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Naruto avait visité le camp de prisonnier de Suna. Évidemment, ce n'était pas une envie soudaine d'aller faire du tourisme qui l'y avait traîné. Il y était allé sur ordre pour une extraction commanditée par Juubi.
Il devait récupérer Temari, tout simplement. Il ne savait pas pourquoi mais il le devait.
Le bâtiment
accueillant les prisonniers étaient situé un peu à la périphérie du camps installé par Suna, à une vingtaine de kilomètres de Konoha. Il s'agissait en réalité d'une vieille bâtisse en pierre abandonnée que personne n'avait songé à détruire.
Elle était grande, voire gigantesque et Naruto demanda ce qui était à l'origine de la défection d'un domaine aussi beau et pourquoi aucun civil n'avait songé à la récupérer.
Malgré l'abandon, elle n'en restait pas moins magnifique, la végétation chaotique lui conférant un petit aspect sauvage pas désagréable. Le toit d'ardoise était toujours intact, un miracle en quelque sorte.
Le bâtiment n'était pas très protégé. En effet, Suna n'avait aucun prisonnier étranger à son actif et les seules personnes présentes étaient des prisonniers politiques, victimes de la purge lancée par Kiogi Mirua. Par conséquent, il ne risquait pas de subir une attaque extérieure pour tenter une extraction.
Cela rendit la tache de Naruto nettement plus aisé. Les gardes étaient pour la plupart des chuunin, incompétents en plus et Naruto n'eut aucun mal à se faufiler à l'intérieur, assommant les gardes, n'en tuant aucun, comme il l'avait stipulé dans son pacte, et les remplaçant par des clones de son cru.
L'intérieur de la bâtisse était immonde comparé à l'extérieur. Il n'y avait presque pas de lumière mais cela n'empêchait pas de pressentir la répugnance du décor.
Le sol était couvert d'une couche épaisse de poussière, les toiles d'araignées avaient remplacé les papiers peints, les rats avaient pris la place (et le gabarit) des chiens. Leurs déjections s'accumulaient dans tous les coins et il paraissait invraisemblable qu’eux-mêmes puissent y survivre. L'air était vicié et l'odeur prenait à la gorge toutes les personnes passant le seuil de la porte. Une violente nausée avait saisi Naruto et il avait été obligé de faire une pause quelques secondes pour reprendre son souffle.
Il comprenait un peu mieux pourquoi personne n’avait souhaité reprendre cette endroit.
Il erra de couloir en couloir, ne sachant pas très bien comment s'y prendre pour retrouver Temari. Les prisonniers étaient peu nombreux, dispatchés à la vite dans des chambres différentes dont les portes avait été remplacé par des barreaux.
Naruto s'arrêta devant une des geôles pour mieux détailler l'un des blessé. Il savait maintenant pourquoi la surveillance était aussi relâchée. Le prisonnier qu'il apercevait avait les deux genoux détruits à coup de marteau. Si tous les détenus étaient dans cet état, un seul garde serait amplement suffisant.
Il continua sa progression.
Finalement, il parvint à trouver la bonne cellule. Temari était à l'intérieur, recroquevillé au fond de la pièce. Elle portait une cagoule mais Naruto était certain que c'était elle. Elle était la seule kunoïchi qu'il avait aperçue et il avait reconnu son allure.
Il ouvrit la porte avec délicatesse. Il ne la fit pas exploser comme à son habitude en hurlant son nom à tout va. Il se contenta juste de puiser dans son chakra démoniaque, attaquant le métal comme un acide.
Il y eut un petit déclic lorsque la porte s'ouvrit. Face à lui, Temari commença à s'agiter voire à se débattre, se collant au maximum contre le mur. Elle lâcha quelques petits couinements plaintifs que jamais Naruto n'aurait imaginé entendre venant d’elle.
Il fit un pas dans la pièce. Son pied s'échoua dans une gamelle remplie d'eau croupie, la renversant dans un tintement désagréable. Son regard alla alors vers l'autre gamelle, rempli d'une vague pâté.
Il s'approcha de Temari et lui retira sa cagoule. Elle le reconnut immédiatement.
« Na...Naruto ? »
Il acquiesça. Il lui fit signe de se retourner pour qu'il puisse détacher ses liens. Il observa soigneusement les liens et fut surpris par la qualité des noeuds. Le dos des mains s'opposait et chaque doigt était séparé des autres par un cordage distinct se terminant au niveau des coudes. Une autre corde était chargée de relier les deux bras et était tellement tendue que les épaules étaient sur le point de se déboîter.
Naruto n'était pas surpris. Il fallait au moins ça pour retenir un ninja dans une cellule. Les chaînes bloquant le chakra n'était pas à la portée de tous et n'était vraiment utile que si l'on souhaitait éviter de blesser le prisonnier. Ce n'était pas le cas dans cette prison qui s'apparentait plutôt à une salle de torture.
Il coupa les cordes avec un kunaï, prenant soin de ne pas accentuer la douleur parcourant déjà les bras de la soeur aînée du cinquième Kazekage.
« Merci, articula t'elle en se frottant les poignets. Maintenant, il faut aller chercher Kankuro.
- On ne peut pas récupérer Kankuro. »
À la suite des ses mots, il assena un coup violent au niveau de la deuxième vertèbre cervicale, assommant Temari. Juubi lui avait bien ordonné de ne libérer que Temari et Naruto ne se sentait pas de débattre avec elle.
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« Ah mon très cher Naruto, je vois que tu t'es parfaitement acquitté de ta mission. Tu peux déposer cette charmante Temari ici. »
Juubi était venu à sa rencontre avec un air particulièrement enjoué. Derrière lui se tenait Hishiki, les bras croisés et les mains sous les aisselles. Il paraissait attendre quelque chose avec une impatience non dissimulée.
Plus loin, sous un arbre se tenait le corps endormi de Sakura. Juubi avait tenu à ce qu'elle passe le voyage dans un état à mi-chemin entre le coma et le sommeil, « pour ne pas qu'elle voit le temps passé » avait-il argué. La vérité était que les dix premières minutes de voyage n'avaient été qu'une longue suite de noms d'oiseau adressé au démon millénaire, Sakura déployant un trésor d'ingéniosité pour ne jamais se répéter, puisant dans toutes les langues qu'elle connaissait.
Ce monologue avait amusé un temps Juubi avant de l'exaspérer au plus haut point. Il s'était donc rabattu sur un jutsu pour l'endormir à défaut de la faire taire pour l'éternité. Naruto avait bien cherché à s'interposer, se portant garant de son silence mais Juubi n'avait pas écouté et s'était justifié en arguant qu'elle se réveillerait plus tard.
Naruto s'exécuta et déposa Temari à côté de Sakura. Alors qu'il s'accroupissait, un vertige le prit. Il se redressa pour s'appuyer contre l'arbre, avant de fermer les yeux pour se focaliser sur sa respiration.
Il se sentait bizarre.
« Et bien mon petit démon, on se sent un peu patraque, s'amusa Juubi.
- Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
- Et bien, j'aurai tendance à penser que ton organisme fait une petite overdose de chakra démoniaque. Entre moi, le magnifique loup derrière moi et la renarde que tu héberge, il n'y a rien d'anormal à ce que tu ressentes un petit contre-coup. C'est déjà un miracle en soi que les humains aient été capables de sceller les démons. »
Naruto acquiesça. Effectivement, il avait l'impression que son chakra entrait en résonance avec celui du Gobi. Il était surpris par cette découverte. Il arrivait pourtant à fréquenter Gaara sans difficulté.
Sauf que lui aussi jouait un rôle de barrière entre Shusaku et Kyubi.
Pourtant, il sentait qu'il y avait quelque chose d'autre, comme si Juubi s'amusait à remplir un rôle de catalyseur, pour amplifier cet écho.
