Ouf... Chapitre bouclé et il n'a pas été facile à écrire. Mais j'espére bien que vous aprécierez et j'attend vos commentaires.
Tu as bien retranscrit l'ambiance froide de cette univers enneigé.
Cette fois, c'est un chapitre blanc. (Me demandez pas pourquoi je compare les chapitres à des couleurs…) Mais je pense que si il est blanc, c'est pour que le rouge ressorte mieux aux prochains chapitres non ?
Brillante déduction et qui va bien se vérifier!
Chapitre trés peace and love comme vous vous en seriez surement douté... Mais je me calmerai un peu sur les suivants, un peu...
Bonne lecture!
CH14 : Juste un jeu.
Il tremblait.
Un frémissement constant, nerveux qu’il n’arrivait pas à contrôler. Dans une vague tentative pour le dissimuler, il croisa les bras contre sa poitrine, les mains enfouies sous les aisselles, les genoux recroquevillés. Il ne voulait pas qu’ils s’inquiètent pour lui, et surtout pas elle. Il ne voulait pas attirer la pitié et encore moins les regards, car les regards faisaient mal, si mal. Même maintenant, même alors qu’il devait pourtant leur avoir prouvé dix fois, cent fois, sa valeur, les regards continuaient à faire mal.
Il avait pourtant essayé, tellement essayé, essayé à s’en briser le corps, à s’en déchirer le coeur…
Leur prouver qu’il pouvait être fort.
Leur prouver qu’il pouvait être brave.
Être un ninja.
Être un homme.
Être l’un des leurs.
Mais il avait échoué. Tous les regards trop vite détournés qu’il croisait, tous les mots chuchotés sur son passage, tous les sourires forcés, les rictus de peur rapidement dissimulés le lui clamaient à la face. Il y avait bien quelques regards chaleureux, des mains tendues, quelques vrais sourires mais ils étaient si peu nombreux face à la marée de méfiance et de haine aveugles. Si peu nombreux… Trois ans auparavant, il avait cru voir enfin une lueur d’espoir, une lumière au bout du tunnel. De nouveaux sourires avaient illuminé sa vie, le monde s’était enfin éclairci : Iruka-sensei et ses offres plus ou moins spontanées de ramens, Sakura-chan et ses éclats de colères, Kakashi-sensei et ses ricanements étouffés , Ero-senin, Hinata et les autres, tous les autres…
Et puis toi, bien entendu. Toi avant tout, peut-être.
Toi qui ne m’a jamais rien dit. Toi qui n’a jamais voulu me laisser partager ta peine. Toi, toujours arrogant, toujours silencieux. Toi qui, mine de rien, m’a tendu la main au dessus des abîmes de la solitude. Toi qui m’a accepté.
L’espace d’une année, il s’était senti entouré, admis. Aimé. Et puis tout avait basculé brusquement, soudainement. Sasuke avait fui, abandonnant Konoha, abandonnant l’équipe sept, les abandonnant tous, fui pour ne jamais revenir. Mais il n’avait pas lâché prise, il n’avait jamais cessé de croire car malgré l’affrontement, malgré les paroles glacées et haineuses échangées, il était toujours vivant et cela devait avoir une signification. Il voulait croire à cette signification, car reconnaître que tout cela n’avait peut-être aucun sens, une simple erreur, une négligence, signifiait la fin de cette période d’espérance, le retour des ténèbres, la fin de tout ce qu’il avait si durement gagné.
Pendant trois ans, il s’était entraîné et il avait espéré.
Mais depuis une semaine, le doute s’était incrusté dans son cœur, sournois et discret, puis de plus en plus présent, de plus en plus insistant :
Ne le sens-tu pas ? Ne le sais-tu pas ? Tu t’en doutes bien, pourtant… Tu t’en doutes mais tu n’oses te l’avouer… Peur de l’avenir, petit lâche ? Peur d’affronter la vérité ?
Il te hait.
