Entrée en scéne du village du son...
CH8 : Sasuke Uchiha.
La douleur lui ravageait les entrailles, déchirante, acérée, avalanche destructrice pulvérisant toutes choses sur son passage, sentiments, intelligence, humanité. Elle semblait vibrer dans chaque fibre de son corps. Il n’aurait jamais cru qu’un corps humain puisse contenir tant de souffrance.
Au tout début il s’était promis que, quoi qu’il arrive, quoi qu’il aille à endurer, il ne hurlerait pas. Il ne lui donnerait pas ce plaisir. Il garderait sa fierté intacte.
A présent il rugissait, gémissait comme une bête, se tordait en tout sens sans obtenir aucun soulagement.
Il aurait voulu pouvoir le tuer.
Il aurait voulu pouvoir se tuer.
N’importe quoi, n’importe quoi pour abréger cette agonie.
La douleur diminua brusquement, moins vive mais toujours présente, sourde et vibrante. Il ferma les paupières, tentant désespérément d’échapper quelques instants à la réalité. Il avait envie de vomir, avait envie de pleurer, mais ne pouvait faire ni l’un, ni l’autre. Il avait toujours méprisé les faibles, indignes de vivre, indignes de servir, mais ne prenait conscience qu’aujourd’hui de sa propre misérable et pitoyable faiblesse.
- Vous avez tort…
Il ouvrit difficilement les yeux, découvrant à quelques centimètres de son visage, ceux bleus et pâles de son bourreau. Un regard calme, dépourvu de pitié, dépourvu de haine ou de plaisir, vide, effrayant… L’homme répéta de la même voix à la fois douce et insensible :
- Vous avez tort… La fidélité est une belle chose et j’admire la votre mais vous ne gagnerez rien à tout ceci. Vous êtes déjà presque à bout.
Au prix d’un effort qui lui arracha un gémissement, il réussit à se redresser et à fixer son tourmenteur, il prit une inspiration semblable à un râle et cracha. Le jet écarlate s’écrasa sur la joue de l’autre.
- Va… Va crever, réussit-il à émettre.
Aucun signe de déception, d’impatience ou d’irritation, pas un battement de paupière, alors que l’homme levait une main machinale pour essuyer son visage.
- Vous avez tort, murmura-il pour la troisième fois, puis il ajouta d’une voix encore plus douce : sachez que je ne prends aucun plaisir à cela.
Il tendit le bras et, sans un tressaillement, l’enfonça jusqu’au poignet dans la large entaille qu’il avait ouverte dans le ventre du ninja, saisit à pleine main son sanglant travail et tordit.
La souffrance explosa à nouveau et il hurla, hurla à son déchirer les poumons. Et au milieu de cette tornade de douleur, presque miraculeusement il entendit murmurer à son oreille la même question inlassable, impitoyable :
- Où puis-je trouver Sasuke Uchiha ?
Il était fier de ce qu’il était, fier d’être un ninja, un jounin du puissant village du son devant lequel tous les autres s’écrasaient comme les misérables ramassis de cloportes qu’ils étaient, fier d’être un homme de confiance, un homme fort et brave.
C’était du moins le cas ce matin, alors qu’il sillonnait les environs du village, inspectant les troupes de surveillance qui parsemaient tout le pays. Il mettait à sa tâche un soin presque maniaque qui le faisait redouter de ses subordonnés. Il n’était pas naturellement cruel, pas vraiment, bien que de nombreuses rumeurs courussent sur certains de ses actes, mais le devoir était le devoir et il devait se rendre digne de la confiance placée en lui par Orochimaru-sama.
Un homme fort, un homme brave… Comme les illusions sont faciles à dissiper !
Alors qu’il traversait les bois gelés, la foudre s’était déchaînée et l’avait frappé. Un bruit étouffé, une ombre floue, suivis d’une douleur éclatante et puis plus rien. Il n’avait rien vu venir, rien entendu.
