Sang et cendres

Tu débordes d'imagination scénaristique. Tu as imaginé des histoires parallèles à celle de Naruto. Alors asseyons-nous autour d'un feu et raconte-nous ton histoire dans le monde des ninjas.

Modérateur : Ero-modos

lebibou
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Message par lebibou »

Wow :shock:

Je me souviens t'avoir fait la réflexion que ton écriture était très agréable mais qu'il manquait un petit quelque chose qui allait apparaître avec le temps.

J'avais raison.

Je le repète à chaque chapitre, mais j'aime beaucoup ton style, quoiqu'un peu - ahem - rouge. Car c'est bien le rouge qui prédomine dans chacun de tes chapitres, le rouge comme la colère, le rouge comme la haine, le rouge comme le sang.
Mais qu'importe, car c'est un rouge très agréable à lire.
Que dire de ce chapitre ?

Le combat est brillament décrit. Il est sans longueur, sans description inutile. Peut-être un peu bourrin, mais il semblerait que ce soit la situation qui pousse dans cette direction.

L'impression qui me vient en lisant, c'est que c'est un sacré mélange. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai beacoup (trop ?) lu, mais je trouve des clins d'oeil à beaucoup de chose :
les lois de murphy (avec le : ça ne peut aller que de pire en pire), y'a du Calvin et Hobbes (avec le : quand on fait quelque chose de très mal, personne n'en attends beaucoup de vous).
Je pense que c'est purement des hasards mais je tenais à le signaler.

Le début du chapitre aussi est sympa. On se demande si on vient pas de se planter et de zapper sur chasse et pêche, puis y'a le moment où on voit pas trop ce que vienne faire les trois proies, puis on prend conscience que le naruto a des moments d'inconsciences.

Un détail tout de même :
sept queues gigantesques
Soit Hijo est myope soit… 
Je ne te ferai pas l'affront de préciser l'erreur.

J'oubliais : mention spéciale pour le Hijo qui touche le fond et creuse encore.
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Jainas
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Message par Jainas »

noooooooooooon ! ma connection foireuse à bouffé mon commentaire !

ralala, cette question des féminisation de noms... moi je dis auteur, tout simplement.
Et d'auteur de fic, tu en est une bonne, pas de doute là dessus.

Encore un excellent, chapitre, ça en devient presque lassant, y'a pas grand chose de négatif à dire... ce pauvre Hijo fait connaissance avec les poing de Sakura (il commence à tirer beaucoup sur son capital "sympathie boulet" tout de même, le misérabilisme ça va un temps, mais au bout d'un momment c'est too much.), Naruto pête sévèrement un cable (hum... le kyuubisme ferait-il des émules ? ^^) et Ohira est égal à lui même : méprisant et arrogant, et fouteur de j'tons...

Et LEbibou à raison : l'est myope Hijo, y'a pas d'autre explication.

La suite !!! :grin:
Kydash
Chunnin
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Message par Kydash »

ce chapitre est pour moi tout simplement excellent sur tous les points de vues. Je n'ai pas honte de le dire on ne s'ennuie pas dans cette fic qui mérite vraiment tout mon capital sympathie.

Le scénario évolue doucement mais surement vers une situation de plus en plus angoissante et dark.

c'est bien mené mais...
Je ressens surtout depuis ce dernier chapitre un problème de rythme. suivre d'un coté ohira puis après notre ami charlo d'un chapitre sur l'autre me fait un peu tourner la tête. ce n'est pas que ce soit désagréable mais bon, j'ai l'impression par moment d'être obligé de retourner en arrière pour comprendre ce qui s'est passé. (donc deux chapitres en arrière si je ne me trompe pas).
évidemment, c'est peut être parce que c'est une publication encore en cour que cela me donne cet effet mais bon.
Un autre problème et je vérifierai tout à l'heure si je ne me trompe pas c'est que certains personnages de l'équipe 7 n'apparaissent pas tout le temps quand c'est un chapitre qui est consacré à Ohira. Ce cher Hijo je crois avait été zappé tout comme le pov du naruto pour se consacrer qu'à Kakashi. mais ca c'est une affirmation que je fais sans avoir vérifié, preuve que je ne me souviens pas de leur passage dans le récit.
Et en repparlant d'Hijo, je continue a douter de son importance maintenant dans l'équipe 7. son pov était excellent mais bon... j'attends de voir a quoi il va vraiment servir.

donc en dehors de ces 2-3 points là et de ce dont je t'avais parlé précédemment j'ai pas grand chose à rajouter en dehors de bon courage et à très bientôt.
Tayuya
Gennin
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Message par Tayuya »

Comme dirait Itachi-san, ça devient dur de ne pas se répéter. T'en as pas marre qu'on te dise tout le temps la même chose ? Parce qu'à ce stade... difficile de faire autrement.
Le début du chapitre est somptueux, j'ai cru que tu parlais d'Ohira au début mais me suis plantée :lol: très bien décrit, à croire que tu as déjà vécu ce genre d'expérience toi même mouahaha
Blague à part, c'est encore un magnifique chapitre, j'aime bien l'interaction Kakashi/Ohira, il fera moins le malin le Ohira quand Kakashi pètera vraiment un cable :twisted:
La palme est bien entendu à Hijo, régulier dans la boulet attitude :lol:

Tu me bleuffes un peu plus à chaque fois, chapeau !
Ah si, juste un truc : de petites fautes par ci par là, attention ;-)
Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Rhaaaaaaa!!! Qu'est ce que ça fait plaisir des commentaires pareils! :grin:
Je vous remercie tous trés chaleureusement, vous ne pouvez même pas imaginer les réactions hystériques que vos reviews ont amené. Tant mieux pour vous et pour moi, d'ailleurs...