« Et bien Naruto, si tu ne te sens bien en restant à proximité, que dirais-tu si je t'envoyais remplir une petite mission de rien du tout pour moi. Cela te permettrait de prendre un peu l'air et tu pourrais prendre Sakura avec toi. »
Naruto n'était pas emballé par ce scénario. Une « petite mission de rien du tout » était sans aucun doute quelque chose de très désagréable et surtout, Juubi cherchait à l'éloigner, en gardant bien évidemment avec lui Temari.
« Je prends Temari aussi ? posa le blondinet.
- Non, répondit Juubi. Elle reste ici. »
Son ton signifiait qu'il n'y avait pas matière à discuter.
Naruto déglutit péniblement. Il avait vu juste. Juubi voulait garder Temari. Il ignorait pourquoi mais il savait que ce n'était pas bon signe.
« Que... Qu'est-ce que vous allez faire à Temari.
- Tututu... fit Juubi en agitant le doigt. Cela ne te concerne en aucune façon. Et puis, il serait plus intelligent pour toi que tu t'enquiers de la mission à venir plutôt que pour une chose que tu préfères ignorer. »
Il y eut un silence. À cet instant, Naruto se rendit compte à quel point il haïssait Juubi.
« Qu'est-ce que je dois faire ? »
Juubi prit un air grave avant d'afficher un sourire radieux.
« Et bien... Pour te remercier de tes bons et loyaux services, je me suis dit que j'allais t'offrir une fleur... (Il marqua une pause) Pour faire simple je te propose de te réunir pour un temps la fameuse équipe 7 qui a tant fait jasé autours du monde.
Pour un temps seulement. »
Naruto lâcha un regard noir à Juubi.
« Quel est donc ce regard mon petit démon ? N'es-tu pas content de la mission que je te propose ? Tuer Sasuke a pourtant fait partie de l'un de ses rêves que tu n'as jamais osé t'avouer non ? Peut-être non effectivement. Mais écoute, si je fais ça, c'est pour toi. Je pense avant tout à ton avenir et à celui de Sakura. S'il est là, ce ne sera qu'une entrave à votre amour idyllique non ? »
Naruto tenta de décocher son poing dans la mâchoire du démon millénaire. Ce dernier l'évita in extremis. Il attrapa le bras de Naruto et le propulsa sur le sol. Il lui donna un violent coup de pied dans les côtes avant de l'aider à se relever.
« Dommage, mon jinchuuriki, marmonna t'il. Plus de chance la prochaine fois. Que dirais-tu, maintenant que nous avons mis fin à cet échauffourée, d'aller accomplir ta mission ?
- Il y a un petit détail que vous avez oublié, lâcha Naruto les lèvres serrées. Je ne peux pas tuer. »
Juubi se frappa le front avec une mimique qui aurait pu être drôle s'il n'était pas Juubi.
« Mais quel idiot ! J'avais complètement oublié ce détail. Psssss.... Tout une mise en scène à revoir, tout un scénario à réécrire. Je suis mauvais, je suis mauvais. Voilà pourquoi je n'ai jamais été réalisateur de pièce de théâtre. On passe d'une scène à l'autre et j'ai déjà oublié le début. Il va donc falloir improviser. Voilà ce que je te propose. Tu mets Sasuke hors d'état de nuire et tu le ramènes ensuite. Je verrai bien ce que je peux faire pour donner un côté épique à cette histoire. Ça te va comme ça ? - Naruto acquiesça. - Comme c'est dommage. Vraiment. J'avais rêvé d'un combat sur des terres en fusion en train de s'écrouler. Il y aurait des sabres las...»
Naruto n'écoutait plus. Il était parti récupérer Sakura pour la déposer sur son épaule. Il coula un long regard au corps endormi de Temari avant de lâcher un « je-suis-désolé » silencieux.
Il se haïssait pour ce qu'il était en train de faire.
Il commença à s'éloigner sous le regard approbateur de Juubi, avant que ce dernier, mû par une soudaine envie de tester les limites de Naruto, se faufilât derrière lui et apposât ses lèvres sur l'oreille de Naruto.
« Mon très cher, je pense que je te dois quelques explications. Vois-tu, un contrat me lie avec tous les membres de l'Akatsuki, ceux encore en vie bien entendu, et chaque contrat a des termes très spécifiques. Laisse-moi donc très rapidement te parler de celui de Hishiki. Quoique... Non. En fait je vais te parler de l'homme avant de te parler du reste. Bien, pour faire simple, c'est le dernier membre d'un clan aujourd'hui anéanti. Mais à la limite, ça n'a aucune importance. Ce qui est plus marrant, c'est de savoir que c'est un déserteur de Iwa no Kuni. Et ce qui est encore plus drôle, c'est de savoir pour quelles raisons. »
Il marqua une courte pause pour reprendre son souffle et pour faire durer le suspense.
« Le Tsuchikage avait une fille vois-tu. Le fait que j'emploie le passé doit commencer à te mettre sur la piste mais tu n'entrevoies qu'une partie de la vérité. Donc, il avait une fille. Elle devait atteindre les... hum... seize ans je crois. Une très jolie fille par ailleurs si j'en crois les documents dégottés par Ryuusaki. Elle a disparu pendant quelques jours. Tu imagines la situation, branle-bas de combat, le village fouillé de fond en comble
et cetera et cetera puis finalement on l'a retrouvé. Elle était plus morte que vive, souillée et en état de choc.
Où ?es tu en train de te demander. Et bien, elle était planquée dans le placard de Hishiki, bâillonné et ligoté. Je te passe les détails, écoeurant au demeurant. Pour la petite histoire, il faut savoir qu'Hishiki provient d'un clan de dégénéré, ayant... comment dire... quelques difficultés à gérer leurs pulsions sur de longue durée. Et on peut ajouter que mademoiselle la fille du Tsuchikage s'est suicidée quelques temps plus tard. »
Juubi savoura le visage de Naruto, décomposé comme il l'aimait. Il reprit :
« Comment dire ça simplement ? Hishiki est quelqu'un de fondamentalement simplet, avec des envies assez sommaires. Pour tout te dire, il ne m'a demandé qu'une seule chose, un produit pour le moins cocasse quand on sait que j'étais disposé à lui offrir n'importe quoi. Il veut des femmes. À intervalles réguliers cela va sans dire. Cependant, je dois avouer que cela fait quelques temps qu'il n'a pas eu l'occasion de manger une friandise et un plus, Ryuusaki lui a personnellement interdit de toucher aux personnes qu'il doit tuer. À cela s'ajoute la frustration de ne pouvoir toucher à Sakura car sous ma protection et à Himigi évidemment. Je pense que maintenant tu as une vague idée de la frustration qu'il s'apprête à déverser sur la Temari que
tu m'a amenée. »
Il y eut un long silence. Naruto n'osait pas dire un mot.
« Mais je vois que je te ralentis avec ma petite histoire. Je pense qu'il est temps que tu accomplisses ta mission non ? »
Naruto acquiesça et reprit sa marche, d’un pas mal assuré. Il lança un petit coup d'oeil à Sakura. Finalement, il était content qu'elle soit endormie. Car si elle était réveillée, elle lui aurait dit de faire demi-tour, de ne pas se préoccuper d'elle et de faire tout ce qui était en son pouvoir pour sauver Temari. Et Naruto savait qu'il l'aurait écouté.
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La première chose que fit Shikamaru lorsqu'il ouvrit les yeux fut de courir.
Avant de faire le moindre check-up médical, ni même de s'être assuré de sa capacité à marcher, il était debout, enchaînant les foulées.
Son premier pas avait été le plus dur. Il avait ressenti une douleur atroce lui parcourant chaque centimètre carré de son épiderme. Il ne chercha alors pas à imaginer les balafres lui barrant le torse et ses membres.