Tu as tenté de lui arracher sa vengeance, de le détourner de ses buts, de contrôler sa vie, il t’as hait pour cela et au fond n’était-ce pas compréhensible ? Qui étais-tu pour décider à sa place ? Et ce n’est pas seulement pour cela qu’il te hait à ce point… Avant tous les autres, avant tous tes prétendus amis, il a su. Il a su ce que tu étais réellement.
Monstre. Démon.
Il serra plus fort les bras autour de son torse, secouant doucement la tête, puis avec plus de véhémence. Il savait, il savait bien que ce n’était pas le cas, que Sasuke…
Vraiment ? Mais qu’en sais-tu ? Ne les sens-tu pas, ces regards ?
Regardez les bien ces fiers anbus. Ne vois-tu pas qu’ils détournent rapidement les yeux quand par erreur ils les posent sur toi ? Que cachent ces regards ? Du dégoût, du mépris, de la haine, de la peur ? Tu le sais bien pourtant, tu le sais, petit lâche… Observe-la bien ta très chère amie, ta compatissante Sakura-chan. Tu vois, elle baisse les yeux… Qu’a-t-elle peur que tu y lises ? De l’inquiétude ? De l’inquiétude pour qui ? Pour toi, crois-tu ? Ou pour elle… Elle a peur elle aussi, elle te craint. Et qui ne te craindrais pas ? Elle ne sait pas oh oui ! Elle ne sait pas mais elle se doute. Et quand elle saura…
NON ! Je n’y crois pas ! Ce n’est pas VRAI !
Il prit soudain conscience d’une douleur vive et abaissa ses bras, fixant d’un œil incrédule ses ongles tachés de sang. Ses doigts repliés en griffes avaient labouré la chair délicate de ses aisselles à travers même le tissu de la tunique orange, traçant des sillons rouges et douloureux. Il se força au calme, à apaiser sa respiration haletante. Ces pensées ne pouvaient venir de lui, il n’en avait jamais eu de tel.
Quelque chose tentait de se glisser en lui, quelques chose de noir, de malsain. Un long frisson le parcourut.
Kyubi ? Kyubi, est-ce toi ?
Mais non, cela venait d’autre part, en partie du démon mais pas seulement.
De l’homme assis au bord de la falaise, de l’homme au sourire froid, de l’autre prédateur. Sous ses yeux, Ohira se releva et s’étira voluptueusement.
Et d’Hashika, du village lui-même, d’où semblaient monter en tourbillonnant, portés par le vent d’hiver, sentiments de haine, de rage et quelque chose d’autre, d’infiniment plus noir, d’infiniment plus mauvais.
- Naruto ?
Il sursauta violemment et la jeune fille qui se penchait vers lui eut un mouvement de recul instinctif. Sakura hésita puis lui sourit, presque timidement puis avec plus d’assurance.
- Je pense qu’il serait temps que nous parlions un peu, tu ne crois pas ? dit-elle sur un ton plutôt autoritaire.
Il ne réagit pas, la fixant d’un regard vide.
- Je pense… Oh et puis merde ! Naruto ! cracha-t-elle. Tu commences franchement à me taper sur les nerfs ! Si tu as un problème, tu sais très bien que tu peux m’en parler. Pourquoi faut-il toujours que tu te conduises comme un idiot obstiné et…
- Nous n’aurions pas du venir ici.
Il avait parlé d’une voix blanche, à peine plus forte qu’un murmure. Elle fronça les sourcils.
- Qu’est-ce que tu…
- Nous n’aurions pas du. Ce village… Tout est pourri par ici, pourri et mauvais. Nous n’aurions jamais du…
Elle le saisit par l’épaule, plongeant ses yeux émeraudes dans les siens au regard trop fixe :
- Naruto, tu…
Des hurlements explosèrent dans les rues d’Hashika en contrebas. Tout deux firent volte-face. Les anbus bondirent sur leur pieds, leur chef se précipitant vers le point de vue le plus proche. Un nuage de glace s’abattait sur le village à leurs pieds et les cris s’élevaient, de plus en plus forts malgré la distance.
