Outcast

[Hitto-sama]

J'ai eu du mal à écrire ce chapitre ... Et ça se ressent, je trouve. Navrée. Entre la fac, le changement de collocataire, les déboires administratifs et financiers, j'ai quand même pu penser à Outcast T^T Le scnéario se complexifie de jour en jour, tant que je me demande si je vais m'en sortir ... Advienne que pourra. Vue l'heure, je ne vais pas tenter de m'exprimer plus longuement.
Bonne lecture.



-¤ Outcast ¤-
Chapitre 05 : Déformation



Lorsque Anko arriva ce matin-là à l'administration, ce fut pour la trouver en effervescence. La plupart des jônin qu'elle connaissait courait d'un côté à l'autre en portant différents cartons visiblement bien remplis. Haussant un sourcil, la jeune femme agrippa par le col un môme pas bien haut et rondouillard qui suivait son professeur et le souleva du sol sans aucune difficulté. Le gamin pesta et remua du plus qu'il put mais ce fut bien vain face à Anko.

"Qu'est-ce qui se passe ? demanda Anko sans même regarder le genin.
- Mission secrète, répondit effrontément l'enfant en croisant les bras. C'est pas tes oignons."

Le jônin en charge du gamin arriva bien heureusement juste à temps pour le sauver d'une mort certaine par rencontre un peu trop violente avec le mur. Anko traversa l'agitation sans y prêter attention puisqu'il s'agissait d'une "mission secrète". Elle trouva le bureau des assignations étrangement vide : il n'y avait qu'un chûnin en faction, Umino Iruka, corrigeant les copies de ses élèves et ne prêtant pas attention au reste du monde. Anko resta à la porte, observant à la dérobée le jeune homme. Selon les dernières rumeurs, il était en proie à une déroutante passion pour Kakashi mais Anko en doutait fortement. Kakashi ne s'intéressait pas ouvertement au reste du monde alors de là à le voir gay, il y avait un gouffre. Ce devait encore être une rumeur lancée par Gai pour décrédibiliser son rival éternel ou bien un coup du Quatrième lui-même. Anko s'était toujours demandée pourquoi Kakashi n'avait pas encore déserté avec ces deux cinglés sur le dos. Partant en quête d'un peu d'activité, Anko se dirigea cette fois vers la salle de repos réservée aux jônin. Il y aurait toujours moyen d'y trouver quelqu'un à défier même si l'endroit n'était presque pas fréquenté, maniaque du travail oblige. A sa grande surprise, Anko y vit Yakushi Kabuto en grande conversation avec Shizune, les deux en train de discuter de la nouvelle recrue dont s'occupait le jeune homme. Anko s'approcha sans chercher à se dissimuler et donna un coup de pied aux fesses de Kabuto.

"Depuis quand tu dragues les dames respectables, merdeux ?
- Bonjour, Anko-senpai, répondit Kabuto avec un soupire alors que Shizune ricanait doucement à côté.
- Sache, mon grand, que Shizune-chan ne s'intéresse pas aux hommes, continua Anko en venant frotter son épaule contre celle de son aînée. Il serait bien embêtant qu'un puceau dans son genre vienne t'indisposer, n'est-ce pas ma belle ?
- Calme donc tes ardeurs, Anko, fit Shizune toujours en riant, Kabuto-kun est au courant depuis longtemps. Et puis, je sais me défendre toute seule au cas où.
- Laisse-moi me complaire avec l'image que j'ai de toi, gémit Anko en la prenant dans ses bras. Une belle petite chose fragile à protéger plus que tout au monde et qui … Tiens, tu sais ce qui se passe dans cette maison de fou ?"

Posant sa tête sur l'épaule de Shizune, Anko fit un grand sourire à l'intention de Kabuto, sachant pertinemment que son comportement enfantin mettait hors de lui le deuxième disciple de leur maître commun.

"Le Hokage a soudainement décidé de réorganiser les bâtiments.
- Ce ne sera que la troisième fois en cinq ans, marmonna Anko. Il a le feu au cul notre Tatsu national ou quoi ?
- Tu devrais faire attention à ce que tu dis, Anko-senpai. Le Hokage n'apprécie pas ce genre de familiarité.
- Bah, il est pas là, répondit Anko. Et puis ce n'est pas comme si j'étais en train de dire qu'il a le plus beau cul de Konoha ou bien qu'il a des pectoraux de rêve et une peau de bébé … Il faut aussi avouer qu'il a une belle gueule, le vieux …
- Le vieux te remercie."

Les trois jônin se tournèrent d'un bloc vers la porte de la salle de repos, blêmissant en voyant Uzumaki Tatsumaki planté devant eux, les bras croisés et l'air énervé.

"Sur ce, je vais y aller, j'ai du travail, risqua Shizune en s'éclipsant timidement.
- Et moi j'ai laissé l'eau du bain couler chez moi, il faut que j'aille l'arrêter, murmura Kabuto en suivant le mouvement."

Le Hokage les laissa filer d'un œil désintéressé et finit par sourire à Anko en s'avançant dans la salle.

"Ça fait toujours plaisir de savoir qu'on est apprécié, surtout à mon grand âge, mais si tu pouvais éviter de faire mes éloges en d'aussi bons termes, ça m'arrangerait.
- Je peux continuer si j'utilise un vocabulaire moins courant ? tenta Anko.
- Allons, un peu de sérieux, répondit Tatsumaki en fourrant ses mains dans ses poches. J'ai trouvé une occupation pour tout le monde alors on a le champ libre pour la journée.
- Quelle proposition indécente, se moqua Anko en s'appuyant contre une table.
- Ce genre d'activité ne me dérangerait pas mais j'ai prévu autre chose. Toi et moi allons dans le terrain d'entraînement cinquante et un jusqu'à demain matin.
- Un test ? s'étonna Anko. Si je peux me permettre, mes résultats sont tous excellents et je ne vois pas l'intérêt d'une mise à l'épreuve en ce qui me concerne.
- Ça, je m'en fous, avertit le Hokage. C'est un ordre et tu dois t'y plier. D'ici à demain matin, tu dois me prouver ce que tu vaux. Tu as droit à tout ton attirail si ça te chante et bats-toi sérieusement parce que je ne vais pas me retenir non plus."

Anko fronça quelque peu les sourcils. Elle savait qu'elle faisait partie de l'élite des jônin mais elle n'aurait jamais pensé qu'elle puisse faire l'objet de tant d'attention. Peut-être que le Hokage préparait sa succession et qu'elle était l'une des candidates à la candidature ? Anko réfuta cette possibilité. Il y avait plus fort qu'elle dans ce pays et la liste commençait par Hatake Kakashi, bien entendu. Même si le Hokage ne pouvait souffrir son disciple plus de cinq minutes, il était normal qu'il pense à lui en premier pour la succession. Anko se renfrogna et accepta, laissant partir le Hokage en premier. Elle avait une heure pour se préparer et rallier le terrain d'entraînement, c'était peu. Le cinquante et un se trouvait au nord de Konoha, à plus de dix kilomètres du village. Il était tellement peu fréquenté qu'on le considérait comme le parc privé du Hokage et de son élève qui s'y entraînaient chaque matin. Anko avait entendu dire que Kakashi était parti quatre jours plus tôt avec ses disciples pour Suna, cela signifiait que le Hokage n'avait pas combattu depuis autant de temps. Elle ne sut pas sur l'instant si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

***

Sakura ouvrit la porte de la chambre réservée à son équipe avec un peu d'appréhension. Elle avait un peu l'impression d'essayer de cacher à ses parents qu'elle avait découché, ce qui n'était pas spécialement faux si l'on considérait que Kakashi pouvait être bien plus envahissant que la mère de Sakura.

"On a commencé le petit déjeuner sans toi, Sakura …"

La jeune fille frémit à peine en entendant la voix de son professeur susurrer à son oreille une douce complainte pleine de tension et d'aigreur. Kakashi referma la porte d'un coup de pied et poussa son élève à travers le vestibule pour la poser sur une chaise dans la salle principale de leur appartement. Sasuke et Naruto, assis l'un en face de l'autre, mangeaient déjà avec plus ou moins d'entrain. Kakashi prit place à droite de Naruto, en face de Sakura, et reprit son petit déjeuner là où il l'avait laissé. Sakura se sentit mal à l'aise devant le silence de Kakashi, les regards insistants de Sasuke et l'absence totale de commentaire venant de Naruto. Elle se tortilla un peu sur sa chaise.

"Mange, ordonna Kakashi."

Sakura se précipita sur les différents plats à sa disposition et garnit son assiette. La petite table était surchargée de plats de Suna, allant du simple plateau de fruits à un assortiment de viandes séchées. Trois pichets de jus de fruits ainsi qu'un de lait étaient aussi présents. Sakura avala rapidement une sorte de gruau de sorgho au goût de datte avant d'oser jeter un coup d'œil vers l'assiette de Naruto. A ce qu'elle put en voir, son nouveau coéquipier avait un régime très porté sur la viande et ça ne l'étonna qu'à moitié. Kakashi remonta son masque de tissu et posa calmement ses mains sur la table.

"Ecoutez-moi bien."

Sakura et Sasuke levèrent les yeux de leur assiette tandis que Naruto continuait à manger.

"Nous sommes ici en tant que représentants de Konoha, poursuivit Kakashi, et il est hors de question que nous ridiculisions notre village. Alors à partir de maintenant, aucune faute ne sera tolérée. Me suis-je bien fait comprendre ?"

Les deux nouveaux promus hochèrent la tête sèchement. Kakashi tourna à peine la sienne vers Naruto.

"Mes avertissements vont aussi dans ton sens, Naruto.
- Je sais, capitaine, répondit d'un ton sec le jinchûriki.
- Peux-tu me dire où tu étais cette nuit, à ce propos ?
- J'ai obéi aux ordres du Kazekage. Ils sont supérieurs aux tiens, à ce qu'il me semble.
- Le Hokage a bien précisé que tu devais suivre mes ordres et pas ceux d'un autre, rectifia Kakashi. J'attends de toi plus que quiconque, ne me déçois pas."

Naruto fronça clairement les sourcils en se tournant vers Kakashi. Les deux hommes se dévisagèrent dans une atmosphère tendue et Kakashi sut qu'il avait commis une erreur de bonne taille. Il avait employé par mégarde la même phrase que son professeur, celle que le Hokage sortait toujours à Naruto ou bien à son disciple. Kakashi se demanda un instant comment allait réagir Naruto. Il n'avait jamais été son capitaine, tous les rapports qu'ils avaient entretenus jusque là allaient toujours dans le sens du gosse. Kakashi représentait un peu le grand frère protégeant son cadet de l'adversité et des ambitions un peu trop grandes de son père. Il n'y avait jamais eu aucun rapport de force entre les deux disciples. Ce nouveau statut ne plaisait pas à Kakashi. Il n'était finalement pas fait pour être le capitaine de Naruto. Peut-être avait-il la force nécessaire pour pouvoir veiller sur lui mais les seize années qu'ils avaient partagées sapaient totalement son semblant d'autorité. L'adolescent tourna finalement la tête et sortit de table, s'éclipsant dans la chambre adjacente, sous le regard toujours tendu de Kakashi. Celui-ci se jura une nouvelle fois qu'il n'aurait jamais descendance pour s'éviter tout problème. Kakashi soupira, reportant son attention sur Sasuke et plus particulièrement sur Sakura.

"Où étais-tu la nuit dernière ?
- Temari-san m'a demandé de venir la voir alors, je …, murmura Sakura.
- Nous ne sommes pas en territoire ennemi mais ce n'est pas pour autant une raison de jouer les naïves, coupa Kakashi d'un ton sec. Vous êtes jônin à l'épreuve pour l'année, une commission d'enquête jugera si vous êtes ou non admissibles en se basant sur nos rapports de mission. Tatsu-sensei me connaît parfaitement et croyez-moi que d'ici à la fin de l'année il aura épluché tout ce qui vous concerne, il vous connaîtra mieux que vous-même. Il détectera le moindre détail, le moindre mensonge. Alors mettez-vous bien en tête que vous n'avez plus le droit à l'erreur. Vous en avez déjà suffisamment cumulé pour l'année en trois jours ! Ne me faites pas regretter de vous avoir choisi comme mes disciples, ajouta-t-il en baissant la voix. J'ai confiance en vous et je sais que vous êtes capables de bien mieux. Ressaisissez-vous, il n'y aura plus d'avertissement."

Sasuke et Sakura hochèrent à nouveau la tête, assez mal à l'aise. Kakashi n'eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit, Naruto sortit de la chambre commune, visiblement plus armé que lorsqu'il y était entré. Il se planta au bout de la table, les mains dans les poches et l'air trop neutre pour l'être vraiment.

"Au cas où vous ne seriez pas au courant, capitaine, la seconde équipe est arrivée cette nuit à cause d'un retard inopiné. Mais vous ne devez pas le savoir parce que vous vous fiez trop aux nouvelles conventionnelles, rajouta Naruto en haussant les épaules.
- Espionner alors qu'on n'en a pas reçu l'ordre peut compromettre notre mission, rappela Kakashi en se levant.
- Oui, bien sûr, sauf si les types qui nous surveillent ne s'en rendent pas compte.
- Naruto, gronda Kakashi, tu …
- Je suis meilleur ninja que ces soit disants jônin de Suna, coupa le jinchûriki. Je me permettrai de rajouter, capitaine, que ma sécurité est prioritaire, n'est-ce pas ? Qu'importent les moyens employés.
- Fais preuve d'un peu de modestie, ça ne te fera pas de mal."

Naruto renifla, étrécissant légèrement les yeux. Kakashi savait qu'il avait pris une mauvaise pente dès le départ. Il passa sa main dans ses cheveux, vaguement énervé par la situation.

"Très bien, changement de plan les enfants, finit-il par soupirer. Naruto a un niveau plus élevé que le mien, il est donc normal qu'il soit capitaine d'équipe à ma place.
- Kakashi-sensei ! s'offusqua Sakura.
- Kakashi, t'es sérieux ? grimaça Sasuke.
- Tu vas à l'encontre des ordres du Hokage ? s'étonna Naruto.
- Ce ne sera pas la première fois, ricana Kakashi. Je te cède la place à une condition, Naruto.
- Laquelle ?
- Pense d'abord à l'équipe, sourit Kakashi. Dans les sections spéciales, l'objectif est de réussir la mission, pas de ramener son équipe entière. Dans les sections plus régulières, ça fait tache d'avoir un membre manquant quand on revient, ce n'est pas vraiment apprécié. Qui plus est, Sakura et Sasuke sont importants pour moi, tu comprends ?"

Naruto jeta un coup d'œil aux deux adolescents toujours assis, jugeant rapidement la situation. S'il devenait capitaine à la place de Kakashi, il aurait un champ d'action plus libre mais il serait aussi retenu par ces deux-là. Naruto n'appréciait pas trop l'idée d'avoir des novices accrochés aux basques. Il avait pu évaluer leurs compétences et ce n'était pas brillant. Sakura était forte d'un point de vue strictement technique mais faible psychologiquement. Naruto savait qu'elle pouvait parfaitement laisser tomber inconsciemment, ce qui se ressentirait sur ses aptitudes. Elle était pourtant kunoichi. Ce statut impliquait qu'elle eut un moral bien meilleur que celui de n'importe quel homme. Etre une femme dans un univers aussi violent n'était pas simple, il fallait s'armer d'une façon bien différente. Quant à Sasuke, il était impressionné par Naruto, c'était certain. Il cumulait en plus avec un esprit de compétition mal venu en mission. Naruto pensait honnêtement que Sasuke avait beaucoup de potentiel en tant que ninja mais il fallait qu'il apprenne à mettre de côté ses émotions. Les benjamins étaient toujours plus faibles que les aînés, se rappela Naruto. Sasuke avait un grand frère, Itachi, ce qui impliquait bon nombre de troubles inconscients. La peur du rejet, l'envie de dépasser l'aîné, le désir de prouver qu'il existait, le fort lien familial, toutes ces choses étaient à prendre en considération. Naruto s'en passait volontiers. Sur Kakashi, il n'avait pas grand-chose à dire. C'était un excellent shinobi qu'il connaissait bien. Cela compliquait leurs relations de travail mais c'était aussi un avantage : Naruto pouvait parfaitement suivre la logique de Kakashi et donc prédire ce qu'il allait faire. Le plus gros point faible de Kakashi résidait en vérité en ses disciples. Le lien entre eux était bien trop fort pour que le travail d'équipe soit satisfaisant. Naruto finit par baisser la tête.

"Très bien. Mais que les choses soient claires dès le départ, continua-t-il en se tournant vers Sasuke et Sakura, toute forme d'impolitesse, que ce soit envers Kakashi ou bien moi, sera très mal perçue. En devenant capitaine, ce sont mes rapports de mission qui comptent le plus pour votre mise à l'épreuve, alors tenez-vous à carreaux. Et, Sasuke, on ne tutoie pas son professeur.
- A vos ordres, marmonna Uchiha.
- Il est plus que temps de bouger, dépêchons."

Sakura déposa ses couverts et se rua dans la chambre pour prendre ses affaires au même titre que Sasuke. Ils suivirent par la suite Kakashi et Naruto à travers les couloirs du bâtiment réservé aux logements des shinobi étrangers. Ils croisèrent une équipe venant d'Iwa, au Pays de la Terre, mais Naruto les ignora royalement. Il nota cependant que Suna privilégiait une délégation d'un pays a priori ennemi à celle d'un allié. Le vent tourne, pensa-t-il en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule. Le chef de l'équipe de jônin d'Iwa le dévisagea, gardant bien en mémoire le visage du gamin. Naruto lui sourit un bref instant. Il devrait s'occuper de ça avant que la délégation ne parte. L'équipe arriva devant l'appartement numéro quinze et le capitaine frappa à la porte. Un simple "entrez" leur répondit, aucun signe distinctif ne fut demandé. Ça commençait mal, pensa Kakashi en voyant Naruto froncer les sourcils. Naruto entra, suivi de près par Kakashi qui interviendrait en cas de problème. La suite fut plus confuse. Un nuage de fumée épaisse envahit la pièce et Kakashi se retrouva plaqué au sol sans qu'il ne comprenne trop pourquoi. Il entendit des bruits de lutte et, avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit, la fumée disparue, aspirée par la fenêtre. Kakashi vit alors très nettement Gai au dessus de lui, le serrant dans ses bras et, un peu plus loin, Lee et Tenten à terre ainsi que la table, les chaises et un fauteuil. La pièce était sans dessus dessous. Naruto se tenait près de la fenêtre, refermant d'un geste sec le volet de bois ouvragé.

"Gai, murmura Kakashi, t'es dans la merde.
- Ah ?
- Je ne suis plus capitaine.
- Ah, effectivement …"

Maito Gai se releva, tirant Kakashi par la même occasion. Sasuke et Sakura n'avaient même pas pu rentrer dans la pièce, la porte s'était refermée sur eux. Ils osèrent à peine l'entrouvrir, jetant un œil dans la pièce dévastée. Cet appartement était identique au leur : une grande pièce principale faisant office de salle à manger et de salon avec quelques canapés pas vraiment confortables, à la mode de Suna, ainsi qu'un passage taillé dans le mur pour arriver à la chambre commune. Le tout était frais et plongé dans la pénombre que créaient les panneaux de bois sculptés. Un jeune homme à peine habillé d'un pantalon blanc arriva par la chambre, regardant le carnage de ses yeux blancs, ses longs cheveux trempant son dos. Neji se dit soudainement qu'il aurait mieux fait de rester sous la douche.

"Et bien …, hésita Gai, merci d'être venu aussi vite, Naruto-dono."

