Ces derniers temps, je me suis rendu compte d'un truc un peu bizarre. C'est pas quelque chose de très facile à admettre. Je veux dire, je suis gamer depuis ma plus tendre enfance ayant découvert les joies du jeu vidéo avec cette saloperie sur patte qu'était Alex Kidd sur mégadrive. J'en ai fait des jeux durs. J'en ai bouffé des boss imbattables, des soucis de gameplay approximatif, des jeux volontairement sadiques pour empêcher les joueurs d'en voir le bout.
Mais ces derniers temps, on s'en est tous rendu compte, il y a tendance à rendre les jeux plus "facile".
A mon avis, il n'est pas vraiment question de facilité mais plus d'une approche au niveau du level design et de la maniabilité. Il est moins question d'injustice que de challenge quand on parle on parle de difficultés. Aussi, les jeux vidéo font au minimum 6/7h pour voir la fin alors que précédemment, un jeu que l'on maitrisait, en 2h c'était bouclé.
Du coup, personnellement, je suis très loin d'être opposé à cette nouvelle tendance, d'autant que, soyons sérieux, de très nombreux jeux offre encore ces possibilités d'avoir un challenge intéressant, que ce soit dans leur fondement (SMB, Dark Souls) ou bien en proposant des alternatives, des niveaux de jeu différents pour tous (il suffit de voir le mode de difficulté maximum de Max Payne 3 : 1 vie, pas de sauvegarde, un jeu à finir un run).
Bref, là, vous allez me demander pourquoi je vous parle de ça. Et bien... Je n'ai plus honte de me mettre en facile.
Légende : réaction des gamers du forum à la lecture de ces mots
On se calme on se calme. Je m'explique. C'est surtout valable pour les jeux longs. Très longs. À la Witcher et Dragon Age. Le fait est que pour moi, je consomme ces jeux pour le scénario. Le crafting, l'alchemie, la tactique, la stratégie, ce genre de truc, c'est pas ma came. Contrairement à mass effect où les séances de TPS m'attirent et sont d'une qualité suffisante pour justifier que j'y joue et que j'y prenne du plaisir, j'admet que dans les 2 jeux précité, ce n'est pas ce qui m'attire le plus.
Pendant pas mal de temps, je me suis senti frustré de ne pas pouvoir profiter de ces jeux alors que le scénario m'attirait, mais parce que le gameplay ne me branchait pas plus que ça. Et surtout le fait de perdre des heures la dedans. C'était un peu le même soucis avec les fallout 1 et 2 (le 3 et NV offrant un gameplay qui est beacoup plus ma came) que je n'ai jamais fait du coup.
Par conséquent, jouer à ces jeux dans le mode facile me parait être le raisonnement le plus intelligent à faire.
Une autre raison est que j'ai beaucoup moins de temps qu'avant (en ce moment, c'est sans doute faux mais ça a été vrai et ça va le redevenir). Et avec la quantité d'excellent titre qui sortent par an, je ne peux pas suivre alors que j'aurai envie d'y jouer.
Après, on va me dire que je passe un peu à côté du jeu. Que je ne profite pas de l'aspect sorcereur du personnage, du plaisir de préparer son équipement avant une chasse, de pouvoir crafter l'armure la plus puissante du jeu. Et ma réponse est tout simplement :
Who Cares ? J'ai acheté le jeu, j'en fait ce que je veux. Je n'ai pas de support physique donc je ne pourrais pas dire que je peux jouer au freesbee avec le cd si l'envie m'en prenait, mais l'idée reste là.
Par ailleurs, cela ne veut pas dire que je ne prends pas plaisir à tater de jeu difficile (j'ai joué à Dark souls. Je ne l'ai pas fini pour diverses raisons, notamment parce que j'avais un concours cette année là et que pour la perte de ma Zweihander +5 suite à une erreur de manip en plein de Annor Londo juste les doubles boss Ornstein and Smough m'ont légèrement démotivé, mais j'avais quand même une bonne quinzaine d'heure au compteur), ni que je fais la majorité de mes jeux en mode normal comme tout le monde, voire même un second run en difficile si je suis motivé et dans une période creuse.
Par ailleurs, je conçois toujours la difficulté comme un créateur d'ambiance également, comme dans TLOU où le côté en dèche en difficulté renforce le sentiment d'écrasement du titre. Mais dans ce cas là, ça rentre plus en terme de level design. Et les respawn sont suffisament bien géré pour que ce ne soit pas chronophage.
Et par exemple, dans le cas de Geralt, je considère le mec comme un surhomme. Du coup, se fritter à 4 humains en même temps, ça rentre plus dans la catégorie de l'échauffement pour lui. Donc ça ne me brise pas mon roleplay.
