Outcast

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Hitto-sama
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Message par Hitto-sama »

Tout d'abord, j'aimerai vous remercier, tous autant que vous êtes, pour le chaleureux accueil que vous avez fait au chapitre 7 de Outcast. Quelle joie de découvrir tant d'enthousiasme et de ferveur ! Le détail de vos commentaires m'a tout simplement époustouflé ! Merci, merci mille fois pour vos minutes perdues.

Voilà la suite.


-¤ Outcast ¤-
Chapitre 08 : Une nuit entre Konoha et Suna


"Tu es maudit".

Naruto grimaça en serrant son bras droit contre lui, gestes qui étonnèrent Sasuke. C'était bien la première fois qu'il voyait son capitaine subir le coup d'une quelconque douleur, c'en devenait inquiétant. Kimimaro sourit ouvertement, remarquant que la tache noire s'étendait. Le jinchûriki recula un peu, renforçant sa garde, alors que ses autres bandages semblaient se désolidariser et tombaient les uns après les autres, glissant sous ses vêtements.

"Sans fûda, la malédiction prend de l'ampleur, constata Kimimaro en rétractant l'os de son bras. Ça a l'air douloureux."

Naruto ne répondit pas, se pliant en deux tout en fixant son adversaire. Kimimaro s'avança d'un pas, Naruto recula de trois. Sasuke s'apprêta à attaquer mais un regard mauvais de la part de son capitaine l'en dissuada.

"Cheveux blonds, yeux bleus … Il me semble que j'ai déjà entendu parler de toi, poursuivit Kimimaro. On parle d'un ninja de Konoha qu'on voit très peu, certains croient qu'il n'existe pas. Selon toutes vraisemblances, il pourrait bien s'agir de toi, je me trompe ?
- Et toi ? T'es qui ? grogna Naruto d'un air moqueur en se relevant un peu.
- Personne en particulier. Je chasse le ninja, c'est un métier comme un autre."

Naruto renifla de dédain avant de serrer encore un peu plus son bras. Quelques gouttes de sang perlèrent au bout de ses doigts. Sasuke fixa l'hémoglobine, remarquant un léger tremblement de l'auriculaire qui passait presque inaperçu. Kimimaro aussi semblait l'avoir vu mais n'y prêta pas attention, préférant fixer son regard sur cet étrange ninja. S'il croyait les rumeurs, cet adolescent n'était autre que la fameuse carte maîtresse de Konoha. Kimimaro n'y croyait pas trop. Comment un gosse déjà si mal en point pouvait se révéler être plus puissant que le Quatrième Hokage ? Le tremblement recommença, Sasuke le remarqua immédiatement. Les muscles ne bougeaient pas involontairement, il le savait. Cet obstiné de Naruto lui faisait signe. Il ne restait plus qu'à comprendre ce qu'il voulait faire savoir et ce n'était pas quelque chose de simple. Naruto ne faisait pas partie de l'équipe de Kakashi, il ne connaissait pas les codes secrets instaurés entre les trois membres, ni même leurs habitudes de combat. Sasuke préféra rester immobile plutôt que de risquer de faire une erreur qui leur coûterait la vie à tout les deux.

"J'espère que t'as bien profité de ton fric jusque là parce que tu meurs ce soir."

Ce fut à Kimimaro de renifler, souriant faiblement au gamin. Dans un horrible craquement, sa peau se perça pour laisser sortir de longs os effilés, un peu partout sur ses membres et son buste. Une technique héréditaire, pensa Sasuke, comme l'homme qu'il avait abattu. Concentrant son chakra dans ses yeux, il activa le Sharingan et ce fut une bonne intuition. Sasuke vit quelque chose bouger près d'un acacia, quelque chose qui allait se rapprocher des deux combattants. Il ne lui fallut pas plus pour désobéir aux ordres de Naruto et foncer vers lui. A l'instant même où il le touchait, le sol gronda sous leurs pieds. Sasuke poussa Naruto à terre, le plus loin possible, dérapant sur les herbes sèches. Face contre terre, Sasuke n'entendit qu'un terrible éboulement et des craquements d'os désagréables. Il avait mal rien que de les entendre et, pourtant, il n'était pas quelqu'un d'impressionnable. Le calme revint rapidement alors que les rares oiseaux cessaient leurs cris d'indignation. Sasuke releva la tête pour être plongé dans l'ombre. Devant lui se dressait un homme vêtu de noir de la tête aux pieds, comme devait l'être un maître marionnettiste. Kankuro s'accroupit dans l'herbe et sourit à Sasuke, faisant plisser le maquillage qu'il aimait arborer.

"Juste à temps."

Le sol trembla soudainement mais tout s'arrêta très vite. Kankuro siffla d'admiration.

"Il était résistant, le gars. Oh, Naruto, tu respires encore ?"

Sasuke sursauta en constatant que l'un de ses bras reposait en plein milieu du visage du capitaine mais celui-ci ne se manifestait pas. Mauvais plan, pensa Sasuke en se poussant soudainement, s'agenouillant à un mètre de là, s'apprêtant déjà à faire des excuses. Naruto tourna la tête vers son coéquipier, son œil à l'iris rouge sautant de temps en temps, comme s'il n'était pas maîtrisé, mais ne pipa mot. Il se releva à son tour, aidé par Kankuro. Toujours muet, Naruto se dirigea vers Kakashi qui reposait à quelques mètres de là.

"Tu veux que je m'en occupe ? demanda Kankuro à tout hasard.
- J'me démerde, répondit Naruto en jetant son sac à terre.
- Tiens, prends mes mitaines, soupira le jeune homme en lançant la paire. Si tu es effectivement maudit, il ne faut pas que tu touches quelqu'un directement. Et fais gaffe à ton sang, aussi.
- Je sais, marmonna le jinchûriki en attrapant les gantelets à la volée. Va voir les autres."

Kankuro regarda un instant de plus Naruto, comme songeur, avant de se tourner vers Sasuke qui était toujours assis par terre.

"Ça va ?
- Ouais.
- Et le sang ?
- Ah, tiqua Sasuke en regardant son bras gauche, c'est pas le mien."

Il avait appuyé ses paroles par un regard vers le corps de l'homme aux six bras un peu plus loin. Kankuro ne se préoccupa pas plus de la santé de Sasuke, se dirigeant vers Lee. Le chûnin était allongé dans les herbes et saignait suffisamment pour que son cas passe avant celui de Tenten, elle aussi inconsciente. Sasuke soupira, cherchant le calme. Il n'y avait plus qu'à attendre Maito Gai et Hyûga Neji. Il posa une main à terre et la remonta aussitôt, comme piqué par quelque chose. Sasuke regarda avec attention le sol pour y voir une petite tache de sang. Frottant la paume de sa main droite, il ne fit pas plus attention à cela avant de se relever.

"Uchiha."

Sasuke tourna à peine la tête vers le nouvel arrivant. Des trois enfants du Quatrième Kazekage, Gaara était le dernier, celui sur qui le sort s'était acharné dès le jour de sa naissance. Plus jeune que Sasuke d'environ six mois, Gaara restait bien plus petit que la moyenne, devant lever la tête pour croiser les orbes noirs du ninja de Konoha. Toujours accompagné de sa calebasse lourde du sable du désert, il semblait impassible, calme et raisonné. Sasuke ne l'avait pas toujours vu ainsi mais il appréciait la fin de la crise d'adolescence de son ancien adversaire. Il fallait dire que Gaara était l'un des shinobi les plus puissants de Suna, s'il n'était pas déjà le numéro un. Tant de puissance restait un atout majeur si son utilisateur n'en faisait pas qu'à sa tête. Vêtu d'un long manteau noir par-dessus un pantalon ample de la même teinte ainsi qu'un imposant harnais lui permettant de supporter le poids de son énorme gourde, Gaara fit la même impression à Sasuke que Naruto la première fois qu'il l'avait vu. Ces deux personnages restaient distants et froids quelque soit leur proximité, c'en était désagréable.

"Combien étiez-vous ? demanda laconiquement Gaara.
- Huit, deux équipes au total. Il y en a deux qui sont en train d'escalader la falaise, ils vont arriver."

Gaara jeta un coup d'œil à la plaine avant de reporter son attention sur Sasuke.

"Vous êtes cinq ici."

Sasuke frémit et se rendit soudainement compte que Sakura n'était pas avec eux. Avant que la panique ne le gagne, Gaara lui agrippa fermement le bras.

"On cherchera le membre manquant plus tard.
- Il commence à faire nuit ! protesta Sasuke.
- Réfléchit, ordonna Gaara d'une voix totalement neutre. Nous avons ici deux blessés graves et deux autres dont l'état est à déterminer. C'est largement suffisant pour l'instant.
- Suna se fout des pertes mais pas Konoha ! hurla le jônin. Sakura est peut-être blessée, il faut que je la retrouve !!
- Hyûga s'en chargera, avertit Naruto à quelques mètres de là.
- Mais le temps qu'il arrive …"

Naruto tourna obligeamment la tête vers Sasuke toujours retenu par Gaara. Le jeune homme reporta son attention sur Kakashi sans rien ajouter et Sasuke sut que la discussion était close, il n'y avait rien à ajouter. Serrant les poings, Sasuke baissa légèrement la tête.

"Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ? demanda-t-il plus sur le ton d'un grognement que celui de rigueur.
- Il faut sceller le maléfice, répondit Gaara en lâchant prise. Tiens, prends ça."

Sortant d'une petite sacoche un rouleau de papier vierge qu'il confia à Sasuke, Gaara s'assit au sol et entreprit de fouiller le reste de ses poches pour finalement trouver un petit encrier et un pinceau un peu abîmé par les aléas des missions. Il demanda à Sasuke de découper l'intégralité du rouleax en bandes larges de cinq centimètres pendant qu'il préparait son encre. Sasuke ne posa pas plus de question, tranchant avec précision le papier à l'aide d'un petit sabre. Gaara prenait par la suite les bandes de papier et y traçait des incantations dans une écriture tellement stylisée qu'elle en était illisible. Une fois que Sasuke avait bien mémorisé les mouvements qu'il avait à faire, il s'autorisa un coup d'œil aux alentours. Kankuro avait visiblement terminé avec Lee, toujours allongé, et faisait à présent boire Tenten qui semblait ne pas apprécier l'attention. Quand à Naruto, il était assis en tailleur à côté de Kakashi, les mains jointes devant lui, les yeux fermés et l'air terriblement calme. Sasuke pouvait voir des gouttes de son sang perler sur le pull de son capitaine. Il devait beaucoup saigner pour que ses vêtements soient à ce point imbibé. Kankuro se releva en aidant Tenten, la soutenant par l'épaule, surveillant les alentours.

"Naruto, qu'est-ce que tu branles ?
- Laisse-le, répliqua Gaara. Il doit se concentrer, il n'a pas l'habitude.
- Je ferais mieux de m'en occuper, grommela Kankuro en se rapprochant. Je suis medic, pas lui."

Il déposa Tenten en face de Gaara puis resta debout, prêt à intervenir.

"Tu n'as pas assez de ressource, poursuivit Gaara. Passe-moi des bandes.
- Ce n'est pas Temari-san le médecin de votre équipe ? demanda Tenten d'une petite voix.
- Temari ? s'étonna Kankuro en sortant des bandages de son sac à dos. Cette bourrine ?"

Gaara sourit gentiment en recevant les bandes qu'il confia à Tenten.

"Place ces fûda une fois sur deux, bien parallèlement aux bords, puis enroule la bande."

Tenten se mit au travail, jetant parfois un coup d'œil vers Lee. Kankuro surveilla la pénombre qui s'installait, conscient qu'ils étaient plus que vulnérables en plein milieu de la plaine d'herbes. Ils devraient se déplacer vers un bosquet pour la nuit, ça limiterait les dégâts. Malgré les deux blessés, ils ne devraient pas faire de feu. Kankuro soupira. La nuit serait longue. Se tournant vers la falaise, il remarqua les deux jônin de Konoha. Maito Gai et Hyûga Neji arrivèrent le plus vite possible, essoufflés par la remontée du rift qu'ils avaient fait à toute vitesse. Kankuro se chargea de les mettre au parfum de ce qui s'était passé tandis que Sasuke serrait les dents. Gai et Neji prirent connaissance de l'état des deux autres membres de leur équipe avant de repartir, cherchant Sakura dans la nuit.

"Kankuro, ânonna Gaara."

Le cadet se tourna vers son petit frère, surpris d'une telle discrétion. Gaara pointa du menton Naruto avant de murmurer.

