Tomber
Publié : ven. 17 mars 2006, 22:34
Tomber
« Il y'a une étrange satisfaction à toucher le fond du désespoir ; l'excès du malheur procure une espèce de sécurité, havre de grâce pour l'âme du naufragée qui n'ose plus croire. »
Julian Green
Ses deux yeux noirs s'ouvrirent à une vitesse qui la fit sursauter alors qu'elle le recouvrait d'une couverture supplémentaire. Les deux yeux papillonnèrent dans tous les sens, analysant les moindres détails de la salle. Il comprit. Son premier réflexe fut de prendre appui sur ses deux bras pour se relever. Une douleur sourde l'interrompit en plein milieu de son geste. Son bras gauche le lâcha et il retomba de tout son poids sur le lit dans un grincement sinistre. L'infirmière, qui venait de se remettre de sa frayeur, intervint et tenta de la plaquer sur son lit de sa main droite. De son autre main, elle saisit une seringue remplie d'un somnifère. On lui avait dit que l'enfant risquait d'être violent (mais les enfants de ninjas ne le sont-ils pas tous songea-t'elle).
C'était une infirmière qui n'avait aucun lien avec le monde des ninjas, que ce soit par le sang ou par les connaissances. Elle faisait partie des 65% de civils que comptait Konoha et sa compréhension de l'univers parallèle ne tenait qu'aux quelques détails qu'elle avait grappillés par-ci par-là au gré de ses rencontres dans l'univers hospitalier, univers dans lequel elle ne s'occupait que de civils, les ninjas étant réservé aux médecins ninja. Cependant, il arrivait que par manque d'effectif, elle se retrouve au chevet d'un shinobi et s’il n'y avait qu'une chose qu'elle avait retenue au cours de ses cinq années passées à l'hôpital de Konoha, c'était que quand le médecin disait que le patient risquait d'avoir un comportement violent, c'était qu'il allait avoir un comportement violent. Ainsi avait elle prit l'habitude d'avoir toujours une seringue pleine de clonazépam, puissant somnifère, planquée dans de la manche (le concept d'arme caché la rapprochant inconsciemment des ninjas qu'elle soignait).
Ce jour-là, elle devait s'occuper d'un garçon brun âgé de six ans. Le médecin, un medic-nin comme ils étaient surnommés, lui avait précisé qu'il venait de subir un traumatisme violent. Il lui avait dit sans détour que son frère avait massacré tout son clan et que ce garçon était l'unique survivant. La seule meurtrissure qu'il présentait d'un point de vue physiologique était une entaille nette et peu profonde dans l'épaule, qui avait déjà été guérie par les ninjas dépêchés après la boucherie. Cependant, ils avaient été dans l'impossibilité de le réanimer. Son frère semblait l'avoir plongé dans un genjutsu (mot qu'elle traduisit par hypnose) assez puissant. Elle avait également compris qu'il ne connaissait pas ce type d'hypnose et que tout ce qu'il pouvait faire était de le veiller et de prendre ses constantes à intervalle régulier en espérant qu'il ne se réveille. Le médecin avait ajouté, dans un murmure presque plaintif, qu'il regrettait que la limace ne soit pas là. Elle n'avait pas compris de quoi il parlait, mais elle pensait qu'il s'agissait d'un code de l'univers parallèle. De toute façon, n'ayons pas peur des mots, elle n'en avait rien à faire tant qu'elle touchait sa paye à la fin du mois.
Tout de même, par conscience professionnelle, elle s'en était enquis auprès des autres infirmières qui lui avaient expliquée qu'il s'agissait d'une femme médecin au talent hors du commun. Elle avait acquiescé, puis avait cherché à en savoir plus à propos du garçon dont elle allait s'occuper. Elle avait appris qu'il était l'unique descendant d'une famille d'illustres ninjas, les Uchiwa, et plein d'autres informations dont elle n'avait que faire et qu'elle allait oublier dès la fin de la discussion (Katon et Sharingan, mais qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ? ). Par contre, ce qu'elle n'avait pas compris, c'était pourquoi, s’il était l'illustre héritier de cette famille, il n'y avait personne à son chevet. Les autres infirmières, bien qu'un peu excédée par toutes ses questions, lui avait dit que le clan dont il venait, malgré tous le respect que lui portait les ninjas en raison de son niveau d'exception, n'avait que peu d'amis dans le village.
« C'était un clan très fermé et enfermé dans leur tradition, lui avait expliqué la doyenne des infirmières, entre deux cigarettes. On disait d'eux qu'ils étaient très arrogants. À l'enterrement, rares sont ceux qui les ont pleurés, et la seule chose que regrette la majorité des dirigeants du village, c'est la perte de ce clan en tant qu'arme, et non en tant qu'homme. Seul l'Hokage et quelques autres ont été très peinés de leur disparition. D'autres, comme les Hyuuga, ont presque fait la fête à l'annonce du massacre, alors qu'ils sont un clan aussi attaché à l'étiquette que les Uchiwa. C'était leur principaux rivaux à la course du clan le plus puissant de Konoha, ajouta-t'elle en lisant la perplexité qui s'était dessiné sur le visage de son interlocutrice. Pourtant, ils ne savent pas ce qu'ils perdent… »
Elle tira sur le bout de sa cigarette, puis termina la discussion sur cette phrase :
« Je plains ce gamin. Il risque d'avoir une enfance très seule. »
Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier.
Elle avait éprouvé beaucoup de pitié pour ce garçon si jeune, pitié qui disparut lorsqu'il réussit à la repousser d'un coup de pied bien placé. Elle se frappa la tête contre le mur recouvert d'un carrelage blanc javellisé et manqua de s'évanouir. Profitant de l'instant de flottement qu'il avait chèrement gagné, il bondit hors du lit et commença à se diriger vers la porte en courant. Il posa sa main sur la poignée et se voyait déjà retourner à la maison pour retrouver sa famille. Sa famille qui n'était pas morte, et certainement pas tué par son frère. Ça n'avait été qu'un cauchemar, certes très réaliste, mais un cauchemar. Il allait pouvoir la retrouver et il annoncerait fièrement qu'il avait réussi à s'évader de l'hôpital (dont par ailleurs il ne savait pas ce qu'il y faisait), après quoi il se ferait sermonner par son père et apercevrait le sourire en coin de son frère qu'il traduirait aussitôt par un bien joué à peine voilé. Sa mère le ramènerait illico presto dans sa chambre d'hôpital mais au moins, il aurait la certitude que sa famille n'était pas morte.