Lebibou a raison le rouge est prédomminant dans cette fic, je l'avais déjà noté, disons que ça donne un fond d'ensemble. ^ ^
Les références que tu as cités sont accidentelles (bien que je pense que mon inconscient a du entrer en jeu avec la loi de Murphy...).
Ils y a pas de mal de références dans cette fic, mais je crains d'être la seule à pouvoir les saisir pour la plupart, des idées qui m'ont plu dans divers bouquins (comme le plaisir malsain que le meilleur type du monde peut éprouver à massacrer par exemple) ou des petits délires persos qui ne font rire que moi.

Peut-être cette fic est-elle parfois un peu dur à suivre, comme l'a souligné Kydash, à cause de l'alternance des chapitres. Mais je ne vois pas trop comment faire autrement, si je veux cerner toutes les facettes de cette histoire.
Tu as raison, j'ai complétement zappé les POV de Hijo et Naruto dans le dernier chap consacré à l'équipe sept mais je ne peux pas me permettre d'aborder tous les POV de chaque perso, je suis forcé donc de ne mettre en scéne que ceux qui sont utiles à ce stade de l'histoire, ou qui présentent à mes yeux le plus d'intêrét. Ce dernier chapitre était idéal pour faire un petit tour de tous les équipiers.
Il ya aussi des POV que je souhaiterais mettre mais que je suis forcéed'écarter le temps d'un chapitre par manque de place ou parce que leur utilité n'est pas évidente...
Oh, et j'ai un peu tendance à plus souvent mettre en scéne les personnages dont la psychologie me plaît, mais qui pourrait vraiment me le reprocher? ^ ^
Kakashi/Ohira, il fera moins le malin le Ohira quand Kakashi pètera vraiment un cable
Ce qui ne saurait tarder, vu la façon dont Ohira s'évertue à tirer sur le cable en question. Et je vous garantie que le pétage de plombs sera plutôt méchant. :twisted:

Et euh... pour le petit, tout petit détail souligné par Lebibou et Jainas...
Euh... Tout le monde a le droit de faire des erreurs, hein? :oops:
_cours se planquer sous la table..._
Kydash
Chunnin
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Message par Kydash »

hum tu n'as pas compris ma pensée.
Ce n'est pas les pov absent que je dénigre (et qui de toute façon n'aurait pas apporté grand chose a l'édifice) mais c'est plutot la quasi non présence de ces personnages dans les chapitres qui leurs sont dédiés.
C'est une sorte d'impression que j'ai comme à un moment je croyais avoir mal compris la composition de l'équipe kakashi par exemple pour me rendre compte que pouf ! ils réapparaissent ^^;.

(mais bon en meme temps, je suis assez tete en l'air quand je lis m'enfin bon).

;)
vampire-master
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Message par vampire-master »

Ho quelle délicieuse soirée je viens de passer. :razz:
Etant donné que j'avais du temps à perdre et de nombreuses fics de retard, j'ai décidé d'y remédier. Et mon choix s'est porté ici du fait que j'avais lu le premier chapitre il y a bien longtemps mais dont je gardais un bon souvenir.^^
Et bien voilà, mon retard est rattrapé, je viens d'engloutir tous les chapitres.
Wahoo :shock: , c'est la première chose qui me vient à l'esprit.
Non attends, en fait je vais commencer par le négatif, ça va aller vite et c'est toujours mieux de finir sur du positif.
Attention aux fautes grossières.^^ Certes il y en a peu mais ça les rend encore plus visibles.
Les scènes de combats sont quelquefois déstabilisantes et on a un peu de mal à suivre qui fait quoi.
En gros, voilà pour les reproches.

Maintenat que dire à part que j'adore ?
Tu as un très bon style d'écriture, plaisant et agréable à lire, ça coule bien, très peu de tournures maladroites. Et puis on retrouve un peu de tout dans ta fic. Il y a de l'humour, du sang, des carnages, des tripes, des boyaux, des morts, de la crainte.... Comment ça je m'emballe il n'y a pas que ça dans l'histoire ? :lol:
Mention spéciale pour tes deux bad boys de l'histoire (enfin y en a un qui est apparemment plus bad que l'autre mais bon), ils sont tout simplement excellents. Tu les as très bien incorporés à l'univers sans qu'ils prennent ombrage des persos déjà connus.
Le scénario se révèle au fur et à mesure plus complexe qu'il ne semblait et j'aime beaucoup cette touche horreur/fantastique que tu apportes.
Juste en passant, pour l'histoire des rôdeurs je trouve ça bien comme terme. Cela fait directement penser au Seigneur des anneaux :respect: (Lebibou --> hérétique :evil: :lol: ) mais voir ce terme employé dans un autre contexte et avec un sens beaucoup plus sombre est loin de me déplaire.

En fait j'avais plein de choses à dire et la liste s'agrandissait avec les chapitres, mais je sèche un peu.^^
Alors, juste des félicitations et encouragements pour la suite.
En plus tu t'améliores avec le temps, alors continue comme ça on sent toute ta fougue et motivation qui passe dans ton écriture et ça fait plaisir à lire. ;-)
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Arakasi
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Message par Arakasi »

vampire-master a écrit :En plus tu t'améliores avec le temps, alors continue comme ça on sent toute ta fougue et motivation qui passe dans ton écriture et ça fait plaisir à lire.
La fougue de ma jeunesse flamboyante?
Gai approuverait! :lol:

Je suis ravie de ton commentaire, je croyais que tu m'avais définitivement oublié, moi, depuis tout ce temps!
Je vois que tu as toi aussi remarqué l'abondance de tripes, de sang, de violence,de boyaux et autres dans cette fic.Quelqu'un me croira-t-il si j'affirme que c'est une marque d'affection (enfin bon, dans certains cas...)? Certains auteurs rendent heureux les personnages qu'ils adorent leur offrant amour, gloire et beauté... D'autres leurs tapent allégremment dessus avec autant, si ce n'est plus d'enthousiasme. ;-)
Euh... C'tune blague, hein?