Sans un regard pour ses gardiens ou pour le drame qui se jouait en bas de la colline, Meiyamoto Ohira se dirigea d’un pas lent et assuré en direction du capitaine anbu et s’immobilisa à ses côtés.
- Hééééé… Il semblerait que Hatake-san et vos hommes rencontrent quelques problèmes, hein ? Fichtrement dérangeant pour vous, pas vrai ?
Les cinq shinobis sursautèrent à l’unisson. Sakura sentit l’épaule de Naruto se tendre sous sa main, alors que le jeune blond semblait se recroqueviller un peu plus sur lui-même, ses yeux bleus légèrement exorbités fixés sur Ohira.
L’officier gronda et saisit l’homme par le devant de son kimono, l’attirant vers lui d’un geste brusque.
- Vous saviez ! rugit-il. Vous saviez pour ces hommes ! Comment… Qu’est ce que cela veut dire ?
Pour seule réponse, l’autre ne lui adressa qu’un large sourire muet.
Une main crispée agrippa un kunai.
Les anbus se penchèrent légèrement en avant, adoptant des postures d’attaque, alors que leur chef plaquait une lame contre le ventre d’Ohira.
- Vous saviez… Et vous nous avez mené droit dans un piége ! Si vous ne me dites pas immédiatement la raison de cette plaisanterie, je vous jure que je…
- Dans le mille ! gloussa joyeusement celui-ci.
- HEIN ? Que… ?
Le sourire de son vis-à-vis s’élargit, lui fendant presque le visage d’une oreille à l’autre, alors qu’il répétait :
- Dans le mille. Vous êtes très doué ! C’est exactement cela : une plaisanterie, rien qu’une bonne plaisanterie. Continuez à voir les choses ainsi et nous pourrons vraiment nous amuser !
- Vous vous foutez de moi, gronda l’anbu. Vous…
- Absolument pas. Ce n’est pas ma faute si les ninjas de Konoha semblent souffrir d’un manque désespérant d’humour…
Le ninja poussa un cri de rage incohérent, frappa l’homme de son poing droit. Du moins le tenta.
Meiyamoto se dégagea d’une torsion, évitant la lame acérée.
Un mouvement rendu flou par la vitesse. Sakura ouvrit la bouche pour crier un avertissement. Trop tard, un quart de seconde trop tard. Le cri de l’anbu se mua en un gargouillement étranglé alors qu’une main semblable à une serre agrippait son cou, broyant sa gorge.
Les yeux exorbités, le ninja rua, tenta d’hurler, de se dégager. Il lutta pour respirer, le corps agité de soubresauts.
Ohira commenta d’une ton léger et raisonnable, le ton tranquille presque affectueux d’un homme adulte réprimandant gentiment un enfant trop espiègle :
- Bah… Vous avez tort de le prendre comme cela. C’est un jeu, vous dis-je, rien qu’un jeu. Cela ne vous fait toujours pas rire ? Bien dommage…
Les doigts enfoncés dans la gorge de l’anbu se resserérent leur étreinte et du sang commença à sourdre entre les phalanges. L’officier râla. Les deux anbus restants bondirent en avant. Mais il ne leur laissa pas le temps d’intervenir, ni à sa victime celui de saisir l’arme accrochée à sa hanche que sa main tâtonnante tentait désespérément d’agripper.
Un feulement rauque plus proche de l’animal que de l’homme. Une gerbe de sang éclaboussa d’écarlate le kimono immaculé.
Le cadavre du shinobi vibrant encore du souffle de la vie fut projeté nonchalamment sur le côté, la gorge à moitié arrachée.
L’estomac de Sakura se révulsa. Un anbu lâcha un étrange petit bruit étranglé à mi-chemin entre le gémissement d’angoisse d’un enfant apeuré et le bruit d’un adulte ravalant difficilement la bile qui lui monte à la bouche, dans tous les cas peu commun pour un ninja confirmé. Naruto, silencieux et figé sous sa main, ne montra aucune réaction visible.