Sauf que l'infirmière ne s'était pas évanoui.
Elle venait de lui planter une seringue longue comme sa paume dans son mollet. Il la fixa avec incrédulité puis il la vit presser le piston. Le liquide s'insinua en lui et, en un instant, sa vue se fit très trouble. Des points blancs traversèrent son champ de vision puis il sombra dans les ténèbres.
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« Tu es réveillé ? lui susurra une voix qu'il devinait âgé »
Il entrouvrit une paupière et, se rappelant où il était, tenta de se relever. Il échoua. Des contentions le ceinturaient au lit. D'un rapide coup d'œil, il comprit qu'il n'arriverait pas à s'en dépêtrer, néanmoins il réussit à se redresser et il reposa son regard sur la personne qui venait de le réveiller. Il n'eut aucune peine à le reconnaître. Il s'agissait du Sandaime, troisième Hokage de Konoha, avec son éternelle pipe à tabac au bec, mais éteinte.
Sasuke fronça les sourcils pour se donner une contenance, mais en fait seule l’incompréhension se lisait sur son visage.
« Pourquoi je suis attaché ici ? lança-t'il, sans s'ennuyer avec toutes les formules de politesse qu'on lui avait enseignées depuis qu'il était en âge de parler. Il avait beau n'avoir que de six ans, il savait parfaitement qu'on avait aucun droit de l'attaché à son lit et de le séquestrer à l'hôpital. Quand mon père saura ça…
« C'est moi qui est pris la - ahem - précaution de t'attacher à ton lit. Il faut que l'on parle de quelque chose… Et ça te sera très dur à entendre… Mais il faut qu'on puisse le faire sans détour, sans que tu fuis. C'est pour ça que tu es attaché. Et aussi parce que as manqué d'assommer une infirmière, précisa-t'il.
- Je veux voir ma famille, répliqua Sasuke: Vous n'avez pas le droit de m'attacher ici ! Quand mes parents sauront ça, ils feront un scandale ! »
Même s'il lui paraissait improbable que son père face un scandale (L'ai-je déjà vu faire un scandale ? D'habitude, c'est ma mère qui a tendance à s'échauffer quand il s'agit de moi et mon frère. ) Il savait que son clan avait presque autant d'influence que l'Hokage. Son père lui avait suffisamment rabâché les oreilles avec ça pour qu'il l'ait assimilé.
Le Sandaime le fixa d'un air indéchiffrable, saisit sa pipe pour la poser sur la table à côté de Sasuke.
« Dis moi Sasuke. Qu'elle est la dernière chose dont tu te souviennes ?
- Je rentrais d'un entraînement de shuriken. Je pense que j'ai dû chuter et m'évanouir. »
Ça lui arrachait les tripes d'avouer qu'il ait pu chuter et s'évanouir comme un idiot. Mais c'était la seule conclusion possible à laquelle il était arrivé. Il n'y avait pas d'autre explication.
Son frère était certes plus renfermé qu'à son habitude, puis il y avait eu ce sharingan bizarre, mais il était certain que son frère n'avait pas massacré son clan. Oui, il en était certain…
« Tu mens Sasuke, et tu en es pleinement conscient. Je lis dans ton regard qu'il y'a eu autre chose. »
Sasuke ne répondit rien, fixant les draps blancs dans lesquels il flottait.
« Sasuke… fit Sarutobi d'une voix presque plaintive. (Je pense que tu es en âge comprendre ce que la mort représente. ) Ton clan, ta famille a disparue. Ils sont tous morts, sans doute tué par ton frère. Tu dois déjà le savoir, étant donné que c'est à lui que tu dois ta coupure à l'épaule. »
Sasuke resta interdit pendant quelques secondes, ses yeux fixant le mur blanc comme s'il y avait une fenêtre qui donnait sur l'horizon. Ses mains se crispèrent et ses ongles s'enfoncèrent dans la peau. Un mince filet de sang coula le long de ses paumes.
Ce fut avec une difficulté extrême que l'Hokage termina sa phrase.
« Tu en es l'unique survivant.
- Vous mentez, répliqua-t'il d'un ton abrupt.
- Je le voudrais bien. »
Il s'écoula une minute pendant laquelle personne ne prononça la moindre parole, chacun étant perdu dans ses propres pensées.
L'Hokage avait été surpris de voir que Sasuke prenait la nouvelle avec un tel détachement, du moins en apparence. Il avait vu le sang qui avait goûté, maculant les draps d'un rouge vif. Il avait vu ce regard abruti par le chagrin, perdu dans un passé révolu. Pourtant, il n'y avait eu aucune larme. Il savait que dès leur plus jeune âge, les Uchiwa étaient élevés dans le respect de l'étiquette, qui était peut-être leur unique bouée de sauvetage dans des moments aussi troubles. Mais ce n'était pas à un Uchiwa mûr qu'il faisait face. Bon dieu, ce n'est encore qu'un enfant, eut-il envie de crier. Il ne le put. Il savait que les enfants étaient les premiers à subir les conséquences de la voix du ninja, avec un parent qui ne revenait pas ou bien qui revenait détruit. Il savait que rares étaient les enfants de ninja qui avait un sourire qui ne cachait pas un fond de tristesse. Il savait… Il savait beaucoup de chose mais il trouvait que trop nombreuses étaient celles auxquelles il ne pouvait rien y faire. Nombreux étaient attirés par la voix du ninja qui était synonyme d’aventures et de combats. Il avait beau mettre en garde les enfants de l’académie en prevenant que ce serait sans doute une voix où la mort serait le seul compagnon qui jamais ne les abandonnerait, jamais ils n’étaient, trouvant presque son discour trop caricatural. Si seulement il pouvait savoir sans avoir à en faire l’expérience…
Il voulait crier contre cette injustice, mais il ne pouvait pas exploser devant cette enfant au regard trop mature et déjà malmené par la vie.
