'a rien de spécial. Il est juste rapide. Tellement qu'on ne le voit pas lui et son sabre. Même avec mon sharingan.
(Il n'ajouta pas que son sharingan se basait sur les déplacements de chakra dans l'organisme pour prédire ses mouvements. Il ne voulait pas donner d'information à l'adversaire sur le fonctionnement de son oeil. Et encore moins à Gai.)
- Je vois, conclut Gai avec une grimace. »
Un mot comme en mille, Ryuusaki était le pire adversaire que l'on pouvait imaginer. Son talent ne reposait sur rien de vraiment concret. Pas de pouvoir, pas les failles qui vont avec. Juste une vitesse irréel d'une violence absolu.
Rien pour la contrer, si ce n'était l'espoir qu'il ne puisse anticiper pas anticiper les assauts adversaires. Ce qui ne semblait pas le cas comme il l'avait démontré lors de leur premier échange. Pire. Il les dominait et à aucun moment il n'avait été pris au dépourvu.
Son œil ! s'exclama Kakashi en son fort intérieur. La clef de son secret, c'est son œil. Et un entraînement hors du commun.
« Qu'y a t'il mes très chers ? Vous semblez surpris qu'un modeste humain puisse surpasser des monstres comme vous.
- Des monstres ? répéta Gai surpris.
- Oui, des monstres. Comment peut-on vous qualifier autrement un peuple qui fait monnaie du meurtre ? Vous êtes la pire plaie qu'est connu l'humanité et la seule chose que vous méritez serait que l'on vous extermine les uns après les autres. Le Monde s'en porterait bien mieux. »
Gai ne répondit pas, sachant que par bien des aspects, Ryuusaki avait raison. Oui, ils étaient une nation faisant commerce du meurtre et lui-même avait déjà tué des personnes qu'il ne connaissait pas, pour l'argent que cela rapporterait à Konoha. Il ne s'était jamais fait d'illusion quant à sa vie, ni même quant à son avenir. Il avait vécu une vie violente et mourrait de façon violente. Pas un seul ninja de sa connaissance n'avait péri de vieillesse dans son lit avec l'estime des siens. Même le Sandaime avait fini sa vie dans un combat à mort.
De même, aucun ninja n'espérait passer l'au-delà au paradis ou un concept approchant. Ils avaient bien trop tué et n'appréciait que trop la saveur du combat pour se satisfaire d'une éternité mollassonne.
Tout cela, il le savait déjà et s'en accommodait parfaitement. Ce qui l'intriguait par contre, c'était le pourquoi de ce ressentiment ?
L'ordre des ninja était vieux de plus d'un siècle et le monde avait fini par s'en accommoder. Les guildes d'assassin existaient depuis des milliers d'années et existeraient pendant encore des milliers d'années. Il n'était pas vraiment philosophe mais il savait que tant que l'Homme jalouserait l'Homme alors ils auront un emploi.
Les réflexions de Ryuusaki paraissaient un peu trop simpliste pour être une vraie source de motivation.
Il a l'air porté sur la parlote. Tant qu'à faire, autant en profiter pour le faire sortir de ses gonds. Ça peut donner un avantage non négligeable.
« Des ninja ont massacré ta famille ? C'est pour ça que tu veux te venger ? »
Le sourire de Ryuusaki s'agrandit :
« Vous vous trompez messire Gai. La vengeance n'est pas mon credo. Mon père est mort de vieillesse dans son lit et la seule vengeance que j'aurai pu exécuter au nom de ma famille a déjà été accompli par un autre. Mes objectifs ne sont pas égoïste, loin de là. Je pense réellement que votre ordre devrait disparaître et je mettrai tout en oeuvre pour accomplir cet oeuvre, dusse-je m'associer avec le pire des démons. Les ninja n'auraient jamais du exister. Là où vous passez, vous n'apportez que peine et douleur. Une organisation vivant au grand jour comme le vôtre doit disparaître, j'en suis intiment persuadé. Vous n'avez pas votre place dans l'histoire ! »
Gai aurait voulu gagner du temps pour continuer la conversation, et pourquoi pas, découvrir un point faible ou un autre mais déjà Ryuusaki venait de partir à l'assaut, le sabre dans son fourreau, pouvant alors user du ïaïdo, technique profitant de l'accélération du sabre dans le fourreau pour augmenter la vitesse du katana, ce qui, combinait à sa vitesse de déplacement, lui offrait une puissance de destruction hors norme.
Gai le voyait fondre sur lui, notant au passage qu'il avait encore accéléré, et comprit que ses chances de survie étaient des plus réduites. Ses années d'entraînement n'avaient à ce moment là aucune utilité et il se sentit aussi utile qu'un nouveau né encore relié à son cordon ombilicale. Il entr'aperçut la lame sortir de son fourreau et sut que sa vie allait se finir dans quelques secondes.
