Informations sur la série :
- Auteur : Naoki Urasawa
- Editeur : Panini Manga
- Nombre de volumes France / Japon : 1 / 15 (série achevée)
- Année de parution France / Japon : 2010 / 1994
- Genre : Seinen
- Caractéristiques : Edition de luxe incluant des pages couleurs
L'histoire :
Miyuki Umino, 17 ans, vite avec ses deux petits frères et sa ptite soeur qu'elle élève seule depuis le décès de ses parents. Un jour, deux hommes à la mine patibulaire se présentent à son domicile. Ils travaillent pour une société de crédit et lui demandent de l'argent qu'a emprunter son frère Ieyasu. Le montant de sa dette ? 250 millions de yens !
Étant dans l'incapacité de rembourser une pareille somme en travaillant normalement et refusant d'écouter les malfrats qui lui conseillent de se prostituer, Miyuki décide d'arrêter l'école et d'entamer une carrière de joueuse de tennis professionnelle.
Hélas, la vie n'est pas si simple. Son senpai, le richissime Keïchiro Ohtori voudrait bine l'aider mais sa mère, l'ancienne championne de teniis Utako Ohtori, s'oppose farouchement à cette idée. En effet, cette dernière à une profonde aversion pour la famille Umino et elle s'arrange pour qu'aucun club de tennis n'accepte Miuyki. La situation est désespérée.
C'est lorsque tout espoir semble perdu que tout devient possible.
(source Panini Manga)
"Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir"
On ne présente plus aujourd'hui Naoki Urasawa, maître emblématique du manga contemporain; auteur dont l'univers au combien fertile est, à la manière d'un Taniguchi, profondément lié avec l'Occident. Les années passant, Urasawa ne cesse de gagner en renommé et ce particulièrement en France. Cet engouement croissant incitant les éditeurs à multiplier leurs titres, nous permet de découvrir peu à peu la diversité du travail du mangaka. Ainsi l'on a pu se confronter au labyrinthique et époustouflant thriller Monster. Dans la foulée suivi 20th Century Boys, incursion d'Urasawa dans le récit d'anticipation.
2010 voit la publication en France de deux œuvres de l'auteur, Pluto sous le label Big Kana – co-écrit avec Takashi Nagasaki – mais également chez Panini Manga, Happy!, série antérieure à celles nommées précédemment, dans un format dit "de luxe" , des plus agréable.
À dire vrai, en amateur d'Urasawa, je n'ai pas hésité lorsque je me suis trouvé devant le volume en librairie, bien que ne sachant pas de quoi il en retournait. En véritable néophyte, je me suis laissé emporter au file des pages dans le quotidien de la jeune Miuyki. Dans ce tome introductif, "are you happy ?", Urasawa pose la trame d'une aventure qui s'annonce en tout point fascinante. Sous couvert de manga sportif, l'auteur articule son histoire autour d'une petite unité familiale en pleine tourmente financière. Dans la famille Umino, aux parents décédés s'ajoute la disparition du frère pour des raisons encore nébuleuses. En quelques pages, Urasawa esquisse le caractère de ses personnages et agence les éléments de son intrigue, le tout servit par une mise en scène fluide, agréable et significative. Divisé en "set", happy! nous rappelle dès les premières pages que la vie est un sport de combat, opposant symboliquement un instant fugace et inopiné de bonheur à une situation beaucoup plus grave, caractérisée par l'arrivée de deux hommes mystérieux.
Urasawa pose clairement les enjeux d'une telle situation. Isolée, perdue dans un système tentaculaire, cette famille sans ressources ni quelconque soutient se voit alors confrontée à la sombre réalité d'un secteur informel plus vivace que jamais. N'ayant comme autre choix que de rembourser la dette colossale de l'ainé, Miyuki s'avère être la candidate parfaite pour le lupanar. Au réalisme social des premiers chapitres, Urasawa oppose – avec une surprenante habileté – un humour et une légèreté de ton, venant contrebalancer l'âpreté des évènements. Principal ressort comique, le trio fraternel de Miuyki composé de Kajiki, Sayori et du petit Sango, lequel répond continuellement présent pour la soutenir dans ses instants de doutes.
Plus l'intrigue avance et plus le mangaka nuance les traits de caractères de chacun, métamorphosant à titre d'exemple le tandem Junji-Momotaro. D'élément perturbateur, le duo s'humanise sous la plume d'Urasawa, apparaissant dès lors comme de simples maillons d'un marché noir dont ils sont tout autant prisonniers que ne l'est Miyuki elle-même. Bien qu'utilisés également comme éléments comiques, ils révèlent une véritable sensibilité et des parcours analogues à la jeune fille. En témoigne la poignante discussion autour d'un énième curry dans l'appartement de la famille Umino, entre Junji et Miuyki.
Dans Happy!, rien n'est figé. Les personnages se battent pour leurs rêves, leur survie ou leur entourage.
C'est dans ce contexte-ci que l'auteur introduit la dimension sportive. Elle n'en constitue pas l'essence mais au contraire supplée à l'histoire sociale proprement dite. Entrent alors en scène Keïtchiro, Kikuko, ou encore Choko. Ce sont autant de nouvelles entraves que de solides alliés qui viennent étoffer et rythmer la vie de Miuyki, dans son retour à la vie sportive. Le tennis devient un enjeux presque médicinal. Pour la famille Umino, il fait figure de remède à la dureté de l'existence et apparaît comme un moyen de rompre avec les liens contagieux contractés malgré eux avec l'univers des bas-fonds. Exutoire pour Miuyki, garant de sa détermination, il incarne la lueur d'espoir dans laquelle la jeune fille insuffle toute sa combativité.
Manga prometteur, Happy! est une belle façon de montrer que si la vie n'est pas toujours rose, elle n'est pas non plus nécessairement noire. À chacun de lutter pour apporter les nuances permettant son épanouissement.