Sasuke n'y avait pas cru, du moins, pas pendant les premières secondes. Il avait repoussé de toutes ses forces l'idée qu'il est tout perdu à cause de son frère. Il avait fui l'idée que plus jamais il ne reverrait le sourire bienveillant de sa mère, plus jamais il n'aurait droit aux commentaires doucereux que son père distillait avec une extrême parcimonie, fini l'époque où il pouvait chaparder des pommes en toute quiétude à ses lointains cousins par alliance. Un Uchiwa est fort quelque soit les circonstances, murmura une voix familière dans le fin fond de son esprit. Jamais il ne doit montrer de larmes, que ce soit sur un champ de bataille ou dans la vie civile. Alors Sasuke retînt ses larmes de toutes ses forces, mettant fin à la bouffée de chagrin qui le secouait au niveau de l'estomac.
L'Hokage avait raison. Toutes ses règles étaient l'unique bouée de sauvetage dont que possédait un garçon aussi jeune dans un moment aussi triste.
Mais peut-être que la bouée ne s'apparentait que trop à une enclume qui, au lieu de vous maintenir à flot, vous entraînait dans les abîmes ténébreuses mais ô combien attirante de la folie.
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« Où suis-je ? » murmura Sasuke
« Où suis-je…Où suis-je…Où suis-je…Où suis-je… répéta plusieurs fois un écho. »
« Que fais-je ici ? »
« Que fais-je ici ? Que fais-je ici ? Que fais-je ici ? répéta ce même écho. »
Il portait ses vêtements habituel, tout du moins c'est ce qu'il lui semblait. Il se tenait debout dans une pièce sombre qui ne semblait pas avoir de rebords et qui s'étendait à l'infini. Il n'arrivait à ne voir que dans les trois mètres qui l'entouraient, et, fait étrange pour un Uchiwa, il voyait flou. Ses mains, ses jambes étaient floues sans qu'il ne sache pourquoi.
Plus que l'absence de bornes à cette étendue, plus que l'obscurité, plus que l'écho, c'était la difficulté avec laquelle il cernait ce qu'il voyait qui lui faisait peur.
En tant qu'Uchiwa, il n'avait jamais eu de problème de vision. Mieux, elle était supérieure à la normale. Le noir ne l'avait jamais effrayé, car il voyait presque comme en plein jour. Il avait souvent regardé avec dédain les personnes qui devaient se servir de lunette pour voir.
Il fit quelque pas devant lui. Sa démarche était lourde, chacun de ses gestes d'une lenteur extrême. Ses chaussures, deux getas, faisaient un drôle de bruit à chaque pied qu'il posait au sol. Il eut l'impression qu'il n'arriverait jamais à parcourir les deux mètres qu'il s'était fixés comme objectif et le temps lui donnait l'impression de s'étirer à l'infini.
Soudain, sans qu'il ne s'en soit rendu compte, sans qu'il n'y ait aucune logique, de nombreux objets apparurent autours de lui. Il reconnut parmi toutes ses breloques une broche qui appartenait à sa mère, un médaillon que son père n'avait jamais quitté, il entr'aperçut l'étal à légume de ses cousins, le jeu de kunaï que son frère avait reçu pour un anniversaire, ainsi que de nombreux autres objets qui appartenaient à d'autres membres de son clan. Une lumière, inexistante un temps auparavant, éclaira un mur. Celui-ci sortit des ténèbres et Sasuke reconnut le gigantesque éventail rouge et blanc dessiné dessus. L'emblème des Uchiwa.
Un liquide chaud se faufila entre ses pieds maintenant nu. Le liquide était rouge vif.
Il se pencha en avant, trempa son doigt et le porta à la bouche. C'était salé.
Du sang…
Le niveau du sang s'éleva, noyant son pied jusqu'à la cheville. Sasuke remarqua que les objets commencèrent eux aussi à disparaître sous ce liquide pourpre. Il plongea sa main dans le sang pour récupérer le médaillon, la broche. Mais il n'arrivait pas à les retrouver à cause de l'opacité du sang. De plus en plus de ce liquide pourpre apparut et il ne parvenait toujours pas à attraper les affaires de sa famille. Il commença à s'affoler et alla jusqu'à plonger sa tête pour les retrouver.
Il ressortit la tête rouge, les mains vides.
Et ce niveau qui ne cesse de monter.
Le sang monta jusqu'à sa nuque. Il voulait nager, mais son corps était lourd comme une enclume. Lorsqu'il leva les yeux au ciel, aspirant son ultime goulée d'air. Il aperçut deux mangekyou sharingans qui le fixaient d'un air dédaigneux.
Il n'eut pas le temps de former une autre pensée. Il se noya dans le sang.
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Lorsqu'il ouvrit les yeux, une mince pellicule de larme s'était déposé sur ses cils. Un sentiment de honte le triturant, il se frotta les yeux pour le faire disparaître, en même que les larmes. Il remarqua en même temps que ses contentions avaient disparu.
Il faisait encore nuit, du moins conclut-il à cause de l'obscurité ambiante. À son grand plaisir, sa vue avait retrouvé toutes ses facultés et il put lire l'heure sur l'horloge qui égrainait les secondes au rythme des tic-tac.
Cinq heure du matin…
C'était une heure bâtarde. Trop tôt pour se lever, trop tard pour se rendormir. Il avait peur de se rendormir et de retomber dans un cauchemar, mais il refusait de se réveiller et de penser à ça .
Sans faire exprès, du moins c'est ce qu'il allait dire, il appuya sur le bouton qui était en relation avec le bureau des infirmières.
Deux minutes plus tard, quelqu'un se présenta. Il espéra que ce n'était pas l'infirmière qu'il avait assommée. À sa grande joie, ce ne fut pas elle. Au lieu de ça, il fit face une médic-nin , fort jolie, qu'il avait déjà eu l'occasion d'apercevoir en ville avec… Non ! N'y pense pas. »
« Qu'y a t'il ? demanda-t'elle à voix basse, pour ne pas réveiller ceux qui dormaient dans les pièces voisines.