"Le kekkai."

Kankuro hocha la tête. Farfouillant à nouveau dans son sac à dos, il en ressortit quatre bougies à l'odeur désagréable qu'il planta en cercle dans le sol autour du petit groupe. Il composa une longue série de sceaux tout en récitant des formules incompréhensibles. Le dernier sceau, celui du rat, fit trembler le sol. Un vent frais souffla alors que les bougies s'allumèrent d'elles-mêmes. Kankuro garda sa position quelques instants avant de relâcher.

"C'est fait, marmonna-t-il en s'asseyant à côté de Tenten."

La jeune fille n'eut pas le temps de poser de question. L'air sembla s'alourdir d'un coup et devint plus chaud. La flamme des bougies vacilla sous le regard inquiet de Kankuro.

"Ça ira, le rassura Gaara."

Sasuke releva les yeux de sa tâche au moment crucial. A une dizaine de mètres de là, une lueur rouge naissait entre les mains de Naruto. C'était quelque chose de lumineux et de mouvant, qui semblait être contenue au prix de nombreux efforts. Naruto écarta ses mains suffisamment pour qu'une sphère de chakra –Sasuke avait reconnu cette énergie- d'une trentaine de centimètres de diamètre se forme ainsi. Approchant avec précaution la sphère de la plaie de Kakashi, Naruto semblait comme absorbé lui-même par cette lumière à la teinte violente. Le chakra toucha la jambe, perdant sa forme pour l'entourer de tentacules qui s'insinuèrent tant dans le vide de la plaie que dans les tissus. Gardant ses mains au dessus de cette énergie frénétique, Naruto tremblait un peu. Il n'avait qu'une peur : que Kakashi se réveille à ce moment-là à cause de la douleur. S'il bougeait, cela compliquerait les choses. Le blessé ouvrit effectivement son œil mais resta stoïque, comme on le lui avait toujours appris. Naruto lui sourit un peu, par-dessus la lumière qui s'intensifiait. Tout irait bien, la plaie allait se refermer, Kakashi serait juste fatigué par la suite. De longues minutes passèrent avant que la lumière ne meure petit à petit. Les bougies s'éteignirent elles aussi et Sasuke fut surpris de les voir si mal en point après ce peu de temps. On aurait dit qu'on avait essayé de les briser avec des billes de petite taille ou quelque chose de semblable. Sasuke entendit Kankuro soupirer de soulagement avant d'allumer une petite lampe électrique émettant un faible halo bleuté.

Gaara ordonna à Sasuke d'aider Naruto à porter Kakashi jusqu'au bosquet d'acacias voisin. Le jeune homme n'échangea pas un mot avec son coéquipier, se contentant de conseiller à Kakashi de se taire et de dormir le plus rapidement possible. Gaara arriva par la suite en portant tout son matériel tandis que Kankuro portait Lee sur son dos, Tenten ayant été chargée d'éclairer le chemin. Sasuke installa Kakashi le plus confortablement possible, le couvrant de plusieurs couvertures et s'assurant que tout irait bien. Gaara se rassit en silence, faisant signe à Naruto de s'approcher. Le jinchûriki obéit en rechignant un peu, retirant tout vêtement au dessus de la ceinture. Sasuke vit nettement l'étendue de la peau noircie. Recouvrant quasiment toute la partie droite du buste, de la nuque aux côtes flottantes, tant devant que derrière, la tache s'étendait toujours, suintant du sang à quelques endroits, surtout au niveau de l'impact, juste sous la clavicule droite, un peu excentré. Sasuke détailla également les bras qui avaient été touchés eux aussi par le noircissement. Le droit était bien plus entamé que le gauche et saignait abondamment au coude. Gaara rembobina les bandes avec soin puis commença à faire le pansement. Ce fut dans le plus grand silence que se déroula cet acte presque mystique. Gaara et Naruto auraient pu être seuls à cet instant, tout aurait été parfaitement identique dans leur gestuelle et leur comportement. Sasuke se sentit un peu gêné de regarder un pareil moment intimiste. Il détourna la tête, contemplant les étoiles loin au dessus de sa tête.

Gai et Neji ne les rejoignirent que bien des heures plus tard. Il était déjà plus de minuit et, à leur mine, Sasuke sut qu'ils n'avaient pas pu faire grand-chose. Naruto attendait en silence le compte rendu, à nouveau caché par ses bandages. Le pansement sur son visage prenait plus de place qu'avant, recouvrant presque entièrement la partie gauche. Gaara veillait tandis que Kankuro surveillait toujours Lee qui ne se réveillait pas et Kakashi qui restait obstinément conscient. Tenten posa amicalement sa main sur l'épaule de Sasuke qui se dégagea avec plus ou moins de conviction.

"Nous ne l'avons pas trouvé, confirma Gai. Le Byakugan a ses limites, lui aussi."

Kakashi accusa le coup, fermant un instant les yeux. Naruto se leva.

"Reste ici, ordonna Gaara. Il faut qu'on s'explique.
- Il n'y a rien à expliquer, grommela Naruto. En tant que capitaine, je n'ai pas su gérer les individus et n'ai donc, par conséquent, pas …
- Foutaises ! hurla Neji. Vous n'êtes pas capitaine, vous n'en connaissez pas les principes !
- Neji, tempéra Gai en lui posant la main sur l'épaule. Il y a plus important.
- Plus important ? s'emporta le jeune homme. Qu'un incompétent nous dirige, vous trouvez que ce n'est pas important ?!
- Ferme-la, coupa Gaara. Un subordonné n'a pas à l'ouvrir pour ce genre de trivialité. Laisse les grandes personnes en parler entre elles lorsque le moment sera venu."

Neji fulmina mais resta cependant silencieux, ignorant le sourire moqueur qu'affichait Kankuro.

"Nous en venons donc à la question du jour, continua le marionnettiste. Qu'est-ce que vous foutez ici ?
- Suna a reçu une note, expliqua Naruto, qui disait que vous étiez en difficulté.
- En difficulté ? railla Kankuro. C'est pas nous qui étions «en difficulté», Naruto.
- Nous n'avons rien envoyé de tel, assura Gaara. As-tu vu cette note de tes propres yeux ?
- Non mais Temari l'a lue dans le bureau du Kazekage, elle l'a tenue en main.
- La frangine mythonne ?"

Gaara fit non de la tête à l'intention de son frère.

"Temari ne mentirait pas à Naruto.
- Le problème viendrait du Kazekage, alors, murmura Kakashi qui s'était un peu relevé.
- Le vieux ferait pas ça, râla Kankuro. J'vois pas l'intérêt pour lui de faire paniquer tout Suna !
- Sauf si c'est pour m'éloigner, admit Naruto à contrecœur. Vous n'avez rien envoyé ?
- Un message, y'a trois jours pour dire qu'on mettrait plus de temps que prévu, répondit Kankuro.
- C'est moi qui l'ai écrit, continua Gaara. Ils ont pu copier mon écriture, ce n'est pas difficile quand on est shinobi.
- Trois jours ? répéta Sasuke. On tombe sur la date où nous sommes arrivés à Suna. On a vu le Kazekage vers midi, si je me rappelle bien.
- Le message a du arriver au petit matin, calcula Kankuro. J'avais invoqué une chouette pour qu'elle voyage de nuit uniquement."

Naruto fixa durement le sol en serrant les poings.

"Il le savait …
- Peut-être n'était-il pas encore informé, raisonna Kakashi. Les Kage ne reçoivent pas directement les messages, il y a des intermédiaires.
- Ça ne l'excuse pas ! persifla Naruto. Nous sommes restés deux jours et demi à ne rien faire !
- Preuve s'il en est que vous auriez du écouter Temari-san, commenta sèchement Neji.
- Tais-toi."

A la surprise générale, c'était Sasuke qui avait objecté, fusillant du regard son aîné. Kakashi haussa les sourcils, ouvrant légèrement sa bouche sous son masque. Il était réellement surpris de voir son élève prendre la défense de Naruto alors qu'ils ne s'entendaient pas vraiment. Kakashi se crispa en attendant de voir la réaction de son protégé. Réaction qui n'arriva jamais. Naruto restait de marbre, jetant à peine un regard à la dérobée vers Sasuke. Ce fut Kankuro qui mit un terme à la légère tension ambiante, en baillant.

"Braves gens, déclara-t-il théâtralement, je vous propose de dormir et de voir tout ça demain. On rentrera à Suna pour tabasser qui de droit. Il est tard et on a tous eu une journée bien remplie, je crois.
- Kankuro a raison, concéda Gaara. Je veillerai."

Tout le monde se mit à se préparer pour la nuit, sortant leur couverture, sauf Naruto qui restait obstinément debout. Gaara se leva tranquillement pour se planter devant l'autre jinchûriki.

"Tu as besoin de repos, pas de faire une nouvelle connerie.
- J'pourrais pas dormir, marmonna Naruto.
- Allonge-toi au moins."

Voyant que Naruto n'avait pas l'intention de bouger, Gaara soupira en fronçant légèrement les sourcils, contrarié. Il se tourna vers l'assemblée.

"Saviez-vous que Naruto, à sept ans, a …"

Gaara n'eut pas besoin d'aller plus loin dans son récit ; Naruto était allongé et sous sa couverture, grommelant des insanités à voix basse. Kankuro ricana en voyant la mine victorieuse de son petit frère qui se rassaillait, très satisfait de lui-même. Sasuke jugea la technique impressionnante. S'appuyant contre son sac à dos reposant lui-même contre le tronc épineux d'un acacia, Sasuke frissonna. Il avait mis sa couverture sur Kakashi pour que celui-ci passe la nuit dans de bonnes conditions, tant pis s'il attrapait un rhume ou une bronchopneumonie. Naruto tourna et vira quelques instants, jouant les crêpes avant de se retrouver sur le côté, regardant Sasuke qui croisait les bras pour tenter de rassembler la chaleur. Le jinchûriki se tourna de l'autre côté, ignorant le reste du monde alors que Gaara éteignait la petite lampe électrique. Naruto bougea encore un peu, fut rappelé à l'ordre par Gaara trois fois, se tourna une nouvelle fois et finit allongé sur le dos. Il détestait dormir avec des gens autour de lui.

"Gaara ?
- Dors.
- J'ai faim.
- Avale ta langue et étouffe toi avec."

Sasuke essaya tant bien que mal de retenir un pouffement mais cela ne passa pas inaperçu. Naruto se releva d'un coup et balança sa couverture sur son coéquipier qui grogna pour la forme. Puis, à quatre pattes, le jinchûriki vint se coller à Gaara, s'incrustant sous sa couverture et s'appuyant largement contre lui, en faisant son oreiller. Gaara ne dit rien, se contentant de dégager son bras pour être plus à l'aise. On n'entendit bientôt que les insectes et quelques rares oiseaux nocturnes ainsi que les respirations calmes des neuf shinobi. Il devait être quatre ou cinq heures du matin lorsque Sasuke ouvrit un œil, réveillé par le murmure d'une discussion. Il était question des dernières nouvelles de Konoha, détaillées par Naruto.

"Je ne les ai pas vus, soufflait Naruto. J'espère que tout va bien.
- Konoha est connue et reconnue pour ses médecins.
- Ça n'a pas empêché Fuyu de mourir.
- C'est comme ça.
- J'l'aimais bien, en toute franchise. Il n'avait pas l'air d'un ANBU mais plutôt d'un gars paumé, c'était amusant. Il semblait toujours étonné de tout et puis il avait souvent le mot pour rire.
- Baku-sensei est mort, il n'y a pas longtemps, murmura Gaara d'un ton égal. En retour de mission.
- Il a été attaqué ?
- On ne sait pas. Aucune information n'a filtré, même à nous qui avons été ses disciples.
- Ton oncle ?
- J'en ai bien l'impression. Cette histoire de message ne fait que renforcer mes soupçons envers lui.
- Il a accédé au pouvoir par un coup d'Etat, c'est bien ça ?
- Hum.
- En tant que shinobi de Konoha, je n'ai rien à dire, mais en tant qu'ami, je te conseillerai de faire très attention à Temari et Kankuro.
- La situation de Temari est plus inquiétante. A propos, tu as fait ce que je t'ai demandé ?
- Oui, j'ai déposé le dossier mais ce sera refusé.
- Même si ton père et son prédécesseur appuient la demande ?
- Je n'ai pas d'existence officielle. C'était l'idée de Sarutobi-sensei alors il ne va pas aller dans le sens inverse maintenant. Quant à mon père, moins je lui pose de problème et mieux il se porte.
- Tu ne retourneras pas à Konoha tout de suite, alors.
- Ouais … Je n'ai pas envie d'aller au temple, Sarutobi-sensei ne me manque pas, et puis je le verrai de toute façon mi-octobre.
- Tu vas aller de l'autre côté ?
- Pas avec tout ce monde, ce serait le bordel intégral. Dans l'immédiat, j'aimerais aller chercher cette Sakura.
- Naruto …
- Kakashi m'en voudra à mort et ce n'est pas quelque chose d'envisageable.
- Ce n'est pas ta faute.
- Alors qui ? C'est moi qui n'ai pas voulu écouter Temari, l'autre a raison.
- A ce stade là, ça ne sert à rien de chercher qui a tord et qui a raison. C'est fait et on ne peut pas revenir en arrière. Tu ne peux plus qu'aller de l'avant et assumer tes responsabilités. Chercher cette fille s'apparente à se débattre mais tes liens ne feront que se resserrer.
- Je ne peux pas faire ça à Kakashi …
- Ce ne sera pas la première fois qu'il perd un coéquipier.
- Justement !
- Il est shinobi, il fera avec.
- Putain, tu comprends pas !"