Pourtant, et à sa grande surprise, quelqu'un s'interposa entre lui et la lame. Il savait que ça ne pouvait pas être Kakashi. Il était derrière lui et il n'aurait pas pu avoir le temps de s'interposer. Surtout, il ne voulait pas que ce soit Kakashi qui s'interpose. Pas alors que pour la première fois depuis qu'il le connaissait, il l'avait vu sourire pour de vrai. Ce n'était pas l'un de ses sourires conciliant qu'il lâchait de temps à autres pour qu'on lui foute la paix. De même, lorsqu'avant de partir, il lui avait demandé s'il allait bien, Kakashi avait répondu par un "oui" franc. Pas un oui peu convaincant mais non négociable.
Si ce n'est pas Kakashi, alors c'est forcément…
C'était bel et bien Kabuto qui s'était jeté entre le sabre et lui. Il y eut une gerbe de sang ocre barbouillant Gai et Ryuusaki.
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Pendant quelques secondes, des deux côtés, il y eut une espèce de flottement, comme si les deux parties en présence ne savaient pas très bien ce qu'il venait de se passer. Kabuto sacrifiant sa vie pour un autre était quelque chose de trop anormal et incondru pour qu'on puisse l'accepter en quelques secondes.
Puis, surprenant tout le monde, le corps de Kabuto, au lieu de s'effondrer, saisit le sabre de Ryuusaki, l'écarta et abattit son poing doré sur l'épaule gauche de son adversaire.
Le bras de ce dernier tomba le long de son corps, complètement inutile.
Kabuto sourit, le regard de Ryuusaki se fit acéré :`
« Ce fichu pouvoir de régénération, cracha t'il les dents serrés
- Exact mon che. Au tour de votre coeur. »
Il s'apprêtait à apposer sa main au niveau du coeur pour perforer l'aorte ou le myocarde selon sa précision. Mais à sa grande surprise, Ryuusaki lâcha son sabre, qui tomba sur le sol sans faire le moindre bruit.
Une lueur de compréhension illumina le regard de Kabuto sous ses lunettes rondes mais déjà son adversaire venait de mettre sa main à la ceinture, saisissant quelque chose de transparent.
Le sabre ayant tué Neji sortit de la ceinture à une vitesse effrayante et trancha net le cou de Kabuto. Malgré tous ses pouvoirs de régénération, celui-ci ne put faire face à cette attaque.
Son corps tomba sur le sol et sa tête partit rouler au pied de Kakashi. Ce dernier réprima une puissante envie de donner un coup de pied dedans. Pour lui, la seul chose à regretter était l'échec de son attaque, ingénieuse au demeurant. Il l'ignora et reporta son attention sur son adversaire. Il aurait tout le temps de s'occuper des morts plus tard et pour l'instant, sa seule préoccupation était de ne pas finir comme lui.
« Je ne pensais pas avoir à ressortir ce sabre aujourd'hui. J'avoue que vous me surprenez de plus en plus.»
Ryuusaki observa quelques secondes sa lame, savourant les reflets la parcourant ainsi que le sang qui dessinait lentement les contours de son arme.
« A propos de cet arme, saviez-vous, messire Gai, que c'est elle qui a transpercé votre jeune élève. »
Il y eut un silence. Dire qu'il était oppressant serait à mille lieux de la vérité. Le poing de Gai tremblait d'une fureur contenu. D’aucun n’aurait voulu croiser le regard du ninja à la coupe au bol à cet instant.
Kakashi concéda un oeil inquiet à son éternel rival. Il savait que Gai avait plus ou moins feint l'indifférence lorsque Tsunade lui avait annoncé que Neji était mort et que Tenten était dans un état critique. Les mots étaient tombés alors qu'il venait prendre leur ordre de mission.
Kakashi avait alors soigneusement observé Gai, guettant la moindre faille le rendant inapte à partir en mission. Il n'avait rien trouvé, si ce n'était une propension à prendre le plus d'information sur la mission, à se concentrer sur des détails parfaitement inutiles. Il avait été encore plus bavard qu'à l'accoutumé.
Il connaissait ses façons de détourner les yeux, de se focaliser sur autre chose le temps d'une mission pour pouvoir pleurer les morts plus tard. Avant d'être humain, ils étaient ninja.
Kakashi ne s'était donc pas inquiété de l'efficacité de Gai au cours de la mission mais il n'avait pas non plus prévu de tomber sur l'un des membres de l'Akatsuki, et encore moins sur celui responsable de la mort de Neji.
Calme-toi, se convaint-il, /i] avant d'être l'homme le plus démonstratif que la Terre n’ait jamais porté, c'est un ninja. Il n'est pas du genre à se laisser déborder par ses émotions. [/i]
Quoique, à la réflexion, il était du genre à se laisser déborder par ses sentiments. Le ninja copieur concéda son premier regard inquiet à son rival. Le premier depuis qu'ils se connaissaient.