Quand il avait repris connaissance, il pendait à un arbre les mains liées au dessus de la tête, les pieds effleurant le sol et la première chose qu’il avait vu était ces yeux, des yeux tranquilles, placides plantés dans les siens, alors que son agresseur debout devant lui attendait patiemment qu’il reprenne connaissance.
- Où puis-je trouver Sasuke Uchiha ?
La question avait été posée sans colère, sans rage ; il était à présent incapable de se rappeler ce qu’il avait bien pu répondre, une insulte probablement, mais il se rappelait le léger haussement d’épaule qu’il avait reçu en réponse accompagné d’un regard étrangement lasse Pourquoi m’obliger à faire cela ?
Et l’autre s’était mis au travail, accomplissant chaque tâche avec une efficacité mécanique, indifférente.
Jamais il n’avait cru connaître une telle souffrance.
… Je n’y prends aucun plaisir…
… Où puis-je trouver Sasuke Uchiha ? …
… Personne ne vous entendra hurler…
… Où puis-je trouver Sasuke Uchiha ?...
… Vous avez tort de vous obstiner…
… Où puis-je trouver Sasuke Uchiha ?...
… Je peux encore vous faire longtemps souffrir, vous savez ? Je peux encore empirer la douleur, encore…
… Où puis je trouver…
… Où puis-je…
… Où…
- Où puis-je trouver Sasuke Uchiha ?
La douleur reflua alors que son bourreau reculait de deux pas, lui laissant le temps de reprendre son souffle, toujours dans l’attente d’une réponse. Un geignement aigué, bestial lui vrillait les oreilles, il lui fallut un certain temps pour réaliser qu’il en était lui-même la source. Il tenta de parler, mais ne put qu’émettre un râle étranglé.
- Oui ?
- Je… Je ne peux pas…
- Vous ne pouvez pas ? L’autre soupira et secoua la tête : Je ne le pense pas. Vous n’avez rien à espérer, aucun secours, aucune aide, rien… Un sort de genjutsu nous entoure, absorbant tous les sons, personne n’entendra vos cris, personne sauf moi. Si vous refusez de parler, je vais encore vous faire souffrir, longtemps, beaucoup, jusqu’à que toute raison vous ait quitté…
Un violent tremblement parcourut le jounin, au bord des larmes pour la première fois depuis qu’il avait dépassé ses dix ans.
- Vous savez que l’on peut devenir fou de douleur ? Quand la souffrance devient si atroce, si inhumaine que toutes choses s’effondrent sur son passage, alors la raison s’enfuit, cherchant un refuge dans les abîmes de la folie… Vous croyez souffrir ? Vous croyez réellement souffrir ?
La voix de l’homme s’était faite de plus en plus basse, réduite presque à un souffle :
- Vous vous trompez. Ce que vous avez ressenti jusqu’à maintenant n’est rien. Il existe des douleurs tellement plus horribles, tellement plus insupportables… Vous ne savez pas ce que c’est que la douleur.
Le ninja gémit et détourna les yeux, incapable de soutenir le regard mort et froid qui ne le lâchait pas.
- Je ne peux pas. Il… Il me tuera ! Les ordres… Personne… Personne ne doit savoir. Il me tuera si je parles !
- Un raisonnement absurde. Vous n’avez peut-être pas encore compris, mais votre mort n’est plus sujet à caution. Vous m’avez vu, je vais vous tuer quoi qu’il arrive ; mais vous avez la possibilité de choisir votre mort, ne la laissez pas vous échapper.
Il avait été fier, avait été brave, mais tout passe et tout se brise. Il arrive un moment où tout ce que l’on ose encore espérer est une mort clémente.
- Au sud du repaire du maître… cinq minutes environs de marche… Vous… Vous trouverez une clairière… Le gamin va s’entraîner là de six à sept heures… Tous les matins… Kabuto-sama le surveille…
- C’est bien.
L’homme abaissa la main vers sa ceinture avant de la relever armée d’un kunai.
- Et je vous remercie.