Sasuke s'était habitué à l'obscurité aussi put-il vaguement voir la silhouette de Naruto se relever, jetant la couverture sur Gaara qui ne bougeait pas.

"J'irai chercher Sakura, même si je dois te laisser pour mort derrière moi, s'emporta Naruto.
- Je ne me battrai pas avec toi, répondit platement Gaara. Ce serait stupide.
- T'as peur de te prendre une rouste, avoue !
- Je suis plus fatigué que ce que je laisse paraître. La mission a été longue et éprouvante. Tuer ce type tout à l'heure n'a pas été évident. Et puis, ça n'aurait pas de sens. Est-ce qu'on se bat entre frère ?"

Naruto renifla. Il s'accroupit à côté de son sac pour en sortir quelque chose. Sasuke reconnut une gourde au bruit.

"Ne les préviens pas, ils s'en douteront de toute façon. Le temps qu'ils se réveillent et se décident, je serai déjà en bas.
- Les fûda ne sont pas sans conséquence sur toi, Naruto, fais attention. Tu ne pourras pas malaxer ton chakra normalement, ça peut prendre plusieurs jours pour que ton état se stabilise. C'est une situation dangereuse.
- Vivre est dangereux.
- Si tu le prends comme ça, va mourir et bon débarras."

Naruto vérifia son sac à dos avant de se relever.

"A la prochaine.
- Je transmettrai tes excuses à Temari.
- Ouais ouais …"

Jetant son sac sur son dos, le jinchûriki s'éloigna, faisant bruisser les herbes sèches. Le silence reprit ses droits sur le petit bosquet quelques instants. Sasuke ferma les yeux. Il s'en fichait. Ne plus avoir ce type sur le dos l'arrangeait. Kakashi serait furieux à l'aube mais il ne pourrait rien faire dans son état. Naruto aurait pris trop d'avance et ils devraient le laisser aller de son côté pour rentrer à Suna du leur. Ce serait très bien comme ça.

"Uchiha."

Sasuke sursauta légèrement. Il rouvrit les yeux pour constater que Gaara le fixait, certainement depuis longtemps. Savait-il qu'il avait entendu leur conversation ? Sasuke resta sur la défensive.

"Si tu veux rattraper Naruto, c'est maintenant ou jamais."

Le jeune homme ne cligna même pas des yeux. Il se leva aussitôt, sa couverture dans une main et son sac dans l'autre, poursuivant son foutu capitaine. La nuit était fraîche et claire, le ciel déjà plus transparent à l'orient. Sasuke rangea la couverture à la hâte et remit son sac en place avant de rattraper Naruto au bord du rift. Le jinchûriki haussa un sourcil en voyant arriver Sasuke.

"La discrétion, ça s'apprend.
- Sauf le respect que je vous dois, fermez-la, répliqua sèchement Sasuke en regardant les brumes du rift. On descend là ?"

Naruto soupira mais il n'y avait aucun signe d'agacement dans ce souffle. Sasuke se tourna un peu vers lui pour voir un sourire disparaître des lèvres de son coéquipier.

"Il ne fait pas jour, ce serait du suicide. On va aller plus vers l'ouest, il y a un passage moins escarpé mais ça va nous prendre des heures.
- Les autres ne nous suivront pas, insista Sasuke, pas s'ils doivent descendre. Ils ne peuvent pas se le permettre.
- Oh, siffla Naruto, mais c'est que tu ferais un bon déserteur."

Sasuke n'apprécia guère la plaisanterie mais suivit tout de même Naruto le long du rift. La nuit était calme, Sasuke n'avait pas l'impression de s'éloigner autant de Kakashi et des autres. Une impression bizarre l'accaparait. Il se sentait à la fois serein et oppressé. Ce n'était pas quelque chose d'agréable mais de grisant. Sasuke imaginait respirer un air nouveau, aspiré qu'il était par une vie nouvelle. Il se fichait des conséquences et n'y pensait même pas. Il n'y avait plus que le bruissement des herbes et cette silhouette devant lui qu'il devait suivre pour ne pas faire de faux pas. C'était tout ce qu'il avait à faire s'il voulait retrouver Sakura.

***

Très loin de là, à Konoha, le Quatrième Hokage contemplait l'aube naissante depuis son futon. Allongé comme il l'était, il ne voyait guère plus qu'un léger rosissement du ciel par la fine ouverture entre les shôji. Repoussant sa lourde couverture d'un coup de pied, il frissonna avant de se raisonner : c'était le vingt-trois août et Konoha subissait une vague de chaleur depuis près de soixante-dix jours, il ne pouvait pas frissonner. Attrapant à tâtons le T-shirt blanc qu'il avait lâchement abandonné durant la nuit, il se retourna pour être sur le ventre, grommelant à propos de la dureté des tatami neufs de la pièce. La porte coulissa de quelques centimètres pour laisser apparaître le regard perçant d'une femme en kimono sobre. Tatsumaki releva la tête, jetant un regard endormi à la kunoichi.

"Une lettre de Sarutobi-sama est arrivée nuitamment.
- Aaaaaaaaah, gémit Tatsumaki, par pitié, pas maintenant … Que le vieux singe me foute la paix quand j'me lève …
- Il y a aussi un message important du capitaine de la garde d'élite.
- Itachi-kun ? Donne-la moi, implora le Hokage en battant des pieds comme un enfant.
- Votre petit déjeuner vous attend, répliqua la kunoichi sans la moindre once de pitié."

La porte se referma aussi silencieusement qu'elle ne s'était ouverte sous le regard ennuyé de Tatsumaki. Il avait une chance folle d'avoir toutes ses femmes sous ses ordres directs mais celles-ci le maltraitaient sans honte dès qu'elles le pouvaient. C'était le Premier Hokage qui avait instauré cette garde rapprochée faite de l'élite des kunoichi du village caché de la feuille. Tatsumaki s'était dit, au début, que ce n'était là que le phantasme mal assumé d'un homme de pouvoir mais il pensait aujourd'hui que cette garde était nécessaire pour la survie du village. Sans ces quelques femmes, aucun Hokage ne pouvait gérer correctement son administration. C'étaient elles qui dirigeaient et gardaient, jalousement, la vaste demeure octroyée au chef du village tandis que monsieur vaquait à des contraintes plus guerrières. C'étaient elles qui recevaient les lettres importantes la nuit, elles qui veillaient au calme du village, elles encore qui s'occupaient des autres habitants de cette maison. Tatsumaki ne s'imaginait guère aller faire des courses le soir après sa longue journée de paperasse. Il ne s'imaginait pas non plus briquer le plancher ou faire la poussière. Cela faisait tellement longtemps qu'il vivait ici qu'il ne savait même plus comment on branchait un aspirateur (si tant est qu'il y en eut un dans ce logement de fonction).

Tatsumaki se leva, s'étirant du plus qu'il put puis se suspendant au montant de la porte pour remettre ses vieilles vertèbres en place. Ces longues années passées assis lui faisaient parfois regretter d'avoir signé. C'était dans ces moments-là qu'il se rappelait tous les avantages qu'il avait, cela valait bien des fesses plates et un tassement de vertèbres. Se grattant négligemment la tête, Tatsumaki parcourut les interminables couloirs de cette vieille bicoque sombre. Il s'était toujours demandé pourquoi il y avait autant de chambres, de salons, de salles de réception et d'autres encore alors qu'il y avait eu, au maximum, quinze personnes logeant ici en comptant la garde rapprochée. Quand on savait que cette garde comptait dix kunoichi, il y avait de quoi se poser beaucoup de questions. La petite histoire voulait que l'empereur ait offert cette demeure au Premier lorsque celui-ci eût fondé Konoha, ce qui expliquait peut-être la multitude de pièces inutiles qui n'avaient d'autre utilité que de prendre la poussière et coûter une fortune lorsqu'il fallait changer les tatami. Arrivant dans le salon particulier, qui était devenu au fil des années le salon principal puisque Tatsumaki y passait ses soirées, le Hokage s'assit à la table basse laquée de noir qu'il connaissait si bien. Cette rayure là était l'œuvre de Kakashi, ce trou provenait d'un coup de kunai du même Kakashi, ce pied bancal n'avait pour autre origine qu'une dispute avec ce très cher Kakashi. Tatsumaki soupira. Encore un matin où il ne s'entraînerait pas avec Kakashi.

A moitié affalé sur la petite table, Tatsumaki attendit les deux kunoichi qui lui apportaient quotidiennement sa pitance. Un instant, il se demanda s'il savait toujours faire cuire du riz ou bien s'il pouvait encore maîtriser une omelette. Soupirant encore, Tatsumaki dût bien se faire à l'idée qu'il aurait certainement beaucoup de mal à reprendre une vie normale. Il comprenait chaque jour un peu plus le choix de la retraite du vieux Sarutobi dans un temple, même s'il n'était entouré que d'hommes. Les pas calmes des deux kunoichi résonnèrent dans les couloirs vides de la demeure. La porte coulissa sans un bruit, laissant apparaître une femme mince et terriblement solennelle dans son kimono noir de rigueur. Ses longs cheveux noirs ne bougeaient pas d'un millimètre, ni même ses yeux d'un blanc de neige. Tatsumaki sourit sournoisement en voyant apparaître Hyûga Fumie chargée du premier plateau du petit déjeuner. Il se redressa, toujours souriant, pour laisser la place libre à la doyenne de la garde rapprochée qui ignora royalement l'air victorieux de son supérieur. Elle se contenta de déposer les petites coupelles contenant divers plats avant de se lever en silence pour laisser la place à la seconde kunoichi. Tatsumaki ne fit pas attention à celle-ci, trop occupé à regarder du coin de l'œil Fumie restée dans le couloir. La jeune femme se retira, fermant avec douceur la porte. Il l'adorait. Fumie était exactement le genre de femme pour qui il craquait complètement et à qui il aurait pu offrir la Lune sans arrière pensée. Froide et distante, toujours très sûre d'elle, elle n'en restait pas moins l'épouse officielle du chef du clan Hyûga. Ce n'était qu'un détail pour Tatsumaki qui restait très optimiste quant à ses chances de réussite. Tôt ou tard, cette Fumie craquerait. Son masque d'impassibilité tomberait et il serait temps pour Tatsumaki d'agir.

Soupirant d'aise, le Hokage attrapa d'une main ses baguettes et de l'autre la première enveloppe scellée. Avalant à la hâte sa soupe miso quotidienne, il lut avec attention le compte rendu d'Itachi qui était plutôt bon mais qui signalait un possible retard de deux jours. Tatsumaki plissa le nez. Il n'aimait pas les retards, quelqu'ils soient. Personne n'avait son entière confiance à Konoha et surtout pas Itachi. Ce genre de délai lui faisait imaginer le pire. Tatsumaki se raisonna : Itachi n'était pas seul, Ebisu et Aoba l'accompagnaient. Même s'il était fort, il ne pouvait se défaire des deux autres. Le Hokage relut la lettre, garda bien en mémoire chaque détail puis la déposa dans une coupelle de bronze où il la fit brûler. Retournant son attention sur son saumon grillé, il ignora la lettre du vieux Sarutobi. Tatsumaki prit le temps de déguster son petit déjeuner, laissant de côté le nattô comme chaque matin –Fumie s'obstinait- pour s'attarder sur les germes de soja flottant dans sa soupe. S'étirant encore un peu, Tatsumaki s'allongea sur les tatami pour contempler le plafond qu'il avait déjà étudié des milliers de fois. Il resta à ne rien faire une petite dizaine de minutes, flânant et rêvassant encore un peu, avant de se relever d'un coup de rein. Il attrapa la lettre du vieux singe, l'ouvrit sans plus de manière et se dirigea à quatre pattes vers un goban situé devant une affreuse estampe représentant le mont Myoboku dans les brumes matinales. Tatsumaki attrapa une pierre blanche qu'il posa selon le point qui était indiqué au début de la lettre de Sarutobi. Leur partie avait commencé six mois plus tôt, ce qui était assez court comparée à toutes les autres, Tatsumaki sentait que le vieux s'essoufflait, il pourrait prendre l'avantage sur ce coup.