Il cherchait à se convaincre que jamais ô grand jamais Gai ne partirait bille en tête face à un adversaire aussi puissant. Pourtant, il savait qui c'était lui à la place de Gai, et que c'était un de [/i] ses[/i] gosses à la place de Neji, malgré tout le sang froid dont il était capable, il aurait déjà armé un chidori et serait en train de foncer sur son dernier objectif.
Il admirait Gai pour le simple fait qu'il ne soit pas déjà parti à l'assaut.
« Hé Kakashi ? lança Gai d'une voix étrangement étranglé. (Il n'eut pas besoin de se retourner pour s'assurer qu'il avait toute son attention.) Plan 8PC. »
L'oeil gris de Kakashi traduit une certaine incompréhension. Il ignorait ce code mais n'eut aucune difficulté à l'interpréter.
8P. Huit portes. C. Chidori. Tu vas aller jusque là Gai ?
Il ne chercha pas à l'en dissuader, par peur de dévoiler leur plan et sachant cela parfaitement inutile. Il ne chercha pas à le convaincre de n'aller que jusqu'à la septième porte, le persuadant que ça suffirait. L'écart de puissance entre la septième et la huitième porte était d'un facteur dix. N'ouvrir que la septième divisait donc par dix leur chance de victoire. Mettre sa vie en paiement payait.
Toujours plus.
Il n'allait pas non plus lui dire que la vengeance ne rimait à rien, sachant pertinemment que ce n'était pas ça qui animait son ami.
Si Gai s'était décidé à ouvrir les huit portes, c'était parce que c'était le seul moyen pour que lui, Hatake Kakashi, puisse survivre. C'était l'unique solution à laquelle Gai était arrivée pour être le parrain posthume de son futur enfant.
Kakashi cligna des paupières avec une lenteur inhabituelle.
A cet instant il n'avait qu'une peur. Que son sharingan ne laisse couler une larme de sang.
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Ryuusaki eut un flash, l'un de ceux qu'il avait continuellement tout au long de la journée. Contrairement à ses ancêtres, capable de voir le futur dans son ensemble, son sang s'était trop affaibli pour qu'il soit capable de ce tour de force. Néanmoins, ces petits instants ramenés du futur lui permettait de savoir quoi faire dans la plupart des combats, son talent faisant le reste.
Pourtant, ce flash le terrorisa. Il vit sa propre mort. Rien d'autre. Pas la façon dont elle arriverait, ni ce qu'il pourrait faire pour l'éviter. Juste le résultat. Lui, mort, par terre.
Un peur terrible le saisit aux tripes. Il arma son sabre tout en sachant pas s'il était capable de modifier ce futur là.
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L'ouverture des huit portes ne prit que quelques secondes, bien loin des deux minutes autrefois nécessaire à Lee pour ouvrir cinq portes. Gai était initié à l'ouverture des verrous depuis très longtemps et avait l'habitude de s'en servir.
Le poing de Kakashi se contracta imperceptiblement lorsqu'il ressentit la huitième porte s'ouvrir. Il savait qu'à cet instant, tout était fini. Ce salopard de Gai allait l'emporter avec cinquante six victoires et cinquante cinq défaites, laissant Kakashi sans moyen d'égaliser. Il allait laisser à son oeuvre un sentiment d'inachevé qui poursuivrait le survivant à jamais.
« Reviens sur Terre Kakashi, lui lança Gai d'une voix toujours aussi joyeuse. »
Kakashi secoua la tête et enchaîna ses signes qu'il avait composé il y a une éternité.
Buffle, lièvre, singe.
Chaque fois que sa main faisait un signe, ses doigts trouvaient les différents points d'acuponctures parcourant ses mains et facilitant le malaxage du chakra.
Soudain, une explosion bleuté éclaira la paume de sa main gauche. Son chidori était prêt.
Ensemble, ils foncèrent sur Ryuusaki.
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Gai était en tête, surboosté par l'ouverture de ses huit portes. Ryuusaki, ne laissant pas l'initiative à ses adversaires, partit aussi en avant. Lorsque Gai lui parut assez près, il lança une attaque simple. Juste une pointe, un tsuki, ayant pour but de percer son adversaire de part en part. Après que Gai eut esquivé cette attaque, il aurait enchaîné avec une coupe verticale, sachant que le ninja à la coupe au bol privilégierait le combat aérien.
Le champs de vision de Gai s'était rétréci à un point qu'il n'avait jamais envisagé. La vitesse que lui conférait l'ouverture des huit portes étaient sans commune mesure avec tout ce qu'il avait connu. Il eut alors en grande estime son adversaire, ayant eu la vision du monde dans lequel ce dernier devait vivre à chaque combat, à chaque assaut qu'il lançait.