Un geste vif, l’éclat du métal.
- Je suis…
Un éclair rouge.
- vraiment…
La douleur, le goût du sang jaillissant de sa gorge.
- désolé.
La mort miséricordieuse, l’oubli, le néant.
* * * * * * * * * * * * * * * *
Sale gosse arrogant et prétentieux !
Kabuto retint un grincement de dents rageur : au nom du ciel et de l’enfer, pour qui donc le prenait Orochimaru-sama ? Un baby-sitter ??? Si encore il ne s’agissait que de garder l’œil sur le gamin, mais celui-ci s’était rapidement révélé insupportable à vivre.
Enfoirés d’Uchihas avec leur saloperie de fierté !
Les consignes avaient été plus que strictes, ne pas le lâcher d’une semelle, l’accompagner partout, superviser tous les entraînements que le sanin ne désirait pas diriger lui-même. En quelques jours, Kabuto était devenu le garde du corps attitré et le geôlier du nouvel et irascible élève d’Orochimaru, ce qui lui déplaisait terriblement. Le garçon ne se contentait pas d’être indocile, caractériel, il fallait aussi qu’il aborde en permanence un air supérieur, mêlé de froid mépris face au bras droit de son sensei. Et cet état des choses durait maintenant depuis plus de trois ans.
Il était puissant, il fallait le reconnaître et possédait un potentiel qui lui permettrait d’arriver à des sommets que lui, Kabuto n’avait jamais espéré atteindre. Mais il n’était en tout et pour tout qu’un futur réceptacle ambulant, un cadavre en puissance qui n’aurait pas du montrer une telle arrogance.
Il aurait du être humble, rampant, reconnaissant de l’attention qu’on lui portait… C’était sans compter la force de caractère du jeune homme et son obstination stupéfiante. Kabuto ne l’aimait pas et était même bien prés de le haïr, mais quelque chose dans le caractère têtu et intraitable du jeune ninja forçait le respect. Si celui-ci avait été capable de réguler sa propre haine, sa propre colère, il aurait probablement pu monter haut, très haut même.
Un sourire mauvais glissa sur les lèvres du jounin. Trop tard. Trop tard maintenant. Certaines routes ne peuvent être prises à contresens et tu seras bien forcé de l’apprendre, jeune crétin d’Uchiha… Kabuto haïssait Sasuke Uchiha pour la supériorité écrasante qu’il aurait un jour sur lui, comme pour l’intérêt que lui portait Orochimaru-sama, mais il savait aussi qu’il y avait de fortes chances pour que le gamin n’ait jamais l’occasion d’atteindre cette supériorité. Il rongeait donc son frein et patientait, pour l’instant…
Son œil entraîné capta un mouvement flou quelque part sur sa droite. Avec un grognement, il leva vivement le bras, arrêtant presque en catastrophe un kunai jailli de nulle part qui avait bien failli lui transpercer la poitrine.
- Vous rêvassez, Kabuto ?
Pas de « Kabuto-san » ou « Kabuto-sama », son nom lâché d’un ton froid, dépourvu de respect. Il foudroya du regard l’adolescent qui se dressait à présent devant lui, bras croisés sur la poitrine, visage de glace, les yeux sombres impassibles et durs. Petit salopard orgueilleux… Bien que sa puissance éxéde encore celle de l’Uchiha, du moins l’espérait-il, celui-ci le considérait toujours comme un sous-fifre.
- Je ne t’avais pas demandé de m’attaquer, mais de t’entraîner sur les deniers jutsus d’invocation ! cracha-il.
- J’ai déjà terminé, répondit froidement le garçon sans cacher son dédain. Si il ne s’agissait que de ça, vous auriez aussi bien pu ne pas venir et me laisser en paix, pour une fois…
La garde rapprochée dont il était l’objet irritait l’Uchiha, autant qu’elle énervait Kabuto. C’était d’ailleurs la seule consolation de celui-ci.
