Konoha Gaiden

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

YIHAAA!!!
On a enfin droit au POV du Kakashi!

Trés bon chapitre à mon sens, la rencontre Itachi/Sasuke est superbe. Surtout la surprise du zombie quand il se rend compte que son "cher petit frére insensé" ( :lol: je sais pas pourquoi mais ces mots me font toujours crever de rire... C'est tellement décalé...) a peut-être bien évolué pendant son absence.
cela dit il avait barré de sa liste “Se jette en sanglotant aux pieds de ses anciens camarades en les suppliant de lui pardonner et leur promet sa loyauté éternelle” à la seconde même ou la pensée avait traversé son esprit.)
MDR... :lol:

Le POV de Kakashi est nickel, un gros petit faible pour les remarques sur Gai et le défaitisme flagrant , ainsi que pour les regards aimables échangés avec Kabuto.
Oh, d'ailleurs tu me le ferais presque aprécier celui-là.
J'ai adoré sa maniére de foutre le camps à la fin du chapitre: c'est lui qui fuit mais les autres gardent le sentiment de s'être fait avoir quelque part.
:lol:

Et trés belle description de l'affrontement de Naruto et Sasuke. :twisted: Tu a un véritable talent en la matiére, alors que moi je galére toujours pour ce genre de descriptions.

De qui parlait Itachi dans sa derniére remarque: de Naruto ou de son cher petit frére insensé?
Et Sasuke qui leur reste sur les bras et pas vraiment en état de fuir en plus. La suite! Bon sang, la suiiiiiiiiiite!!!!
lebibou
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Message par lebibou »

Mais c'est que c'est le défilé de bon chapitre. Vous vous êtes mises d'accord ou bien c'est moi qui me fait des idées ?

Que dire sur ce chap ? L'introduction de l'Akatsuki est classe, force est de le reconnaître, avec un Itachi pour la première fois blessé (ce qui n'est tellement surprenant. Faut aussi dire qu'il l'avait cherché.)

J'ai adoré la description (ou plutôt la non-description) du combat entre Sasuke et Naruto. Il m'a d'ailleurs fait penser à un drabbles que tu avais écrits il y'a pas mal de temps déjà, surtout avec cette histoire de danse.
Il semblerait que ça soit à la mode les combats sur une légère couche de givre.
Tant mieux, ça ajoute une touche poétique aux combats, qui n'est pas désagréable. Et comme je l'avais déjà précedement à Arakasi, le rouge ressort très bien sur le plan.

Ce que j'aime beaucoup, c'est que les combats qui opposent Naruto et Sasuke se font toujours en plein milieux de catastrophes naturelles (ou artificielles celui qui a opposé le shodaime à son vieil ami). Bientôt, il faudra que l'un d'entre nous s'essaie à un combat au beau milieu d'un volcan. Sasuke se retrouvera brûler au quinzième degrès, Orochimaru arrivera peu après, lui sauvant la vie de peu. On verrait ensuite Sasuke en train de se faire réparer, il mettrait un casque noir, parlerait d'une voix etouffé avec une respiration sifflante (comme ça ? On m'a déjà piqué l'idée ?)

Le combat qui oppose Kakashi au ninja du son est bien, tout comme l'apparition de Gai. De toute façon, Gai est génial dès qu'il apparaît. Il contraste à merveille avec Kakashi. On pourrait dire que c'est son interprête et extériose tout ce que l'épouvantail intériorise.

Pour Kabuto, idem que Arakasi. Il se fait la malle, mais avec classe. J'aime bien le Kabuto.

J'ai beaucoup aimé. Vraiment.
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Kanji
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Message par Kanji »

J'aime. Vraiment. Contrairement au dernier chapitre, le rythme et la tension sont parfaitement maîtrisées, les descriptions très bien utilisées. Si j'ai bien compris la fin, nous avons terminé ce gros bordel et les deux Aka se sont barrés, ce qui est assez logique, parce que sinon y a pu d'équipe 7 (j'insiste, soyons réalistes), mais après Itachi va vraiment passer pour un trouillard. Maintenant qu'allons-nous faire avec Sasuke ?
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Jainas
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Message par Jainas »

:grin: :grin: :grin:

Hoooooo... toutes ces belles reviews me ravissent le coeur... :dance:

Contende de savoir que ce chapitre plait. Le rythme est meilleur, dites vous ? J'ai aussi beaucoup moins galéré pour l'écrire, malgré un petit blocage sur le début du POV de Kakashi... après les choses se sont misent en place toutes seules.
L'arrivée et le départ des Aka... j'avais peur que ça ne passe pas, que ça fasse "trop", mais ils étaient dans le combat depuis la première conceprtion que j'ai eu de la mission, et leur passage est... important pour la suite, dirons nous, à plus d'un égard. Contente aussi de voir que la confrotation Itachi/petit frère insensé passe bien (d'ailleurs le Dear Foolish Little Brother est copyright Solerdini... :D)
Il semblerait que ça soit à la mode les combats sur une légère couche de givre.
On sort à peine de l'hivers, du coup tout les chapitres écrits sur cette periode se passent inconsciement en hivers... du moins c'estr ma thérorie.
Et puis un combat au milieu d'une tempête de neige, faut avouer que c'est tellement classe... :D

J'ai adoré la description (ou plutôt la non-description) du combat entre Sasuke et Naruto. Il m'a d'ailleurs fait penser à un drabbles que tu avais écrits il y'a pas mal de temps déjà, surtout avec cette histoire de danse.
Contende de savoir que le combat ça passe bien (pfiou... je suis heureuse moi ce soir... :D z'avez vu ce que vous me faites ?) Je ne pouvait pas réutiliser Danse pour ce chapitre, parce que ça ne collait pas tout à fait, mais j'aime l'idée, et n'importe quel art martial à un rapport avec la danse. Donc pas de surprise si c'est ressortit comme ça. J'aime l'imagerie que ça crée lors de la lecture.
Bientôt, il faudra que l'un d'entre nous s'essaie à un combat au beau milieu d'un volcan. Sasuke se retrouvera brûler au quinzième degrès, Orochimaru arrivera peu après, lui sauvant la vie de peu. On verrait ensuite Sasuke en train de se faire réparer, il mettrait un casque noir, parlerait d'une voix etouffé avec une respiration sifflante
Oh. Mon.. Dieu...
MDR

Kabuto... ça s'est fait un peu comme ça. Ce type a tout du serpent à sonnette ^^ (hé, Arakashi, je te l'avais bien dit qu'on pouvait en faire des trucs sympas sans avoir à le trucider ^^ ;) )
Bon, maintenant je me demande qui va mourir en prems, Kakashi ou Sakura?
Qui te dit qu'ils ne vont pas crever similtanément ?
Maintenant qu'allons-nous faire avec Sasuke ?
Tu crois vraiment que je vais te le dire ? ^^ :twisted:


:tombe:
*va cuver sa joie*
Kanji
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Message par Kanji »

Ah oui, Itachi. Très bon, d'un point de vue objectif. D'un point de vue subjectif...ben c'est pas mon Itachi, mais ça c'est pas vraiment la question. Il me plaît et c'est tout ce qui importe.
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yukiyoruno
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Message par yukiyoruno »

...
Rien à dire, c'est un très bon chapitre...
Les combats ne s'éternisent pas trop. Donc ça me va.
Enfin, Itachi blessé par Sasuke!
J'aurais bien aimé que tu pulverises Itachi d'un seul coup mais ça ne serait pas crédible. Tu veux mettre en valeur les limites de ninjas.
Ton histoire est parfaitement cohérente mais ça précipite un peu assez vite dans le passage du combat de Nar/Sas à l'arrivée d'Akatsuki.

Je remarque que tu subis un peu l'influence du style de Kanji. (Surtout la passage du début) Mais je ne te reproche nullement car c'est bien d'avoir la capacité d'adopter (et aussi adapter) les styles d'écriture des autres sans trop les imiter.
Pour ma part, je suis incapable d'écrire des phrases si personnelles si originales.

CEPENDANT, J'AI UNE CRITIQUE-non-Reproche à t'adresser (ne le prends pas mal quand même ;-) )

Tu me démotives pour écrire ma fic...Tellement, tu es douée pour le style d'écriture.... :cry:
Mais il ne faut pas que je lis trop des bons fanfics et que je me laisse trop impressionner. Je vais essayer finir ma fic.

Nononon, continue comme ça!!! Je ne suis pas jalouse (si un peu :lol: )

Je :arrow:
Raito_Kamui
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Message par Raito_Kamui »

Bon, je peux enfin ré utiliser internet, donc je vais enfin pouvoir poster ^^.

Je commence par la section Fanfic, car c'est comme ça que je suis tombé un beau jour sur ce forum !

Au début, j'étais un peu rétissant a l'idée de lire ta fic, mais je ne peut nier le fait que maintenant je suis accro. Une très bonne histoire, et très bien écrite !

Ce dernier chapitre est particulierement bien écrit. Le combat Naruto/Sasuke est vraiment bien retranscri.
Même si je doit répeter ce que disent les autres, le terme de danse est très bien choisis. Justement, à la lecture de ce combat c'est une "danse" d'émotions qui me passe a travers la tête et mon coeur ;-) .

Akatsuki arrive, ce qui permet de faire avancer encore plus l'intrigue et j'ai donc hate de lire la suit.