Gai aperçut la lame lui fonçant dessus. Il faillit sauter pour l'éviter, par pure réflexe, mais au lieu de ça s'y enfonça au plus profond, le catapultant lui et le chef de l'Akatsuki sur un gigantesque chêne.
Une nuage de poussière gigantesque se souleva, les enveloppant comme une couverture de plume.
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Kakashi s'était souvent imaginé en train de transpercer Gai avec un chidori, visant la plupart du temps une partie de son anatomie que ce dernier adorait dévoiler aux yeux de tous après une soirée bien arrosée.
Quand la main de Kakashi sentit la chair de son éternel rival, il se haït.
Lorsque ses côtes ne furent plus que des allumettes, il le détesta.
Lorsqu'il le transperça de part en part, pour atteindre son adversaire, la douleur qu'il avait ressentit à la mort d'Obito refit surface et il eut envie de mourir une nouvelle fois, sachant qu'il n'en aurait pas le droit. Pas avec deux personnes s'étant sacrifiés pour qu'ils survive le laissant plus mort que vivant à chaque fois.
Il avait espéré ressentir du plaisir, une espèce de vengeance nécessaire alors que sa main venait d'échouer dans le corps de Ryuusaki. Pourtant, ce fut le néant.
Peut-être la satisfaction du travail bien fait. Et encore.
Juste un impression de vacuité dont il pensait ne jamais se relever.
La poussière s'évanouit et la couverture se releva.
Deux personne au sol, une seule debout. Toujours la même aurait ironisé Kakashi.
Juste le silence en guise orchestre.
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Kakashi pensait que la vue du corps de Gai soubresautant dans une ultime tentative de survie le choquerait, voire lui soulèverait l'estomac à un point qu'il serait obligé de retirer son masque. Pourtant, il n'en fut rien.
De même, lorsqu'il fut persuadé qu'au final, l'ouverture des huit portes n'étaient pas entièrement nécessaire, que sept portes auraient suffi pour obtenir le même résultat, il ne ressentit toujours rien.
Il savait que avec ou sans son consentement, Gai aurait ouvert les huit portes, ne serait-ce que pour Kakashi n'est pas l'impression de le tuer parce que tout était déjà joué avant que son chidori ne le transperce.
Kakashi ne ressentait absolument rien d'un point de vue émotionnel. Il se savait un attardé affectif mais là, il s'agissait plus d'une paralysie que d'une inaptitude. Il avait l'impression que son coeur venait d'être plongé dans un bloc de glace.
D'une main tremblante et avec une difficulté extrême, devant s'y reprendre à deux fois, il abaissa son bandeau pour recouvrir son sharingan, épongeant au passage le sang s'en écoulant, tel une larme pourpre.
Il ne voulait pas pleurer devant Gai.
Il s'accroupit et ferma les yeux de son éternel rival avant de marmonner une prière bouddhiste. Celle là même qu'il récitait pour Obito. Il finit par porter son attention sur l'instigateur de tout ça, le fameux chef de l'Akatsuki.
A sa grande surprise, il remarqua qu'il était encore vie. Sur le point de mourir, il n'y avait que Naruto pour se remettre d'un chidori plombant la poitrine, mais toujours vivant. Ce dernier fixait Kakashi d'une lueur haineuse. Il murmura, d'une voix pâteuse de laquelle avait disparu tout son arrogance. Tout son charisme aussi. Il était ce dont il avait l'air. Un être humain sur le point de mourir :
« Peux… pas mourir… Bordel… Non… »
Kakashi le considéra, vaguement peiné par la façon pitoyable dont il allait mourir. Puis il repensa aux côtes de Gais se brisant alors qu'il les éraflaient et cette pitié s'évanouit aussitôt.
« Vous rendez vous… compte… ce que vous faîte… Rebeller face…votre seigneur… — une vague de sang reflua de sa gorge et il se pencha quelques secondes sur le côté — … vous… les premiers… les autres vont forcément suivre… les villages vont prendre leur indépendance… dispenser des devoir au seigneur… faire encore plus de mort… bordel peux pas mourir tout de suite… peux pas vous laisser massacrer autant de gens comme ça… êtes une plaie… merde doit pas mourir… avec guerre…deviez juste vous entretuez pour disparaître… pas vous renforcer…merde…Juubi aider moi… pas mourir…»
Il continua de parler jusqu'à ce que son flot de parole soit réduit à un mince filet inaudible.
Puis il mourut. Abandonnant Kakashi à trois cadavres. Un terrible grondement emplit la foret et le ciel pleura.
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Sasuke n'avait pas envie de se battre.
Sasuke avait envie de se battre.
Sasuke ne voulait pas devenir la marionnette de son frère en accédant à sa requête.