Pendant quelques secondes, il avait eu un espoir fou que le méian' lui avait soigné ses blessures mais c'était loin d'être le cas.
Il saignait peu mais la seul personne qu'il devait remercier, c'était Himigi et sa défense absolu. Le méian' n'avait rien à voir là-dedans.
Lors de son second pas, il remarqua un cadavre aplati à sa droite. Himigi lui fit alors l'effet d'un chat écrasé comme il en avait déjà vu sur les routes. L'un d'entre eux l'avait marqué par son aspect incongru, similaire à celui d'Himigi. Le corps était completement plat et seule la tête avait conservé sa rondeur initiale. Le contraste était saisissant, très désagréable à entrevoir, encore plus à analyser.
Shikamaru détourna les yeux par dégoût et non par pitié. Elle avait essayé de le tuer, elle était morte, point à la ligne. Il avait perdu l'habitude de se soucier pour ses adversaires depuis longtemps déjà. A partir du moment où un combat était lancé, il pouvait y avoir la mort au bout, tous les ninja le savaient et tous faisait avec. Son combat avec Tayuya avait porté ses fruits.
Si la mort d'Himigi ne l'intéressait guère, par contre il était intrigué par la gigantesque empreinte de pas dans laquelle elle reposait.
Une empreinte de loup ?
Son intellect fit le reste du travail. Seul un démon pouvait laisser une empreinte de cette superficie et le seul démon loup qu'il connaissait était celui envoyé par Kiri. Seule la mort de Yamato permettait d'expliquer sa libération. Et la seule personne ayant suffisamment d'influence sur les démons pour les faire obéir était Juubi.
Par contre un détail lui échappait. Pourquoi est-ce que lui, Shikamaru Nara était encore en vie ?
Sans qu'il ne le veuille vraiment son cerveau surlignât au marqueur jaune les propos d'Himigi :
« Je peux t'assurer qu'elle va mourir. Je ne sais pas dans quelles conditions mais je pense qu'elle sera mieux dans l'autre monde après sa rencontre avec Hishiki.»
Cette phrase raisonna dans son esprit avec force et il n'eut aucun mal à faire le rapprochement.
C'est pour ça que tu veux que je vive. Tu veux t'amuser. Voir si j'arriverai à temps ou voir si je n'aurai que le fait accompli sous les yeux.
Alors qu'il s'était levé sans savoir quoi faire, maintenant il pouvait voir très clairement sa cible.
Il commença à suivre les gigantesques traces et crut pouvoir les suivre avant que, prit un traître par une intense fatigue, il s'effondra.
-¤ 4 ¤-
Leur rencontre avait quelque chose de romantique.
Il pleuvait. Il pleuvait souvent pour leurs retrouvailles ou leurs séparations.
Tous les deux avaient un visage pâle, les traits tirés par la fatigue. Un coup de tonnerre vibra dans le ciel sans explication. Aucun éclair ne s'était montré.
Ils étaient dans une grande clairière clairsemée de quelques arbres. Des saules pleureurs pour la plupart. D'une magnificence à pleurer, l'extrémité de leur rameau caressant le sol avec douceur.
Tous les deux avaient une coiffure inhabituelle. Leurs cheveux habituellement relevés alourdis par l'eau de pluie s'aplatissaient sur leur crâne leur donnant un aspect étrange, presque onirique.
Seul l'un des deux avait du sang sur ses vêtements mais les deux savaient que ce n'était que des vêtements. Leurs coeurs en étaient déjà couverts, à la limite de la noyade.
Ils étaient déjà harassés de fatigue. Avant même de commencer, l'épuisement les avaient sais au ventre.
Ils ne voulaient pas combattre. Auraient préféré ne pas passer par cette extrémité, se serrer dans les bras comme deux personnes perdues de vue depuis longtemps. Comme deux frères aussi.
Elle aurait dû être réveillée pour leur asséner des baffes, pour se plaindre de leur retard avant de les insulter un à un avant de finir par leur frotter amicalement la tête comme elle aimait le faire, leur rappelant par ailleurs qu'ils lui étaient soumis corps et âme.
Ils ne souriaient pas. Ils auraient dû pourtant. C’étaient des retrouvailles, en théorie le point d'orgue d'une séparation, le moment où l'on se laisse emplir par la joie de retrouver les autres, où tous les mauvais souvenirs s'évanouissent. Sauf qu'ils avaient encore de nombreux mauvais souvenirs à créer.
« Tu as maigri, lança Sasuke. On ne te nourrit pas bien à l'Akatsuki ? »
La pique avait quelques choses de factice, d'artificielle. Le jeune Uchiwa lui-même n'avait même pas reconnu sa voix.
Naruto eut un sourire crispé. Il aurait aimé sourire pleinement à la remarque de son rival, pour répliquer à son tour et alors leur rencontre aurait eu des allures de retrouvailles. Il n'y arrivait pas. La longue tirade de Juubi était encore marquée au fer rouge dans son esprit.
Il y eut un long silence. Naruto avait toujours Sakura à l'épaule.
« Tu l'as fait ? demanda Naruto »
Il savait que si Sasuke était devant lui alors il n'y avait pas d'autres solutions. Pourtant, il savait que c'était son rôle d'am... de rival de l'aider à travers cette passe. Nul doute qu'il devait se sentir différent, vidé. Triste.
« Oui. »
La voix de Sasuke était neutre, posée. Aucune fêlure, pas le moindre petit écart dans la voix n'affleurait dans ce mot.
La question de Naruto n'en était pas une, juste une affirmation. La réponse de Sasuke n'en était que plus vide de sens. Pourtant, il fallait qu'il réponde, qu'il donne un écho à ce qui s'était passer quelques temps plus tôt.
À cet instant, Naruto aurait aimé pénétrer les pensées de son ami. Pour essayer d'y lire son desespoir. Mais Sasuke n'avait jamais été facile à cerner. Tous avaient essayé avec plus ou moins de succès selon mais aucun n'avait réussi. Personne n'arrivait à saisir clairement le cheminement de sa pensée. Calme et réfléchi la plupart du temps, il n'en restait pas moins aussi impulsif que Naruto par instants, pour des raisons pas toujours très claires. Anticiper les réactions de l'Uchiwa équivalait à prévoir les tremblement de Terre. Les techniques employées étaient douteuses et d'une efficacité quasi-nulle. La seule chose à faire était de réparer les dégâts après.
Naruto se tut et ne bougea plus, savourant à sa manière leur retrouvaille. Juubi lui avait dit de ramener Sasuke mais il ne lui avait pas donner de limites de temps.
Une minute s'était écoulée en silence, à peine entrecoupée par le clapotis de la pluie s'écrasant sur les feuilles.
Naruto cligna des paupières avec lenteur, s'approcha d'un arbre et y déposa Sakura avec une douceur presque maternelle. Il dégagea une des mèches roses collée à son visage, s'étonna du fait qu'elle n'était pas encore réveillée alors que toute sa gestuelle traduisait un réveil proche : marmonnement, respiration plus saccadée, gestuelle accentuée, léger marmonnement.
Il lança un coup d'oeil inquiet à Sasuke, surpris de ne pas le voir s'approcher vers Sakura, ne serait-ce pour prendre des informations sur son état.
Soit il avait une confiance aveugle en Naruto, soit la mort de son frère l'avait plus affecté qu'il ne le laissait paraître. Ou encore ne s'estimait-il pas digne de s'inquiéter pour elle alors qu'il n'avait pas était capable de la protéger suffisamment.
Le blondinet se releva, ses genoux craquèrent.
« Tu crois au destin ? lança t'il d'une voix posé »
Cette fois ci, ce fut Sasuke qui lui décocha un drôle de regard. C'était la première fois que Naruto abordait un sujet aussi personnel.