Tout en réfléchissant au meilleur moyen de couper d'une manière ou d'une autre le territoire de blanc, Tatsumaki lut distraitement le reste du courrier. Sarutobi lui parlait immanquablement de la beauté du temple et de son calme (à croire que Konoha était le plus grand foutoir du monde), l'assiduité des apprentis moines (juste pour lui rappeler que l'académie devait être révisée), le sérieux des plus anciens (un reproche à peine dissimuler du manque de discipline de certains) et enfin de la pluie et du beau temps. Tatsumaki n'avait pas réussi à trouver ce que voulait dire le vieux par "le ciel est toujours aussi désespérément vide, cet été" mais il se doutait bien que cela cachait une réflexion à propos de quelque chose que Sarutobi voulait encore régenter. L'attention du Quatrième Hokage fut attirée par un post scriptum écrit à la hâte avec un peu trop d'encre.

"Savais-tu, Tatsumaki-kun, qu'on dit qu'un jinchûriki ne peut blesser son sang ?"

Tatsumaki fronça les sourcils avant de comprendre toute l'étendue du caractère "sang". Souriant malgré lui, il en oublia sa partie de Go pour se précipiter à travers les couloirs de sa demeure. Arrivant dans une aile qu'il n'avait pas visitée depuis plus de dix ans, Tatsumaki arracha un fûda qui scellait une porte. Il l'ouvrit en grand, fixant de ses yeux de fou la personne assise dans son futon.

"Bonjour, madame, sourit-il. Je crains fort que votre participation soit requise, aujourd'hui."

A suivre …


Notes
#Fûda : bande de papier sur lequel des inscriptions "magiques" ont été notées. Toutes les notes explosives et autres scellés de nos chers shinobi sont des fûda.
#Kekkai : barrière de protection faite d'énergie spirituelle ou bien symbolique.
#Goban : plateau du jeu de Go.
#Jeu de Go (ou igo) : débrouillez-vous …
#Fumie : pas de signification particulière, j'aimais juste la sonorité. Et puis, je vous le rappelle, quasiment tous les prénoms dans Naruto sont écrits en katakana, soit dans un syllabaire. Il y a rarement des kanji pour écrire les prénoms, ce qui fait qu'il n'y a pas de signification autre que celles des homophones.
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A regarder le ciel sans connaissances, on prend de vulgaires cailloux pour des étoiles.
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Message par Zetsui »

La suite de outcast est bien mais il manque quelque chose par rapport au début. dans les 4 premiers chap on va dire, j'étais excité quand je lisait, là je lit mais il y a quelquechose en moins comme si l'histoire s'essouflait un peu, un bilan un peu fade quand on finit les chap.

De plus, il y a un truc chiant dans ce chapitre 8( dans les autres chapitres, c'est moins marqué), c'est qu'il y énormément de mot japonais et c'est un peu chiant quand on sait pas ce que cela veut dire, on arrive à peu près à comprendre dans le contexte mais c'est quand même chiant à lire.

Voilà, un bilan plus mitigé en ce moment, j'espére que l'histoire, le suspens va retrouver la vigueur présente au départ car ça avait l'air sympa mais si ça se continue en ce sens, je pense que je vais décroché.

Bon courage pour la suite...
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Message par Aya Völsunga »

On reste un peu sur sa faim avec ces derniers chapitres...

Hum... J'ai l'impression de me perdre un peu dans l'épaisseur de la trame qui tu es en train de tisser... Toujours cette impression d'être suspendu quelque part à se demander où ce petit monde va... Quoique certaines choses sont intriguantes comme ce que trame le Kazekage... Peut-être une précision quand à l'histoire là dessous...

La multiplicité des intrigues est un peu déroutante, pas que je perde le fil, mais je me demande si tout ça est lié ou c'est juste pour donner de l'épaisseur et ne pas se concentrer exclusivement sur Naruto et compagnie... Enfin, je pense que tu sais où tu vas...

En tout cas, je peux te dire que la façon dont tu traites les personnages est très originale. C'est un AU, certes mais je trouve que ces personnages là on de la consistance. Tatsumaki est étrange, un peu lubrique, j'aime beaucoup son caractère, je le trouve vrai. Les autres aussi on un caractère qui me plaît et que je trouve convenant. C'est ce qui me fait le plus apprécier ta fication, d'ailleurs. Pas que l'intrigue ne me plaise pas, mais c'est pour ça que je lis, je crois ^^.
Il n'y a que Gaara que j'ai trouvé un peu effacé. Et puis Kankuro, medic-nin... Pourquoi pas... Enfin, tu fais ce que bon te semble, hein ^^.

La partie entre Sarutobi et Tatsumaki m'a fait sourire, j'aime beaucoup ce genre de petites scènes anecdotiques.

Ah, sinon, même s'il est vrai que le rythme s'est légèrement tassé (quoique là, les dernières scènes de bataille ont fait remonté la pression), je ne trouve pas cela gênant. Les pavés ne font pas peur à tout le monde, tant que ce n'est pas du blablatage pour combler et se dire que c'est pour faire de gros chapitres. En tout cas, cette fiction ne me donne pas cette impression là... J'ai plutôt l'impression qu'il y a un univers consistant derrière qui justifie tous ces petites passages anecdotiques. C'est un autre point fort de ta fiction, je trouve, cette épaisseur...

En tout cas, je t'encourage à continuer... J'ai bien envie de savoir comment ça va se passer et puis surtout ce qui est arrivé à Naruto quand même.. Fichtre, c'est intriguant...
Jainas
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Message par Jainas »

z'hop, deux chapitres d'un coup.

J'avais un petit doute face à la complexification de l'intrigue, mais là j'ai l'impression que tu cesses de tergiversser et que tu nous lances sur des rails bien plus tracés.

Ainsi dont le message pour eloigner Naruto était un faux... Etait-il lié à l'embuscade ? Ou est-ce une coincidence ? (Quoique pour un ninja, une "coincidence" est juste une conspiration très bien dissimulée).
D'ailleurs à ce propos la présence des Oto nin m'étonne. Ne les as tu utilisés que parce qu'on les connaissait, ou sont ils liés à Orochimaru malgré le fait qu'ils clament être simplement des chasseurs de prime ? (J'ai en toute honnêteté énormément de mal à voir un Kimimaro qui ne soit pas la poupée dévouée d'Orochimaru. D'ailleurs, qu'en est-il d'Orochimaru, tu l'as mentionné mais je n'ai pas réussit à déterminer s'il avait trahit ou non...)
Rejouer le combat Lee-Kimimaro était une idée sympa. Je trouve dommage d'avoir sortit Kakashi si vite de la scène, mais je suppose que c'était plutôt nécessaire pour la tension de l'intrigue.
Qui évolue plutôt bien.
Gaara est mature est beaucoup plus sociable, ça change agréablement. Son lien de fraternité avec Naruto n'est qu'esquissé mais on le sent très présent. Moi je trouve Kankuro plutôt pas mal en médic. Des trois c'est lui qui a la maitrise la plus fine et qui est le moins succeptible d'être pris dans un combat au corps à corps puisque sa spécialité est dans le combat à distance...

Comme toujours ton Naruto me déconcerte, (malédiction ? quoi que c'est que ça encore ???), mais sa décision d'aller chercher Sakura plus ou moins pour Kakashi est interessante. Et un ban pour Sasuke qui saute sans réfléchir sur l'aigle puis décide de le suivre :D Très bon l'idée de l'aigle d'ailleurs, inspiré des dessins originaux de Kishimoto je suppose ? :D


Ton Quatrième est décidément très réussit, assez difficile à cerner et pas totalement sympatique malgré son indiscutable compétence.

En fait, ce qui fait peut être un peu défaut, c'est qu'a force d'être sybilline, les sous-entendus passent inapperçus ou sont difficilement interprétable. Etre parfois un peu plus explicite pourrait être parfois utile.

Sinon, j'aime toujours autant :D

PS, contente ? un beau commentaire argumenté.
Hitto-sama
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Message par Hitto-sama »

Zetsui ;
Patience, on en est qu'au tout début ^^, Chronologiquement, cinq jours se sont écoulés entre le chapitre 2 et le 9, c'est pas grand chose sur une année. Le début est plutôt calme, c'est juste, et certains passages me lassent également mais c'est un passage obligé : la "découverte" des uns et des autres ne se fait pas sans un peu de temps et d'observation. De même, puisque je repars à zéro, je suis obligée de mettre en place, discrètement si possible, tout l'univers qui tourne autour de cette fic. Les conflits politiques, les religions, les différences de cultures, etc ... C'est un background que j'aime dépeindre mais qui peut être lassant pour d'autres qui préfèrent de l'action, c'est juste :/ Malheureusement, la vie d'un ninja n'était pas faite de combats quotidiens mais plutôt de longues infiltrations sur des mois voire des années. Je ne ferai pas ça dans Outcast ^^,
Les mots japonais que j'utilise sont expliqués à la fin de chaque chapitre (ou dans le suivant) ainsi que la plupart des termes non courants et spécifiques (en géologie). C'est un vocabulaire qu'on retrouve régulièrement dans les shônen (fûda, kekkai, ki/chi, etc ...). De plus, j'encourage n'importe qui à faire lui-même des recherches sur ce qu'il ne connait pas (un esprit curieux est un avantage certain que l'évolution nous a offert). Cependant, poser une question n'est pas une honte et je répondrai à toutes celles qu'on m'adressera (mais pas à celles concernant la fic, bien entendu :p).

Aya ;
"L'Histoire du monde n'est pas linéaire, chaque évènement a eu une influence sur un autre." C'est ainsi que je te réponds pour ce qui est du scénario ^^,
Kankuro a été choisi comme medic, comme le souligne Jainas, pour sa capacité à contrôler le chakra (précision) et son statut d'attaquant à distance (préservation). Quant je vois Temari combattre dans le manga ou l'anime, j'ai franchement peur de ce qu'elle pourrait faire à un blessé ^^, Quant à Gaara, il n'est pas si effacé que ça. C'est, finalement, sur lui que repose quasiment tout le chapitre huit.
Hum ... Ce qui est arrivé à Naruto ... On en saura plus dans quelques chapitres ... Trois, peut-être quatre après le neuvième. J'ai un plan prédéfini sur papier mais il a été rallongé ces derniers temps (Sakura devait disparaître à la fin du chapitre cinq et c'est finalement au septième qu'elle tombe :/).

Jainas ;
Effectivement, les principales intrigues de la première partie sont lancées (certaines dépasseront cette première partie pour se poursuivre plus tard ou juste reprendre dans le futur) mais il y a encore quelques subdivisions à mettre en place (ça c'était du spoiler ou je m'y connais pas @___@).
Orochimaru ... euh ... est très lié à ce qui est arrivé ou ce qui va arriver à Naruto XD Je préfère diluer les informations dans la masse pendant un moment puis donner clairement la solution et tout paraît alors évident (le comportement de certains, des phrases, des regards, etc ...). C'est comme un roman policier : tout sera élucider à la fin.
Sortir Kakashi aussi vite ? O__O Mais il s'est fracassé le crâne contre le sol O_________O,,, Ninja, d'accord, Superman, pas d'accord.
Bonne déduction pour Kankuro ^^
Pour l'aigle, c'est effectivement une idée inspirée des dessins de Kishimoto. 'faut bien se servir des documents qu'on a XD Et puis j'avoue qu'il y a un petit côté Seigneur des Anneaux qui ne me déplaît pas ...
Le Quatrième ? Arf, j'l'aime trop XD Je peux pas être objective sur lui puisque c'est un Gary Tsu total et complet, l'idéal du tyran, l'essence même d'un dictateur rusé et calculateur, le parfait petit gourou. Mon model politique, en somme ...
Je prends note. "Etre un peu plus explicite" ... Chapitre neuf :/

Merci pour vos commentaires. Je lirai les fics et les commenterai dès que j'aurais un peu de temps @_____@,,

Titre : Outcast
Auteur : Hitto-sama
Base : Naruto
Genre : Hitto-sama, UA
Disclamer : Les personnages et l'univers du manga "Naruto" ne m'appartiennent pas.
Note : Long à écrire fut ce chapitre, du bonheur sa lecture vous apportera.