Je suis désolée si vous voyez quelques fautes, les chapitres se sont beaucoup allongés depuis le début de cette fic. Et relire sept pages de word à la chasse aux fautes de grammaire c'est un peu pesant et il se peut que j'en laisse échapper.
Si vous en voyez des vraiment grossiéres, merci de me les signaler.

Sur ce, voici la suite!
Chapitre dédié à Vampire-Master, l'enfant prodigue, mais puisque je n'ai pas de veau gras à tuer...
Bonne lecture!



CH13 : Hashika.



- « Ordre à toutes les unités anbus actuellement en mission dans le périmètre… » Rien à foutre… Rien à foutre… « Nouvelle mission prioritaire … » Noooooon ? Sans blague, par courrier urgent ? Ils voulaient qu’on croit à quoi ? Une foutue invitation pour une foutue fête d’hiver ? « Se rendre sur l’instant au sud du village d’Iwa… » Qu’est-ce qu’ils veulent qu’on branle là-bas ? Ces abrutis d’Iwa sont incapables de se débrouiller sans aide? Ils ne sont même pas nos alliés ! Ah si ? C’est nos alliés maintenant ? Oh bon… « Mission d’escorte en besoin urgent de renforts… » Ah tiens, en fait c’est nous les abrutis, tout compte fait. Rhaaaaa et ça se dit des jounins, quand je dis qu’ils laissent passer l’examen à n’importe qui…
Silencieux, médusés, les cinq ninjas d’élite qui constituaient la treizième unité d’anbus fixaient avec une fascination horrifiée leur actuel capitaine, très occupé lui-même à détailler l’ordre de mission fraîchement arrivé qu’il tenait à la main. L’autre main soutenait le long manche d’une pipe de bois sombre coincée entre les mâchoires de l’homme. Avec un grognement, il ôta le tuyau de sa bouche, laissa échapper un épais nuage de fumée bleutée et se mit à en frapper rythmiquement le bord du masque rejeté sur sa nuque au mépris de tout règlement.
Parfaitement inconscient de cet examen, il continua gravement son monologue, haussant le sourcil lors des passages qui lui paraissaient les plus intrigants :
- « Mission de rang B a mal tourné… » Mais qu’est-ce qu’il faut pas entendre… Qu’est-ce qui m’a foutu une telle bande d’incapables ? « équipe sept, chef d’équipe : Kakashi Hatake… » Gneuh ?
Il s’interrompit un instant, les yeux brièvement écarquillés.
La pipe s’immobilisa puis reprit son va-et-vient avec un claquement légèrement plus sec.
- Kakashi Hatake? Ka-ka-shi Ha-ta-ke ? Bon sang, s’il existe quelqu’un qui devrait pouvoir régler ses affaires tout seul… Il a du s’amollir en quittant l’anbu. Franchement, aller faire la nurse auprès d’une bande de…
- Il n’est pas allé faire la nurse, sauf votre respect mon capitaine. Il s’est occupé de l’entraînement de futurs ninjas de Konoha, mon capitaine.
Un silence pesant s’abattit sur la petite troupe, alors que le capitaine Musachi Usama relevait la tête en battant des paupières et jetait un regard vaguement surpris au jeune anbu qui venait d’élever la voix.
Raide comme un piquet, celui-ci releva le menton s’attendant à une réprimande. Rien ne vint. Son supérieur se contenta de l’observer, l’air intrigué comme attendant une explication supplémentaire.
Ibaku, anbu professionnel depuis à présent presque trois mois et subordonné du capitaine de la treizième unité depuis deux jours, considéra la barbe de trois jours, les cheveux scandaleusement ébouriffés, la peau basanée et les yeux bruns et placides de Musachi et sentit son cœur se serrer.
Ce n’est pas possible ! Il doit forcément y avoir une erreur quelque part. Ce type NE peut PAS être un anbu ! Il NE peut PAS être un capitaine !
Ibaku était un ninja intelligent et compétent, doué pour son âge comme on le lui avait maintes et maintes fois répété. C’était aussi un jeune homme dévoué à son village et ce dévouement l’avait tout naturellement amené à s’engager dés ses 17 ans au sein de l’anbu de Konoha. Il avait incorporé les unités anbus, décidé à endurer une vie de labeur, de privations et de risques, la tête emplie à en éclater des exploits futurs, rendus encore plus sublimes par le fait qu’ils seraient anonymes, qu’il réaliserait pour son village.
Il était prés à tout endurer.
S’était préparé à tout.
Excepté peut-être à se retrouver sous les ordres directs du capitaine Musachi Usama.
En presque quinze ans de service, celui-ci avait acquis le statut de légende vivante chez les anbus du village de la feuille.
Musachi et sa saloperie de pipe.
Usama était un cas. Supérieurs au bord de la crise de nerfs ou du meurtre pur et simple et subordonnés vacillants entre ravissement et consternation s’accordaient au moins sur ce point. En quinze ans de carrière, il avait réussi à s’attirer la haine farouche de quasiment tous ses supérieurs passés comme présents.
Musachi Usama était à lui seul une provocation vivante pour tout bon shinobi respectueux des règles ou de la plus simple décence.
Musachi était incapable d’accepter un ordre sans donner son avis sur le moindre détail.
Musachi semblait inaccessible à des termes pourtant très simples tels que « tenue correcte », « respect du à un supérieur », « tact » ou tout simplement « Fermez-la ! ».
Musachi, avec une candeur désarmante ou peut-être le cynisme le plus complet, considérait la majorité des règlements comme tout à fait facultatifs dés qu’il s’agissait de les adapter à sa personne.
Musachi fumait en permanence une pipe malodorante, méprisant tranquillement la règle sévère qui exigeait qu’un anbu ne quitte jamais son masque durant son service.
Musachi s’était découvert dés l’âge de quinze ans un don indéniable pour porter sur les nerfs de son entourage et avait passé les vingt années suivantes de sa vie à mettre ce don en pratique.
Seuls des états de service exceptionnels, une compétence étonnante et une capacité plus irritante qu’autre chose à avoir très souvent raison, particulièrement face à un supérieur en fureur, expliquaient sa présence dans les rangs des anbus, ainsi que son poste d’officier. Pas mal de rumeurs couraient sur le bonhomme qui passait pour avoir accumulé plus de dix promotions au rang de capitaine en l’espace de quinze années et pour avoir réussi à se faire rétrograder en temps record dix fois à la suite de diverses gaffes.
Les raisons de ses rétrogradations à répétition étaient aussi diverses que variées : tenue incorrecte, conduite scandaleuse, remarques déplacées, traits d’humour malvenus, abus d’alcool, abus de confiance, abus de substances illicites ( personne ne savait exactement avec quelle immondice Musachi s’obstinait à bourrer sa pipe, mais tout le monde s’accordait à reconnaître qu’au vu de l’odeur dégagée si la substance en question n’était pas encore classée illicite, cela ne saurait tarder …), etc…
Lors de son avant-dernière et dixième promotion, il avait réussi à écraser tous ses records en accomplissant l’exploit de se faire virer de son poste en l’espace de deux jours à peine. Les raisons invoquées avaient été : manque de respect, attitude insultante et harcèlement sexuel à l’égard d’une supérieure directe.
Un an plus tard , l’huluberlu se faisait propulser pour la onzième fois au rang de capitaine et, les dieux seuls savaient comment, il avait réussi à conserver son poste ces deux derniers mois sans accident majeur.
Et Ibaku avait hérité du phénomène comme capitaine.
Ce n’était pas juste. Vraiment pas juste. Rien, ni personne ne l’avaient préparé à cela. Un capitaine se devait d’inspirer le respect et la confiance. Un capitaine se devait d’être un exemple pour ses hommes.
Un capitaine ne devait pas…
Ne pouvait pas…



