J'ai pratiquement terminé la lecture du premier volume. Réaction rapide.
Quel panard de retrouver
King. Je l'ai déjà dit et me répète mais je trouve qu'il montre vraiment toute l'étendue de son talent dans ses romans les plus denses. La trame de base de ce nouveau livre est des plus simple; un dôme apparait sur la ville de
Chester's Mill, sans que l'on sache pourquoi ni comment. Il délimite exactement le territoire de la commune. Alors que l'extérieur ne peut que contempler la ville, impuissant, les habitants à l'intérieur du dôme tentent de s'organiser. Naturellement, tout part en sucette. D'apparence tranquille, la ville cache en réalité de nombreux secrets. Les rivalités entre individus se révèlent et les situations dégénèrent.
Pour le moment, j'accroche totalement.
King entre sans détours dans son sujet en présentant comment un quotidien tranquille est bouleversé par un évènement échappant à l'entendement. Le dôme étant au départ invisible, le lecteur en apprend la délimitation, tout comme les principaux personnages, en fonction des différents accidents qui surviennent. Les cadavres d'oiseaux jonchant le sol et les multiples accidents sur les routes leurs en donnent une représentation globale. On sent très rapidement les thèmes que King cible dans son ouvrage, que ce soit la peur du terrorisme, les questions de maintien de l'ordre et l'environnement pour ne citer qu'eux.
Ce qui comme toujours est remarquable chez l'auteur, c'est la capacité qu'il a à penser ses personnages, du bon samaritain au salaud absolu. Des personnages ici, il y en a en nombre. Le côté roman choral évoque
Le Fléau, roman somme et impeccable de
King. Pas étonnant puisque l'on semble assister à une progressive fin du monde. Le personnage principal,
Dale Barbara, dit
"Barbie" évoque un peu le
Stu Redman du
Fléau, c'est-à-dire un personnage qui semble anodin au départ, mais se révèle être un homme réfléchi, juste et vers lequel les autres individus se tournent pour en faire un leader.
Stu était introduit par
King comme un type lambda, tendance redneck qui buvait sa bibine dans un bar désert le long d'une route avec ses trois potes;
"Stuart Redman [...] était assis [...] une boîte de bière Pabst à la main. La dèche, il connaissait. Il n'avait même jamais connu autre chose depuis l'âge de sept ans, quand son père, un dentiste, avait eu la brillante idée de crever en laissant derrière lui une femme et trois enfants."
Il menait une vie banale, bossait dans une usine de calculatrice et c'était très bien comme ça. Il en va un peu de même avec
Barbie.
King l'introduit comme un vagabond qui cherche à fuir
Chester's Mill. On apprend qu'il est arrivé depuis quelques mois dans la ville, a été embauché comme cuisto dans le resto du coin, le
Sweetbriar Rose, a eu des ennuis et tente partir vers une région plus hospitalière.
"Il se déplaçait sous son petit nuage gris personnel depuis au moins deux semaines."
""Fondamentalement, je suis un vagabond, dit-il à haute voix en se mettant à rire. Un vagabond en route sous le vaste ciel." Et bon sang, pourquoi pas ? Le Montana! Ou le Wyoming. Ou Rapid City la nullissime, Dakota du Sud. N'importe ou sauf ici."
Comme
Stu, il est véritablement le premier à se retrouver confronté à l'élément perturbateur (et à y survivre). Il est celui autour duquel peu à peu les gens vont se fédérer. Mais... Le problème, c'est
Big Jim Rennie, le deuxième conseiller de la ville, et détenteur d'un magasin de voitures d'occasion. Un type n'ayant que mépris pour ses congénères et pour qui la loi du plus fort est la règle de base.
Big Jim, lui, il fait les choses finement. C'est un salaud remarquable, pourri jusqu'à la moelle, mais qui agît
"au nom de la ville et pour la ville". Quelques citations à titre d'exemple.
"Avoir constamment une longueur d'avance sur les autres, telle était la devise de Rennie." ou encore
"Rennie croyait beaucoup en ce qu'il appelait le Quotient de Non-Responsabilité et le fait de n'être que le deuxième conseiller était un excellent exemple de l'application de ce Quotient. On détenait tout le pouvoir (du moins tant que le premier conseiller était une lavette comme Sanders), sans, la plupart du temps, être la cible des reproches quand quelque chose allait de travers."
En seulement trois ou quatre jours (au stade de ma lecture),
King étudie la désagrégation des comportements sociaux. Renforcements de effectifs policiers pour "protéger la population", dérapages en tous genres, suicides, meurtres et machinations s'enchainent sans temps morts et de manière implacable. Pour le moment c'est vraiment passionnant. Le style de l'auteur est comme toujours super agréable, son histoire est extrêmement bien construite et intègre parfaitement la multitude de personnages. Et c'est super intriguant.
En gros, de l'excellent
King.