(Enfin un poste.... enfin....)
Jainas
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Message par Jainas »

Merci :D

Raito > Un nouveau lecteur !!!!
Qui aime !!! :grin:
Si je puis me permettre... rétissant pourquoi ?

yukiyoruno > Tu sais, à chaque fois que je lis un chapitre des fics de Lebibou, Arakasi ou Maldoror, je m'arrache les cheveux tellement y'a des bonnes idées que je m'en veux de ne pas avoir eut, etllement c'est coérent, bien écrit ou tellement l'équilible action/scénar/personnages est maitrisé...
Mais je ne me laissa pas abattre ! Alors fais pareille.... Tu sais ce qu'on dit, c'est en forgeant... L'écriture c'est pareil, alors n'hésite donc pas :D
Je remarque que tu subis un peu l'influence du style de Kanji.
Effectivement, le coup des passages desciptifs histoire "d'ancrer" un peu de de donner du souffle me plait beaucoup, c'est un outils stylistique des plus pratiques et des plus agréable à utiliser...
Kanji
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Message par Kanji »

Jainas a écrit :Merci :D

Raito > Un nouveau lecteur !!!!
Qui aime !!! :grin:
Si je puis me permettre... rétissant pourquoi ?

yukiyoruno > Tu sais, à chaque fois que je lis un chapitre des fics de Lebibou, Arakasi ou Maldoror, je m'arrache les cheveux tellement y'a des bonnes idées que je m'en veux de ne pas avoir eut, etllement c'est coérent, bien écrit ou tellement l'équilible action/scénar/personnages est maitrisé...
Mais je ne me laissa pas abattre ! Alors fais pareille.... Tu sais ce qu'on dit, c'est en forgeant... L'écriture c'est pareil, alors n'hésite donc pas :D
Je remarque que tu subis un peu l'influence du style de Kanji.
Effectivement, le coup des passages desciptifs histoire "d'ancrer" un peu de de donner du souffle me plait beaucoup, c'est un outils stylistique des plus pratiques et des plus agréable à utiliser...
Au passage, c'est réticent, pas rétissant...

Et puis sinon, oui les passages descriptifs...enfin n'abuse pas des bonnes choses, ça peut jouer des tours.
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Raito_Kamui
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Message par Raito_Kamui »

En faite, quand j'ai commancé à lire le prologue, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre.
Puis, quand je l'ai finit, mon cerveau avait enregistré quelques informations :

- Naruto Next Gen, à peu près 15 ans.
- Continuité du Manga.
- Une fic comme mille autres.

Meme si ton style d'écriture est très bon, l'histoire me semblait trop banale. Alors je me suis dit que je lirais les prochains chapitres un jour.
Et finalement j'ai, un jour, reprit la lecture, et je me suis rendu compte que ton histoire n'était pas si banale que ça . Finalement j'ai lu tout les chapitres a une vitesse folle !

Voila, j'éspère que ça répond a ta question :-)


Edit : Merci pour réticent, Kanji, je n'ai jamais était très bon en orthographe...
Jainas
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Message par Jainas »

Kanji > ouais, faut pas en abuser... (rabbat-joie... ^^ )
Je savait bien qu'il y avait une faute à réticent, mais mon cerveau pédalle actuellement dans la semoule, et j'ai été incapable de retrouver la bonne orthographe... :roll:

Raito > Ah bon ?
ch'ui surprise pour le coup... moi qui pensait que mon prologue était plus 'accrocheur que ça... :cry:
lol
yukiyoruno
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Message par yukiyoruno »

Tu as raison, Janias, Les fics de Lebilou; d'Arakasi; de Kanji, de Maldoror et les autres en FFnet comme Stigmon; Kineko etc... Sont excellents.

Bien sûr, je continue d'écrire ma fic car elle me tient du coeur bien plus que les autres one-shots que j'ai faits.
Jainas
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Message par Jainas »

Ce fut long et laborieux.
Ce fut entrecoupé de drabbles qui m'ont détournés de la Vrai Voie.
Ce fut difficile à rythmer et à construire.

Mais, en un mot comme en cents, c'est posté. :D

---

Chapitre 5 : Jours Blancs


L’hiver est tombé sur le pays du feu, brusquement, en même temps que la première tempête de neige.

À Konoha, une journée après le début des premières chutes bien plus au nord, celle-ci ne se traduit que par un duvet immaculé, qui blanchi la falaise des Hokage et recouvre les toits l’espace de deux jours, avant que les passages incessants ne le fassent finalement fondre.
Iruka en profite pour donner ses premiers cours sur la manière de se déplacer en terrain glissant aux plus petits rendus totalement inattentifs par le moindre flocon ayant le malheur de passer devant la fenêtre. De fait, les cours en extérieurs finissent de manière immanquable en monstrueuses batailles de neige généralisées.
Les bains sont plus fréquentés que jamais au grand plaisir de Jiraya, et chez les Inuzuka les chiens sont pris de frénésie la toute première fois qu’ils posent une patte sur le sol blanchi : tout le village peut assister au spectacle des molosses bondissant follement dans tous les sens en grands sauts gracieux, avant de déraper dans la poudreuse puis de repartir comme s’ils avaient le diable aux trousses.
La neige ralentie un peu les communications, et le froid rend civils et même ninjas bien peu enclins à mettre le nez dehors. Il y a tout de même quelques accidents et une jambe cassée, mais a part cela calme plat. Les affaires continues au bureau de l’Hokage, toujours, mais rien de bien folichon –quelques escortes, un nombre important de portes à déneiger pour les genins, deux missions de longue durée et une poignée de récupération d’objets ou d’informations diverses et variées.
Pourtant le ralentissement apparent n’empêche pas la Cinquième Hokage de travailler jusqu’à des heures totalement indues, malgré les quantités non négligeables de saké qu’elle ingurgite et les remontrances discrètes de Shizune… Elle, elle sait que même si l’hiver est la saison lente, pas le temps pour la guerre, ni pour les batailles rangées, les choses ne sont pas aussi calmes qu’elles devraient ou semblent l’être. Il y a même beaucoup de chances pour que le semblant de trêve hivernale ne dure pas jusqu’au printemps, si les choses continuent dans la direction qu’elles semblent prendre.
Tsunade, en fait, ne remarque qu’il s’est mis à neiger que lorsqu’un messager porteur de nouvelles qui la tiendront éveillée tout le reste de la nuit pénètre dans le vaste bureau vers onze heure du soir, frigorifié et couvert de la tête au pied d’une croûte blanche persistante qui masque son bandeau frontal. Mais l’uniforme est suffisant pour identifier son village de toute façon, si la manière dont il se tient alors même qu’il semble prêt à mourir de froid sur place n’était pas suffisante…
Plus tard, elle se demandera vaguement si la bourrasque soudaine qui s’est abattue sur le village si tôt dans l’année était un présage des temps à venir, et elle repoussera l’idée immédiatement.
L’Hokage de Konoha n’est pas une femme superstitieuse.
Mais c’est une femme pragmatique. Pas du genre a laisser un messager qui vient de si loin crever de froid avant d’avoir pu donner ses informations.
C’est pourquoi avant d’écouter quoi que ce soit de ce que l’homme peut bien avoir a lui dire, elle donne un grand coup à plat sur son bureau, et ordonne au chuunin éperdu qui se précipite pour voir ce qui a provoqué son ire d’aller lui chercher du thé bien chaud. Puis pendant que le ninja transit l’observe d’un regard qui se veut impassible mais trahi une certaine surprise et pas mal de nervosité, elle fait le tour de son bureau, et d’un katon bien placé, embrase le bois placé dans la cheminée par ses assistants prévoyants.
Ensuite seulement elle croise les bras sur sa poitrine et penche la tête, une ride d’inquiétude visible au coin de la bouche.
« Je vous écoute. »

Au Nord, a à peine une journée de course du village caché, la première tempête n’est pas ignorée avec autant de facilité. Les paysans se calfeutrent chez eux pendant trois jours, ne sortant plus affronter les rafales que pour aller chercher du bois et nourrir les bêtes. Le vent rage, et si les loups n’en sont pas encore réduits à quitter leurs territoires habituels de chasse, nul n’a pourtant vraiment envie de se retrouver seul dehors.

Plus au Nord encore, et a l’Est, la couche de poudreuse atteint les quinze centimètres après une heure. Au bout de trois, on s’enfonce jusqu’à la taille, et la mi-journée seul un fou s’aventurerait à l’extérieur, et plus encore au-delà de la limite invisible de la dernière maison. Ninja ou non, on n’y voit pas à un pas, et le blizzard glacial est à présent assez fort pour écorner les taureaux du Pays du Vent.
S’aventurer dans la tempête relèverait soit de la stupidité la plus profonde, soit de l’inconscience la plus crasse. Ou éventuellement un mélange des deux : se perdre, c’est mourir.
Pourtant les toits défoncés de Mailhoe grouillent d’activité, et au-delà des murailles même, la tempête abrite des gens qui n’auraient jamais du être là.

-

Ses ailes s’étendent, largement, testant la rafale, et les rémiges effilées vibrent douloureusement sous les vents contraires qui malmènent ses plumes. Décoller lui demande un effort énorme, et il lutte avec une obstination consommée contre les courants contraires qui le portent si peu, contre l’air froid qui le rabat vers le sol. Ce n’est vraiment pas un temps pour voler.
Finalement, malgré le poids supplémentaire, il parvint à s’arracher à la gravité, à passer au-delà de la première couche de nuages qui planent si bas qu’ils se confondent avec le sol.
Là le souffle est moins fort, et surtout moins changeant, soufflant toujours à peu près dans le même sens, le menant plus loin, plus haut à chaque battement des ailes puissantes.
Et le vent sous ses ailes le porte, toujours plus loin vers le sud-ouest, chevauchant la tempête.