Sasuke voulait tuer son frère coûte que coûte, peu importe les sacrifices.
Deux Sasuke de deux époques différentes s'affrontaient pour le contrôle d'une volonté.
L'un pensait l'autre disparu depuis longtemps, au moment même où il s'était décidé à porter Sakura sur son dos, renonçant alors à l'enseignement du Sannin. Pourtant, et comme le prouvait ses échanges avec son frère, c'était loin d'être aussi facile.
On ne peut se débarrasser d'un obsession qui vous a maintenu en vie. La faire disparaître aussi facilement est irrationnel, inconcevable. Comme un virus pris en flagrant délit, elle se terre, se camoufle, attendant son heure.
Mais si son obsession était si mauvaise, pourquoi se sentait il si bien, croisant le fer avec son pire ennemi ? D'où venait ce sentiment d'accomplissement de soi, ce sentiment d'être enfin à sa place ?
L'enfer est pavé de bonnes intentions.
Pris par la force des choses, sachant que combattre en y mettant que la moitié de son coeur ne menait à rien, les deux Sasuke n'eurent d'autre choix de fusionner. De coopérer l'espace d'un duel.
Avant que ne commence le combat, Itachi avait retiré sa cape, dévoilant un T-shirt noir uni et un collier sertie de trois morceau d'ambre, cadeau de Shishui pour sa nomination dans les ANBU, le seul qu'il est gardé. En bas, il portait en pantalon en tissu tirant vers le vert. Il arborait une musculature fluette, presque féminine, loin du squelette massif habituellement présente chez les autres ninja.
Evidemment, à aucun endroit n'était visible un éventail. Sasuke se surprit à ne pas le porter aussi. Il était sorti de son domaine à la va-vite et avait enfilé le premier vêtement lui passant sous la main, le hasard ayant fait que c'était un vêtement neuf qu'il n'avait pas encore amené chez les couturiers.
Pendant des années, je n'ai fait qu'invoquer le nom des Uchiwa en vain et le seul jour où cela était vraiment important, je ne l'ai pas.
Itachi passa sa main dans les cheveux, attrapa l'élastique retenant sa queue de cheval et le défit. A ce moment là, la pluie commença à tomber, les recouvrant tous les deux d'un voile liquide.
Juste derrière eux, il y eut une gigantesque explosion de chakra. Elle fut telle qu'Itachi manqua de se retourner pour voir de quoi il s'agissait. Ce chakra inquiéta Sasuke au plus haut point parce qu'il vibrait sur la même “fréquence” que celui des démons.
Bon dieu, pas Naruto !
Sa respiration s'accéléra alors que le combat n'avait même pas commencé. Puis du coin de l'oeil, il remarqua que la source de ce chakra était différente, moins démoniaque que celle de Naruto.
Il fut d'autant plus rassuré que le démon n'était pas un renard gigantesque avec neuf queues. Au lieu de ça, il s'agissait d'un loup blanc avec cinq queues, sans doute à long terme aussi problématique qu'un Kyubi au mieux de sa forme mais au moins Naruto n'avait pas perdu le contrôle. Sur sa tête tronait le fameux Juubi, entr'aperçu lors de sa dernière rencontre avec son frère.
Lorsque le démon commença à bouger, le sol fut pris d'un léger tremblement qui alla en diminuant alors qu'il se dirigeait vers le nord. Là bas, il vit Gobi lever sa patte pour l'abattre violemment.
Sasuke se força à reporter son attention sur son aîné. Ce n'était pas le moment de s'inquiéter pour l'Idiot. Il arriverait bien à se démerder tout seul.
Itachi souriait. Pas de celui froid et moqueur affiché pendant des années mais celui de sa prime jeunesse, lorsqu'il vivait encore avec son clan. Ce retour en arrière souffla Sasuke qui lui aussi fit un bond en arrière de plus année, lors de leur dernier échange véritablement fraternel, juste avant qu'Itachi ne lui dévoile son mangekyou.
« Stupide petit frère, ne t'inquiète pas pour tes amis. »
il avait prononcé ses mots avec un dégoût prononcé. Son petit frère n'avait pas à s'encombrer d'ami. Il n'existait que pour lui, pour mettre fin à une existence d'ennui dans un monde monochrome. L'Akatsuki ne lui avait servi que dans ce but, dans celui de faire de son frère un ninja capable, un ninja qu'il pourrait affronter en ayant l'impression de vibrer.
« Qu'est ce que tu attends ? Viens donc m'affronter, viens donc illuminer mon existence. Fais moi vivre ! »
Le début du combat était une danse, une mise en pratique de toutes les bases acquises dans leur petite enfance, de préférence avec leur père, plus souvent avec leur mère. On aurait dit une succession de kata, Aidé tous deux par leur pupilles de puissance équivalente, ils arrivaient à anticiper les coups de leur adversaire et à répliquer en conséquence alors que l'autre en faisait de même.