Le phénomène leva un regard songeur au ciel, réfléchit un instant à la remarque du jeune anbu, puis haussa les épaules en concluant par un « On s’en fout » désinvolte, avant de d’émettre un soupir résigné et de fourrer distraitement sa pipe dans une des poches de son uniforme.
Les anbus restèrent parfaitement impassibles, ce qui n’est pas bien difficile quand un masque vous couvre tout le visage. Seul Ibaku ouvrit la bouche, l’œil rond et se penchant dans un mouvement machinal vers son voisin :
- Euh… Est-ce qu’il ne vient pas de… ?
Un violent coup de coude le fit taire, suivi d’un regard furieux et d’un murmure étouffé :
- Ferme-la.
Mais il vient de… Oh, et puis merde !
Complètement indifférent aux messes basses de ses hommes, Musachi reprit sa tirade là où il avait été interrompu :
- Le reste n’a pas d’importance. En clair nous devons aider à neutraliser un cinglé qui accompagne l’autre équipe de guignols et qui est aussi accessoirement notre client. Me demandez pas d’explications. La vieille allumée a du péter un câble. Le cinglé serait dangereux. Mouais… S’il a réussi à mettre Hatake en difficulté, effectivement…
En position de repos les anbus assemblés écoutaient la suite de ce qui pouvait passer pour des instructions. Une odeur de brûlé discrète, puis de plus en plus forte commença à flotter en l’air.
Ibaku se força à regarder droit devant lui. Mais c’est pas possible… Il va bien finir par s’en rendre compte.
- Paraît qu’il faut se presser. Une équipe d’anbus doit être sur les lieux le plus rapidement possible. D’autres renforts viendront plus tard du village.
- Il y a déjà une autre équipe d’anbus dans les environs d’Iwa, mon capitaine, fit remarquer un anbu à la droite d’Ibaku. Vous savez… Au sujet de cette affaire concernant le village d’Hashika ?
- Ah… Mouais… Ce petit con de Gabanju. Pas de chances pour nous les gars, les ordres sont strictes, on n’a pas vraiment le choix.
Un léger filet de fumée commença à s’élever, serpentant dans l’air du matin. Mais c’est pas possible ! On ne peut pas être aveugle à ce point, non ?
Musachi se redressa et élevant la main, remit d’une pichenette son masque de chat en place, signe que la mission commençait.
Mais aucun des anbus ne bougea. Les cinq shinobis surentraînés retinrent leur souffle à l’unisson, et attendirent.
Une seconde.
Deux secondes.
Trois.
Musachi éleva à nouveau la main, ôta son masque une seconde fois et abaissa les yeux sur son uniforme :
- Oh. Merde.
Quelques instants plus tard, les même shinobis bénirent le ciel et les kages d’avoir rendu obligatoire le port des masques qui dissimulaient le large sourire hilare de quatre d’entre eux. Ibaku, quant à lui, arborait le visage consterné et atterré de qui vient de voir réduire en miettes en quelques secondes ses plus belles illusions sur les ninjas supérieurs et sur les anbus en général, tandis que Musachi tentait frénétiquement d’éteindre à grands coups de masque le début d’incendie provoqué par sa très chère pipe mal éteinte.