Du coup, pour les jeux qui sont longs, très longs, ça n'a rien de choquant pour moi de mettre en facile. Surtout si le gameplay ne m'attire pas plus que ça. Et que le scénario est intéressant.
Et je ne comprends pas forcément la réaction des gamers à ce sujet. (Je ne parle pas des gens du forum hein
)
Je me souviens du scandale qu'il y avait eu quand les gens s'était rendu compte que Mass Effect proposait un mode scénario ou un truc dans ce goût là. C'est à dire un jeu où les combats sont facilités et l'on profite plus du scénario. Je comprends ce mode de jeu personnellement. Quand on est père de famille, qu'on a genre 1h par jour max à consacrer à ce loisir, je peux comprendre qu'on est pas forcément envie de le perdre à buter contre un boss ou une vague d'ennemi, ni même qu'on joue au jeu pour son gameplay.
C'est quand même le seul médium où ça se passe comme ça. Pour paraphraser Dara O'Briain, on ne peut pas être mauvais à regarder un film. On ne peut pas être mauvais à lire à un livre. Je veux dire jamais après lu un bouquin, le livre se regarde, te demande : "quelles sont les 3 principaux thèmes pour l'instant ?" "Euh... Le sport, le sexe et la drogue ?" "Nope !" et hop se ferme et interdit l'accès au reste du livre. (vidéo complete :
ici, c'est vachement drole) mais on peut être mauvais à un jeu vidéo.
C'est assez unique. Et c'est ce qui rend le médium si particulier. Mais des fois, on a pas envie de rester bloquer et on a envie de profiter du reste du jeu.
Nintendo réussit assez bien ça sur ces jeux. Il suffit de voir sur Super mario land 3DS, avec la plume doré qui permet de voler et d'être invincible. Du coup mon petit frère a pu profiter de tout le jeu. Et moi de le faire en récuperant les 3 pièces d'or par niveau. Sans la plume doré.
Un argument qui vient souvent, d'ayatollah du jeu vidéo, c'est que la base du jeu vidéo, c'est le gameplay. C'est faux. C'est comme dire que la base du comics, c'est les super-héros.
C'est une réflexion assez intéressante d'ailleurs les comics. Je veux dire, en théorie, ça permet juste de raconter une histoire en associant la puissance évocatrice de l'image et la profondeur du texte. Mais dans l'inconscient populaire, c'est juste pour raconter des histoires de super héros. (C'est un postulat moins vrai en Europe, notamment parce que la BD, ne fait pas que du super héros mais aux Etats Unis, c'est très vrai).
C'est la même chose avec le jeu vidéo. Pour beaucoup, ça reste un endroit où le gameplay doit être prépondérant, ou un type de jeu en particulier, ou je ne sais quelle idée préconçue, alors que à la base, c'est juste un espace d'expression. De dialogue entre le créateur et le joueur. Un médium.
Alors pourquoi est-ce qu'un type de réponse est il plus vrai qu'un autre ? Est-ce mal d'apprécier les expériences cinématographiques ou alors de ne vouloir profiter que du scénario ?
Va voir un film ou lire un livre pourrait-on me répondre ? Mais est-ce que dans un film, je me sentirais aussi sale quand je fais un choix gris dans the Witcher ? Je ne pense pas.
Est-ce qu'un jeu comme Heavy Rain n'a pas sa place à côté d'un minecraft ? Ou Analogue A hate story (voir son ancêtre : Digital, a love story) au côté d'un surgeon simulator 2013 ? Pour moi oui.
À mon avis, la plupart du temps, la réponse des joueurs est épidermique. Ils ont peur de perdre ce qu'ils aiment au détriment d'autre chose. C'est fou parce que jamais l'offre n'aura été si vaste, si libre dans le jeu vidéo. Entre les triple A, le jeu indé, les kickstarter, les jeu avec éditeur de petites envergures, les jeux ios etc... Y'en a vraiment pour tous les goûts.
Finalement, le propre, la base du jeu vidéo, n'est-ce pas ce qu'il passe en dehors de l'écran ? À mi chemin entre le joueur et l'écran ? (Edit : je viens de ressortir mon bouquin Philosophie des jeux vidéo de Mathieu Triclot et ce que je cherchais, c'est le terme d'Etat Ludique, au même titre qu'on parle d'état filmique. On peut aussi parler d'expérience instrumenté au même titre que la littérature et le cinéma).
Bref, tout ça pour conclure que oui, je mets des jeux vidéo en facile. Et que j'aime ça. Et que je n'en ai plus honte.