- Je… Rien du tout… fit-il d'une voix endormie. »
Il feint la surprise lorsqu'il aperçut sa main sur le bouton.
« Oh… Je vois. Tu n'as pas fait exprès d'appuyer dessus. Ce n'est pas grave. Rendors toi bien. »
Elle commença à fermer la porte mais il l'interpella avant.
« Non ! (À cet instant, il haït les intonations suppliantes que prit sa voix) Restez s'il vous plaît. »
Elle le fixa de ses grands yeux émeraude.
« Très bien. Je vais rester avec toi pendant dix minutes, le temps que tu t'endormes.
- Merci… murmura-t'il. »
Il ne parvint pas à se rendormir, mais au moins sa présence empêcha ses pensées de s'égarer sur un sujet qu'il n'aurait pu éviter s'il avait été tout seul. Il arrivait que son esprit fourche sur une image de sa mère, de son père ou de son cauchemar, mais il suffisait que son regard se pose sur la medic-nin qui feuilletait un livre pour qu'il réussisse à chasser cette pensée cancéreuse. Il savait que viendrait un moment où il ne pourrait s'empêcher d'y penser, où il devrait y penser mais il voulait repousser ce moment du mieux qu'il pouvait. C'était encore trop présent, trop douloureux. Pourtant, il aurait mieux valu pour lui qu'il exorcise cette douleur le plus tôt possible, avant qu'elle ne le gangrène.
Le médecin resta avec lui jusqu'au petit matin, ne s'éclipsant pour aller voir d'autres patients que quelques cours instants qui duraient une éternité aux yeux de Sasuke.
Au première lueur de l'aube, l'Hokage revint visiter Sasuke. Ce fut le moment que la medic-nin choisit pour sortir définitivement, non sans poser un baiser sur le front de Sasuke, comme sa mère lui avait fait à de nombreuses reprises.
L'Hokage ne lui pas l'affront de savoir s'il avait passé une bonne nuit.
« Sasuke. Je sais que ce n'est pas le moment, mais il faut que nous parlions de ton avenir.
- De mon avenir ? répéta-t'il incrédule, comme si la simple idée qu'il y ait un après était d'une absurdité sans nom. »
Le Sandaime le regarda d'un air doux.
« Je sais qu'au moment où l’on se parle, ça te paraît impossible, mais tu as un avenir. Il ne faut pas que tu restes bloquer dans ce passé. »
Sasuke acquiesça pour la forme.
« Bien… reprit le Sandaime. Comme tu te doutes, dans notre univers, il est courant que Konoha est à la charge de nombreux orphelins. Nous avons de nombreuses structures d'accueil en place, et je pense que le mieux serait pour toi que tu ailles dans un orphelinat, au moins jusqu'à tes neuf/dix ans. Ensuite, tu pourras vivre seul dans un appartement ou bien retourner chez toi.
- Et pendant le temps que je passerai dans un orphelinat, qui s'occupera du domaine des Uchiwa ?
- Et bien, je pensais que Konoha en aurait la charge, ainsi que tout ton héritage, jusqu'au moment où tu décideras de le réclamer. »
Sasuke resta muet et pensif.
Que voulait-t'il faire ? Ou plutôt, qu'est ce que son père et sa mère auraient aimé qu'il fasse ? Il avait mal, très mal au niveau du coeur. Pourquoi devait-il prendre toutes ses décisions, pourquoi devait-il s'occuper de tout ça ? Pourquoi ne pouvait-il pas oublié ?
Chaque fois qu'il clignait des yeux, il avait toujours l'image de son frère lui lançant le shuriken qui lui avait entaillé son épaule, toujours l'image de ses parents en train de se faire trancher. Plus jamais il ne pourrait profiter de cette coupure, de ces micro instants pendant lesquels quiconque pouvait s'oublier pour finalement reprendre pied sur terre lorsque les yeux s'ouvraient.
Son père aurait voulu qu'il ne salisse pas le nom de Uchiwa en s'abaissant à vivre dans un orphelinat. Sa mère n'aurait souhaité que son bonheur et aurait fait passer le clan après lui. Mais plus que la reconnaissance de sa mère, c'était la reconnaissance de son père qu'il recherchait. Et plus que la reconnaissance de son père, c'était l'attention de son père qu'il voulait à tout prix.
Regarde- moi bien d'où tu es Père. Je vais vous venger. Tous vous venger jura-t'il puis il déclara :
« Je veux vivre par mes propres moyens dans le domaine de mes ancêtres. J'ai suffisamment d'argent pour vivre jusqu'au moment où je toucherai mon salaire de ninja. Jamais un Uchiwa n'abandonnera son domaine. »
L'Hokage voulut le contredire, énoncer un à un les arguments, dire qu'il était trop jeune, en état de choc, qu'il fallait qu'il réfléchisse un peu, qu'un enfant de sept ans ne pouvait vivre seul. Mais lorsqu'il rencontra le regard de Sasuke, où se mêlait déjà cette assurance, cette volonté et cette tristesse sourde, il sut que jamais il n'arriverai à le faire changer d'avis.
« Très bien, furent les seules mots qu'il put prononcer. »
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Voici ma deuxième fic. Ca ne devait au départ n'être qu'un simple one-shot mais trop d'idée me sont venus pour que je puisse me contenter d'un simple One-Shot. L'histoire devrait faire encore deux ou trois chapitres supplémentaire qui devrait faire à peu près cette taille.
Il y'a quelques modifications par rapport à ce qui est dit dans le manga. Dans la vraie version, Sasuke se réveille dans une salle d'hopital et fuis tout de suite vers sa demeure qu'il trouvera scellé. J'ai préféré allongé son passage à l'hopital, ce qu'on pourra me reprocher.
J'avoue que je ne sais que penser de cette histoire. On pourra me reprocher mon manque d'imagination, mais qu'importe, l'idée m'est venu en lisant un fic où l'on disait que Sasuke avait dû apprendre à cuisiner tout seul.
Je ne sais pas trop ce que vous en penserez mais j'espère que ça vous a plu.