Le ninja aux cheveux gris décocha un sourire ironique à son cadet :
- Qu’est ce que tu veux que ça me fasse ? Orochimaru-sama a décidé du programme de ton entraînement, si tu as des réclamations à faire, vas le voir ! Je suis sur qu’il sera ravi de t’écouter.
L’Uchiha serra les dents, pâlit un peu et n’ajouta aucun commentaire avant de se détourner pour se diriger vers le centre de la clairière, le dos raide. Petit con, vas… Toujours à faire le fier sauf quand il s’agit de se retrouver face au maître, hein ? Malgré son caractère particulièrement rebelle et obstiné, le gamin n’avait tenté qu’une seule fois de se révolter contre son nouveau maître, une occasion qui était resté gravée dans la mémoire de Kabuto. A ce souvenir, un nouveau sourire encore plus malveillant que le précédent illumina son visage.
Et disparut aussitôt.
Le jounin bondit sur ses pieds, tournant la tête vers l’Est et vers la forêt qui s’étendait autour d’eux.
Un certain nombre de piéges parsemaient les alentours destinés à prévenir les occupants de la clairière d’une intrusion dans le périmètre sécurisé qui servait de centre d’entraînement au jeune élève du sanin. Il n’avaient jamais eu l’occasion de se déclencher jusqu’à maintenant, personne au village du son ou ailleurs n’étant assez fou pour s’approcher si prés du repère du redoutable maître des serpents.
Les clochettes pendues à l’arbre dressé au centre de la clairière teintaient follement, emplissant le silence de leur bruit strident. Im… Impossible ! Qui pourrait oser… ?
- Que se passe t-il ?
Kabuto ne prêta aucune intention à l’interrogation du gosse, mais se dirigea rapidement vers les bois épais dans la direction où un piége avait été déclenché. Ce devait être une erreur, il ne pouvait s’agir que de cela, une erreur, un ninja ou un jounin qui s’était égaré loin de son poste… Probablement…
Après deux ou trois minutes de marche et de recherches inutiles, le jounin du son s’apprêtait à retourner sur ses pas ; aucun ennemi n’était visible, tout ceci n’avait du être qu’une erreur, un malentendu. Il serait toujours temps de mettre la main sur le maladroit qui avait déclenché et probablement abîmé, les piéges qu’il avait si soigneusement dissimulé.
Maladresse ou curiosité, ces deux défauts n’avaient pas leur place au sein des forces d’Orochimaru, et l’idiot qui s’était aventuré trop loin de son poste, regretterait fortement son erreur. Kabuto espérait bien que son maître le laisserait se charger personnellement de cette affaire…
Des craquements retentirent soudain dans son dos. Il fit volte-face, hésitant sur l’attitude à adopter. Quelle que soit l’identité du visiteur, celui-ci ne tentait nullement de dissimuler son approche et Kabuto crut même un instant que le jeune Uchiha s’était lassé de l’attendre et lui avait emboîté la pas. Mais la silhouette qui apparut entre les arbres n’était pas celle de Sasuke. L’homme qui s’était immobilisé en rentrant dans le champ de vision du shinobi n’était plus un adolescent depuis longtemps et semblait avoir entre quarante et cinquante ans, mais ses traits creusés et tirés par l’épuisement ou peut-être maladie, le vieillissaient et rendaient toutes véritable approximation impossible. C’est une plaisanterie ? Comment un type dans cet état a-t-il réussit à pénétrer si loin à l’intérieur de nos frontières ? La réponse se trouvait peut-être dans les deux sabres fixés dans le dos du visiteur qui n’avait pourtant fait aucune tentative pour s’en emparer en apercevant Kabuto.
- Qui êtes-vous ? Et que croyez-vous faire par ici ? Vous vous trouvez aux abords de la demeure d’Orochimaru, le sanin le plus puissant de tous les villages cachés !
Mais cette déclaration pompeuse n’amena pas la réaction de terreur et d’angoisse attendue, juste un vague acquiescement de tête.