---



Ils attendirent longtemps, immobiles ou peut-être simplement tétanisés, que les deux présences disparaissent dans le lointain.
Même après cela, quand les silhouettes se furent perdues et que le double chakra se fut totalement évanoui au loin, ils maintinrent la formation encore, sans bouger d’un muscle malgré le vent qui menaçait leur équilibre, malgré le froid qui s’infiltrait.
C’est seulement lorsque les mains de Kakashi retombèrent le long de ses flancs et que ses doigts gours desserrèrent leur prise du kunaï qu’il brandissait une seconde auparavant que les muscles de Sakura la lâchèrent d’un coup, et qu’elle se laissa glisser à genoux dans la neige, insensible au vent et au froid.
« Ce… ce type… C’était Uchiha Itachi, n’est-ce pas ? »
Elle avait presque oublié sa présence ainsi que celle de l’autre chuunin, mais le ton de Temai la tira un instant de sa torpeur choquée. La voix du médic était aussi blanche que son manteau, et quand il devint clair que Kakashi-sensei ne daignerait pas répondre Sakura ne pu que hocher faiblement la tête en signe d’acquiescement : oui, c’était Uchiha Itachi, l’homme qui avait massacré son clan –soit environ une centaine de personnes en comptant les non combattants- en une nuit.
Avec un grondement la technique de terre se rétracta, et Kakashi se remit en mouvement.
Comment il arrivait encore à fonctionner après ça, à bouger avec cette même assurance efficace, comme s’il ne s’était rien passé, comme si son bras droit n’était pas recouvert jusqu’à l’épaule d’un sang qui n’était pas le sien et sur lequel la neige rosissait et fondait en traçant des coulures aux arabesques abstraites sur le rouge.
Exactement comme s’il ne s’agissait que d’une échauffourée comme tant d’autres, et non pas la fin étrangement avortée d’un combat terrifiant, le combat pour lequel ils avaient passé trois ans à se préparer... Comment il parvenait à rester si détaché, elle l’ignorait, et en même temps, malgré la froide désinvolture, elle sentait irradier sous la surface des vagues d’énergie terrifiantes.
Elle aurait pu compter sur les doigts d’une seule main le nombre de fois ou elle avait vu son professeur ainsi. L’espace de quelques secondes elle vit ce que devait voir ses adversaires, ceux qui ne le connaissaient pas ; et elle eut peur.
Toute la colère et la détermination qui l’avaient soutenue durant la bataille semblaient l’avoir soudain désertée, et elle se sentait vide et faible. Elle n’avait qu’une seule envie : se rouler en boule, et pleurer toutes les larmes de son corps.

Mais évidemment elle ne le ferait pas.

Elle était kunoïchi, et une kunoïchi ne s’effondrait pas. Elle ne s’effondrerait pas. C’est cette certitude, ce mantra répété encore et encore dans sa tête qui la fit se redresser à l’appel de son nom.
« Sakura, Temai ! Occupez vous d’eux. » D’un mouvement sec, le jounin aux cheveux argentés désigna les deux corps révélés par le retrait du doton, gisant côte à côte. « Les autres, en périmètre de sécurité. »
Périmètre de sé-… ?
Ha… Évidemment… Il n’y avait aucune garanti que les retraites de ceux du Son ou des Akatsuki ne soient pas des feintes élaborées destinées à leur faire baisser leur garde.
C’était peut-être pour ça que Kakashi-sensei ne montrait pas la moindre hésitation, le moindre ralentissement. Ce n’était pas le moment de s’effondrer, rien n’était achevé… Ça ne faisait même probablement que commencer.
Ce n’est pas fini.

En silence elle se releva et pataugea dans la neige jusqu’au corps de Naruto –inutile de gaspiller son chakra à essayer de marcher à la surface : elle était bien trop poudreuse, pas assez compacte pour que l’on puisse espérer se maintenir ne serait-ce qu’une fraction de seconde en surface.
Et puis elle aurait mieux à faire de son énergie, réalisa-t-elle en atteignant la forme malmenée et prostrée de son équipier…
Elle dégagea ses doigts de ses mitaines et les glissa dans le creux de son cou pour prendre le pouls. Le cœur battait faiblement, mais à peu près régulièrement. La pointe de panique qui avait commencé à l’envahir s’apaisa un peu, mais lorsqu’elle souleva une paupière, le regard était fixe, sans aucune réaction.
« Alors ? »
« Il est inconscient mais il a l’air stable ! Et toi, comment va-t-il ? »
Agenouillé dans la neige auprès de Sasuke, Temai releva la tête de son examen sommaire. Il fut obligé de crier pour se faire entendre par-dessus la tempête.
« Mal ! Inconscient, multiples blessures et brûlures ! Je ne suis pas certain, mais je pense qu’il nous fait une déplétion de stade 3… »
Ok. On oubli l’apaisement.
Ce n’était plus une pointe de panique à présent, mais une montagne. Façon mont Fuji.
Sakura pinça les lèvres en une fine ligne.
- Au point ou il en est, vaut mieux commencer par s’occuper de ton équiper… Naruto c’est ça ? Il a plus de chances de survie que celui-là… » Un mouvement de tête désigna Sasuke.
Kakashi devança Sakura, avec dans la voix moins d’agressivité qu’elle n’en aurait eu –où peut-être était elle simplement bien mieux dissimulée.
« Négatif. Les deux sont prioritaires. Celui du Son doit absolument survivre.»
« Les deux ? Ok… De toute manière on ne peut rien faire ici, ils vont nous claquer entre les doigts d’hypothermie avant qu’on ait pu soigner la moindre égratignure ! »
La ligne fine se tordit imperceptiblement, et le goût de sang se répandit dans sa bouche quand ses dents percèrent la peau de sa lèvre inférieure.
Comment osait-il dire ça ?? Aucun n’allait mourir, AUCUN !
Aux orties le mont Fuji… Ele bondit sur ses pieds, les poings étroitement serrés, et chercha des yeux ses invocations qui s’étaient jointes au périmètre de sécurité.
« Hatsuyuki ! Sayumo ! Prenez les sur votre dos, on retourne au village ! Plus vite que ça ! »

-

L’antenne médicale se trouvait au centre de Mailhoe, et elle avait été épargnée par la vague de destruction massive qui venait de frapper le village.
Lorsqu’ils pénétrèrent en coup de vent dans le bâtiment, les larmes avaient depuis longtemps gelé sur le visage de Sakura, formant des sillons froids sur la peau givrée, et ses cheveux étaient blancs de neige, emmêlés en un halo inextricable de stalactites, de mèches roses et de paquets de neige.

Elle s’arrêta dans l’entrée, le temps de se débarrasser de ses sandales et de son manteau abîmé qui ressemblait plus à une tentative pour emmener autant de neige possible avec elle qu’autre chose. C’est seulement lorsque la douleur dans les pieds et sur sa peau lui arracha une grimace qu’elle réalisa à quel point elle avait eu froid.
Temai entra après elle et secoua la neige de ses propres vêtements. Ils étaient bien mieux adaptés que les siens, nota-t-elle distraitement, et elle comprenait à présent l’utilité des disgracieuses nombreuses couches, des mitaines et des lunettes intégrales. Elle aurait dû insister plus auprès de Naruto la veille, pour qu’ils finissent de s’équiper au lieu de remettre au lendemain.
-La veille ?- Cela lui semblait si lointain déjà, presque comme dans une autre vie…
Combien de temps s’était-il écoulé depuis la ruelle ? Depuis que son regard avait croisé celui de braise froide qu’était devenu celui de Sasuke… Une heure ? Deux ? Plus peut-être, ou moins ? Elle n’aurait pas su le dire. Les choses étaient allées trop vite ensuite. Trop de morts, trop d’inquiétude et de douleur. Trop de peur pour eux...

« La deuxième porte au fond. »
« Hein ? »
« Installe-les dans la deuxième salle au fond. Je vais chercher mon matériel. »
Elle fit un signe de tête, et les limaces disparurent à la file dans le couloir, toujours chargées de leurs précieux fardeaux.
« Vous êtes blessée Sakura-san. »
Elle passa la main sur la blessure superficiellement cicatrisée qu’avait ouverte Kabuto –saleté de putain de sale rat de larbin d’Orochimaru... Il les avait vraiment bien bernés, tous autant qu’ils soient, lorsqu’ils s’étaient rencontrés la première fois a l’examen chuunin.
Elle ne savait pas exactement quelle était sa place dans tout ce qui s’était produit –la mort du Troisième, l’attaque sur Konoha et le départ de Sasuke… Espion, visiblement, et peut-être plus au vu de la manière dont l’œil visible de Kakashi-sensei se durcissait les rares fois ou le ninja au sourire affable avait été mentionné, mais jamais elle n’aurait cru qu’il soit aussi fort.
Si elle ne l’avait immédiatement soignée, la profonde lésion à l’abdomen aurait probablement été mortelle.
« Ça ira. Il vaut mieux économiser le chakra. »
Le jeune homme haussa les épaules, lui faisant confiance pour évaluer ses propres besoins médicaux.
« Comme vous voulez… L’infirmerie n’est pas très grande », continua-t-il en achevant d’enlever ses guêtres comme si de rien n’était. « C’est plus un dispensaire qu’autre chose… L’été nous soignons les entorses et les empoisonnements aux baies sauvages, l’hiver les luxations du genou et les grippes… J’ai peur que nous ne soyons pas équipés pour traiter correctement de telles blessures. »
Sakura acquiesça de nouveau, plus par automatisme qu’autre chose, et attrapa les chaussons d’intérieur ainsi que le paquet de gants stériles que le jeune homme lui tendait.
« Et si on ajoute les deux chuunins de garde qu’on nous a amené tout à l’heure, nous n’avons plus de place. »
Ne pouvait-il pas un instant arrêter de pérorer ?
Elle le suivait au pas de course le long du couloir quand l’une des portes s’ouvrit à la volée et qu’une tête brune émergea brusquement.
« Temai-kun, c’est toi ? Le combat est fini, tu vas bien ? Tasheki et Shagate sont stabilisés, et- »
Le regard de la jeune fille tomba sur Sakura, dans la main de laquelle un kunaï avait mystérieusement fait son apparition, et elle s’extrailli précipitamment de la pièce pour s’incliner avec maladresse.
« Setsu ! je t’ai déjà dit de faire attention à ne pas surprendre des ninjas ! Ça peut être dangereux ! Sakura-san, voici Setsuko, une fille du village. Elle m’aide un peu à l’infirmerie… Setsuko, Sakura est le médic de l’équipe qui est arrivé hier… »
Ils avaient atteint la salle, et Sakura salua d’une manière probablement peu polie –sa mère se serait très certainement arraché les cheveux devant un tel mépris des bonnes manières qu’elle s’était efforcé d’inculquer a son héritière- tout en enfilant les gants plastifiés avec une habileté née de l’habitude. Son esprit était déjà concentré sur les blessures de Naruto et celles qu’elle avait entraperçu chez Sasuke... Mais elle s’immobilisa subitement, et se tourna vers la jeune fille avec un sourire tiré.
« Sestuko, c’est ça ? Nous avons deux blessés graves… Je voudrais que tu me rendes un service… Est-ce que tu pourrais aller chercher mon matériel médical au baraquement ? C’est le sac à dos dans la première chambre à droite… »
Setsuko acquiesça avec ferveur, et détalla à toute vitesse avant que Sakura n’ai pu commencer à articuler « merci ».
« Elle est un peu sauvage », marmonna Temai sur un ton d’excuse.
À cet instant précis, rien n’aurait pu importer moins à Sakura.

