Souvenirs d'un Hollow.

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

Hyourinmaru
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Message par Hyourinmaru »

Aha ! Le goût du sang =D ... très bon chapitre, on commence à sentir toute l'étendue du côté sombre de la force ... rien à redire, vivement la suite ^^
Ridicule-Dandy a écrit :Car sache le sans Mozart il n’y aurait pas eu les Beatles
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Aizen
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Message par Aizen »

Bon et bien voici, la suite (édite dans le premier message ^^... comme d'hab quoi :razz: ... sauf une fois :lol: ).

Bref je remercie Hyourinmaru en tant que dernier lecteur de ma fic de m'avoir laissé un commentaire ;-) .
Allez les djeunes, si vous lisez cette fic, n'hésitez pas à laisser votre commentaire... même si je sais que ce n'est ce que l'on pourrait attendre d'une fanfic... mais je vous aime quand même :mrgreen: !

Allez bonne lecture, en espérant que cela vous plaise ^^.
lebibou
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Message par lebibou »

Première review que je laisse.
(Normal, je viens tout juste de finir les mangas et les scans. )

On va se faire un compte rendu point par point :
Style : très bon. C'est fluide, c'est expressif, c'est varié. Et il y'a cette patte si agréable.
Histoire : Original. On ne sait pas où le réel, l'imaginaire. Antoine est attachant car il est un archétype d'un étudiant, mais on sent qu'il a en plus ce petit côté malsain qui se développe peu à peu.
Personnage : rien à redire.
Et pour les détails secondaire, (orthographe… ) c'est du nickel. C'est une très bonne fic, mais je reste sceptique quand à la vie des Hollow, avec des batteries. Mais ça a au moins le mérite d'être original, et rend les personnages attachant.
Affaire à suivre.
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vampire-master
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Message par vampire-master »

oula, j'avais quelques chapitres de retard.
Me revoilà mis à jour. C'est excellent, j'aime beaucoup la tournure que prend l'histoire. Fais le sombrer du côté obscur cet Antoine :twisted:
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May_ra
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Message par May_ra »

* a pas pu s'empecher de faire des conneries :siffle: *
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Je suis encore plus fan que je l'étais, l'histoire prend une tournure ma foi tres
impressionnante, originale et le perso antoine *3* devient de plus en plus attachant avec ses idées et ses craintes et tout ce qu'il endure et tout ce qu'il a été amené à faire notamment la vie "a faire semblant" ! sa chute dans le monde obscur devient pour ma part, un truc inevitable voire humain :roll:

j'aime!!!!!!!!

promis je ne louperais plus autant d'un coup :lol: ;-)

Continue de nous eblouir! J'ai raison, HEIN ACE !!!
ton style d'ecriture est vraiment tres agreable et Parfait! *fan* :respect: :ange: :arrow:
Violet Lotus!
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NekoNoMe
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Message par NekoNoMe »

wahhhh j'avais zappé pas mal de chapitre gomen ( pas fouetter Aizen, pas fouetter... :respect: )

toujours aussi bien cette fan fic, vivement la suiteuuuuuhhh!( je sais exam exam^^)
Viendez jouer ***avec la charte*** ( j'ai pas mis de lien... bouhhh michants )
Merci a R4seng@n pour ses gifs animés^^
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Aizen
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Message par Aizen »

Oui je reposte ce chapitre ici, car j'ai pu remarquer qu'il en manquait une grosse partie la dernière fois ^^. La suite arrive bientôt... j'espère :razz: ... mais en attendant vous vous profitez de ce que vous avez loupé :lol: :mrgreen: .

Chapitre XV/ Une relation enterrée, un avenir compromis


Il est curieux de croire que l’on vit dans un rêve où l’on ne se réveillera jamais. Antoine était dans cette situation là, le jeu avait pris une part non négligeable de sa vie, jusqu’à l’hypnotiser. Le goût du sang, du meurtre par procuration, autant de fantasmes qu’il était à même d’assouvir en se connectant trois, quatre heures par jour. Il ne s’agissait pas d’une addiction déraisonnée, faisant perdre pied avec la réalité. Mais plutôt d’une envie sans cesse inassouvie de jouer, de progresser dans ce monde folklorique aux accents judéo-chrétiens, à l’organisation calquée sur l’Enfer, le Purgatoire, et le Paradis de Dante.

Intrigué, et curieux, notre jeune homme passait des heures à la bibliothèque pour en savoir plus sur les rapports entre ce manga et la théologie. Une phrase durant sa longue quête retint son attention, extraite de l’Apocalypse selon Saint-Jean :

« En le voyant je tombai à ses pieds comme mort ; mais il posa la main droite sur moi et il me dit : « Ne crains point. Je suis le premier et le dernier, le vivant ! J’ai été mort, mais dernièrement je suis vivant aux siècles des siècles ; et je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts. Cris donc ce que tu as vu, ce qui est et ce qui doit arriver ensuite » »

Il n’avait pas encore d’idées précises quand à la réelle teneure de ce que cette phrase pourrait impliquer à plus ou moins brève échéance. Mais intuitivement il avait acquis la certitude que cela aurait de l’importance. Souvent ce type de certitude face à une action, donne à chacun de nous, un don que l’on croit être de la voyance. Une sorte de faculté de prédire l’avenir parce qu’au plus profond de nous, on pense et souhaite que cela arrive. Et lorsque cela ne survient pas, nous oublions nos erreurs et nous nous remémorons celles qui ont été justes. Inconsciemment nous souhaitons que cela advienne, nous l’espérons. Pour Antoine, la même idée s’était emparé de son être, il ne pensait pas que cela aurait de l’importance, il souhaitait que sa découverte en ait, nuance qu’il faut marqué lorsque la psychologie est un fil ténu duquel nous pouvons chuter à tous moments, face à la complexité des sentiments humains.