Ce qui pivota enfin vers eux conservait toujours l’apparence d’un homme, mais le visage, les yeux brûlants qui leur firent face n’avaient plus rien d’humain.
La chose gronda doucement.
Les dévisagea tour à tour de ses yeux rouges et déments.
Puis sourit.
- Jouons.
* * * * * * * * * * * * * * * *
Une brûlure vive à la joue.
Kakashi bondit en arrière, réprimant une brusque envie de jurer. Il n’avait pas été assez attentif, une erreur impardonnable pour un shinobi de son expérience. Pendant une demi seconde il avait hésité, une réaction vraiment stupide. Pendant une demi seconde, devant le regard soudain agrandi par la peur de son jeune, trop jeune adversaire, il avait hésité, avait retenu un coup sûr.
Vraiment stupide.
L’autre avait évidemment profité de la situation : ce petit salaud avait bel et bien essayé de l’éborgner !
A croire que Gai avait raison quand il affirmait qu’il baissait… A croire que s’occuper d’adolescents en crise l’avait amolli, rendu sentimental. Un comble vraiment…
Le champ de bataille ne laisse pas de place aux sentiments, aux remords, aux hésitations. On peut tenter de comprendre l’ennemi, tenter de pardonner, tenter de vivre une vie à peu prés correcte, tenter au fond d’être « un type bien ». Une fois rentré chez soi, une fois le sang et la crasse partis avec l’eau de la douche, le ventre plein, l’esprit non pas apaisé mais au moins endormi pour un temps, on peut tenter d’être humain.
Mais au milieu du combat, toutes les priorités s’inversent. Quand de toutes parts, des adversaires se ruent sur vous. Quand chaque mouvement, chaque clignement de paupières, chaque hésitation comptent. Quand le monde s’emplit de fureur. Quand la peur vous prend à la gorge. Quand à chaque instant la mort penchée sur votre épaule frôle de son souffle froid votre nuque, que ses mains glacées effleurent vos cuisses et votre dos, angoissante. Incroyablement excitante.
Alors, les choses devenaient simples, d’une simplicité extrême presque réconfortante. On en revenait toujours au bon vieux axiome, celui que tout ninja connaissait sans même que l’on n’ait jamais eu à l’enseigner. Celui que ni sans père, ni sans sensei, ni même Obito ne lui avait jamais appris, qu’il avait du comprendre seul comme c’était le cas de tous les shinobis depuis des générations :
Tue avant d’être tué.
Kakashi se laissa tomber un genou à terre, main gauche plaquée au sol, la main droite fendant l’air. Se jeta sur le côté, évitant une volée de shurikens, cadeau d’un nouveau adversaire impatient de se mêler à la partie, au moment le sort de dôton s’activait.
Son premier agresseur poussa un glapissement quand le sol se déroba sous ses pieds, l’enfouissant jusqu’à mi-poitrine.
Rouler, se redresser en appui sur le bras droit, faucher les jambes du second petit malin, lui trancher la gorge avant qu’il n’ait eu le temps de toucher le sol.
Et d’un.
Sauter, atterrir sur les épaules du premier adversaire, éviter un coup de lame en direction de sa cheville. Pas le temps de prendre une arme. Il saisit le jeune ninja par les cheveux, lui faisant redresser la tête et frappa violemment sa nuque. Le cou du jeune homme se brisa dans un craquement sinistre.
Et de deux.
Cela n’avait rien de glorieux, rien de propre, rien d’honorable. Kakashi pourrait se dégoûter après coup, une fois face à ses propres œuvres meurtrières, il pourrait avoir envie de vomir sur lui-même et sur le travail qu’il accomplissait. Il le ferait sûrement. Mais pas pour l’instant.
Pour l’instant, il avait trop à faire, trop à penser, à juger.