-¤ Outcast ¤-
Chapitre 09 : Rencontres au fil du vent


Le fond du rift d'Akueki n'était pas ce que l'on pouvait qualifier de lieu très accueillant. Les rares personnes y passant n'étaient autres que des ninja ou bien des mercenaires qui ne s'embêtaient pas à faire un détour d'une centaine de kilomètre pour aller de Suna à Ame, bien que les deux villages cachés ne s'envoyaient que très rarement des messagers. De hautes cheminées fumantes laissaient s'échapper des gaz toxiques qui s'éparpillaient aux vents fréquents de la vallée. Un large torrent bouillonnant serpentait entre les blocs de roches venant des hauteurs, formant ici et là des bassins aux couleurs différentes : jaune pour le souffre, ocre pour la rouille, vert pour l'acide. Il n'y avait que quelques rares arbustes qui s'accommodaient de cette vie faite de chaleur et d'ombre. En effet, le fond du rift ne voyait pas souvent le jour. Si tôt le matin, on ne voyait que le ciel s'éclaircir un peu et le haut de la falaise s'éclairer mais pas trace d'un rayon de soleil qui aurait pointé son nez ici bas. Il faudrait attendre la dixième heure du jour pour qu'enfin un peu de lumière arrive au fond, si les brumes toxiques stagnant à une centaine de mètres le permettaient. Tout était calme ce matin, une fois de plus, il n'y avait que l'écho des pas d'un homme marchant seul et sa chanson qui troublaient la quiétude ambiance.

"Lève la jambe,
Voilà qu'ça entre !
Lève la cuisse, cuisse, cuisse,
Voilà qu'ça glisse !
Oh ! Hisse !
Tiens ?"

Le grand homme à l'allure titanesque s'arrêta sur la sente qu'il suivait, voyant un morceau d'étoffe rouge flotter dans la brise du goulot où il se trouvait. Levant le nez, il aperçut un bras dépassant d'un tas de gravas, un bras de femme. Se frottant les mains, le vieil homme sauta lestement jusqu'à un rocher au dessus des éboulis pour voir un peu mieux. Le spectacle ne le déçut pas : allongée parmi les cailloux ocres et rouillés du talus, se trouvait une jeune femme à la tenue bien malmenée. Le pèlerin s'accroupit et détailla la jeunette, imaginant un instant ce qu'aurait pu être la courbe de son mollet si sa jambe n'avait pas été si bizarrement pliée. En dehors des ecchymoses et des coupures, il n'y avait pas grand-chose à voir si ce n'était ses cheveux d'une coloration peu commune. Son regard s'arrêta sur un fâcheux détail : un bandeau frontal gravé à l'insigne de Konoha. Celui-ci était coincé sous la tête de la jeune femme et un peu de buée se formait sur le métal froid à intervalle plus ou moins régulier. Le vieil homme se releva, contemplant de toute sa hauteur la malheureuse.

"Dommage pour toi, gamine, mais je ne sauve pas les shinobi. Il vaut mieux que tu meures aujourd'hui, ça t'évitera beaucoup de soucis. La vie de ninja n'est pas joyeuse."

Sautant sur le petit chemin, il reprit sa route sans s'attarder. Alors qu'il avait parcouru une vingtaine de mètres, il entendit un bruit de chute. Se retournant, il eut la surprise de voir le bras visible depuis la route bouger. L'ermite se gratta la tête, faisant tomber au sol quelques longs cheveux blancs.

"Cheveux rose, cheveux rose … Aaaaah, bougonna-t-il, Tatsu m'a bien parlé d'une gamine aux cheveux rose. L'élève de ce sale gosse, je crois …"

Il soupira, rebroussant chemin. Arrivant à hauteur de Sakura, il lui effleura la joue pour dégager son visage.

"C'est une sale journée qui s'annonce. Je devrais me dépêcher de rentrer."

Il prit soigneusement la kunoichi dans ses bras et sauta à nouveau sur le chemin pour partir à toutes jambes, bondissant plus qu'il ne courrait. Au nord, de lourds nuages se rassemblaient.

***

Shikamaru fut réveillé ce matin là par un coup de pied dans les côtes. Il était plus ou moins habitué à la douce voix de sa mère qui lui arrachait ses couettes, seule source de plaisir chez cette femme selon lui, mais ce traitement là n'avait rien de commun avec l'autre. Grommelant, Shikamaru s'assit sur le parquet crasseux de ce petit temple à l'abandon, refuge qu'ils avaient trouvé pour la nuit. Shino dormait toujours, adossé à un mur, tandis que Kiba bougeait à côté de Shikamaru, se débattant dans sa couverture. Akamaru vint lécher le visage de son nouveau compagnon de route qui ne chercha pas à se débattre. A quoi bon ? Il n'avait pas un chien en face de lui mais un veau. S'il décidait de fuir, cette énorme boule de poils l'assommerait d'un coup de patte. Après le petit câlin du matin joyeusement offert par son récent meilleur ami autoproclamé, Shikamaru se leva complètement, s'étirant du mieux qu'il pouvait mais ce n'était guère évident puisqu'il touchait le plafond sitôt ses mains au dessus de la tête. Il se demanda un instant comment ils avaient pu s'entasser dans cette minuscule cabane sentant bon le moisi et, depuis peu, le chien. Shikamaru ne chercha pas à comprendre, préférant sortir pour prendre l'air. Les gonds cédèrent lorsqu'il poussa les panneaux de bois rudimentaires et ceux-ci tombèrent au sol avec grand fracas qui réveilla Shino. Ce fut la vive lumière de l'aurore qui tira Kiba de ses rêves ainsi que quelques coups de pieds de son coéquipier de longue date.

Le temple miteux où ils avaient passé la nuit se trouvait loin de Fuyumi, sur les contreforts des monts bordants la vallée fluviale. La vue était tout simplement saisissante dans la lueur du matin. Une brume matinale s'élevait des champs et du fleuve, nappant le village de Fuyumi d'une douillette couverture duveteuse. Les cultures d'un beau vert contrastaient à merveille avec le ciel d'un bleu pâle et la lumière dorée de l'aurore. L'odeur de la terre humide emplie les narines de Shikamaru qui respira avec délice ce parfum. Il faisait frais et beau, une journée idéale. Un tintement retint l'attention du chûnin qui arma aussitôt un kunai dans sa main. Il ne fallut pas longtemps pour qu'un bonze portant un vieux kimono élimé brun ainsi qu'un grand chapeau de paille conique arrive par le petit chemin longeant les pentes douces des collines. Le vieil homme à la peau de parchemin s'arrêta pour regarder l'adolescent, visiblement peu surpris de sa présence ici. Il soupira en constatant que les portes étaient une nouvelle fois tombées mais ne dit rien à propos.

"Quel âge as-tu, bonhomme ? demanda le bonze d'une voix fatiguée.
- Quinze ans, marmonna Shikamaru en faisant semblant de ranger son kunai.
- T'es bien jeune pour déserter … À moins que tu n'aies fugué ? ricana-t-il en toussant un peu.
- Y'a pas d'âge pour se rendre compte que Konoha ne peut pas faire de moi quelqu'un de fort."

Le bonze haussa un sourcil broussailleux, ce qui rida encore plus sa peau. Il toussa plus sérieusement, se pliant en deux sous l'effet de la douleur. Shikamaru fit discrètement signe aux deux autres de rester cachés et sortit pour aider le vieil homme à se redresser. Il lui tapota gentiment dans le dos en marmonnant qu'un vieux aussi rachitique ne devrait pas s'amuser à partir tout seul s'il voulait vivre encore longtemps. Le bonze s'accroupit au sol, crachant ses glaires. Shikamaru resta debout, fourrant ses mains dans ses poches en regardant ailleurs. Soudain, il se retrouva allongé sur le chemin et un long bâton de bois appuyait sur sa gorge, pouvant l'étouffer d'un instant à l'autre. Le vieux ne semblait plus du tout inoffensif en se tournant vers le petit temple décati.

"Sortez de là, vous autres."

Shino et Kiba se regardèrent un instant avant de finalement sortir, près à tout. Akamaru resta sur les talons de son maître. Le vieil homme les regarda longuement, retirant son chapeau pour dévoiler son crâne chauve et lustré. Il repoussa finalement son bâton de la gorge de Shikamaru qui se releva aussitôt, prenant un peu de distance. Le bonze secoua distraitement la main.

"Allons, vous ne pouvez pas grand-chose contre moi. Venez au temple, vous pourrez au moins y manger quelque chose."

Sans rien dire de plus, il reprit son chemin, faisant disparaître son long bâton de bois dur dans un nuage de fumée. Les trois chûnin s'entreregardèrent avant de hocher la tête. Ils prirent rapidement leurs affaires pour ensuite suivre le bonze qui ne les avait pas attendus. Shikamaru, Shino, Kiba et Akamaru marchèrent à une distance respectueuse de l'homme pendant une trentaine de minutes sur le chemin cabossé et parsemé d'herbes folles. Dans le pli entre deux collines se dressa la lourde charpente des temples traditionnels faite de troncs entiers. Bruni et attaqué par le soleil, le bois semblait avoir quelques siècles, ce qui était assez rare pour pareille construction. Situé sur une longue terrasse artificielle soutenue par un imposant mur de larges pierres, le temple dominant discrètement la vallée. D'ici, il pouvait voir Fuyumi sans problème mais on ne distinguait pas le temple depuis la ville, un net avantage. Shikamaru admira un instant les poutres sculptées et les cordes sacrées qui y étaient suspendues sur lesquelles des herbes poussaient. Le toit n'avait plus de tuile, il avait été refait en chaume, autre terrain de prédilection des graminées et des oiseaux. L'ensemble paraissait bancal et usé, au même titre que la niche dans laquelle ils avaient dormie. Le bonze les guida jusqu'à l'arrière du temple où se trouvait une cuisine rudimentaire de laquelle s'échappait une odeur de gruau et de sel. Un bruit de casserole suivi d'injures résonna alors que des oiseaux s'envolaient. Le vieil homme ricana en invitant les trois adolescents à rentrer, Akamaru restant à la porte en faisait des yeux de chiens battus.

Shikamaru, Kiba et Shino surprirent une dispute des plus mouvementées entre deux hommes, l'un vêtu de blanc et l'autre de noir. Le premier, aux cheveux mi-longs et gris plaqués en arrière, portant une haori blanche sur son torse nu ainsi qu'un pantalon grisâtre, promettait mille souffrances à l'autre, plus petit et dont le visage était caché par un masque orange gravé d'une spirale. Celui-ci portait une étrange tunique noire bardée de lanières et de boucles. Ils semblaient bien plus jeunes et énergiques que le bonze ici présent. Les deux s'arrêtèrent en entendant le vieil homme tousser.

"Ah, t'es revenu, le vieux, marmonna le grand aux cheveux gris. Le p'tit dej' sera près dans pas longtemps.
- Ça tombe bien, ricana le bonze en sortant un petit paquet de l'intérieur de son kimono, j'ai rapporté du miso de Fuyumi. Tobi, prépares-en pour nous tous, veux-tu ?
- Oui, Ji-san."

L'homme au masque s'empressa de prendre le petit paquet de papier brun et de préparer une soupe avec d'autres légumes tandis que l'autre s'asseyait sur le parquet surélevé près de la porte, regardant froidement les trois invités inopinés.

"Et eux ? demanda-t-il en penchant la tête sur le côté, sourire mauvais à l'appui."

Le bonze haussa les épaules.

"De pauvres gosses paumés. Vous vous appelez ? fit-il d'une voix aigue en se tournant vers les trois chûnin.
- Nara Shikamaru, commença celui-ci. Voici Aburame Shino et Inuzuka Kiba.
- Et Akamaru dehors, nota Kiba en souriant à Shikamaru.
- De Konoha, hein ? reprit l'homme aux cheveux gris. Vous avez retiré votre bandeau frontal mais ça sert à rien. Ne donne pas ton nom de famille aussi facilement, gamin."