Ce n'était pas un vrai combat, plutôt un échauffement, dépourvu de coup mortel, chacun cherchant à dévoiler ses capacités brutes, sans la réflexion ni la stratégie. Juste des réflexes, des tactiques développées par des années d'entraînement.
Pourtant même là où ils auraient dû être d'un niveau équivalent, Itachi surpassait son frère. Mieux, il le dominait à un tel point que c'était presque injuste. Si Sasuke parvenait à lire le jeu de son frère avec deux coup d'avance, Itachi en lisait trois. Si Sasuke en lisait trois, Itachi en lisait quatre.
Cette différence devait s'expliquer par une différence d'expérience mais aussi, une différence de talent. Sasuke avait toujours été doué, bien plus qu'une grande partie des Uchiwa et ce don de naissance suffisait à en faire un ninja d'exception. Pourtant, Itachi était encore plus doué. Un visage illisible, une sobriété dans son taïjutsu jamais égalé. Il ne faisait jamais de mouvement inutile, n'offrant aucune faille.
Sasuke, quant à lui, n'avait reçu qu'un entraînement assez lacunaire. Son père n'avait jamais été là pour lui dire de fermer davantage sa garde ou de balancer son poids sur sa jambe avant pour augmenter sa puissance à l'impact. Les différences étaient minimes mais suffisaient pour creuser un trou à l'allure morbide.
Même pris par l'échange, son frère trouvait le moyen de le narguer :
« Qu'est ce que c'est que ça, stupide petit frère ? Tu m'ennuies ! »
Du plat de la main, il lui assena un violent coup au niveau du plexus solaire et l'envoya valdinguer sur le sol. Sasuke se cogna la tête sur le sol heureusement ramolli par la pluie. Avant même qu'il n'est le temps de se relever, son frère était sur lui et d'un coup de pied dans les côtes, il le poussa plus loin dans une flaque de boue avant de lui caler la tête dedans du talon. Il le laissa patauger ainsi quelques secondes avant de retirer son pied.
Il recula de quelques et regarda son frère se relever, le visage couvert de boue. Itachi soupira.
« Ton oeil est sans aucun doute plus efficace que le mien mais tu ne sais pas encore t'en servir. D'ailleurs, pour le moment, il ne fait que t'handicaper. Tu te retrouves avec un surplus d'information que tu ne sais pas gérer mais voulant en profiter, tu fais des erreurs et tu m'offres des ouvertures desquelles je profite. Si je n'avais pas eu l'intention de te laisser en vie, tu serais déjà mort. »
Sasuke lui décocha son regard le plus noir.
« Ferme-là ! aboya t'il
- Stupide petit frère, tu es tout sauf en état de me donner des ordres. Tu ne peux pas me battre en ne te basant que sur ta technique. Tu as moins d'expérience et moins de talent que moi, alors il te faut que quelque chose pour compenser. Je t'ai déjà donné cette chose il y'a des années, pourtant, tu t'obstines à ne pas t'en servir. »
Itachi fixa son frère avec une lueur maligne.
D'un geste rapide, Sasuke lança un shuriken avec une violence et une précision inouï qu'Itachi n'évita qu'in extremis, se faisant entailler la joue. Un mince filet de sang coula le long de sa pommette avant de venir s'échouer sur son menton. Un mince sourire se dessina sur les lèvres d'Itachi.
« Voilà ce que j'attendais. Laisse toi envahir par ta haine au lieu de la museler. Elle t'apportera la puissance suffisante pour m'égaler. »
Et ils repartirent à l'assaut.
La colère donnait à Sasuke une force qu'il ne connaissait que trop bien. Un sentiment de puissance l'envahissait à chacune de ses actions. Lorsqu'il donnait un coup de pied dans l'avant-bras de son frère, il ressentait une mince vibration, un mince retour qu'il l'emplissait de joie à chaque fois.
Il était plus rapide, plus précis, plus fort. Alors qu'il lançait un Katon d'une taille gigantesque, il entr'aperçut le regard de son frère. Ce n'était pas plus ce regard froid et désintéressé. Au contraire, il était d'une expressivité n'ayant rien à envier à Naruto et dégageait un sentiment propre à de nombreux : le mélange d'une jouissance extatique et d'une folie furieuse.
« Voilà, c'est ça que je veux ! Fais moi vivre ! Fais moi ressentir pleinement mon existence.»
Itachi contra la boule de feu avec un Suiton fort bien exécuté et prit appui sur l'eau qu'il venait de faire apparaître pour partir à l'assaut de son jeune frère. Là, et alors qu'il pensait l'avoir frappé, il eut la désagréable surprise de se rendre compte que ce n'était qu'une pierre. Il leva les yeux au ciel et eut la désagréable surprise de voir son jeune frère lui tombait dessus, la pointe du kunaï orienté vers le bas.