-

Les limaces avaient judicieusement déposé les deux garçons à terre, et déjà une flaque de neige fondue rosissait le dallage.
Temai siffla entre ses dents, et elle eut l’envie très nette –et aussitôt réprimée- de le gifler. Il était peut-être odieux, mais c’était son aîné et le médic en charge alors qu’elle n’était qu’une visiteuse tout juste débarquée. Ce n’était pas le moment de se l’aliéner.
Il se dirigea vers les garçons, et les examina tout en les contournant avec lenteur.
« Il faut les déshabiller. »
C’était très exactement ce qu’elle était en train de se dire, mais la pensée n’avait pas atteint ses lèvres.
Tout cela sonnait tellement faux… Ce n’était pas possible. Elle n’était pas en train d’envisager froidement de déshabiller Naruto et Sasuke. Elle ne pouvait pas. C’était forcément un rêve, un genjutsu, quelque chose
C’était tellement faux…
Elle se sentait malade.

Sans un mot elle s’agenouilla auprès de Naruto, et entreprit de dézipper la fermeture éclair bloquée par la glace, en s’efforçant de ne pas songer à Temai qui faisait de même avec Sasuke.
« J’ai besoin d’aide, » annonça-t-il au bout d’un instant. Elle le rejoignit, s’efforçant de ne pas regarder le visage du jeune homme inconscient, et ensemble ils le débarrassèrent de ses vêtements.
Ils travaillaient avec silence et efficacité : Temai soulevait les membres avec précaution, essayant au maximum de ne pas toucher les nombreuses plaies et brûlures qui marbraient la peau pâle, et Sakura fendait les vêtements d’un coup sec de kunaï.
D’abord les bras de la veste de ninja du Son, puis le haut à col montant, le pantalon complètement rigidifié par la glace… Le regard de Sakura revint malgré elle sur le visage immobile, aux traits à la fois familiers et tellement étrangers, puis glissa le long de la ligne de la gorge pâle vers le torse à la musculature bien découplée, s’arrêtant sur les cicatrices anciennes et les beaucoup plus récentes, puis sur la tache presque calcinée qui s’étalait sur son ventre, là ou avait été posée la main d’Itachi... Elle savait que si elle changeait de côté et qu’elle soulevait un peu son épaule, elle verrait les trois virgules du sceau maudit. Elle ne le fit pas.
Il aurait pu être extrêmement attirant, –il l’était- mais pas maintenant. Même Sakura-en-son-fort-intérieur, qui n’était pourtant pas la dernière à s’autoriser des remarques salaces, n’avait pas risqué le moindre commentaire licencieux à la perspective de déshabiller les garçons, ni durant toute la durée de l’opération.
Mais comment l’aurait-elle pu ?

De l’extérieur ne parvenait que le mugissement a moitié étouffé du vent, et parfois les cris assourdis des ninjas tentant de communiquer entre eux malgré le mur de neige qui les séparait et entravait leurs mouvements. Dans une des pièces voisines une horloge égrenait lentement les secondes, et parfois retentissaient les brèves indications des deux médics travaillant de concert.

Le silence était assourdissant.

-

Tic
Sakura rengaina le kunaï d’un geste fluide, tandis que Temai se relevait pour aller chercher l’un des brancards rangés derrière la porte.
Tac
Avec précaution ils firent glisser le corps inanimé sur la civière de toile, pour pouvoir le déplacer.
Tic
La main droite de Sakura vint se couler sous la nuque de Sasuke pour la soutenir pendant qu’ils le transféraient sur la table d’opération. Sa peau était mortellement froide, et elle frissonna sans pouvoir s’en empêcher.
Tac
Elle était de nouveau aux côtés de Naruto. Ses doigts passèrent machinalement dans les cheveux blonds, enlevant une poignée de neige des mèches emmêlées. C’était un geste qu’elle n’aurait pas envisagé une fraction de seconde eut-il été éveillé. Un nœud l’arrêta un instant dans son geste, et elle prit le temps de démêler la masse indisciplinée.
Naruto, tu n’as pas intérêt à crever, crétin.
Tic

Setsuko pénétra au pas de course dans la pièce, et déposa le sac de Sakura à côté d’elle, à portée de main, puis s’agenouilla pour ramasser les lambeaux de vêtements éparpillés.
Tac
« Merci. Temai, occupe-toi de faire un diagnostique complet et commence à limiter les dégâts les plus graves. Setsuko va m’aider à déshabiller Naruto… »
La voix était maîtrisée, professionnelle. Ce ne pouvait certainement pas être la sienne pourtant, parce qu’elle n’avait pas la sensation d’avoir parlé et que de toute façon elle ne se sentait absolument ni calme, ni professionnelle.
Tic
Le crissement de l’acier contre le tissu cessa, et elles entreprirent de retirer le T-shirt qui collait aux plaies. Celles-ci avaient commencé à se refermer, bien plus lentement que d’habitude, et l’étoffe noire avait été prise dans la cicatrisation.
À voir les membres d’habitude sans traces de Naruto couverts de lacérations et de bleus énormes qui commençaient à se former, elle réalisa que si son équipier n’y était pas allé de main morte, Sasuke n’avait pas non plus été en reste. Ils avaient réellement essayé de s’étriper mutuellement.
Elle se demanda abstraitement à quoi devaient ressembler les blessures anciennes de Naruto, celles qui avaient dû se refermer sur des plaies non nettoyées, pleines de débris divers et variés.
Tac
Setsuko laissa échapper une exclamation étouffée en découvrant l’abdomen du blond. Le sceau du Quatrième se détachait avec une netteté presque surnaturelle sur la peau rougie, et les symboles sombres pulsaient lentement. Sakura passa une main hésitante sur le sceau. Elle n’était pas spécialiste, mais il avait l’air de tenir. Naruto ne s’était pas autant transformé que la dernière fois…
Quand ses doigts frôlèrent les signes elle dû se faire violence pour ne pas les retirer précipitamment : la peau à cet endroit était brûlante, et en contraste le reste du corps de Naruto lui paru soudain terriblement froid.
Tic
« Qu’est-ce que c’est ? »
Elle foudroya la jeune fille du regard, coupant court à toute question, avant de le laisser retomber sur le ventre bronzé de Naruto.
Depuis l’autre bout de la pièce elle sentit le regard curieux de Temai, mais ce dernier ne fit aucun commentaire.
« C’est un sceau. Aide-moi à enlever son pantalon. »
Tac
Le vêtement définitivement inutilisable rejoignit celui de Sasuke, en boule détrempée dans un coin de la pièce.
Tic
Les deux jeunes filles transférèrent le corps inanimé jusqu’à l’un des deux lits appuyés contre le mur, et le déposèrent avec précaution sur les draps immaculés. Setsuko était plus forte que ses membres grêles ne le laissaient présager.

Il n’y avait qu’une table d’examen, et l’état de Sasuke était probablement plus grave que celui de Naruto, argumenta mentalement Sakura avec un détachement dont elle ne se serait pas cru capable. Ses blessures étaient plus nombreuses, plus profondes, et il était en déplétion, alors que même s’il mettait plus longtemps que d’habitude, Naruto ne pouvait que guérir…
N’est-ce pas ?
Ses mains se joignirent au-dessus qu’une griffure profonde –les mains de Sasuke, grises, allongées, aux ongles recourbés comme des serres…- qui partait de l’épaule gauche de Naruto vers le milieu du torse.
Elle était une médic. Elle aurait le temps de penser à tout ça plus tard, quand ils seraient tous les deux hors de danger.
Mais c’était dur, vraiment.
L’espèce de calme détaché et efficace qui l’avait envahie alors qu’elle les déshabillait avait disparu, et à la place un sentiment étrange, douloureux, lui serait l’estomac. À les voir ainsi, elle sentait toute sa confiance en elle disparaître comme si elle n’avait jamais existé…
Désespoir.
C’est ce qu’elle ressentait. Du désespoir, et de la peur, et le sentiment diffus qu’elle n’aurait jamais dû avoir a contempler les corps inconscients de ses équipiers. Pas celui de Sasuke (qui techniquement n’était d’ailleurs pas un équipier et préférerait sans doute crever que s’entendre appeler comme tel), et encore moins celui de Naruto, chez qui l’immobilité et le silence étaient presque contre nature.
C’était son rôle pourtant. Ce pourquoi elle s’était entraînée tout ce temps : être essentielle à l’équipe, comme eux. Ne plus voir leurs dos qui s’éloignaient alors qu’elle restait à l’arrière, être capable de les rattraper, de les aider.
Et aujourd’hui cela avait payé.
Sasuke était là.
Elle était debout, et eux à terre. Sa présence à elle, Sakura, était vitale, comme jamais auparavant.
Et pourtant elle aurait tout donné pour que ces capacités dont elle était si fière soient inutiles… Mais peut-être –non, sûrement…
Sûrement, cette fois ci ce seraient ses compétences qui feraient la différence.
C’était un autre combat, différent de celui qu’elle avait mené avec ses poings, mais tout aussi important. Une lutte d’un autre genre, contre un ennemi différent.
Et elle entendait gagner.