Antoine, n’avait plus qu’un morne quotidien, fasciné par ces images envoûtantes et si réel. Sa chambre n’était plus qu’un amas d’objets sans forme, où traînait des canettes, des boîtes de pizza. Une écoeurante odeur d’anchois, et de sauce tomate froide se dégageait de cet insalubre endroit. Ce parfum avait fini par faire partie intégrante de notre étudiant, il sentait mauvais sans même s’en rendre compte. Dans le métro, les gens s’écartait de son passage, le regardant de haut en bas, dégoûté devant cette affligeant spectacle de cheveux longs et gras, d’yeux exorbités, et d’un corps à la maigreur squelettique. Il errait tel un fantôme dans les couloirs de son université, et des gares. Ses amis peu à peu le voyait s’éloigner d’eux, sans qu’il s’en aperçoive, trop plongé dans son illusion.

Une seule personne aurait pu le sauver de ce marasme. Elle avait aujourd’hui, vingt quatre ans, et avait été son amante durant trois ans. Une union passionnelle et fusionnelle les avait unis, brisée comme c’est souvent le cas dans ces relations par des éclats de voix, des déchirements, des larmes. Le feu de la passion finit toujours pas s’éteindre, pour certains ils restent l’amour pour d’autres les bris de vaisselles et les larmes. Chez Laure, le feu s’était éteint définitivement, et avait décidé de se séparer d’un garçon à la sensibilité trop à fleur de peau, et sans doute trop inconséquent pour envisager une relation durable. Et puis elle lui avait souvent dit, « parfois des hommes ont des regards à se donner, il est difficile de ne pas s’abandonner dans leurs bras, et de rester fidèle aussi puissant que soit cet amour ». Il répondait par un sourire, et un beau discours sur la fidélité dans les couples qui s’aiment. Mais inconsciemment, il savait que cette relation prendrait fin, qu’elle n’était pas faite pour durer. Ils étaient trop dissemblables, elle trop volcanique et impulsive, lui trop calme et indifférent.
Son visage était un masque de cire, où rien ne filtrait. Elle restait ainsi souvent à le regarder, espérant trouver dans un mouvement de sourcils, de lippe, une expression. Son regard était un océan, où l’on pouvait se noyer, celui de Laure, d’un noir exaspérant que seules les étoiles illuminent de leur blafarde lumière.

Cela faisait un an, qu’Antoine traînait son mal-être, il avait bien été avec quelques autres femmes, mais tout lui paraissait fade et sans intérêt. Pourtant le destin joue par moment des tours capricieux et fait ressortir du passé des figures que l’on ne souhaite pas voir ressurgir. Il est pourtant nécessaire pour certaines personnes d’affronter la dure réalité de leur échec pour prendre conscience du pathétique de leur situation. Antoine était l’un d’eux, et sur le trottoir d’en face, son passé venait de ressurgir comme le Commandeur faisant face à Don Juan. Attiré comme un papillon vers la seule source de lumière qu’il n’ait jamais connu, il aurait souhaité traversé pour aller la saluer. Mais les blessures amoureuses sont celles qui mettent le plus de temps pour se refermer et sa plaie était toujours béante. Il savait que s’il la rejoignait et la saluait, ce n’était pas une amie qu’il irait voir. Ce n’est pas non plus avec le sain détachement de deux amants qui n’ont plus rien en commun, mais avec le rôle de l’amoureux éconduit, celui qui fait pleurer les ménagères de plus de quarante cinq ans toujours célibataires, dans les romans à cinq sous, songeant à leur vie amoureuse ratée et s’imaginant être la source de pareille supplique imaginant que leur Roméo existe quelque part et que l’amour est plus qu’un mot.

Il n’eut pas besoin de se poser trop longtemps la question puisque c’est elle qui finalement l’aperçut et vint vers lui. Un sourire figé émergeât sur le visage d’Antoine. Il est sans doute plus simple dans ce genre de situation de « faire semblant », de jouer un jeu, un personnage. Il tentait d’être le mec blasé, distant, qui n’éprouve plus rien. Il est d’autant plus facile de jouer ce jeu, lorsque la personne en face de vous souhaite le croire, et préfère ignorer le fait que les choses n’ont pas évolué en un an.

Ils étaient assis à la terrasse d’un café, contant leur quotidien. L’étonnante banalité de ces propos ne rendait que plus comique la position d’Antoine. Tourmenté intérieurement, brûlant de l’embrasser, sur son visage était apparu le masque des tragédiens grecques de l’Antiquité, figé, glaçant d’immobilisme, horrifiant par leur absence de sentiment. Laure avait en face d’elle, le visage d’un mort, débarrassé de toute humanité, de tous les rictus qui marquent la vie. Inconsciemment cette rencontre marquait le début de quelque chose de nouveau. Il n’en avait pas encore conscience, mais au fond de lui, émergeait un sentiment de dégoût irréversible envers l’humanité et les êtres humains. Il imaginait les amants qu’elle avait connu après lui. Réaliser qu’elle avait pu dormir, être nu, coucher avec un autre le dégoûtait et le révulsait. Une irrépressible envie de vomir le secouait. Il maudissait cette rencontre et ces images qui n’avaient de cesse de revenir devant ce visage, autrefois si pur à ses yeux.

Il fallait que cette rencontre s’écourte, il n’en pouvait plus. Il était désormais incapable de la fixer sans réaliser qu’elle ne lui reviendrait jamais, qu’elle avait enterré leur relation, et qu’aujourd’hui elle en parlait comme on feuillette un album de vieilles photos de famille, avec une froide distance. Prétextant un rendez-vous, il l’a laissa, mais heureuse de ces retrouvailles, elle lui donna son numéro de portable qu’il glissât négligemment dans son portefeuille, lui promettant avec son plus beau sourire qu’il la rappellerait.

Déambulant, ne réalisant pas tellement ce qu’il venait de vivre, il eut à nouveau la même vision que lorsqu’il avait pris le RER. Son inconscience l’amena dans le monde Hollow, où il vagabondait, désemparé. Une faille était là devant lui, il avait besoin de se défouler.
Aizen
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Message par Aizen »

Et bien voilà la suite ^^. Je remercie tous ceux qui la commente et qui l'apprécie de leur fidélité :grin: . Ca fait chaud au coeur pour continuer ;-) .