« Il y'a une étrange satisfaction à toucher le fond du désespoir ; l'excès du malheur procure une espèce de sécurité, havre de grâce pour l'âme du naufragée qui n'ose plus croire. »
Julian Green
Ses deux yeux noirs s'ouvrirent à une vitesse qui la fit sursauter alors qu'elle le recouvrait d'une couverture supplémentaire. Les deux yeux papillonnèrent dans tous les sens, analysant les moindres détails de la salle. Il comprit. Son premier réflexe fut de prendre appui sur ses deux bras pour se relever. Une douleur sourde l'interrompit en plein milieu de son geste. Son bras gauche le lâcha et il retomba de tout son poids sur le lit dans un grincement sinistre. L'infirmière, qui venait de se remettre de sa frayeur, intervint et tenta de la plaquer sur son lit de sa main droite. De son autre main, elle saisit une seringue remplie d'un somnifère. On lui avait dit que l'enfant risquait d'être violent (mais les enfants de ninjas ne le sont-ils pas tous songea-t'elle).
C'était une infirmière qui n'avait aucun lien avec le monde des ninjas, que ce soit par le sang ou par les connaissances. Elle faisait partie des 65% de civils que comptait Konoha et sa compréhension de l'univers parallèle ne tenait qu'aux quelques détails qu'elle avait grappillés par-ci par-là au gré de ses rencontres dans l'univers hospitalier, univers dans lequel elle ne s'occupait que de civils, les ninjas étant réservé aux médecins ninja. Cependant, il arrivait que par manque d'effectif, elle se retrouve au chevet d'un shinobi et s’il n'y avait qu'une chose qu'elle avait retenue au cours de ses cinq années passées à l'hôpital de Konoha, c'était que quand le médecin disait que le patient risquait d'avoir un comportement violent, c'était qu'il allait avoir un comportement violent. Ainsi avait elle prit l'habitude d'avoir toujours une seringue pleine de clonazépam, puissant somnifère, planquée dans de la manche (le concept d'arme caché la rapprochant inconsciemment des ninjas qu'elle soignait).
Ce jour-là, elle devait s'occuper d'un garçon brun âgé de six ans. Le médecin, un medic-nin comme ils étaient surnommés, lui avait précisé qu'il venait de subir un traumatisme violent. Il lui avait dit sans détour que son frère avait massacré tout son clan et que ce garçon était l'unique survivant. La seule meurtrissure qu'il présentait d'un point de vue physiologique était une entaille nette et peu profonde dans l'épaule, qui avait déjà été guérie par les ninjas dépêchés après la boucherie. Cependant, ils avaient été dans l'impossibilité de le réanimer. Son frère semblait l'avoir plongé dans un genjutsu (mot qu'elle traduisit par hypnose) assez puissant. Elle avait également compris qu'il ne connaissait pas ce type d'hypnose et que tout ce qu'il pouvait faire était de le veiller et de prendre ses constantes à intervalle régulier en espérant qu'il ne se réveille. Le médecin avait ajouté, dans un murmure presque plaintif, qu'il regrettait que la limace ne soit pas là. Elle n'avait pas compris de quoi il parlait, mais elle pensait qu'il s'agissait d'un code de l'univers parallèle. De toute façon, n'ayons pas peur des mots, elle n'en avait rien à faire tant qu'elle touchait sa paye à la fin du mois.
Tout de même, par conscience professionnelle, elle s'en était enquis auprès des autres infirmières qui lui avaient expliquée qu'il s'agissait d'une femme médecin au talent hors du commun. Elle avait acquiescé, puis avait cherché à en savoir plus à propos du garçon dont elle allait s'occuper. Elle avait appris qu'il était l'unique descendant d'une famille d'illustres ninjas, les Uchiwa, et plein d'autres informations dont elle n'avait que faire et qu'elle allait oublier dès la fin de la discussion (Katon et Sharingan, mais qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ? ). Par contre, ce qu'elle n'avait pas compris, c'était pourquoi, s’il était l'illustre héritier de cette famille, il n'y avait personne à son chevet. Les autres infirmières, bien qu'un peu excédée par toutes ses questions, lui avait dit que le clan dont il venait, malgré tous le respect que lui portait les ninjas en raison de son niveau d'exception, n'avait que peu d'amis dans le village.
« C'était un clan très fermé et enfermé dans leur tradition, lui avait expliqué la doyenne des infirmières, entre deux cigarettes. On disait d'eux qu'ils étaient très arrogants. À l'enterrement, rares sont ceux qui les ont pleurés, et la seule chose que regrette la majorité des dirigeants du village, c'est la perte de ce clan en tant qu'arme, et non en tant qu'homme. Seul l'Hokage et quelques autres ont été très peinés de leur disparition. D'autres, comme les Hyuuga, ont presque fait la fête à l'annonce du massacre, alors qu'ils sont un clan aussi attaché à l'étiquette que les Uchiwa. C'était leur principaux rivaux à la course du clan le plus puissant de Konoha, ajouta-t'elle en lisant la perplexité qui s'était dessiné sur le visage de son interlocutrice. Pourtant, ils ne savent pas ce qu'ils perdent… »
Elle tira sur le bout de sa cigarette, puis termina la discussion sur cette phrase :
« Je plains ce gamin. Il risque d'avoir une enfance très seule. »
Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier.
Elle avait éprouvé beaucoup de pitié pour ce garçon si jeune, pitié qui disparut lorsqu'il réussit à la repousser d'un coup de pied bien placé. Elle se frappa la tête contre le mur recouvert d'un carrelage blanc javellisé et manqua de s'évanouir. Profitant de l'instant de flottement qu'il avait chèrement gagné, il bondit hors du lit et commença à se diriger vers la porte en courant. Il posa sa main sur la poignée et se voyait déjà retourner à la maison pour retrouver sa famille. Sa famille qui n'était pas morte, et certainement pas tué par son frère. Ça n'avait été qu'un cauchemar, certes très réaliste, mais un cauchemar. Il allait pouvoir la retrouver et il annoncerait fièrement qu'il avait réussi à s'évader de l'hôpital (dont par ailleurs il ne savait pas ce qu'il y faisait), après quoi il se ferait sermonner par son père et apercevrait le sourire en coin de son frère qu'il traduirait aussitôt par un bien joué à peine voilé. Sa mère le ramènerait illico presto dans sa chambre d'hôpital mais au moins, il aurait la certitude que sa famille n'était pas morte.