Il s'inclina avec respect, s'aventurant à penser que cette simple marque de respect suffirait à calmer le jinchûriki. Gai savait que c'était la meilleure chose à faire devant l'un de ces ninja. Les jinchûriki aimaient qu'on les reconnaisse en tant que tel mais il ne fallait pas non plus trop flatter leur ego. Naruto claqua sa langue et Gai se redressa, ordonnant par la même occasion à ses élèves de ranger la chambre. Les trois adolescents comprirent vite qu'il ne fallait pas s'attarder et se mirent au travail. Sasuke et Sakura se joignirent à eux, restant tout de même très discrets. En un rien de temps, le salon fut en ordre et Neji habillé plus règlementairement. Les deux équipes s'installèrent sur les sofas autour d'une petite table basse. Tenten et Sakura préparèrent du thé dans la foulée, préférant se taire. Naruto s'adossa à la fenêtre, fixant avec intérêt les sept personnes assises. Il attendit que les deux demoiselles finissent de servir le thé pour parler.

"Ça me surprend de vous voir ici, Gai-san."

Sasuke et Sakura furent tout autant surpris d'entendre Naruto s'adresser poliment à quelqu'un.

"Nous étions en mission au Pays du Thé, répondit Gai en s'inclinant légèrement. Mon équipe était la plus proche, voilà pourquoi nous avons été envoyés ici. Cependant, le navire qui nous a transporté du Pays du Thé aux côtes du Pays du Vent a eu un problème de cordage et nous n'avons pu récupérer plus de douze heures sur notre retard. Je m'en excuse. Si vous me le permettez, poursuivit-il, je vais vous présenter mes élèves. Ils n'ont pas eu l'honneur de vous côtoyer jusqu'à présent."

Gai tendit sa main vers Neji qui parut soudainement dépassé par les évènements. Il s'inclina avec respect et Naruto remarqua qu'il avait l'habitude de ce mouvement. Il devait le répéter autant de fois que ses kata. Naruto le fixa de cette manière que Sakura avait su décrypter : la situation ne lui plaisait pas.

"Hyûga Neji, dix-sept ans, jônin depuis deux années. Neji est mon second lors des missions, il m'est d'une aide précieuse grâce à son …
- Byakugan, coupa Naruto. Ce n'est pas comme si ça ne se voyait pas."

Neji resta impassible, tant que Gai s'empressa de lui baisser la tête en l'accompagnant d'un rire nerveux. Naruto rapporta son attention sur l'Ombrageuse Panthère de Jade de Konoha.

"Ensuite ?
- Rock Lee, s'empressa de répondre l'intéressé en se levant rapidement. J'aurai dix-sept ans le vingt-sept novembre prochain, monsieur, et je suis actuellement chûnin mais je compte bien progresser encore !!"

Pour conclure sa tirade, Lee s'inclina bien trop bas. Naruto le fixa à peine avant de se tourner vers Tenten. La jeune fille se sentit mal à l'aise. Elle tira Lee pour qu'il s'asseye avant de se lever elle-même et s'incliner respectueusement comme le protocole l'indiquait.

"Nigori Tenten, j'ai dix-sept ans et je suis la plus âgée du groupe. J'ai le grade de chûnin et je poursuis mon entraînement auprès de Gai-sensei.
- Cela fait cinq ans que je m'occupe d'eux, continua Gai alors que Tenten reprenait place, et je ne suis pas déçu des avancées phénoménales qu'ils ont fait. En particulier Lee.
- J'en ai déjà entendu parler, persifla Naruto en tournant la tête. Plus important, que comptez-vous faire ?
- Je n'ai pas été mis au courant de la situation actuelle à Suna, tempéra Maito. Nous sommes arrivés très tôt ce matin et le Kazekage n'a pas accepté de nous recevoir.
- Ça ajouté aux ninja d'Iwa que nous avons croisé tout à l'heure, intervint Kakashi, ce n'est pas bon signe.
- Des ninja d'Iwa ? s'inquiéta Gai.
- Je m'en occuperai plus tard, répondit évasivement Naruto. Pour la situation, c'est simple : Gaara et Kankuro doivent revenir demain pour l'anniversaire de Temari. Jusque là, je dois me la jouer profile bas parce que le Kazekage a peur d'une attaque sur Suna.
- J'ajouterai que nous sommes tolérés et non pas accueillis, conclut Kakashi."

Gai baissa la tête, perdu dans ses pensées. C'était bien ce qu'il craignait : quelque chose de mauvais se préparait. Il se reprit : non, Suna pouvait simplement prendre contact avec Iwa afin de faciliter par la suite une alliance avec Konoha. Cependant, il fallait être naïf pour y croire ne serait-ce qu'un seul instant.

"Pas la peine de se prendre la tête avec ça, reprit Naruto en haussant les épaules. Vous êtes tendus, ça n'apportera rien de bon. Pour que je puisse me faire une idée de votre niveau, nous partons immédiatement pour le sud de Suna. Il y a un massif rocheux où nous serons tranquilles et on n'attirera pas l'attention non plus. Entraînement.
- Nous sept contre vous ? demanda Gai en relevant la tête.
- Je vais demander à Temari de participer aussi. Elle sera avec moi.
- Tu fais plus confiance à un ninja de Suna qu'à tes camarades de Konoha ? soupira Kakashi."

Naruto ne répondit pas, partant d'un pas souple jusqu'à la porte en laissant derrière lui ses compatriotes. Ce fut au tour de Kakashi de baisser la tête. Tatsumaki n'avait pas transmis que des qualités à son fils et c'était toujours désagréable pour Kakashi de s'en rappeler. Tatsumaki et Naruto partageaient un point commun flagrant en dehors de leur blondeur : une trop grande confiance en soi. Le Hokage savait à présent doser ses efforts bien qu'il fut un adolescent des plus turbulents aux dires de son professeur et de son prédécesseur mais Naruto avait une trop grande marge de progression pour se soucier d'une quelconque barrière. Son corps se régénérait à une vitesse à peine croyable, c'était son plus gros point faible. Naruto ne connaissait aucune limite et se fichait éperdument des blessures. Il évitait le pire à chaque fois mais ne rechignait pas contre une épaule transpercée, comme il l'avait prouvé deux jours plus tôt. Kakashi ne savait pas où cela pouvait emmener Naruto mais il espérait sincèrement qu'il se calmerait un peu en prenant de l'âge. C'était vraiment important.

"Kakashi, j'ai à te parler sérieusement, déclara Gai en se frottant les mains. Ça concerne aussi nos élèves puisqu'ils sont avec nous sur cette mission.
- Tenten et Lee aussi ? demanda Kakashi en se vautrant dans le sofa. Ils sont chûnin, après tout, et je te rappelle qu'on n'est pas sensé divulguer ce genre d'information.
- Ils risques gros alors autant qu'ils soient au courant."

Kakashi haussa les épaules. Il n'interviendrait que si Gai en disait trop.

"Les enfants, reprit Gai en s'adressant aux cinq adolescents, il faut que vous vous rendiez bien compte d'une chose.
- Ce type n'est pas normal, coupa Neji.
- Bingo, renchérit Sasuke avant de recevoir un coup de coude de la part de Sakura.
- Le capitaine Naruto, continua Sakura en insistant bien sur le capitaine, est un shinobi très puissant, à tel point que Kakashi-sensei lui a cédé sa place.
- En quoi est-il si fort ? demanda Tenten. Il a surtout l'air très sévère …
- Il n'a pas arrêté de nous provoquer, poursuivit Neji sans répondre à la question de sa coéquipière.
- Il a l'air … volontairement distant, en fait, bredouilla Lee. C'est comme s'il s'interdisait toute sorte de lien avec qui que ce soit …
- Naruto est méfiant, confirma Kakashi, mais je l'ai trouvé assez ouvert cette fois-ci.
- Vous semblez le connaître depuis longtemps, Kakashi-sensei, reprit Tenten.
- Assez, oui.
- Reprenons depuis le début, intervint Gai. Vous savez que le Quatrième Hokage a combattu il y a de cela bientôt seize ans le démon renard Kyûbi, n'est-ce pas ?"

Neji, Tenten et Lee hochèrent la tête. Gai jeta un coup d'œil à Sasuke et Sakura sans que ceux-ci ne tiquent.

"Je leur ai déjà raconté, s'empressa d'expliquer Kakashi. Ils sont au courant depuis une année, environ.
- Et après c'est toi qui viens me dire qu'on n'a pas le droit de divulguer ce genre d'information … ?
- Gai-sensei, nous n'avons pas beaucoup de temps, coupa Neji.
- Ah, oui … Et bien, pour faire simple et court, le Hokage a enfermé l'âme du démon dans un enfant. Cet enfant, c'est Naruto. Cela fait de lui un jinchûriki, un «sacrifice humain».
- Et ce jinchûriki en question n'est autre que le fils de Tatsu-sensei, rajouta Kakashi.
- C'est un pari hasardeux, souffla Neji.
- Il faut savoir prendre des risques, rectifia sèchement Kakashi en fixant Neji. Tatsu-sensei ne prend pas toujours la meilleure solution possible, il jongle même assez avec les gaffes, mais il fait en sorte que tout se déroule selon ce qu'il a prévu.
- Kakashi, gronda Gai, ne réagis pas aussi vite. Les capacités du Hokage ne sont plus à démontrer, pas la peine de monter sur tes grands chevaux. Les enfants, recentra le gars fort, il faut que vous sachiez qu'un jinchûriki est une arme très précieuse, difficile à maîtriser. Lorsqu'une grande puissance possède l'un de ces jinchûriki, elle fait tout pour le garder, quitte à déclencher des guerres.
- Cependant, poursuivit Kakashi, du fait de leur statut assez ambigu, les jinchûriki sont mal connus et très souvent détestés parmi les ninja. Pour éviter le pire, Tatsu-sensei et le vieux Sarutobi ont pris la décision de cacher Naruto tant que sa formation n'est pas terminée. Il n'y a qu'une petite vingtaine de personnes qui le connaissent, à Konoha, et à peu près autant en dehors des frontières du Pays du Feu.
- Comme tout shinobi d'élite, une prime est sur sa tête, expliqua à son tour Gai. Nous avons un système de Bingo Book et on sait que les déserteurs ont en aussi un. Kakashi et moi y sommes, comme tout jônin qui se démarque suffisamment. Malgré le tabou qui règne autour de Naruto, les chasseurs de tête savent qui il est, plus ou moins, et n'attendent que l'occasion propice pour recevoir la prime.
- Mais Naruto est très fort, ne put s'empêcher de rajouter Sakura. Il a …
- Un point faible, comme tout le monde, rappela Kakashi.
- Un point faible, répéta Neji."

Kakashi se contenta d'hocher la tête. Il connaissait ce point faible, tout comme Gai, mais ce n'était pas le genre de chose à révéler à des gamins, même s'ils faisaient partie de l'équipe s'assurant du bon vouloir du jinchûriki. Au pire, ils le découvriraient pendant le combat qui les attendait mais Kakashi en doutait fortement. Si on ne le lui avait pas dit, il n'aurait jamais trouvé. C'était bien mieux comme ça. Un jinchûriki était par définition imbattable. Il valait mieux que tout le monde y croie dur comme fer.

"Quoi qu'il en soit, notre mission est de protéger et de gérer le jinchûriki jusqu'à notre possible retour à Konoha, ajouta Kakashi. Même s'il est capitaine de mon équipe, il aura besoin de l'accord de Gai pour entreprendre quelque chose. Naruto suit les règles, plus ou moins, et c'est une chance. Vous n'aurez aucun souci avec lui si vous le respectez comme il se doit. Vous aurez juste droit à quelques tests comme cet entraînement. Osez lui montrer ce que vous valez, même si vous suivez ses ordres.
- Tout donner, en quelque sorte, ajouta Neji."

Kakashi hocha la tête. Neji n'avait pas eu don diplôme dans une pochette surprise, contrairement à ce que les mauvaises langues distillaient sur lui. Neveu de Hiashi, il avait été placé dans la branche inférieure du clan Hyûga à l'âge de quatre ans. Neji n'avait pas eu une vie facile et restait quelqu'un de très froid et distant. Cependant, son talent avait été exposé au grand jour lorsque Gai l'avait pris sous son aile. Il n'était plus à lors un enfant de la bunke mais un ninja de Konoha. L'examen de classe moyenne dans lequel il s'était confronté à Sasuke avait été de toute beauté. Kakashi se rappelait encore le combat qu'ils s'étaient livrés. Toute l'arène avait retenu son souffle, s'intéressant soudainement à ce Hyûga alors que le deuxième fils d'Uchiha Fugaku passait au second plan. Sasuke avait perdu ce jour-là. Son combat précédent contre Gaara du Désert l'avait trop affaibli et il n'avait pas pu tenir longtemps. Kakashi s'était toujours dit qu'il serait intéressant de voir Neji et Sasuke combattre à nouveau. Ils avaient tout deux acquis plus de force et de maîtrise, le combat promettait d'être magnifique. Kakashi se leva juste au moment où Naruto revenait avec Temari le suivant. Les autres prirent exemple sur le ninja copieur alors que celui-ci posait tranquillement sa main sur la tête de son protégé.

"Encore une quinzaine de centimètres et tu me rattrapes.
- Mais encore ?
- Je veux que Sasuke soit avec toi et Temari pour l'entraînement."

Sasuke sentit très nettement le regard de Naruto se poser sur lui. Ce n'était pas agréable. Il tourna ensuite la tête vers Temari qui haussa les épaules. Naruto reporta son attention sur son coéquipier.

"Ne nous gêne pas."

***

Itachi admira un instant le panorama qui s'offrait devant eux : une immense cascade tonitruante s'écrasait dans un large bassin naturel humide et glissant, le tout planté au milieu d'un massif rocheux surélevé. Le village caché de Taki se trouvait dans le Pays de la Cascade et n'était pas vraiment ce qu'on pourrait appeler une grande force militaire. Son seul point fort résidait dans sa géographie : de grandes structures rocheuses nommées karst. On pouvait difficilement escalader ces pics rocheux du fait de leur friabilité mais les plateaux au sommet étaient suffisamment résistants pour que des villages puissent y être construits. Il n'y avait souvent qu'un chemin d'accès pour aller dans chaque village et passait immanquablement par l'intérieur du karst. Il était facile de protéger une place forte naturelle comme celle-ci. Le village de Taki manquait juste de discrétion : l'immense cascade se jetant du haut du karst n'avait rien de bien secret. C'était même la seule cascade de la région. Itachi comprenait facilement pourquoi ce village n'avait jamais obtenu la moindre attention d'aucune des grandes puissances du continent bien qu'il ait quelques moyens. Aoba et Ebisu en arrivaient à la même conclusion après quelques minutes de divagation.

"Comment fait-on pour entrer à Taki ? demanda Ebisu.
- Et comment être sûr que notre revendeur se trouve bien ici ? insista Aoba."

Itachi soupira. Il en avait assez de ces deux-là. Il voulait rentrer à Konoha, faire son rapport et aller se coucher. Ils avaient passé toute la nuit à effacer les traces du combat du jinchûriki et ça n'avait pas été simple. Reboucher un cratère n'était pas quelque chose de particulièrement reposant. Ils avaient trouvé par la même occasion la source du brouillard intempestif : une source d'eau bouillonnait au centre du cratère et produisait plus de vapeur que de raison. Même cinq jours après l'affrontement, le sol était encore chaud et craquant. Une odeur désagréable planait sur l'endroit, comme si on avait fait brûler quelque chose de vivant – un corps humain en l'occurrence. Itachi s'était demandé sur l'instant s'il était vraiment de taille contre le jinchûriki. Rien ne lui avait paru plus violent que ce simple cratère et, pourtant, il en avait vu plus qu'il ne le fallait à son jeune âge.

"Itachi-kun ?
- Ah … Oui, et bien … Taki est la capitale et le seul village du pays qui fait vraiment du commerce avec l'extérieur. Il y a des regroupements de commerçant du pays qui tiennent ensemble des magasins, ou plutôt des dépôts de marchandise. Il sera facile d'obtenir nos informations avec ça."

Joignant le geste à la parole, il sortit une enveloppe scellée portant l'écriture du Quatrième Hokage. Ebisu haussa un sourcil.

"On va aussi faire du marchandage alors.
- Hokage-sama propose gentiment l'accueil ainsi que la formation de cinq enfants du pays de la Cascade contre les informations que nous désirons, expliqua Itachi en rangeant l'enveloppe dans une poche étanche.
- Le chef du village fera pression sur les marchands, compléta Aoba.
- Les mômes peuvent disparaître pendant une mission, reprit Itachi en haussant les épaules. Les pertes de genin ont toujours été importantes.
- Et Konoha garde ainsi ses petits secrets, conclut Ebisu."

Uzumaki Tatsumaki serait facilement qualifié de pourri par ses confrères de très haut niveau s'ils n'utilisaient pas le même genre de ruse, les trois jônin en avaient parfaitement conscience. Il ne fallait pas se soucier de l'individu pour être Hokage mais simplement garder son objectif en tête. Un ninja se fichait du groupe tant que sa mission était réussie. Cela n'empêchait pas à des amitiés et des amours plutôt sérieux de voir le jour, ça ne rendait que les liens unissant les uns et les autres plus uniques. Un bon ninja devait pouvoir tuer sans remord parents, enfants, disciples ou n'importe qui d'autre sur simple ordre du Hokage, Itachi le savait bien. Seulement, il ne connaissait pas grand monde de cette trempe là.

"Ça ne règle pas la question du jour, rappela Ebisu. Comment entre-t-on ?
- Grâce à notre ami Yamashiro Aoba, répondit Itachi sans même se tourner vers l'intéressé.
- Hé … ? gémit le concerné en sentant les deux regards se poser sur lui.
- Par la voie des airs, appuya Itachi.
- Ah …"

***

Shikamaru regardait avec envie des enfants jouer à cache-cache dans la cours de l'administration, attendant très certainement leurs parents alors occupés à ranger l'incroyable bordel que le Hokage avait mis en une nuit seulement. Il tourna douloureusement la tête vers l'intérieur de la salle où il se trouvait en compagnie des cinq autres de corvée. Six tables avaient été placées en forme de U dans la pièce, une pour chacun d'entre eux. Un seul dossier, épais de trois pages, siégeait face à Shikamaru. C'était tout ce que les sections spéciales avaient pu trouver à propos du cadavre et des alentours : trois pages, écrites seulement sur le recto, au texte très aéré. Shikamaru se demanda si la désertion serait plus pénible que cette maudite mission.

Chôji grignotait à côté. Ino regardait le ciel, les yeux rêveurs. Shino restait impassible. Kiba somnolait. Hinata jetait des coups d'œil inquiet de temps à autre. Shikamaru admirait son calme intérieur tout autant que son désappointement. Il relut pour la quatrième fois les informations qu'on pouvait synthétiser ainsi : pas de trace de l'assassin, aucune précision sur lui non plus. De là, on pouvait considérer que c'était un homme suffisamment fort pour s'introduire à Konoha et en partir sans se faire voir. Shikamaru n'excluait pas la possibilité qu'il y ait un traître au sein même du village. Après tout, il y avait pas mal de monde qui ne supportait pas les Uchiha, à commencer par eux-mêmes. Les dissensions entre cousins étaient connues de tous. Les Hyûga avaient trouvé un moyen simple pour briguer ce genre de lutte intestine mais les Uchiha, et surtout Fugaku, refusaient de diviser. Shikamaru aurait aimé avoir Sasuke sous la main pour en savoir un peu plus. Toutes les informations qu'il avait en sa disposition venaient de Hinata et de son propre père, Shikaku. Entendre la version d'un Uchiha aurait été plus judicieux.

Que fallait-il faire ? Shikamaru n'arrêtait pas de penser à toutes les possibilités. Aller parler à Fugaku serait suicidaire et provoquerait un retrait du clan qui se refermerait automatiquement. Trouver Sasuke prendrait au moins trois jours mais il n'était pas dit que ce type serait encore à Suna au moment où eux y arriveraient, et puis Shikamaru voyait mal six héritiers partir sans problème faire une petite promenade. Il leur fallait une autorisation écrite de la main du Hokage qui ne se trouvait pas à Konoha aujourd'hui. Le départ serait remis au lendemain dans le meilleur des cas mais là encore il fallait compter sur l'inertie de leur système archaïque : l'autorisation du Kazekage était également nécessaire s'ils voulaient entrer dans le pays sans risquer de se faire abattre à vue. Shikamaru savait que le Hokage les enverrait sans autorisation, prévenant juste son confrère par un message urgent – le deuxième en moins d'une semaine, ce n'était pas vraiment bon signe. Il se permettait un peu trop de choses au goût du chûnin mais ce n'était pas là son affaire.