Ils étaient trop nombreux, peut-être pas d’un niveau exceptionnel bien que largement supérieur à celui des pauvres types qui les avaient attaqué la veille, mais bien trop nombreux. Pour deux ninjas ennemis expédiés, trois nouveaux apparaissaient. Même lui ne pourrait pas tenir longtemps à ce rythme. Il avait réussi à éviter une blessure vraiment handicapante, mais n’était pas resté intact pour autant. Le jounin pouvait sentir le sang chaud dégoulinait le long de son bras droit, ainsi qu’un humidité désagréable au niveau de sa cuisse, sans parler de la démangeaison juste en dessous de son œil gauche. Rien de bien grave, mais tôt ou tard l’un d’eux se montrerait plus rapide que les autres, aurait de la chance ou Kakashi baisserait sa garde ne serrait-ce qu’un instant…
Comment tous ses hommes avaient-ils pu lui cacher leur chakra ? Comment avait-il pu être aussi aveugle ?
Tu ne le sauras jamais, si tu ne survis pas, si tu ne reviens pas pour faire cracher la vérité à Ohira… Cerné par l’ennemi, la vue bouchée pas les bicoques, il n’arrivait plus à distinguer les anbus et encore moins Hijo.
Oh bon sang, pourvu qu’il ne soit rien arrivé à cet andouille… Qu’il soit au moins encore en un seul morceau…
Il n’appréciait pas particulièrement le chuunin, mais Hijo était son équipier, en tant que tel il ne le laisserait pas périr. Si il avait la possibilité de lui venir en aide, bien entendu…
Des cris s’élevaient des ruelles voisine mais Kakashi aurait été bien en peine d’y distinguer une voix connue.
Une femme poussa un hurlement.
Il releva la tête en sursaut, dérapa sur la neige boueuse, évita de justesse un coup de pied qui lui aurait fracassé la mâchoire, ne parvint pas à garder tout à fait son équilibre et tomba à la renverse. Le jounin roula sur le sol se couvrant abondamment de boue, une pluie de coups s’abattant là où s’était trouvée sa tête une seconde auparavant.
Sakura. Naruto.
Mais bordeldemerdedeputaindebordeldemerdedeDieuàlacon qu’est ce que je fous ici ???
Le psychopathe souriant, les brigands, les anbus et maintenant ce foutu village rempli à craquer de tueurs, tous décidés à lui arracher la tête des épaules. La seule chose réconfortante dans toute cette histoire était qu’ils avaient probablement fini par toucher le fond, difficile de descendre plus bas même en faisant beaucoup d’efforts dans ce sens. D’un autre côté, Hijo conservait la bonne vieille certitude que le pire restait encore à venir. Les pires ennuis arrivent toujours par légion.
Probable que les dieux trouvent cela bien plus marrant.
Pour l’instant, Hijo se trouvait assez loin de toute préoccupation métaphysique. Une seule occupation l’absorbait entièrement : paniquer.
Contrairement aux idées reçues, le jeune ninja avait toujours considéré la panique comme un facteur déterminant de survie. Presque un art de vivre, ou de survivre. Le monde se divisait à ses yeux entre deux genres de personnes : celles qui, face à un tigre rugissant, gardaient tout leur sang-froid et lui servaient du « minou, minou » en lui chatouillant les crocs et celles qui paniquaient. Hijo avait toujours opté pour la solution la moins suicidaire.
Pas très glorieux pour un ninja, certes, mais il valait sûrement mieux être un shinobi de Konoha en mal de gloire qu’un shinobi de Konoha déchiqueté à coups de griffes.
La panique réveillait des ressources cachées chez Hijo, « bien cachées » auraient même ricané certains, mais le fait demeurait, il avait survécu à la plupart des situations de crise de sa courte vie en perdant les pédales.
Il zigzagua entre les maison croulantes qui semblaient trembler sur leur base, cherchant désespérément un abris quelconque où il pourrait au moins tenter de reprendre son souffle. Ce n’était pas vraiment une fuite, non… Plutôt un repli stratégique. Un toit explosa au dessus de sa tête, une pluie de tuiles et de neige s’abattit sur lui, alors que deux hommes atterrissaient devant son nez.