Sauf que l'infirmière ne s'était pas évanoui.
Elle venait de lui planter une seringue longue comme sa paume dans son mollet. Il la fixa avec incrédulité puis il la vit presser le piston. Le liquide s'insinua en lui et, en un instant, sa vue se fit très trouble. Des points blancs traversèrent son champ de vision puis il sombra dans les ténèbres.
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« Tu es réveillé ? lui susurra une voix qu'il devinait âgé »
Il entrouvrit une paupière et, se rappelant où il était, tenta de se relever. Il échoua. Des contentions le ceinturaient au lit. D'un rapide coup d'œil, il comprit qu'il n'arriverait pas à s'en dépêtrer, néanmoins il réussit à se redresser et il reposa son regard sur la personne qui venait de le réveiller. Il n'eut aucune peine à le reconnaître. Il s'agissait du Sandaime, troisième Hokage de Konoha, avec son éternelle pipe à tabac au bec, mais éteinte.
Sasuke fronça les sourcils pour se donner une contenance, mais en fait seule l’incompréhension se lisait sur son visage.
« Pourquoi je suis attaché ici ? lança-t'il, sans s'ennuyer avec toutes les formules de politesse qu'on lui avait enseignées depuis qu'il était en âge de parler. Il avait beau n'avoir que de six ans, il savait parfaitement qu'on avait aucun droit de l'attaché à son lit et de le séquestrer à l'hôpital. Quand mon père saura ça…
« C'est moi qui est pris la - ahem - précaution de t'attacher à ton lit. Il faut que l'on parle de quelque chose… Et ça te sera très dur à entendre… Mais il faut qu'on puisse le faire sans détour, sans que tu fuis. C'est pour ça que tu es attaché. Et aussi parce que as manqué d'assommer une infirmière, précisa-t'il.
- Je veux voir ma famille, répliqua Sasuke: Vous n'avez pas le droit de m'attacher ici ! Quand mes parents sauront ça, ils feront un scandale ! »
Même s'il lui paraissait improbable que son père face un scandale (L'ai-je déjà vu faire un scandale ? D'habitude, c'est ma mère qui a tendance à s'échauffer quand il s'agit de moi et mon frère. ) Il savait que son clan avait presque autant d'influence que l'Hokage. Son père lui avait suffisamment rabâché les oreilles avec ça pour qu'il l'ait assimilé.
Le Sandaime le fixa d'un air indéchiffrable, saisit sa pipe pour la poser sur la table à côté de Sasuke.
« Dis moi Sasuke. Qu'elle est la dernière chose dont tu te souviennes ?
- Je rentrais d'un entraînement de shuriken. Je pense que j'ai dû chuter et m'évanouir. »
Ça lui arrachait les tripes d'avouer qu'il ait pu chuter et s'évanouir comme un idiot. Mais c'était la seule conclusion possible à laquelle il était arrivé. Il n'y avait pas d'autre explication.
Son frère était certes plus renfermé qu'à son habitude, puis il y avait eu ce sharingan bizarre, mais il était certain que son frère n'avait pas massacré son clan. Oui, il en était certain…
« Tu mens Sasuke, et tu en es pleinement conscient. Je lis dans ton regard qu'il y'a eu autre chose. »
Sasuke ne répondit rien, fixant les draps blancs dans lesquels il flottait.
« Sasuke… fit Sarutobi d'une voix presque plaintive. (Je pense que tu es en âge comprendre ce que la mort représente. ) Ton clan, ta famille a disparue. Ils sont tous morts, sans doute tué par ton frère. Tu dois déjà le savoir, étant donné que c'est à lui que tu dois ta coupure à l'épaule. »
Sasuke resta interdit pendant quelques secondes, ses yeux fixant le mur blanc comme s'il y avait une fenêtre qui donnait sur l'horizon. Ses mains se crispèrent et ses ongles s'enfoncèrent dans la peau. Un mince filet de sang coula le long de ses paumes.
Ce fut avec une difficulté extrême que l'Hokage termina sa phrase.
« Tu en es l'unique survivant.
- Vous mentez, répliqua-t'il d'un ton abrupt.
- Je le voudrais bien. »
Il s'écoula une minute pendant laquelle personne ne prononça la moindre parole, chacun étant perdu dans ses propres pensées.
L'Hokage avait été surpris de voir que Sasuke prenait la nouvelle avec un tel détachement, du moins en apparence. Il avait vu le sang qui avait goûté, maculant les draps d'un rouge vif. Il avait vu ce regard abruti par le chagrin, perdu dans un passé révolu. Pourtant, il n'y avait eu aucune larme. Il savait que dès leur plus jeune âge, les Uchiwa étaient élevés dans le respect de l'étiquette, qui était peut-être leur unique bouée de sauvetage dans des moments aussi troubles. Mais ce n'était pas à un Uchiwa mûr qu'il faisait face. Bon dieu, ce n'est encore qu'un enfant, eut-il envie de crier. Il ne le put. Il savait que les enfants étaient les premiers à subir les conséquences de la voix du ninja, avec un parent qui ne revenait pas ou bien qui revenait détruit. Il savait que rares étaient les enfants de ninja qui avait un sourire qui ne cachait pas un fond de tristesse. Il savait… Il savait beaucoup de chose mais il trouvait que trop nombreuses étaient celles auxquelles il ne pouvait rien y faire. Nombreux étaient attirés par la voix du ninja qui était synonyme d’aventures et de combats. Il avait beau mettre en garde les enfants de l’académie en prevenant que ce serait sans doute une voix où la mort serait le seul compagnon qui jamais ne les abandonnerait, jamais ils n’étaient, trouvant presque son discour trop caricatural. Si seulement il pouvait savoir sans avoir à en faire l’expérience…
Il voulait crier contre cette injustice, mais il ne pouvait pas exploser devant cette enfant au regard trop mature et déjà malmené par la vie.
