Harry Potter : Une destinée scellée avant la naissance.
Publié : sam. 25 mars 2006, 18:33
Harry Potter est vraiment une histoire passionnante et envoûtante, avec cette fic, je vais essayer timidement de prolonger un peu la magie. Cette fic est une continuation, elle commence à la fin du sixième tome, donc si vous ne l’avez pas lu, passez votre chemin ! Ce serait trop bête de gâcher votre plaisir en dévoilant tout.
L’histoire sera assez longue et j’ai d’ores et déjà la fin en tête. Il ne me reste plus qu’à prier pour qu’elle vous plaise.
Voilà, bonne lecture à tous.
Prélude.
Par un chaud début de soirée estival, un jeune garçon, dans une chambre aux fenêtres grandes ouvertes, observait le crépuscule avec l’œil hagard. Cet adolescent n’était autre que le célèbre Harry Potter. Mais contrairement à la majorité des âmes peuplant cette terre, il aurait tout donné pour que la cause de son succès n’ait jamais existé. Mais pour cela, il aurait fallu changer le passé, et il en était incapable. Il s’ennuyait à mourir, regarder le soleil se coucher entre une maison et un immeuble délabré était ce qu’il avait trouvé de plus intéressant à faire. Un vrai paysage de carte postale moldue ironisa-t-il.
Nous étions le trois juillet et Harry allait bientôt avoir dix sept ans, dans quatre semaines exactement. A cette date, il serait majeur dans le monde des sorciers, il bouillait d’impatience d’y être. Le trente et un juillet il pourrait enfin… Harry reprit ses esprits et s’interrogea car la réponse ne s’imposait pas d’elle-même. Qu’est ce que sa majorité lui permettrait de faire ? Il doutait de pouvoir faire de la magie étant toujours sorcier de premier cycle, il ne pourrait toujours pas transplaner car l’obtention d’un permis était nécessaire avant cela. Ce constat ne le désola pas, il savait que dans moins d’un mois, quelque chose de crucial allait changer en lui.
Après quelques minutes de réflexion et une énumération fastidieuse des potentiels différences que sa majorité allait provoquer, il trouva la solution. Eurêka !!! A dix sept ans, la seule protection qu’il me reste face à Voldemort partira en fumée, déjà que depuis son retour, la protection de son sang n’était plus… Plutôt empoisonné comme cadeau d’anniversaire, même les Dursley n’auraient pu faire mieux…Il se surprit à pouffer légèrement avant de se reprendre. Il commençait à s’inquiéter sérieusement de cette tendance à tourner les choses les plus horribles en dérision, depuis quand devenait-il cynique ? Qu’y avait-il de drôle dans le fait d’être pourchassé par le plus grand mage noir que le monde des sorciers ait connu ? Il ne trouvait qu’une réponse à ces questions. Depuis la fin de l’enterrement de Dumbledore, il était devenu las… Las de perdre ceux qu’il aime, las de voir que le sort prenait un malin plaisir à ne s’acharner que sur la même personne, las de voir que l’avenir du monde magique reposait sur ses épaules alors qu’il n’est même pas capable ne serait-ce que d’effleurer le plus vile des sbires de son ennemi ; Severus Rogue. Dumbledore avait placé toute sa confiance en lui, et pour récompense, ce dernier l’avait tout simplement tué.
Dumbledore… L’homme à qui la prophétie qui allait détruire sa vie a été faite, le seul homme à rivaliser avec Lord Voldemort, le seul qui lui permettait de vivre en sécurité et de s’endormir chaque soir en ne craignant pas de ne jamais se réveiller… Autant les sorciers se complaisaient depuis un an à appeler Harry « Le survivant » ou « L’élu », autant Dumbledore était « Celui qu’il avait toujours craint ». Mais cet homme là n’était plus, perdu à jamais pour sa tendance à voir le bon chez l’autre. Dumbledore était mort, le seul rempart qui empêchait le mal de s’épandre comme une traînée de poudre sur le monde venait de céder. Harry savait qu’il était inscrit en premier, en rouge et en gras dans la liste des hommes à abattre, mais s’en fichait presque, le début de sa vie avait été un enfer et le reste n’était qu’un purgatoire. La seule bulle d’oxygène qu’il avait eu était la découverte de son parrain en troisième année. Pour la première fois, une personne l’avait véritablement aimé, non pas parce qu’il était orphelin ou qu’il était l’élu, mais parce qu’il était lui. Le fils de James et Lily Potter, qu’il soit chétif, pas forcément grand ni loquace importaient peu à Sirius, il aurait, et avait, bravé tous les dangers pour aider son filleul. C’est d’ailleurs ce qui lui avait coûté la vie… A cet instant, Harry sentit une lame percer lentement mais sûrement son cœur déjà bien meurtri, c’était de sa faute si son parrain était mort. Rogue bien sûr y était pour beaucoup, il l’avait provoqué et n’avait pas assez enseigné l’occlumancie à Harry. Mais c’était bien parce qu’il avait foncé tête baissée dans le département des mystères que son parrain était passé à travers le voile… Depuis sa mort, il était en apnée, et il y a quelques jours, on venait de lui enlever la seule main qui le maintenait encore à flots. Enfin « on » est trop impersonnel, ce serait plutôt lui, encore lui, le maître des potions.
Rogue… Contrairement au décès de Sirius, le lien qu’il avait avec celui de Dumbledore était étrangement plus direct. C’était lui, cet infâme traître qui avait pointé sa baguette droit sur l’homme qui l’avait accueilli. Il avait prononcé la formule « Avada Kedavra » sans sourciller et s’était ensuite enfui avec sa troupe de mangemorts. Harry avait de la haine pour ce misérable cloporte, mais elle ne représentait qu’une légère saute d’humeur comparée à la honte qu’il éprouvait pour lui-même. Il s’était fait humilier par Rogue, il s’était jeté corps et âme dans le duel, mais tous ses efforts furent rendus vains par de simples revers de main. Avec Lestrange et Voldemort, Rogue venait de faire son entrée dans le top trois des personnes à rayer de la surface de la terre. Harry s’en voulut d’avoir pensé ça, il contenait tant de haine qu’il se maudissait. Ce qui était censé faire sa force selon Dumbledore, c’était sa capacité à aimer, mais en ce moment, il excellait dans sa capacité à abhorrer se dit-il.
Aimer… Ginny, pour Harry, ces deux mots étaient indissociables. Sa crinière de feu, sa taille, ses yeux, son esprit, son humour, sa franchise… Il ne se sentait bien qu’entre ses bras. Son nez n’existait que pour se blottir au creux de son cou et pour inspirer profondément pour s’imprégner de son arôme de fleur. Ses bras, que pour la serrer tout contre lui, et sa bouche pour l’embrasser. A cette pensée, Harry sourit et fit glisser inconsciemment le bout des doigts sur ses lèvres. Il l’aimait tellement. Juste une semaine sans elle et Harry ressentait déjà un terrible manque, n’importe quel étranger aurait parié qu’il était épileptique tant il tremblait. Il n’en était rien, les tremblements, qui devenaient au fur et à mesure des convulsions, démontraient la période de sevrage de la plus dure des drogues… Il devint livide en se rappelant de la plus stupide des décisions qu’il ait jamais prises ; la quitter pour la protéger… Dans le genre romanesque à dix sous, on pouvait difficilement faire mieux. Mais si elle venait à mourir par sa faute, Harry prendrait la prophétie à défaut en se donnant lui-même la mort. C’est pour ça qu’il ne fallait pas l’exposer.
Toute sa vie en revenait à un point : Voldemort. De sa naissance jusqu’au jour actuel, l’existence entière de Harry dépendait de celle de son ennemi juré. Pour venger ses parents, son parrain, ses amis, il devait en finir avec lui. Pour pouvoir conjuguer sa vie au futur, il devait aussi le tuer. Mais pour ce faire, il fallait devenir plus fort.
Enfin, l’entraînement attendrait quelques jours car demain, Harry partait pour le mariage de Bill et de Fleur. Il relut la lettre que Mr Weasley lui avait envoyé, elle lui indiquait qu’il viendrait le chercher le lendemain à dix heures, qu’il devait déjà être habillé pour la circonstance et qu’il ne pourrait passer le reste des vacances au Terrier. Il devrait encore rester une semaine chez sa tante et son oncle conformément aux vœux de Dumbledore. Quelques minutes plus tard, les aboiements mélodieux de l’oncle Vernon l’extirpèrent de ses pensées.