- Hey hey ! Où tu t’imagines foutre le camp comme ça, p’tit gars ? grogna le premier. Tu vas tout de même pas nous fausser compagnie sans même dire « au revoir », non ?
Son compagnon ricana et surenchérit :
- Pas très noble pour un brave ninja de courir se planquer en laissant tomber ses amis, tu trouves pas ?
Hijo réussit à s’empêcher de geindre et s’appuya des deux épaules contre une paroi de pierre, cherchant au désespoir une réponse quelconque. Un « Euh… On pourrait peut-être en discuter ? » ne lui parut pas très indiqué, la discussion n’entrait clairement pas dans les projets des deux armoires à glace qui lui faisaient face. Le premier ninja se rua à l’attaque. Il ne prit même pas la peine d’activer un sort de genjutsu et se jeta sans prévenir sur le chuunin.
Hijo paniqua.
Il saisit au dernier moment le poignet de son agresseur.
Plaqua sa main droite contre la pierre.
Bredouilla quelques mots.
Ferma les yeux avec un glapissement de frousse.
Tira en se jetant sur le côté.
L’autre poussa un cri qui fut brusquement coupé.
Hijo rouvrit les yeux.
Le second ninja considérait la scène, bouche béante, œil écarquillé, fixant Hijo avec stupeur, fixant surtout en fait ce qui restait de son camarade. Le chuunin jeta lui-même un regard au malheureux et gémit. Puis il prit une profonde inspiration et pointant un doigt tremblant sur son dernier adversaire, hoqueta :
- Je… Je… Je ne veux pas vous faire de mal. Et si… Si on en restait là, hein ?
* * * * * * * * * * * * * *
Un anbu hurla, quelque chose traversa son champ de vision en tournoyant projetant aux alentours un jet écarlate. Un bras ? Une jambe ? Il ne bougea pas.
Sakura cria.
La jeune chuunin percuta un arbre et s’effondra, crachant du sang. Du sang se mêlait également aux cheveux roses là où sa tête avait frappé l’écorce. Son cœur s’emballa mais il ne réagit pas.
Des bruits de chocs, un éclat de rire rauque et mauvais.
Un jet chaud éclaboussa son dos et sa nuque, alors que Naruto se recroquevillait un peu plus, à moitié inconscient du reste du monde. Les mains crispées sur son visage, luttant contre la douleur effroyable, contre la terreur, contre ce qui montait en lui à la vitesse d’une marée.
Kyubi rugissait.
Le démon luttait pour se libérer, déchirant son hôte de l’intérieur.
Il sentait les crocs invisibles lui lacérer le ventre.
Ne bouge pas. Surtout ne bouge pas.
Il voulait leur venir en aide, il le désirait vraiment, il aurait donner n’importe quoi pour pouvoir le faire. Mais quelque chose d’autre, éveillé en lui par ce lieu, par l’odeur enivrante du sang, ne désirait qu’une chose : se joindre au massacre. Sentir lui aussi la chair se fendre sous ses griffes. Redevenir ce qu’il avait été. Ses propres pensées et désirs se mêlaient étroitement à ceux de Kyubi devenant presque indiscernables les uns des autres. S’il se mêlait au combat, s’il commençait à tuer…
Concentre toi. Calme toi. Peut-être que si tu réussis à reprendre suffisamment le contrôle, peut-être pourras-tu…
Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser que les bruits de lutte s’étaient interrompus. Une ombre tomba sur lui, il releva la tête. L’être qui se dressait devant lui émettait des vagues de chakra irrégulières, un chakra noir, malsain, aussi ancien que le monde lui-même , un chakra auquel répondait celui étrangement semblable de Kyubi.
Meiyamoto Ohira baissa les yeux et lui sourit.
- Peur de tuer, petit lâche ? gronda-t-il. Tu aurais du te joindre à moi. Un peu trop tard maintenant… Mais tu peux toujours regarder si tu veux, la fin du spectacle ne va pas manquait d’intérêt.