L'aîné des Uchiwa n'eut d'autre choix que d'intercepter la lame avec son avant bras. Avant que Sasuke n'ait le temps d'enchaîner avec un autre coup, il lui assena un coup de poing dans le visage.
Sasuke, bien que propulsé en arrière, réussit à envoyer un shuriken, entaillant le front de son frère juste au niveau de l'arcade sourcilière gauche. Dilué par la pluie, son sang n'eut aucune difficulté à emplir son oeil gauche, le privant d'une partie de son champ de vision.
Il comprit alors qu'il était en difficulté.Une vague de chaleur froide remonta le long de son échine et, pour une raison inconnue, il se sentit vivre.
Etrange paradoxe qu'est celui de se sentir vivant à proximité de la mort.
Un étrange sentiment dans le creux de son estomac, il repartit affronter son frère en train de se relever, avec un drôle de sourire extatique. Son oeil encore utilisable prit une étrange teinte violacé, et sans faire le moindre signe, il sentit une boule de feu monté dans ses poumons.
Il cracha des flammes, non pas d'un rouge-orangée agréable pour l'oeil, mais d'un noir maudit, absorbant tout espoir.
Sasuke, encore un genou dans la Terre, encore le souffle court par le coup dans le plexus, vit les flammes noires venir dans sa direction. Grâce à ses pupilles, il eut tout le temps de comprendre que compte tenu de la taille des flammes et de sa vitesse d'exécution, il n'aurait pas le temps ni de les esquiver, ni de sortir un jutsu pour les contrer.
Il eut tout le temps de détailler les flammes, avides de destruction et de sang, sans doute une conséquence des conditions d'obtentions du mangekyou. Il sut sans la moindre difficulté que ces flammes ne s'éteindraient pas d'avoir entièrement consumé ce qu'elle toucherait. Lui en l'occurrence. Il resta là, à attendre que la mort ne vienne le chercher, à l'instar d'un animal pris dans les phares d'une voiture.
Quelques secondes avant que la terreur de l'Amaterasu ne l'atteigne, ses yeux le lancinèrent d'une douleur atroce. Sans qu'il n'exerce la moindre volonté, ses poumons s'emplirent de chakra et par un réflexe étayé par des années à pratiquer les katon, il l'expulsa.
Une immense bourrasque se leva, tranchant net les flammes, qui bien qu'attisé par ce vent, les deux boules noires vinrent s'écraser à la droite et à la gauche de Sasuke, levant deux colonne d'une fumée épaisse.
Le fait que son attaque ait échoué, loin de l'énerver, accentua le plaisir d'Itachi. Que dire lorsque les pouvoirs de son frère s'éveillaient en plein combat. Pour répliquer à son Amaterasu, il avait utilisé un jutsu de vent, que l'on pourrait comparer au pouvoir de Susanoo, frère de la déesse Amaterasu.
Magnifique ! Même les Dieux subliment notre combat !
« Même sur le point de mourir, tu trouves un moyen de t'en sortir ! Je suis content de mon éducation. »
Sasuke ne répondit pas, le souffle court. Même si son sharingan avait agi de sa propre volonté, il n'avait pas hésité à pomper sur ses réserves de chakra d'une façon scandaleuse. De plus, ses nouveaux yeux étaient bien plus gourmand que ses pupilles habituelles.
En un mot, il était presque à sec.
Sa haine était toujours là, peut-être un peu embrumée par la fatigue, mais toujours présente, prête à répondre à son appel. À côté de ça, son cou le faisant horriblement souffrir et même sans pouvoir s'en assurer, il savait que sa marque devait être rouge vif, enserré dans un sceau sur le point d'exploser.
C'est pas le bon moment pour me faire une crise de conscience.
Il savait que dans le pire des cas, il avait le sceau du paradis en réserve de chakra et il fut tenté de s'en servir. Il n'était qu'à ça de battre son frère, encore un petit peu et il réussirait à lui faire poser le genou à terre. Il n'avait besoin que de quelques minutes et d'encore un peu de chakra pour accomplir sa vengeance. Il n'allait quand même échouer à cause d'un manque de chakra.
Pas si près de mon but ! De mon objectif !
Au loin, Itachi ne continuait pas moins de se moquer de l'indécision de son frère.
« Pourquoi tu ne te serres pas de ta marque ? Tu en as besoin pour venir me battre. Qu'est-ce qui te fais hésiter ? La peur de perdre peut-être ? »
Oui, pourquoi est ce qu'il hésitait ? Ce n'était pas la première fois qu'il se servait de la marque et si elle pouvait lui permettre d'atteindre Itachi, il n'y avait plus à poser le pour et le contre.