-A table, et dépêche toi mon garçon !
Harry se retrouva donc attablé en présence de sa seule famille. Et quelle famille, si aimante, attentionnée et délicate qu’elle rejetait et maudissait tout ce que pouvait incarner ce garçon. Et ils ne se privaient pas pour le lui faire ressentir, il le savait, ils se porteraient bien mieux sans lui. Seulement, son cousin, depuis deux étés, n’était plus comme d’habitude. Harry était sûr que la confrontation qu’il avait eu avec un détraqueur l’avait complètement bouleversé. En quoi, il ne saurait le dire…
D’un point de vu physique, Dudley s’était affiné au cours de ces dernières années, aux dires de son père, il était assez doué pour le noble art. Et en contrepartie d’une pratique assidue, ce dernier lui rendait progressivement un aspect humain au lieu de porcin.
Une tension plus palpable qu’à l’accoutumée régnait au cours de ce dîner. Pas que les autres se passaient dans la joie et l’allégresse, non, dès que Harry se trouvait dans la même pièce qu’un autre Dursley, l’atmosphère devenait vite surchargée d’hostilité et d’agressivité. Mais là, il semblait que ce soit au sein même des trois Dursley qu’un désaccord subsistait. Après quelques secondes d’observation, Harry remarqua que Dudley mourrait d’envie de dire quelque chose mais que ses deux parents l’en empêchaient à coups de regards évocateurs, Harry le plaignait presque, il devenait si rouge à force de se retenir que l’explosion semblait imminente. Il transpirait à grosses gouttes et fixait son cousin les yeux écarquillés. Si Dudley était sorcier, Harry aurait pensé qu’il venait de voir Voldemort, mais il n’en était rien. Sachant que ça lui retomberait dessus, Harry tenta de désamorcer le conflit en parlant de tout autre chose.
-Ah, je vois que vous n’avez toujours pas rebouché la cheminée…
-C’est sûr, nous n’avons pas envie qu’à nouveau des hurluberlus dans ton genre nous l’abîment et mettent le chantier dans le salon. Vernon semblait enchanter que son neveu lui ait fourni un prétexte pour l’invectiver. Harry sourit, c’est exactement ce qu’il voulait.
-Bah ça m’arrange car… Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il fut interrompu par une tirade et des gestes théâtraux de la part de son oncle.
-NE ME DIS PAS QUE TA FAMILLE DE ROUQUINS VA ENCORE DEBARQUER ICI ???
-Bah en fait… Harry comprit au regard violacé et à la veine temporale de son oncle que faire durer le suspens plus longtemps ne serait pas de bonne augure pour sa santé. Il n’y aura que Mr Weasley, il préfère venir seul. Je reviendrai le soir même ou le lendemain… Le grognement de l’oncle Vernon montrait son acceptation.
L’attention de ses parents n’était plus exclusivement fixée sur Dudley, il en profita donc pour se lancer.
-Harry… L’assemblée était stupéfaite, cela n’était jamais arrivé, ce prénom était sorti de la bouche du fils Dursley sans méchanceté ni moquerie. Harry se contenta de le regarder pour l’encourager à continuer, il se doutait que ce qu’il allait dire n’était pas facile, mieux valait donc ne pas le couper dans son élan. Son père le regardait furieux, et sa mère apeurée. Harryc’estquoiquim’aattaquéy’adeuxansetpourquoij’ail’impressionquedepuisplusd’unancescréaturessontpartout ?!?
-Sans vouloir être méchant Big D, je n’ai absolument rien compris. Dudley ne remarqua même pas l’amusement chez son cousin de l’appeler par ce surnom stupide, il prit une grande inspiration et répéta de la manière la plus intelligible qui soit.
-Harry, qui m’a attaqué il y a deux ans et pourquoi ai-je l’impression que depuis plus d’un an, ces créatures sont partout ? La crainte suintait de chacune de ses paroles. Harry considéra ses oncle et tante et, ne remarquant aucune tentative pour l’empêcher de répondre, il décida de tout leur expliquer. De la nature même des détraqueurs jusqu’aux effets qu’ils provoquent sur leurs victimes en passant par le pacte qui les liait désormais au seigneur des ténèbres. Il mit volontairement l’accent sur l’aversion de ce dernier envers les moldus pour essayer de leur faire comprendre que ses parents ont combattu et sont morts pour protéger les hommes dépourvus de pouvoir magique.
-Grosso modo, tant que je serai là vous ne craignez rien. Mais si une fois tout seul, l’un de vous voit la température et la luminosité chuter anormalement, ne réfléchissez pas, courez sans vous retourner. Des sorciers seront tout de suite mis au courant et dépêchés pour les repousser. La fuite sera votre seul moyen de survie durant ce lapse de temps.
Ces révélations plongèrent les trois Dursley dans un silence de mort, l’existence de tels monstres les terrifiait. Harry en profita pour terminer son repas et monter se coucher, il devait se lever de bonne heure. Il ouvrit la cage de Hedwige, se mit en pyjama et tomba comme une masse. Demain il allait revoir Ginny, donc qu’importe Voldemort et les détraqueurs…
Le lendemain, à neuf heures cinquante cinq, Mr Weasley apparut dans l’âtre paré de ses plus beaux costume, cape et chapeau, le tout couleur vert bouteille bien entendu. Harry l’attendait dans le salon en costume sans cravate. Et, au grand étonnement d’Arthur, le meilleur ami de son fils était seul, il était persuadé d’avoir droit au même accueil glacial que trois ans auparavant mais non. Il regarda partout, stupéfait que ces moldus n’aient pas cru bons de surveiller l’arrivée d’un sorcier dans leur demeure.
-Bonjour Harry, où est ta famille ?
-Je ne sais pas, depuis hier ils sont bizarres. Ils m’ont demandé de leur parler des détraqueurs, et maintenant qu’ils me savent leur seul rempart, ils sont moins sur mon dos.
-Très bien, ils s’y prennent tard, mais ça n’a aucune importance, tu es prêt ?
-Oui, allons-y.
Après avoir utilisé la poudre de cheminette et éprouvé cette oppressante et désagréable sensation de tournis, il atterrit au Terrier où Ginny, dans une magnifique robe rose pâle de demoiselle d’honneur, l’attendait. Enfin, se reprit-il, cette robe tiendrait plus de l’accoutrement sur n’importe qui, mais Ginny n’était pas n’importe qui, rien ne pouvait entacher sa splendeur. Il se demandait comment elle réagirait maintenant qu’ils n’étaient plus « ensemble », il avait peur de lui faire du mal, il ne voulait pas qu’elle souffre. Mais, à son grand étonnement, c’est un sourire radieux qui l’accueillit. Elle prit son air angélique en voyant son père apparaître dans un tourbillon de flammes vertes.
-Tiens salut Harry ça va ? Je dois aller chercher quelque chose dans ma chambre, tu peux venir m’aider s’il te plaît ?
-Euh… Oui si tu veux Ginny, je vais bien et toi ? Harry observa tour à tour la jeune fille et son père, il ne savait comment réagir.
-Très bien, très bien mais faut que je trouve cette… Elle se retourna, commença à monter les escaliers et sa voix fut couverte par l’agitation au bout de quelques marches. Harry la suivit tout en observant le père de sa petite amie. Ce dernier ne semblait être au courant de rien et fit un grand sourire à son invité. Le survivant suivit donc Ginny et arpenta les marches, il la trouva accroupie en train de sortir un carton de sous son lit.
-Harry, ferme la porte s’il te plaît. Ce dernier s’exécuta. A peine eut-il le temps de se retourner que la jeune rousse l’avait plaqué contre ladite porte, lui avait bloqué les bras et l’embrassait. Après quelques instants de surprise où son corps s’était raidi, il se détendit, se laissa faire, puis lui rendit son baiser en y distillant toute la passion et l’envie qui brûlaient en son sein depuis son retour à Privet Drive. Au bout de quelques secondes qui équivalaient à un battement de cils, leurs lèvres se décollèrent. Ils passèrent plusieurs minutes serrés dans les bras l’un de l’autre, silencieux, se contentant de profiter de l’instant présent. Harry aurait donné tout l’or qui dormait paisiblement dans son coffre de Gringott’s en échange d’un retourneur de temps.
Après s’être réfugié dans le creux du cou de Ginny, y avoir pris de nombreuses et profondes inspirations et joué avec ses longs cheveux, cette dernière s’écarta légèrement puis sourit.