- Aaaah. Tout est pour le mieux alors, c’est justement ma destination. Peut-être pourriez-vous me renseigner…
Kabuto le fixa avec stupeur, comme il aurait regardé un fou ou un imbécile :
- Peut-être pourrais-je vous…, s’étrangla-t-il. Vous n’avez pas compris ce que je vous ai dit ? Celui qui pénètre dans ce domaine est puni de mort !
- Ah, je comprends. Mais je crains que ce ne soit pas possible, vous m’en voyez sincèrement navré, répondit l’autre gravement. J’ai reçu des ordres très strictes et entre autres, l’interdiction de me faire tuer tant que ma mission ne serait pas remplie.
Palissant de rage, le jounin se pencha en avant et deux kunais aiguisés comme des scalpels apparurent dans ses mains, alors qu’il sifflait :
- Vous vous foutez de moi !!!
- Absolument pas…
- Vous ignorez qui je suis ! Si vous le saviez, vous…
- Ne seriez vous pas celui que ces hommes appellent Kabuto-sama ?
Le ninja se redressa de toute sa hauteur, l’œil étincelant.
- Tout à fait ! Je suis le bras droit du maître de ces lieux et vous allez regretter amèrement cette rencontre.
Un lueur d’intérêt s’alluma en réponse dans le regard vague de son adversaire.
- Vraiment ? C’est donc vous qui avez la garde de Sasuke Uchiha. J’imagine que vous n’avez pas l’intention de me laisser l’emmener ?
- Vous… quoi ?! Sasuke est l’élève d’Orochimaru-sama, qu’est ce que…
L’autre lâcha un soupir.
- Je m’en doutais… C’est dommage, mais dans ce cas, vous me faites obstacle et je vais être forcé de vous tuer.
Avec un cri de colère, le jounin bondit en avant, les deux kunais tranchant l’air devant lui. L’intrus bondit sur le côté avec une vivacité inattendue chez un homme de toute évidence amoindri et fatigué, évitant sans difficulté les deux armes et présentant dans le même mouvement son dos découvert au clone du son embusqué dans les fourrés. Trois scalpels sifflèrent, et s’enfoncèrent dans son bras relevé alors qu’il pivotait au dernier moment, alerté par le bruit.
Une demi seconde plus tard, Kabuto était sur lui. Ou aurait du l’être. Le ninja leva les yeux, juste à temps pour voir son adversaire s’envoler d’un seul bond au-dessus de sa tête, pirouetter dans les air, dégainant les deux sabres fixés dans son dos. L’enfoiré ! Il est rapide ! Il se jeta en arrière, tentant de se mettre hors de portée, mais aussi excellents que fussent ses réflexes, ils se révélèrent insuffisants. Les deux sabres s’abattirent simultanément, et une douleur violente lui déchira l’épaule, alors que le sang jaillissait éclaboussant ses habits et le sol. Trop rapide… Kabuto réussit à éviter le coup suivant, et refit face à l’ennemi.
Il avait encore plus d’un coup en réserve et le combat venait à peine de commencer, il avait toutes ses chances de l’emporter, malgré la rapidité et l’agilité monstrueuses de l’autre shinobi.
Il croisa le regard de celui-ci et avec une exclamation étouffée recula en chancelant, un regard qui n’était plus celui d’un bleu de glace qui l’avait jauger avec indifférence au début de leur rencontre, mais rouge, brûlant, aussi débordant de haine, de rage et de folie qu’il avait été calme et vide, un regard qui n’avait plus rien d’humain.
* * * * * * * * * * * * * * *
Que diable pouvait bien faire ce maudit binoclard ?
