[SF] Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes
Publié : mar. 05 déc. 2006, 00:32
Coucou les gens,
Ca fait super longtemps que j'ai pas fait de fichounette de lecture alors je me lance sur un autre livre que j'ai adoré. Bien entendu, c'est toujours de la SF, mais très différente des livres que j'ai déjà présentés.
D'ailleurs, dans les guides de SF, il est souvent cité comme le livre à faire lire pour montrer aux lecteurs pleins d'à priori qu'eux aussi peuvent aimer la science-fiction. Et si j'en crois ma propre expérience menée sur mon entourage, ça marche bel et bien!
Bref, un livre à lire absolument, pour les fans de SF ou non...
Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes
1966
256 pages
Hugo, nouvelle / Short story, 1960
Nebula, roman, 1966
Résumé approximatif :
Charlie Gordon est un jeune homme de 32 ans qui travaille comme aide dans une boulangerie. Charlie Gordon va également 3 fois par semaine aux cours pour adultes attardés du Collège Bikman. Son rêve, c'est tout simplement de devenir intelligent. Comme ça, il aura pleins d'amis...
Algernon est une souris de laboratoire. Grace à une injection de serum, des scientifiques ont réussi à décupler ses capacités intellectuelles.
Ce qu'ils ont réussi sur Algernon, ils proposent de le tenter à son tour sur Charlie.
Et Charlie passe progressivement du statut "d'attardé" à celui de génie. C'est alors une véritable découverte de notre monde, de sa culture, des sciences... C'est également une découverte de l'amour, sentiment qui lui avait jusqu'alors toujours été refusé. C'est surtout une prise de conscience de l'imperfection des gens qu'il respectait autrefois, et de la méchanceté de ceux qu'il considérait comme ses amis.
Mais un jour, il remarque que les extraordinaires facultés intellectuelles d'Algernon déclinent. Va-t'il lui aussi suivre le même chemin?
Mon avis
Ce roman est tout simplement un chef d'oeuvre. D'une lecture très rapide, en peu de pages, il est de ceux qui peuvent changer votre façon de voir les autres, tout comme votre façon de vous voir vous même.
Plus qu'une réflexion sur la nature de l'intelligence, cette histoire est un appel à la tolérance.
Toute la narration se fait par la plume de Charlie : les scientifiques lui ont demandé d'écrire des comptes rendus de ses impressions afin d'étudier son évolution et c'est à travers ces comptes rendus que l'on observe progressivement son éveil à l'intelligence avant d'assister à sa régression...
Bref, comme vous pouvez l'imaginer, c'est un roman très poignant et d'une très grande sensibilité.
Je le conseille vivement à tous, quelque soit vos gouts habituels en matière de lecture.
Quelques extraits:
Conte randu n°1
3 mars. Le Dr. Strauss dit que je devrez écrire tout ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive à partir de maintenan. Je sait pas pourquoi mais il dit que ces un portan pour qu’ils voie si ils peuve mutilisé. J’espaire qu’ils mutiliserons pas que Miss Kinnian dit qu’ils peuve peut être me rendre un télijan. Je m’apèle Charlie Gordon et je travail à la boulangerie Donner. Mr. Donner me donne 11 dolar par semène et du pain ou des gâteau si j’en veut. J’ai 32 ans et mon aniversère est le mois prochin. J’ai dit au Dr. Strauss et au proféseur Nemur que je sait pas bien écrire mes il dit que sa fait rien il dit que je dois écrire come je parle et come j’écrit les compositions dans la classe de Miss Kinnian au cour d’adultes atardé du Colege Bikman où je vait 3 fois par semène a mes heures de liberté. Le Dr. Strauss dit d’écrire bocou tou ce que je panse et tou ce qui m’arive mes je peux pas pansé plus pasque j’ait plus rien a écrire et je vais marété pour ojoudui.
Charlie Gordon
_______
Conte randu 3. — 7 mars. Le Dr Strauss et le Dr Nemur dise que pour les taches sa fait rien. [...] Ils on dit que miss Kinnian a dit que j'étai son meyeur élève au cour du soir pour les adultes parsque je fai tout ce que je peu et je veu vraiman aprandre. Ils on dit coman sa se fait que ta été tout seul au cour du soir Charlie. Coman que tu la trouvé. J'ai di que j'ai demandé à des jans et quelquun ma dit ou je devrai allé pour aprandre a lire et écrire comme y faut. Ils ont dit pourquoi que tu voulais aprandre. J'ai di parsque toute ma vie j'ai voulu être intelijan au lieu d'être bête. Mais c'est tres difficile d'être intelijan. Ils on dit tu sais que ce sera probableman tant porère. J'ai di oui. Miss Kinnian me l'a dit. Sa me fait rien si sa fait mal.