-

« C’est mauvais, » annonça Temai depuis l’autre bout de la pièce. « Je ne comprends pas comment ce type s’y est pris pour ne pas s’effondrer plus tôt. Toutes ses fonctions non-vitales auraient dû se couper d’elles-mêmes à partir d’un certain stade. C’est une réaction automatique d’auto-préservation du corps… Mais ce mec a continué jusqu’à l’extrême limite de son chakra. C’est un miracle qu’il ne soit pas déjà clamsé. Et c’est sans parler de ses blessures… Multiples contusions, probablement une ou deux côtes fêlées, et il a perdu un bon paquet de sang, je pense. D’un autre côté, même si on les additionne, aucune n’est mortelle en temps normal, et bien traitées il ne devrait pas y avoir de séquelles… Le problème c’est qu’il lui reste a peine assez de chakra pour le maintenir encore en vie, alors pour ce qui est de guérir…»
Les mains de Sakura tremblèrent un instant au-dessus de la plaie, et elle ferma les yeux de toutes ses forces.
- Il a des chances de s’en sortir, mais je vais avoir besoin de votre aide, Sakura-san... Par contre sa brûlure au ventre me pose un problème. Je n’ai aucune idée de ce que ça peut bien être. En fait ce n’est même pas une brûlure… On dirait la trace d’un jutsu… Je n’ai jamais vu quoi que ce soit de pareil. »
« J’arrive. »
Sakura acheva de soigner la blessure sur laquelle elle travaillait, et après avoir vérifié que Naruto était toujours stable, elle rejoignit l’autre médic auprès de Sasuke après avoir récupéré son sac.
« Tu peux commencer à nettoyer et à panser ses plaies, » indiqua-t-elle a Setsuko qui était restée auprès de Naruto. « Fais attention, il a peut-être une déchirure musculaire à l’épaule droite… Et préviens-moi si les plaies que j’ai traitées recommencent à saigner.»
Avec un peu de chance ce ne serait pas le cas. Après tout Naruto n’avait pas autant fait appel au chakra du démon que la dernière fois… Mais son corps a lui était habitué… Qu’en serait-il de Sasuke ?
Bordel STOP ma vieille, arrête de te mettre le cerveau en compote ! Tu te souviens de ce que Tsunade-sama te disait, oui ou merde ? C’est chose à la fois : en situation de crise, traite les problèmes les uns après les autres, dans l’ordre d’urgence… Sasuke a présent. Aller Sakura, tu peux le faire ! Tu as été l’élève de la Cinquième bon sang de bordel de merde ! T’es une médic et tu va faire ton boulot… Tu vas quand même pas ces deux crétins te battre sur ce coup-là, si ? Regardez-moi ces deux fiers guerriers… Ils se la jouent mâle et tout, mais si on était pas là pour leur sauver les miches…
Les beuglements de Sakura-dans-son-fort-intérieur avaient le mérite de refocaliser son attention.

---

Il passa une main gantée dans ses cheveux, chassant une partie de la neige accumulée qui lui dégoulinait dans le cou et imbibait le bandeau qui préservait ses oreilles du détachement instantané. Il était lentement –quoique, pas si lentement que cela- et sûrement en train de se transformer en glaçon ambulant. Tous les jutsus de réchauffement qu’il avait pu essayer ne parvenaient pas à lutter contre ce fait.
Avec une moue infime qui en aurait surpris plus d’un s’il y avait eu quelqu’un pour voir son visage, il se replongea dans l’observation du flou immaculé qui l’entourait sans fin, et se plaqua un peu plus étroitement contre la muraille dans le vain espoir d’offrir un peu moins de prise au vent. Il n’avait pas intérêt à s’éloigner de la masse sombre dans son dos, s’il espérait retourner dans le village entier et avec encore un minimum de chaleur vitale.
S’il espérait rentre tout court en fait.
Monter la garde dans cette purée de poix teinte en blanc relevait non seulement de la tentative de suicide par pneumonie, mais également de l’inutilité la plus totale, étant donné qu’on n’y voyait pas à trois pas, et que si quelqu’un approchait de nouveau, il n’aurait sans doute pas l’obligeance de le faire chakra déployé.
Enfin, inutilité la plus totale pour n’importe qui d’autre. Lui avait déployé ses rongeurs d’encre à intervalles réguliers sur toute la partie du périmètre qui lui était assigné ainsi que sur les bordures de ceux des chuunins à sa droite et sa gauche. Si quelqu’un avait l’intention de traverser la tempête pour venir jusqu’ici incognito, il en serait pour ses frais.
Poster des gardes avait été la seule chose à faire. Dans n’importe quelle autre circonstance, avait pris le temps de lui expliquer Kaede-san, elle ne se serait pas donné la peine de faire sortir une seule sentinelle des salles de garde creusées dans la muraille. La tempête était bien la meilleure défense de Mailhoe, et les seuls êtres à la hanter étaient des créatures qu’aucun humain n’avait envi de rencontrer –et qui étaient d’ailleurs une partie de la raison pour laquelle une tempête telle que celle-ci était la meilleure protection possible contre toute incursion ennemie.
Sai avait pris l’affirmation à propos des créatures avec un scepticisme qu’il s’était bien gardé d’afficher, mais avait dû convenir que la muraille de neige, de blizzard et de froid combinée au terrain déjà naturellement meurtrier rendait plus qu’improbable qu’un ennemi atteigne le village.
Dans ces cas-là, les ninjas chargés de la protection de Mailhoe fixaient en hâte tout ce qui était susceptible d’être emporté par le vent, rentraient ce qui pouvait l’être, et s’enterraient a l’intérieur jusqu’à ce que le plus fort de la tempête soit passé.
Mais cette fois ci, avec l’attaque dont venait d’être victime le village et la possibilité même infime que les retraites respectives des Akatsuki et de ceux du son n’aient été que des feintes…
La plupart des ninjas qui en avaient la capacité étaient dans l’enceinte du village, occupés à sauver ce qui pouvait l’être.
D’après ce que Sai en avait compris, si on les laissait comme ça, l’intégralité des bâtiments touchés et de leur contenu seraient irrémédiablement détruits par la neige et l’humidité. C’était une perte que le village ne pouvait se permettre, et tous les ninjas qui maîtrisaient les techniques de terre consacraient leurs capacités à créer des toits de fortunes qui isoleraient les bâtisses dont la toiture avait été touchée.
Ils n’étaient pas nombreux d’ailleurs, ceux à avoir la maîtrise suffisante pour ce genre d’exercice. Les autres ninjas, comme lui-même, avaient soit été postés tout autour du village pour monter la garde –avec stricte consigne de ne pas s’éloigner s’ils tenaient à la vie-, soit été chargés d’apaiser les villageois terrifiés par le combat titanesque qui venait d’avoir lieu…
Ses facultés étaient certainement plus utiles là où il se trouvait plutôt qu’a jouer le baby-sitter, même si évidemment monter la garde n’apporterait rien aujourd’hui.