D'un autre côté, Shikamaru n'avait pas du tout envie de partir à la recherche de Sasuke. Il était, après tout, avec son instructeur, sa coéquipière et un autre shinobi a priori assez fort pour faire partie des sections spéciales – encore un renseignement soutiré à Hinata. Ses yeux étaient sous bonne garde. Quant au grand frère de Sasuke, Itachi ou quelque chose comme ça, ce n'était même pas la peine d'aller l'informer : sa force faisait frémir d'envie n'importe quel Uchiha, voire n'importe quel shinobi de Konoha ; Shikamaru savait qu'il pouvait se débrouiller seul en cas de besoin. De plus, il doutait fortement que l'héritier accepte une quelconque aide extérieure venant d'un simple chûnin. Shikamaru se racla la gorge pour obtenir l'attention de l'assistance.

"Nous avons deux options qui se présentent à nous. Soit on reste à Konoha et on étudie minutieusement le peu d'élément qu'on a pour ensuite se présenter devant le Hokage et s'en prendre plein la tronche parce qu'on aura fait chou blanc, soit on quitte le village pour mener l'enquête.
- La deuxième est la meilleure, y'a pas à réfléchir, s'empressa de répondre Kiba.
- Crétin, coupa Ino. Tu crois vraiment que des chûnin dans notre genre auront carte blanche en dehors du village ?
- Ino a raison, renchérit Chôji. Nous n'avons jamais été très brillants, nous n'attirons pas l'attention. C'est très bien pour un ninja mais, si l'on quitte le village, ce sera un inconvénient.
- Je ne vois pas en quoi «quitter le village» est si problématique, intervint Shino.
- Par quitter le village, je pensais à nous faire passer pour des déserteurs."

Shino, Kiba et Hinata fixèrent Shikamaru comme s'il eut été une bizarrerie de la Nature. Le chef de l'équipe d'investigation se gratta le crâne en marmonnant des propos peu flatteurs avant de s'affaler sur sa chaise.

"Je ne crois pas que notre bonhomme soit du village pour une simple et bonne raison : il ne savait pas à qui il avait à faire. Uchiha Gôrô était jônin, un homme fort faisant partie de la police. Quelqu'un en a déjà entendu parler ?
- Il … Il a souvent été remarqué pour ses capacités, murmura Hinata.
- 'paraît qu'il était très bon en espionnage, poursuivit Kiba.
- C'est exacte, reprit Shikamaru. Uchiha Gôrô était l'un des cinq meilleurs membres de son clan. Connu pour ses capacités de déduction, sa maîtrise inégalée de la dissimulation et son sens inné du devoir, c'était un homme exemplaire. N'importe quel bourrin sait ça et ne se frotterait pas à lui. Notre bonhomme ne savait visiblement pas qui il était. A mon avis, il l'a attaqué parce qu'il est tombé dessus par hasard. Il lui fallait le Sharingan, peu importe sa provenance.
- Et s'il l'avait attaqué en toute connaissance de cause ? demanda Shino.
- C'est une possibilité mais les chances sont faibles. A ce que je sais, le Sharingan ne varie pas d'un individu à l'autre. Celui du chef n'est pas plus puissant que celui du premier genin venu. Il aurait été plus simple de s'en prendre à un môme.
- Alors notre cible se balade dans Konoha après s'être infiltré, trouve un Uchiha et se dit «chouette, j'ai pas à aller jusque dans leur quartier», il le tue, lui prend ses yeux et se barre, résuma Kiba en se grattant la tête, assez incrédule.
- En moins d'un quart d'heure, compléta Shikamaru. C'est ce que dit le rapport : combat bref et violent. Le Uchiha est mort suite à une hémorragie ventrale due à l'éclatement de la rate et du foie. Il a ensuite été poignardé au niveau du cœur et sa carotide a été tranchée. Les yeux ont été retirés après ça.
- C'est de l'acharnement, gémit Ino.
- Notre assassin ne doit pas être bien dans sa tête pour commettre pareil massacre, tenta Shino. Un ninja tue en un coup, rapidement et si possible sans effusion de sang.
- La discrétion n'est pas son fort, confirma Shikamaru, ce qui renforce mon idée : il est, ou il se croit, tellement fort qu'il ne prend pas la peine de respecter les bases ninja. Sa force lui permet de créer ses propres règles du jeu."

Chôji lorgna en direction de Shikamaru et remarqua immédiatement le léger pincement des lèvres de son ami. La situation ne lui plaisait pas mais à qui aurait-elle plue ? Chôji savait que Shikamaru avait une sainte horreur de tout ce qui n'était pas bien réglé parce qu'il fallait réfléchir un peu plus que d'habitude. Si le génie de leur promotion trouvait cette mission délicate, c'était alors le cas, Chôji le savait bien. Shikamaru croisa les bras sur sa poitrine et ferma les yeux, l'air tendu. Ino et Chôji s'échangèrent un regard tendu avant de soupirer.

"On vote ? proposa Ino."

Shikamaru fit non de la tête.

" Ino, tu prendras la tête de l'équipe formée avec Chôji et Hinata. Vous enquêterez de manière plus régulière, ici. Je vous fais confiance pour ça. Shino, Kiba et moi, on partira de Konoha dès ce soir.
- Et Akamaru, râla le maître-chien.
- Et Akamaru, rajouta Shikamaru de mauvaise foi.
- Dès ce soir ? demanda Shino. Et le Hokage ?
- Est-ce que des déserteurs demandent la permission de déserter ? grogna Shikamaru en se levant."

Shino ne répondit pas, se levant lui aussi pour aller préparer ses affaires en secret. Personne ne devait être au courant, s'il comprenait bien. Il ne restait plus qu'à le faire comprendre à Kiba qui s'enthousiasmait déjà à l'approche des grands espaces vierges de toute présence humaine et les échappées sauvages. Shino soupira. Pour reprendre une expression du chef de l'équipe, la mission allait être galère.

A suivre …


Note
Nigori Tenten : Les "tenten" sont les deux appostrophes que l'on met à un hiragana ou un katakana pour en changer le son (ka => ga, ta => da, etc ...). Il y a d'autres marques de ce genre et tout ceci est appelé "nigori", qu'on apprend avec joie dans l'ordre =D

[Jainas]

ca avance, ça avanace...

Je ne sais honnêtement pas trop quoi dire, c'est du tout bon, toujours aussi solide au niveau de la construction géographique et ôlitique de l'univers...
Tu complexifie à plaisir, tout en restant très agréable a lire (mais j'ai remarqué quelques fautes sans doute d'inattention : tu change une lettre ou deux de certains mots, ce qui fait qu'ils n'ont plus le bon sens...)

J'ai hate de lire la suite

[Aya Völsunga]

Arf, c'est dur de commenter quelque chose qui me plaît à part le simple "Ouais, c'est super, etc..." et je pense bien que ce genre de commentaire ne te satisferait pas...

Allons bon... Je rejoins Jainas quand à la complexification de la trame et la construction géopolitique. Même si, de premier abord, il ne se passe pas franchement grand chose, on apprend pleins de faits qui font l'épaisseur de l'histoire... Tu tisses une trame, ma foi, intéressante, mais avec toute cette épaisseur, je me demande de plus en plus où tout ce petit monde va, ce qu'il va se passer prochainement, quel est le but et la motivation de certains personnages (comme l'assassin du Uchiha, par exemple).

Mais prend ton temps, je te fais assez confiance pour nous pondre quelque chose de bien.

Sinon, ton style est vraiment sans lourdeurs, ça se lit bien malgré quelques toutes petites petites fautes

Bonne continuation!

[Arminas]

En voila une fic que je viens de découvrir sur ff.net ... Moi qui me plaignait de ne pas trouver de bonnes fics, j'etais passé a coté de celle ci

Bon j'ai pas grand chose à dire en fait ... plus un message pour la motivativation qu'autre chose car comme l'a dit Aya si je te dis "C'est génial continue, ton style est fluide bla bla bla" ça ne t'apporteras pas grand chose

ou comment taper un message qui ne sert strictement à rien .. ( ah si à me faire perdre du temps et emmerder tout le monde ... )

Bref bonne continuation

[Hitto-sama]

Note : chapitre un peu hors norme cette fois. Je n'avais pas envie de prendre le temps de développer l'entraînement imposé par Naruto dans la fic alors ce chapitre est une sorte de hors série.

-¤ Outcast ¤-
Chapitre 05 et demi : Un tout petit peu, peut-être



Sasuke regarda pour la quatrième fois consécutive ses soi-disant partenaires pour cet entraînement qui ressemblait plus à un massacre autorisé. Temari avait été chargée de combattre Maito Gai et Hatake Kakashi seule et Sasuke savait qu'elle n'avait accepté que par fierté. Le capitaine Naruto, quant à lui, s'amusait visiblement à esquiver et à prendre de vitesse les quatre restants. Oh, bien sûr, Sasuke avait été chargé de combattre Sakura (le capitaine Naruto semblait trouver cette idée poilante si Sasuke se référait à la lueur d'intérêt qu'il avait vue dans son seul œil visible lors de l'annonce) mais il avait rapidement constaté que sa présence ne faisait que gêner son foutu capitaine. Il attendait donc, assis en plein soleil sur un gros rocher, contemplant le désert s'étendant à perte de vue dans toutes les directions. Le plateau rocheux sur lequel ils étaient ne s'étendait pas trop mais offrait une grande diversité de reliefs que Temari prenait un malin plaisir à détruire avec ses techniques fûton. Sasuke en profitait pour étudier de loin le style de combat de son capitaine mais ce n'était pas très concluant, même avec le Sharingan, à cause du peu d'enthousiasme qu'y mettait le blondinet.

Sasuke soupira. Naruto se contentait d'esquiver et de frapper du plat de la main de temps en temps, lâchant un "t'es mort" sonnant comme le glas réjoui de la victoire. Sasuke s'étonnait de toutes les variations qu'il pouvait déchiffrer sur ce visage impassible et dans cette voix neutre. Peut-être était-ce le soleil qui le faisait délirer. C'était une solution bien plus probable qu'une soudaine compréhension de ce jeune homme tellement … Sasuke hésita quant à la qualification de son capitaine. Etait-il étrange ? Chaque shinobi l'était à sa façon, Naruto ne dérogeait pas à la règle. Asociale ? Il n'avait pas de problème de communication avec les autres, même s'il rechignait à ouvrir la bouche pour être poli. Distant ? Ce n'était plus à prouver. Sasuke avait compris qu'il valait mieux laisser le jinchûriki venir à lui si ça lui chantait que l'inverse. Ce serait certainement moins fatiguant. Sasuke admira une nouvelle disparition de son capitaine qui n'était due qu'à sa vitesse. Le Sharingan ne l'aidait guère à prévoir ses déplacements mais Sasuke commençait à saisir les motifs que Naruto utilisait.

Naruto semblait avoir compris que le plus dangereux des quatre adolescents était sans aucun doute Neji. Celui-ci se battait très sérieusement et se fichait visiblement d'infliger une quelconque blessure, même grave. Naruto l'esquivait et le repoussait avec plus de virulence que les autres, évitant soigneusement les mains de l'adversaire. Il connaissait sans aucun doute les capacités du clan Hyûga et s'en méfiait. Les attaques de Sakura et Lee appartenaient au même registre même si les techniques de l'un étaient beaucoup plus conventionnelles que celles de l'autre. Sasuke savait bien que Sakura s'épuisait petit à petit et Naruto l'avait aussi remarqué. S'il parait physiquement contre Lee, il se contentait d'esquiver les coups de Sakura. Son chakra se dispersait dans le sol et ses réserves diminuaient immanquablement. Lee n'utilisait que très rarement son chakra, ayant axé son style de combat sur le taijutsu pour cause d'incapacité de malaxage, Naruto l'épuisait donc physiquement. Les rares coups qu'il lui servait étaient difficiles à encaisser et tordaient les articulations. Sasuke avait déjà vu Lee remettre trois fois son poignet droit dans le bon angle mais le chûnin semblait tenir le coup. Quant à Tenten, son terrain de prédilection était les armes de lancée. Naruto restait donc très proche d'elle quelque soit la situation, l'empêchant d'être efficace. Il y avait aussi le risque de blesser un de ses partenaires. Sasuke admirait le calme et les plans de son capitaine, bien qu'il ne l'eut avoué pour rien au monde.

Trois ombres se dressèrent au côté de Sasuke qui adressa à peine un regard à Kakashi, Gai et Temari venant s'asseoir un moment. Les trois transpiraient autant que lui et retirèrent le plus de vêtement possible pour ne pas mourir sur place. Temari but d'une traite le contenu de sa gourde, oubliant tout principe de précaution. Naruto remarqua bien vite le peu d'activité des quatre jônin et fit cesser le combat en envoyant valser au loin Neji et Lee d'un seul coup. Tenten recula prudemment et Sakura s'inclina respectueusement pour éviter de recevoir sa part. Naruto n'y fit pas attention et marcha d'un pas alerte vers les quatre tires au flanc. Sasuke vit très nettement que son capitaine aussi souffrait de la chaleur mais ne l'avouerait certainement jamais. Il était humain, après tout, et terriblement fier de lui-même. C'était, en tout cas, ce qu'avait déduit Sasuke des quatre jours qu'il avait passé avec le jinchûriki. Les bandages de Naruto, qu'il n'avait pas quittés ni même changés depuis leur départ, n'avaient de blanc que le souvenir. En plus des traces de sang, on y voyait sueur et poussière, un mélange idéal pour une septicémie en bonnes et dues formes. Sakura en serait certainement indignée et râlerait sur le fait que le capitaine refusait toute aide extérieure. Sasuke aurait alors droit d'entendre l'éternel refrain sur ces «abrutis de couillus pas foutus d'accepter des soins parce qu'ils se croyaient si forts, si grands et si ténébreux» et ainsi de suite. Etre medic-nin était certainement la profession la plus ingrate de toute l'armée, à plus forte raison si l'on était une femme.

"Que pensez-vous de mes élèves ? tenta Gai en s'essuyant le front avec un linge déjà humide.
- Trois personnes qui se complètent bien mais qui ont besoin d'un grand espace pour agir, résuma Naruto en se plantant devant eux en remontant discrètement les manches de son pull. Le propre du ninja est de pouvoir agir dans les endroits les plus exigus comme les plus vastes, faites attention. Quant à Sakura, mon opinion n'a pas changé : si elle ne touche pas sa cible, elle est inutile.
- Tu y vas un peu fort, lui rappela Kakashi. Sakura est le medic-nin de l'équipe, tout comme Tenten. Elle n'a pas à se battre à fond et doit préserver ses forces pour soigner ses coéquipiers si besoin est.
- Un bon ninja ne se blesse pas, le medic est donc inutile dans une équipe."

Kakashi soupira lourdement et préféra lâcher l'affaire. Si Naruto avait décrété qu'il avait raison, il n'y avait pas grand monde susceptible de le faire changer d'avis. Ces rares élus n'étaient d'ailleurs pas présents.

"Un bon ninja est un ninja mort, railla Temari. Passe-moi ta gourde, j'ai soif.
- Un bon ninja est un ninja mort ? répéta Sasuke, légèrement déconcerté.
- Ça veut dire qu'un bon ninja n'hésite pas à mourir pour protéger les intérêts de son chef, répondit Naruto en lançant sa gourde à Temari. N'importe qui sait ça.
- Oui mais il y aurait de sérieux problèmes d'effectifs si on appliquait à la lettre ce précepte, marmonna Uchiha."

Kakashi passa vigoureusement sa main dans les cheveux de Sasuke et rigola bêtement pour détendre l'atmosphère, lui gâchant la possibilité de voir la légère décrispation du visage de son capitaine. Temari avala plusieurs gorgées d'eau alors que les quatre shinobi de Konoha revenaient en clopinant plus ou moins. Naruto se tourna vers eux pour estimer les bobos divers et variés. Temari en profita, se leva rapidement, arracha une nouvelle fois le bandana de Naruto et lui vida la gourde sur la tête. Le jinchûriki resta de marbre même si on sentait comme une nouvelle crispation.

"On n'a plus d'eau, 'faut rentrer si on ne veut pas mourir d'insolation, ricana Temari.
- J'oubliais que les ninja de Suna sont incapables de réfléchir, lança Naruto en formant plusieurs sceaux de ses mains."

Il ne fallut que quelques secondes pour qu'une petite résurgence ne craquelle le sol rocheux. De l'eau de mit à couler, d'abord doucement, puis en abondance. Temari s'appuya de son coude sur l'épaule de Naruto et celui-ci releva légèrement la tête.

"Frime et je te noie.
- Encore faut-il que tu réussisses à m'attraper, rappela Naruto en récupérant son bandana qu'il fourra dans une poche d'armes."

Temari se permit de l'embrasser sur la joue et Naruto ne grogna que pour la forme. Sasuke fut assez étonné de tant de proximité entre les deux ninja et se rappela bien vite que Naruto semblait porter un intérêt tout particulier à Gaara, le plus jeune frère de Temari. Naruto étant plus «abordable» que Gaara, Temari devait reporter son affection sur celui-ci. Sasuke glissa un regard vers Sakura qui ignorait royalement la scène, se contentant de se rafraîchir dans la résurgence avec Tenten. Lee avait toujours cet air ahuri, il était difficile de dire si ce baiser l'avait surpris ou non. Quant à Neji, il fronçait clairement les sourcils, fixant durement Naruto. Sasuke ne voyait pas le visage de son capitaine mais imagina sans mal le regard noir qu'il retournait au Hyûga. Cela lui fit plaisir une fraction de seconde avant que l'attention dudit capitaine ne se jette sur lui telle la hyène sur un cadavre après trois semaines de jeûne.

"Pour en revenir à nos affaires, pourquoi as-tu laissé tomber l'entraînement, Sasuke ?
- Je vous gênais dans vos mouvements. Je ne suis pas habitué à votre style de combat aussi ai-je préféré rester en retrait pour étudier votre manière de faire. Je serai plus à même de vous aider lorsque j'aurai bien assimilé les bases."

Réponse parfaite, se dit Sasuke en souriant intérieurement. Il l'avait, après tout, préparée pendant un long moment de contemplation du désert, au cas où le capitaine lui ferait des reproches. Naruto resta muet un court instant avant de renifler.

"Ne compte pas trop sur tes yeux, on ne sait jamais ce qui peut arriver."

Sasuke baissa la tête, abattu, en marmonnant un «oui» pas très enthousiaste. Naruto regarda distraitement la position du soleil dans le ciel et jugea qu'il était effectivement temps de rentrer. Il devait être plus de quatre heures de l'après-midi, l'entraînement avait assez duré. Les deux équipes devaient être opérationnelles à n'importe quel moment, il aurait été idiot de poursuivre. Naruto savait à présent à quoi s'attendre, il était un peu plus rassuré que le matin même où il avait facilement mis au tapis le sosie de Maito Gai et la fille aux macarons. Quant au Hyûga, il semblait bien plus alerte et serait certainement impressionnant en combat réel. Naruto proposa à Gai le retrait des troupes –ce qui fit tiquer Gai autant que Kakashi sur l'utilisation de tels termes- et suivit le petit groupe, quelques pas en arrière, Temari accrochée à son bras. Il soupira discrètement, assurant par la même occasion à la jeune femme qu'il écoutait ce qu'elle lui racontait. Naruto avait hâte de voir tout ce petit monde lâché dans un véritable combat où leur vie serait en jeu. Ce n'était que dans ces moments-là qu'un shinobi se révélait pleinement. Le regard bleu accrocha par accident les yeux noirs de Sasuke et s'y attarda un peu, mettant mal à l'aise le nouveau promu. Sasuke se détourna finalement, peu sûr de ce qu'il devait penser de cet échange, tandis que Naruto réaffirmait qu'il écoutait bien Temari. Naruto soupira et se recomposa un visage plus dur que la seconde précédente. Il n'oubliait pas qu'il avait encore bien des choses à faire avant de s'autoriser tout relâchement.