[...]
Après des hommes en blouse blanche mon anmené dans un autre androit de lopital et ils mon donné un jeu. C'était comme une course avec une souri blanche. Ils apelait la souri Algernon. Algernon était dans une boite avec des tas de tournans qui faisait comme des murs et on ma donné un crayon et un papier avec des lignes et des tas de cases. D'un coté y avait DEPART et de l'autre coté ARRIVEE. Ils on dit que c'était un abirinte et qu'Algernon et moi on avait le même abirinte a faire. Je pouvais pas conprandre coman on pouvait avoir le même ahirinte si Algernon avait une boite et moi un papier mais j'ai rien di. Et pui j'avai pas le tant parce que la course allait comancé.
Un des hommes avait une montre qu'il essayait de caché pour que je la voye pas alor j'essayai de pas regardé et sa me randait nerveu.
En toucas ce test ma anbété pluss que les autres parsqu'ils l'on fait plu de 10 fois avec des abirintes diférant et Algernon a gagne toutes les fois. Je savai pas qu'une souri c'était si intelijan. Algernon est une souri blanche. Peutètre que les souris blanche son plus intélijante que les autres.
_______________
15 avril. — Miss Kinnian dit que j'apprends vite. Elle a lu quelques Compte Rendus et elle m'a regardé drôlement. Elle dit que je suis quelqu'un de bien et que je les étonerai tous. Je lui ai demandé pourquoi. Elle a dit peu importe mais que je ne devrai pas être découragé si je trouve que tout le monde n'est pas chic comme je crois. Elle dit que pour quelqu'un que la nature a si peu gâté je fais mieux que des tas de gens qui ne se servent pas de leur cerveau. J'ai dit que tous mes amis sont intelligents mais gentis. Ils m'aiment bien et ils ne m'ont jamais fait de méchanceté. A ce moment elle a eu quelque chose dans l'euil et il a fallu qu'elle court au lavabo.
_________________
15 mai. — Le Dr Strauss est très en colère après moi parce que je n'ai pas rédigé un seul compte rendu en quinze jours. Sa colère est justifiée parce que le labo me paie maintenant un salaire régulier.
[...]
Contrairement à l'impression que je m'étais faite de lui tout d'abord, je me rends compte que le Dr Nemur n'a rien d'un génie. Il a un esprit très développé, mais constamment en proie au doute. Il veut que le monde le prenne pour un génie. C'est pourquoi il est important pour lui d'avoir le sentiment que ses travaux sont acceptés par le monde. Je crois que le Dr Nemur craignait de nouveaux retards parce que quelqu'un aurait pu faire une découverte dans ce domaine et lui enlever le droit à la reconnaissance publique.
Le Dr Strauss, en revanche, pourrait être qualifié de génie, encore que j'aie l'impression que sa culture n'est pas assez étendue. Il a été éduqué dans la tradition d'une étroite spécialisation; les aspects plus larges d'une solide culture générale ont été beaucoup trop négligés —même pour un neurochirurgien. J'ai été vivement étonné d'apprendre que les seules langues anciennes qu'il pût lire étaient le latin, le grec et l'hébreu, et qu'il ne connaît presque rien des mathématiques au-delà des niveaux élémentaires du calcul des variations. Quand il me l'a avoué, j'en ai été presque ennuyé. Ce fut comme s'il avait caché cette partie de lui-même afin de me tromper, en prétendant être ce qu'il n'est pas — ainsi que le font bien des gens, d'après ce que j'ai découvert. Je ne connais personne qui soit ce que l'on pourrait croire d'après les apparences.
Le Dr Nemur paraît mal à l'aise en ma présence. Parfois, quand j'essaye de qui parler, il me regarde d'une façon bizarre et se détourne. J'ai été en colère au début, quand le Dr Strauss m'a dit que je donnais au Dr Nemur un complexe d'infériorité. Je croyais qu'il se moquait de moi et je suis sensible à l'excès de la moquerie.