Shikamaru regarda froidement l'homme à la haori. Il avait visiblement affaire à un déserteur de longue date accompagné d'un camarade ou d'un associé bien que le ton de leur dispute le faisait plutôt pencher pour une relation d'aîné à cadet. Le premier était sûr de lui et de sa force, gardant une attitude complètement décontractée face à trois ninja qu'il ne connaissait pas. Le second paraissait insouciant tout en chantonnant une mélodie et touillant son bouillon. Ça ne plaisait pas du tout à Shikamaru. Kiba grogna devant le temps que mettant son capitaine à ouvrir la bouche.

"On a quitté Konoha y'a trois jours, répondit Kiba en accusant le regard noir que lui lançait son chef d'équipe. On a profité du bordel ambiant qu'a provoqué une intrusion pour se tirer.
- Un bordel ambiant ? répéta le bonze.
- Un souci avec le clan Uchiha, continua Kiba en s'avançant un peu. Il paraît qu'un jônin balèze s'est fait arracher les yeux, rajouta-t-il sur le ton de la confidence.
- Et c'est pas vous qui les avez, ces yeux ? demanda le déserteur à la haori.
- Non, assura le maître-chien en haussant les épaules. Si ça ne tenait qu'à moi, je n'me planquerais pas à Fuyumi, c'est trop proche de Konoha, mais mes associés voulaient y faire étape avant d'aller voir ailleurs ce qui s'y passe. On veut aller à Kusa, il paraît qu'ils ont une dent contre Konoha et que toute info est largement récompensée.
- Va à Iwa si tu tiens à te faire de la tune."

Le sourire en coin de l'homme aux cheveux gris ne plut absolument pas à Shikamaru mais il préféra se taire. Kiba n'était lui-même pas très rassurée cependant il semblait extérieurement assuré et parfaitement capable d'en découdre. Il s'avança pour tendre la main à l'homme assis.

"On la refait ? J'm'appelle Kiba.
- Hidan, répondit celui-ci en lui serrant la main. Et le boulet, là, c'est Tobi."

Ledit Tobi fit un salut de la main très enfantin avant de retourner son attention sur son bouillon. Le bonze cracha encore ses poumons avant de faire visiter le temple en ruine. Il n'y avait que des salles plus ou moins dégradées avec de vieilles peintures écaillées et une odeur d'encens qui avait imprégné les murs au fil des années. La lumière dorée du matin rendait la visite des plus agréables. Kiba repensait aux décors des rares films que sa mère l'avait laissés regarder à la télévision quand il était petit, cette même impression de splendeur s'en dégageait. Une fois le tour du propriétaire terminé, le bonze demanda aux trois adolescents d'aider Hidan et Tobi aux cuisines tandis qu'il allait réveiller les autres. Shikamaru obtempéra, ne retrouvant pas les deux déserteurs avec plaisir. Sortant quantité de bols et de baguettes, il se demanda combien de personnes logeaient ici et si elles étaient toutes des shinobi. Hidan ordonna à Kiba de porter avec Shino la lourde marmite de gruau de riz tandis qu'il s'occupait lui-même de celles de légumes cuits à l'eau et une de soupe miso encore fumante. Shikamaru fut chargé de porter une caisse entière remplie de baguettes mal taillées et Tobi s'occupait des bols. Le tout fut amené à la salle principale où une cinquantaine d'hommes baillant attendaient. Le vieux bonze les fit s'aligner en une colonne et commença la distribution de gruau et de légumes flottant dans la soupe. Les trois nouveaux furent servis en même temps que Hidan et Tobi, en dernier, alors que les autres se dispersaient. Peu d'entre eux restèrent dans la grande salle, préférant retourner dans les petites pièces qui servaient de chambre. Commençant à petit déjeuner avec plaisir, Shino se permit un soupire satisfait. Tout ici était intéressant et ses insectes, discrètement semés au cas où, s'y plaisaient grandement. Le vieux bonze attrapa un des bols de bois mal dégrossi et commença à racler le fond de la marmite de gruau pour y récupérer le riz grillé.

"Comme vous pouvez le voir, les enfants, il y a beaucoup de monde ici, dit-il en mangeant avec les doigts le riz décollé. Vous pouvez rester aussi longtemps que vous le voulez du moment que vous aidez la communauté, c'est comme ça que ça marche.
- Ils aident en quoi, les autres ? demanda Shikamaru en faisant référence à la multitude qu'il avait vue un peu plus tôt.
- Certains préparent le déjeuner, d'autres le souper, d'autres encore cultivent les légumes que vous mangez et ainsi de suite. Certains, comme Hidan, ne sont que de passage mais reviennent régulièrement. D'autres, comme Tobi, m'aident à protéger cet endroit et restent ici jusqu'à ce que mort s'en suive. "

Shikamaru lança un regard à Tobi qui n'avait pas encore touché à son petit déjeuner, tenant son bol plein de gruau dans une main et ses baguettes dans l'autre, son masque toujours en place. Il détourna le regard, attiré par un oiseau s'envolant à l'autre bout de la pièce puis reporta son attention sur l'homme en noir, tenant son bol de gruau vide cette fois-ci. Shikamaru fronça un peu les sourcils avant de lâcher l'affaire. Ce n'était pas la première fois qu'il côtoyait pareil zinzin.

"Y'a un trésor à protéger ? demanda Kiba d'un air intéressé.
- C'est bien plus qu'un trésor, ricana le bonze, mais un shinobi dans ton genre n'a aucune idée de toute l'ampleur de la chose. Aucun ninja ne peut le comprendre.
- Pourtant, marmonna Shikamaru, vous êtes shinobi."

Le vieil homme rit à nouveau, ce qui déclencha une quinte de toux visiblement douloureuse. Tobi se chargea cette fois de lui tapoter le dos avec complaisance, une aura de bonnes intentions s'échappant de lui. Une fois calmé et délesté de quelques glaires, le bonze reprit la parole.

"Je ne suis qu'un bonze qui a appris à se défendre en accueillant quelques mercenaires par le passé. Je ne fais nullement partie de votre simili secte céphalocentrique.
- A quelle secte appartenez-vous ? questionna innocemment Shino en regardant autour de lui.
- On dit «religion» lorsque le daimyô est converti, mon petit, répondit le bonze d'un air malicieux.
- Alors vous êtes un prêtre shintoïste, c'est ça ?"

Le bonze hocha la tête pour répondre à Shino. Comme tout shinobi, Shino et ses deux camarades avaient reçu une instruction religieuse et on leur avait recommandé très jeune de ne jamais croire en une quelconque entité supérieure autre que le Hokage. Un ninja se devait de connaître les religions pour pouvoir les utiliser en cas d'infiltration longue et exploiter aux mieux les croyances populaires s'il fallait duper la masse. Le trésor que sous-entendait le bonze devait être une relique quelconque d'une certaine valeur que personne n'aurait pensé venir voler ici tant le temple paraissait hors d'âge – ou tout simplement inhabité.

"Qu'y a-t-il à faire si on veut rester ? demanda Shikamaru en posant son bol."

Kiba et Shino le regardèrent lourdement. Ils ne s'étaient pas concertés et cette décision ne leur plaisait pas vraiment. Le vieil homme arrêta de racler sa marmite pour lever la tête vers la toiture qui laissait apparaître le jour. Il resta tellement longtemps la tête en l'air que les autres l'imitèrent, certains d'y trouver quelque chose de subjuguant. Le bonze baissa alors la tête, replongeant dans sa marmite.

"Le temple est en bien mauvais état …"

Shikamaru tiqua et regarda le prêtre d'un air totalement crispé.

"Vous voulez … qu'on répare le toit ?
- C'est ça, répondit le bonze en se relevant.
- Y'en a pour quinze ans, nota Kiba, et puis, on n'est pas charpentier.
- Un shinobi doit être capable de tout."

Le vieux ricana alors que Shikamaru baissait la tête, vaincu. Kiba lança un regard ennuyé à Shino qui lui répondit d'un discret sourire. La situation l'amusait assez.

***

Kakashi regardait le fond du gouffre avec une terrible envie de rejoindre Naruto et Sasuke d'un bond mais il savait que Gaara l'en empêcherait et que toute forme de tentative de suicide serait étouffée dans l'œuf. Il soupira longuement, admirant les brumes mouvantes qui se dispersaient peu à peu. Cette mission était un fiasco total. Le jinchûriki qu'il devait protéger s'était volatilisé et ses deux élèves avaient disparu. De plus, deux membres de l'équipe arrivée en soutient étaient blessés, dont l'un gravement. En tant que capitaine d'équipe, il avait tout faux. Il ne s'en tirerait pas cette fois-ci avec un simple blâme, des sanctions bien plus importantes allaient être prises. Un raclement de gorge lui fit tourner la tête pour voir Gaara qui commençait à s'impatienter à côté de lui. Le jeune homme n'avait donné aucun détail à propos du départ de Naruto et Sasuke. Il s'était contenté d'un regard neutre lorsque Kakashi l'avait secoué comme un prunier et d'un simple «ils reviendront» d'un ton sûr. Kakashi n'avait pas pu le tuer de ses mains, trop affaibli par la déconfiture qu'il avait subi le soir précédent. Il faisait un bien piètre ninja et s'en mordait les doigts à l'heure actuelle. Gaara descendit du gros rocher où se tenait Kakashi d'un bond souple et commença à partir sans mot dire. Gai se précipita pour aider son rival, le prenant sur son dos pour le retour. Tenten marchait d'elle-même et Neji portait Lee, toujours inconscient. Kankuro semblait souffrir du manque de sommeil de ces derniers jours mais restait tout de même très professionnel dans son attitude. Gai ne se leurrait pas. Il n'y avait que les deux ninja de Suna qui pourraient intervenir en cas de problème. Sans rien ajouter, la petite troupe suivit le jinchûriki qui les ramenait au village caché du sable.

Quelques centaines de mètres plus bas, Sasuke touchait enfin le fond du rift après plusieurs heures de descentes périlleuses. Même voir clairement où il posait les pieds n'était pas un avantage certain et Naruto lui avait sauvé quelques vies en le rattrapant in extremis. Sasuke avait lui aussi rattrapé son capitaine plus d'une fois et ne s'estimait pas trop redevable. L'air était déjà lourd et chaud en bas, bien qu'un vent désagrément âpre soufflait par intervalle. Sasuke ferma un instant les yeux pour les protéger de la poussière de rouille soulevée par le vent. Il leur restait beaucoup de chemin pour arriver au niveau de la chute de Sakura et là encore tout n'était pas joué. Aucun des deux ne savait précisément où elle était tombée, ce qui étendait la zone de recherche à un bon kilomètre au fond et sur toute la hauteur du talus. Sasuke n'était pas très optimiste quant à leurs chances de réussite. Naruto ne pouvait pas malaxer son chakra, d'après ce qu'il avait entendu, ça ne les arrangeait pas. Sasuke ne connaissait aucune invocation lui permettant la recherche d'une personne – il devrait penser à demander à Kakashi de lui enseigner l'invocation des crocs traqueurs pour la prochaine fois. Avec un peu de chance, Kakashi oublierait sa paranoïa galopante et accepterait de céder quelque chose à ses élèves sans trop rechigner.

Rouvrant les yeux, Sasuke admira un instant la gamme de couleurs s'offrant à lui. L'eau mousseuse du torrent, en dehors de ses odeurs nauséabondes, offrait un spectacle magnifique à toute personne qui s'y serait intéressé un tant soit peu. Sasuke abandonna rapidement l'idée de contempler l'endroit lorsqu'il vit que Naruto n'avait absolument pas l'intention de s'attarder. Suivant son capitaine les mains dans les poches, Sasuke activa ses Sharingan pour scruter le moindre mouvement aux alentours. Naruto se retourna à peine et claque sa langue.

"Je t'ai dit de ne pas te fier à tes yeux.
- Vous avez dit de ne pas «trop compter sur» mes yeux, rectifia Sasuke en scrutant la falaise.
- Ça revient au même, marmonna Naruto en regardant droit devant lui.
- La manipulation du langage n'est pas votre fort, je me trompe ?"

Naruto ne répondit pas, se contentant d'agrandir un peu sa foulée. Sasuke ignora cet agissement des plus puérils.

"Vous n'étiez pas capitaine dans votre précédente équipe, n'est-ce pas ?
- Non, grommela Naruto.
- Je suppose qu'à partir d'un certain stade, la force ou le grade n'est plus l'élément qui motive la nomination du chef. Ce serait plutôt son élocution.
- Sous-entends-tu que, sous prétexte de belles phrases, je devrais te céder la place ?
- Nous sommes tout les deux jônin, effectivement …"

Naruto ricana.