* * * * * * * * * * * * * * * *


Hashika.
Enfin…

Assis en tailleur sur le sol, coudes posés sur les genoux, Meiyamoto esquissa un sourire, englobant du regard les quelques toits enneigés qui s’étendaient à ses pieds. Ils avaient fait halte sur une colline qui surplombait le village, si l’on pouvait en l’occurrence parler de village. Rien de plus en fait qu’une demi-douzaine de pauvres chaumières se serrant frileusement les unes contre les autres. Un lieu isolé de tout, perdu au milieu des forêts glacées. Isolé et vide.
Même de ces hauteurs, on pouvait deviner que seul le silence régnait dans ces rues étroites et vierges de toute empreinte. Même à cette distance, une atmosphère étrange, lugubre semblait émaner du lieu.
Eh bien, eh bien… Tout compte fait, ça n’a pas été sans difficulté…
Il fallait bien avouer que les choses ne s’étaient pas tout à fait déroulées comme prévu, mais il ne s’était jamais attendu à ne rencontrer aucun obstacle. Au fond, il s’en réjouissait. Toute cette histoire se serait probablement révélée d’un ennui mortel, si quelques petits imprévus n’étaient pas venus pimenter la partie. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » comme le disait si bien le proverbe : à quoi bon jouer avec des proies qui ne tentaient pas de se défendre ? Le jeu en perdait toute sa saveur.
Car tout cela n’était au fond qu’un jeu.
Certes le jeu le plus fascinant, le plus amusant et le plus passionnant jamais inventé.
Mais juste un jeu.
Rien de plus mais rien de moins.
L’arrivée impromptue des anbus avait été une surprise et si sa première réaction n’avait été qu’un mélange de frustration et de fureur, frustration et rage d’une bête fauve à qui l’on vient d’arracher la proie qu’elle tenait entre ses griffes, il en était à présent plutôt satisfait. Une bonne chose à la réflexion, les anbus étaient intervenus juste à temps. Un peu plus, trois ou quatre secondes supplémentaires et il aurait probablement arraché la gorge du copy ninja. Une mauvaise idée.
Kakashi Hatake devait mourir. Il en éprouvait un peu de regret, l’homme lui plaisait beaucoup, sincèrement, mais c’était un fait et la capture du démon Renard devait rester prioritaire.
Le jounin mourrait tôt ou tard, plus tôt que tard d’ailleurs si tout se déroulait selon ses prévisions, mais pas si vite, pas en ce moment, ni en ce lieu précis. Il avait bien failli commettre une erreur. Pendant quelques secondes, aveuglé par une soif de meurtre et de violence irrépressible, il avait bien failli mettre en danger ses propres projets. Le massacre de la poignée de crétins suicidaires n’avait qu’en partie apaisé cette soif, un gibier aussi faible n’était guère excitant.
Il haussa les épaules, un mouvement presque imperceptible. Tout pouvoir avait ses inconvénients. Celui-là était notable mais ne le dérangeait pas vraiment.
Il faudrait qu’il songe à remercier le capitaine des anbus pour l’aide inattendue et involontaire qu’il lui avait apporté. Cette pensée lui arracha un petit gloussement et ses yeux se détachèrent des bicoques pour pivoter dans la direction de ses nouveaux compagnons. Quatre regards sombres et presque hostiles lui renvoyèrent le sien, trois appartenant au capitaine dissimulé sous son masque de lièvre et à deux de ses hommes, le quatrième à la gamine aux cheveux roses. Accroupi à l’écart, le jinchuuriki était plongé dans sa propre contemplation morne et silencieuse du village en contrebas. Il leur envoya en réponse son sourire le plus rayonnant. Nul besoin d’ôter les masques pour deviner l’irritation naissante et la méfiance des trois hommes. La jeune shinobi quant à elle, serra les poings, rouge de colère, ressemblant plus que jamais à son illustre sensei.
Il détourna les yeux, un rire muet agitant ses épaules. Des geôliers surveillant un dangereux prisonnier… Alalala… Je me demande ce que Hatake a bien pu leur raconter. Rien de bien flatteur sûrement.
Le copy ninja lui-même se trouvait quelque part à l’intérieur du village lui-même, accompagné de l’ahuri terrorisé _ Comment a-t-il bien pu survivre au dernier combat celui-là ?_ et des trois autres anbus, explorant le lieu.
Ne s’attendant pas à ce qu’ils allaient y trouver.
Meiyamoto n’avait pas pu suivre en détails la discussion qui avait opposé Kakashi Hatake et le chef des anbus après l’arrivée de la sixième unité, mais avait facilement remarqué l’irritation et la mauvaise humeur des deux hommes. Ils s’opposaient sur un sujet et il ne doutait pas un instant être à l’origine de cet affrontement. L’avis de l’anbu avait emporté.
Ce qui expliquait leur présence à Hashika au plus grand déplaisir du jounin.
La surveillance de ces hommes lui importait peu, il n’aurait pas à la subir bien longtemps. Son regard fut attiré par un éclat blanc de lumière. Il plissa les yeux. Un nouveau clignotement se produisit quelque part dans l’ombre des arbres qui bordaient le côté opposé du village. Une fois, deux fois, trois fois. Avec un lent sourire, il se redressa de sa position accroupi, et s’étira, faisant jouer les muscles de son dos et de ses épaules avec un soupir de plaisir non dissimulé.
Toutes les pièces étaient en places, tous les joueurs enfin assemblés. Le jeu allait enfin pouvoir réellement commencer. Et ce n’était pas trop tôt.


Jouons.