-Heureusement que tu t’es laissé faire…
-Comment ça ?
-Ca m’aurait embêté de devoir te jeter un sort… Ironisa Ginny parée de son plus convaincant visage d’ange.
-Tu n’aurais pas osé… Demanda le jeune Potter une lueur d’inquiétude dans les yeux.
-Non… Assura la jeune fille en sortant sa baguette du grotesque nœud papillon de sa robe de demoiselle d’honneur puis en la posant sur le lit. Tu me connais…
-Justement…
Après une nouvelles série d’embrassades et de gestes affectueux, Harry bafouilla timidement.
-On ne peut pas… Vold… Mais il fut tout de suite coupé par la plus jeune des Weasley.
-Bon, j’y ai réfléchis justement. Tu as peur qu’il apprenne notre relation. Il nous suffit de ne pas nous exposer au grand jour.
-C’est dangereux… Tenta Harry.
-Mais vivre est dangereux aujourd’hui, nous sommes en guerre. Personne n’est à l’abri. Le simple fait d’être sorcier nous oblige à choisir notre camp et à être perpétuellement la proie de l’autre. Chaque moldu est la cible des détraqueurs et des mages noirs. Tu crois que j’ai besoin de t’aimer pour être en haut sur la liste des personnes à tuer ? Je suis une Weasley, une traître à mon sang pour eux. M’exterminer est une de leurs priorités. Pour les mangemorts, ceux qui aiment les moldus sont encore pires que les moldus eux-mêmes ! Et puis tu crois que si ma famille ne faisait que des choses sûres, elle t’aurait invité à passer tant de temps avec et chez nous ? Tu fais partie de notre famille, aucun danger ni personne ne nous fera renoncer à toi !
Harry resta silencieux quelques instants, il était bouleversé, immobile, sous le choc d’une telle déclaration. Ses yeux rougissaient petit à petit jusqu’à ce qu’une larme coule imperceptiblement le long de sa joue. Il s’avança jusqu’à la fenêtre ouverte, qui heureusement donnait sur un champ et non sur le jardin où se tenait la réception. Il prit une grande bouffée d’air pour calmer ses nerfs et ne pas fondre en larmes. Il n’osait plus la regarder…
-Je vous aime tellement tous. Ron est le premier et le meilleur ami que j’ai jamais eu. Ta mère est la première femme qui m’a donné une étreinte maternelle, je me sentais en sécurité pour la première fois entre ses bras. Le Terrier est l’endroit le plus chaleureux et accueillant dans lequel j’ai jamais vécu. Ton père est la personne la plus gentille qui puisse exister sur terre, lors de notre première rencontre j’ai été surpris par son accueil. Je m’attendais à la rudesse et à la froideur de mon oncle Vernon mais non, j’ai eu droit au plus beau des sourires. Il s’est intéressé à moi, et surtout m’a mis à l’aise. Et puis tous tes frères, les jumeaux qui ont toujours été gentils avec moi, Charlie, Bill qui a fait le déplacement juste venir me voir avant la dernière épreuve du tournoi des trois sorciers avec ta mère. Même Percy je l’aime bien juste parce qu’il porte le nom de Weasley. Et toi… Et toi… Harry marqua une pause pour reprendre sa respiration et se retourner face à Ginny. Je n’ai même pas de mot pour décrire ce que je ressens. Tu m’as dit voilà deux minutes que tu m’aimais, tu ne peux même pas te douter à quel point mon cœur s’est accéléré quand je t’ai entendu prononcé ces mots et jusqu’où c’est réciproque. C’est pour ça, vous êtes si importants pour moi, je ne veux pas vous perdre. Je ne comprends même pas pourquoi vous êtes si généreux avec moi…
-Tu as sauvé la vie à trois d’entre nous…
-Vous m’avez fait aimer la mienne…
Ginny s’effondra dans les bras de Harry, ce dernier se laissa aller furtivement à sa peine. Il ne voulait pas que son amie s’aperçoive de sa faiblesse. Après quelques minutes nécessaires pour se calmer et pour discuter de tout et de rien afin de ne pas s’apitoyer sur leurs sorts en ce jour de célébration, ils s’apaisèrent. A ce moment, quelqu’un frappa à la porte. Où plutôt deux personnes, c’étaient Fred et Georges.
-Que faites vous ici vous deux ? Tout le monde attend. Fit gaiement Georges en entrant dans la chambre. Il trouva Ginny et Harry assis sur le lit en train de discuter.
-Harry, tu n’abuserais pas de notre jeune sœur n’est-ce pas ? Renchérit Fred, plein de malice.
-Vous savez très bien que, quoiqu’il fasse, je serai consentante ! Mais par contre, si vous vouliez nous voir nous embrasser langoureusement, fallait venir un peu plus tôt… Rétorqua ladite jeune sœur de manière volontairement provocante.
Le survivant savait pertinemment que n’étant pas roux, sa gêne serait moins voyante. Mais là, il était persuadé, vu la température de ses oreilles, l’augmentation affolante de sa sudation et son hyperactivité sanguine, que sa rougeur dépasserait largement toutes les normes établies en matière de rougeur. Il se contenta de se triturer les mains et de scruter avec intérêt la forme de ses lacets pour ne pas attirer l’attention des jumeaux.
-Bon allez, on descend. Fit Ginny. Et n’ébruitez pas notre histoire, Harry ne tient pas à ce que ça se sache. Face aux sourires des deux jumeaux, elle crut bon de rajouter. Et c’est sérieux, il ne veut pas attirer l’attention de Voldemort et des mangemorts sur moi, il y a beaucoup d’invités en bas et faut que cela ne sorte pas du cercle familial. Le visage des deux grands frères se fit tout de suite plus sérieux et ils acquiescèrent.
Une fois au rez-de-chaussée, ils virent Mme Weasley maniant sa baguette afin de transporter toute une cargaison de bièraubeurres bien fraîches. Elle s’interrompit dès qu’elle les vit, se pressa de prendre Harry dans ses bras et de l’embrasser.
-Ca me fait plaisir de te voir mon chéri, mais que faisais tu avec Ginny là haut ? Pour ne pas répondre, Harry resserra son étreinte.
-Nous ne préférons pas te le dire maman… Se moqua Fred.
-C’est moche ce que t’as fait Harry… Ajouta Georges.
-Arrêtez de dire des bêtises vous deux et apportez les bouteilles avec vous au dehors. Alors Harry, tu embrassais ma fille ? Fit aimablement la petite femme potelée.
-MAMAN !!! S’égosilla Ginny.
Harry toussa violemment et recouvrit vite sa teinte pourpre violacée, il avait chaud, très chaud, il lui fallait de l’air frais, beaucoup d’air frais. Il aperçut Ron et Hermione à travers les fenêtres et en profita pour bredouiller.
-Euh… Faut que j’y aille.
Il laissa courageusement à sa copine le soin d’apprendre sa volonté de ne pas ébruiter sa relation avec elle à sa mère. A l’extérieur, il faisait beau, le soleil l’aveugla quelques instants, il faisait chaud, mais pas trop. Les détraqueurs préféraient sans doute errer dans les zones de forte population se dit-il. Ses deux meilleurs amis étaient en grande discussion, ou plutôt dispute sur la nécessité de faire perdurer les rencontres de Quidditch même en ces périodes plus que troubles. Retrouver Harry leur fit perdre leurs verves et arborèrent un sourire comme s’il ne s’était rien passé.
-Harry !!! Ca fait plaisir de te voir ! Clamèrent les deux d’une même voix.