Chapitre XVI/ Une triste musique

Il devait être huit heures, le personnel travaillant dans la tour avait quitté les lieux depuis au moins trois heures. En haut, au dernier étage, la télévision était allumé sur CNN International. Les news défilaient, la journaliste parlait d’un ton monocorde. Ses propres sentiments, ses angoisses, ses joies semblaient irrémédiablement masqués derrière ce masque de cire qu’elle arborait pour lire et commenter les nouvelles qui lui parvenait. Que ce soit le mariage du prince héritier de la couronne d’Angleterre, ou les vagues d’assassinats massives qui inquiétaient l’ensemble de la classe politique internationale depuis quelques temps, elle usait toujours du même ton neutre.

Assis à son bureau, somnolant, un léger sourire éclairait son visage ridé. Shin était à côté de lui, près des immenses fenêtres surplombant la ville. Le regard perdu, il se demandait combien de temps cela allait durer et si surtout un jour cela finirait. Décidé à rompre le silence qui s’était installé depuis quelques instant, tout juste perturbé par la voix de cette jeune femme au débit monotone.

«_Ca a commencé aussi à Paris… Qui est-ce ?
_Hmm, je me souviens plus… »

Le ton était quelque peu froid mais surtout fatigué, il ne ressentait plus rien. Pourtant son projet prenait forme. Croire qu’avec un peu d’argent, on peut changer la face du monde est le rêve de quelques illuminés. Malheureusement il était loin d’être un illuminé et c’est ce qui effrayait Shin au plus profond de lui. Mais que faire ? Ses raisons n’étaient elles pas excellentes ?

« _Pourquoi ? » sembla-t-il murmurer dans un légère supplique.
« Pourquoi quoi ?
_Non rien… excusez moi maître.
_Aurais tu des doutes ?
_Non, ce n’est pas ça, mais… comment dire, est ce vraiment nécessaire ? »

Le vieil homme se leva, le plafonnier éclairait sa peau d’ébène, aidé par sa canne, il traversa la pièce. Il s’assit au piano à queue trônant au fond de la pièce, soulevant le couvercle, il souffla sur les touches. Une fine couche de poussière s’élevât, éclairé par les néons, elle tourbillonnât virevoltante, avant de stagner dans les airs. Il commençait à jouer, quelques notes malhabiles pour des doigts trop longtemps restés inactifs hormis pour taper sur l’écran de son ordinateur, une vieille mélodie de comédie musicale, reprise de nombreuses fois par Coltrane, « My favorite Things ». La musique envahissait la pièce, Shin écoutait. Depuis combien de temps n’avait il pas entendu cet endroit résonner ? Depuis combien de temps n’avait il pas retouché à un instrument de musique ?

« _ La mort de ma femme… elle se tenait là en face de moi… avec son amant… et un autre type. Je n’y croyais pas… je restais immobile dans la pièce. Elle me regardait… nue, des larmes perlaient le long de ses paupières. C’est vague dans mon esprit et j’ai peur d’avoir occulter de nombreuses choses. Tout s’est déroulé si vite… elle a pris le pistolet dans le tiroir du meuble à côté de ma chambre… quelle idée d’avoir une arme à feu chez soi… Le gars ne faisait pas attention, il continuait à lui faire l’amour, quand à l’autre il regardait, il observait… nue, à côté d’elle, à genoux sur le lit. Elle a posé le canon sur la tempe du gars… une détonation… L’autre la regardait, il ne savait pas quoi faire, c’est à ce moment qu’il me vit. Un autre coup de feu retentit, il vint s’affaler près de moi. Un filet de sang sortait de sa bouche. Puis il ne restait plus qu’elle, elle me fixa, j’étais tétanisé, mon cœur s’affolait, aucun son ne sortait de ma bouche. Lentement, elle leva le bras, mit le revolver dans sa bouche… et appuya sur la détente. »

Shin discrètement avait éteint le poste durant le récit, un silence lourd et implacable s’abattit sur ses épaules. Une profonde nausée le saisit. Il imaginait la scène presque malgré lui.

« Je n’ai jamais compris ce geste… Il y avait sans doute moyen de s’expliquer. Après tout j’étais déjà assez âgé, j’aurais parfaitement pu comprendre que je ne la satisfaisais pas sexuellement. J’aurais pu tout lui pardonner… Mais ce spectacle… c’était trop pour moi. Je récupérais les vêtement de l’un d’eux… le second tué… en fait je ne pensais plus, je ne réfléchissais plus, j’étais devenu un automate. J’ai posé mes papiers sur lui, mon alliance, mes vêtements, et puis j’ai brûlé la maison, en prenant soin de brûler les corps. Le lendemain, j’ai pu lire, Crime passionnel chez le pianiste Calvin Roy, on le retrouve mort, avec sa femme et un mystérieux homme qui reste à identifier. Je crois que cette version arrangeait tout le monde… même si j’ai toujours été surpris que la famille de la troisième personne ne s’interroge sur sa disparition… peut-être n’en avait-il pas tout simplement… c’est vrai qu’il avait l’air d’un pauvre type quand même… un type pas à sa place en tout cas. »

Il ne restait rien que le silence obsessionnel de ces nuits infâmes ou se révèlent nos vices. Perdu dans sa tour d’ivoire, il ne voit plus rien, juste le monde par le petit bout de sa lorgnette. Mais alors pourquoi une telle volonté de semer le trouble ? Peut-être la haine de l’homme tout simplement. Eradiquer une espèce qui a abusé de ses aïeuls, qui ne se croient grandes que lorsqu’elle a éliminé son adversaire. Peut-être qu’il n’y a pas de remèdes miracles, peut-être faut il tout détruire pour pouvoir reconstruire. Mais qui est il pour pouvoir décider ainsi de la vie ou de la mort de centaines, de milliers d’être humains ? Qui est il pour envoyer à la mort et manipuler des hommes et des femmes ? Profitant de leur faiblesse pour s’immiscer dans leur esprit et lever le glaive de ce qu’il considère la justice mais qui n’a que le goût de la tyrannie. Laissons donc les gens aller à leur propre perte, il est inutile de la provoquer, ils sont fait pour mourir, et cela ne fera pas de nous des assassins. Pensées diffuses et apeurés d’un Shin sous l’emprise de son père, de son charisme.