A suivre …

[Aya Völsunga]

Intéressant quoiqu'un peu court. J'ai trouvé assez intelligent la manière dont tu éludes le combat, on sent bien ce qu'il s'y passe sans se coltiner trois pages de description de jutsu et autres mouvements de combat. Cette manière de faire me semble tout à fait intelligente.

Ton Naruto me fait de plus en plus froid dans le dos. Je me demande à quoi il joue là, on dirait qu'il est complètement formaté... Brrr fait peur... Il est sec, froid.... Il va finir par être comme son père, même pire...
Est-ce qu'il va changer de caractère? Je me le demande bien...

Voilà, un petit bonus délectable, c'était un bon moment de lecture en cette fin de journée.

[ikonoklaste]

Ouah... j'ai tout lu d'une traite et c'était... fascinant...

[Hitto-sama]

Un vrai chapitre, cette fois XD
J'aurai aimé qu'il soit plus long mais je devais le finir avant le week-end qui va être chargé (recevoir, ça s'organise, et comme je suis une maniaque de l'organisation, ça me prend beaucoup de temps). De même, vu que Halloween approche et que je fais la fête, que je n'ai pas de vacances (vive la fac) et des kanji à apprendre, ne comptez pas avoir la suite avant une semaine ^^, Et encore, je suis gentille ... Je mène deux fics de front (Outcast et Irksome) tout en écrivant des arcs et one shot (hum ... trop à mon goût) et j'aimerai bien avancer, voire terminer, Irksome au plus vite donc je crois que je vais alterner au niveau publication entre les deux fics au rythme effreiné.
Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture qui, j'espère, vous amènera à vous/me poser plein de questions en attendant la suite qui risque d'être ... plus mouvementée.

Titre : Outcast
Auteur : Hitto-sama
Base : Naruto
Genre : Hitto-sama, UA
Disclamer : Les personnages et l'univers du manga "Naruto" ne m'appartiennent pas.
Note : J'adore le titre de ce chapitre. Par extension et homophonie, on peut aussi penser au "poing faible". Muha ha ha …

-¤ Outcast ¤-
Chapitre 06 : (point) faible



La nuit était déjà bien avancée lorsque Naruto entra dans l'appartement mis à leur disposition lors de leur séjour à Suna. Le fait que la porte ne soit pas fermée à clé le fit tiquer et entendre rire Sakura ne lui plut pas plus. Préparant déjà mentalement un petit discourt sur l'importance de la sécurité en territoire allié, il referma la porte sans la claquer pour ne pas réveiller Kakashi et Sasuke. Il était environ une heure du matin, mieux valait faire le moins de bruit possible. Naruto se retourna pour voir Sakura, assise dans un sofa, en train de masser les épaules massives de Rock Lee, lui aussi assis, torse nu et très en verve. Les deux shinobi saluèrent leur capitaine entre deux rires et continuèrent sur leur lancé. Naruto s'approcha, déposa un dossier épais sur la petite table basse en poussant les restes d'un repas tardif et s'assit en soupirant.

"Vous avez intérêt à avoir une explication courte et très convaincante, les avertit-il en retirant son bandana.
- Sakura-san est meilleure medic que Tenten, annonça Lee en souriant. Et puis, c'est elle qui m'a envoyé ici parce qu'elle n'a pas supporté que je la réveille."

Naruto s'affala dans le sofa en constatant une nouvelle fois que le confort ne faisait pas partie des habitudes de Suna. Il était fatigué et voilà que cet intrus venait l'empêcher de dormir. Naruto appuya son regard sur Sakura pour entendre sa version des faits.

"Ça ne me dérange pas, répondit la jeune fille en secouant la main. Je ne dormais pas de toute façon.
- Et tout ça ? demanda Naruto en désignant du menton les cadavres de festivités.
- Ce sont des pâtisseries que j'ai achetées au Pays du Thé, informa Lee sans quitter son sourire. Elles ne pourraient pas tenir jusqu'à notre retour à Konoha alors autant les manger maintenant. Servez-vous si cela vous tente.
- Oh, railla le jinchûriki, on envoie nos shinobi en mission pour qu'il fasse du tourisme. J'n'étais pas au courant."

Lee ne répondit pas, perdant de sa superbe. Comme il l'avait pensé, le capitaine Naruto était quelqu'un de très distant. Il lui rappelait un peu Neji aux débuts de l'équipe. L'un et l'autre avaient été tellement mis à l'écart pendant des années qu'ils ne savaient plus comment interagir avec leur entourage. Lee inspira profondément et retrouva son sourire. Naruto haussa un sourcil qui se perdit sous sa tignasse.

"Je vous conseille les macchamanjû, ils viennent d'une pâtisserie réputée sur tout le continent. Le Daimyô du Pays du Feu y passe régulièrement commande.
- Sors."

Lee pesa un instant le pour et le contre et finit par juger qu'il ne valait mieux pas s'opposer d'avantage. Il récupéra un large T-shirt vert qu'il remit, salua poliment et sortit sans plus. Naruto fixa ensuite Sakura qui se tortilla un peu sur le sofa en face de son capitaine.

"Lee a des problèmes de dos depuis le premier examen de classe moyenne auquel il a participé …
- Suite à son combat contre Gaara lors des éliminatoires, je sais, coupa Naruto."

Il se redressa pour se pencher au dessus du dossier qu'il ouvrit. Sakura évita soigneusement d'y jeter un coup d'œil, ce qui aurait été très mal pris.

"Je sais aussi que Sasuke a battu Gaara, au premier tour, lors de ce même examen et qu'il s'est ensuite fait mettre au tapis par Hyûga Neji. Quant à toi, tu as pu devenir chûnin en battant Yamanaka Ino lors des éliminatoires puis un certain Dôsu quelque chose du Pays du Son. Tu as finalement perdu face à Temari en quart de final.
- Vous êtes bien renseigné.
- Je suis shinobi."

Sakura n'apprécia pas du tout le ton tranchant qu'avait utilisé Naruto en feuilletant son dossier. Elle s'assit plus correctement.

"Que croyez-vous que je sois ? lâcha-t-elle d'un ton rude.
- Une jônin en période d'essai alors ménage un peu ton langage, répondit Naruto en cherchant un stylo dans ses poches.
- Je sais que vous me considérez comme une incapable, reprit Sakura plus fort, mais mes capacités ont été appréciées lors de l'épreuve de l'examen de haute classe. Le fait que je sois en période d'essai ne dépend pas de mes résultats."

Naruto soupira avant de relever les yeux vers elle. Il détailla un instant les traits tendus et sérieux de Sakura avant de juger qu'il n'en avait rien à faire. La journée avait été longue et pénible pour lui. Il détestait se retenir autant lors d'un combat, surtout en entraînement, et voilà que cette novice venait l'emmerder sur des questions de forces et de capacités. C'était sans compter sa petite entrevue secrète avec les ninja d'Iwa qui n'avait pas été des plus courtoises. Naruto referma le dossier où il avait à peine écrit son nom, posa son stylo bille et s'installa au fond du sofa, croisant ses bras sur son torse.

"Tes atouts sont les suivants : grande capacité de réflexion et grande maîtrise de ton chakra, en plus d'être une jolie fille. C'est ce que l'on recherche chez un chûnin car c'est un capitaine d'équipe. Il doit étudier la situation et choisir ce qu'il y a de mieux pour réussir sa mission avec le moins de perte possible. La meilleure alternative est, bien entendu, de ramener l'équipe entière mais les textes se contredisent sur ce point. Un jônin doit pouvoir s'adapter à toutes les situations, c'est pour cela que l'on cherche des personnes capables d'utiliser plusieurs affinités aux éléments, si possible en même temps. Ta maîtrise du chakra te permet l'utilisation du Raiton et Dôton, deux affinités que Kakashi contrôle très bien, si ce n'est parfaitement. Tu as du profiter de l'enseignement de Sasuke pour apprendre à contrôler le Katon aussi, je suppose. Tu as donc la possibilité de jongler entre trois affinités sur cinq. Seulement, ton niveau actuel ne te permet pas de les utiliser simultanément ni de créer des techniques originales en les combinant. En d'autres termes, tu as tout juste le niveau requis pour être jônin. Si tu l'es, c'est grâce à tes connaissances en médecine et au fait que l'on manque de kunoichi de ce grade."

Sakura respira difficilement, effarée malgré elle. Elle n'osa pas regarder son capitaine dans les yeux après pareil exposé de ses capacités et quelques révélations. Si elle était jônin, c'était uniquement par manque d'effectif féminin ? Pourtant, le Hokage n'avait rien dit à ce propos. Elle ne voyait cependant pas Naruto mentir dans un moment pareil. Il énonçait les choses clairement de manière à bien appuyer sur les faiblesses de l'adversaire. Cela ne faisait que quatre jours qu'ils se côtoyaient et il avait su voir tout cela en un entraînement. Sakura joignit ses mains pour les empêcher de trembler. Elle inspira profondément sans pouvoir retrouver son calme intérieur. C'était énervant de ne pas pouvoir lui répondre ni même le frapper. Elle aurait donné n'importe quoi à cet instant pour lui en coller une bonne afin de se défouler.

"Il est tard, va te coucher."

Sakura ne refusa pas pareille opportunité pour s'échapper.

***

Le matin pointait le bout de son nez à Konoha. La forêt était calme et silencieuse. La fraîcheur relative de l'aube s'estompait doucement alors que le soleil commençait à darder ses premiers rayons. Anko resserra le sommaire bandage qu'elle avait fait autour de ses côtes en serrant les dents. Ça lui permettait de ne pas avoir les poumons transpercés mais chaque mouvement lui était douloureux. Fouillant dans sa poche d'armes, elle trouva les dernières pilules énergétiques qu'elle avait et jugea qu'il valait mieux ne pas en reprendre. Le combat serait bientôt terminé, il ne lui restait qu'un tout petit moment à passer. La réputation du Quatrième Hokage n'était pas surfaite, en toute objectivité. Elle était même bien en dessous du réel potentiel de cet homme. Anko n'aurait jamais cru ressentir une peur aussi viscérale en affrontant Uzumaki Tatsumaki. Il lui rappelait par certains côtés ce traître d'Orochimaru, son professeur. Un simple regard glaçait le sang et le plus petit effleurement provoquait des dommages très importants. Anko s'était surprise à prier pendant la nuit, lors d'un assaut particulièrement violent. Elle avait ressenti la même chose devant Orochimaru, bien des années plus tôt : la peur à l'état pur. Ses jambes s'étaient bloquées, sa respiration arrêtée, son cœur emballé. Il n'y avait plus eu que cette odeur de sueur et de sang entre elle et son bourreau. Comme lorsqu'elle était petite, elle s'était mordue jusqu'au sang pour pouvoir s'enfuir.

Fuir. C'était tout ce qu'elle avait fait depuis la minuit. Anko se sentait faible. La journée précédente, elle avait pu combattre en toute confiance, réussissant à plusieurs reprises à prendre par surprise le Hokage et même à le blesser assez sérieusement. Lorsque la nuit était tombée, tout avait changé. La forêt n'avait plus été la même, tout comme sa perception du monde. Anko avait beau se dire que ce n'était qu'un genjutsu particulièrement puissant et réussi, rien n'avait pu la raisonner. Elle avait passé la nuit à fuir jusqu'à en perdre haleine. Assise contre le tronc d'un arbre, à même le sol, Anko contempla la frondaison d'un air perdu. Elle n'en pouvait plus. Bien sûr, elle avait déjà connu des missions tout aussi dangereuses mais elle n'avait jamais ressenti pareille lassitude de la vie. Le combat ne l'intéressait plus, elle ne voyait que sa mort, toujours plus proche. La fatigue l'avait submergée, tout comme la faim et la soif. Il n'y avait plus rien à faire, plus d'espoir. Il ne lui restait plus qu'à attendre que le Hokage la retrouve et lui porte le coup de grâce. Anko ferma les yeux.

L'instant d'après, elle plongea en avant et se propulsa grâce à ses bras, battant l'air de ses jambes. Elle toucha sa cible avant de lancer plusieurs kunai tout en se redressant. Anko recula vivement une fois sur ses pieds, se mettant en garde face au Hokage qui retirait distraitement un kunai de son bras gauche. Souriant et l'air gentil, il semblait comme à son habitude bon et charmeur. Pour ceux qui n'avaient pas affaire directement à lui, il était l'image même de l'homme parfait. Anko envia un instant toutes ses femmes qui ne connaissaient pas la vérité. Ce type était bien plus proche d'un démon que du prince charmant. Tatsumaki remit ses mains dans ses poches. Il ne portait ni son manteau ni son gilet, se contentant d'un T-shirt vert aux manches courtes malgré la fraîcheur matinale. Son pull avait été abandonné la journée précédente à cause de son état déplorable mais il s'en fichait. L'uniforme ne lui plaisait guère. Tatsumaki sourit à Anko.

"Arrêtons-nous là, tu as l'air fatiguée. Qu'en dis-tu ?
- Que c'est une ruse parfaitement stupide, railla Anko. Je peux continuer à botter votre petit cul aussi longtemps que j'en aurai envie, ne vous inquiétez pas.
- Je suis sérieux, reprit Tatsumaki en ébouriffant ses cheveux. Ma décision est arrêtée, continuer n'a pas de sens."

Anko se détendit légèrement sans pour autant baisser complètement sa garde, ce que Tatsumaki apprécia. Il s'appuya contre le tronc d'un arbre et se laissa glisser jusqu'au sol, oubliant toute dignité en se vautrant sur les feuilles mortes. Il était plus fatigué que ce qu'il laissait paraître. Tatsumaki compta mentalement le nombre de printemps qu'il avait derrière lui et jugea sa fatigue exagérée par rapport à son âge. Il passa distraitement sa main sur sa nuque pour essayer de détendre ses muscles. Son état empirait depuis quelques temps, il devait faire attention. Il aurait été imprudent de penser que les effets s'étaient effacés avec le temps. Tatsumaki le savait bien : ses jours étaient comptés.

"Hokage-sama ?"

Tatsumaki releva la tête pour voir Anko étrangement inquiète, en face de lui. Il comprit la source de son inquiétude lorsqu'il entendit son coude craqué et il diminua la tension de ses muscles. S'il continuait comme ça, il pouvait se déboîter l'articulation à cause de ces satanées pertes de contrôle. Tatsumaki soupira et étendit ses jambes, invitant Anko à s'asseoir elle aussi. La kunoichi ne se fit pas prier mais resta à bonne distance du Hokage.

"Je t'ai testé car j'ai besoin de trouver deux personnes pour une garde spéciale. Un membre de cette garde est mort il y a quelques jours et un autre ne pourra plus combattre suite à un retour de mission qui s'est mal passé. Mitarashi Anko, tu fais partie dès maintenant de la garde écarlate, félicitations."

Anko ne répondit pas, se contentant d'hocher légèrement la tête.

"Officiellement, la garde n'existe pas, tout comme la personne qu'elle doit surveiller. Les rapports ne se feront que de manière orale et à moi seulement. Le Troisième est à l'origine de cette garde et je le tiens régulièrement informé mais ça s'arrête là. Les autres membres te feront signe.
- Il n'y a pas de moyen de reconnaissance ?
- Non, aucun. Ils seront informés des deux nominations en même temps, d'ici quelques jours, et ils viendront à toi.
- Et la personne à surveiller ?
- Mon fils, Naruto."

La jeune femme accusa le coup sans rien dire.

"C'est en lui qu'est enfermé le démon renard Kyûbi.
- Alors les rumeurs sont justes …"

Tatsumaki lui sourit distraitement.

"… vous êtes bien un coureur de jupon.
- C'est tout ce que la nouvelle t'inspire ? marmonna le Hokage en se remettant de sa surprise.
- Il n'est pas compliqué de deviner que Konoha tire son poids militaire d'un atout majeur, expliqua Anko en se décontractant un peu. Vous êtes fort, bien sûr, et l'armée compte bon nombre de shinobi dont le talent n'est plus à prouver, mais ça ne suffit pas. Suna et Kumo, bien qu'alliées, craignent Konoha. Ces deux forces ont pourtant en leur possession un jinchûriki chacune. La raison de cette peur est la possession d'un autre jinchûriki, c'est logique. Et Konoha a reçu la visite du démon Kyûbi il y a de cela seize ans. Tout concorde.
- Belle démonstration, répondit Tatsumaki en riant légèrement. Si toute mon armée était aussi intelligente que toi, cela ferait longtemps que j'aurai été obligé de rendre son existence publique.
- Pourquoi le cacher ? Est-ce une manière de protéger Konoha ?"

Le Hokage sourit une nouvelle fois, d'une manière bien plus fatiguée et un peu tendue.

"Konoha n'a rien à craindre de Naruto mais l'inverse est vraie. S'il est en vie, c'est seulement grâce aux talents du Troisième. C'est à lui aussi qu'il doit les huit premières années de sa vie dans un calme relatif, railla Tatsumaki. Naruto a grandi loin de Konoha, il n'aime pas ce village comme nous pouvons l'aimer.
- Et le village ne l'aime pas."

Tatsumaki hocha la tête.

"Il y a beaucoup de gens qui préférait le savoir mort et enterré, quitte à perdre la fabuleuse puissance dont il dispose. Naruto doit attendre d'être suffisamment fort pour éviter chaque piège tendu lorsque son existence sera officialisée. Mais le choix lui appartient. S'il préfère rester dans l'ombre, il y restera.
- Puis-je le rencontrer ?
- Il est à Suna avec Kakashi, Maito Gai et leurs disciples, pour l'instant, informa le Hokage en s'étirant. Ils ne reviendront pas avant treize jours, plus les trois du retour.
- Pourquoi treize jours ? demanda Anko un brin étonnée.
- Naruto et Gaara s'entendent bien mais ils finissent immanquablement par s'engueuler, railla Tatsumaki. C'est comme ça que ça se passe entre eux et je ne cherche pas trop à comprendre. Peut-être iront-ils au temple Jashin par la suite, cela dépend de la situation.
- Celle qui a fait qu'il a du quitter Konoha.
- C'est cela. Selon Naruto, la chasse est ouverte."

Anko plissa légèrement les yeux et observa son supérieur se relever, un peu raide. Il s'étira encore et bailla.

"Rentrons, je t'expliquerai sur le chemin. Et puis j'ai hâte de voir quel bordel ils ont foutu, à l'administration."

***

Itachi avala rapidement sa tasse de thé avant de mordre avec plaisir dans un gros beignet de pomme saupoudré de sucre cristallisé. L'une des raisons qui l'avaient poussé à être shinobi était le dépaysement assez fréquent. Qui disait nouveau pays disait nouvelle gastronomie, un véritable plaisir pour ce jeune homme qu'on aurait pu croire maniacodépressif au premier abord. Aoba regarda d'un mauvais œil les diverses fritures proposées à leur table pour le petit déjeuner et préféra se contenter de son thé – pas fameux au passage. Ils avaient pu entrer à Taki par la voie des airs et avaient un peu fait peur aux autochtones. Il était rare de voir des ninja de Konoha débarquer au milieu des frondaisons aussi avaient-ils été accueillis par quelques jônin locaux des moins loquaces. Fort heureusement, Ebisu brillait dans cette étrange discipline qu'était la diplomatie, un domaine où leur capitaine, Itachi, s'avérait être un incapable. Suite à la présentation de la lettre du Hokage, ils avaient pu obtenir une autorisation de séjour et l'aide nécessaire pour leur enquête. Logés dans un petit hôtel pour la nuit, ils avaient décliné le petit déjeuner proposé pour aller manger dans une gargote qu'Itachi avait très envie de connaître. Cela avait grandement étonné Ebisu et Aoba qui ne purent becter mot sous le coup de la surprise.