Les retrouvailles furent chaleureuses, chacun était sincèrement ravi de revoir les autres. Les parents d’Hermione étaient conviés et n’osaient quitté leur fille. Non pas que le monde magique les rebutait contrairement à certains, mais voir des bouteilles voler, des tables s’allonger et se dresser toutes seules, des gnomes courir dans le jardin, des pétards du Dr Flibuste améliorés par les propriétaires de la boutique « Farces pour sorciers facétieux » exploser en émettant d’immenses gerbes de feux et d’étincelles multicolores avait de quoi impressionner le plus téméraire des moldus. De plus, ne comprenant pas la logique du déroulement de la réception, ils avaient presque une peur panique de gêner. Il était donc normal qu’ils préfèrent rester collés à elle, d’autant plus que leur fille était plus qu’encline à leur faire découvrir tous les mystères de son monde. Harry vit avec amusement Ron tout faire pour être accepté par les parents de sa meilleure amie et surtout, ils ne se parlaient plus comme des amis. En dehors des disputes évidemment, leurs mots étaient bien plus doux, plus attentionnés « Tu es bien assis Ron ? » « Attends, je vais refixer la rose dans tes cheveux. » « Ton col est mal mis gros bêta. » Tout était prétexte à se toucher, s’effleurer, montrer sa prévenance etc…
Harry s’en amusait beaucoup avec Ginny, d’ailleurs il remercia le destin de l’avoir placé sur son chemin car il aurait difficilement supporté toutes ces minauderies à longueur de temps s’il avait été célibataire. La petite sœur de Ron ne pouvait s’empêcher de glisser aux Granger que leur fille et Ron feraient un beau couple. Face aux dénégations des deux intéressés, Harry, fidèle à son flegme typiquement britannique, se contenta d’énoncer un proverbe énigmatique « Au pays des aveugles, les borgnes sont les rois. »
De nombreuses sommités du ministère avec leurs familles étaient présentes. Mais pas de Rufus Scrimgeour, Harry eut du mal à regretter l’absence du ministre même, mais par contre, était révolté par celle de Percy. Décidément, il ne comprendrait jamais le troisième fils Weasley, il était si chanceux d’avoir une famille aimante. Et lui préférait la renier, c’était une honte… Il ne manquait pas bien sûr les amis de la famille et parmi eux beaucoup de membres de l’ordre. Remus Lupin au bras duquel se tenait amoureusement Nymphadora Tonks, le professeur McGonagall, Kingsley Shacklebot, Alastor Maugrey dit Fol œil, Rubeus Hagrid qui lui était accompagné de Mme Maxime etc… Neville et sa grand-mère aussi étaient présents. Ils étaient tous sur leur trente et un bien que douteux pour certains, notamment pour le costume marron avec l’énorme cravate jaune à pois roses du demi géant.
Harry eut soudain un haut-le-corps en s’apercevant de son égoïsme, il n’avait pensé qu’à lui et oublié l’essentiel en ce jour. Il se tourna vers Ron pour réparer son erreur mais le vit sourire béatement à une Hermione qui le recoiffait. Il préféra laisser les tourtereaux à leurs mièvreries et interrogea Ginny.
-Comment va ton frère ? Bill, je veux dire... Demanda-t-il d’un ton très inquiet
-Hum… Ginny comprit tout de suite l’allusion. Ses plaies se sont refermées mais il lui restera toujours ces deux cicatrices qui lui barreront le visage. Et côté contamination, ça aurait pu être pire, il a tendance à être en transe lors de la pleine lune mais ne s’en prend pas aux humains. De la viande crue semble lui suffire. On a échappé au pire. Conclut-elle avec le sourire.
-Désolé…
-Je t’arrête tout de suite, oublie cette tendance à l’auto flagellation s’il te plaît. C’est de ta faute si Malefoy est devenu un mangemort, c’est de ta faute s’il a réussi à en faire pénétrer d’autres dans l’enceinte de l’école, c’est encore de la tienne si Bill a été blessé lors de l’attaque ? Non ! Il n’y a qu’une chose dont tu es coupable, c’est de nous avoir sauvé la vie en nous donnant la potion felix felicis alors que de ton côté aussi tu risquais la tienne. Maintenant tu te tais et tu mets ta main dans la mienne sous la table pour que personne ne nous voit !
-Oui chef…
L’officier ministériel chargé de célébrer le mariage arriva à onze heures et demie et tout le monde s’assit sur les chaises disposées en rangées pour l’occasion. Neville avait rejoint ses quatre amis, les Granger s’étaient désormais fondus dans la masse et discutaient avec Mme Londubat et le professeur McGonagall, cette dernière ne tarissait pas d’éloges sur leur fille. Et sermonnait de temps à autres Augusta pour sa trop grande sévérité avec son unique petit fils. Hagrid était aux anges car Charlie venait de lui proposer de passer les trois premières semaines d’Août en Roumanie avec lui pour élever des dragons. Son regard ressembla à celui d’un enfant déballant ses cadeaux de Noël quand il apprit qu’il pourrait revoir Norbert. Le deuxième fils des Weasley fut le seul à déceler une larme avant qu’elle ne se perde dans sa barbe ou ses cheveux broussailleux. A ce stade, nul ne pouvait vraiment délimiter la frontière entre les deux. Bill attendait en compagnie des témoins et des demoiselles d’honneur.
Tout le monde se tut lorsqu’apparut Fleur dans sa magnifique robe de mariée blanc immaculé au bras de son père. Elle subjuguait toute l’assemblée, à peine avait elle accroché le regard d’un homme que ce dernier était tout acquis à sa cause. Les visages furieux des femmes contrastaient avec ceux niais de leurs maris, compagnons ou amants. Harry était aux anges, quand Fleur approcha de lui, elle lui fit un grand sourire, il ne savait pas ce qui l’empêchait de sauter sur elle jusqu’au moment où il se retourna. Il vit une jeune fille rousse le retenir de toutes ses forces par le bras. Qui était elle ? Il n’en savait rien, en tout cas, elle le privait du bonheur absolu dans les bras de cette merveilleuse française. C’est beau comment la France ? Peu importe du moment qu’il y soit en compagnie de Fleur. Que cette rousse me lâche !!! Ah oui, elle s’appelle Ginny, Ginny qui ? Faut que j’me débatte !
-AIE !!! Pourquoi tu m’as giflé ??? Hurla Harry.
-Pour te ramener à la raison… Répondit calmement Ginny en se rasseyant dignement.
-J’étais parfaitement lucide… Bouda ce dernier. Puis il regarda autour de lui et fut stupéfait de voir tous les hommes se caresser une joue douloureuse en marmonnant toute sorte de juron assez bas pour ne pas avoir à répéter le geste pour l’autre côté. Tiens, j’avais pas remarqué son père pensa-t-il.
La cérémonie fut longue et ennuyeuse, une vraie cérémonie de mariage aurait-il dit si ce n’était pas sa première. De nombreux sanglots de joie se firent entendre lorsque les mariés s’embrassèrent et Harry remercia Ginny de ne pas être émotive au point de pleurer le bonheur des autres.
Le repas puis l’après midi furent paisibles et agréables. Harry avait trouvé le temps de parler avec toutes les personnes qu’il aimait ou respectait, de Remus à Hagrid en passant par le professeur McGonagall. Les jumeaux Weasley étaient considérés comme des rock stars moldues par les enfants et se faisaient un plaisir de dévoiler leurs dernières trouvailles. Tout était parfait.
Puis vint la soirée et les premiers départs, le cercle de convives se rétrécissait comme peau de chagrin. Les soirées étant fraîches, le reste des invités dîna à l’intérieur. Vers vingt trois heures, Bill et Fleur partir pour leur lune de miel. Ne voulant pas attirer l’attention sur eux, ils transplanèrent avec leurs bagages dans les toilettes de l’aéroport de Londres puis prirent un avion pour des îles lointaines et paradisiaques. Harry était désormais le seul non Weasley au Terrier. Même les jumeaux étaient retournés dans leur appartement sur le chemin de traverse. Mme Weasley proposa donc à Harry de s’installer pour la nuit dans la chambre de Fred et Georges et de ne repartir chez lui que le lendemain après midi.
A neuf heures, la mère de Ron réveilla tout le monde pour le petit déjeuner et mit un point d’honneur à gaver Harry comme une oie. C’était une nécessité, elle craignait toujours la disette à laquelle était soumis le jeune Potter. Arthur prit la parole.
-Les enfants, je suis au regret de vous annoncer que Poudlard ne rouvrira pas ses portes en septembre. Sans Dumbledore la sécurité n’est plus assurée. C’est lui qui avait posé la plupart des sortilèges de défense, ils se sont évanouis en même temps que… Lui. Enfin bon, McGonagall s’est entretenue avec Scrimgeour pour créer de nouvelles protections, mais en attendant les portes de l’école resteront closes. Nous ne savons pas encore ce que nous allons faire, mais nous avons les choses bien en main, ne vous inquiétez pas. Allez vous amuser !
La morosité fut petit à petit dissipé au fil de la matinée. Et finalement, cette journée restera gravée dans le cœur de Harry dans la catégorie « Excellents souvenirs ». A dix sept heures il rentra chez lui, demanda à son oncle s’il pouvait partir avec lui à Londres le lendemain matin et si celui-ci pouvait le ramener après son travail. A son grand étonnement, Vernon ne broncha pas, non pas qu’il souriait, mais il était neutre. Lundi, il irait sur le chemin de traverse et commencerait son entraînement.