Le destin
Il s'agissait de la dernière interrogation que Sasuke s'attendait à voir poindre dans l'esprit de Naruto. Quelqu'un ayant renié ce concept tout entier si souvent, une personne si indépendante par ces actes et sa façon de pensée, il était inconcevable de penser qu'elle ne puisse n'être qu'un pantin que l'on a remonté à sa naissance pour suivre des rails préconçu. Naruto
ne pouvait,
ne devait appartenir au destin. C'était inconcevable. Cependant une étrange idée germa dans l'esprit de Sasuke, Celle d'une petite locomotive posé sur des rails défectueux et pouvant sortir de son destin à n'importe quel moment.
Est-ce que sortir de son destin, ou la non-destiné peut être considéré comme un destin à part entière ?
Il n'avait pas la réponse. Par ailleurs, il s'en fichait éperdument. Il s'était déjà posé cette question maintes et maintes fois. Non le destin n'existait pas. Il devait être libre de choisir. Sinon leur histoire n'avait aucun sens. Et quelque part, il trouvait cette idée de non-sens encore plus dérangeante que celle de la liberté absolue dont il jouissait.
" Non je n'y crois pas. Je me refuse d'y croire. Car si le destin existe alors nous ne sommes responsables de rien. Tout ce que nous entreprenons est vide. »
Naruto acquiesça.
« J'y ai beaucoup réfléchi alors que j'étais chez Juubi. Et je suis d'accord avec toi. En partie tout du moins. Certes personne ne contrôle nos actes, nous ne suivons pas une voie tracée en pointillé. Pourtant, je me demande, lorsque je nous regarde, je ne peux m'empêcher d'y voir une certaine répétition. Toujours les mêmes situations, toujours les mêmes adversaires...
- Ce n'est pas le destin qui décide de ça. C'est l'Homme. Et l'Homme ne change pas. Donc les situations ne peuvent que se répéter.
- Donc nous sommes les seuls responsables si nous nous affrontons dès que l'occasion se présente ? »
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« Comment va-t-il ? lança Lee d'une voix se voulant dure mais ne pouvant cacher une pointe d'inquiétude.»
Toujours aussi nulle pour cacher ses émotions à ce que je vois persifla Ino en son for intérieur,
« Ino ! aboya Lee »
Elle regarda ses mains alors entourées d'une aura bleuté et s'aperçut qu'elle avait manqué de faire cicatriser de la peau sur le tissu. Elle marmonna un merde d'une élégance peu commune et reporta son attention sur son travail de soin.
À sa grande joie, sa bourde n'avait eu aucune incidence sur le processus de cicatrisation et les plaies sanguinolentes se refermer peu à peu.
« Pour répondre à ta question, commença-t'elle, il ne va pas bien. Il a perdu du sang. Beaucoup. Son chakra est à un seuil critique. Et son corps l'impression d'avoir souffert d'un traumatisme violent que je n'arrive pas à expliquer. »
Elle se tut et effectua quelques rectifications dans son travail pour limiter les cicatrices et les infections.
Tsunade avait demandé au trois juunin de partir en reconnaissance. L'apparition d'un gigantesque démon avait provoqué une énorme agitation dans l'armée de Konoha dont le seul précédent était l'attaque de Kyubi un peu moins de vingt ans auparavant. La guerre n'avait même pas officiellement pris fin, la signature du traité officiel (l'officieux étant sur la table du bureau de la Godaime mais il y manquait la signature d'Orochimaru, dont l'absence était de plus en plus troublante. Tsunade s'était tu sur le sujet tout comme sur la disparition de Jiraya) devrait attendre que les remous politiques que connaissait Suna se tasse un peu, ce qui prendrait quelques jours, leur laissant à charge un certain nombres de Juunin ennemi.
Les quelques rares ninja toujours en vie et ayant affronté Kyubi affichait des visages résignés.
Tsunade avait estimé que pour le moment, mieux valait réaliser une collecte d'information. Une attaque à ce stade serait prématurée et dangereuse. D'abord il fallait conclure la guerre quitte à enchaîner avec une alliance de tous les partis déjà sur place pour réduire à néant la menace Juubi. De toute façon, elle avait déjà convaincu le conseil que le village de Konoha n'était pas un point névralgique en soi et que s'il fallait le sacrifier, alors elle le ferait en déroulant le tapis rouge à ses ennemis.
Shino, Ino et Lee s'étaient portés volontaires. Kiba quant à lui avait préféré s'occuper de la sécurité du quartier Sud de Konoha qui, comme par hasard, incluait le domaine des Hyuuga.
Même si Hiaishi Hyuuga faisait preuve d'une ouverture rare pour un Hyuuga, il n'était pas très friand de la relation entre le jeune Inuzuka et sa fille aînée. Voire carrément opposé...
De plus, la disparition de Neji avait affecté le chef du clan Hyuuga. Beaucoup plus durement qu'il n'avait pu l'afficher. Il pleurait la mort d'un neveu mais aussi celle l'homme idéal pour réconcilier la Bunke et la Soke, processus que Hiashi avait entrepris depuis plusieurs années déjà, par petite touche pour ne pas brusquer les habitudes. Tout d'abord, il avait commencé par introduire Neji dans le conseil, à titre de consultant et donc sans pouvoir de décision mais c'était le premier pas. Cela n'avait pas été bien difficile car le juunin jouissait d'une excellente réputation si l'on écartait son aventure avec une Extérieure. Plus tard, il aurait dû accéder à un pouvoir de décision relatif et petit à petit, la Bunke aurait gagné en importance. Une fois l'ancienne génération du conseil décédée, et la nouvelle habituée à l'essor de l'influence de la Bunke et avec l'aide de ses filles alors au pouvoir, la Bunke aurait fini par se libérer. La mort de Neji mettait un coup de frein gigantesque à cette entreprise. Il faudrait longtemps avant de retrouver un membre de la Bunke faisant la quasi-unanimité au conseil sans pour autant courber l'échine trop facilement.
Cette nouvelle ne l'avait pas vraiment mis en condition pour apprendre que sa fille fréquentait un Extérieur. Cela ne pouvait que faire baisser l'influence déjà basse de son aînée et la rendre moins apte pour aider à la transition.
Dès lors, Kiba faisait tout pour s'attirer les bonnes grâces du père d'Hinata, ce qui expliquait sa non-participation à la mission.
La personne au pied d'Ino commença à s'agiter, la forçant à s'accroupir pour le calmer.
"Calme-toi... marmonna t'elle. J'ai cicatrisé une bonne partie de tes blessures mais ton organisme n'a pas encore remplacé tout le sang que tu as perdu. Pour le moment, tout ce que tu gagnerais à te lever, ce serait des vertiges et des évanouissements. »
Shikamaru mit quelques secondes à reconnaître la voix d'Ino. Cependant, cela ne l'empêcha pas d'en ignorer sciemment le sens et tenta quand même de se lever. Il fut accueilli par le plat de la main d'Ino qui le repoussa sur le sol.
« T'as pas écouté ce que je viens de te dire. Tu es tout sauf en état de te lever."
Shikamaru articula quelque chose mais Ino ne parvint à en saisir le sens. Elle colla son oreille à ses lèvres.
« Pas le temps de roupiller... Temari...»
Elle fronça les sourcils. C'était un simple réflexe dont le déclencheur s'avérait être le nom Temari. Elle n'avait jamais apprécié la petite amie de son camarade. Quoique... Ne pas apprécier est un terme trop loin de la vérité. Elle la détestait. Elle la trouvait dominatrice, vulgaire et d'une violence rarement atteinte par une femme. Elle ne pouvait pas comprendre ce qu'il lui trouvait, ni pourquoi il était si souriant depuis qu'il la fréquentait.
« Quoi Temari ? répéta Ino
- Vont la tuer...