Replongeant dans sa tasse de thé aux allures de seau chichement décoré, Aoba préféra détourner son attention de la graisse, admirant le paisible village de Taki. Paisible était un mot poli pour cacher la vérité : un macchabée aurait eu plus de vigueur que les passants. Il n'y avait aucune animation dans les rues, pas de commerçant braillant les qualités de ses légumes, pas de femmes riant en commérant sur leurs voisines, pas d'enfants jouant à cache-cache. Rien. Le calme plat. Cela faisait plus peur à Aoba qu'autre chose. Un tel calme était inquiétant et lui donnait la chair de poule. La faible luminosité causée par l'immense camphrier au centre du lac devait être la source de ce calme ambiant. Aoba savait que certaines personnes souffraient de la diminution de la durée d'ensoleillement en automne, ce qui causait souvent des dépressions hivernales, et ne doutait pas un seul instant que toute la population de Taki subissait ici la même chose. Il aurait été mieux pour eux qu'ils voient plus souvent la lumière du jour. Une jeune fille apporta de nouveaux plats sur la petite table, en souriant timidement à Itachi qui ne releva pas, ainsi que plusieurs verres d'eau. Aoba la regarda partir en penchant un peu la tête, profitant de sa démarche chaloupée. Il prit sans faire attention un verre d'eau et le porta à sa bouche mais Itachi lui agrippa de justesse le poignet.

"Ne bois que de l'eau bouillie, ordonna-t-il tout bas."

Aoba s'excusa, se trouvant complètement pitoyable d'oublier les principes même de précaution. Les plats de légumes et de viandes crus étaient également interdits lors de séjour en territoire étranger, c'était la raison pour laquelle Itachi s'acharnait sur les fritures. La prudence leur recommandait également de surveiller de près toute déshydratation et d'avoir en permanence sur eux les antidotes des poisons les plus courants. Selon les textes, ils auraient du vomir chaque repas pris en public pour ensuite manger leurs propres réserves embarquées à Konoha et donc sûres mais il n'y avait plus grand monde qui respectait cet article du code ninja, même dans les sections spéciales. La présence d'un medic dans chaque équipe normalement constituée y était pour beaucoup. Seulement, des trois jônin envoyés à Taki, Aoba ne savait pas qui était sensé assurer le rôle de médecin. A un certain niveau, chaque jônin, à plus forte raison s'il faisait partie des sections spéciales, comme eux, était capable de maîtriser les bases. Ils pouvaient solidifier une fracture, refermer quelques plaies pas trop profondes, éviter une infection, amputer s'il le fallait mais ce n'était pas leur domaine. En cas de forte hémorragie, ce qui arrivait encore souvent, ils ne pouvaient pas faire grand-chose. Aoba releva les yeux vers Itachi, en face de lui, goûtant cette fois à des fèves caramélisées.

"Capitaine."

Itachi lança un regard blasé à Aoba et Ebisu se détacha des différentes paperasses qu'il avait déjà pu récolter.

"Des neuf, je suis le plus faible, alors pourquoi m'avoir envoyé ?"

Les deux autres jônin échangèrent quelques coups d'œil. Ebisu haussa les épaules, lâchant l'affaire. Il n'avait pas été sollicité, Itachi devait se débrouiller. Le benjamin de l'équipe soupira distraitement avant de poser ses baguettes.

"Nous sommes sept pour l'instant et il n'y a pas de classement entre nous.
- Denzô-san est tout de même ce qui s'approche le plus du «chef», rétorqua Aoba. De même pour Hatake Kakashi que l'on considère comme le numéro deux, et vous le numéro trois.
- Ce n'est pas une question de force, répondit Itachi en balayant l'air de sa main."

Ebisu le prit comme «j'les éclate quand je veux» mais se garda bien de faire part de sa remarque aux deux autres, trouvant mille fois plus intéressante la liste des dépôts de tissus que la remise en forme d'Aoba.

"Le Hokage nous a envoyé parce qu'il connaît nos capacités, reprit le capitaine toujours sur le ton de la confidence. Nous sommes les plus recommandés pour réussir cette mission. Le choix de ta personne était justifié, tu nous l'as prouvé car c'est grâce à toi qu'on a pu entrer à Taki et trouver le morceau de tissu.
- Je suis tombé dessus, marmonna Aoba, en glissant sur une pierre.
- La chance fait partie du bagage nécessaire à un bon shinobi. Tu as ta place parmi la garde, quoi que tu en penses et ce que les autres en disent.
- J'ajouterai que c'était la décision du Hokage, intervint Ebisu en farfouillant dans ses feuilles, et ses choix sont judicieux.
- Pas toujours, rappela Aoba. Rappelez-vous quand il a soudainement décidé de faire repeindre les enceintes de Konoha en camouflage, c'était une très mauvaise idée.
- Faire croire qu'il est gentil et idiot est une bonne stratégie de sa part, assura Itachi en s'appuyant sur la table. Je le côtoie plus que vous et je peux vous dire qu'il cache bien son jeu. Si j'avais à me méfier d'un homme à Konoha, ce serait lui.
- Hé là, marmonna Ebisu. Fais un peu attention à ce que tu dis, Itachi-kun.
- Je ne médis pas, rétorqua le capitaine d'un ton bourru. C'est une simple constatation.
- M'est avis que nous avons plutôt intérêt à nous méfier du jinchûriki, bredouilla Aoba. Je ne l'ai rencontré qu'une fois et j'ai cru mourir dix fois rien qu'en croisant son regard.
- Comment un jônin de ton niveau peut-être aussi pessimiste ? s'étonna Ebisu.
- Naruto a un point faible, ricana Itachi, tellement absurde que ça ne viendrait à l'esprit de personne. Et pourtant, une fois que vous l'avez utilisé, vous regrettez amèrement ses regards noirs, d'après ce que j'en sais.
- A voir comment il se comporte avec Denzô et Kakashi, c'est vrai que notre situation est plus agréable, railla Ebisu en rangeant ses feuilles."

Aoba ne posa aucune question, conscient que le capitaine ne le laisserait plus divaguer pour le reste de la mission. Le sérieux devait reprendre ses droits aussi laissa-t-il de côté ses doutes en suivant ses coéquipiers.

***

Cela faisait moins de vingt-quatre heures qu'il avait déserté et il le regrettait déjà. Shikamaru s'étonnait parfois de sa propre connerie. Il aurait du partir avec Ino et Chôji sans chercher à jouer au plus malin mais, non, il avait choisi Shino et Kiba. Et Akamaru, rajouta-t-il mentalement, persuadé que le maître-chien le ferait à sa place même s'il n'avait pas ouvert la bouche. C'était un choix stratégique. Shino pouvait être terrifiant avec ses insectes et avait les capacités pour devenir jônin. Kiba était le plus fort de l'équipe, possédait un odorat et une ouie très développés et avait toujours en réserve Akamaru. Un molosse pareil pouvait briser un bras, une jambe, une nuque, un humain, d'un simple clappement de mâchoire, un atout très appréciable. Quant à Shikamaru, il était bien entendu la tête pensante du groupe. La manipulation des ombres lui permettait d'immobiliser un adversaire et de le torturer si besoin était. En d'autres termes, il avait constitué une équipe très offensive et absolument pas équilibrée. Malgré sa tête bien remplie, Shikamaru ne brillait pas par sa force en combat. Il était le plus faible de l'équipe, bien en dessous des autres.

Asuma n'avait jamais cherché à développer plus que de raison les talents de ses élèves. Le jônin excellait dans de nombreux domaines mais pas dans l'enseignement. Il n'avait jamais poussé ses gosses à se dépasser, à aller jusqu'au bout. Shikamaru avait trouvé ça très bien mais regrettait un peu de ne pas avoir suivi les entraînements de fous de Yûhi Kurenai ou bien Hatake Kakashi. Ces deux-là ne se contentaient pas de résultats satisfaisants, ils cherchaient la réussite totale. Cela portait ses fruits puisque trois élèves sur cinq avaient passé l'examen de haute classe cette année là. Deux d'entre eux avaient même réussi, preuve que les méthodes de bourrin du célèbre ninja copieur fonctionnaient. Shikamaru savait bien que Shino et Kiba savaient et aimaient se battre jusqu'au bout. Il considérait d'habitude les shinobi de ce genre comme des psychopathes assoiffés de sang et s'en éloignait le plus possible pour préserver sa tranquillité mais il devait avouer que l'amour du combat apportait au moins une certaine motivation. Chose que lui n'avait pas.

Affalé sur un banc devant une échoppe de nouilles à Fuyumi, Shikamaru attendait La Révélation, avec majuscules, soleil couchant et vague se déchirant sur une falaise en carton-pâte. Shino mangeait ses nouilles sans rien dire tandis que Kiba s'amusait à narguer son chien qui avait déjà fini sa ration. Shikamaru aurait voulu que le monde s'arrête de tourner à cet instant précis ou bien qu'un tsunami remonte le fleuve jusqu'à cette ville et la submerge. N'importe quoi aurait fait l'affaire, en vérité, mais un peu de mélodrame ne lui faisait pas peur. Shikamaru se redressa d'un coup de rein et regarda d'un air morose son bol de nouilles qui avaient gonflé dans leur jus. Il soupira lourdement avant d'attaquer son petit déjeuner sans entrain.

Shino termina peu après, posant son bol aussi protocolairement que nécessaire et joignit ses mains pour remercier du bon repas qu'il avait fait, le tout sous le regard blasé de son nouveau coéquipier. Tirant un peu sur ses manches, Shino apprécia une nouvelle fois les vêtements qu'il avait emportés. En dehors de son éternelle parqua plus grande que de raison, il s'était contenté de peu de chose : un pull à col roulé, malgré la chaleur de fin août, et un pantalon large lui arrivant à mi-mollet. Ses bagages ne contenaient pas grand-chose aussi avait-il pu rouler ses affaires dans sa couverture, le tout formant un beau boudin bien régulier qu'il pouvait passer en bandoulière grâce à une cordelette ou bien autour de la taille. Cette escapade l'enthousiasmait assez, même s'il refusait de l'avouer. Il avait, bien sûr, vu du pays en compagnie de son équipe mais Kurenai les avait toujours chapoté et materné – à sa manière – aussi n'avait-il jamais ressenti cette délicieuse sensation de liberté. Shino commençait à saisir ce que Kiba cherchait désespérément à chaque fois qu'il quittait le village. C'était agréable de se savoir pleinement maître de ses actes. Il n'oubliait pas non plus la mission. S'ils s'étaient faits déserteurs, c'était pour trouver des informations sur le mystérieux tueur que Kiba avait sarcastiquement renommé l'emmerdeur public numéro un.

Kiba, quant à lui, restait un optimiste confirmé sûr de ses capacités. Il avait appris à s'assagir avec le temps mais restait insouciant la plupart du temps, préférant jouer les abrutis notoires et crâner sur ses capacités plutôt qu'être sérieux. Les fanfarons avaient toujours plus de facilité à infiltrer tout et n'importe quoi, comparé aux deux têtes de déterré l'accompagnant. Faisant claquer ses baguettes comme lorsqu'il était petit, Kiba prit la mine réjouie des gens qui vont commettre un larcin juste pour le plaisir. D'un grincement de dent, il donna un ordre à Akamaru qui s'empressa d'aller renifler le derrière d'une jeune femme passant dans la rue. Indignée, elle se dirigea vers le maître-chien qui lui assura que cette grosse bête grossière appartenait à Shikamaru. Le regard noir que celui-ci lança à la jeune femme par-dessus son bol de nouilles à présent froides fut suffisant pour la dissuader de le gifler et elle préféra partir sans demander son reste. Alors que Kiba commençait à rire, Shikamaru jeta un coup d'œil à ses nouilles. Il ne les appréciait pas, de toute manière. Sans piper mot, il renversa le restant de petit déjeuner sur la tête de Kiba, sous les yeux curieux des passants. Shino ne dit rien, trop heureux que quelqu'un d'autre que lui s'en prenne directement à Kiba.

"Maintenant que monsieur le gros lourd a fait sa petite plaisanterie du matin, on va pouvoir discuter, marmonna Shikamaru en reposant son bol.
- Ne parle pas de toi à la troisième personne, grogna Kiba en enlevant les nouilles de ses cheveux trempés.
- Fuyumi est connue pour être un poste avancé de Konoha, reprit Shikamaru sans relever, et aussi pour ses réunions de gens pas très recommandables.
- Des méchants, ricana Kiba en empêchant Akamaru de lui lécher le visage.
- Cependant, continua le capitaine en ignorant son comparse, nous n'avons pas encore une réputation assez solide pour avoir accès aux bons vouloirs de ces charmantes personnes aussi nous faut-il nous éloigner un peu et faire quelques … préparations.
- Des massacres ?
- Ta gueule, répondirent d'une même voix Shikamaru et Shino.
- Parle avec des termes plus précis, railla Kiba, comme ça je n'aurais pas besoin de faire des précisions.
- Nous sommes déserteurs pour les besoins de notre mission, intervint Shino, mais je doute que cet argument soit valable devant la cours martiale si nous poussons la fiction jusqu'à devenir réalité.
- Tuer gratuitement n'est pas réjouissant, c'est vrai, soupira Shikamaru, mais on n'a pas vraiment le choix. Il nous faut participer à quelques méfaits pour se faire un nom et une réputation. J'aimerai éviter autant que possible les morts parce qu'ils ne témoigneront pas en notre faveur, c'est aussi juste. Le mieux serait de trouver quelqu'un de fort pour être sous sa protection. Le manipuler ne sera pas difficile, j'en fais mon affaire.
- Tu te surestimes un peu, là, nota Kiba d'un coup beaucoup plus sérieux. La plupart des déserteurs sont des types suffisamment intelligents pour échapper régulièrement aux gardes spéciales qui les prennent en chasse. Je veux bien croire que t'es un génie et tout le tralala mais ne t'avise pas de penser que tu es plus malin que tout le monde. On trouve toujours son maître.
- Voilà pourquoi il nous faut choisir avec précaution notre parrain, conclut Shikamaru en joignant les mains."

Shino et Kiba hochèrent la tête avec conviction. Shikamaru ferma un instant les yeux pour réfléchir. Kiba avait raison, il ne devait pas se surestimer, il en allait de la réussite de la mission. La pression s'accumulait peu à peu sur ses épaules, Shikamaru le sentait bien. Cela l'aiderait lorsqu'il devrait commettre le pire, il pourrait alors se défouler, mais il fallait bien faire attention à la tentation. C'était, après tout, si simple de supprimer quelqu'un lorsqu'on en avait les moyens. Tuer gratuitement pour son propre plaisir était l'un des pièges que chaque ninja devait esquiver. Shikamaru respira profondément en essayant de dissimuler les légers tremblements qui le parcouraient. Il ne se sentait pas près pour cette mission. Cependant, elle lui avait été confiée par le Hokage lui-même et celui-ci n'attendait aucun échec. Shikamaru déglutit difficilement. Il n'y avait pas à hésiter.

"J'y pense …"

Shino et Shikamaru se tournèrent comme un seul homme vers Kiba qui gratouillait l'arrière du crâne d'Akamaru.

"Les déserteurs, ils sont très forts et pas cons, hein ? Et ils se planquent généralement. Ce sont des «ninja cachés», en quelque sorte.
- Oui, hésita Shikamaru qui ne voyait pas où son coéquipier voulait en venir.
- Et le propre du ninja caché, c'n'est pas justement d'être caché ?
- Euh … si …
- Alors comment on les trouve ? On se plante au milieu de la rue avec un panneau «cherche ninja caché» ?"

Shino détourna la tête et fit semblant de tousser pour étouffer son fou rire en voyant l'air complètement bouleversé de Shikamaru. C'était un intéressant mélange entre la colère, la peur, la consternation et la fin du monde. Finalement, cette mission lui plaisait énormément.

***

Kakashi trouva Naruto sur le toit de l'immeuble réservé aux invités, assis à l'ombre d'une tour de réfrigération vrombissant mollement. Il y avait une odeur de brûlé dans l'air ainsi qu'une petite brise apportant de temps en temps quelques rumeurs des rues, bien plus bas. L'immense ciel bleu dégagé de tout nuage donna une certaine sensation de malaise au jônin avant qu'il ne vienne s'asseoir lui aussi à l'ombre, à côté de Naruto qui lisait un vieux bouquin. Kakashi sourit en reconnaissant l'ouvrage, content malgré lui que Naruto l'ait gardé aussi longtemps. L'adolescent le referma et le posa, ne pouvant pourtant pas y arracher son regard.

"J'l'avais oublié la dernière fois que je suis venu, Temari me l'a rendu tout à l'heure. Elle a fait une tache de café en le lisant, désolé.
- C'était un cadeau, rappela Kakashi, tu n'as pas à me rendre de compte pour les marques d'usure."

Naruto hocha la tête, presque timidement, puis garda le silence. Kakashi ouvrit son gilet, remonta ses manches et retira ses mitaines avant de se sentir un peu mieux. La chaleur de Suna était insupportable, surtout en plein milieu de journée. Hésitant un peu, Kakashi fit finalement glisser son masque de tissu. Naruto lui jeta un regard à peine curieux, connaissant déjà par cœur les traits de son protecteur.

"Si tu veux m'engueuler, autant le faire tout de suite, non ?
- Pourquoi t'engueulerai-je ? demanda Kakashi.
- Sakura ne t'a pas raconté ?
- Elle ne m'a rien dit à ton sujet ce matin.
- Ah bon … Et bien sache que je l'ai remise à sa place cette nuit, déclara Naruto en regardant Kakashi dans les yeux.
- Ta raison était-elle bonne ?
- Elle m'a dit que …
- Je ne t'ai pas demandé la raison, coupa l'adulte, mais seulement si elle était juste à tes yeux."

Naruto détourna la tête un instant avant de replanter son œil dans celui de Kakashi.

"Oui.
- Alors tu as eu raison de le faire.
- C'est tout ?
- C'est tout."

Kakashi lui ébouriffa les cheveux en lui souriant puis s'affala un peu plus au sol, sortant par la même occasion le volume un du "Paradis du Batifolage" qu'il s'empressa de relire. Naruto soupira, l'air boudeur.

"Je ne les comprends pas.
- …
- Je m'y efforce, pourtant, parce que je suis capitaine et que je dois veiller sur mes subalternes, mais je n'y arrive pas.
- Je te l'ai déjà dis, marmonna Kakashi en soulevant son livre à bout de bras. Je préfère la souplesse à l'inflexibilité, alors détend-toi et profite.
- Je ne peux pas, rétorqua Naruto en fronçant les sourcils.
- Acharne-toi.
- J'ai l'impression d'entendre Sarutobi-sensei …
- Sauf que je suis beaucoup plus beau que lui."

Naruto ne put s'empêcher de sourire. Il s'affala lui aussi et posa sa tête sur l'épaule de Kakashi. Goûtant avec plaisir à ce calme et cette sensation de protection, Naruto ferma les yeux, soupirant d'aise. Kakashi dégagea son bras pour entourer les épaules du jeune homme et lui gratouilla la tête par habitude tout en lisant. Il ne fallut pas longtemps pour que la respiration de Naruto se cale sur celle de Kakashi et tous deux restèrent un long moment ainsi, silencieux et profitant du calme relatif de Suna.

"Ça ne te fait pas mal ? demanda finalement.
- Ça tire un peu quand je malaxe mon chakra, c'est pour ça que j'n'ai pas forcé pendant l'entraînement, hier, mais ça reste supportable.
- Tu devrais laisser Sakura t'examiner quand même.
- Elle n'est pas medic, quoi qu'on en dise, et ce n'est pas son domaine.
- C'est celui de qui ?
- Orochimaru-sensei certainement. Il connaît beaucoup de techniques."

Kakashi ne répondit pas, sachant très bien qu'ils n'avaient pas la même opinion du personnage. Naruto avait beaucoup de respect pour chaque professeur qu'il avait eu au cours de sa formation, il ne dérogeait pas à la règle concernant Orochimaru malgré son passé. Kakashi avait détesté ces quelques années passées auprès de cet homme, bien que Jiraiya et Tsunade fussent également présents durant toute cette période. Il comprenait parfaitement comment Naruto avait pu tomber en admiration devant Orochimaru. Il était, après tout, un shinobi très puissant que même le Quatrième Hokage regardait avec méfiance. Sa prestance et ses répliques assassines lui donnaient une aura toute particulière capable de captiver n'importe qui. Naruto n'avait que six ans à cette époque. Kakashi soupira. Cela faisait déjà dix ans et il avait pourtant l'impression qu'il venait tout juste de quitter les Sannin en compagnie de Denzô et Naruto en direction de Konoha. Kakashi fronça les sourcils. Ça ne s'était pas passé comme ça. Il avait alors vingt-deux ans, Naruto huit, cet épisode là était donc postérieur de deux années à la rencontre avec Orochimaru.