"Tu es en période d'essai et, après ce que tu viens de faire, t'es bon pour rester chûnin pour le restants de tes jours.
- Je ne fais qu'obéir aux ordres de mon capitaine, railla Sasuke.
- Je ne t'ai pas demandé de me suivre, rappela Naruto en lançant un regard noir à son coéquipier.
- Vous ne m'avez pas interdit de ne pas vous suivre non plus."

Ce fut au tour de Sasuke de ricaner bêtement, assez content de voir le jinchûriki être agacé. Il sentait qu'il pouvait se le permettre dans pareil moment. Etre seul avec Naruto lui permettait des familiarités et une franchise toutes surveillées. Sasuke n'oubliait pas que son coéquipier n'avait pas besoin de pouvoir malaxer du chakra s'il voulait mettre fin aux jours de n'importe qui, lui compris. De longues minutes s'écoulèrent sans qu'une réplique cinglante ne vienne troubler le calme qui s'était installé entre eux. Sasuke finit par se demander si Naruto cherchait vraiment quelque chose à répondre ou bien s'il se taisait volontairement, ce qui impliquait qu'il prenait toutes les responsabilités de leur départ sur son compte. Ça ne plaisait franchement pas à Sasuke. Il assumait pleinement ses choix, qu'ils soient bons ou mauvais. S'il retrouvait Sakura, c'était tout ce qui lui importait. Retournant son attention sur la falaise, Sasuke continua à marcher en silence. Une longue heure passa sans qu'un mot ne soit échangé ni même un regard. Il en était à présent sûr : Naruto l'ignorait. Rien ne lui fit plus plaisir à cet instant que de se savoir accompagné mais tout de même seul au monde. Sasuke allait se manifester lorsque son regard fut attiré par quelque chose qui volait. Attrapant la chose par réflexe, Sasuke se trouva assez ridicule lorsqu'il ne vit qu'un fil blanc entre ses doigts. Il allait le relâcher lorsque Naruto lui saisit fermement le poignet.

Soudain, une intense sensation de brûlure lui coupa la respiration. Naruto le regarda avec étonnement ouvrir la bouche sans qu'aucun son ne sorte et réalisa, trop tard, qu'une tache noire se formait sur la peau de Sasuke. Il le lâcha brusquement et se recula alors que Sasuke tombait à genoux, serrant son bras du plus qu'il put.

"De la terre, hurla Naruto, mets de la terre !!"

Obéissant en reprenant tant bien que mal son souffle, Sasuke racla le sol pour recouvrir son avant-bras de terre. Celle-ci prit la teinte noire caractéristique de la malédiction avant que la douleur ne s'estompe petit à petit. Naruto restait à bonne distance, regardant tout cela avec une extrême prudence. Quand Sasuke avait-il pu être en contact avec son sang ? La veille, certainement, il n'y avait pas d'autres possibilités. Naruto se concentra pour se rappeler au mieux les évènements de la soirée, cherchant dans ses souvenirs le moindre détail crucial. Rien n'attira son attention aussi jura-t-il à propos de la discrétion de certains ninja qui s'appliquaient bien trop dans leur métier.

"Comment ? demanda finalement Naruto d'un ton sec."

Sasuke souffla un peu avant de se relever, restant assis sur ses talons, le bras encore recouvert d'une fine pellicule de poussière.

"Quelque chose a piqué ma main hier soir, je pensais que c'était une épine ou un brin d'herbe. J'n'y voyais rien à cause de la luminosité …"

Naruto s'avança pour s'affaler en face de Sasuke, se grattant la tête à travers son bandana et ses bandages. Il n'avait touché Sasuke que du bout des doigts –Gaara avait arrêté de s'acharner sur sa main à partir des premières phalanges- et pourtant il avait réagi. Une compatibilité des groupes sanguins ? Naruto n'y croyait pas mais rien ne l'empêchait de demander.

"T'es de quel groupe sanguin ?
- AB, répondit Sasuke en fronçant les sourcils. Pourquoi ?
- Je suis B, marmonna Naruto en détournant la tête.
- Et merde …"

Naruto sourit distraitement en remontant sa manche, commençant à défaire ses bandages. Il en retira deux bons mètres avant de trancher cette partie avec un kunai. Calmement, il rembobina la bande et commença à l'appliquer sur le bras de Sasuke qui serra les dents. L'application des fûda le brûlait tout autant que le contact direct avec Naruto. La douleur diminua peu à peu mais lui vrilla tout de même le bras plus d'une fois. Naruto se releva, regardant les alentours avec sérieux.

"L'endroit n'est pas très fréquenté, il n'y a pas ce qu'il faut pour calmer la douleur. Tu tiendras ?
- Ouais, grommela Sasuke en se remettant debout. Il faut bien."

Naruto n'avait écouté que d'une oreille, poussant Sasuke pour passer derrière lui. Il récupéra le fil blanc qui s'était coincé entre deux rochers et le détailla un peu. C'était bien ce qu'il pensait : un cheveux. Naruto en fit une petite boule qu'il glissa dans une poche intérieure de son gilet et repassa devant Sasuke comme si de rien n'était. Le nouveau promu n'eut d'autre choix que de suivre son capitaine s'il ne voulait pas être laissé en arrière, Naruto ayant visiblement décidé de rester muet un moment. Après une petite quinzaine de minutes à marcher en silence, Naruto s'arrêta et étudia longuement une trace sur le chemin. Sasuke se demanda s'il ne suivait pas en fait un fou lunatique et tyrannique et recula un peu lorsqu'il vit que Naruto s'intéressait à nouveau à son existence.

"On ne trouvera pas ta copine, elle a été récupérée par quelqu'un d'autre."

Sasuke en oublia de respirer un instant mais son bras lui rappela que certaines choses étaient essentielles à sa survie. Naruto claque des doigts pour reporter l'attention de son coéquipier sur lui.

"Je sais qui l'a embarquée. S'il a pris la peine de la récupérer, c'est qu'il s'en occupera et qu'elle ne mourra pas, quelque soit son état.
- Qui est-ce ? demanda Sasuke d'une voix enraillée."

Naruto était très tenté de lui répondre «un vieux pervers» mais il s'abstint, assez convaincu que ça ne rassurerait pas Sasuke.

"Un de mes professeurs, répondit Naruto en haussant les épaules. Bon, puisqu'on n'a plus rien à faire, on est vraiment des déserteurs … Il va falloir qu'on fasse quelque chose si on veut rentrer à Konoha sans trop se faire engueuler.
- Ramener Sakura n'est pas envisageable ? grogna Sasuke.
- Oh … si, admit Naruto d'un ton léger, mais ce ne sera pas suffisant. Le Hokage se fiche de cette fille, elle n'est que l'élève de son élève, rien du tout en somme. Perdre Kakashi ne lui arracherait pas la moindre larme, ça l'ennuierait tout au plus de ne pas pouvoir le tabasser chaque matin, alors un disciple … Non, ce qu'il nous faut, c'est quelque chose de bien mieux.
- Sauver une princesse ? se moqua Sasuke. Ramener un trésor ? Tuer un méchant ?
- J'crois que t'as pas bien saisi qu'on était les méchants …"

Sasuke soupira lourdement. Il n'avait jamais pensé entendre de si longues répliques de la bouche de son capitaine mais celui-ci se laissait peut-être un peu trop porté par l'emphase du moment. Etre délesté de la recherche de Sakura lui donnait meilleure mine que jamais. Sasuke apercevait pour la première fois l'adolescent qui se cachait sous cette coquille de sérieux. Il n'eut pas le temps d'approfondir ses pensées : le doigt rigide de Naruto se planta à quelques millimètres de son nez dans un mouvement théâtralement calculé, ce qui fit loucher Sasuke.

"Je t'annonce officiellement que notre mission est un échec total et que, par conséquent, l'équipe est dissoute. Je ne suis plus ton capitaine et tu n'as plus de raison de me vousoyer.
- Ça a l'air de vous … te faire plaisir, marmonna Sasuke en se reculant un peu.
- Oui, assura Naruto en croisant les bras. J'n'ai plus à endosser la responsabilité de ton incompétence."

Sasuke préféra se taire plutôt que d'être impoli et de s'abaisser à pareil niveau. Il laissa à Naruto le rôle de dangereux psychopathe un instant avant de s'apercevoir que le jinchûriki le fixait très sérieusement. Sasuke retrouva cette désagréable sensation d'être de la nourriture pour un animal forcé au jeûne des mois durant et fut pris d'un véritable frisson d'effroi lorsque Naruto se permit un sourire. Sans plus d'explication, il se retrouva bloqué contre un gros bloc de pierre, la main saine de Naruto lui tenant le menton en auteur. L'instant d'après, Sasuke pouvait sentir les lèvres de son coéquipier contre sa gorge mais ne trouva pas la force de se débattre. Naruto s'appliqua avant de relâcher Sasuke et d'admirer son travail. Le nouveau promu porta sa main à son cou, restant sur ses gardes alors que Naruto semblait très satisfait de lui-même.

"Bien, dit-il en se retournant, en route !
- Tu … Tu m'as fait un suçon, s'égosilla Sasuke en s'éloignant de Naruto."

Celui-ci ne prit pas la peine de répondre, reprenant son chemin comme si de rien n'était. Sasuke était très tenté par l'option «massacre» mais ne put que suivre de loin le jinchûriki qui était reparti dans une crise d'autisme aiguë.

***

La réunion ce matin là était des plus importantes selon les dires du Hokage mais celui-ci n'était toujours pas présent. Uchiha Fugaku, agacé de voir Hyûga Hiashi en face de lui, plaqua son regard impassible sur l'horloge au dessus de la porte d'entrée qui indiquait déjà la moitié de onze heures. La réunion aurait dû commencer à neuf heures ce matin et tout ce qu'on avait bien voulu leur dire jusqu'ici était que le Hokage avait un retard inopiné. Fugaku trouvait la formulation assez jolie pour dire que le Quatrième se foutait royalement de leur sort. C'était là, hélas, l'avantage des chefs : ils pouvaient arriver à l'heure qu'ils le désiraient puisqu'ils partaient du principe qu'ils avaient forcément raison. Uzumaki Tatsumaki ne faisait pas mentir ce grand principe. L'intégralité du conseil attendait donc le général des armées. Au début, les sujets de conversation avaient fusé mais la salle devint très calme assez rapidement. Bien que Konoha soit une grande famille, ses membres n'avaient pas grand-chose à se raconter sitôt les banalités exploitées. Fugaku sentait bien là la marque du Hokage. Lui seul était au courant de tout ce qui se passait au village et ailleurs. En dehors de sa manie des complots, le Quatrième restait l'homme le plus fort de Konoha et aussi le plus respecté. Son intelligence et son courage n'étaient plus à prouver, pas plus que sa ruse et ses nombreuses autres qualités. Pareil homme ne voyait le jour qu'une fois par siècle et Fugaku appréciait de le savoir de son côté.

La porte s'ouvrit finalement pour laisser apparaître la tête d'un chûnin assez connu à Konoha car il était professeur à l'académie. Le calme Umino Iruka osa entrer dans la salle et s'inclina bien bas, priant intérieurement pour que sa vie ne s'arrête pas ici.

"La réunion est ajournée et reportée à demain sur ordre du Hokage. Il vous remercie de vous être déplacés aujourd'hui et regrette de ne pouvoir s'entretenir avec vous."

A la grande surprise d'Iruka, il n'entendit aucune contestation. Les chaises raclèrent le sol et les chefs des grands clans de Konoha ainsi que les chefs des principaux districts sortirent sans mot dire. Fugaku fut l'un des rares à avoir un geste compatissant envers le malheureux chûnin envoyé en terrain miné. Il posa amicalement sa main sur son épaule avant de quitter les lieux. Arrivé dans les rues de Konoha, Fugaku se permit de flâner un peu. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de ne rien faire. En effet, il avait prévenu les membres de la police qu'il ne serait pas là de la matinée pour cause de réunion avec le Hokage. On ne l'attendait pas aux bureaux avant quatorze heures, il avait donc un peu de temps devant lui. Cheminant un peu au hasard des grandes avenues rectilignes, il s'amusa à voir pareille foule dans le village. Le nombre de naissance avait beaucoup augmenté après l'attaque du démon, seize ans plus tôt. On voyait des tas d'enfants entre quatorze et neuf ans dans les équipes de genin et à l'académie. Ce sang neuf n'était pas négligeable. La plupart des grands clans n'avait pas accompagné cette soudaine envie de copuler. Presque tous les héritiers étaient nés la même année que Sasuke et Fugaku pensait que c'était une bonne chose. En dehors de leurs rivalités d'adolescents, il y avait une bonne entente générale au sein de ce petit groupe qui serait tôt ou tard l'élite du village. Konoha aurait encore de beaux jours devant elle si le successeur du Quatrième savait ramener tous ces enfants sous sa bannière.