- Qui va la tuer ?
- Akatsuki. »
Elle posa ses yeux sur Shino, dans l'espoir d'y lire une quelconque remarque. En vain. Shino restait impassible, la laissant patauger avec un Shikamaru délirant.
À la réflexion, elle détestait aussi Shino.
« Calme toi... Pourquoi l'Akatsuki voudrait s'en prendre à Temari. Ça n'a pas de sens. »
Il ne répondit pas. Et que pouvait-il dire ? Que c'était à cause d'un jeu mis en place par Juubi ayant pour participant lui et Temari ? Il était déjà bien en peine de le croire alors avant que les autres accordent crédits à ses mots. De plus, il n'était même pas certain qu'elle avait été kidnappé. Il ne se basait que sur les assertassions d'une psychopathe découpeuse de cadavre et sur le fait que Juubi semblait lui avoir laissé la vie sauve. Cette fois-ci, ce n'était pas un implacable raisonnement qui lui permettait à cette conclusion mais ces tripes qui le lui hurlait de tout leur soûl.
« Je le sais... articula t'il dans un murmure avant de ressombrer dans un semi-sommeil. »
Ino acquiesça et, estimant qu'il ne menaçait pas de braver son interdiction de se lever, elle se releva pour discuter avec Shino.
« Qu'est-ce qu'on fait pour Temari ? demanda t'elle »
Shino, les sourcils froncésne répondit pas.
« On ne fait rien, répliqua Lee. »
Elle se retourna pour lui faire face.
« Pardon ?
- Que l'information soit véridique ou pas, on ne fait rien. Ça ne rentre pas dans notre mission. Et je n'irai pas risquer ma vie pour l'un des ninja de l'ennemi. »
“Un ninja de l'ennemi” avait un sens plus large dans l'esprit de Lee. Il sous-tendait “Un ninja du pays qui a tué Neji.”
« Qu'est-ce que tu es en train de dire Lee ? gronda Ino. Que même si on croise Temari, on la laisse au main de l'Akatsuki ? On ne fera rien pour l'aider ? C'est ça que tu veux dire ?
- C'est parfaitement ce que je suis en train de dire. La mission passe avant tout. »
Il y eut un silence. Ino fixait Lee dans le blanc des yeux avec une étrange expression duquel affleurait un mélange de surprise et de colère.
« Ça ne te ressemble pas Lee. Où est passé le Lee qui sauve les autres avant de penser à lui ? Depuis quand suis tu les préceptes ninja à la lettre ? »
Lee ne répondit pas dans l'immédiat. Il fixait Ino d'un regard que l'on qualifierait de mauvais si la bonhomie de Lee n'était pas connu de tous.
Il avait changé du tout au tout depuis la découverte du corps quasi sans vie de Tenten. Shikamaru aurait pu en témoigner.
Jamais il ne s'était senti si vide. La joie, l'envie de se surpasser, le plaisir de ses entraînements sans fin, tout avait disparu, remplacé par une éponge à émotion ayant pris place dans le creux de son ventre et se chargeant au fil des heures, son poids allant en croissant au gré des tic-tac. Cette éponge lui faisait mal, le rendait nauséeux à chacun de ses pas.
Il aurait aimé dire qu'il était en colère, couvert de haine mais ça n'aurait été qu'un mensonge. Seul le désespoir, l'envie d'en finir l'aidait à se mouvoir. Par moment, sans trop savoir pourquoi, il était pris d'un accès de frayeur qui se muait bien vite en colère pour s'évanouir aussitôt.
À cet instant, il se serait damné, aurait tué toutes les personnes présenter pour pouvoir revoir son équipe au complet. Ce n'était pas le Lee de d'habitude et il ne savait pas comment en sortir.
Lee avait l'impression de s'être perdu.
Il continua de fixer Ino, le regard vide. Sans crier gare, le plat d'une main s'abattit sur sa joue. Elle lui laissa une marque mordante sur sa joue et un filet de sang s'insinua dans sa bouche.
Il n'avait pas eu mal. Tout juste une petite impulsion électrique était parvenu à son cerveau, lui signalant le mouvement. Dire qu'il avait mal alors que tous les soirs, il rentrait des entraînements avec chacun de ses muscles distordus hurlant à chaque mouvement serait de la pure mauvaise foi.
Pourtant, cette baffe lui avait mal d'une certaine façon qu'il n'osait pas admettre.
Deux mains virent le saisir au niveau du col. Il s'en dégagea du dos de la main, d'un air signifiant «laisse moi tranquille.» Ça aurait dû suffire. Ça avait suffi avec toutes les personnes qu'il avait croisées. D'aucun n'avait osé insister, de le pousser à bout. Le temps manquant, il manquait toujours chez les ninja, rare osait s'attaquer aux cicatrices des autres, de peur que l'on ne s'occupe des siennes.
Chacun portait le deuil à sa façon et nul n'avait le droit de venir s'y immiscer.
Ino n'était pas de cet avis. Elle reprit Lee par les vêtements et le cala contre un arbre. Le geste était violent. Elle ne s'y serait pas pris autrement si elle avait voulu le blesser. Elle leva le bras et lui asséna une gifle, suivie d'une autre, suivie d'une autre, suivie d'une autre...
Elle s'arrêta quelques secondes et s'apprêtait à recommencer lorsque Shino le saisit par le bras.
« L'heure n'est pas au conflit interne, posa t'il. »
Ino l'ignora, dégagea son bras et affirma sa prise sur Lee.
« Tu crois être le seul à souffrir Lee ? tu crois être le seul à avoir perdu quelqu'un ?! »
Sa voix s'éteignit. S'en suit un silence à peine entrecoupé par l'orage.
« J'ai perdu Choji. Bordel Choji est mort. On a retrouvé son... - Sa voix se crispa comme des doigts sur une vitre - bouffé par les insectes. Et tu crois que j'ai eu le droit d'en parler ? De partager ma peine avec Shika ? Non ! Maître Asuma et moi n'avons pas eu le droit de lui faire part de la nouvelle. Ordre de l'hokage. Il ne faut pas le perturber il paraît. Tu ne peux savoir combien de fois j'ai été sur le point de tout lui dire, alors que je le voyais comme si de rien était au détour d'un couloir, le nombre de fois que j'ai commencé une phrase avant de conclure par un «non rien »à peine convaincant et de conclure par un grand sourire qui l'était un peu plus. Et maintenant regarde le ! ( Elle tendit un doigt en direction du corps comateux de Shikamaru) Tu crois que ça me fais plaisir de le voir comme ça ?! (Des larmes de fureur se mêlèrent à l'eau ruisselant sur son visage) Dis moi Lee, regarde moi ! Tu penses vraiment être le seul à souffrir de cette putain de guerre ?! Tu penses être le seul à perdre des compagnons d'une vie ?! »
Lee ne la regardait pas, fixant ses pieds avec entêtement. Il ne répondit pas non plus, se dégagea plus violemment qu'il ne l'aurait voulu, expulsant Ino fesses sur le sol.
Elle se releva et voulut bondir en direction de Lee. Cependant, Shino s'interposa et le retint avec plus de vigueur.
« On a plus le temps pour vos enfantillages. Vous réglerez vos comptes après. C'est compris ? »
Ino l'ignora et tenta de se dérober à sa prise sans y parvenir.
« C'est compris ? répéta t'il sans hausser le ton mais avec quelques insectes commençant à remonter sur son visage »
Elle le fixa longuement avant d’acquiescer.
« Bien, reprit Shino. Lee, prends Shikamaru sur ton dos. Il vient avec nous. On ne peut pas le laisser seul dans cet état et même s'il est difficilement apte à combattre, une fois réveillé, son intellect pourrait se révéler utile. »
Ils s'en allèrent.