«_Tu sais Shin lorsque je suis parti du Japon, je suis allé à Paris… Je ne savais pas trop où mes pas me guideraient, je me promenais sur les Quais de Seine, lorsque je vis l’affiche d’un concert. Je n’ai jamais été amateur de musique classique… pour moi c’était de la musique de blanc, de la musique de nantis. Bref une musique qui allait contre mes principes, je préférais le souffle de liberté et de révolte que m’offrait le jazz. Mais ce soir là ce fut comme une révélation. La première partie était consacré au Concerto pour piano KV 467 de Mozart, et la seconde du Concerto pour piano N°2 de Chostakovitch… Curieux programme d’ailleurs… il est rare de voir un tel écart, de style et temporel, au sein d’un même concert. Ce fut deux chocs, deux claques. Je me retrouvais en face de deux œuvres diamétralement opposées… et comment dire… l’une n’était que douceur, pureté, elle m’élevait. Oui c’est ça… j’avais l’impression d’être porté par ce premier concerto. Alors que l’autre, c’était un sentiment étrange, c’était un mélange de bruit, de fureur, de tripes… et je voyais le pianiste se décomposer littéralement sous mes yeux, j’étais submergé. Il était là, enchaînant les allers-retours sur le piano, c’était fascinant, passant brusquement de piano à forte. Je voyais ses mains gigantesques pénétrer les touches. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant, c’était magique, aucun morceau de jazz, ne m’avait fait cette impression… même Coltrane à ses grandes heures, au début des années 60, n’avait provoqué un tel choc chez moi. »

Il est des paroles qui sonnent comme une langue étrangère, pour Shin c’était du grec ancien ce qu’il entendait. Il aimait la musique mais ne s’y était jamais particulièrement intéressé. Il ne se sentait pas la fibre tout simplement. Aussi captivé par le récit qu’il soit, il n’en restait pas moins qu’il ne savait pas du tout de quoi il était question. Plus pour longtemps, à nouveau quelques notes résonnèrent. Le vieil homme était en train de jouer, enchaînant les arpèges, les changements de nuances. Shin demeurait muet, pendant les dix minutes que durèrent ce concert particulier. Quelques larmes lui vinrent, il imaginait le ballet des bombes atomiques sur le mouvement lent et langoureux qu’il était en train d’entendre. L’existence lui paraissait si belle et si éphémère à cet instant.
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Message par vampire-master »

Kyaah c'est trop bien. :grin:
Le scenario est beaucoup plus tortueux que ne le laissaient imaginer les tout premiers chapitres.
Et puis j'adore ton style d'écriture.Il ne ressemble à aucun autre sur ce forum. Et ton récit est imprégné de musique, on sent le passionné. :razz:
Les sentiments sont super bien rendus, je ne vois pas ce qu'il y aurait à redire.
Continue, le début de ta fic était déjà très bien et en plus tu te bonifies 8-)
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lebibou
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Message par lebibou »

Au risque de répéter ce qui a déjà été dis précédement, tu as un style exceptionnel. Il y'a cette patte que l'on ne développe qu'après de nombreuse pages d'écriture. Aucun mot n'est là par hasard.
Je vois par exemple le terme "nanti" utilisé par la personne agé (désolé j'ai oublié le nom). Tu aurais très bien pu utilisé le terme "riche" mais nanti dénote un certain raffinement et une certaine éducation, ce qui est tout à fait en accord avec le personnage. C'est tout bête mais ça renforce le style et la description du caractère.
Tu imprègne ton style de nombreuse référence à de la musique ou à la religion, permettant d'avoir un regard neuf sur l'univers de bleach.
Finalement c'est tout sauf une fan fic de bleach. Tu as transcendé l'univers de bleach afin de créer le tien.

Continue !
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Aizen
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Message par Aizen »

Vampire-master : Merci à toi ^^. C'est vraiment agréable surtout que tu suis la fic depuis son commencement je suis plus qu'heureux de voir que cela continue à te plaire ^^.
lebibou: Frachement, que de compliments :oops: . Je suis extrêmement touche que cela t'enthousiasme tant ^^.

Maintenant j'espère que la suite ne vous décevra pas ^^. Et puis les autres n'hésitez pas à laisser des comms :mrgreen: (même si cela ne vous plait pas après tout c'est dans la critique que l'on progresse ^^).


Chapitre XVII/ Un jour presque comme les autres

Comme chaque matin, il s’était levé à sept heures. Comme chaque matin, il touillait ses céréales dans son laid froid, le regard vide et fatigué d’une nuit encore trop courte. Comme chaque matin sa fille, lui faisait une bise avant de lui dire au revoir et de partir à la fac pour son Master de droit. Son fils était déjà parti du cocon familial, et avait eu une fille, il y a deux ans de cela. Devenir grand-père cela lui avait fait un choc, pour lui le temps de la retraite avait sonné, à cinquante-cinq ans, il en avait sa claque de ce métier. Commissaire principal, voir toutes les merdes du monde, dans une seule ville, Paris. Pourquoi avait il choisi ce métier déjà ? Il ne s’en souvenait plus lui-même. Peut-être les réminiscences des jeux d’enfants, gendarmes contre voleurs, indiens contre cow-boys, les réminiscences d’un monde juste où la justice triompherait, ou peut-être tout simplement le sentiment virile et confortable de sentir une arme accrochée à sa ceinture.

Tant de questions dont il ne se souvenait plus des réponses. La routine du temps présent s’était installée, il ne lui restait plus qu’à compter les jours, les mois, les années qui le séparaient d’une retraite bien méritée. Bien loin de ces meurtres, de ces viols, de ces vols, bien loin de toute humanité, rompre avec le monde tel qui est. Immuable bloc qui continue d’avancer sans vous.

Le bol de céréales était à présent dans son estomac, après une rapide toilette. Il revêtit son imperméable, il avait toujours été un grand admirateur de l’Inspecteur Clouseau interprété par Peter Sellers, films ayant bercée sa jeunesse. Pour lui c’était un clin d’œil amusé que de s’habiller pareillement alors qu’il occupait désormais le même poste que lui. Un peu d’humour dans un quotidien macabre, un peu de vie dans un monde de cadavres.