* * * * * * * * * * * * *
Hijo déboula au croisement de deux ruelles et s’immobilisa le souffle haletant, cherchant désespérément un allié du regard. Il soutenait de la main droite son bras gauche blessé. Sa menace plutôt piteuse n’avait pas eu l’effet désiré, et il avait bien fallu se battre. Il n’aurait vraiment pas pu dire comment il s’en était tiré exactement, mais il était toujours vivant. Quant à son adversaire… Eh bien, peut-être valait-il mieux pour lui être mort. Hijo n’avait pas eu le courage de vérifier. Dieu, qu’est ce qu’il détestait faire cela !
Les combats continuaient dans les ruelles adjacentes. Une fois encore, il avait été ignoré à la fois par ses alliés ayant d’autres chats à fouetter et par ses ennemis trop occupés à tenter d’assassiner lesdits alliés. Il ne savait plus trop s’il devait s’en réjouir ou pleurer sur son sort. Il soupira, rassembla sa maigre réserve de courage.
Bon, tu es un ninja de Konoha, un chuunin bordel ! Les ninjas de Konoha n’abandonnent pas leur coéquipiers, même quand ceci semblent oublier complètement leur existence. Alors bouge tes fesses et prouve-leur que tu n’est pas une limace apathique. Il s’imagina venant en aide à Kakashi Hatake et trouva l’idée si comique qu’il lâcha un petit ricanement nerveux.
Un bourdonnement étrange et soutenu s’éleva de l’arrière d’une habitation. Il tendit l’oreille, cela ne ressemblait à aucune technique qu’il connaisse.
D’un autre côté, tes connaissances sont un petit peu limitées mais bon… Il n’aimait pas ce bruit. Sans même pouvoir l’identifier, il était sûr qu’il sous-entendait quelque chose de désagréable, voir d’
extrêmement désagréable. Deux solutions s’offraient à lui : prendre ses jambes à son cou et filer le plus loin possible de la source du bourdonnement ou aller jeter un coup d’œil.
Il alla jeter un coup d’œil.
Il mettrait plus tard cette décision sur le compte d’une brusque montée de pulsions suicidaires, ce qui peut au fond arriver à tout le monde. Mais peut-être y avait-il une autre raison : une curiosité un peu malsaine, la fascination bizarre qu’exerçait ce bruit étouffé pourtant angoissant.
A l’arrière de la chaumière, se dressait un petit autel, d’apparence plutôt vulgaire, une grosse dalle posé sur deux pierres mal taillées. Mais l’ensemble dégageait une impression sinistre, presque morbide. Hijo remarqua des tâches sombres et brunâtres qui maculaient la pierre et il grimaça. Le bruit semblait émaner de l’autel lui-même agité d’une étrange vibration.
Une vibration presque vivante.
Soudain, foutre le camp le plus vite possible lui sembla une option tout à fait envisageable.
Ce village empestait. Il suppurait. Rien n’y était normal et ce « truc », quelle que soit sa fonction, était pire que tout le reste.
Des cris de rage retentirent et avant qu’il ait pu se mettre à l’abris, une tornade aux cheveux gris et à l’œil rouge étincelant dégringola du toit, amenant à sa suite un bon paquet de neige qui s’écrasa_ comme par hasard_ sur Hijo embusqué et trois ninjas surexcités. Kakashi se releva souplement, engloba la scène du regard et commenta d’un ton plutôt calme au vu des circonstances :
- Toujours vivant ?
Puis il fronça les sourcils :
- C’est quoi
ça ?
Deux secondes plus tard, les cinq combattants, agresseurs y compris, écarquillèrent les yeux.
Sakura reprit connaissance.
Elle tenta de bouger la tête et ne put retenir une exclamation de douleur. Son crâne avait frappé de plein fouet une branche basse, la plongeant pour quelques minutes dans l’inconscience. L’esprit embrouillé, elle essaya de se remémorer ce qu’avait bien pu lui dire Shizune sur les traumatismes crâniens.