* * * * * * * * * * * * * * *



Kakashi se crispa, battit des cils, le regard soudain concentré.
Un instant, un bref instant, il avait bien cru voir… Quoi exactement ? Rien de plus qu’une lueur tremblotante, un éclair blanc entre les arbres avachis. Il douta un instant de ses propres yeux. Personne ne pouvait traîner dans les bois à cette période de l’année, si l’on exceptait les loups faméliques qui rôdaient à la recherche d’une proie facile ou de n’importe quoi de mangeable en fait. L’hiver avait été dur, cruel pour les hommes comme pour les bêtes. Le village d’Hashika était lui-même éloigné de toutes les voies importantes, un véritable trou perdu. Rien ne pouvait expliquer la présence d’un voyageur dans ces collines, rien si ce n’était…
Mouais… Une illusion, rien de plus qu’une illusion, un reflet sur une pierre polie. Tes nerfs te jouent des tours, mon vieux et ça ne s’arrange pas…
La lueur se répéta.
Une fois, deux fois, trois fois.
Il s’immobilisa, portant une main machinale à sa cuisse droite. Il sentit plus qu’il n’entendit deux anbus se positionner derrière lui, le troisième s’approcha et lui effleura l’épaule de la main, l’œil interrogatif. Kakashi pointa un doigt muet en direction de la lisière de la forêt. L’anbu se détourna, haussa les épaules et reporta son regard sur le copy ninja. Le message était clair : aucun des trois shinobis n’avait rien remarqué et personne n’avait songé à demander son avis à Hijo. Avec tout le respect qu’on lui devait, est-ce que le copy ninja ne s’était pas légèrement surmené ces derniers jours ?
Question intéressante.
On ne pouvait pas dire que le bref combat, plus proche en vérité du massacre que de l’affrontement, contre les brigands ait été particulièrement épuisant. Mais ses nerfs étaient à vif, il ne pouvait l’ignorer. Tout y contribuait : la quasi-hostilité de Naruto, la présence irritante et inutile d’Hijo, le sourire d’Ohira, l’impression constante d’être manipulé, utilisé, pantin dirigé par des mains habiles, invisibles et maintenant Hashika…
Le hameau était vide, entièrement vide. Ils marchaient au milieu de ce qui devait être la rue principale depuis prés de cinq minutes mais n’avaient toujours pas croisé âme qui vive. Pas un bruit, pas un mouvement : un village fantôme aux portes fermées, aux fenêtres closes ou barricadées. La neige recouvrait tout de son manteau blanc et gelé, ruelles, toits, enclos, abreuvoirs à bestiaux où l’eau avait gelé depuis longtemps. Vision étrange, fantastique presque angoissante.
Reflétée sur cette blancheur, la lumière semblait trop vive et blessait les yeux. Les ombres n’en paraissaient que plus sombres et sinistres. Trou noir d’une fenêtre que l’on avait omis de fermer, orbite sombre et aveugle au regard oppressant.
Tous les bruits, même ceux provoqués par les pas prudents des ninjas, étaient étouffés, affaiblis. Eux-mêmes semblaient se fondre dans cette étrange univers immaculé : spectres évoluant dans un monde de spectres. Kakashi se surprit à frissonner à cette pensée, et son malaise s’en accentua. Il n’était pas superstitieux et ne comptait pas le devenir !
Mais quelque chose dans l’atmosphère du village incitait à la crainte, à la fuite…
Les vivants n’ont pas leur place en ces lieux.
Une pensée surprenante, surgie d’un quelconque recoin de son esprit, une pensée qui ne lui ressemblait pas, une pensée qui sonnait désagréablement juste. Ils n’auraient pas du se trouver ici. Ils ne l’auraient pas fait, si la chose n’avait tenu qu’à lui.
En ce qui le concernait, le désir obstiné qu’avait Ohira de se rendre en ce lieu était en sois un argument pour ne pas y aller. Ce qui n’avait pas été l’avis de l’officier anbu.
Il serra les dents à ce souvenir.
Les anbus professionnels étaient choisis pour leur compétence et leurs talents de combattant ; de toute évidence, le discernement n’avait pas été un des talents privilégiés par les instructeurs. En cet instant précis, Kakashi n’était pas loin de partager l’avis du capitaine Musachi Usama sur « ce petit con de Gabanju ».



- Hashika ? Pourquoi désirez-vous vous rendre à Hashika ?
La voix de l’anbu au masque de lièvre était sèche, emprunte d’une certaine méfiance. Ni le ton soupçonneux, ni le geste autoritaire qui l’accompagnait ne plurent particulièrement au copy ninja, mais le moment était mal choisi pour devenir susceptible.
- Notre client désirais se rendre à Hashika mais…
- Le client que vous menaciez d’égorger, il y a cinq minutes ?
Kakashi se raidit, réprimant un mouvement d’impatience, il s’efforça de prendre un ton raisonnable. Cela s’avéra plus difficile qu’il ne l’aurait pensé : il ne se sentait pas d’humeur patiente et encore moins conciliante. Mal à l’estomac. L’impression d’une boule dure dans son ventre. La gorge sèche. La fraîcheur de la sueur qui commençait à sécher sur son front et sa nuque.
Il n’était pas un homme lâche, il était un guerrier, un tueur qui avait vu plus de carnages et de champs de bataille que n’en verrait jamais le jeune homme arrogant qui lui faisait face dans l’ensemble de son existence. Mais pendant une ou deux secondes, il avait été paralysé. Paralysé de terreur. Les yeux plongés dans deux abîmes, deux gouffres sans fond s’ouvrant sur les flammes et l’Enfer.
Il avait déjà éprouvé cette sensation, peut-être moins profonde, moins atroce, mais sensiblement la même. Le même sentiment d’impuissance. La même peur. La même prise de conscience humiliante et cruelle.