Alors pourquoi avait-il le sentiment d'avoir perdu quelque chose en cours de route, quelque chose d'inhabituellement important et que s'il s'abandonnait à la Marque, alors il aurait abandonné cette chose en route.
Pas perdue, abandonnée. Deux mot d'une signification proche mais présentant une nuance énorme : la notion de volonté.
Qu'était il venu faire avant de croiser son frère ? Tuer son frère avait il fait parti de ses objectifs lorsqu'il était parti du village, semant les ANBU du revers de la main ? Pourquoi était il allé quémander Orochimaru ?
T'as pas l'impression de t'être perdu en cours de route, murmura une voix riche en intonation, fort semblable à celle de Naruto.
Il se rendit compte que, aveuglé par cette haine, il avait oublié son objectif principal. Retrouver l'Idiot. Retrouver la plus grande catastrophe ambulante étant apparu au village.
Itachi avait sans-doute raison pour tout ce qui touchait à la notion d'alter-égo. Mais là où Itachi se trompait, c'était que Sasuke n'était pas le sien. Si le cadet des Uchiwa devait en avoir un, ce serait le ninja le plus imprévisible de sa génération.
Un drôle de sourire éclaira son visage et si son souffle n'avait pas été si court, alors il serait parti d'un grand éclat de rire.
Il se releva et ignorant la douleur lui tordant les poumons, et repartit à l'affrontement. La haine en moins, sans doute.
Sasuke savait qu'il ne lui restait assez de chakra que pour faire un jutsu important ou alors plusieurs petits. Néanmoins, même si de petits jutsu pouvaient servir de diversion, il doutait de leur capacité létale, surtout face à un adversaire aussi doué qu'Itachi.
Il ne lui restait alors qu'à utiliser son jutsu le plus efficace pour le meurtre, le premier qu'il avait connu.
« Chidori, murmura t'il. »
Dans sa main gauche apparut une boule d'électricité jaune, bruyante comme les oiseaux dans les arbres avant la migration. Elle était de forme encore plus irrégulière qu'à l'habitude, sans doute excité par l'humidité ambiante. Par moment, alors qu'une goutte d'eau trop chargée en minéraux passée à proximité, une excroissance gigantesque se formait, éraflant les longues mèches noirs chargé d'eau.
Il accéléra la longueur de ses foulées et la distance entre Itachi et lui se réduisit bien plus vite qu'il ne l'aurait souhaité. Ou peut-être pas finalement.
Il tendit le bras en avant, comme pour réduire encore plus vite la distance les séparant.
Au moment où la connexion aurait dû se faire, sa main gauche ne sentit rien. Malgré sa course à pleine vitesse, Itachi n'avait eu aucune difficulté à éviter son chidori. Juste son chidori. Pas le kunaï qu'il tenait dans sa main droite.
Son frère était tellement arrogant que Sasuke savait déjà qu'Itachi n'allait esquiver son attaque que d'un pas sur le côté. Comme pendant leur rencontre à l'hôtel. Il avait également anticipé le fait qu'Itachi parte sur la droite étant donné qu'il faisait son chidori de la main gauche. Son frère était prétentieux mais pas fou au point d'esquiver du côté d'où provenait l'attaque. Enfin, lorsqu'il avait assimilé le chidori pendant son entraînement avec Kakashi, il s'était rendu compte que l’énergie dégagée par le Raikiri masquait une partie de son champ de vision, ce dernier s'apparentant à un phare.
Sa lame n'avait pas touché le coeur, il le savait parfaitement. Son kunaï n'était pas entré avec assez de puissance. Mais il était sûr d'avoir touché l'aorte, par conséquent scellant le destin de son frère.
Itachi marmonna un merde très peu uchiwesque avant que du sang ne sorte de sa bouche. Il sentit ses forces se lacher et n'eut d'autre choix que de s'appuyer sur l'épaule de Sasuke pour ne pas s'effondrer.
Une rivière pourpre barbouilla son T-shirt noir. Il la regarda sans trop y croire. Ce n'était pas censé se passer comme ça. Non pas qu'il n'eût pas prévu de mourir. Une fois Sasuke mort, il était prévu qu'il meurt aussi. C'était le point d'orgue d'un plan vieux d'une dizaine d'années.
« …pas censé se finir comme ça… chuchota t'il d'une voix pâteuse»
Sasuke répondit de sa voix la plus neutre possible :
« Non. »
Ça n'aurait pas dû se passer comme ça. L'aveuglement d'un père pour son clan n'aurait pas dû conduire à la folie d'un de ses fils. La folie d'un frère n'aurait pas dû conduire à la destruction d'un clan. Cette destruction n'aurait pas dû mener à sa haine. L'optimisme de Kakashi quant à sa capacité à la gérer n'aurait pas dû le mener chez Orochimaru.