Allez j’me lance ! TBC.
Bon je requiers grandement vos impressions sur ce prélude ! J’espère de tout cœur qu’il vous aura plu.
L’histoire sera assez longue et j’ai d’ores et déjà la fin en tête. Il ne me reste plus qu’à prier pour qu’elle vous plaise.
Voilà, bonne lecture à tous.
Prélude.
Par un chaud début de soirée estival, un jeune garçon, dans une chambre aux fenêtres grandes ouvertes, observait le crépuscule avec l’œil hagard. Cet adolescent n’était autre que le célèbre Harry Potter. Mais contrairement à la majorité des âmes peuplant cette terre, il aurait tout donné pour que la cause de son succès n’ait jamais existé. Mais pour cela, il aurait fallu changer le passé, et il en était incapable. Il s’ennuyait à mourir, regarder le soleil se coucher entre une maison et un immeuble délabré était ce qu’il avait trouvé de plus intéressant à faire. Un vrai paysage de carte postale moldue ironisa-t-il.
Nous étions le trois juillet et Harry allait bientôt avoir dix sept ans, dans quatre semaines exactement. A cette date, il serait majeur dans le monde des sorciers, il bouillait d’impatience d’y être. Le trente et un juillet il pourrait enfin… Harry reprit ses esprits et s’interrogea car la réponse ne s’imposait pas d’elle-même. Qu’est ce que sa majorité lui permettrait de faire ? Il doutait de pouvoir faire de la magie étant toujours sorcier de premier cycle, il ne pourrait toujours pas transplaner car l’obtention d’un permis était nécessaire avant cela. Ce constat ne le désola pas, il savait que dans moins d’un mois, quelque chose de crucial allait changer en lui.
Après quelques minutes de réflexion et une énumération fastidieuse des potentiels différences que sa majorité allait provoquer, il trouva la solution. Eurêka !!! A dix sept ans, la seule protection qu’il me reste face à Voldemort partira en fumée, déjà que depuis son retour, la protection de son sang n’était plus… Plutôt empoisonné comme cadeau d’anniversaire, même les Dursley n’auraient pu faire mieux…Il se surprit à pouffer légèrement avant de se reprendre. Il commençait à s’inquiéter sérieusement de cette tendance à tourner les choses les plus horribles en dérision, depuis quand devenait-il cynique ? Qu’y avait-il de drôle dans le fait d’être pourchassé par le plus grand mage noir que le monde des sorciers ait connu ? Il ne trouvait qu’une réponse à ces questions. Depuis la fin de l’enterrement de Dumbledore, il était devenu las… Las de perdre ceux qu’il aime, las de voir que le sort prenait un malin plaisir à ne s’acharner que sur la même personne, las de voir que l’avenir du monde magique reposait sur ses épaules alors qu’il n’est même pas capable ne serait-ce que d’effleurer le plus vile des sbires de son ennemi ; Severus Rogue. Dumbledore avait placé toute sa confiance en lui, et pour récompense, ce dernier l’avait tout simplement tué.
Dumbledore… L’homme à qui la prophétie qui allait détruire sa vie a été faite, le seul homme à rivaliser avec Lord Voldemort, le seul qui lui permettait de vivre en sécurité et de s’endormir chaque soir en ne craignant pas de ne jamais se réveiller… Autant les sorciers se complaisaient depuis un an à appeler Harry « Le survivant » ou « L’élu », autant Dumbledore était « Celui qu’il avait toujours craint ». Mais cet homme là n’était plus, perdu à jamais pour sa tendance à voir le bon chez l’autre. Dumbledore était mort, le seul rempart qui empêchait le mal de s’épandre comme une traînée de poudre sur le monde venait de céder. Harry savait qu’il était inscrit en premier, en rouge et en gras dans la liste des hommes à abattre, mais s’en fichait presque, le début de sa vie avait été un enfer et le reste n’était qu’un purgatoire. La seule bulle d’oxygène qu’il avait eu était la découverte de son parrain en troisième année. Pour la première fois, une personne l’avait véritablement aimé, non pas parce qu’il était orphelin ou qu’il était l’élu, mais parce qu’il était lui. Le fils de James et Lily Potter, qu’il soit chétif, pas forcément grand ni loquace importaient peu à Sirius, il aurait, et avait, bravé tous les dangers pour aider son filleul. C’est d’ailleurs ce qui lui avait coûté la vie… A cet instant, Harry sentit une lame percer lentement mais sûrement son cœur déjà bien meurtri, c’était de sa faute si son parrain était mort. Rogue bien sûr y était pour beaucoup, il l’avait provoqué et n’avait pas assez enseigné l’occlumancie à Harry. Mais c’était bien parce qu’il avait foncé tête baissée dans le département des mystères que son parrain était passé à travers le voile… Depuis sa mort, il était en apnée, et il y a quelques jours, on venait de lui enlever la seule main qui le maintenait encore à flots. Enfin « on » est trop impersonnel, ce serait plutôt lui, encore lui, le maître des potions.
Rogue… Contrairement au décès de Sirius, le lien qu’il avait avec celui de Dumbledore était étrangement plus direct. C’était lui, cet infâme traître qui avait pointé sa baguette droit sur l’homme qui l’avait accueilli. Il avait prononcé la formule « Avada Kedavra » sans sourciller et s’était ensuite enfui avec sa troupe de mangemorts. Harry avait de la haine pour ce misérable cloporte, mais elle ne représentait qu’une légère saute d’humeur comparée à la honte qu’il éprouvait pour lui-même. Il s’était fait humilier par Rogue, il s’était jeté corps et âme dans le duel, mais tous ses efforts furent rendus vains par de simples revers de main. Avec Lestrange et Voldemort, Rogue venait de faire son entrée dans le top trois des personnes à rayer de la surface de la terre. Harry s’en voulut d’avoir pensé ça, il contenait tant de haine qu’il se maudissait. Ce qui était censé faire sa force selon Dumbledore, c’était sa capacité à aimer, mais en ce moment, il excellait dans sa capacité à abhorrer se dit-il.
Aimer… Ginny, pour Harry, ces deux mots étaient indissociables. Sa crinière de feu, sa taille, ses yeux, son esprit, son humour, sa franchise… Il ne se sentait bien qu’entre ses bras. Son nez n’existait que pour se blottir au creux de son cou et pour inspirer profondément pour s’imprégner de son arôme de fleur. Ses bras, que pour la serrer tout contre lui, et sa bouche pour l’embrasser. A cette pensée, Harry sourit et fit glisser inconsciemment le bout des doigts sur ses lèvres. Il l’aimait tellement. Juste une semaine sans elle et Harry ressentait déjà un terrible manque, n’importe quel étranger aurait parié qu’il était épileptique tant il tremblait. Il n’en était rien, les tremblements, qui devenaient au fur et à mesure des convulsions, démontraient la période de sevrage de la plus dure des drogues… Il devint livide en se rappelant de la plus stupide des décisions qu’il ait jamais prises ; la quitter pour la protéger… Dans le genre romanesque à dix sous, on pouvait difficilement faire mieux. Mais si elle venait à mourir par sa faute, Harry prendrait la prophétie à défaut en se donnant lui-même la mort. C’est pour ça qu’il ne fallait pas l’exposer.
Toute sa vie en revenait à un point : Voldemort. De sa naissance jusqu’au jour actuel, l’existence entière de Harry dépendait de celle de son ennemi juré. Pour venger ses parents, son parrain, ses amis, il devait en finir avec lui. Pour pouvoir conjuguer sa vie au futur, il devait aussi le tuer. Mais pour ce faire, il fallait devenir plus fort.
Enfin, l’entraînement attendrait quelques jours car demain, Harry partait pour le mariage de Bill et de Fleur. Il relut la lettre que Mr Weasley lui avait envoyé, elle lui indiquait qu’il viendrait le chercher le lendemain à dix heures, qu’il devait déjà être habillé pour la circonstance et qu’il ne pourrait passer le reste des vacances au Terrier. Il devrait encore rester une semaine chez sa tante et son oncle conformément aux vœux de Dumbledore. Quelques minutes plus tard, les aboiements mélodieux de l’oncle Vernon l’extirpèrent de ses pensées.
-A table, et dépêche toi mon garçon !