"J'aurais plutôt dit Tsunade, reprit Kakashi, ou bien Jiraiya.
- Je ne sais pas trop, admit Naruto. Il faudra que j'aille les voir de toute façon.
- Quand comptes-tu y aller ?
- Un jour.
- Mais encore ?
- Quand j'en aurai l'autorisation."

Kakashi resserra sa prise sur son protégé, sentant son amertume dans ces quelques mots.

"Si tu ne dis pas à ton père que tu as mal, il n'y pensera pas de lui-même.
- Hum …
- Tu veux que je lui en parle ?
- S'il te plaît.
- Je le ferai à notre retour à Konoha, assura Kakashi en secouant un peu Naruto. Je préfère l'avoir en face de moi pour lui balancer mon poing dans la gueule, au cas où."

Naruto rit malgré lui. Il se sentait bien, allongé contre Kakashi, et ne ressentait aucune culpabilité de se reposer ainsi alors qu'il y avait mille fois plus important à faire. Le repos fut de courte durée, malheureusement. Temari débarqua en courant sur le toit, essoufflée et étrangement pâle. Naruto se redressa aussitôt et Kakashi ne put remettre son masque en place à tant aussi se cacha-t-il derrière son livre. La jeune femme tomba à genoux devant les deux hommes, l'air douloureusement tendu et retenant ses larmes autant qu'elle le pouvait.

"Naruto … C'est Gaara …"

A suivre …


Notes
Macchamanjû : manjû que l'on mange pour accompagné un thé vert. Fait à partir de pâte de haricot blanc, de farine de blé et de thé vert. Parfum délicat, doux et sucré. J'en ai jamais mangé mais c'est ce que j'ai trouvé sur le Net.
Ninja caché : clin d'œil à une amie anti-Naruto mais elle-même ninja caché. C'est un art de vivre fait d'humour pourri, de minute narcissique, de yaonisme et de conquête du monde. C'est difficilement compréhensible pour le commun des mortels, navrée.

[Jainas]

Ha... toujours aussi bon...

Pas toujours, rappela Aoba. Rappelez-vous quand il a soudainement décidé de faire repeindre les enceintes de Konoha en camouflage, c'était une très mauvaise idée.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais la incongruité du commentaire en plein milieu d'un passage sérieux m'a fait exploser de rire

Et sinon, je crois que je commence à cerner ton Naruto, mais ce n'est vraiment pas évident... Et houra pour la scène du calin sur le toit, on en oublierait presque qu'il est humain et succeptible d'être désemparé parfois... (il lit quoi, un Paradis de la drague ?)

La suiiiiiiiiite :D (quoique, si le prochain est Irksome je serais tout aussi satisfaite. :D

[ikonoklaste]

La jeune femme tomba à genoux devant les deux hommes, l'air douloureusement tendu et retenant ses larmes autant qu'elle le pouvait.

"Naruto … C'est Gaara …"

A suivre …

A suivre ? * Heart attack *

[Hyourinmaru]

Hm. Je doute. J'ai l'impression que ta fic s'enlise. Globalement, je trouve que ça manque de rythme, d'efficacité. Je veux bien croire que tu construises une intrigue, mais là, depuis deux-trois chapitres, ça commence à faire beaucoup.
A multiplier les protagonistes et les situations, tu divises l'intérêt du lecteur pour la fic (le mien, en tout cas). Anko, Shikamaru, Naruto et Itachi, ça fait trop à suivre à la fois pour que ce soit toujours aussi prenant ...

Bref, ça avait plutôt bien commencé, voire même plutôt très bien commencé, mais à mon humble avis Outcast perd son souffle. J'espère qu'il (elle ? on connait toujours pas le sexe ?) le retrouvera au prochain chapitre.

(P.S. : Quelques fautes d'orthographe évitables. Je suis maniaque.)

[Hitto-sama]

La fic ne s'enlise pas, pas de soucis. Je n'ai pas prévu le nombre de chapitre et l'histoire se déroule à peu près sur un an. On en est à +4 jours pour l'instant, y'a de quoi se faire peur XD
Anko n'est pas un personnage que l'on suivra longtemps, il s'agissait plutôt de Tatsumaki/le Quatrième et de Konoha en général. J'aurai pu parler de Ino, Chôji et Hinata mais je ne l'ai pas fait :p
Ceci dit, je me suis fixée une taille de chapitre (pas en dessous de dix pages mais pas au delà de douze non plus) pour avoir une certaine uniformité. Si j'avais continué, primo j'aurai grillé l'effet de suspence, deuxio, je n'aurai pas eu la place ensuite pour développer la partie suivante. Si j'ai fixé dix pages, ce n'est pas au hasard ...
L'intrigue sera longue et très ... bourrée XD J'adorais les Simpsons quand j'étais gosse et le motif de narration : commencer par un évènement banal pour finir l'épisode sur tout à fait autre chose. Je réutilise ce système pour Outcast ^^
Quand au rythme, il dépend intimement de la vie que je mène à côté (la vraie vie, celle qui m'occupe vingt-deux à vingt-trois heures par jour). Je n'ai pas le temps ni l'envie de me consacrer uniquement à mes fics et je me fiche aussi de la fréquence de parution. Du moment qu'écrire me distrait et me plait, c'est tout ce qui compte. Si cela déplait à d'autre, c'est le cadet de mes soucis

[Hyourinmaru]

" Si cela déplait à d'autre, c'est le cadet de mes soucis "

" Si tu n'aimes pas, ne lis pas " ... ce n'est pas ce genre de phrases que tu reproches habituellement aux débutants ?

Je ne comprends pas ce que tu veux dire par " Quand au rythme, il dépend intimement de la vie que je mène à côté ". Je ne parle pas du rythme de parution, mais bien du rythme de la narration. En quoi ta vie a-t-elle quelque chose à voir avec la qualité du chapître ? J'ai du mal à saisir :/

L'intérêt de " l'uniformité " m'échappe aussi. Personnellement, je suis plus déçu quand un auteur ne maintient pas l'intérêt de sa fic que quand il ne fait pas des chapitres de taille égale.

Bon, alors j'espère bien que ce système de narration va porter ses fruits (bientôt) pour Outcast ^^ (qui en passant est aussi mon jeu d'aventure préféré)

Bon courage pour la suite.

[Hitto-sama]

"Si tu n'aime pas, ne lis pas" >> Mais pas du tout ! Je parlais du rythme de parution. Il n'est pas fixe et c'est cela qui peut déplaire.
Ma vie privée/mon humeur entaille assez mes écrits. J'utilise un vocabulaire plus ou moins acide selon si je suis énervée ou pas. Le rythme de la narration est aussi lié à cela ! Si je ne suis pas "bien", j'aurai tendance à accelérer l'histoire et je perdrai alors des occasions de marquer des détails intéressants et/ou utiles pour la suite.
Il y a beaucoup de lecteur qui préfère l'uniformité de la taille des chapitres au degré d'intérêt. Je trouve moi-même des chapitres moins intéressants que d'autres, c'est normal (il ne peut pas se passer des choses intéressantes tout le temps non plus, comme dans une vie normale). Quand on sait qu'on lit un chapitre en x minutes, c'est toujours mieux que de se lancer dans le vide et de devoir finalement couper la lecture parce qu'on a d'aures choses de prévues.

[Hitto-sama]

Chapitre 7, où "comment une ex-étudiante en biologie s'amuse au dépend de ses lecteurs". Bonne lecture !
(version non corrigée)


Note : Les cours et la gastro ne m'empêcheront jamais d'écrire !!

-¤ Outcast ¤-
Chapitre 07 : Echec



Gai n'avait pas vraiment eu le choix face au ton sans réplique du jinchûriki. Naruto ne lui avait d'ailleurs pas laissé le temps de contester. Sitôt les ordres distribués, il était reparti en direction de l'autre appartement, suivi d'une Temari qui avait bien du mal à lui faire comprendre qu'il fallait gérer la situation avec calme, commentaire que Naruto ignorait complètement. Il ne fallut qu'une petite demi-heure pour que les deux équipes de Konoha soient prêtes et aux portes de Suna, Temari toujours sur les talons de Naruto et commençant à avoir un discours plus virulent. A ce que Gai avait saisi, l'agitation régnante était due à une complication de la mission de Gaara et Kankuro, au nord. Par précaution, Naruto préférait le rejoindre mais ne pouvait pas se détacher de Kakashi et Gai –ainsi que leurs élèves, pour l'occasion- sans autorisation spéciale du Hokage. Naruto n'était pas sûr d'obtenir une réponse acceptable et le délai d'attente était de toute façon trop long aussi forçait-il les évènements. Il connaissait les risques encourus et savait depuis le départ qu'il prendrait toutes les responsabilités une fois devant le Quatrième. Ce n'était pas ça qui allait effrayer Naruto. Jouant distraitement avec un kunai, le jinchûriki écoutait d'une oreille les remontrances de Temari tandis que les autres faisaient un rapide inventaire, devant les hautes murailles de Suna. Un vent chaud s'engouffrait dans le passage creusé dans le massif rocheux, emportant avec lui les paroles des deux blonds vers le groupe en préparation.

"Tu n'as pas le droit de partir de Suna comme ça, répétait Temari sur un ton autoritaire. Mon oncle …
- Je me fiche de son avis, coupa sèchement Naruto en rangeant son kunai.
- Traverser notre territoire sans autorisation …
- Parce que tu crois que les ninja de Suna vont m'inquiéter ?
- Redescend un peu sur terre, Naruto ! Tu es peut-être fort mais pas suffisamment pour t'opposer à toute une armée !
- Konoha et Suna sont alliées, rappela le jinchûriki un ton au dessus. Si les shinobi de Suna nous attaquent, l'alliance tombe et je ne vois pas pourquoi je ne me défendrais pas. Mais peut-être préférez-vous nous trahir en faveur d'Iwa ?"

Temari gifla Naruto qui ne chercha pas à esquiver. Kakashi regarda la scène de loin, préférant rester à l'écart. Ce n'était pas bon. Naruto semblait trop tendu et inquiet pour avoir les idées claires. Il devrait veiller à ce qu'il ne s'en prenne pas à ses coéquipiers. La dispute reprit entre les deux blonds, mettant les autres mal à l'aise. Gai se rapprocha de Kakashi pour lui parler tout bas.

"Tu l'as déjà vu dans un état pareil ?
- Oui, avoua Kakashi, mais il y a longtemps. Naruto n'était alors que chûnin et on pouvait admettre une perte de contrôle de temps en temps mais c'est différent aujourd'hui.
- Dois-je m'opposer en tant que second capitaine ?
- Il ne t'écoutera pas. Regarde, fit-il en donnant un petit coup de menton en direction de Temari. Elle a plus d'influence que toi ou moi et il l'envoie paître. Ce que nous dirons n'aura aucune influence sur lui."

Gai hocha la tête. Il était fort mais ne pouvait s'opposer seul au jinchûriki. Il savait que, même à deux, ce serait difficile. Si la garde écarlate comptait neuf membres, ce n'était pas pour rien. Gai soupira lorsqu'il vit Temari prendre son éventail en main et Naruto se mettre en garde. La jeunesse les rendait idiot, à n'en pas douter.

"Fais quelque chose, Kakashi.
- Naruto ne blessera pas Temari sérieusement, répondit le ninja copieur en croisant les bras.
- Très bien."

L'instant d'après, Gai se retrouvait entre les deux combattants et para tant le kunai de Naruto que l'éventail de Temari, supportant la pression exercée des deux côtés. Naruto fronça les sourcils tout en se reculant d'un bond tandis que Temari rangeait son éventail en grommelant.

"Vous ne pouvez pas vous balader dans notre pays comme ça ! reprit Temari en s'adressant à Gai. Un ninja de Suna doit vous accompagner.
- Tu restes ici, ordonna Naruto en se rapprochant avant que Gai n'ait pu ouvrir la bouche.
- Tu n'as pas à me donner d'ordre, contesta Temari.
- Etant donné que je risque fortement d'être ton époux d'ici une année, si, je peux."

Temari et Gai ouvrirent de grands yeux et la jeune fille se sentit rougir tant de rage que de gêne. Visiblement très satisfait de sa révélation, Naruto se permit un petit sourire en coin.

"J'ai fait une demande, moi aussi.
- Comment un type qui n'a pas d'existence pourrait-il devenir mon époux ? s'égosilla Temari. Plus important encore : une femme n'a pas à obéir à son mari !
- C'est ce qu'on verra, railla Naruto. Quoi qu'il en soit, reprit-il en pointant Temari du doigt, c'est moi qui irai au secours de Gaara et Kankuro. Reste ici et attend mon retour."

Partagée entre la colère et la déception, cette fois-ci, Temari secoua légèrement la tête.

"Pauvre con, lâcha-t-elle d'un ton aigre."

Temari n'attendit pas une possible réponse, elle partit aussitôt en laissant derrière elle Naruto. Gai vit une légère crispation sur le visage du jeune homme avant qu'il ne ferme son oeil le temps d'une respiration. L'instant d'après, il était à nouveau ce ninja froid et distant, plus calme qu'avant l'échange mais toujours tendu et déterminé. Naruto retourna son attention sur les cinq adolescents qui pensèrent en cœur qu'il valait mieux ne pas trop la ramener.

"Allons-y."

***

Ino, Chôji et Hinata attendaient dans un petit salon de réception le Quatrième Hokage qui les avait convoqué peu après son retour dans les affaires courantes. Malgré la présence de thé et de biscuits dans cette pièce confortable, aucun ne se sentait à l'aise. Assise entre Chôji et Hinata, Ino essaya de les rassurer en leur prenant la main et en leur adressant un sourire réconfortant. Chôji, trop habitué aux charmes de sa coéquipière, remercia son effort d'un autre sourire alors que Hinata se raidissait encore plus. La discussion allait forcément porter sur la disparition des trois autres, Ino le savait. En tant que chef d'équipe, c'était à elle d'expliquer la situation au Hokage. Ino en était capable, elle le sentait. Shikamaru et Chôji avaient beau la protéger depuis leurs débuts, elle était forte, elle aussi. La confrontation ne lui faisait pas peur, pas plus que les possibles sanctions qu'elle accuserait à la place des trois absents. La porte s'ouvrit sur le Hokage, seul, qui entra avec une pile de documents sous le bras et l'air défraîchi. Il avait rapidement enfilé son manteau par-dessus un T-shirt vert, taché et un peu déchiré. Les trois chûnin remarquèrent aussi différents pansements et bandages. Cela les surprit. Le Hokage s'entraînait chaque matin avec Hatake Kakashi, son premier disciple, mais celui-ci était absent de Konoha. Bien que ces entraînements les avaient peu à peu rôdés au fil des années, il n'était pas rare que l'un ou l'autre soit blessé mais ils ne le montraient généralement pas. Tatsumaki déposa ses papiers sur la petite table basse laquée de noir avant de s'affaler sur le sofa en face des trois jeunes gens. Il ne leur laissa pas le temps d'avoir un mauvais pressentiment de plus, attaquant immédiatement.

"Qu'est-ce que vous fabriquez, bon sang ?"

Ino lâcha les mains de ses coéquipiers, ramena les siennes sur ses genoux et inspira profondément.

"Le capitaine de la première équipe, Nara Shikamaru, a décidé de …
- Je ne parlais pas de ça, coupa le Hokage en se penchant en avant. Le thé va être froid."

Chôji et Hinata s'empressèrent de prendre leur tasse en main tandis qu'Ino jugeait le pour et le contre. Ses yeux rencontrèrent ceux du Hokage mais la jeune fille ne se détourna pas. L'échange ne dura qu'une fraction de seconde et cela suffit à Tatsumaki pour se faire une opinion claire et nette sur cette enfant. Yamanaka Ino ne s'était jamais vraiment démarquée de sa promotion. Uchiha Sasuke et Haruno Sakura brillaient bien plus que cette fille pourtant héritière du clan Yamanaka. On parlait d'Ino pour sa beauté et de son goût prononcé pour se pendre au cou de son professeur, Sarutobi Asuma, que cela ne semblait pas déranger. Ino était chûnin depuis deux ans et Tatsumaki savait que l'on éduquait les kunoichi le plus tôt possible. Beaucoup de mission de haut rang nécessitait la présence d'une jeune fille de petite vertue. Ino avait déjà expérimenté ce genre de mission et tout s'était bien passé, selon les rapports d'Asuma. Voilà l'occasion de montrer à tout le monde ce que tu vaux, pensa distraitement Tatsumaki en passant une main dans ses cheveux.

"Ce n'est que du thé, promis, informa-t-il avec un sourire."

Ino baissa légèrement les yeux et accepta finalement de céder, prenant sa tasse. Elle admira la couleur du thé, comme on le lui avait appris, apprécia son parfum, le fit légèrement tourner d'un mouvement de poignet habile avant d'enfin porter la tasse à ses lèvres. Ino but doucement trois petites gorgées, goûta avec délice à cette douceur aromatisée, soupira discrètement et reposa la tasse sur la table basse, le tout avec de délicats gestes. Parfaite, conclut Tatsumaki en buvant son thé sans aucune cérémonie. Chôji regarda la scène d'un mauvais œil, jugeant que sa coéquipière se prêtait trop au jeu de leur supérieur. Il se rappela qu'Ino lui avait interdit de la surprotéger ou bien de la couver du regard aussi oublia-t-il cette insistance du Hokage pour ne pas trahir sa meilleure amie. C'était difficile, très difficile pour lui. Chôji n'appréciait pas qu'un homme, quelqu'il soit, s'approche de sa sœur d'arme. Lorsqu'Ino était arrivée, un beau matin d'été, avec le sourire bienheureux des jeunes filles amoureuses, Chôji avait su qu'elle était devenue une kunoichi à part entière. Leur professeur, Asuma, n'était pas venu ce jour-là aussi l'équipe s'était-elle entraînée toute la journée. Avant de se quitter, le soir venu, Ino les avait embrassés sur la joue et serrés dans ses bras. Même Shikamaru avait compris à ce moment-là ce qui s'était passé la nuit précédente mais il n'avait rien dit. C'était déjà fait, de toutes façons.

"Concernant Shikamaru, reprit Ino, je suis prête à vous expliquer son plan.
- Je me doute bien de ce qu'il compte faire, intervint Tatsumaki en s'affalant un peu plus dans le sofa. Il aurait dû m'en parler avant.
- La cours martiale les attend, n'est-ce pas ? demanda Chôji."

Le Hokage fit oui de la tête.

"Shikamaru a dû penser que m'avertir grillerait son plan et quelque part il a raison."

Des fuites, s'étonna Ino. Le Hokage venait d'admettre devant trois chûnin qu'il y avait des fuites d'informations au sein de l'administration et que cela pouvait compromettre la mission de Shikamaru, Shino et Kiba. Ino sentit le regard du Quatrième braqué sur elle aussi fit-elle très attention à son expression corporelle. La révélation était passée inaperçue sur son visage, elle le savait. Elle avait toujours été très douée pour cacher le moindre trouble, elle n'avait rien à craindre. L'idée que le Hokage l'ait testée par cette simple phrase lui vint à l'esprit. Que cherchait-il ? La testait-il simplement ou bien soumettait-il toute l'équipe à son inspection ? Les deux orbes fixés sur elle la rassurèrent. Elle était la seule cible du Hokage.

"Je suppose que votre partie de la mission va se résumer à chercher d'autres indices à Konoha même, continua Tatsumaki.
- Ce serait trop simple, contra Ino. Nous devons aider nos camarades depuis ici. Laisser filtrer des informations, par exemple.
- Vous n'avez pas carte blanche."

Ino ne se raidit pas, elle resta parfaitement égale.