-¤ 6 ¤-
Parler de combat pour décrire l'affrontement entre Sasuke et Naruto serait admettre que Sasuke avait une chance. Ce qui n'était pas le cas.
Il était communément admis par tous les ninja de Konoha que Sasuke et Naruto possédaient un niveau équivalent, et ce malgré leur style antagoniste.
Naruto était la force, Sasuke la technique. Pourtant, il n'était pas question de parler d'un quelconque Pierre-Papier-Ciseau, où l'un dominait l'autre avec aisance. Si l'on voulait rester dans les métaphores de jeu, on aurait dit qu'ils étaient pierre et pierre. Dans le fond, il sortait du même moule. Tous deux avaient goûté le sang avant le lait.
Sasuke n'avait aucune chance et il le savait pertinemment. Dans le fond, cela l'attristait. Il aurait aimé affronter Naruto dans des conditions valables. Là il se sentait entièrement vide. Plus de chakra d'adrénaline, de sucre. Tout lui avait été arraché à la mort de son frère. Non pas qu'il regrettait quoique se soit, ni même qu’il pensait ce fratricide allait le dépouiller de son avenir. Il avait réussi à voir plus loin. La mort de son frère s'était mué en une étape, glauque au possible, et n'était plus une fin en soi. Il avait d'autres objectifs à accomplir. Il n'était plus dénué d'avenir. Pourtant, cet événement l’avait affecté durement. Et il en ressentait le contre-coup.
Le poing de Naruto percuta son menton. Son adversaire était plein de vitalité et lui, le génie Uchiwa ne pouvait rien faire. Il s'écrasa dans la boue avec fracas. Il resta au sol, fixant le ciel noir et la pluie qui tombait.
Comment tout cela allait finir ? Il n'en avait pas la moindre idée. La fin dont il rêvait lui paraissait bien loin. Il savait qu'il devrait cesser de se faire de douces et amères illusions pour se concentrer sur la réalité.
Il se releva, essuyant la boue collée à son visage. Une fatigue colossale s'écrasa sur ses épaules. Elle était aussi bien mentale que physique. Son combat avec son frère lui avait laissé des traces mais plus que ça, il était écoeuré des combats. L'excitation des premières minutes s'était évanoui bien vite.
Naruto, qui une seconde se trouvait à cinq mètres de là, apparut sous ses yeux et saisit par le col. Sasuke tenta, plus pour la forme qu'autre chose, de se dépêtrer mais son vieil ami ne lui en laissa pas l'occasion et cette fois-ci, ce fut un cerisier qui le cueillit en plein vol.
Mal. Il avait mal. Il s'écroula de tout son flan le long de l'arbre.
Avant même d'avoir le temps de se relever, Naruto lui saisit le bras droit, le passa derrière son dos, cala son pied sur son omoplate et tira d'un coup sec.
Avec une acuité désespérante, Sasuke sentit son bras sortir de son axe, entraînant avec lui quelques ligaments dont il ignorait l'existence mais dont il était persuadé qu'ils étaient très bien à leur place.
Si Sasuke avait jamais eu un semblant de chance, elle venait de s'évanouir. Un bras en moins signifiait pas de signe donc pas de techniques et son taijutsu se voyait réduit de soixante-quinze pour cent.
Comme pour cristalliser son raisonnement, Naruto posa d'une d'une voix simple :
« C'est game over Sasuke. »
Par réflexe, il acquiesça. Quel pitoyable combat il venait de livrer. Il aurait mieux valu qu'il se déboîte lui même l'épaule dès le début pour ce que ça aurait changé.
Ce n'était pas le combat qu'il avait souhaité. Il aimait les combats avec son alter-égo, point d'orgue de leur amitié et rivalité. Rivalité autoproclamée par Naruto et à laquelle il n'avait adhéré que tacitement. Cette fois-ci, cela avait tout l'air d'un pétard mouillé.
Cherchant probablement un quelconque réconfort, il posa son regard sur l'arbre accueillant la Belle au bois dormant.
Sauf qu'il ne la vit pas.
Oubliant l'espace d'une seconde la douleur lui déchirant le bras et le goût terreux de la boue, il focalisa ses pensées sur cette incohérence, s'assurant que ce n'était pas sa vue qui le trompait. Il devait se rendre à l'évidence, il n'y avait l'ombre d'un cheveux rose.
Soudain au dessus de lui, alors que Naruto empoignait son bras encore valide, il entendit un ponk sonore.
Ponk ?
Il sentit son bras être entraîné un temps par Naruto, la douleur prit des proportions inouïes et il sentit tous les plombs de son cerveau lacher avant de perdre conscience, puis Naruto le lâcha. Ou plutôt, n'eut d'autre choix que de le lacher, propulsait par un coup d'une violence inouïe.
Naruto, projetait en l'air, réussit à rétablir sa position pour retomber sur ses pattes. Il savait qui l'avait frappé. Une telle puissance ne pouvait avoir qu'une origine et ce fut avec un petit sourire qu'il posa son regard sur Sakura.
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Quelque chose de surprenant pour la majorité des humains est la facilité avec laquelle la nature reprend ses droits.
Konoha avait subi trois guerres inter-village, des dévastions consécutives à l'attaque de bijuu et un nombre incalculable de catastrophes diverses, passant d'un gennin s'entraînant au katon sans avoir à proximité une personne capable d'éteindre un début d'incendie à un astéroïde ayant quitté son espace natal pour menacer Konoha de destructions pur et simple.
Pourtant, malgré un acharnement quasi-divin, la forêt s'était toujours relevée, les animaux et autres êtres mystiques la arpentant ne l'avaient jamais quittée pour des terres plus clémentes. Ce qui expliquait sans difficulté la présence d'une grive dans le ciel.
Pourtant, Juubi l'abattit en plein vol, armant ses doigts comme le canon d'un pistolet et lâchant une simple masse rougeâtre qui partit s'échouer sur le flan gauche de l'animal.
Le démon eut un petit sourire narquois et abaissa sa main. Il la fixa pendant quelques secondes, aperçut de la cendre incrustée dans ses ongles (
Des restes du ninja qui contrôle les démons probablement ) et acheva de les nettoyer avec une brindille.
Une seconde plus tard, l'oiseau s'écroula à ses pieds, encore en vie mais les os en miette.
Juubi se demanda ce qu'il allait en faire en se caressant la barbe, conclut que c'était comestible et décida de le manger. Il le saisit par la patte, le regarde se débattre et l'engouffra dans sa bouche avant de croquer dans sa chair avec délectation.
Derrière lui, une voix s'éleva, si un ton où se mêlaient la joie et l'excitation.
« Vous pourriez faire moins de bruit lorsque vous mangez ? Y'en qui réfléchisse. »
Juubi se retourna, s'arrêta d'abord sur un Hishiki torse nu et envisageant d'enlever le reste puis sur la dénommée Temari, allongée sur le sol, encore inconsciente.
À quelques kilomètres de là, Ino était en état de choc.
Shino venait de la rattraper in extremis avant qu'elle ne s'écroule et il l'avait adossée contre un arbre. Là, elle avait ramené ces genoux contre son torse et avait commencé à sangloter, hoquetant chaotiquement .
Il avait tenté de lui demander ce qui n'allait pas mais avait été incapable de lui arracher la moindre parole cohérente.
Il a dû se passer quelque chose pendant qu'elle contrôlait l'oiseau.
Il avait toujours trouvé la technique des Yamanaka d'une efficacité imparable, tant au niveau de l'infiltration qu'au niveau des combats où elle pouvait mettre un adversaire hors d'état de nuire sans porter atteinte à son intégrité physique.
D'un autre côté, les contre-parties étaient effroyables. Certaines étaient physiques, comme la réciprocité des blessures voire de la mort mais d'autres affectaient directement la santé mentale des utilisateurs.
