C'est moi ou tout le monde s'en balance du film
Je fais bref,
The Grid. A digital frontier...
Au risque de m'attirer les foudres des aficionados de l'univers Tronien et autres geeks ayant érigé l'opus de
Lisberger (
Tron, 1982) en graal cinématographique, symbole dans un premier temps de l'émergence d'une « culture » leur étant propre, puis avec le temps, leur ayant été reconnu, je n'ai pas vu
Tron. Évitons les scènes de pugilat et disons simplement que j'ai – du fait de cette absence – reçu le film comme une création indépendante se suffisant à elle. Inévitablement, cette position inclus à la fois des avantages et certains inconvénients.
L'histoire, tous – ou presque – la connaissent.
Sam Flynn, héritier de l'entreprise ENCOM après la disparition de son père,
Kevin, se retrouve plongé dans une utopie numérique. Kevin y est prisonnier depuis près de vingt ans. Dans un monde inconnu en proie à de terribles maux, il doit empêcher les sombres desseins de
Clu – l'avatar paternel révolté contre son créateur – et trouver le moyen d'atteindre dans les plus bref délais le portail qui le ramènera, lui et son père, dans le monde réel.
« I tried to picture clusters of information as they moved through the computer. What did they look like? Ships, motorcycles? Were the circuits like freeways? I kept dreaming of a world I thought I'd never see. And then, one day, i got in. »
Disons d'emblée que toute la beauté de la citation ci-dessus se fane peu à peu, telle une rose, tant les possibilités visuelles et expérimentales que pouvait offrir
Tron Legacy ne débordent jamais d'un cercle établi – et relativement consensuel. La beauté illusoire du colisée digital laisse place à un univers aride dépourvu de tout caractère majestueux. L'utilisation de la 3D elle-même s'avère étonnamment sous-employée alors qu'elle aurait pu enrichir thématiquement la réflexion sur les nouvelles technologies et le virtuel. Dans la droite lignée de ces déceptions visuelles, le scénario, bien que soulevant plusieurs questions – la notion de perfection – saborde ses idées potentiellement les plus passionnantes, à l'image des
Iso, créations virtuels indépendantes ayant échappé au modelage de
Flynn.
Il n'en demeure pas moins qu'en sortant de la salle, j'avais le sourire aux lèvres heureux d'avoir vu un blockbuster inévitablement calibré, mais néanmoins doté de belles qualités. La plus emblématique étant la mise en scène de
Kosinski, protégé de
Fincher à juste titre, en parfaite adéquation avec l'univers. Symétrie des cadres, beauté des travellings, lisibilité et tonicité des scènes d'actions. L'esthétisme de cet univers numérique – dans sa première partie – impressionne tout autant. Au plaisir des yeux s'ajoute l'enivrante partition des
Daft Punk, qui ne révèle toute sa puissance que plongé dans la pénombre de la salle, face à ces lignes virtuels. Dernier élément à souligner, même si déjà évoqué; la question de la perfection, notamment à travers la symbolique récurrente du cercle. Tout comme le
Black Swan d'
Aronofsky, le film de
Kosinski travaille sous toute les coutures l'image de la perfection, et ce dès l'affiche où il trône au sommet de toute chose, dépassant la main de l'homme et ses créations. Intouchable.
Je me répète mais même en étant – très – calibré,
Tron a fonctionné chez moi. Un blockbuster hypnotique. Je me pignole pas plus dessus, c'est pas nécessaire. Allez-y (si c'est pas déjà fait), c'est sympa.