Harry se retrouva donc attablé en présence de sa seule famille. Et quelle famille, si aimante, attentionnée et délicate qu’elle rejetait et maudissait tout ce que pouvait incarner ce garçon. Et ils ne se privaient pas pour le lui faire ressentir, il le savait, ils se porteraient bien mieux sans lui. Seulement, son cousin, depuis deux étés, n’était plus comme d’habitude. Harry était sûr que la confrontation qu’il avait eu avec un détraqueur l’avait complètement bouleversé. En quoi, il ne saurait le dire…
D’un point de vu physique, Dudley s’était affiné au cours de ces dernières années, aux dires de son père, il était assez doué pour le noble art. Et en contrepartie d’une pratique assidue, ce dernier lui rendait progressivement un aspect humain au lieu de porcin.
Une tension plus palpable qu’à l’accoutumée régnait au cours de ce dîner. Pas que les autres se passaient dans la joie et l’allégresse, non, dès que Harry se trouvait dans la même pièce qu’un autre Dursley, l’atmosphère devenait vite surchargée d’hostilité et d’agressivité. Mais là, il semblait que ce soit au sein même des trois Dursley qu’un désaccord subsistait. Après quelques secondes d’observation, Harry remarqua que Dudley mourrait d’envie de dire quelque chose mais que ses deux parents l’en empêchaient à coups de regards évocateurs, Harry le plaignait presque, il devenait si rouge à force de se retenir que l’explosion semblait imminente. Il transpirait à grosses gouttes et fixait son cousin les yeux écarquillés. Si Dudley était sorcier, Harry aurait pensé qu’il venait de voir Voldemort, mais il n’en était rien. Sachant que ça lui retomberait dessus, Harry tenta de désamorcer le conflit en parlant de tout autre chose.
-Ah, je vois que vous n’avez toujours pas rebouché la cheminée…
-C’est sûr, nous n’avons pas envie qu’à nouveau des hurluberlus dans ton genre nous l’abîment et mettent le chantier dans le salon. Vernon semblait enchanter que son neveu lui ait fourni un prétexte pour l’invectiver. Harry sourit, c’est exactement ce qu’il voulait.
-Bah ça m’arrange car… Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il fut interrompu par une tirade et des gestes théâtraux de la part de son oncle.
-NE ME DIS PAS QUE TA FAMILLE DE ROUQUINS VA ENCORE DEBARQUER ICI ???
-Bah en fait… Harry comprit au regard violacé et à la veine temporale de son oncle que faire durer le suspens plus longtemps ne serait pas de bonne augure pour sa santé. Il n’y aura que Mr Weasley, il préfère venir seul. Je reviendrai le soir même ou le lendemain… Le grognement de l’oncle Vernon montrait son acceptation.
L’attention de ses parents n’était plus exclusivement fixée sur Dudley, il en profita donc pour se lancer.
-Harry… L’assemblée était stupéfaite, cela n’était jamais arrivé, ce prénom était sorti de la bouche du fils Dursley sans méchanceté ni moquerie. Harry se contenta de le regarder pour l’encourager à continuer, il se doutait que ce qu’il allait dire n’était pas facile, mieux valait donc ne pas le couper dans son élan. Son père le regardait furieux, et sa mère apeurée. Harryc’estquoiquim’aattaquéy’adeuxansetpourquoij’ail’impressionquedepuisplusd’unancescréaturessontpartout ?!?
-Sans vouloir être méchant Big D, je n’ai absolument rien compris. Dudley ne remarqua même pas l’amusement chez son cousin de l’appeler par ce surnom stupide, il prit une grande inspiration et répéta de la manière la plus intelligible qui soit.
-Harry, qui m’a attaqué il y a deux ans et pourquoi ai-je l’impression que depuis plus d’un an, ces créatures sont partout ? La crainte suintait de chacune de ses paroles. Harry considéra ses oncle et tante et, ne remarquant aucune tentative pour l’empêcher de répondre, il décida de tout leur expliquer. De la nature même des détraqueurs jusqu’aux effets qu’ils provoquent sur leurs victimes en passant par le pacte qui les liait désormais au seigneur des ténèbres. Il mit volontairement l’accent sur l’aversion de ce dernier envers les moldus pour essayer de leur faire comprendre que ses parents ont combattu et sont morts pour protéger les hommes dépourvus de pouvoir magique.
-Grosso modo, tant que je serai là vous ne craignez rien. Mais si une fois tout seul, l’un de vous voit la température et la luminosité chuter anormalement, ne réfléchissez pas, courez sans vous retourner. Des sorciers seront tout de suite mis au courant et dépêchés pour les repousser. La fuite sera votre seul moyen de survie durant ce lapse de temps.
Ces révélations plongèrent les trois Dursley dans un silence de mort, l’existence de tels monstres les terrifiait. Harry en profita pour terminer son repas et monter se coucher, il devait se lever de bonne heure. Il ouvrit la cage de Hedwige, se mit en pyjama et tomba comme une masse. Demain il allait revoir Ginny, donc qu’importe Voldemort et les détraqueurs…
Le lendemain, à neuf heures cinquante cinq, Mr Weasley apparut dans l’âtre paré de ses plus beaux costume, cape et chapeau, le tout couleur vert bouteille bien entendu. Harry l’attendait dans le salon en costume sans cravate. Et, au grand étonnement d’Arthur, le meilleur ami de son fils était seul, il était persuadé d’avoir droit au même accueil glacial que trois ans auparavant mais non. Il regarda partout, stupéfait que ces moldus n’aient pas cru bons de surveiller l’arrivée d’un sorcier dans leur demeure.
-Bonjour Harry, où est ta famille ?
-Je ne sais pas, depuis hier ils sont bizarres. Ils m’ont demandé de leur parler des détraqueurs, et maintenant qu’ils me savent leur seul rempart, ils sont moins sur mon dos.
-Très bien, ils s’y prennent tard, mais ça n’a aucune importance, tu es prêt ?
-Oui, allons-y.
Après avoir utilisé la poudre de cheminette et éprouvé cette oppressante et désagréable sensation de tournis, il atterrit au Terrier où Ginny, dans une magnifique robe rose pâle de demoiselle d’honneur, l’attendait. Enfin, se reprit-il, cette robe tiendrait plus de l’accoutrement sur n’importe qui, mais Ginny n’était pas n’importe qui, rien ne pouvait entacher sa splendeur. Il se demandait comment elle réagirait maintenant qu’ils n’étaient plus « ensemble », il avait peur de lui faire du mal, il ne voulait pas qu’elle souffre. Mais, à son grand étonnement, c’est un sourire radieux qui l’accueillit. Elle prit son air angélique en voyant son père apparaître dans un tourbillon de flammes vertes.
-Tiens salut Harry ça va ? Je dois aller chercher quelque chose dans ma chambre, tu peux venir m’aider s’il te plaît ?
-Euh… Oui si tu veux Ginny, je vais bien et toi ? Harry observa tour à tour la jeune fille et son père, il ne savait comment réagir.
-Très bien, très bien mais faut que je trouve cette… Elle se retourna, commença à monter les escaliers et sa voix fut couverte par l’agitation au bout de quelques marches. Harry la suivit tout en observant le père de sa petite amie. Ce dernier ne semblait être au courant de rien et fit un grand sourire à son invité. Le survivant suivit donc Ginny et arpenta les marches, il la trouva accroupie en train de sortir un carton de sous son lit.
-Harry, ferme la porte s’il te plaît. Ce dernier s’exécuta. A peine eut-il le temps de se retourner que la jeune rousse l’avait plaqué contre ladite porte, lui avait bloqué les bras et l’embrassait. Après quelques instants de surprise où son corps s’était raidi, il se détendit, se laissa faire, puis lui rendit son baiser en y distillant toute la passion et l’envie qui brûlaient en son sein depuis son retour à Privet Drive. Au bout de quelques secondes qui équivalaient à un battement de cils, leurs lèvres se décollèrent. Ils passèrent plusieurs minutes serrés dans les bras l’un de l’autre, silencieux, se contentant de profiter de l’instant présent. Harry aurait donné tout l’or qui dormait paisiblement dans son coffre de Gringott’s en échange d’un retourneur de temps.
Après s’être réfugié dans le creux du cou de Ginny, y avoir pris de nombreuses et profondes inspirations et joué avec ses longs cheveux, cette dernière s’écarta légèrement puis sourit.
-Heureusement que tu t’es laissé faire…
-Comment ça ?
-Ca m’aurait embêté de devoir te jeter un sort… Ironisa Ginny parée de son plus convaincant visage d’ange.