« Tout ce que tu fais est inutile. Il viendra à moi. Il viendra à moi, quoi qu’il advienne. »
Ignorant la douleur sourde qui avait profité de l’occasion pour revenir se glisser dans ses pensées, il se concentra sur sa situation présente. Vraiment pas le moment de laisser son esprit battre la campagne.
- Nous en avons déjà parler. Je n’ai pas l’intention de continuer cette mission. Cet homme est dangereux, vraiment dangereux. La meilleur solution serait de…
_le tuer, le tuer maintenant avant qu’il ne nous tue _ … le ramener sous escorte au village. Vous tombez à pic…
- Je ne pense pas que ce soit possible.
Kakashi avait à peu prés repris sa maîtrise de sois, il se contenta d’hausser un sourcil interrogateur devant l’interruption.
- Au dernières nouvelles, je n’ai pas de comptes à vous rendre, non ?
Ce fut au tour de l’officier de se raidir, décochant un regard noir au copy ninja qui s’en moqua éperdument :
- Cette zone est sous ma responsabilité. Je me fout de savoir à qui vous rendez des comptes, je sais à qui je rends les mien, moi. Votre histoire est loin d’être claire, si vous refusez de me donner des éclaircissements, je…
- Je ne refuse rien du tout, l’arrêta le jounin, esquissant un sourire conciliant. Mais cet homme est sous
ma responsabilité.
- Vous faites erreur. Si cet homme est lié aux problèmes d’Hashika, je ne…
- Quels problèmes d’Hashika ?
Nouveau regard meurtrier. L’anbu n’appréciait pas de toute évidence d’être interrogé par un simple jounin, fut-il le célèbre Sharingan no Kakashi lui-même, à plus forte raison s’il s’agissait du copy ninja. Un homme jeune, très jeune même pour un tel poste de confiance, jugea Kakashi, sûrement talentueux et tout à fait conscient de l’être.
En clair : un jeune crétin arrogant bien décidé à en remontrer à ses aînés et particulièrement à un ex-anbu qui avait quitté la section sur un coup de tête. Le jeune loup montrant les dents au vieux loup. Il étouffa un soupir.
Magnifique… J’aurais difficilement pu tomber plus mal.
Le pire étant qu’il pouvait tout à fait comprendre ce sentiment, ayant été lui-même un jeune crétin arrogant et orgueilleux, aussi borné qu’un mulet. « HAHA ! Ecoutez-moi ça ! Tu es toujours un crétin arrogant, orgueilleux, borné… ! » se mit aussitôt à beugler une voix joyeuse. Il réussit à retenir au dernier moment le « La ferme, Gai » qui lui montait aux lèvres et qui n’aurait pas rassurer l’anbu sur sa santé mentale. Il aurait bien aimé être lui-même un peu plus rassuré. Il était à peu prés sûr que posséder un petit Gai vêtu de vert braillant et sautillant dans un coin de son cerveau ne pouvait être interprété comme un signe de bon fonctionnement dudit cerveau.
- Le village d’Hashika a été déserté.
Il revint à la réalité avec un « Mmmh ? » qui lui attira un énième regard irrité.
- Déserté ? Comment ça déserté ? demanda-t-il.
- « Déserté » n’est peut-être pas le mot juste. Toute sa population a disparu. Du jour au lendemain, sans laisser de traces.
- Des traces de lutte ? De violence ?
- Rien ne le laisse penser mais le village était plutôt isolé, la neige et la glace n’ont rien arrangé. Nous ne savons pas ce qu’il en est exactement, avoua l’officier, nous avons été envoyés pour tirer cette situation au clair. Au nom du ciel ! Prés de quarante personnes ne peuvent pas disparaître comme ça! C’est… C’est surréaliste !
L’homme était visiblement nerveux, Kakashi se doutait être en partie la cause de cette nervosité. Un autre détail attira son attention.
- Mmmh… Mais Hashika se trouve bien sur les terres du village caché d’Iwa, je me trompe ? En quoi la disparition de quarante paysans d’Iwa justifie-t-elle la présence d’anbus de Konoha ?
Le capitaine paraissait de plus en plus contrarié par la tournure prise par la conversation et marmonna en retour :
- Hashika se trouve aux alentours de la frontière…
- Aux alentours de la frontière du côté d’Iwa, insista le jounin.
- Cette disparition n’est pas encore connue des autorités d’Iwa, elle pourrait occasionner un certain trouble une fois découverte. Des soupçons se porteraient naturellement sur Konoha, le conseil a pensé qu’il serait préférable de venir nous même tirer au clair la situation, finit-il par lâcher à regret.
- Mais ce n’est pas tout, hein ?
Si les yeux de l’anbu avaient été de kunais, Kakashi serait déjà mort à plusieurs reprises, transpercé de part en part. Mais peu lui importait. Bien entendu, que ce n’était pas tout ! Une part de la vérité, c’était probable mais pas toute la vérité.
- Une mission secréte sur un territoire allié ? Sans en avertir les autorités ? Pour une simple inquiétude du conseil ? Les membres du conseil passent leur temps à s’inquiéter, ils sont là pour ça. Il y a autre chose, n’est-ce-pas ?
L’anbu se rebiffa, ce qui était assez prévisible :
- Même si c’était le cas, ce ne serait pas votre affaire. Pensez-vous que votre… « client » pourrait être lié à cette affaire ?
Kakashi jeta un regard par-dessus l’épaule de son interlocuteur. Entouré de cinq anbus vigilants, le « client » les observait tout deux d’un œil intéressé, attendant avec une curiosité détendue la fin de la discussion qui devait décider de son sort. Kakashi haïssait cette expression. Du coin de l’œil, il nota la présence de ses trois équipiers regroupés, Naruto un peu à l’écart des deux autres. Sakura semblait avoir oublié sa récente poussée de rage contre Hijo. Elle lui parut un peu pâle, mais il n’avait pas le temps de s’inquiéter pour cela. Plus tard, plus tard… Quand on lui laisserait enfin le temps de réfléchir…
- C’est plus que probable.
- Alors je crains que vous ne puissiez pas retourner au village. Cet homme nous accompagne.
- Quoi ?
- Il vient avec nous à Hashika. Il peut être utile et possède peut-être des informations dont nous avons besoin.
Une inspiration profonde.
Ne t’énerve pas, ne t’énerve pas…
- Je doute que ce soit une bonne idée.
- Vos doutes ne me concernent pas, rétorqua l’autre. Cet homme va à Hashika. Vous pouvez l’accompagner ou rentrer au village. Ce n’est pas mon problème.