Il se demanda vaguement si son sac avait résisté à la neige qui tombait depuis ce qui semblait être des heures. Malgré les jutsus d’imperméabilité, les parchemins qu’il transportait sur lui devaient avoir souffert de l’humidité. L’encre dans la bouteille pendue à sa ceinture avait fini de geler quelques heures auparavant, juste après qu’il ait fini d’invoquer les souris. Il était peu probable que les parchemins vierges aient été épargnés par la neige qui s’infiltrait partout, décida-t-il avec un vague regret.
C’était dommage, parce qu’il avait lui-même acheté le papier à un vendeur ambulant sur le chemin du pays des Vagues, et qu’il n’en retrouverait sans doute pas d’aussi bonne qualité. Heureusement il avait laissé la grande majorité de son stock dans la chambre, avec le reste de ses affaires et son livre.
Il resserra un peu plus son épais manteau autour de lui, et enfonça le nez dans son écharpe tout en scrutant la blancheur immaculée environnante. Des travaux qui avaient lieu de l’autre côté du mur, il ne percevait rien. Seule la clameur sauvage de la tempête parvenait à ses oreilles, changeante et hypnotique. Un hurlement modulé, qui se brisait soudain pour reprendre de plus belle, et rugissait de toute part.
Soudain, seul au milieu du déchaînement énorme des énergies naturelles, avec cette puissance brute saturant l’air, il avait beaucoup plus de mal à ignorer les avertissements de Kaede-san à propos des Choses qui erraient au plus profond de la tempête.
Ce qui était ridicule évidemment, et d’autant plus perturbant qu’en temps normal il était à peu près certain que cela ne lui serait pas arrivé.
Il cligna un peu les yeux, pour se débarrasser de la neige qui alourdissait ses cils, et s’efforça de se concentrer sur la tâche qui lui avait été assignée tout en guettant les bruits éventuels des jutsus de terre à l’intérieur de village –c’était la meilleure chose à faire, à présent que sa propre mission arrivait à son terme.
Il avait étudié le dossier du Ninja Copieur, et bien que celui-ci mentionne que le jounin avait passé pas mal de temps au contact de ninjas de la Terre durant la troisième Guerre Cachée, il n’aurait pas cru que l’homme maîtrise tant de techniques de terre… Il avait pris la direction des opérations avec un détachement glacial et efficace qui forçait le respect. C’était vraiment un guerrier hors pair, et Sai comprenait mieux si en plus du dédain et du mépris pour ces choix de loyauté, un respect reluctant teintait les paroles de Danzou-sama lorsqu’il parlait de lui.
C’était un bon shinobi, effectuant ses missions avec efficacité et diligence, et cela Sai ne pouvait que le respecter puisque c’était la seule chose que lui-même sache faire. Il n’en était pas certain, mais il avait presque l’impression d’être soulagé que son attaque lancée dans la tempête n’ait pas porté. Tuer un tel ninja, qui ne faisait après tout qu’obéir aux ordres de la mauvaise personne, lui aurait presque paru… un gâchis.
Cela aussi le perturbait, parce que ce n’était pas sa place de critiquer les ordres, ou la manière dont Danzou-sama entendait mener les choses. Ça ne l’avait jamais été, et jusqu’à présent il ne l’avait jamais fait. Aucune hésitation : tuer, obéir, tuer, dessiner et tuer. Sourire. Essayer de servir son maître au mieux, en évitant toute interférence.
Il enleva les doigts de sa main droite du gant, et les replia sur sa paume, cherchant maladroitement à les réchauffer –tout en sachant que c’était un geste stupide : s’il avait besoin d’attraper un kunaï en urgence… Mais personne ne viendrait plus aujourd’hui, et il ne croyait pas aux histoires de Créatures de Kaede.
S’il était lucide avec lui-même, le geste était un moyen futile de s’occuper l’esprit, d’agir, de faire quelque chose. Parce que sinon, debout dans le vide blanc, il ne pouvait que penser.
Et ses pensées, malgré tout ce qu’il tentait, ne revenaient que sur ce combat, sur ces hommes et femmes qui l’avaient entourés.
Sur ce qu’il avait ressenti.
Et cela il ne le voulait pas. Il n’était pas prêt à accepter les choses sans nom qui tourbillonnaient à l’arrière de son esprit et le perturbaient tant, le poussaient à hésiter et à douter, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, de ce qu’il était réellement.
Il n’était pas un spécialiste, mais il savait ce qu’il avait ressenti là-bas, face à Sasuke Uchiha d’abord, puis face a son frère.
La peur.
La peur lui avait tordu l’estomac, brièvement, lorsqu’il avait posé les yeux sur ces deux personnes, mais pour des raisons différentes.
Il connaissait la peur, en tant que telle. Ce sursaut salutaire en plein combat qui vous poussait un peu plus loin que ce que vous croyiez possible, parce que quelque soit votre abnégation, certains réflexes physiologiques décident de vous balancer une giclée d’hormone pour vous motiver à rester en vie.
Danzou-sama le lui avait expliqué. Lui avait dit que le ninja qui ne connaissait pas la peur était un crétin, et un cadavre en sursit. Et un ninja qui se laissait dominer par elle et le choc paralysant l’était tout autant. Mais c’était différent.
Mais ce qu’il avait ressenti a ce moment-là… C’était bien différent. C’était comme maintenant. Comme les monstres errant dans la tempête, comme la perspective peu réjouissante d’avoir à se battre contre ses équipiers actuels pour le bien du village. Comme de croiser le regard d’Uchiha, et de se demander pourquoi par tous les dieux quelqu’un, même d’aussi stupide que Naruto pouvait décider de mettre en jeu le peu de choses qu’il possédait –y comprit sa santé mentale- pour quelqu’un qui n’était qu’un traître et un danger pour le village : c’était irrationnel. Une crainte que rien ne pouvait expliquer, et qui avait tordu ses entrailles au plus profond, l’arrachant soudain à la vague satisfaction d’une mission qui si elle ne se déroulait pas du tout comme prévu n’en marquerait pas moins une bonne avancée des plans de son maître.
Soudain la mission était devenue autre chose, et il ne savait pas quoi.
Il ne comprenait pas, et ce n’était pas nouveau.
Il hésitait, parce que de nouveaux paramètres avaient modifié la mission en profondeur et qu’il n’avait pas les éléments pour décider si tuer l’Uchiha ruinerait ou non la mission –à supposer qu’il ne se fasse pas abattre dans la tentative par ses propres équipiers. Il hésitait et a priori c’était tout à fait normal, mais tout à coup il n’en était plus si certain, tout comme il aurait hésité l’espace d’un étrange instant, s’il lui avait fallu s’avancer droit dans la tempête –et pas parce qu’il craignait de se perdre loin du village.
Non, le vrai problème est qu’il se posait la question, et que soudain il sentait qu’il y avait là… quelque chose… Quelque chose de dangereux sûrement, et qui risquait de mettre en danger ce qu’il était, ce pourquoi il vivait.
Mais quelque chose d’important malgré tout.

Il posa son regard sur le mur mouvant de neige devant lui, et regretta de ne pouvoir sortir ses pinceaux et son papier pour dessiner. Dessiner aidait dans ce genre de cas. Cela balayait les hésitations, reconstruisait les choses en lignes nettes et en espaces vides faciles à appréhender…
Dessiner occupait l’esprit et le tenait loin de cette zone floue et de cette confusion qui menaçait.
C’était ce temps, cet endroit. Ce mur blanc tourbillonnant sans fin, sans but.
Le jour blanc gommait tout. Mangeait les lignes, et ce qu’il croyait croire.

La tempête redoubla.

---

« Je ne suis pas certaine, mais je crois que je sais ce que c’est… Ma professeur m’en a parlé une fois, » marmonna-t-elle après avoir attentivement examiné l’étrange blessure sous tout les angles et réalisé au passage que Temai avait raison –Sasuke était en train de mourir. Mais ce n’était pas le moment de penser à ça. Pas du tout.
Ne pense pas.
« Ça pourrait être un jutsu de Rétention… Pour ce que j’en sais c’est censé concentrer artificiellement le chakra de la victime en un point donné… » Elle farfouilla dans les profondeurs de son sac. « La décharge causée crée alors une espèce de court-circuit dans le système circulatoire, ce qui plonge la cible dans un coma artificiel. »
Temai lui jeta un regard indéchiffrable.
« Je n’en ai jamais entendu parler.»
« Ce n’est que la théorie… En pratique c’est compliqué à réaliser et un peu inutile, parce qu’il y a des dizaines et des dizaines de moyens beaucoup plus simples et tout aussi efficaces d’immobiliser quelqu’un… »
« Alors pourquoi-… »
« C’est très efficace sur les gens qui ont beaucoup de chakra… Le court-circuit est d’autant plus dévastateur… Mais je… je crois que le coup était destiné à Naruto. Tu es arrivé après, alors tu ne l’as pas vu… »
Elle réalisa qu’elle babillait inutilement, pour combler le silence et sa propre gêne, et s’interrompit en se mordant la lèvre.
« Mais je n’en sais pas plus. Ni sur les effets à long terme, ni sur la manière de l’inverser… Ni même s’il y a vraiment besoin de l’inverser en tant que tel… »
« Bon… Au moins on a une petite idée de ce que c’est, on devrait pouvoir improviser là-dessus. »
Le chuunin semblait à la fois excessivement confiant et peu soucieux de l’issue finale ce qui aurait fini d’irriter au plus haut point la partie de Sakura qui ne se dissolvait pas d’inquiétude si Tsunade ne lui avait pas dit et répété que chaque médic gérait le stress d’une manière différente. Si faire preuve d’un manque de subtilité brut et réjoui était la façon de Temai… Et bien dans ce cas elle était prête à laisser glisser les remarques irritantes. Surtout quand elles étaient d’un je-m’en-foutisme vaguement positif plutôt que d’un « ils vont tous crever et vraiment désolé, mais y’a pas grand chose qu’on puisse faire… »
Aussi se contenta-t-elle d’une grimace crispée –sourire était au-dessus de ses forces.
« Oui. Ou on peut du moins essayer de limiter les dégâts avec les moyens a notre disposition. Hokage-sama m’a donné des parchemins de soins pour les cas d’urgence, et j’ai deux trois trucs là-dedans qui pourraient être utiles », expliqua-t-elle inutilement lorsqu’elle vit le coup d’œil inquisiteur de Temai en direction de son sac.
« Je ne demandais rien… »
«… Allons-y. Nous avons beaucoup à faire.»
« Ok… Par où commence-t-on ? »
Un court instant la panique la submergea, et elle failli le reprendre. Elle n’avait pas l’habitude de cette configuration : normalement c’était elle qui obéissait aux ordres, pas qui les donnait. Elle n’avait encore jamais commandé d’équipe médicale, et Temai qui était pourtant plus expérimenté lui demandait son avis à elle ? Au nom de quoi était-elle plus qualifiée pour diriger les soins ?
Évidemment… Elle était l’élève de la Godaïme, et il devait penser…
« Il vaut mieux que ce soit celui qui en sait le plus sur ce jutsu bizarre qui prenne la direction, et tu connais les paramètres médicaux de Naruto… »
« D’a… D’accord. »
C’était plutôt logique.
Pare au plus urgent.
Elle attrapa deux cachets de version améliorée de pilule du soldat.
« Les blessures graves. Tu t’occupes de Sasuke et dès qu’il a l’air à peu près stabilisé tu vas soigner Naruto. Il guérit très vite en temps normal, mais son chakra peut parfois « empoisonner » les blessures… C’est… un effet secondaire d’une technique héréditaire. Moi j’essaie de réactiver au maximum sa circulation de chakra et j’essaye de contrer le jutsu de Rétention. S’il est encore actif rien de ce que l’on pourra tenter ne sera utile. Si ce n’est pas le cas, je m’occuperais de ses blessures. »
À sa grande surprise Temai obéit sans discuter.

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Il y eut un frémissement de l’air, un son de frottement préalable qui était sans doute plus une forme de politesse qu’autre chose, et Kaede-san se matérialisa dans l’encadrement de la porte, accompagnée d’une bouffée d’air froid et de quelques flocons de neige.
Elle fit un pas dans leur direction, et vacilla un peu avant de se reprendre. Temai l’ignora le temps d’achever la technique complexe de réchauffement qu’il se chargeait d’appliquer à Naruto, puis se dirigea vers elle pour l’intercepter en lui faisant signe d’attendre. Ce fut inutile toutefois, car la jounin ne pénétra pas dans la salle, réalisant immédiatement que le jutsu de guérison en cours était de ceux que l’on ne dérange pas sous peine de graves dommages autant pour le patient que pour les personnes se trouvant autour.
Elle recula.