Une vielle Velsatis l’attendait dehors, il aimait cette voiture et rien au monde ne lui en aurait fait changé. Sans doute l’impression de se sentir en sécurité dans un quotidien bien ordonné. Il allumait la radio, comme à l’accoutumé, des bouchons sur le périphérique, l’A 86 noire de monde, la routine habituelle quoi. Il écoutait les informations sur France Info, lassé rapidement par la répétition des nouvelles, il changeât rapidement de station.

Il en avait marre d’entendre ces suites de chiffres à la suite des unes des autres, ces morts qui remplissent des colonnes statistiques, 65 morts dans un glissement de terrain au Sri-Lanka, 14 morts dans un attentat à la voiture piégée à Jérusalem, mais quid de la détresse des familles ? Demain on les aura oublié alors pourquoi nous tenter de nous apitoyer alors qu’eux-mêmes s’en foutent ? Combien de personnes meurent chaque jour dans Paris ? Pourquoi ces personnes n’avait elle pas le droit eux aussi à la premier page de Libération ? Cette hypocrisie le dégoûtait, lorsque chaque jour on est confronté à la détresse de ces mères qui viennent pleurer leur enfant, réclamant que justice soit faîte, que le coupable soit justement châtiée, il n’est pas tolérable d’entendre parler de morts, de personnes de chair et de sang comme nous, qui vivaient et respiraient, comme de simples chiffres.

Il avait mis France Culture, il écoutait un débat sur l’existentialisme, d’une oreille distraite. Ses gestes machinales le conduirent au Quai des orfèvres sans même qu’il s’en rende compte, trente ans à emprunter le même trajet, à voir les routes évoluer, le trafic s’intensifier, à voir tant de gens râler.

Une matinée comme les autres, trier les dossiers, discuter avec plusieurs juges d’instructions pour être dans leurs bons papiers et avoir plus de libertés, démarcher pour avoir une rallonge budgétaire. Un quotidien banal, pour une journée banale. Paul, un de ses inspecteurs, l’avait rejoint pour déjeuner avec lui. Il avait un peu plus de la trentaine tout jeune homme émoulu de l’école de police. Avide d’apprendre et de se confronter à la réalité du terrain, il voyait en lui son successeur à ce bureau.

Les petits pois dans leurs assiette, se sentaient bien seul, la nourriture n’était décidemment pas le fort de leur cantine. La prochaine fois c’est sûr il irait manger dehors et ferait passer ça en note de frais.

La journée s’écoulait calmement, ses équipes étaient en action, lui coordonnaient le tout de son bureau. La douceur des radiateurs réconfortaient notre homme qui ne regrettaient nullement de ne pas être sur le terrain par un froid pareil. Pourtant les choses évoluent vite, cela Jacques le savait. Brusquement un homme essoufflé ouvrit brusquement la porte sans frapper. Le regard sombre que le commissaire divisionnaire lui jeta n’y changeât rien, légèrement en sueur, haletant, il tentait de formuler une phrase.

_On… vous demande… Métro Père Lachaise… c’est le commissariat du 11ème qui vient de nous appeler… un truc qu’ils n’avaient jamais vu… j’ai pas les détails mais vous êtes demandé de toute urgence… parait que c’est un truc de ouf…

Le visage de Jacques s’assombrit en entendant les paroles du jeune homme. « Faîtes attention à votre langage Monsieur, n’hésita-t-il pas à glisser à son collègue, il est plus facile de mal parler français que de correctement s’exprimer, ne l’oubliez pas. On passe pour des abrutis, ne donnons pas raison à nos détracteurs ». Il prit son imperméable sur le portemanteau et masquant des cheveux commençant doucement à disparaître, il se revêtit d’un chapeau, très années trente. Il en profita pour appeler Paul, apparemment il ne serait sans doute pas de trop.

Il fut rapidement conduit sur place. De nombreuses personnes étaient déjà là, dont quelques journalistes et photographes en quête de sensations et de sensationnalisme.

_Venez Inspecteur, il faut descendre et prendre le métro, ça a eu lieu, sur la ligne 3, entre l’arrêt Rue Saint-Maur et celui du Père Lachaise.
_Vous avez posé les scellés et bloqué la ligne ?
_Oui.
_Qui l’a découvert ?
_Le conducteur du métro suivant, il nous a immédiatement appelé.
_Vous pouvez me le décrire ?
_Quoi donc ?
_Ce qui s’est passé.
_ … Non…

La discussion entre ces deux hommes se déroulât pendant qu’il marchait dans le tunnel. Paul écoutait attentivement. Il observait chaque détail, sa première grosse affaire, il ne fallait pas se louper. C’était la promotion assurée si jamais il réussissait et se faisait bien voir.

_Voilà, c’est là.

Le silence qu’imposa la scène glaçât le sang de tous les protagonistes de cette scène. Fébrilement éclairé par la lumière falote des lampes torches, un spectacle d’Apocalypse se présentait à eux. Il est des visions que même l’horreur ne peut exprimer. Un wagon traînait là sur les rails, immobile, sur les vitres des gerbes de sang séché. Jacques pénétra dans le wagon, des cadavres entassés, des têtes arrachés, des entrailles exhibées. Paul eut une soudaine envie de vomir et se soulageât quelques mètres plus loin. Rien ne l’avait préparé à ça, un tremblement s’en suivit, ses membres s’agitaient d’eux-mêmes pris d’une frénésie incontrôlable. Il pleurait. Jacques vint le soutenir, qu’aurait il pu lui dire ? Que ce n’était rien ? Impossible. Que cela irait mieux ? Utopie, malgré ses airs blasés, c’était la première fois qu’il voyait ça. Même les attentats à Saint-Michel l’avait moins bouleversé. Là tout lui paraissait ordonné malgré les couverts de massacre, il n’y avait aucun sentiment. Tout avait été vidé, tout avait explosé.

_On a su déterminer l’arme ou les armes de ces crimes ?
_A première vue… et c’est horrible… on a pu constater des marques de dents et de griffes.
_Qu’est ce que vous me racontez, c’est pas un animal qui a fait ça quand même ?
_Non ce serait presque trop beau si c’était le cas…

Un regard lourd de sens se posât sur les épaules de l’homme venant de prononcer cette phrase. Comment pouvait il parler de beauté face à un tel spectacle ?