-Tu n’aurais pas osé… Demanda le jeune Potter une lueur d’inquiétude dans les yeux.
-Non… Assura la jeune fille en sortant sa baguette du grotesque nœud papillon de sa robe de demoiselle d’honneur puis en la posant sur le lit. Tu me connais…
-Justement…
Après une nouvelles série d’embrassades et de gestes affectueux, Harry bafouilla timidement.
-On ne peut pas… Vold… Mais il fut tout de suite coupé par la plus jeune des Weasley.
-Bon, j’y ai réfléchis justement. Tu as peur qu’il apprenne notre relation. Il nous suffit de ne pas nous exposer au grand jour.
-C’est dangereux… Tenta Harry.
-Mais vivre est dangereux aujourd’hui, nous sommes en guerre. Personne n’est à l’abri. Le simple fait d’être sorcier nous oblige à choisir notre camp et à être perpétuellement la proie de l’autre. Chaque moldu est la cible des détraqueurs et des mages noirs. Tu crois que j’ai besoin de t’aimer pour être en haut sur la liste des personnes à tuer ? Je suis une Weasley, une traître à mon sang pour eux. M’exterminer est une de leurs priorités. Pour les mangemorts, ceux qui aiment les moldus sont encore pires que les moldus eux-mêmes ! Et puis tu crois que si ma famille ne faisait que des choses sûres, elle t’aurait invité à passer tant de temps avec et chez nous ? Tu fais partie de notre famille, aucun danger ni personne ne nous fera renoncer à toi !
Harry resta silencieux quelques instants, il était bouleversé, immobile, sous le choc d’une telle déclaration. Ses yeux rougissaient petit à petit jusqu’à ce qu’une larme coule imperceptiblement le long de sa joue. Il s’avança jusqu’à la fenêtre ouverte, qui heureusement donnait sur un champ et non sur le jardin où se tenait la réception. Il prit une grande bouffée d’air pour calmer ses nerfs et ne pas fondre en larmes. Il n’osait plus la regarder…
-Je vous aime tellement tous. Ron est le premier et le meilleur ami que j’ai jamais eu. Ta mère est la première femme qui m’a donné une étreinte maternelle, je me sentais en sécurité pour la première fois entre ses bras. Le Terrier est l’endroit le plus chaleureux et accueillant dans lequel j’ai jamais vécu. Ton père est la personne la plus gentille qui puisse exister sur terre, lors de notre première rencontre j’ai été surpris par son accueil. Je m’attendais à la rudesse et à la froideur de mon oncle Vernon mais non, j’ai eu droit au plus beau des sourires. Il s’est intéressé à moi, et surtout m’a mis à l’aise. Et puis tous tes frères, les jumeaux qui ont toujours été gentils avec moi, Charlie, Bill qui a fait le déplacement juste venir me voir avant la dernière épreuve du tournoi des trois sorciers avec ta mère. Même Percy je l’aime bien juste parce qu’il porte le nom de Weasley. Et toi… Et toi… Harry marqua une pause pour reprendre sa respiration et se retourner face à Ginny. Je n’ai même pas de mot pour décrire ce que je ressens. Tu m’as dit voilà deux minutes que tu m’aimais, tu ne peux même pas te douter à quel point mon cœur s’est accéléré quand je t’ai entendu prononcé ces mots et jusqu’où c’est réciproque. C’est pour ça, vous êtes si importants pour moi, je ne veux pas vous perdre. Je ne comprends même pas pourquoi vous êtes si généreux avec moi…
-Tu as sauvé la vie à trois d’entre nous…
-Vous m’avez fait aimer la mienne…
Ginny s’effondra dans les bras de Harry, ce dernier se laissa aller furtivement à sa peine. Il ne voulait pas que son amie s’aperçoive de sa faiblesse. Après quelques minutes nécessaires pour se calmer et pour discuter de tout et de rien afin de ne pas s’apitoyer sur leurs sorts en ce jour de célébration, ils s’apaisèrent. A ce moment, quelqu’un frappa à la porte. Où plutôt deux personnes, c’étaient Fred et Georges.
-Que faites vous ici vous deux ? Tout le monde attend. Fit gaiement Georges en entrant dans la chambre. Il trouva Ginny et Harry assis sur le lit en train de discuter.
-Harry, tu n’abuserais pas de notre jeune sœur n’est-ce pas ? Renchérit Fred, plein de malice.
-Vous savez très bien que, quoiqu’il fasse, je serai consentante ! Mais par contre, si vous vouliez nous voir nous embrasser langoureusement, fallait venir un peu plus tôt… Rétorqua ladite jeune sœur de manière volontairement provocante.
Le survivant savait pertinemment que n’étant pas roux, sa gêne serait moins voyante. Mais là, il était persuadé, vu la température de ses oreilles, l’augmentation affolante de sa sudation et son hyperactivité sanguine, que sa rougeur dépasserait largement toutes les normes établies en matière de rougeur. Il se contenta de se triturer les mains et de scruter avec intérêt la forme de ses lacets pour ne pas attirer l’attention des jumeaux.
-Bon allez, on descend. Fit Ginny. Et n’ébruitez pas notre histoire, Harry ne tient pas à ce que ça se sache. Face aux sourires des deux jumeaux, elle crut bon de rajouter. Et c’est sérieux, il ne veut pas attirer l’attention de Voldemort et des mangemorts sur moi, il y a beaucoup d’invités en bas et faut que cela ne sorte pas du cercle familial. Le visage des deux grands frères se fit tout de suite plus sérieux et ils acquiescèrent.
Une fois au rez-de-chaussée, ils virent Mme Weasley maniant sa baguette afin de transporter toute une cargaison de bièraubeurres bien fraîches. Elle s’interrompit dès qu’elle les vit, se pressa de prendre Harry dans ses bras et de l’embrasser.
-Ca me fait plaisir de te voir mon chéri, mais que faisais tu avec Ginny là haut ? Pour ne pas répondre, Harry resserra son étreinte.
-Nous ne préférons pas te le dire maman… Se moqua Fred.
-C’est moche ce que t’as fait Harry… Ajouta Georges.
-Arrêtez de dire des bêtises vous deux et apportez les bouteilles avec vous au dehors. Alors Harry, tu embrassais ma fille ? Fit aimablement la petite femme potelée.
-MAMAN !!! S’égosilla Ginny.
Harry toussa violemment et recouvrit vite sa teinte pourpre violacée, il avait chaud, très chaud, il lui fallait de l’air frais, beaucoup d’air frais. Il aperçut Ron et Hermione à travers les fenêtres et en profita pour bredouiller.
-Euh… Faut que j’y aille.
Il laissa courageusement à sa copine le soin d’apprendre sa volonté de ne pas ébruiter sa relation avec elle à sa mère. A l’extérieur, il faisait beau, le soleil l’aveugla quelques instants, il faisait chaud, mais pas trop. Les détraqueurs préféraient sans doute errer dans les zones de forte population se dit-il. Ses deux meilleurs amis étaient en grande discussion, ou plutôt dispute sur la nécessité de faire perdurer les rencontres de Quidditch même en ces périodes plus que troubles. Retrouver Harry leur fit perdre leurs verves et arborèrent un sourire comme s’il ne s’était rien passé.
-Harry !!! Ca fait plaisir de te voir ! Clamèrent les deux d’une même voix.