Un jour, alors qu'elle s'était confiée à lui le temps d'un verre (comme la quasi-totalité des kunoïchi de Konoha. Aucune ne semblait le considérer comme un amant potentiel au grand dam de son paternel qui attendait qu'il trouve une épouse.) lui avait avoué être terrorisé chaque fois qu'elle pénétrait l'esprit d'un ninja.
Dans quoi allait-elle arrivé ? Un esprit sain ? Une personnalité fragmentée ? Un psychopathe assoiffé de sang ?
Chaque hôte laissait sur elle des résidus de leur personnalité, de leur névrose.
Il lui était impossible d'en faire abstraction car il lui fallait ouvrir son esprit au maximum pour pouvoir se servir de son jutsu.
Ces informations avaient beau être intéressantes, elle n'expliquait pas l'état dans lequel se trouvait Ino.
Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai jamais entendu parler d'un oiseau névrosé. Pour un chat, je me serai posé la question un temps mais pour une grive ?
« Des images... marmonna Ino entre deux sanglots »
Lee fit mine de déposer Shikamaru, encore inconscient mais retint son geste.
Que voulait-il faire ? Serrer Ino dans ses bras ? Ils étaient à quelques kilomètres de l'ennemi, pouvait être attaqué à chaque instant par un démon millénaire et un autre à peine plus jeune et la première chose qui lui venait à l'esprit, c'était de faire un câlin à Ino. Il devait être complètement timbré.
Pourtant, plus, il la regardait, son corps soubresautant ératiquement, plus il la trouvait misérable. Plus il se trouvait misérable, en train d'hésiter sur la marche à suivre. Depuis quand faisait-il parti des gens qui réfléchisse. Son maître n'avait-il pas cesser de lui répétait qu'il prenait sa force dans ses réactions réflexes ?
Il lança un regard à Shino, le vit sérieux comme à son habitude. Il n'était pas le genre d'homme à serrer quelqu'un parce qu'il en avait besoin. En plus, qui voudrait être serré par un homme empli d'insectes ? Par ce fait même, les contacts humains seraient toujours réduits à leur strict minimum.
Il déposa Shikamaru, s'accroupit à côté d'Ino, ouvrit ses bras et l'enserra. Elle répondit en le serrant très fort, ses doigts s'enfonçant dans sa combinaison.
Ils restèrent comme ça pendant de longues minutes , attendant que la peur s'évanouisse, comme lavée par la pluie.
Lee se sentait bien dans cette position, l'éponge lui servant d'entrailles lui donnant de s'essorer au gré des tic-tacs.
« Ça va mieux ? marmonna Lee »
Ino hocha la tête.
« Que s'est il passé ? demanda Shino »
Ino ramena ses genoux contre sa poitrine. Elle sanglotait encore un peu mais parvint à articuler d'une voix audible :
« Je venais de... hic... repérer Juubi, Temari et... hic... un autre. A ce moment là, Juubi... hic... a regarder dans ma direction et... hic... un truc rouge m'a percuté de plein fouet... Et là... »
Là, elle avait vu des images, une succession d'image dont elle n'avait pas très bien compris la teneur comme si son cerveau essayait de la protéger. Elle avait juste compris que c'était des choses horribles qui arrivaient à elle et toutes les personnes auxquelles elle tenait. Elle avait cru ne jamais pouvoir quitter son hôte et être condamnée à voir encore et encore les mêmes images jusqu'à ce que son cerveau ne parvienne plus à la protéger et qu'elle soit obligée d'en saisir la teneur.
« Bien, dit Shino. Au moins on connaît avec certitude la position de nos ennemis. »
Même si un loup de quinze mètres de haut est un bon repère visuel, rien ne leur assurait que Juubi et les autres étaient à proximité et que le loup n'était pas un leurre. La technique de repérage d'Ino aurait dû leur permettre d'avoir confirmation sans être repéré mais ce n'était pas le cas. Leur mission officiel venait de prendre fin et ils auraient s'arrêter pour rentrer faire un rapport. Ce n'était pas aussi simple.
« Bon, maintenant, il nous faut un plan. »
Mieux qu'un plan, c'était un miracle qu'il leur fallait s'il voulait récupérer Temari.
Un vague bruit de déglutition parvint à Shino. Il se retourna et aperçut Shikamaru en train de prendre appui sur un arbre pour se redresser.
« Temari... Temari va bien ? »
Ces trois mots firent l'effet sur Ino, la sortant de sa torpeur. Elle fit un rapprochement glauque entre l'homme torse nu et la Temari inconsciente, recoupement dont elle n'allait pas faire part. Aussi se contenta t'elle d'un « Elle est évanouie. »
Shikamaru acquiesça et marmonna :
« J'ai un plan complètement fou qui peut marcher. »
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« Qu'est ce que tu fais Sakura ? demanda Naruto en s'essuyant le sang coulant le long de ses lèvres
- À ton avis triple idiot ? Je remets en place l'épaule de Sasuke que tu t'es obstiné à déboîter. »
C'était effectivement ce qu'elle était en train de faire. Après avoir violemment frappé Naruto, elle s'était précipitée en direction de Sasuke et avait saisi son bras.
Elle ignora ses grognements et tira d'un coup sec. Il résonna un bruit horrible, semblable à à bouchon de champagne, quoique un peu plus grave et le bras retombât sur le sol.
« Arrête Sakura, murmura Naruto dans le creux de son oreille, saisissant son poignet. »
Il avait réduit la distance les séparant en un clignement d'oeil. Les empreintes sur la boue, à peine visible tant son déplacement avait été rapide, était la seule preuve qu'il ne s'était pas transporté.
« Je ne dois pas le tuer, reprit-il, seulement le rendre inapte au combat.
- Pour me protéger n'est-ce pas ? »
Il acquiesça.
« Pour te protéger. »
Une violente douleur irradia le côté gauche de son visage et il se sentit décollé.
Bizarrement, le choc avait été moins violent que qu'il ne l'avait imaginé. Ce n'était pas un coup de poing comme le premier, purement offensif. Celui-là était exaspéré, énervé mais au fond, non-violent. Juste une manière peu élégante de lui dire de la lâcher avec ces conneries. Le coup de poing habituel en somme. Sauf qu'à ses yeux, c'était tout sauf des conneries.
Il se releva encore une fois, essuyant le torrent de sang coulant de son arcade sourcilière.
Sakura avait apposé ses mains sur l'épaule de Sasuke pour aider les ligaments à reprendre leur forme initiale.
Cette fois-ci, Naruto ne courra pas. Il savait inutile de chercher à employer la force. Au lieu de ça, il s'approchait à pas léger.
Il finit par réduire la distance, presque timidement et posa sa main sur l'épaule de Sakura avec maladresse.
« Sakura arrête. C'est inutile. Quoique tu fasses je le déferais. Je n'ai pas le choix. »
Il vit la tête de Sakura s'affaissait. La lueur de ses mains disparut et son poing se serra.
Naruto se prépara à esquiver l'attaque mais ce ne fut pas de quoi il était question.
« Pendant combien de temps Naruto ? Pendant combien vas-tu te voiler la face ?
- Me voiler la face ? Mais... Mais de quoi est-ce que tu parles ? »
Elle ne répondit pas tout de suite. Elle posa sa propre main sur celle de Naruto.
« De moi. Pense-tu réellement que Juubi à l'intention de me laisser vivre, de me garder
ad vitae eternam ? Il joue. Avec toi, avec moi. Il t'humilie, ils vous humilient toi et ton démon, vous forçant à porter des vêtements aux armes de l'Akatsuki. Il s'amuse de tes réactions, t'envoie affronter ton meilleur ami, ton village. Et quand il aura fini de s'amuser, il fera ce que font tous les enfants avec leur jouets usés. Il les cassera, les mettra à la poubelle et ira en acheter d'autre.