Sasuke n'y avait pas cru, du moins, pas pendant les premières secondes. Il avait repoussé de toutes ses forces l'idée qu'il est tout perdu à cause de son frère. Il avait fui l'idée que plus jamais il ne reverrait le sourire bienveillant de sa mère, plus jamais il n'aurait droit aux commentaires doucereux que son père distillait avec une extrême parcimonie, fini l'époque où il pouvait chaparder des pommes en toute quiétude à ses lointains cousins par alliance. Un Uchiwa est fort quelque soit les circonstances, murmura une voix familière dans le fin fond de son esprit. Jamais il ne doit montrer de larmes, que ce soit sur un champ de bataille ou dans la vie civile. Alors Sasuke retînt ses larmes de toutes ses forces, mettant fin à la bouffée de chagrin qui le secouait au niveau de l'estomac.
L'Hokage avait raison. Toutes ses règles étaient l'unique bouée de sauvetage dont que possédait un garçon aussi jeune dans un moment aussi triste.
Mais peut-être que la bouée ne s'apparentait que trop à une enclume qui, au lieu de vous maintenir à flot, vous entraînait dans les abîmes ténébreuses mais ô combien attirante de la folie.
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« Où suis-je ? » murmura Sasuke
« Où suis-je…Où suis-je…Où suis-je…Où suis-je… répéta plusieurs fois un écho. »
« Que fais-je ici ? »
« Que fais-je ici ? Que fais-je ici ? Que fais-je ici ? répéta ce même écho. »
Il portait ses vêtements habituel, tout du moins c'est ce qu'il lui semblait. Il se tenait debout dans une pièce sombre qui ne semblait pas avoir de rebords et qui s'étendait à l'infini. Il n'arrivait à ne voir que dans les trois mètres qui l'entouraient, et, fait étrange pour un Uchiwa, il voyait flou. Ses mains, ses jambes étaient floues sans qu'il ne sache pourquoi.
Plus que l'absence de bornes à cette étendue, plus que l'obscurité, plus que l'écho, c'était la difficulté avec laquelle il cernait ce qu'il voyait qui lui faisait peur.
En tant qu'Uchiwa, il n'avait jamais eu de problème de vision. Mieux, elle était supérieure à la normale. Le noir ne l'avait jamais effrayé, car il voyait presque comme en plein jour. Il avait souvent regardé avec dédain les personnes qui devaient se servir de lunette pour voir.
Il fit quelque pas devant lui. Sa démarche était lourde, chacun de ses gestes d'une lenteur extrême. Ses chaussures, deux getas, faisaient un drôle de bruit à chaque pied qu'il posait au sol. Il eut l'impression qu'il n'arriverait jamais à parcourir les deux mètres qu'il s'était fixés comme objectif et le temps lui donnait l'impression de s'étirer à l'infini.
Soudain, sans qu'il ne s'en soit rendu compte, sans qu'il n'y ait aucune logique, de nombreux objets apparurent autours de lui. Il reconnut parmi toutes ses breloques une broche qui appartenait à sa mère, un médaillon que son père n'avait jamais quitté, il entr'aperçut l'étal à légume de ses cousins, le jeu de kunaï que son frère avait reçu pour un anniversaire, ainsi que de nombreux autres objets qui appartenaient à d'autres membres de son clan. Une lumière, inexistante un temps auparavant, éclaira un mur. Celui-ci sortit des ténèbres et Sasuke reconnut le gigantesque éventail rouge et blanc dessiné dessus. L'emblème des Uchiwa.
Un liquide chaud se faufila entre ses pieds maintenant nu. Le liquide était rouge vif.
Il se pencha en avant, trempa son doigt et le porta à la bouche. C'était salé.
Du sang…
Le niveau du sang s'éleva, noyant son pied jusqu'à la cheville. Sasuke remarqua que les objets commencèrent eux aussi à disparaître sous ce liquide pourpre. Il plongea sa main dans le sang pour récupérer le médaillon, la broche. Mais il n'arrivait pas à les retrouver à cause de l'opacité du sang. De plus en plus de ce liquide pourpre apparut et il ne parvenait toujours pas à attraper les affaires de sa famille. Il commença à s'affoler et alla jusqu'à plonger sa tête pour les retrouver.
Il ressortit la tête rouge, les mains vides.
Et ce niveau qui ne cesse de monter.
Le sang monta jusqu'à sa nuque. Il voulait nager, mais son corps était lourd comme une enclume. Lorsqu'il leva les yeux au ciel, aspirant son ultime goulée d'air. Il aperçut deux mangekyou sharingans qui le fixaient d'un air dédaigneux.
Il n'eut pas le temps de former une autre pensée. Il se noya dans le sang.
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Lorsqu'il ouvrit les yeux, une mince pellicule de larme s'était déposé sur ses cils. Un sentiment de honte le triturant, il se frotta les yeux pour le faire disparaître, en même que les larmes. Il remarqua en même temps que ses contentions avaient disparu.
Il faisait encore nuit, du moins conclut-il à cause de l'obscurité ambiante. À son grand plaisir, sa vue avait retrouvé toutes ses facultés et il put lire l'heure sur l'horloge qui égrainait les secondes au rythme des tic-tac.
Cinq heure du matin…
C'était une heure bâtarde. Trop tôt pour se lever, trop tard pour se rendormir. Il avait peur de se rendormir et de retomber dans un cauchemar, mais il refusait de se réveiller et de penser à ça .
Sans faire exprès, du moins c'est ce qu'il allait dire, il appuya sur le bouton qui était en relation avec le bureau des infirmières.
Deux minutes plus tard, quelqu'un se présenta. Il espéra que ce n'était pas l'infirmière qu'il avait assommée. À sa grande joie, ce ne fut pas elle. Au lieu de ça, il fit face une médic-nin , fort jolie, qu'il avait déjà eu l'occasion d'apercevoir en ville avec… Non ! N'y pense pas. »
« Qu'y a t'il ? demanda-t'elle à voix basse, pour ne pas réveiller ceux qui dormaient dans les pièces voisines.