L'attention de Fugaku fut soudainement attirée par une épingle à cheveux dans la vitrine d'une boutique. Il se rapprocha l'air de rien, un peu gêné de sa convoitise. L'épingle était en laque noire avec trois séries de perles de nacre suspendue à une extrémité. Cette simplicité le fascina. Le chef du clan Uchiha entendit des clientes dans la boutique s'émerveiller de la qualité des parures et de leur joliesse. Il hésita un peu avant d'entrer sous les regards curieux des clientes. Fugaku fut peu bavard et d'une froideur digne des grands jours, ce qui renforça, il en était sûr, l'image du clan Uchiha. La vendeuse lui assura que c'était un cadeau idéal et lui fit un emballage ravissant. Fugaku remercia à demi mot, paya et s'enfuit. Il rentra directement chez lui sans plus faire de détour, persuadé que tout le monde à Konoha le regardait à présent de travers – après tout, les rumeurs allaient bon train, c'était bien connu. Une fois la porte de sa maison refermée, il s'autorisa une pause. Personne ne l'avait suivi, bon début. Fugaku soupira. Il était stupide. Offrir quelque chose à son épouse était quelque chose de tout à fait normal et d'inintéressant. Tout le monde le faisait, il n'avait pas à se sentir stupide ou faible. Ce comportement reflétait une bonne entente dans le couple et assurait aux yeux de tous que tout allait pour le mieux.

C'était tout à fait cela : Fugaku n'avait rien à se reprocher. Fort de sa décision, il marcha d'un pas ferme jusqu'au salon où il entendait la télévision. Mariko était là, grignotant des senbei avec un thé vert encore fumant, regardant une émission avec des gens qui riaient très fort. Fugaku fut étonné de ce tableau. Lui-même évitait de regarder ces absurdités, préférant garder des habitudes de vie plutôt traditionnelle. Il savait qu'Itachi avait un téléviseur qu'il n'allumait que lorsque Sasuke venait dormir chez lui et son second fils ne manifestait jamais l'envie de regarder la télévision ici. Mariko, qui était pourtant une kunoichi du rang de jônin, une experte en taijutsu, une excellente enquêteuse, un membre fantastique de l'armée de Konoha, regardait donc la télévision. Fugaku se sentit soudainement stupide de ne pas savoir quelque chose d'aussi évident sur son épouse. Il ne la voyait pas beaucoup, en définitive, et s'intéressait de toute façon plus à Sasuke qu'à elle. Depuis quand ne lui avait-il pas montré qu'il tenait à elle ? Fugaku eut peur de la réponse. Ils partageaient la même maison et le même lit mais il n'avait pas fait un geste vers elle depuis des lustres. Le soupire qu'il poussa fit sursauter son épouse. Il vit que Mariko paraissait honteuse de pareille situation. Elle se leva avec un sourire crispé et vint l'embrasser sur la joue.

"La réunion s'est bien passée ? Je croyais que tu déjeunerais là-bas alors je n'ai rien préparé. Il reste de la salade de choux d'hier soir ; avec un peu de riz et du poisson grillé, ce sera très bien ! Attends un peu, d'accord ?"

Fugaku tenta un sourire mal assuré qui arrêta net Mariko.

"On pourrait aller déjeuner en ville, proposa-t-il à voix basse."

Les yeux de Mariko s'arrondirent encore plus. Elle bégaya son consentement et commença à se diriger vers sa chambre pour se préparer à sortir. Fugaku la retint doucement par la main et y mit son cadeau. Un peu plus et Mariko l'aurait pris pour un espion envoyé en infiltration. Le léger rougissement de gêne de Fugaku la rassura un peu. Elle ouvrit le paquet avec précaution pour y trouver la magnifique épingle. Cela lui fit tellement plaisir qu'elle en resta sans voix. Pour exprimer sa joie, elle ne trouva d'autre moyen que d'embrasser Fugaku. Il ne fallut pas longtemps pour que le couple se retrouve allongé sur le sol et fortement déshabillé. La suite ne vous concerne pas.

***

Aoba avait beau savoir que son capitaine était quelqu'un de particulièrement intelligent et astucieux, il commençait vraiment à s'inquiéter pour sa santé mentale. Le plan génialissime qu'il avait concocté n'était autre que le suivant : employer des enfants. Surveillés par Ebisu et lui-même, une dizaine de mômes classait à leur place les registres, sous promesse de quelques rétributions financières. Aoba n'avait pas pu s'empêcher d'aider ces pauvres enfants alors qu'Ebisu s'en fichait éperdument, disputant une partie de shôgi avec le gérant qui trouvait lui aussi l'idée fantastique. Quant à Itachi, il était parti chercher de quoi déjeuner pour tout ce petit monde. La deuxième heure de l'après-midi arrivait à grands pas, laissant planer une douce chaleur à peine entamée par un vieux ventilateur vrombissant. Les enfants riaient et discutaient joyeusement avec Aoba. Tout était calme lorsque la cloche du magasin tinta. Le gérant se leva précipitamment pour accueillir ses clients, s'excusant par la même à Ebisu. Celui-ci resta sur ses gardes, guettant le moindre son. Les voix se firent plus autoritaires et le gérant arriva en courant dans la remise, suivi par une dizaine de ninja. Ebisu et Aoba se plantèrent à la porte pour les empêcher de passer, le marchand se cachant derrière eux. Une jeune femme d'une vingtaine d'années aux longs cheveux blonds sagement tressés les fixa de ses yeux d'un bleu inquiétant. Le symbole de Kumo ornait son bandeau frontal assurait son statut de shinobi et Ebisu n'eut aucun mal à reconnaître le numéro deux du village caché des nuages. Yugido, le jinchûriki possédant Niibi, se tenait en personne devant eux.

"Que faites-vous là ?"

La question fut énoncée au même instant des deux côtés et cela agaça énormément le jinchûriki. Aoba inspira un grand coup et s'avança d'un pas, à la grande surprise d'Ebisu et des dix ninja de Kumo.

"Nous sommes ici en mission spéciale sur ordre du Quatrième Hokage.
- Vous rangez des registres ? se moqua Yugido. Konoha a donc tant de problèmes financiers qu'elle envoie des jônin faire les basses besognes ?
- Kumo a donc si peu de travail qu'elle envoie dix personnes en même temps pour leur trouver une occupation ? contra Aoba."

Yugido fronça les sourcils et fit signe à ses troupes de reculer jusque dans l'entrepôt qui jouxtait la remise. Ebisu et Aoba se rendirent également dans la salle adjacente et tinrent fermement leur position devant la porte. A deux contre dix, dont un jinchûriki, ils ne partaient pas vraiment gagnants mais la situation aurait pu être pire. Au moins avaient-ils leurs adversaires en face, aucune attaque venant de derrière n'était à craindre.

"Notre mission est de ramener ces registres à Kumo, le chef du village de Taki et Raikage-sama se sont mis d'accord là-dessus.
- Vous effacez des preuves ?"

Yugido se tourna vers la voix, trouvant un jeune homme dans son champ de vision. D'une taille moyenne et à l'air frêle, elle le reconnut à ses traits tirés et ses cheveux noirs. Uchiha Itachi était connu des différents pays pour être un shinobi de premier ordre, il fallait s'en méfier. L'un des ninja de Kumo, grand et à l'air mauvais, s'avança.

"Comment oses-tu insulter ainsi Yugido-sama ?!
- J'ai posé une question, répondit laconiquement Itachi en repositionnant son paquet dans ses bras. Ebisu, prenez-moi ça et dites aux mômes de ne pas tout manger."

Le jônin s'exécuta, un peu anxieux en laissant ses deux camarades seuls un instant. Il revint dans l'entrepôt et prit bien soin de fermer la porte de la remise derrière lui.

"Je suis le capitaine de cette équipe, informa Itachi, c'est à moi que vous devez miauler.
- N'allez pas trop loin dans la provocation, gronda Yugido, Kumo et Konoha sont alliées.
- Vraiment ? s'étonna Uchiha. Comment se fait-il, alors, que nous n'ayons pas été informés ? Il me semble que vous avez précisé que votre mission ne dépendait pas du Hokage. Pour moi, les choses sont claires : Kumo n'a pas intérêt à ce que ces registres soient lus par Konoha."

Les sourires que s'échangèrent Itachi et Yugido n'avaient rien de chaleureux ou de bienveillant mais, pourtant, tout deux appréciaient énormément cet instant. Enfin se dressait un adversaire digne de ce nom en face d'eux.

A suivre …

Notes
#Les temples : il me semble que les temples ou toutes constructions en bois sont refaites environ tout les cent ans au Japon ...
#Haori : veste que l'on porte habituellement par dessus un kimono.
#Ji-san : pour ôji-san, grand-père, vieil homme. Je ne voulais pas utiliser des termes japonais pour nommer les gens mais puisque je ne peux pas employer le prénom du bonze ni lui donner un titre qui vous renseignerait sur lui, j'y suis obligée ...
#Religion : j'n'avais aucune envie d'inventer une nouvelle religion, j'ai pris le shintoïsme comme j'aurais pu prendre le bouddhisme. Il y a déjà la secte Jashin (dont Hidan fait partie) et la religion de Konoha ("croire que les générations futures sont des dieux", c'est à peu près ce qui est dit dans le manga aux alentours du tome 35, la volonté du feu, tout ça ...) que j'apparente ici aussi à une secte. Voilà ce qu'en dit Wikipédia : "Le mot secte a d'abord désigné soit un ensemble d'hommes et de femmes partageant une même doctrine philosophique, religieuse, etc. soit un groupe plus ou moins important de fidèles qui se sont détachés de l'enseignement officiel d'une Église et qui ont créé leur propre doctrine.
Le mot secte est également un terme polémique, qui désigne un groupe ou une organisation le plus souvent à connotation religieuse dont les croyances ou le comportement sont jugés obscurs ou dévoyés. Généralement les responsables de ces groupes sont accusés de brimer les libertés individuelles au sein du groupe et/ou de manipuler mentalement leurs disciples afin de s'approprier leurs biens, de les maintenir sous contrôle, etc."

Saisissant, non ? :)
#Groupe sanguin : selon les japonais, chaque groupe sanguin correspond à un caractère avec ses qualités et ses inconvénients. Je vous invite à faire une visite à ce cher Google pour en savoir plus. Je précise juste que AB et B sont des caractères opposés souvent en conflit XD Bien sûr, je me base sur les databook pour ces informations.
#Senbei : galette de riz le plus souvent salée que l'on grignote avec un thé vert (notez que les japonais accompagnent toujours tout avec un thé vert, c'n'est pas spécialement novateur).
#Shôgi : jeu de société combinatoire abstrait traditionnel japonais, se rapprochant du jeu d'échecs occidental, et opposant deux joueurs (Wikipédia).
Image
A regarder le ciel sans connaissances, on prend de vulgaires cailloux pour des étoiles.
Jainas
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Message par Jainas »

Que dire à part Biiiiieeeeeeeeeee... avec un sourire satisfait en se frottant les mains ? :grin:

ha si, je crois que tu as oublié de poster le dernier chapitre d'Irksome ici... :)
Aya Völsunga
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Message par Aya Völsunga »

Pfiou... Lecture satisfaisante, c'est peu dire!

Quelle plaisir d'avoir lu, ces quelques pages. Je pensais remettre ça à plus tard, mais j'ai pas pu résister.

J'aime bien la coupure. Un peu sadique mais bon...

Arf. Quand je parlais de Gaara dans ton chapitre précédent, je parlais de son caractère un peu effacé. Disons que je l'ai toujours vu comme quelqu'un de très instable, là, il est presque normal, enfin, on dirait... Je ne niais pas son rôle important dans ce chapitre...

Pfiou... Que du bon, ce chapitre, je trouve.... PAs mal de "mouvement" quelques scènes de "détail" qui confèrent de la légèreté et un pause dans la lecture. J'aime bien.
Zetsui
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Message par Zetsui »

J'ai beaucoup aimé ce chapitre.

Aucun détail inutile, on est vraiment présent dans toutes les scènes, je sui bien rentré dedans, nan ,c'est vraiment bien là...
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