- Non ! s'exclama Naruto. Il y'a le contrat qu'on a fait. Il ne peut pas le briser et il le sait. S'il fait quoique ce soit à ton encontre, il sera scellé. Il ne peut pas t'attaquer. »
Un silence.
« Pour me tuer, commença Sakura, il suffit qu'il te demande quelque chose que tu ne peux pas réaliser. Par exemple, attraper une dizaine de lapin en moins de quinze secondes. Ce ne sont pas les exemples qui manque. Ou, encore plus simple, il te tue, le contrat devient caduc et je suis à sa merci. Les failles sont trop nombreuses et il n'aura aucun scrupule à les utiliser. Et contre ça, tu n'as aucun moyen de me protéger. »
Il y eut un nouveau silence, plus lourd de sens. Elle lâcha Naruto, reprit son travail de medic-nin, s'occupant des nombreuses autres plaies que Sasuke avait héritées de son combat précédent.
Sasuke était encore évanoui. Etrange fatalité qui voulait que depuis quelques temps l'un d'entre eux soit toujours absent.
Derrière elle, elle savait que se tenait un Naruto mortifié, détruit par sa courte tirade. Elle venait de réduire à néant ses espoirs, espoir qui n'avait pu naître que par son caractère naïf et sa propension incurable à ne voir que le bien chez les autres, deux traits de caractères qui faisaient de Naruto un pitoyable ninja et un homme formidable. Ces deux mêmes traits de caractères qui avaient réussi à sortir Sasuke des ténèbres. Et enfin, ces deux mêmes traits qui venaient de le plongeait dans un désespoir qu'il ne méritait pas.
Un bruit sourd parvint à ses oreilles. Elle n'eut pas besoin de se retourner pour comprendre que Naruto venait de frapper un arbre. Ill y en eut un un deuxième, ponctué par un merde lâché entre des dents serrées.
Elle aurait dû le lui dire avant sans pouvoir s'y résoudre.
Un craquement puissant s'éleva. Elle crut d'abord à l'orage avant de comprendre qu'un arbre venait de s'effondrer. Elle se retourna et vit la main de Naruto en sang, des tendons sectionnés et des os affleurant par endroit. Elle allait se lever pour aller soigner de l'imbécile destructeur d'arbre mais à peine sa décision fut prise que déjà il était en train de régénérer.
Il se laissa glisser le long d'un arbre. Ses lèvres étaient bleues et pincées, son regard tendu vers l'horizon.
Il tentait désespérément de joindre Kyubi, d'avoir quelqu'un lui assurant qu'il pouvait faire quelque chose mais elle restait sourde à ses appels.
Sakura vint s'asseoir à côté de lui. Elle mourait d'envie de le serrer dans ses bras mais savait que si elle faisait ça, Naruto n'arriverait pas à se relever.
« On fait quoi maintenant ? »
Elle secoua la tête.
« Je ne sais pas. »
La pluie tombait drue.
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Ino déglutit péniblement alors qu'elle tendait une pilule de ninja à Shikamaru. Le plan du Nara était brillant. Complètement barré et dangereux mais brillant.
Il ne reposait que sur du vent, quelques images qu'elle avait aperçu depuis l'oiseau, les insectes de Shino assurant qu'il n'y avait que trois personnes, sur la possibilité que Shikamaru puisse user de son jutsu sans y laisser la vie et c'était tout.
Le potentiel destructeur du Gobi et de Juubi n'était même pas pris en ligne de compte. Seul comptait la récupération de Temari et leur fuite.
Ce qui évidemment t'exclut, n'est-ce pas Shika ? Les autres font semblant de ne pas l'avoir remarqué mais moi je le sais. Et n'espère pas une seconde que je vais te laisser tomber.
À ce moment, elle avait fermement ancré sa décision. Qu'il le veuille ou non, Shika rentrerait avec Temari.
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« On doit pouvoir faire quelque chose, marmonna Naruto. »
Sakura secoua la tête.
« Il n'y a rien à faire. On le sait tous les deux, il n'y aucun échappatoire. »
Le visage de Naruto s'illumina.
« Et si on partait tous les trois ? Aucun risque que Juubi ne puisse se servir du contrat étant donné qu'il ne m'a pas donné de limite de temps. »
Cette suggestion avait été faite avec une telle naïveté enfantine, une telle envie d'y croire alors que dans le ton, on percevait déjà un désespoir naissant, que Sakura sentit les larmes monter.
Elle le prit dans ses bras et le trouva gelé. Son corps était comme parcouru de mille frisson.
« On ne peut pas non plus car sinon, qui reste-t'il pour arrêter Juubi ? »
Naruto eut envie de répliquer quelque chose ayant traits à un monde qu'il ne voulait pas aider à ce prix. Il faillit le faire mais se retint. Il ne pouvait pas dire ça. Ce serait un mensonge. Jamais il ne pourrait se poser en sachant qu'il avait abandonné Konoha. Ce faisant, il se serait renié tout entier, aura renié la volonté de Gaara mort pour lui. Il ne pourrait jamais se le pardonner.
« Qu'est ce que tu as avec cette tronche d'ahuri ? s'éleva une voix derrière lui »
Sasuke... Il avait repris quelques couleurs depuis son précédent combat, même si son teint restait maladif. Sa main gauche était posée sur son épaule droite. Il n'avait plus mal, Sakura était l'une des meilleur médic-nin du monde, mais ne semblait comme pas convaincu de l'absence de douleur, comme si elle s'apprêtait à bondir au prochain tournant.
Sakura et Naruto ne l'avaient pas entendu venir. Ce fut avec un teint un brin honteux que Sakura relâcha Naruto.
S'il y avait bien une chose qu'ils n'avaient pas envisagée, c'était sur la façon de dire à Sasuke qu'ils avaient passée une nuit ensemble. Officiellement, Sasuke était fiancé à Sakura, et même si l'officiel était du vent, un coup d'oeil à l'Uchiwa suffisait de s'assurer que ça ne serait pas du vent pour longtemps.
En plus, les Uchiwa sont vachement possessifs.
Un simple contact oculaire entre Sakura et Naruto leur suffit pour déterminer leur ligne de conduite : le silence. Pour le moment tout du moins. Il y avait suffisamment de soucis à régler avant d'en ajouter d'autres.
Sasuke s'accroupit pour se mettre au même niveau que ses deux amis puis s'assit.
Il n'enserra pas Sakura dans des retrouvailles larmoyantes, ne fit pas le moindre commentaire sur son combat avorté avec Naruto.
L'heure n'était pas aux remarques ni aux retrouvailles. Même si en cherchant bien dans son âme, on se serait rendu compte qu'à cet instant, il était tiraillé entre l'envie de saisir Sakura et son entêtement maladif à estimer qu'il ne la méritait pas, rien n'était visible en surface. Il avait appris à compartimenter ses émotions et même si les joints lâchaient dans certaines conditions, ce n'était pas le cas en ce moment. La réflexion devait primer sur l'émotion sinon Sakura allait mourir.
Il s'éclaircit la gorge, se rendit compte que Sakura et Naruto attendaient ses instructions. Pendant quelques secondes, il crut voir les genin de douze ans avec lesquels il avait tenté l'examen chuunin. Un élan de nostalgie l'emplit et il se surpris à regretter cette époque.
« Avant tout, j'ai une question. Pourquoi Juubi n'est pas avec toi ? J'aurai imaginé qu'il se serait délecté de cet affrontement, non ? »
Naruto se rappella pourquoi, hésita quelques secondes avant de le bégayer.
Sakura écarquilla les yeux et lança à Naruto à la fois empli de surprise, de colère et de déception. Avant même que Naruto et Sasuke puissent réagir, elle était déjà en train de foncer en direction du loup blanc.