Les retrouvailles furent chaleureuses, chacun était sincèrement ravi de revoir les autres. Les parents d’Hermione étaient conviés et n’osaient quitté leur fille. Non pas que le monde magique les rebutait contrairement à certains, mais voir des bouteilles voler, des tables s’allonger et se dresser toutes seules, des gnomes courir dans le jardin, des pétards du Dr Flibuste améliorés par les propriétaires de la boutique « Farces pour sorciers facétieux » exploser en émettant d’immenses gerbes de feux et d’étincelles multicolores avait de quoi impressionner le plus téméraire des moldus. De plus, ne comprenant pas la logique du déroulement de la réception, ils avaient presque une peur panique de gêner. Il était donc normal qu’ils préfèrent rester collés à elle, d’autant plus que leur fille était plus qu’encline à leur faire découvrir tous les mystères de son monde. Harry vit avec amusement Ron tout faire pour être accepté par les parents de sa meilleure amie et surtout, ils ne se parlaient plus comme des amis. En dehors des disputes évidemment, leurs mots étaient bien plus doux, plus attentionnés « Tu es bien assis Ron ? » « Attends, je vais refixer la rose dans tes cheveux. » « Ton col est mal mis gros bêta. » Tout était prétexte à se toucher, s’effleurer, montrer sa prévenance etc…
Harry s’en amusait beaucoup avec Ginny, d’ailleurs il remercia le destin de l’avoir placé sur son chemin car il aurait difficilement supporté toutes ces minauderies à longueur de temps s’il avait été célibataire. La petite sœur de Ron ne pouvait s’empêcher de glisser aux Granger que leur fille et Ron feraient un beau couple. Face aux dénégations des deux intéressés, Harry, fidèle à son flegme typiquement britannique, se contenta d’énoncer un proverbe énigmatique « Au pays des aveugles, les borgnes sont les rois. »
De nombreuses sommités du ministère avec leurs familles étaient présentes. Mais pas de Rufus Scrimgeour, Harry eut du mal à regretter l’absence du ministre même, mais par contre, était révolté par celle de Percy. Décidément, il ne comprendrait jamais le troisième fils Weasley, il était si chanceux d’avoir une famille aimante. Et lui préférait la renier, c’était une honte… Il ne manquait pas bien sûr les amis de la famille et parmi eux beaucoup de membres de l’ordre. Remus Lupin au bras duquel se tenait amoureusement Nymphadora Tonks, le professeur McGonagall, Kingsley Shacklebot, Alastor Maugrey dit Fol œil, Rubeus Hagrid qui lui était accompagné de Mme Maxime etc… Neville et sa grand-mère aussi étaient présents. Ils étaient tous sur leur trente et un bien que douteux pour certains, notamment pour le costume marron avec l’énorme cravate jaune à pois roses du demi géant.
Harry eut soudain un haut-le-corps en s’apercevant de son égoïsme, il n’avait pensé qu’à lui et oublié l’essentiel en ce jour. Il se tourna vers Ron pour réparer son erreur mais le vit sourire béatement à une Hermione qui le recoiffait. Il préféra laisser les tourtereaux à leurs mièvreries et interrogea Ginny.
-Comment va ton frère ? Bill, je veux dire... Demanda-t-il d’un ton très inquiet
-Hum… Ginny comprit tout de suite l’allusion. Ses plaies se sont refermées mais il lui restera toujours ces deux cicatrices qui lui barreront le visage. Et côté contamination, ça aurait pu être pire, il a tendance à être en transe lors de la pleine lune mais ne s’en prend pas aux humains. De la viande crue semble lui suffire. On a échappé au pire. Conclut-elle avec le sourire.
-Désolé…
-Je t’arrête tout de suite, oublie cette tendance à l’auto flagellation s’il te plaît. C’est de ta faute si Malefoy est devenu un mangemort, c’est de ta faute s’il a réussi à en faire pénétrer d’autres dans l’enceinte de l’école, c’est encore de la tienne si Bill a été blessé lors de l’attaque ? Non ! Il n’y a qu’une chose dont tu es coupable, c’est de nous avoir sauvé la vie en nous donnant la potion felix felicis alors que de ton côté aussi tu risquais la tienne. Maintenant tu te tais et tu mets ta main dans la mienne sous la table pour que personne ne nous voit !
-Oui chef…
L’officier ministériel chargé de célébrer le mariage arriva à onze heures et demie et tout le monde s’assit sur les chaises disposées en rangées pour l’occasion. Neville avait rejoint ses quatre amis, les Granger s’étaient désormais fondus dans la masse et discutaient avec Mme Londubat et le professeur McGonagall, cette dernière ne tarissait pas d’éloges sur leur fille. Et sermonnait de temps à autres Augusta pour sa trop grande sévérité avec son unique petit fils. Hagrid était aux anges car Charlie venait de lui proposer de passer les trois premières semaines d’Août en Roumanie avec lui pour élever des dragons. Son regard ressembla à celui d’un enfant déballant ses cadeaux de Noël quand il apprit qu’il pourrait revoir Norbert. Le deuxième fils des Weasley fut le seul à déceler une larme avant qu’elle ne se perde dans sa barbe ou ses cheveux broussailleux. A ce stade, nul ne pouvait vraiment délimiter la frontière entre les deux. Bill attendait en compagnie des témoins et des demoiselles d’honneur.
Tout le monde se tut lorsqu’apparut Fleur dans sa magnifique robe de mariée blanc immaculé au bras de son père. Elle subjuguait toute l’assemblée, à peine avait elle accroché le regard d’un homme que ce dernier était tout acquis à sa cause. Les visages furieux des femmes contrastaient avec ceux niais de leurs maris, compagnons ou amants. Harry était aux anges, quand Fleur approcha de lui, elle lui fit un grand sourire, il ne savait pas ce qui l’empêchait de sauter sur elle jusqu’au moment où il se retourna. Il vit une jeune fille rousse le retenir de toutes ses forces par le bras. Qui était elle ? Il n’en savait rien, en tout cas, elle le privait du bonheur absolu dans les bras de cette merveilleuse française. C’est beau comment la France ? Peu importe du moment qu’il y soit en compagnie de Fleur. Que cette rousse me lâche !!! Ah oui, elle s’appelle Ginny, Ginny qui ? Faut que j’me débatte !
-AIE !!! Pourquoi tu m’as giflé ??? Hurla Harry.
-Pour te ramener à la raison… Répondit calmement Ginny en se rasseyant dignement.
-J’étais parfaitement lucide… Bouda ce dernier. Puis il regarda autour de lui et fut stupéfait de voir tous les hommes se caresser une joue douloureuse en marmonnant toute sorte de juron assez bas pour ne pas avoir à répéter le geste pour l’autre côté. Tiens, j’avais pas remarqué son père pensa-t-il.
La cérémonie fut longue et ennuyeuse, une vraie cérémonie de mariage aurait-il dit si ce n’était pas sa première. De nombreux sanglots de joie se firent entendre lorsque les mariés s’embrassèrent et Harry remercia Ginny de ne pas être émotive au point de pleurer le bonheur des autres.
Le repas puis l’après midi furent paisibles et agréables. Harry avait trouvé le temps de parler avec toutes les personnes qu’il aimait ou respectait, de Remus à Hagrid en passant par le professeur McGonagall. Les jumeaux Weasley étaient considérés comme des rock stars moldues par les enfants et se faisaient un plaisir de dévoiler leurs dernières trouvailles. Tout était parfait.
Puis vint la soirée et les premiers départs, le cercle de convives se rétrécissait comme peau de chagrin. Les soirées étant fraîches, le reste des invités dîna à l’intérieur. Vers vingt trois heures, Bill et Fleur partir pour leur lune de miel. Ne voulant pas attirer l’attention sur eux, ils transplanèrent avec leurs bagages dans les toilettes de l’aéroport de Londres puis prirent un avion pour des îles lointaines et paradisiaques. Harry était désormais le seul non Weasley au Terrier. Même les jumeaux étaient retournés dans leur appartement sur le chemin de traverse. Mme Weasley proposa donc à Harry de s’installer pour la nuit dans la chambre de Fred et Georges et de ne repartir chez lui que le lendemain après midi.
A neuf heures, la mère de Ron réveilla tout le monde pour le petit déjeuner et mit un point d’honneur à gaver Harry comme une oie. C’était une nécessité, elle craignait toujours la disette à laquelle était soumis le jeune Potter. Arthur prit la parole.
-Les enfants, je suis au regret de vous annoncer que Poudlard ne rouvrira pas ses portes en septembre. Sans Dumbledore la sécurité n’est plus assurée. C’est lui qui avait posé la plupart des sortilèges de défense, ils se sont évanouis en même temps que… Lui. Enfin bon, McGonagall s’est entretenue avec Scrimgeour pour créer de nouvelles protections, mais en attendant les portes de l’école resteront closes. Nous ne savons pas encore ce que nous allons faire, mais nous avons les choses bien en main, ne vous inquiétez pas. Allez vous amuser !
La morosité fut petit à petit dissipé au fil de la matinée. Et finalement, cette journée restera gravée dans le cœur de Harry dans la catégorie « Excellents souvenirs ». A dix sept heures il rentra chez lui, demanda à son oncle s’il pouvait partir avec lui à Londres le lendemain matin et si celui-ci pouvait le ramener après son travail. A son grand étonnement, Vernon ne broncha pas, non pas qu’il souriait, mais il était neutre. Lundi, il irait sur le chemin de traverse et commencerait son entraînement.
Allez j’me lance ! TBC.
Bon je requiers grandement vos impressions sur ce prélude ! J’espère de tout cœur qu’il vous aura plu.