"Nous ferons tout ce qui est nécessaire, renchérit Ino sans démordre.
- Quitte à désobéir ?
- S'il le faut. L'un des secrets de Konoha est en jeu.
- Et qu'en pensent tes coéquipiers ? demanda Tatsumaki en se tournant vers Chôji.
- Shikamaru et moi connaissons bien Ino, répondit l'intéressé. Elle est le chef de notre équipe et je la suivrai.
- Elle n'a pas forcément raison.
- Si je juge qu'elle fait fausse route, je l'avertirai, poursuivit Chôji.
- Hinata-chan ?"

La jeune fille sursauta tant qu'Ino en fronça les sourcils. Hinata n'avait rien dit jusque là, elle s'était contentée d'écouter et de rester discrète. C'était sa force à elle. En dehors de ses yeux, Hinata passait inaperçue. Elle se fondait dans la masse, ce qui était parfait pour une kunoichi ou un ninja en général. Tripotant ses doigts, Hinata baissa la tête.

"Je … Je fais confiance à I … Ino-chan.
- Confiance ? s'étonna le Hokage. Depuis quand un shinobi fait confiance ?
- C'est … C'est important."

Tatsumaki eut un rire mauvais. Hinata se tassa un peu plus dans le sofa sans que Chôji ou Ino ne puissent faire quelque chose. Même si la confiance régnait effectivement au sein d'une équipe, il fallait bien se garder de le dire tout haut, surtout en présence du Hokage. C'était l'une des règles tacites du code ninja, une de ses merveilleuses lectures entre les lignes.

"Jeunes gens, je ne m'ennuie pas avec vous mais j'ai autre chose à faire, déclara Tatsumaki en pouffant un peu. Ino-chan, viens avec moi un instant."

Le Hokage se leva, reprit sa pile de documents et sortit, suivi d'Ino qui restait de marbre. Ils marchèrent en silence, croisant quelques ninja de temps en temps, tous surchargés de travail. Alors que le couloir était désert, Tatsumaki se mit à hauteur de la jeune fille et se pencha un peu, lui souriant à la dérobée.

"Laissons de côté le problème dont nous avons parlé. Vous ne servirez à rien à Konoha, quoi que vous fassiez. Tout repose sur nos trois ados rebelles à présent. J'ai autre chose à te confier.
- Une mission ?
- Tout à fait, quelque chose sur le long terme."

Tatsumaki confia ses papiers à Ino en s'arrêtant dans le couloir, cherchant dans ses poches quelque chose. Il finit par trouver une petite photo découpée et un peu abîmée, l'air triomphant. Il la montra à Ino qui resta assez stupéfaite de voir un jeune homme ressemblant beaucoup à Sasuke, les cheveux mi-longs et l'air désagréable.

"Voici Uchiha Itachi, membre des sections spéciales. Je sais déjà ce que tu vas me dire : ce n'est pas très prudent de se balader avec une photo d'un de mes meilleurs hommes sur moi mais permet-moi de te rappeler que je suis, si je puis dire, super balèze."

Ino s'étonna du changement de ton radical du Hokage, passant de l'homme mature et sérieux au jeune premier charmant et détendu.

"Et ? demanda Ino en haussant un sourcil.
- Tu n'es pas sans savoir qu'Itachi est le grand frère de Sasuke, continua Tatsumaki en reprenant sa route vers son bureau.
- Maintenant que vous le dites …
- Itachi est donc l'héritier du clan Uchiha mais Fugaku, son père, hésite entre l'aîné et le cadet. Il fait ce qu'il veut, ça le regarde, c'est stipulé dans les lois de Konoha. Un chef de clan a le droit de choisir l'héritier qu'il veut dans sa descendance et le Hokage n'a pas son mot à dire, c'est comme ça. Seulement, Itachi n'est pas fait pour diriger le clan Uchiha. C'est un shinobi exceptionnel qui ne supporte pas de rester enfermé et prendre la poussière comme son paternel.
- Qu'attendez-vous exactement de moi ?
- Je veux que tu fasses définitivement pencher la balance en faveur de Sasuke, répondit franchement le Hokage."

Ino accusa le coup. Le Quatrième lui demandait clairement de séduire Itachi, voire de l'épouser, pour qu'il ne puisse pas accéder au titre de chef du clan Uchiha. Si Itachi officialisait une relation avec une kunoichi d'un autre clan, on lui demanderait gentiment de laisser sa place à Sasuke pour une question de préservation du sang de la lignée.

"Bien sûr, continua Tatsumaki, étant donné que c'est une mission que je considère comme très importante et surtout comme très secrète, je ne serai pas ingrat. Tu serviras directement mes intérêts, ce qui peut grandement te faciliter la vie.
- Si je réussis.
- Bien entendu, sourit le Hokage. L'échec est à prévoir, Itachi étant asocial et caractériel, misogyne sur les bords et souvent mal luné. Ce ne sera pas évident pour toi mais tu as du charme et tu sais t'en servir. Je suis sûr que tu t'en sortiras à merveille."

La jeune fille hocha la tête avant que le Hokage ne reprenne ses papiers. Il s'éloigna un peu puis lui lança un sourire par-dessus l'épaule.

"Je suis très content que tu te sois reprise en main depuis notre dernière entrevue, Ino-chan. Continue ainsi. Si tu as besoin de quoi que ce soit concernant ta nouvelle affectation, adresse-toi directement à moi. Mon bureau t'est ouvert.
- Je vous remercie, répondit Ino en s'inclinant."

***

Itachi éternua sous le regard curieux d'Aoba. Le capitaine de l'équipe d'investigation maudit les potentielles personnes susceptibles de parler de lui et reprit ses fouilles archéologiques en ignorant le mouchoir qu'Aoba lui tendait. Après un rapide tour des différents entrepôts de marchandises de Taki, ils avaient fini pas trouver celui qui gardait la fameuse étoffe bleue marine brodée d'un motif de fleur en fil bleu pastel. Le gérant du magasin était un petit homme très précis qu'Itachi apprécia immédiatement. Avec lui, chaque teinte avait son nom et chaque soierie son numéro, le rêve pour un shinobi ordonné comme le capitaine. Ici, le bleuet retrouvait ses lettres de noblesse, l'amarante ne rimait qu'avec queue-de-renard et les tissus charbon s'accordaient à merveille avec la teinte des cheveux du jônin. L'antre de la piste ressemblait fort au paradis avant que l'équipe n'ait accès aux registres. Il avait fallu qu'ils tombent sur le plus vieux marchand d'étoffe du continent ou quelque chose d'approchant. Quatre cent ans d'archives les avaient attendus et ne demandaient qu'à être dépoussiérées. Voilà pourquoi Itachi comparait son actuel travail à des fouilles archéologiques.

L'après-midi avançait et avec elle les recherches. Tout aurait été d'une simplicité enfantine si les registres n'avaient pas été mélangés lorsque le précédent entrepôt avait brûlé, un mois plus tôt. Par miracle, la réserve des manuscrits avait pu être sauvée –c'était, d'ailleurs, la première chose que les marchands de Taki sauvaient en cas de besoin- et était intacte mais dans un fouillis ahurissant. La chance habituelle d'Aoba semblait l'avoir abandonné pour la journée, il ne tomba pas sur ce qu'ils cherchaient dès l'instant où il avait posé le pied dans la salle des archives. Ebisu s'était arrêté une heure plus tôt et avait soudainement décidé d'aller aider le gérant, au grand désespoir d'Itachi qui partait du principe que les premiers registres sortis avant l'incendie avaient été ceux qui furent les plus accessibles et, toujours en suivant la logique, les plus récents. Ils avaient donc été déposés en premier dans cette nouvelle salle et étaient à présent recouverts par les autres registres. Quand on savait qu'un manuscrit ne comprenait les détails des ventes que d'un mois lunaire, soit vingt-huit jours, on arrivait rapidement à calculer le nombre de registres présents dans cette pièce : cinq mille deux cent quatorze. Au bas mot. Itachi ne voulait pas s'intéresser aux chiffres après la virgule, sachant pertinemment que son calcul était de toute façon faux puisqu'il n'avait pas pris en compte les années bissextiles lors de ces quatre cent dernières années. Tous ces jours en plus, bien plus que sept, rajoutaient forcément des semaines par-ci par-là.

C'était là, sous ces cinq mille deux cent quatorze registres et des poussières, que se trouvait celui qui contenait le nom de la personne qui avait acheté cette étoffe ainsi que la date d'achat. Ces deux données étaient essentielles pour la suite de la mission et Itachi ne sous-estimait pas ses capacités. Il trouverait ce registre, quoi qu'il en coûte ! Il ne lui manquait qu'à savoir dans quelle tranche de sédiments accentuer ses recherches. Le gérant, dans son bureau, essayait de déterminer l'âge approximatif du morceau de tissu, ce qui les arrangerait beaucoup. Pour l'instant, Itachi et Aoba rassemblaient les différents registres par siècle, affinant du mieux qu'ils le pouvaient leur classement en fonction de l'année. Aoba soupira lourdement, assis en haut d'une pile, tandis qu'Itachi s'afférait à creuser un trou au milieu des livres entassés à même le sol.

"Ça me rappelle une mission que j'ai faite pour le daimyô, quand j'étais genin, marmonna Aoba. On avait épluché la correspondance de son épouse sur dix années à raison d'une lettre tout les trois jours.
- Un adultère ? demanda Itachi en remontant au niveau de la surface.
- Oui, répondit Aoba en ouvrant un registre pour voir la date. Seulement, la femme du seigneur était rusée. Elle et son amant codaient les lettres. Il a fallu percer le code puis lire toutes les lettres de l'amant. J'avais douze ans.
- Charmante approche du monde des adultes, répondit le benjamin de l'équipe en cherchant quelque chose du regard. Passe moi ce registre.
- Vous pensez que c'est celui que l'on cherche ? s'émerveilla l'homme aux lunettes en se penchant pour suivre les ordres.
- Non mais il a le volume idéal pour solidifier mon trou à rat, railla Itachi en retournant au fond de son puit.
- Vous étiez déjà dans l'ANBU à douze ans, n'est-ce pas ?
- Ouais.
- Je n'ai jamais fait partie de l'ANBU, j'ai toujours refusé."

Aoba entendit quelques jurons avant de voir la tête d'Itachi réapparaître. Le jeune homme attrapa un autre registre et disparut à nouveau.

"Ça paye bien, répondit finalement Itachi.
- Ce n'est pas une question d'argent, rit Aoba.
- Il m'en fallait à l'époque, avoua Itachi. J'ai mis assez d'argent de côté pour avoir mon indépendance le plus rapidement possible.
- Itachi-taichô …"

Itachi ne répondit pas, attendant simplement la question tout en remontant divers ouvrages qu'Aoba classa rapidement.

"Vous parliez du point faible du jinchûriki, ce matin …
- C'est quelque chose que l'on doit découvrir soi-même. Bizarrement, ça ne marche pas si on a reçu le secret de quelqu'un d'autre.
- Etait-ce votre cas ?
- Non. Je l'ai deviné à force d'observation.
- Vous ne l'avez jamais utilisé ?
- Je n'en vois pas l'intérêt, admit Itachi en remontant une nouvelle pile. Je n'ai pas à me battre avec lui ni à sympathiser.
- Vous restez toujours très froid dans vos relations.
- C'est mieux comme ça.
- Itachi-taichô, on a trouvé !"

Itachi et Aoba tournèrent la tête comme un seul homme vers Ebisu et le gérant, tout deux entrant dans la salle des archives, le premier brandissant une feuille de papier.

"Le morceau d'étoffe que nous avons trouvé dans la forêt a environ deux cent ans, rayonna Ebisu.
- Mais le tissu a été longtemps conservé à l'abri de la lumière et des variations de température, avertit le marchand, si bien qu'il a été parfaitement conservé jusqu'à la confection du vêtement.
- Vous en vendiez beaucoup de ce tissu, il y a deux cent ans ? demanda Itachi à tout hasard.
- Ce model a fait la fortune de notre magasin, répondit le petit homme d'un air gêné, nous en vendons plus de dix rouleaux par lune."

Les trois shinobi ouvrirent de grands yeux avant de se lancer des regards désespérés. Itachi se laissa tomber au fond de son trou puis jura à nouveau. Aoba osa se pencher un peu au dessus du puit pour voir son capitaine dans l'un de ses moments sombres qui rappelaient terriblement la crise d'adolescence.

"Aoba ?
- Oui, capitaine ? frémit le concerné.
- Envoie un message au Hokage. Dis-lui que notre mission sera rallongée de deux jours.
- Deux jours ? s'étonna Ebisu. Vous croyez qu'on aura trouvé le bon registre avec deux jours de délai supplémentaire ?"

La tête d'Itachi réapparut au dessus des livres, l'air mesquin.

"Je nous rajoute juste des vacances."

***

Naruto s'arrêta pour la quinzième fois de la journée, lançant un regard mauvais derrière lui. Ils étaient beaux, les ninja de Konoha à peine capables de le suivre plus de trois heures. Kakashi n'avait visiblement aucune difficulté, pas plus que Maito Gai et Sasuke mais les autres traînaient un peu trop la patte au goût de Naruto. Celui-ci savait que Rock Lee restait volontairement au niveau des deux kunoichi, tout comme Hyûga Neji. C'était énervant. Les quatre derniers arrivèrent, essoufflés et transpirants sous ce soleil de plomb. Naruto se planta devant eux bien que Kakashi l'ait retenu par l'épaule.

"Vous me ralentissez.
- Tenten et Sakura-san ne peuvent pas suivre, intervint Lee en s'inclinant brièvement.
- Et ça se prétend jônin.
- Naruto-taichô, s'indigna le Fauve de Jade.
- Lee !!"

Sakura s'interposa entre les deux adolescents, faisant face à Naruto. Celui-ci resta d'un calme apparent déstabilisent alors que la jeune fille paraissait prête à en découdre.

"Si vous avez des reproches à me faire, autant qu'ils me soient directement adressés.
- Sakura, tenta de tempérer Kakashi, ce n'est pas le moment.
- Effectivement, reprit Naruto en se détournant. Je n'ai pas le temps de m'occuper de tes enfantillages.
- Se défouler sur les autres, c'est aussi de l'enfantillage."

Naruto reporta son attention sur la jeune fille mais fut cette fois vivement tiré en arrière par Kakashi.

"Ça suffit. Je t'ai laissé ma place de capitaine en te demandant de prendre en considération ton équipe avant le reste."

Le jinchûriki sembla se fermer un peu plus encore. Sasuke vit son poing se refermer sèchement.

"Gaara est plus important."

Kakashi relâcha Naruto d'un geste brusque, comme s'il avait été brûlé.

"Pars devant avec Gai, Sasuke et Neji, ordonna-t-il sèchement en faisant dos à Naruto. Je m'occuperai du deuxième groupe.
- Si ça te chante."

Gai lança un regard tendu à Kakashi alors que Naruto repartait déjà, suivi de Sasuke et Neji. Kakashi l'ignora, se contentant de calmer un peu Sakura d'une main sur l'épaule. La jeune fille soupira de rage en voyant les autres s'éloigner. Tenten repositionna son sac à dos, faisant face à l'adversaire de son professeur. Elle n'avait pas l'habitude de cet homme aussi était-elle un peu tendue à l'idée d'être sous ses ordres. Hatake Kakashi n'avait pas bonne réputation, après tout. Lee, quant à lui, était assez excité. Il estimait beaucoup Kakashi et voulait se montrer à la hauteur de ses attentes. Lee se savait prêt à suivre cet homme. Le ninja copieur remarqua bien vite la mine réjouie du jeune homme et lui sourit, oubliant ses soucis.

"Lee, tu seras le premier de la file. Sakura te suivra. Je serai en troisième position. Tenten, tu feras l'arrière-garde. On aura très certainement une petite heure de retard sur le groupe de tête. Ne nous forçons pas, ça fera les pieds à Naruto.
- A vos ordres, répondirent d'une même voix les adolescents."

Ils reprirent leur route et Kakashi insista plusieurs fois pour ne pas aller trop vite. Le nord de Suna était étonnement plus vert que ce que l'on voulait bien croire. Etant donné que l'on passait de l'immensité jaune et brûlante à la relativement moins chaude et grise plaine d'herbes desséchées, il y avait du changement. Les cailloux se faisaient de plus en plus gros, on voyait se profiler à l'horizon l'imposante falaise marquant la limite du Pays du Vent. Le soleil commença sa longue descente alors que les quatre shinobi courraient toujours, Kakashi demandant parfois de ralentir lorsqu'il sentait que Lee se laissait trop aller. Le jeune homme obéissait tant bien que mal, n'osant penser que la rancœur du jônin allait trop loin. Parfois, sur le sol craquelé et poussiéreux, Lee pouvait apercevoir les traces du passage précédent le leur. Il arrivait à reconnaître la foulée souple de Neji et celle, plus puissante, de Gai. Les deux autres étaient facilement identifiables : Sasuke faisait de longues enjambées, toujours plus appuyées à gauche qu'à droite, tandis que le capitaine Naruto effleurait le sol. Lee le soupçonnait de concentrer son chakra dans ses pieds pour adhérer le moins possible au sol. Cela demandait beaucoup d'effort et une concentration constante. Lee fronça légèrement les sourcils. S'il pouvait lui aussi malaxer convenablement son chakra, il pourrait peut-être espérer réussir à toucher ce shinobi, ne serait-ce qu'une fois.

Le soleil embrassa le ciel en réapparaissant entre un nuage lourd amené du nord et le haut de la falaise dont ils se rapprochaient immanquablement. Quelques arbres faisaient leur timide apparition et l'herbe paraissait plus souple par ici. Tout était calme, seuls quelques oiseaux les regardaient traverser les graminées d'un œil paresseux. Kakashi n'aimait pas pareil moment de la journée. Les ombres s'allongeaient trop à son goût et le calme ambiant l'obligeait à rester plus vigilent que d'habitude. Il était tendu, les sens aux aguets. Le moindre mouvement était repéré et analysé, en une fraction de seconde. Kakashi se fichait bien de la fatigue qui s'accumulait même si son œil gauche commençait à se rappeler à son bon souvenir. Heureusement, Lee s'arrêta bientôt devant quelques blocs de roche et grimpa dessus, accusant avec surprise la vue d'un immense gouffre plongé dans l'ombre juste devant lui. Une légère brise âcre remontait du gouffre, emportant avec elle des odeurs d'œuf pourri et de fer. Sakura, Kakashi et Tenten admirèrent eux aussi quelques instants le noir avant que le jônin ne prenne la parole.

"Ne respirez pas trop, ce sont des gaz toxiques à haute dose. Nous sommes devant le rift d'Akueki, une frontière naturelle entre le Pays du Vent et le Pays de la Pluie où se trouve le village caché d'Ame. Petite force militaire dont il faut se méfier, soit dit en passant. Ils ne sont alliés à aucun autre pays, leur daimyô privilégiant l'indépendance et la neutralité. Caractéristiques de ce pays, Sakura ?
- Confiné dans les montagnes, ressources principales tirées de l'agriculture, connu pour ses pâtes fermentées à base de lait de vache et sa production de montres et d'horloges, répéta docilement la jeune fille.
- Akueki ? s'étonna Tenten. On l'appelle «épidémie» ?
- A cause des gaz, sourit Kakashi. Personne ne s'est installé par ici alors que la région est plus fertile qu'au sud. Les vents dominants empêchent la présence prolongée des êtres vivants, même les animaux, en dehors de ceux à la durée de vie courte. On trouve pas mal de rongeurs dans le coin ainsi que des oiseaux mais vous avez certainement remarqué qu'on a rien vu de plus gros qu'un chat.
- Et comment traverse-t-on ? demanda Lee."

Kakashi pointa du doigt le fond du gouffre.

"Il y a assez de vent en bas pour que l'on puisse traverser. Il ne faut pas s'attarder, c'est tout. On grimpera la falaise de l'autre côté, jusqu'à tomber sur l'un des nombreux chemins taillés dans la roche.
- Vous êtes déjà venu ici ? s'enthousiasma Lee.
- Quelques fois, répondit Kakashi en penchant la tête, mais ne t'enflamme pas trop vite, jeune homme. Ça n'a rien d'un voyage de santé. Gai ne doit même pas encore être en bas."