- Je… Rien du tout… fit-il d'une voix endormie. »
Il feint la surprise lorsqu'il aperçut sa main sur le bouton.
« Oh… Je vois. Tu n'as pas fait exprès d'appuyer dessus. Ce n'est pas grave. Rendors toi bien. »
Elle commença à fermer la porte mais il l'interpella avant.
« Non ! (À cet instant, il haït les intonations suppliantes que prit sa voix) Restez s'il vous plaît. »
Elle le fixa de ses grands yeux émeraude.
« Très bien. Je vais rester avec toi pendant dix minutes, le temps que tu t'endormes.
- Merci… murmura-t'il. »
Il ne parvint pas à se rendormir, mais au moins sa présence empêcha ses pensées de s'égarer sur un sujet qu'il n'aurait pu éviter s'il avait été tout seul. Il arrivait que son esprit fourche sur une image de sa mère, de son père ou de son cauchemar, mais il suffisait que son regard se pose sur la medic-nin qui feuilletait un livre pour qu'il réussisse à chasser cette pensée cancéreuse. Il savait que viendrait un moment où il ne pourrait s'empêcher d'y penser, où il devrait y penser mais il voulait repousser ce moment du mieux qu'il pouvait. C'était encore trop présent, trop douloureux. Pourtant, il aurait mieux valu pour lui qu'il exorcise cette douleur le plus tôt possible, avant qu'elle ne le gangrène.
Le médecin resta avec lui jusqu'au petit matin, ne s'éclipsant pour aller voir d'autres patients que quelques cours instants qui duraient une éternité aux yeux de Sasuke.
Au première lueur de l'aube, l'Hokage revint visiter Sasuke. Ce fut le moment que la medic-nin choisit pour sortir définitivement, non sans poser un baiser sur le front de Sasuke, comme sa mère lui avait fait à de nombreuses reprises.
L'Hokage ne lui pas l'affront de savoir s'il avait passé une bonne nuit.
« Sasuke. Je sais que ce n'est pas le moment, mais il faut que nous parlions de ton avenir.
- De mon avenir ? répéta-t'il incrédule, comme si la simple idée qu'il y ait un après était d'une absurdité sans nom. »
Le Sandaime le regarda d'un air doux.
« Je sais qu'au moment où l’on se parle, ça te paraît impossible, mais tu as un avenir. Il ne faut pas que tu restes bloquer dans ce passé. »
Sasuke acquiesça pour la forme.
« Bien… reprit le Sandaime. Comme tu te doutes, dans notre univers, il est courant que Konoha est à la charge de nombreux orphelins. Nous avons de nombreuses structures d'accueil en place, et je pense que le mieux serait pour toi que tu ailles dans un orphelinat, au moins jusqu'à tes neuf/dix ans. Ensuite, tu pourras vivre seul dans un appartement ou bien retourner chez toi.
- Et pendant le temps que je passerai dans un orphelinat, qui s'occupera du domaine des Uchiwa ?
- Et bien, je pensais que Konoha en aurait la charge, ainsi que tout ton héritage, jusqu'au moment où tu décideras de le réclamer. »
Sasuke resta muet et pensif.
Que voulait-t'il faire ? Ou plutôt, qu'est ce que son père et sa mère auraient aimé qu'il fasse ? Il avait mal, très mal au niveau du coeur. Pourquoi devait-il prendre toutes ses décisions, pourquoi devait-il s'occuper de tout ça ? Pourquoi ne pouvait-il pas oublié ?
Chaque fois qu'il clignait des yeux, il avait toujours l'image de son frère lui lançant le shuriken qui lui avait entaillé son épaule, toujours l'image de ses parents en train de se faire trancher. Plus jamais il ne pourrait profiter de cette coupure, de ces micro instants pendant lesquels quiconque pouvait s'oublier pour finalement reprendre pied sur terre lorsque les yeux s'ouvraient.
Son père aurait voulu qu'il ne salisse pas le nom de Uchiwa en s'abaissant à vivre dans un orphelinat. Sa mère n'aurait souhaité que son bonheur et aurait fait passer le clan après lui. Mais plus que la reconnaissance de sa mère, c'était la reconnaissance de son père qu'il recherchait. Et plus que la reconnaissance de son père, c'était l'attention de son père qu'il voulait à tout prix.
Regarde- moi bien d'où tu es Père. Je vais vous venger. Tous vous venger jura-t'il puis il déclara :
« Je veux vivre par mes propres moyens dans le domaine de mes ancêtres. J'ai suffisamment d'argent pour vivre jusqu'au moment où je toucherai mon salaire de ninja. Jamais un Uchiwa n'abandonnera son domaine. »
L'Hokage voulut le contredire, énoncer un à un les arguments, dire qu'il était trop jeune, en état de choc, qu'il fallait qu'il réfléchisse un peu, qu'un enfant de sept ans ne pouvait vivre seul. Mais lorsqu'il rencontra le regard de Sasuke, où se mêlait déjà cette assurance, cette volonté et cette tristesse sourde, il sut que jamais il n'arriverai à le faire changer d'avis.
« Très bien, furent les seules mots qu'il put prononcer. »
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Voici ma deuxième fic. Ca ne devait au départ n'être qu'un simple one-shot mais trop d'idée me sont venus pour que je puisse me contenter d'un simple One-Shot. L'histoire devrait faire encore deux ou trois chapitres supplémentaire qui devrait faire à peu près cette taille.
Il y'a quelques modifications par rapport à ce qui est dit dans le manga. Dans la vraie version, Sasuke se réveille dans une salle d'hopital et fuis tout de suite vers sa demeure qu'il trouvera scellé. J'ai préféré allongé son passage à l'hopital, ce qu'on pourra me reprocher.
J'avoue que je ne sais que penser de cette histoire. On pourra me reprocher mon manque d'imagination, mais qu'importe, l'idée m'est venu en lisant un fic où l'on disait que Sasuke avait dû apprendre à cuisiner tout seul.
Je ne sais pas trop ce que vous en penserez mais j'espère que ça vous a plu.