Sa vision s’éclaircit.
Un homme pendu la tête en bas la regardait d’un œil vide et mort. Le masque blanc à moitié arraché laissait voir son visage lacéré, le reste de son corps était coincé dans les branchages de l’arbre qu’elle avait percuté. Elle rendit pendant quelques instants son regard au cadavre, horrifiée mais incapable de détourner le regard. Les souvenirs des dernières minutes lui revinrent enfin.
Elle déglutit, abaissa les yeux.
A quelques mètres d’elle, le responsable du massacre toisait Naruto. Son ami levait un regard bleu exorbité sur l’homme_
le monstre ? La bête ? Elle ne se rappelait pas l’avoir vu se battre. Pourquoi n’attaquait-il pas ? Pourquoi ne tentait-il pas de tuer cet homme ? Il avait vu le massacre, avait vu les trois anbus se faire violemment mettre en pièces mais il n’avait pas réagi. Pourquoi ?
Ohira se détourna avec un ricanement, remarqua la jeune femme et lui adressa un clin d’œil :
- Réveillée jeune fille ? Je vous en prie, vous pouvez regarder aussi. Je suis sûr que cela vous plaira.
Le contraste entre le geste familier, le ton amical et le regard écarlate complètement fou l’horrifia peut-être plus encore que les anbus assassinés ou l’atonie de Naruto.
Meiyamoto s’approcha du bord de la colline, laissant son regard tomber sur le village où les combats se déroulaient toujours. Il fit quelques pas à gauche, puis à droite, cherchant quelque chose. Il s’immobilisa au pied d’un conifère et posant un genoux à terre et sans un regard pour les deux jeunes gens, écarta la neige de ses mains nues. Une dalle de pierre sombre apparu sous la couche givrée.
L’homme posa sa main couverte de sang encore chaud sur la pierre et macula de rouge la surface rugueuse, marmonnant d’une voix basse des paroles incompréhensibles.
Il releva la tête.
Le sol se mit à trembler.
Des flammèches de chakra noir dansaient sur la surface du l’autel comme agitées par un vent inexistant. Des formes noires et tordues semblaient s'agiter au milieu des flammes qui grandissaient, s’épanouissaient de plus en plus, couvrant bientôt tout l’édifice de pierre et léchant le sol glacé.
Un des ninja ennemis laissa échapper un bruit apeuré et commença à reculer à pas lents vers la ruelle la plus proche.
Cinq regards fascinés et ahuris suivaient cet étrange spectacle, leurs propriétaires oublieux pour quelques instants de leur propre combat.
L’œil rond, Kakashi fixait l’autel.
C’est quoi…
La terre commença à vibrer. Hijo agrippa par réflexe le bras de son supérieur. Celui-ci n’eut aucune réaction, n’essaya même pas de se dégager.
Le chuunin se demanda brièvement si flanquer une baffe à un jounin pour le ramener à la réalité pouvait être considéré comme un acte d’insubordination.
Là, c’est VRAIMENT le moment de foutre le camp !
Ohira plaqua ses deux mains sur la dalle, souffla un dernier mot.
… ce bordel ?
Le chakra s’éleva dans le ciel en un tourbillon sombre et vaporeux.
Hijo paniqua.
Naruto hurla.
Ohira sourit.
Sakura entendit un grondement s’élever du ventre de la terre.
Et Hashika explosa. Une immense boule de feu embrasa les maisons branlantes, engloutissant agresseurs et agressés avec la même impartialité meurtrière.
Son souffle brûlant vint caresser les deux jeunes gens et l’homme agenouillé qui se redressa, le visage en sueur, et se mit à rire, d’un rire d’abord bas et grave qui prit rapidement de l’amplitude pour s’élever de plus en plus fort, de plus en plus sauvage, emplissant toute la valais à présent déserte de ses échos sinistres.
* * * * * * * * * * * * *
L'auteur a-t-elle une déclaration à faire?
Ben... Euh... Non.