« Apparemment c’est l’œuvre d’un seul et même individu, les marques de dents sont identiques entre les victimes. Ce qui est curieux, c’est que pour chacune d’elle, leur cœur a disparu.
_Encore un malade mental, glissa Paul, tentant de se remettre petit à petit.
_ Je ne serai pas aussi affirmatif que toi, tempéra son supérieur, il ne faut jamais considérer ces gens là comme des malades, regarde, aucune trace d’empreinte, un carnage, froidement ordonné. Par contre un truc que je comprends pas, c’est comment a-t-il pu avoir le temps de faire ça entre deux stations, et surtout de décrocher le wagon aussi facilement.
_En fait il semblerait que le réseau électrique de la RATP qui gère l’ensemble du système a sauté durant une bonne vingtaine de minutes. Alors est ce une coïncidence, ou un fait exprès ?
_Dans ce genre de cas, je ne crois pas au hasard… Allez vous renseigner et trouvez moi la raison de la panne.

Des gens en blouses blanches s’attelaient autour de chacun des cadavres afin de tenter de récupérer le moindre indice pour être envoyé au laboratoire. Le blême inspecteur tenta de se ressaisir en s’aspergeant le visage d’eau froide.

_Vous en pensez quoi ? murmura-t-il à son supérieur.
_A première vue je dirais que cela a été planifié. La coupure de courant, ensuite le dernier wagon, pour ne pas être remarqué et puis ce massacre… Mais pourquoi ? Si seulement il pouvait y avoir une raison ? Mais apparemment rien, juste le besoin de tuer, c’est effroyable, comment de tels hommes existent ? Sommes-nous si irrécupérables que ça, pour être capable de réaliser de tels actes ?

Un « j’en sais rien » maladroit tira Jacques de sa rêverie.

_Je ne vois pas d’explications, pas de motifs, de mobiles, le crime parfait. S’il s’arrête là, on n’a aucune chance de le coincer… A première vue il n’a fait aucune erreur. Le pire c’est que si on veut l’attraper, il faudrait qu’il recommence… donc d’autres victimes… Faire triompher la justice au gré des massacres, curieuse ironie tu ne trouve pas, Paul ?
_Si… sans doute.
_Comme je souhaiterai ne pas l’attraper ce salaud dans de pareilles conditions. Enfin vu comment c’est parti, il va probablement recommencer, c’est une certitude.

Jacques souriait, non il n’était pas heureux, il venait de se rappeler pourquoi il faisait ce métier, tout simplement.
May_ra
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Message par May_ra »

J'aime toujours autant , que du talent tres cher 8-)
je plussoie lebibou et vampire master ;p, et c'est aussi agréable a lire qu'à imaginer les scènes!

Ne t'arretes jamais ;-) (si possible biensur ;p)
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Hyourinmaru
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Message par Hyourinmaru »

L'une des raisons pour laquelle je lis assez peu de fics, c'est parce que je les trouve ... trop longues. Trop pour mes petits yeux plissés devant le grand écran 19''.

Là, bizarrement, j'ai rattrappé mon retard en quelques minutes, et ça m'a subitement paru trop court. Mais vraiment court ! Pour faire un commentaire un peu plus explicite ... suite excellente, très prenante ! L'histoire en elle-même est assez décousue, mais finalement, le fil rouge qui relie tous tes chapitres, c'est l'ambiance. On est plongé dedans, on y est, on en ressort difficilement.
Bref, très bons chapitres :razz: le sens de l'histoire m'échappe toujours un peu, mais j'espère qu'on pourra en savoir plus au prochain chapitre =p ...
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Message par Aizen »

Au bout de 5 mois d'arrêt :siffle: la suite :lol: !

Je m'excuse pour lebibou mais je ne me souviens plus du tout de ce que tu m'avais marqué comme commentaire avant que le forum ne subisse les problèmes que l'on sait :oops: . Mais une chose est sûre, je te remercie de suivre ma fic ^^.

May_ra : Je te remercie itou pour ta fidélité en espérant que ce chapitre ne te décevra pas ^^.

Hyourinmaru :
Découse sans doute du fait que les chapitres ne se sont pas écrits dans un temps rapproché, je pense que cela ne fait qu'accentuer ce phénomène. En tout cas recevoir des compliments comme ceux que tu m'as écrit me font extrêmement plaisir connaissant ta qualité d'écriture ^^. J'espère que tu ne trouveras pas ce chapitre trop court :lol: .


Chapitre XVIII/ Des lendemains qui chantent ?

Pendant ce temps Antoine dormait paisiblement dans son lit. Un tremblement de terre n’aurait pu le réveiller, mais alors comment expliqué cette étrange mélodie parvenant aux tréfonds de son cerveau ? Il n’avait aucun souvenir de ce qui s’était passé la veille depuis qu’il avait quitté le café, sa mémoire était entré dans une nébuleuse où réalité, fiction se mélangeait sans qu’il en prenne réellement conscience. Sur sa table de chevet, il avait posé le numéro de téléphone que son ex lui avait confié la veille. Etrangement, il se sentait bien, le malaise qui l’avait parcouru en la revoyant s’était dissipé. Peut-être pourrait il recommencer comme avant, cette pensée le mit en joie et un sourire léger éclaira son visage. Passant sa main droite dans ses cheveux, de l’autre il saisit le bout de papier, un léger bâillement interrompit sa réflexion. Allait il l’appeler ou préfèrerait il patienter un peu, que les évènements se tassent, que les cicatrices guérissent complètement ? Sortant de son lit en caleçon, pris par une soudaine envie de ménage, il s’habilla, revêtant un jean usé, et un T-shirt bleu délavé avec inscrit dessus : « I love the World but the World hates me ». Il l’avait trouvé aux Puces parisiennes, le slogan l’avait amusé aussi pour 2 Euros n’avait pas hésité à l’acquérir.