Agenouillée sur le lit à califourchon par dessus les jambes de Sasuke, les mains jointes sur un parchemin dont les symboles ondulaient faiblement et se répandaient en arabesques élégantes sur la peau du jeune homme, Sakura l’ignora royalement.
Dans un dernier mouvement spasmodique, les ultimes signes calligraphiés quittèrent le rouleau pour aller s’agiter sous la surface de la peau. Le rouleau à présent inutile glissa à terre avec un claquement sec lorsqu’il atteignit le dallage tandis que du revers de son avant-bras Sakura essuyait la sueur qui menaçait de lui couler dans les yeux.
En un instant Temai fut à ses côtés et ramassa le rouleau vide pour le reposer sur le torse du jeune homme inconscient. Puis ses mains rejoignirent celles de Sakura au-dessus du ventre de Sasuke, et un instant le chakra vert fut visible tandis que les symboles se convulsaient frénétiquement sur la peau, comme animés d’une vie propre. Partout ou les pleins et les déliés des serpents noirs passaient, la brûlure semblait se résorber un peu, comme absorbée.
Ils maintinrent longtemps la position, le visage tendu par la concentration. Sakura transpirait de nouveau, et les sourcils de Temai étaient si froncés qu’ils se rejoignaient en une ligne unique.
Au fur et à mesure qu’ils circulaient sur la peau, certains signes remontaient sur le parchemin, ou ils étincelaient un instant, écarlates et lumineux comme un fer porté a rouge, avant de noircir de nouveau et de retrouver leur apparence d’inoffensifs caractères typographiques.
Quand les calligraphies fébriles eurent totalement disparu et que la brûlure informe ne fut plus qu’une irritation rougie sur la peau, la jeune femme reposa ses mains de part et d’autre du torse de Sasuke, et laissa retomber sa tête, le visage caché par ses mèches roses emmêlées.
Temai prit le pouls du jeune homme et passa à plusieurs reprises ses mains au-dessus du corps de Sasuke, dans une lente chorégraphie, comme s’il palpait une surface invisible.
Il esquissa finalement un sourire rendu vacillant par la fatigue.
« Ça a peut-être marché... Il nous faudrait les yeux d’un Hyuuga pour être certains, mais je crois que c’est bon. En tout cas il est redevenu à peu près régulier…»
Sakura redressa un peu la tête, et ferma les yeux. Ses mains tremblaient.

Kaede se racla la gorge.
« Kakashi-san m’a envoyé vous rappeler que le prisonnier devait être immobilisé. Des contentions de niveau trois devraient faire l’affaire. »
Si elle pensait quelque chose de cet ordre précis, rien dans son expression ne le suggéra. Sakura s’apprêta à protester, puis se ravisa et acquiesça d’un geste las.
Temai haussa les épaules, asymétriquement, comme si soulever les deux impliquait plus d’efforts qu’il n’était disposé à en fournir.
« Ok, mais de toute manière dans son état Mister Son n’ira nul par avant au moins un bon mois, si ce n’est plus. Ce n’est même pas encore sûr qu’il se réveille... »
La jounin fit signe que cela ne la concernait pas, et s’apprêtait à tourner les talons lorsque Temai l’intercepta.
« Laissez-moi regarder ça, » ordonna-t-il en désignant la blessure sur son front. Son expression s’assombrit et il fronça les sourcils. « Kaede-san vous auriez dû passer plus tôt, maintenant les bords de la plaie sont gelés… Je suis désolé, mais ça laissera probablement une cicatrice. »
La kunoïchi passa par réflexe une main sur sa tempe, et Sakura sentit sa gorge se serrer douloureusement. Le visage de la femme avait été magnifique.
« Oh… »
« N’y touchez pas Kaede-san… Laissez-moi faire… Setsu, amène-moi de l’eau chaude !» Temai dégagea les cheveux pris dans le sang coagulé et nettoya avec précaution la plaie avant d’appliquer son chakra. Kaede était très droite, assise sur un tabouret branlant avec un calme olympien confondant.
« Vous n’auriez vraiment pas dû rester dehors toutes ces heures Kaede… »
« Tu sais très bien qu’il faut consolider les défenses et essayer de sauver les bâtiments qui peuvent l’être avant que la neige ne détruise tout. »
« Combien de maisons touchées ? »
Elle était incapable de rester immobile à regarder Temai s’occuper de la jounin, réalisa-t-elle lorsqu’un sentiment de gâchis énorme commença à ramper douloureusement au creux de son ventre. Et ce n’était même pas parce qu’ils étaient en partie responsables, c’était… tout. Elle n’avait plus l’esprit très clair, sans doute.
Sakura se laissa glisser de la couche sur lequel avait été transféré Sasuke avant qu’ils ne tentent la technique improvisée, et entreprit d’attacher celui-ci aux contentions de cuir fixées aux montants du lit.
Les liens étaient épais, spécialement conçus pour retenir les ninjas pris de délire –ou de velléités d’évasion. L’un comme l’autre étaient possibles après tout...
Règle numéro un de la survie d’un médic-nin : un ninja désorienté et qui souffre à toujours tendance à tuer d’abord, et à poser les éventuelles questions ensuite. Alors c’est sans mentionner les ninjas désorientés et blessés en milieu hostile…
Elle serra les liens fort, jusqu'à ce que le cuir soit à un millimètre de mordre dans la chair, puis avança la main pour replacer une mèche d’ébène qui retombait sur un œil.
Elle suspendit son geste à quelques centimètres du front du jeune homme.
Sasuke aurait détesté ça…
L’ancien du moins. Il aurait haï de tout son être la position de faiblesse dans laquelle il se trouvait actuellement, et pire encore, haï qu’on l’y voit. Aurait détesté être si impuissant, si proche de la mort et dépendant des autres.
C’était sans doute l’une des rares choses qui n’aurait pas changé quand il se réveillait, songea-t-elle en laissant retomber sa main sur le matelas.
Il haïrait cela, il les haïrait probablement eux, et il le ferait savoir. Et pourtant… Pouvaient-elle… Pouvaient-ils espérer ?
Merci.
C’est ce qu’il avait dit en partant. Avant de l’assommer et de l’allonger sur un banc.
Etait-ce une raison suffisante pour espérer, ce tout petit mot ?



« C’est qui au fait ce type ? Un transfuge du Son ? Ou alors un des mignons d’Orochimaru que ceux d’en Haut veulent récupérer ? »
Elle n’avait pas entendu Kaede repartir, ni Temai s’approcher.
Et ça se prétend kunoïchi ? Laissez moi rire… Bouge toi ma vieille, tu ne vas pas laisser ce plouc de la campagne te prendre par surprise non ?!
Les vociférations Sakura-dans-son-fort-intérieur manquaient de conviction.
Sakura hésita un instant, puis ouvrit la bouche pour répondre. Il avait bien le droit de savoir…
L’identité de Sasuke n’avait rien de l’information classifiée, et après tout c’était son village qui avait servi de champ de bataille, il avait tout autant risqué sa vie que n’importe lequel d’entre eux. Elle lui devait bien une réponse.
Puis elle la referma : elle n’avait aucune idée de la réponse en question. Il était… qui ?
Un traître, un déserteur du Son, oui, certainement. Mais aussi et surtout un traître à Konoha ?
Traître… Non.
Les autres pouvaient penser ce qu’ils voulaient, elle n’était jamais parvenue à considérer Sasuke comme un traître… Ou plus exactement elle et Naruto s’y étaient toujours refusés, avec un acharnement aveugle et borné proche du fanatisme.
Sasuke n’était pas un traître, il était Sasuke qui s’était égaré sur la mauvaise route et qu’ils ramèneraient à coup de pieds dans le cul –et dieux, elle se mettait à penser comme Naruto...
Il était qui ?
Un mignon (erk ?!) d’Orochimaru ? Le premier garçon qu’elle ait jamais aimé ?
Elle ne voulait pas penser. Pas y penser. Pas maintenant.
« C’est Sasuke Uchiha, » dit elle finalement. « Il était dans mon équipe lorsque nous étions gennin. »
Une feuille tombée. Emportée par le vent loin de l’arbre.
« Uchiha comme dans Itachi Uchiha ? Le type qu’on a croisé tout à l’heure ? Ces Uchiha là ? »
Elle acquiesça silencieusement, le détestant pour la manière dont la simple mention du nom de Sasuke était suffisante, comme s’il était à lui seul un résumé complet et explicite. Comme s’il pouvait lui permettre de juger, de comprendre. D’entrevoir ne serait-ce qu’une fraction de tout ce qu’ils avaient souffert.
Elle attendit avec une certaine colère le commentaire qui ne pouvait manquer de suivre. Et fut relativement déçue.
« Oh… » Temai pencha la tête avec un air songeur avant de lui adresser un indéchiffrable regard en coin. « Alors ça veut dire qu’en une journée, on a vu plus d’Uchiha que n’importe qui d’autre n’en verra probablement jamais… »

Sakura le fixa avec surprise, puis un gloussement incontrôlable lui échappa, sincère et pourtant étranglé dans sa gorge.
« Plus de U-… Oh… » Elle ferma les yeux, et rit, à en perdre le souffle, vaguement consciente que la remarque n’était pas si drôle que ça. « C’est… Je n’avais pas vu les choses sous cet angle, mais c’est vrai… » Le gloussement mourut sur un hoquet qui ressemblait beaucoup trop à un sanglot. Elle se racla la gorge. « Désolé… »
Il secoua la tête d’un mouvement bizarre, sec.
« Vous êtes épuisée Sakura-san… Vous devriez vous reposer. »
« Il reste trop à faire… Sasuke… et Naruto-… »
« Sont aussi stables qu’ils peuvent l’être étant donné les circonstances, et en bonne voie de cicatrisation en ce qui concerne Uzumaki, même si le fait qu’il soit toujours inconscient est préoccupant. La seule chose qui soit a notre disposition maintenant, c’est l’attente. Il n’y a rien que vous puissiez faire pour le moment, et vous ne serez d’aucune utilité si l’état de l’un d’entre eux s’aggrave brutalement et que vous tournez de l’œil parce que vous n’aurez pas reconstitué vos réserves de chakra…
Touché…
- Si vous voulez, il y a un lit pliant dans un des placards. On peut l’installer à côté.
Re-touché
Et avant qu’elle ait eu le temps de songer à une autre objection, une couchette bancale avait fait son apparition dans un coin de la pièce, et Temai l’installait presque de force sur l’étroit matelas.