[...]
Ca fait super longtemps que j'ai pas fait de fichounette de lecture alors je me lance sur un autre livre que j'ai adoré. Bien entendu, c'est toujours de la SF, mais très différente des livres que j'ai déjà présentés.
D'ailleurs, dans les guides de SF, il est souvent cité comme le livre à faire lire pour montrer aux lecteurs pleins d'à priori qu'eux aussi peuvent aimer la science-fiction. Et si j'en crois ma propre expérience menée sur mon entourage, ça marche bel et bien!
Bref, un livre à lire absolument, pour les fans de SF ou non...
Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes
1966
256 pages
Hugo, nouvelle / Short story, 1960
Nebula, roman, 1966
Résumé approximatif :
Charlie Gordon est un jeune homme de 32 ans qui travaille comme aide dans une boulangerie. Charlie Gordon va également 3 fois par semaine aux cours pour adultes attardés du Collège Bikman. Son rêve, c'est tout simplement de devenir intelligent. Comme ça, il aura pleins d'amis...
Algernon est une souris de laboratoire. Grace à une injection de serum, des scientifiques ont réussi à décupler ses capacités intellectuelles.
Ce qu'ils ont réussi sur Algernon, ils proposent de le tenter à son tour sur Charlie.
Et Charlie passe progressivement du statut "d'attardé" à celui de génie. C'est alors une véritable découverte de notre monde, de sa culture, des sciences... C'est également une découverte de l'amour, sentiment qui lui avait jusqu'alors toujours été refusé. C'est surtout une prise de conscience de l'imperfection des gens qu'il respectait autrefois, et de la méchanceté de ceux qu'il considérait comme ses amis.
Mais un jour, il remarque que les extraordinaires facultés intellectuelles d'Algernon déclinent. Va-t'il lui aussi suivre le même chemin?
Mon avis
Ce roman est tout simplement un chef d'oeuvre. D'une lecture très rapide, en peu de pages, il est de ceux qui peuvent changer votre façon de voir les autres, tout comme votre façon de vous voir vous même.
Plus qu'une réflexion sur la nature de l'intelligence, cette histoire est un appel à la tolérance.
Toute la narration se fait par la plume de Charlie : les scientifiques lui ont demandé d'écrire des comptes rendus de ses impressions afin d'étudier son évolution et c'est à travers ces comptes rendus que l'on observe progressivement son éveil à l'intelligence avant d'assister à sa régression...
Bref, comme vous pouvez l'imaginer, c'est un roman très poignant et d'une très grande sensibilité.
Je le conseille vivement à tous, quelque soit vos gouts habituels en matière de lecture.
Quelques extraits:
Conte randu n°1
3 mars. Le Dr. Strauss dit que je devrez écrire tout ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive à partir de maintenan. Je sait pas pourquoi mais il dit que ces un portan pour qu’ils voie si ils peuve mutilisé. J’espaire qu’ils mutiliserons pas que Miss Kinnian dit qu’ils peuve peut être me rendre un télijan. Je m’apèle Charlie Gordon et je travail à la boulangerie Donner. Mr. Donner me donne 11 dolar par semène et du pain ou des gâteau si j’en veut. J’ai 32 ans et mon aniversère est le mois prochin. J’ai dit au Dr. Strauss et au proféseur Nemur que je sait pas bien écrire mes il dit que sa fait rien il dit que je dois écrire come je parle et come j’écrit les compositions dans la classe de Miss Kinnian au cour d’adultes atardé du Colege Bikman où je vait 3 fois par semène a mes heures de liberté. Le Dr. Strauss dit d’écrire bocou tou ce que je panse et tou ce qui m’arive mes je peux pas pansé plus pasque j’ait plus rien a écrire et je vais marété pour ojoudui.
Charlie Gordon
_______
Conte randu 3. — 7 mars. Le Dr Strauss et le Dr Nemur dise que pour les taches sa fait rien. [...] Ils on dit que miss Kinnian a dit que j'étai son meyeur élève au cour du soir pour les adultes parsque je fai tout ce que je peu et je veu vraiman aprandre. Ils on dit coman sa se fait que ta été tout seul au cour du soir Charlie. Coman que tu la trouvé. J'ai di que j'ai demandé à des jans et quelquun ma dit ou je devrai allé pour aprandre a lire et écrire comme y faut. Ils ont dit pourquoi que tu voulais aprandre. J'ai di parsque toute ma vie j'ai voulu être intelijan au lieu d'être bête. Mais c'est tres difficile d'être intelijan. Ils on dit tu sais que ce sera probableman tant porère. J'ai di oui. Miss Kinnian me l'a dit. Sa me fait rien si sa fait mal.