Lee leva son pouce et sourit assurément avant de remettre en place son sac à dos. Kakashi poussa un discret soupire. Ce bonhomme était d'un enthousiasme à toute épreuve, c'était affolant. Alors que le jônin regardait plus en détail la première pierre où il oserait poser le pied, il sentit soudainement une atroce douleur dans la jambe droite, en plein milieu de la cuisse. Kakashi abaissa la tête pour voir une longue flèche d'un brun doré, teintée de sang, transperçant de part en part son membre. Il réalisa, trop tard, que ce n'était pas une flèche mais un harpon, fait pour s'accrocher à la chair. Ce fut au moment où il réalisait ceci que le harpon glissait en arrière et s'agrippa fermement à ce qui restait de la jambe, tirant le jônin qui ne put qu'amortir sa chute. Sakura, Tenten et Lee se précipitèrent pour aider leur capitaine mais ne purent pas faire grand-chose, pas même le retenir. Tenten sortit un sabre long comme l'avant bras de son dos et sauta suffisamment en hauteur pour que Lee puisse venir la pousser un grand coup, la propulsant en l'air. La jeune fille aperçut alors un câble grisâtre rattaché au harpon. Elle fondit dessus, sabre en avant, mais ne parvint pas à le trancher.

Le corps de Kakashi s'arrêta tout de même, toute traction ayant été stoppée. Lee et Tenten se mirent immédiatement en position de défense alors que Sakura se précipitait vers son professeur. Elle le tourna sur le dos et constata qu'il saignait au niveau de la tempe droite : Kakashi était inconscient. La kunoichi vérifia rapidement qu'il n'était pas en train de faire une hémorragie cérébrale avant de s'attaquer à celle de sa jambe. Plusieurs artères passaient à l'intérieur de la cuisse et quelques unes étaient largement ouvertes. Sakura sortit immédiatement une lanière en caoutchouc et fit un garrot au dessus de la plaie, espérant gagner quelques précieuses minutes. Un trou plus gros que son poing lui faisait face. Sakura aurait pu y passer le bras sans problème. En toute objectivité, elle avait meilleur temps de couper carrément la jambe. S'ils n'étaient pas correctement irrigués, les tissus dépériraient rapidement. Sakura inspira profondément. Elle ne pouvait pas faire ça, quitte à prendre de plus grands risques. Se concentrant au maximum, elle commença à malaxer son chakra.

Lee faisait face à la direction d'où provenait l'attaque, Tenten surveillant l'arrière. Un bras tendu vers l'avant et l'autre replié dans son dos, le chûnin restait d'un calme à toute épreuve, l'œil vif auquel n'échappait aucun détail. Le jeune homme se tendit un peu en voyant une branche frémir, à une cinquantaine de mètres devant lui. Une ombre glissa jusqu'au sol. La visibilité était très mauvaise à cause du soleil disparaissant derrière la haute falaise. Lee recula d'un pas.

"Sakura-san, je sais que tu es occupée mais pourrais-tu envoyer un signal ?
- Je m'en occupe, Lee, avertit Tenten."

Sakura lâcha à peine un remerciement sans quitter son travail des yeux. Lee fronça les sourcils. Si Tenten baissait sa garde, ils pouvaient très bien subir une attaque. Prêt à tout, le chûnin resta sur ses gardes. Tenten sortit de sa poche d'arme un petit étui rouge qu'elle posa au sol avec force. Aussitôt, le tube s'enflamma et bondit vers le ciel dans une série de petites détonations. Il explosa finalement, libérant un énorme panache de fumée rougeâtre. Le son de l'explosion retentit et rebondit sur la falaise. Si l'autre équipe était dans le gouffre, elle l'entendrait forcément. Tenten se redressa lentement en s'assurant que tout allait bien. Alors qu'elle se tournait légèrement vers Lee, elle eut la surprise de voir un grand homme vêtu de blanc juste à côté d'elle. Ses cheveux gris et ses yeux verts paraissaient sales sous cette luminosité, tout comme son teint d'albâtre.

"Tu gênes."

Tenten fut pliée en deux par un violent coup de coude dans l'estomac. Surmontant la douleur, elle essaya de se redresser mais son adversaire lui décocha un coup de pied retourné qui l'envoya mordre la poussière. Alors que l'assaillant se redressait, Lee attaqua sans hésiter. Il débuta par une série de coup de moyenne portée pour voir de quoi était capable son adversaire. Celui-ci esquiva sans problème, le regardant à peine. Il a de bonnes bases en taijutsu, pensa Lee en souriant. C'était parfait. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas combattu sérieusement un adversaire digne de ce nom sur ce terrain, s'il mettait, volontairement, de côté le capitaine Naruto. Lee comptait sur sa vitesse pour prendre son adversaire par surprise. Il resta volontairement lent pendant quelques instants, se contentant d'enchaîner des coups simples. Se reculant un peu, Lee reprit sa garde droite tandis qu'il empêchait l'ennemi d'approcher par sa simple présence.

"Je te demanderai ton nom et pourquoi tu nous attaques, étranger, tonna Lee.
- Ce n'est pas un duel, répondit l'autre de mauvaise foi."

Lee sourit étrangement, dévisageant un peu plus ce brigand de grand chemin. Plutôt grand et élancé, les cheveux mi-longs et le visage émacié, n'importe quelle fille aurait piaillé en voyant ce bel homme. Lee reconnaissait que ses yeux verts étaient captivants aussi fut-il prudent. Tomber dans un genjutsu arrivait vite si l'on restait trop pendu au regard de l'adversaire.

"Je suis Rock Lee, chûnin de Konoha."

L'autre n'émit qu'un soupire. Lee en profita. Il bondit avant même que son adversaire ne s'en rende compte. Arrivant par en bas, il pivota sur un pied et frappa de l'autre dans un mouvement ascendant pour cueillir l'ennemi sous le menton. La ruse marcha à merveille : le coup souleva du sol la cible. D'un nouveau bond, Lee se retrouva sous lui et plaqua deux doigts dans le dos de son adversaire, lui coupant toute possibilité de mouvement. D'une rotation puissante, il parvint à prendre le dessus et rua de coups de poing le blanc bec. Celui-ci fut projeté au sol tandis que Lee atterrissait quelques mètres plus loin. Il n'avait pas à montrer ses plus belles techniques si de simples coups pouvaient lui faire mordre la poussière. Contre toute attente, l'ennemi se sortit du petit cratère que sa chute avait creusé, crachant une dent. Il n'avait, semblait-il, aucune blessure. Se redressant, il fit craquer sa nuque.

"Rock Lee, hein ?"

Lee hocha la tête.

"Je suis Kimimaro."

***

L'écho avait effectivement bien fait son travail. Environ à mi-hauteur de la pente du rift, Naruto dressa l'oreille et reconnut sans peine le signal d'alerte. Il leva la tête vers Gai qui se trouvait être le dernier de la file.

"Ils ont des problèmes en arrière, confirma Gai.
- Remonter va prendre du temps, grogna Naruto.
- Vous comptez les abandonner ? hurla Neji."

Naruto tourna obligeamment la tête vers son subordonné, un air terriblement narquois s'affichant sur son visage. Il regarda ensuite Sasuke du même air mais ne constata qu'une rage silencieuse. Naruto lui sourit avant d'ouvrir une des poches sur le devant de son gilet.

"J'ai dit que grimper à patte va prendre du temps."

Naruto se mordit le pouce puis déroula d'un geste sec le rouleau qui était tombé dans son autre main. Il raya les écritures d'un trait de sang avant de refermer le rouleau. Malaxant son chakra d'une main, il tendit l'autre vers le jônin en période d'essai.

"Montre-moi ce que tu vaux, Uchiha Sasuke."

Sans plus attendre, Naruto se propulsa dans le vide d'un bond, la main toujours tendue. Le sang de Sasuke ne fit qu'un tour. Il plongea lui aussi sous le regard médusé de Gai que tout cela dépassait largement. Alors qu'ils chutaient à travers les nappes de vapeurs, Sasuke attrapa la main de Naruto. Celui-ci composa le dernier signe incantatoire et le rouleau explosa dans un nuage de fumée épaisse. Un aigle de bonne taille apparut, plongeant lui aussi pour prendre de la vitesse. Naruto et Sasuke s'accrochèrent aux plumes de son dos, disparaissant avec l'oiseau sous les vapeurs toxiques. Outré, Neji regardait la scène en se jurant qu'il mettrait son poing dans la gueule de ce type. Gai ricana pour essayer de détendre son élève.

"Et c'est maintenant qu'il nous montre ça … Naruto n'aime vraiment pas montrer ses techniques aux autres …
- Remontons, grogna Neji en amorçant le mouvement."

***

Sakura y était presque. Elle avait pu se concentrer sur les artères et les veines, les soudant sommairement pour éviter le pire. Cela tiendrait jusqu'à l'intervention d'un medic-nin plus expérimenté qu'elle. Restaient les muscles et l'os à l'air libre. Kakashi risquait une septicémie avec toutes les poussières et la terre qui s'étaient glissées dans la plaie. Sakura devait tout nettoyer avant de poursuivre. Elle fouilla rapidement sa trousse de secours pour trouver son flacon d'eau oxygénée. En présence de sang, c'était ce qu'il y avait de moins désagréable mais ce n'était pas efficace sur tous les agents infectieux. Alors qu'elle imbibait un morceau de gaze de désinfectant, Sakura eut la mauvaise surprise de voir l'une de ses soudures sauter et le sang se remettre à couler. Jurant, elle plaqua ses mains sur la plaie et se reconcentra, concentrant son chakra dans les tissus déchirés.

"Oh, il a pas l'air d'aller bien.
- Ça ira mieux dans quelques instants, répondit Sakura."

Elle s'arrêta net en réalisant que l'ennemi était juste devant elle, accroupi de l'autre côté de Kakashi. La tête reposant dans la paume d'une main, le coude posé sur son genoux, un beau sourire en place, la peau brûlée par le soleil, il avait tout l'air d'un homme de Suna, si ce n'était ses cinq autres bras saluant la jeune fille d'un même geste. Sakura resta immobile. Ce n'était pas le moment de s'énerver. Lee combattait l'autre un peu plus loin, Tenten était inconsciente, tout comme Kakashi, c'était donc à elle de combattre cet homme. Il semblait fort et, comme tout homme fort, oubliait les principes ninja. S'il avait voulu la tuer, il aurait déjà pu le faire cent fois tant Sakura s'était concentrée sur son patient, oubliant complètement ce qui l'entourait. C'était pourtant logique que l'adversaire de Lee ne fût venu seul. Qui attaquerait quatre shinobi sans prévoir une aide ? Sakura regarda les alentours pour déceler une éventuellement troisième personne. L'homme aux huit membres lui sourit.

"On est que deux, rassure-toi."

Sakura le fixa, incrédule. Que voulait-il ? Que cherchait-il à faire ? Pourquoi ne l'avait-il pas tout simplement attaqué ? Le jeune homme se contenta de la regarder terminer la soudure de l'artère sans rien ajouter. Sakura leva doucement ses mains pleines de sang, gardant le contact visuel avec l'autre. Elle esquiva le premier coup en se plaquant brusquement au sol, se retrouvant quasiment allongée. Dépliant ses jambes, elle se redressa souplement, esquivant à nouveau. Sakura préféra prendre un peu de distance. L'assaillant se releva tranquillement, faisant craquer un genou.

"Les kunoichi sont vraiment très souples pour pouvoir faire toutes ces cabrioles.
- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda Sakura d'un ton sec.
- A ton avis, chérie ?"

Sortant un kunai de sa poche d'arme, il le balança au dessus de la tête de Kakashi.

"Ce type vaut dans les sept millions de ryô. Si on ramène vos trois mignonnes petites têtes avec, on peut espérer obtenir plus de huit millions, de quoi rester à glander un bon moment. En prime, on tombe sur une équipe où il y a deux gamines, c'est une affaire très intéressante."

Sakura garda son calme. Elle était fatiguée d'avoir utilisé autant de chakra en soignant son professeur, elle devait être vigilante à présent. Respirant profondément, elle n'avait qu'une question en tête : était-ce la deuxième ou la troisième à gauche ? Sakura ne l'avait pas vu souvent, deux fois seulement en quatre années, elle doutait un peu de ses souvenirs. Elle n'eut soudainement plus le temps de réfléchir : le kunai avait été lâché. Plongeant en avant, Sakura parvint à l'attraper à temps, prenant appuis d'un bras entre les jambes de Kakashi. Elle ouvrit rapidement la troisième poche du gilet, récupéra le petit rouleau qui en glissa et entreprit son attaque. Basculant en arrière, elle agrippa l'ennemi de ses jambes, par le cou, et glissa ses mains sur ses jambes. L'instant d'après, l'homme araignée l'avait projeté loin en arrière. Sakura en profita, ouvrant le rouleau et y traçant une ligne du sang de Kakashi. Elle malaxa son chakra tout en dérapant sur le sol mais ne put malheureusement boucler le processus d'invocation : Kidômaru était déjà sur elle. Sakura encaissa un coup de pied en reculant encore, se cognant au frêle tronc d'un chêne liège maigrichon. Le temps lui manqua encore. Son assaillant avait compris qu'elle comptait invoquer quelque chose aussi restait-il près d'elle pour lui couper toute tentative. Sakura commença à courir, consciente qu'elle ne pourrait pas attaquer. Kidômaru la prit en chasse pour son plus grand plaisir, riant comme un dément.

Esquivant comme elle le pouvait et les arbres et les kunai de son adversaire, Sakura arriva finalement au bord du rift. Elle fit face un bref instant, juste assez pour voir les trois poings s'abattre sur elle. Lâchant le rouleau, Sakura sombra dans l'inconscience et le gouffre béant. Kidômaru admira sa chute, ne faisant pas attention au rouleau qui avait touché le sol et qui tremblait légèrement.

"Une de perdue, dix de retrouver, railla-t-il en se tournant. Kimimaro doit en avoir fini, lui aussi."

Effectivement, à une vingtaine de mètre de là, Lee s'effondrait, vaincu par plus fort que lui. Kimimaro se tourna vers son camarade, se demandant s'il fallait les achever tout de suite ou non. Kidômaru haussa les épaules.

"On se fout des deux gamins, dit-il en se rapprochant. On récupère la tête de Hatake Kakashi et on dégage.
- Je pensais que tu voulais te faire la fille, répondit platoniquement Kimimaro.
- Plus vite on aura la récompense, plus vite je pourrais la dépenser dans un bordel où autant de femmes que je le veux exauceront tous mes souhaits !"

Kimimaro renifla de dédain pour ensuite s'approcher de Kakashi. Kidômaru resta en arrière, surveillant tout de même les alentours. On n'était jamais trop prudent, pourtant, sa méfiance naturelle ne suffit pas. Le sol se brisa d'un coup et huit chiens attaquèrent Kidômaru. Il parvint à esquiver un énorme molosse qui visait sa gorge mais se retrouva tout de même immobilisé par les autres lui mordant tant les jambes que les bras et l'abdomen. La fille n'était pas morte, pensa amèrement Kidômaru. Ça lui apprendrait à finir le travail. Kimimaro retourna son attention sur son camarade mais fut rapidement intrigué par une ombre au sol. C'était celle d'un oiseau, a priori très grand. Le soleil termina enfin de sombrer derrière la falaise et avec lui disparurent les ombres. Kimimaro leva les yeux au ciel pour voir un aigle royal planer au dessus d'eux. Le rapace piqua vers le sol, fonçant sur l'homme vêtu de blanc, explosant soudainement dans un nuage de fumée. Quelqu'un en sortit rapidement d'un côté mais Kimimaro n'eut pas le temps de s'occuper de lui, un autre shinobi fonçait sur lui.

Kidômaru grimaça en constatant que des renforts étaient arrivés. Arrachant un de ses bras aux chiens, il put lancer une volée de shuriken sur le rouleau à quelques mètres de là. Aussitôt, les molosses disparurent, lui bouchant la vue. Ne perdant pas un instant, Kidômaru se prépara à l'impact. La seconde suivante, un kunai teinta contre son armure, laissant le jeune homme lui faisant face plus que perplexe. Sasuke ne s'étonna pas plus, se penchant en arrière pour esquiver le coup de poing qui lui était destiné. Il lança plusieurs kunai alors qu'il chutait mais aucun ne parvint à transpercer la peau de cet homme. Agacé, Sasuke ne vit alors qu'une solution se profiler devant lui. La seule technique qui lui permettait de transpercer tout et n'importe quoi restait le Chidori. Si les «mille oiseaux» avaient pu venir à bout de l'armure ultime de Gaara du Désert, ils pouvaient tout aussi bien transpercer ce type. Il ne lui restait plus qu'à trouver suffisamment de temps pour déployer sa technique. Immobiliser son adversaire une trentaine de secondes serait suffisant, Sasuke savait que le délai de concentration du chakra dans sa paume pouvait être diminué. Ce ne serait pas vraiment plaisant par la suite mais c'était tout de même possible.

Alors qu'il touchait le sol, Sasuke déplia une de ses jambes et toucha l'une de Kidômaru. Concentrant son chakra dans un geste qui était devenu habituel au fur et à mesure des années d'entraînement, il déploya l'une de ses techniques favorites : Chidori Nagashi. La décharge d'électricité foudroya Kidômaru. Sasuke en profita pour rouler en arrière et se tenir assez loin de son adversaire immobilisé. Composant rapidement les sceaux, il arma son bras, tenant son poignet avec force. Le chakra commença à se concentrer, faisant crisser l'air autour de lui. Sasuke serra les dents en sentant son bras trembler sous l'effort. Kakashi le lui avait dit et répété souvent : trop forcer en comprimant le chakra pouvait détruire les méridiens. Sasuke grimaça un peu lorsqu'il sentit une crampe prendre possession de son avant-bras. C'était le moment ! Fonçant vers sa cible, il ne lui fallut que quatre foulées pour l'atteindre. Projetant son bras en avant, Sasuke ne rencontra aucune résistance et, pourtant, toucha bien Kidômaro. Celui-ci, toujours sonné par le coup précédent, regardait, incrédule, le bras du gamin enfoncé dans son thorax jusqu'à l'épaule. Kidômaru s'effondra sans pouvoir rien faire. Entraîné par cet homme plus grand et plus lourd que lui, Sasuke pesta. Il réussit à se dégager, secouant son bras pour faire partir le sang et cette satanée crampe. Cherchant du regard son coéquipier, Sasuke eut la surprise de voir le dernier assaut de Kimimaro.

Un long tube blanc et pointu sortait de sa paume et cela avait tranché, dans un mouvement circulaire, les bandages que Naruto portait à la tête. Le jinchûriki recula vivement, tentant vainement de récupérer les bandes sales qui tombaient les unes après les autres. De loin comme de près, Sasuke et Kimimaro virent la peau noircie, comme brûlée, de l'adolescent, ainsi que l'œil à l'iris d'un rouge violent.

"Alors comme ça …"

La voix de Kimimaro semblait pleine de joie, sûre à présent que la victoire ne serait pas si difficile que ça à avoir.

"Tu es maudit."

A suivre …

Notes
#Ame no Kuni : J'avoue, j'en ai fait une mini Confédération Helvétique (Suisse). J'aurais pu ajouter quelques lignes sur les forces d'autodéfense ou bien un quelconque lac …
#Le rift : après le karst, voici un rift, yeah ! Dans le prochain épisode, je vous parlerai des marges continentales ! Nan, je plaisante … Un exemple ? Le rift Baïkal, en Asie ou bien la vallée du Rhin (et oui !), ou encore le graben d'Oslo, etc …
#Le karst : à propos et pendant que j'y pense, si vous n'avez pas eu vous-même l'idée d'aller chercher ce que c'est, je vous invite à faire une recherche sur la baie d'Along, au Viêt Nam, ou bien sur les régions de Guilin et Yangshuo, en Chine.