Ramasser les boîtes de pizza, les canettes traînant ici et là n’était pas une mince affaire. Une odeur persistante s’était ancrée dans sa chambre, imprégnant aussi ses vêtements. Tentant d’aérer cet endroit, il commença par passer l’aspirateur. Quelque chose s’était métamorphosé en lui, il n’en prenait pas réellement conscience mais il se sentait apaisé. Le bruit de l’engin recouvrait ceux de la rue. Entièrement immergé dans son monde, il sifflotait un air qui lui passa par la tête. Il n’avait aucune idée d’où celui-ci provenait mais il était ancré dans son esprit et ne semblait pas décider à partir.

Une heure de travaux ménagers, il appela le coiffeur le plus proche de chez lui, ce matin ses longs cheveux gras le rebutaient, et prit rendez-vous pour le lendemain. Après un rapide déjeuner, il se mit à lire, occupation qu’il faisait régulièrement entre deux cours et trois jeux sur PC. Hormis les livres d’histoire, il lisait des romans de toutes sortes, que cela soit littérature américaine, française ou même japonaise, sa soif de mots ne s’étanchait jamais et chaque livre l’émerveillait lui procurant une sensation de bien-être, lui permettant de découvrir des horizons inconnus que seules ses pensées créaient. Actuellement il dévorait les Amants du Spoutnik d’Haruki Murakami. Allongé sur le canapé, tentant de trouver la position de lecture la plus confortable, il dévorait voracement cet ouvrage, touché par les aventures de ces personnages tristement commun, et pourtant follement mystérieux.

L’heure tournait, passe le temps comme défile les saisons, irrémédiable, inéluctable. Une pluie fine fit son apparition dehors. Antoine se leva pour assister à cet envoûtant spectacle. Il aimait le bruit des clapotis sur les trottoirs, sur les pavés, sur les vitres, sur la tôle des voitures. Ses pensées étaient ailleurs, ses yeux se perdaient dans le vague de ses souvenirs, se remémorant la première nuit qu’il passa avec celle qui avait déchirée son cœur.

Quatre ans s’étaient écoulés depuis, enflammés, passionnés, déchirés, contradictoires, haïs. Il avait traversé tous ces états comme l’éternel voyageur sillonnant différents pays à la recherche d’autres cultures, d’autres horizons. Mais comment ne pas se souvenir de la nuit originel. Il était allé en vacances en Angleterre chez des amis de ses parents et elle, en stage pour ses études de journalisme, afin de perfectionner son anglais. Le destin joue parfois de drôles de tours et facilite bien des choses. Entre eux, il n’y avait jamais eu besoin de mots, leurs corps, leurs gestes, leurs mimiques parlaient pour eux. Antoine était sorti avec ses amis dans un des pubs de Londres, le coup de foudre fut immédiat, lorsqu’il l’aperçut traînant son sourire mélancolique et ses yeux de chatte égarée.

Malgré l’envie irrépressible qui l’étreignait, il ne pouvait aller lui parler. Tout en lui s’était figé, il demeurait dans ce coin, attablé, à l’abri des regards, à fixer cette apparition. Nymphe, vision enchanteresse, jarre de Pandore qui s’ignore. Ce fut elle qui fit le premier pas, se dirigeant vers lui, fière, décidée et indomptable. L’abordant en anglais, elle s’amusa de sa méprise, et passèrent la soirée à discuter.

Dehors un fin crachin, recouvrait la ville. Et lorsque le pub dut fermer, il se proposa de la raccompagner chez elle. Ils marchèrent ainsi à pied pendant un certain temps, ignorant les taxis et les bus qui auraient pu les raccompagner. Une bulle sur laquelle le monde n’avait de prise sur eux s’était formée, n’existant que l’un pour l’autre, ils déambulaient dans les rue de cette capitale cosmopolite.

Cela peut paraître étrange, mais tout entre eux se déroulât naturellement. Il n’y eut pas de fausse pudeur, les évènements s’enchaînaient comme la rivière dans son lit suit son cours. Sur le pas de la porte, ils s’embrassèrent, la pluie coulait dans leurs nuques créant une sensation agréable de froid alors que leurs corps s’embrasaient sous leurs doigts caressants. Leur première nuit fut belle et limpide. Comment décrire en quelques mots ces moments d’extases purs ? Une fleure s’épanouit avec un peu de chaleur, chez Antoine cette éclosion embellissait cette âme d’ordinaire si sombre, si tourmentée.

Tenir Laure près de soi, la chaleur d’un corps contre un autre, sentir les doigts de celle que l’on aime caresser votre peau, souffle éphémère de deux corps en parfaite harmonie, respiration irrégulière et rauque d’instants trop vite oubliés, perdus dans un océan d’immondices. Il profitait de cet instant, brûlait de ces sentiments si longtemps étouffés, éclairant et embrasant cette nuit au manteau de jais.

L’odeur de sa peau, de ses cheveux, enivrait un esprit qui n’est plus. Seul l’instinct animal demeure dans ces moments de perdition. Les anges n’ont cure de cette valse ininterrompue où deux êtres s’aiment jusqu’au bout de la nuit. L’œil attendri, ils voient ce cœur s’éveiller et chavirer, porté par le désir, la passion.

Soupirant, il referma le rideau. Le passé devenait si présent en lui. Comment avait il pu se masquer ça pendant tant de temps. Il l’aimait toujours, son dégoût pour elle n’était qu’une preuve de cette passion toujours vivace, terré comme un félin guettant sa proie, prête à surgir au moment opportun. Il avait désormais acquis la certitude, que non seulement il devait la rappeler mais en sus, la voir.

Après quelques sonneries, le téléphone émit un léger craquement avant qu’une voix familière surgissant des ténèbres parvint à l’oreille d’Antoine. La discussion aborda différents sujets, il parlait de leur vie, l’un sans l’autre, feignant de ne plus rien ressentir, jouant ce jeu de dupe afin d’éviter de replonger. Mais inévitablement, Laure aborda le massacre dans le métro parisien. Notre étudiant en fut très surpris, mais curieusement cela ne lui était pas totalement étranger. En allumant la télévision, il dut se rendre à l’évidence, il avait déjà vu ça quelque part. Perturbé par ces révélations, il raccrocha le combiné prétextant un rendez-vous. Mais imperceptiblement, son monde s’écroulait, une violente douleur au crâne le déchirait.