Sasuke Uchiha serra les dents, résistant à la tentation qui montait en lui de pénétrer dans les fourrés, pour voir ce qui avait bien pu attirer Kabuto. Il ne se souciait pas de lui outre mesure, mais pour que le bras droit d’Orochimaru se décide à le laisser seul un instant et parte lui-même en reconnaissance, la chose devait être grave. Personne ne lui disait jamais rien, et toute interrogation était inutile, Kabuto ne répondait jamais à aucune question et Orochimaru…
Un frisson proche du tremblement le traversa, il se contrôla avec un mouvement de rage impuissante. Le nom de son nouveau maître éveillait comme d’habitude en lui un mélange de haine, d’admiration mêlée de dégoût et de répugnance, et surtout le rappel humiliant de son écrasante infériorité. Pour cette puissance démesurée dont jouissait le serpent, il aurait donné sans hésiter vingt ans de sa vie, mais ne pouvant les offrir, il avait sacrifié son âme.
A cette pensée, un nouveau frisson courut le long de son dos. Il ne voulait pas s’appesantir sur ce genre de pensées, inutiles et déstabilisantes. Il avait un but, sa vie n’avait jamais eu qu’un seul but et tous les moyens étaient bons pour y parvenir. Tous ? Il y en a pourtant un autre. Un autre que tu as refusé, tu ne te rappelle pas ? Tu aurais pu le tuer, tout simplement le tuer, alors que tu en avais l’occasion…
Dans un mouvement inconscient il secoua la tête. Non, ce n’était pas cela, pas cela du tout ! Il n’avait pas épargné l’idiot parce qu’il s’était rendu compte au dernier moment qu’il ne pouvait pas, qu’il en était incapable, que même à cet instant suprême, même pour la vengeance, même pour sa haine, il était incapable de tuer un am.. Non, il ne pouvait s’agir de cela ! C’était juste que, juste que…
Pourquoi fallait-il qu’il pense à cela maintenant ? Pourquoi le passé ne pouvait-il s’effacer ?
Il en aurait hurler de frustration.
Il n’éprouvait pas de remords, un Uchiha ne revient pas sur ses décisions, n’éprouve pas ce genre de sentiments, mais à cet instant précis et pour une fois, il aurait aimé que Kabuto revienne. Le bon côté de la présence constante du toutou d’Orochimaru était qu’elle l’irritait assez pour tenir à l’écart les pensées qui l’assaillaient dés qu’il se retrouvait seul. Des pensées inutiles, sans importance, inutiles, inutiles, inutiles…
Il s’arracha en sursaut à ses réflexions, alors qu’un homme émergeait soudain des arbres. Ce n’était pas Kabuto. Plus par réflexe que pour autre chose, Sasuke adopta aussitôt une position de défense. Le nouveau venu ne montrait pourtant aucune agressivité, à moitié dissimulé dans l’ombre des arbres, il fixait en silence le jeune ninja. Sasuke ne pouvait distinguer de lui que la forme de ce qui devaient être deux sabres ou katanas fixés dans son dos, l’homme tenait également quelque chose de la main gauche qui pendait le long de sa jambe.
- Sasuke Uchiha ?
L’adolescent fronça les sourcils et abaissa une main jusqu’à sa hanche où étaient fixés plusieurs kunais d’entraînement.
- C’est bien moi, qui êtes vous ? Que me voulez-vous ?
A sa grande satisfaction, sa voix était ferme et assurée, ne montrant ni peur, ni inquiétude.
L’autre ne répondit immédiatement mais, balançant le bras, lança au milieu de la clairière l’objet que le jeune ninja n’avait pu identifier. Malgré, toute sa maîtrise de soi, celui-ci ne put s’empêcher de reculer de quelques pas, ses yeux écarquillés fixés sur la tête de Kabuto qui roula sur la neige immaculée laissant derrière elle un filet sanglant avant de s’arrêter à ses pieds.
- Je me nomme Teshiro Nihame et je souhaite que vous me suiviez.
* * * * * * * * * * * *
Vala!!!
J'espére que cela vous a plu, mais critiques positives ou négatives, sachez que j'accueille tout avec reconnaissance!
Pour la premiére partie du chap, je rends hommage à mon homonyme Arakasi des Acomas, que personne ne connait mais je m'en fous. Vive lui!