[...]
Après des hommes en blouse blanche mon anmené dans un autre androit de lopital et ils mon donné un jeu. C'était comme une course avec une souri blanche. Ils apelait la souri Algernon. Algernon était dans une boite avec des tas de tournans qui faisait comme des murs et on ma donné un crayon et un papier avec des lignes et des tas de cases. D'un coté y avait DEPART et de l'autre coté ARRIVEE. Ils on dit que c'était un abirinte et qu'Algernon et moi on avait le même abirinte a faire. Je pouvais pas conprandre coman on pouvait avoir le même ahirinte si Algernon avait une boite et moi un papier mais j'ai rien di. Et pui j'avai pas le tant parce que la course allait comancé.
Un des hommes avait une montre qu'il essayait de caché pour que je la voye pas alor j'essayai de pas regardé et sa me randait nerveu.
En toucas ce test ma anbété pluss que les autres parsqu'ils l'on fait plu de 10 fois avec des abirintes diférant et Algernon a gagne toutes les fois. Je savai pas qu'une souri c'était si intelijan. Algernon est une souri blanche. Peutètre que les souris blanche son plus intélijante que les autres.
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15 avril. — Miss Kinnian dit que j'apprends vite. Elle a lu quelques Compte Rendus et elle m'a regardé drôlement. Elle dit que je suis quelqu'un de bien et que je les étonerai tous. Je lui ai demandé pourquoi. Elle a dit peu importe mais que je ne devrai pas être découragé si je trouve que tout le monde n'est pas chic comme je crois. Elle dit que pour quelqu'un que la nature a si peu gâté je fais mieux que des tas de gens qui ne se servent pas de leur cerveau. J'ai dit que tous mes amis sont intelligents mais gentis. Ils m'aiment bien et ils ne m'ont jamais fait de méchanceté. A ce moment elle a eu quelque chose dans l'euil et il a fallu qu'elle court au lavabo.
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15 mai. — Le Dr Strauss est très en colère après moi parce que je n'ai pas rédigé un seul compte rendu en quinze jours. Sa colère est justifiée parce que le labo me paie maintenant un salaire régulier.
[...]
Contrairement à l'impression que je m'étais faite de lui tout d'abord, je me rends compte que le Dr Nemur n'a rien d'un génie. Il a un esprit très développé, mais constamment en proie au doute. Il veut que le monde le prenne pour un génie. C'est pourquoi il est important pour lui d'avoir le sentiment que ses travaux sont acceptés par le monde. Je crois que le Dr Nemur craignait de nouveaux retards parce que quelqu'un aurait pu faire une découverte dans ce domaine et lui enlever le droit à la reconnaissance publique.
Le Dr Strauss, en revanche, pourrait être qualifié de génie, encore que j'aie l'impression que sa culture n'est pas assez étendue. Il a été éduqué dans la tradition d'une étroite spécialisation; les aspects plus larges d'une solide culture générale ont été beaucoup trop négligés —même pour un neurochirurgien. J'ai été vivement étonné d'apprendre que les seules langues anciennes qu'il pût lire étaient le latin, le grec et l'hébreu, et qu'il ne connaît presque rien des mathématiques au-delà des niveaux élémentaires du calcul des variations. Quand il me l'a avoué, j'en ai été presque ennuyé. Ce fut comme s'il avait caché cette partie de lui-même afin de me tromper, en prétendant être ce qu'il n'est pas — ainsi que le font bien des gens, d'après ce que j'ai découvert. Je ne connais personne qui soit ce que l'on pourrait croire d'après les apparences.
Le Dr Nemur paraît mal à l'aise en ma présence. Parfois, quand j'essaye de qui parler, il me regarde d'une façon bizarre et se détourne. J'ai été en colère au début, quand le Dr Strauss m'a dit que je donnais au Dr Nemur un complexe d'infériorité. Je croyais qu'il se moquait de moi et je suis sensible à l'excès de la moquerie.
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