Finalement elle ne haïssait peut-être pas ce type tant que ça…


---

« Vraiment ? »
« Oui Seigneur. L’information ne fait quasiment aucun doute. »
« Je me demandai quand ils se remettraient en mouvement… Le choix de la période est étrange… Pourquoi maintenant ? »
Le messager agenouillé ne répondit pas. La question ne lui était pas vraiment destinée, de toute manière.
« Relève toi Takeho. Tu vas attraper la mort, le plancher est gelé… Je n’ai pas besoin de serviteurs qui meurent de pneumonie… »
Avec un signe de tête reconnaissant le jeune homme obtempéra et se redressa sans paraître relever l’excentricité du propos. C’est vrai que le sol était fichtrement froid après tout…
Il frotta discrètement ses jambes l’une contre l’autre avant de retrouver l’immobilité parfaite de celui qui maîtrise parfaitement son corps et peut rester au garde à vous plusieurs heures sans bouger un doigt de pied, et ce même ses muscles ressentaient encore la douleur du combat de la veille, et de la course qui s’en était suivit, ainsi que celle qui avait précédée.
« C’est un choix perturbant. A priori inexplicable… Le début de l’hiver n’est en aucun cas une période à commencer quoi que ce soit… J’aurais compris des recherches d’alliance, ou même un nouveau coup d’éclat après ce qui s’est passé a Suna cet automne… Mais ça… » Il se tourna brutalement, et riva son regard d’aigle dans celui du guerrier immobile. « Qu’en dis-tu Takeho ? »
L’autre hésita un instant, modérément surpris de se voir demander son avis. Sa nuque se courba, et il fixa ses mains comme si leur contemplation pouvait lui apporter une réponse.
« … Vous avez parlé d’alliances. À quoi pensiez-vous Seigneur ? »
L’homme le dévisagea une poignée de secondes en silence, puis éclata de rire, un rire ample et sincèrement amusé, qui s’accordait bien avec sa physionomie. Il plaça ses mains sur ses hanches, et le rire mourut abruptement. Il étudia encore un instant son vis a vis avant de se détourner.
« Il est évident qu’ils ne peuvent continuer comme cela. Leur force résidait dans le secret et l’anonymat… Maintenant bien trop de gens savent ce qu’ils veulent, même si le pourquoi reste une toute autre affaire… Et ils s’attaquent directement à la puissance des Villages à présent… Suna a changé la donne, ce n’est plus simplement militaire, ça devient politique… Ni les Dayimo ni les Kage ne se laisseront marcher sur les pieds sans réagir a présent que l’Akatsuki a failli tuer l’un d’entre eux. C’est pour cela qu’aussi puissant soient-ils ils devront forcément chercher des alliés, si ce n’est déjà fait. »
« Mais… Enfin, le Son aussi a fait tuer des Kage… »
Le Seigneur secoua la tête.
« Non, non, c’est différent. Orochimaru a une légitimité qu’ils n’ont pas. C’est un Sannin, et il a le soutien politique et financier d’un pays, aussi petit soit-il. Et en même temps que d’assouvir une vendetta personnelle, son coup avait des buts politiques et stratégiques… Ce sont des choses que les Seigneurs comprennent. Même s’ils devraient probablement bien plus se méfier d’Orochimaru, ils conçoivent ses motifs –ou du moins pensent les comprendre... Les villages s’entre-trahissent mutuellement et cherchent à prendre le pouvoir l’un sur l’autre depuis des siècles, ce genre de coup fourré est implicitement admis. C’est dans les règles. »
Il posa un instant, juste suffisamment pour indiquer que ce qui allait suivre était la véritable explication. « L’Akatsuki n’a pas cette légitimité. Et ils viennent de prouver qu’ils n’hésiteraient pas un instant à s’en prendre a n’importe qui, aussi haut placé ou aussi important soit-il, si ça peut servir leurs desseins. Le meurtre –ou devrais-je dire la tentative de meurtre, puisque ceux du Sable Rouge se sont montrés plus… imprévisibles que ce a quoi l’on aurait pu s’attendre… La tentative de meurtre à l’encontre Kazekage donc, ne répondait à aucune raison stratégique ou politique entrant dans leurs rapports de force habituels : ils ont peur, voilà la vérité.
Parce que les Akatsuki ont la force nécessaire pour menacer l’équilibre même des Cinq Pays, et aucune des raisons qui rendraient n’importe quelle attaque non seulement compréhensible, mais aussi prévisible. Tout ce qu’ils voient, c’est que pour des raisons connues d’eux seuls les Akatsuki ont tué un Kage avec une facilité déconcertante. Et qui si pour une raison connue d’eux seuls l’un des Dayimo se trouve dans leur chemin, ils n’hésiteront pas une seconde à s’en débarrasser. La suite est facile à prévoir…
L’Akatsuki a compromis deux de ses points forts : le secret total, et la non-implication. Même si tous les pays ne réagissent pas, ceux qui le feront seront toujours trop. Une guerre ouverte ne les intéresse pas… Si ils veulent éviter une coalition des Pays contre eux, ou du moins y survivre, il leur faut des alliés –lesquels ne devraient d’ailleurs pas être excessivement difficiles a trouver pour des gens comme eux… »
« Oh… »
Le jeune homme sembla assimiler l’information.
« Alors… Peut-être que cette manœuvre était liée a cela non ? Une contrepartie pour leurs futurs alliés ? »
L’autre s’immobilisa là ou il était, à mi-chemin de la table sur laquelle le thé intact refroidissait.
« Une contrepartie… Oh... Oui, oui… C’est une idée intéressante… » Il pencha la tête et sourit de son sourire un peu tordu, comme si cette perspective l’amusait grandement. «Mais cela signifierait que certaines personnes jouent double jeu n’est-ce pas ? »
« Double… ? »
« Dépassement, cavalier seul… Plusieurs maîtres et plusieurs visages… Oui… Si c’est une contrepartie la liste d’alliés potentiels diminue… Après tout, à qui cette tentative ratée pouvait-elle bien servir ? Mais dans ce cas la question est de savoir si la mission, cette contrepartie, a été couronnée de succès ou non, n’est-ce pas ? La mission a-t-elle échouée volontairement ? »
Il était reparti dans sa réflexion à voix haute, l’exploration excitée des nouvelles possibilités et Takeho ne répondit pas, se contentant d’essayer de suivre la réflexion brillante en formation dans les bribes de discours qu’il capturait au vol.
« Et comment… Comment savoir quelle va être la réaction, si c’est le cas ou non ? Coup, contrecoup… Si ce que tu m’as dit est vrai, alors le pays du Riz ne va pas rester passif beaucoup plus longtemps. Ils n’auront pas le choix, pas après avoir accordé un tel soutient au Sannin… Et l’Eau va-t-elle se laisser entraîner à la suite ? Quand à la Terre… Oui… Probablement. Les Kage vont bientôt avoir beaucoup à faire. Des joueurs intéressants vont entrer dans la partie… Bientôt… »
Il ne souriait plus, mais l’expression dans son regard gris envoya une décharge d’anticipation dans la colonne vertébrale de Takeho. Cet homme avait une manière de vous regarder qui vous atteignait physiquement, vous frappait au tripes, a un niveau animal.
« Très bientôt oui. Donc soyons les premiers à pousser les pions. Les informations n’arriveront pas avant plusieurs jours dans les pays les plus proches… Poussons l’avantage tant que nous le pouvons, parce que les choses vont s’accélérer. »
Il fit un geste machinal de la main droite, celle a laquelle il manquait l’auriculaire, traçant une arabesque floue en l’air pour illustrer ses propos.
« N’oublie pas ce que j’ai dit. Tu vas voir Takeho, à partir de maintenant les choses vont se complexifier, et devenir intéressante… De nouveaux joueurs ou d’autres, qui se révèlent. Des hommes et des femmes fascinants, pions ou non… » Ce sourire, encore. Teinté de gravité cette fois-ci, mais aussi porteur d’une excitation jubilatoire presque enfantine. « Nous entrons de nouveau dans une période ou de telles personnes vont avoir un impact déterminant. Tout ces électrons libres… Pièces errantes, imprévisibles. Des joueurs forts, dans un échiquier sans cases ni limites… Ni but même. Impossible de dire comment les choses vont évoluer, même si on peut essayer. » Takeho hocha lentement la tête. Il voyait ce que le Seigneur voulait dire. Après tout, son maître lui-même n’était-il pas par excellence une de ces pièces imprédictibles ? « Mais je suis à peut près certain d’une chose, Takeho : quoi que l’on fasse le semblant de paix entre les Cinq Pays ne passera pas l’hiver, crois moi. »

***
TBC
Tayuya
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Message par Tayuya »

Très bon chapitre. Les points de vue de Saï et Sakura sont très bien menés mais j'avoue que celui de notre guimauve rose (héhé désolée j'ai pas pu m'en empêcher) était un peu long. Cela dit, c'était très juste et ça rend bien à quel point elle a évolué sans même s'en rendre compte elle-même.
Et Saï qui commence à douter :lol: je ressens des choses... pas normal ça :hein:

Et le climat de tempête, avec la neige partout était génial. On s'y croirait.

Quand au fond politique... ça promet ^^
Sakamoto Julietta
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Message par Sakamoto Julietta »

Et bien je ne l'attendais plus ce chap... (c'est dur d'écrire une fic entière hein?)

On peut dire que du point de vue description, tu t'es surpassée... WoW

Du point vue scénario et ambiance, tu as vraiment assurée...WoW

C'était vraiment bien même si je peux concevoir à quel point ce genre de chapitre doit être ennuyant à écrire...
I Think I'm Dumb...(repeat)
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