Il neigeait dans son appartement, le froid avait envahit la pièce. Un homme étrange avec un masque sur la figure lui souriait. Non ! Il riait d’un rire démoniaque. Antoine prit peur et tentât de s’enfuir de chez lui. Mais aucune issue. Il pouvait entendre les battement de son propre cœur marteler sa poitrine. Sa tête tournait, il se sentait divisé. Il ferma les yeux.

Ses paupières ne voulaient plus se rouvrir, sur celles-ci le froid avait posé un cadenas dont lui seul détenait la clé. Son esprit divaguait, des taches blanches cerclées de noir, seul spectacle que ses yeux discernaient dans l’obscurité. Pourtant petit à petit la chaleur d’un âtre, se fit sentir. Sans en prendre conscience lui-même, il avançait dans l’obscurité, tâtonnant ici et là afin de se guider. Mais ses mains ne sentaient aucun contact, et plus curieux ce n’était pas ses mains. Cette révélation le surprit, et petit à petit, il s’aperçût que seul son esprit voguait dans ce lieu macabre. Son corps n’existait plus, un long tunnel s’étendait face à lui, au bout, une leur. Au plus profond de lui, il pressentait qu’il ne devait pas accéder à cette pièce lumineuse, tout en lui le retenait dans ce monde obscur. Mais la force d’attraction de cette voie l’envoûtait et malgré lui, la lumière se rapprochait.

Lumière douce et divine, aiguise ses sens, et perd la notion du temps, de lieu, et d’espace. Perdu au tréfonds de son esprit, glissant vers les catacombes de l’enfer. Ce soleil infernal l’attire comme le moustique vers la lampe brillant dans la chambre du nouveau-né, berceau de la vie lorsque la mort vous appelle. Antoine contemplait cette macabre danse, il y était à présent. Un long fleuve s’étendait devant lui, une barque vide, sans rame, quelques fleurs dans un paysage désolation. Au loin, vous pouvez entendre les rires de jeunes enfants, tels Dante accompagnés par Virgile accédant aux Enfers. Il prend place dans la barque, celle-ci se meut d’elle-même poussé par une force magique et démoniaque.

Une pièce, blanche, pure. La barque s’est arrêtée, ses yeux ont cligné, la luminosité a changé, tout éblouit. Le carrelage de la salle résonne au moindre de ses pas. Un bureau, une table, style Louis XIV. Tout a un goût de suranné, de désespérément éphémère, il ne comprend plus, quel est donc ce voyage où l’irrationnel se confond avec le réel ?

Il regarde ses mains, ce ne sont plus les siennes, mais celle d’un homme de trente ans. Il tourne la tête, assis au milieu de jouets, lui bébé. Ce bébé lui sourit, se met à crier, à hurler et disparaît. La futilité de l’existence s’étale devant lui, un miroir le montre tel qu’en lui-même, vieux, ridé, désemparé. Il saisit une canne pour avancer, son sourire se fige, une larme coule, plus rien n’existe, seul le néant se révèle et s’installe. Le lourd silence de nos vies inutiles et futiles s’installe sur ses épaules.

Il tâtonne, fouille, cherche mais ne trouve rien. Laure. Elle se tient là, nue, s’offrant à lui, fantasme de ses nuits. Il ne peut bouger, l’air se raréfie, sa poitrine se comprime. Vainement il tente de la toucher, de la caresser, mais elle demeure lointaine, vierge solitaire, au parfum enchanteur. Ses mains de jeune homme, son corps de jeune homme réagissent à ce spectacle digne de Botticelli. Il la désire, il la veut, mais inaccessible, elle lui sourit consciente de sa force, de son pouvoir d’attraction. Sa gorge est sèche, ses mains moites. Cette force contient un désir irrépressible, l’envie de caresser, toucher, lécher cette peau douce et ferme. L’odeur de son corps en sueur contre le sien. Mais rien de tout cela n’arrive, seules les images qui se forment dans son esprit, vivent ce fantasme tandis qu’elle, immobile, lui sourit, et le nargue.

Une lame traverse la pièce et coupe le corps en deux, le sang gicle sur les murs immaculés. Le blanc de la pièce est souillé, viscères et entrailles se mêlent, au milieu un fœtus, grandit, vieillit. Bébé, enfant, adolescent, jeune homme, homme, vieil homme, vieillard, cadavre. Sous ses yeux révulsés les différents états de la vie, naissance et mort combinées dans un cycle infernal se perpétuant sans cesse.

Au loin une musique, il traverse la pièce, ouvre une porte. Il fait chaud, il fait nuit. La musique s’amplifie, au loin les vagues se déchirent sur les rochers, le sac et le ressac bercent cette mélodie monotone. Un hautbois transpercent la voûte céleste. Ouranos frémit, Gaïa tremble. La chute est longue, infinie, il ne reste rien, son corps se désagrège. Une larme glisse, coule, et se fond dans l’océan, le corps porté par le courant.

Un cri, toutes ces images défilent et reviennent à leur point de départ. Sombre, immuable, la pièce est silencieuse. Il ne reste plus qu’à se lever, marcher, et vivre ou mourir.
Dernière modification par Aizen le sam. 11 mars 2006, 15:37, modifié 1 fois.
lebibou
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Message par lebibou »

Deux secondes, je vais chercher un peu d'aspirine pour évacuer le mal crâne que l'on a en essayant le scénario.

Bon, si j'ai bien compris, notre ami Antoine ne serait pas étrangé au petit massacre du métro. Je sais pas pourquoi, mais ça me parait tout sauf hors de propos. Après les visions qu'il s'est tapé, ça n'a rien de surprenant.

De plus, il m'a l'air un chouilla accros à sa Laure le Toinet et ça ne me surprendrait pas que la petite Laure est un rôle de plus grande envergure plus tard.

Le… rêve (faute d'autre mots) est bien écrit avec toujours ces petites références mythologique. A vrai dire tout le chapitre est bien écrit. Mais c'est désespérement court !
:pleur:
Si la suite pouvait être un peu plus promte à venir ça serait géniale.
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