Citation : Passage emprunté à un auteur.
Le droit de citation : Exception à la propriété intellectuelle. La citation doit être brève, tant par rapport à l'œuvre dont elle est extraite que par rapport au nouveau document dans laquelle elle s'insère.
Très souvent, quand on lit un roman, une autobiographie ou tout autre forme d'expression écrite, il y a un passage qui nous marque. Des fois on sait pourquoi. Très souvent non.
Il y a une part d'inconscient qui fait que lorsque l'on repense à un roman, on repense tout de suite à ce petit passage, à cette petite tirade, à cette petite phrase insérée au milieu de beaucoup d'autre.
Pourquoi ce moment plutôt qu'un autre ?
On ne le sait pas mais le fait est là.
J'ouvre ce topic pour que l'on puisse partager ensemble ces extraits qui nous ont marqués. Et à tout seigneur, tout honneur, j'ouvre le bal. Voilà ce que je propose. D'abord on indique l'oeuvre et l'auteur. Puis on cite l'extrait. Et enfin, on explique, si l'on peut (ou l'on veut) pourquoi on aime ce passage. Ou pourquoi il nous a marqué. N'oubliez pas de faire attention au spoiler.
Cette citation est tirée de Au sud la frontière, à l'ouest le soleil, de Haruki Murakami.
(P.218-219, édition 10/18)Je cherchais mes mots lentement, en prenant mon temps :
— Il me semble que j'ai toujours essayé d'être quelqu'un d'autre. Il me semble que j'ai toujours voulu aller vers des gens et des lieux nouveaux et différents, pour m'inventer une vie nouvelle, devenir un être au caractère différent. J'ai répété ça à plusieurs reprises dans ma vie jusqu'à présent. En un sens, devenir adulte, c'était ça, et en un autre sens, ce n'était qu'un changement de masque chaque fois. Qu'oi qu'il en soit, en tentant de devenir un être nouveau, je tentais de me libérer des éléments qui me constituaient jusqu'alors, et je croyais qu'en faisant assez d'effort j'y parviendrais. Mais pour finir, je ne suis arrivé nulle part. Je suis demeuré moi-même. Mes défauts restaient irrémédiablement les mêmes. Les paysages avaient beau changer, les échos, les voix différer autours de moi, je n'étais toujours rien d'autre qu'un être humain imparfait. J'avais les mêmes manques en moi, qui suscitaient une violente avidité d'autre chose. Une soif et une faim insatiables me torturaient, comme, certainement, elles continueront à le faire. Parce que, en un sens, ces manques font partie de moi-même. Je le sais maintenant. Si c'était possible, je voudrais devenir un autre pour toi, un nouveau moi-même. Et peut-être que c'est possible. Ça ne sera pas facile mais avec des efforts, mais avec des efforts je pourrais le faire. Mais, en toute franchise, s'il se produit les mêmes événements dans ma vie, je referai sans doute la même chose. Je te ferai sûrement du mal à nouveau. Je ne peux rien te promettre. C'est tout ce que j'ai le droit de dire. Je n'ai pas assez confiance en moi pour croire que je peux gagner le combat contre cette force.
— Jusqu'ici, tu as toujours essayé de lutter contre cette force, d'y échapper ?
— Je crois oui.
J'aime beaucoup Murakami. Et j'aime encore plus Au sud la frontière, à l'ouest le soleil. Parce que l'histoire est simple. Et le personnage principal terriblement humain (comme tous les personnages de Murakami)
J'ai toujours été marqué par cette tirade et elle me donne envie de relire le roman à elle seule. Parce que j'ai l'impression que l'auteur a mis en page ce que je ressens depuis toujours. Et que beaucoup ressentent.
Cette quête de perfectionnement alors que c'est impossible car si le produit de base est défectueux, il lui est impossible d'être parfait. Il ne le peut pas. Car quelques soient les solutions mises en place, elles seront toujours imparfaites. Et n'aboutiront toujours qu'à un produit défectueux.
Et vous ? Qu'est ce qui vous a marqué ?