Et il était venu.
Pouvait-il vraiment envisager de faire autrement ?
Convaincre l’officier de le laisser prendre la tête du groupe de ninjas destiné à explorer le village avait été un exploit en sois. Il avait abandonné presque à regret la surveillance d’Ohira au capitaine et à deux de ses hommes. Naruto et Sakura étaient également restés sur place, il aurait du en être rassuré, plus grand serait le nombre de ninjas entourant Ohira, mieux il s’en sentirait. Mais il ne l’était pas. Je ne devrais pas m’en faire autant. Tsunade a raison : ils ont du talent, l’un comme l’autre. Peu d’expérience, bien trop peu d’expérience mais du talent. Naruto deviendra sûrement un jour plus puissant que je ne le serait jamais… Naruto… Qu’est ce qu’il peut bien avoir ce gosse ? Il s’inquiétait tout de même, il ne pouvait pas s’en empêcher.
Une voix hésitante s’éleva, résonnant trop forte et trop aiguée dans le silence de glace qui les entourait :
- C’est… C’est vraiment calme, hein ?
Kakashi adressa un regard réfrigérant au quatrième membre de son équipe, le seul à l’avoir accompagné. Hijo déglutit, émis un marmonnement embarrassé. Un des trois anbus lâcha un grognement méprisant.
- Euh… Je veux dire : c’est vraiment très vide… Hein ? On s’attendrait à… je ne sais pas, moi… Avec ce froid, des loups, des renards… Enfin quelque chose !
Il recula de quelques pas avec un sursaut devant le visage soudain figé du jounin :
- Euh… Kakashi-san ? Il y a un… ?
Beaucoup trop calme.
« Il a fait froid, bon sang Kakashi ! Un froid terrible ! »
Un froid terrible, un froid qui a forcé les bêtes à sortir des bois…
« Elles crevaient la dalle ouais ! »
A venir rôder autour des villages…
« Des bêtes affamées, prêtes à tout… »
Mais qui avaient encore assez d’instinct de survie pour fuir l’homme.
« Ce village ne devrait pas être vide… »
Nous aurions du croiser quelque chose…
« Une loup affamé, des empreintes, les signes d’un passage… »
Quelque chose…
« Mais si il n’y a rien, pas un signe… »
Pas un trace…
« Cela signifie que… »
Cela doit vouloir dire que…
« KAKASHI foutu imbécile ! »

Sa main agrippa le bras d’Hijo et il projeta brutalement le chuunin stupéfait dans une encoignure de porte. Fit volte-face, repoussa l’anbu le plus proche dans l’ombre d’un toit, se jetant lui-même en avant. Un roulé-boulé, il atteignit l’abris d’un portique. Juste à temps.
Des centaines de sifflements stridents réduisirent le vent en lambeaux et de fines aiguilles de glace s’abattirent du ciel rebondissant sur le sol gelé, s’y brisant dans un bruit de tonnerre. Un anbu cria, ramenant contre sa poitrine son bras transpercé.
Les fenêtres barricadées explosèrent. Les portes des chaumières désertées s’ouvrirent avec fracas.
Un rugissement s’éleva de toutes les ruelles à la fois.
Des armes étincelèrent. L’anbu blessé se mit à jurer.
Une embuscade ! Merde !
OHIRA, ESPECE DE… !



* * * * * * * * * * * * * * *



Hashika…
Teshiro inclina la lame captant un rayon de soleil qui s’y refléta, signal muet mais bien visible pour qui chercherait à le voir. Et quelqu’un, là-haut sur la colline opposée, attendait avec impatience ce signal.
Il recommença l’opération. Une fois, deux fois, trois fois.
Puis rengaina le sabre. Il avait la tête lourde et sentait venir les prémices d’une épouvantable migraine. Il l’accueillerait presque avec reconnaissance.
Ne pas penser.
Surtout ne penser à rien.
Tout serait bientôt terminé. Enfin.
Tu ne peux pas faire cela. Si tu lui livres le garçon, tu seras perdu. Définitivement perdu.
Il était déjà perdu. Il ne voulait pas y penser.
Ne pas y penser.
Ne surtout pas penser au garçon.
Même si c’était difficile, voire impossible avec les yeux de celui-ci sans cesse posés sur sa nuque. Des yeux durs et tristes où il avait pourtant pu lire de l’horreur, de l’horreur et de la pitié. Il était perdu lui aussi, perdu dans une mer de ténèbres, loin de tous rivages, trop loin, beaucoup trop loin pour trouver même le courage de tenter d’atteindre la côte.
Je ne sais pas. Je ne veux pas savoir.
Je veux que cela finisse.
Juste que cela finisse…
Kydash
Chunnin
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Message par Kydash »

bon chapitre qui m'a fait sourire plus d'une fois car cela appuie les thèses sur lesquelles je m'étais lancé il me semble, lors de ma dernière review.
Les missions d'Ohira et Teshiro vont enfin connaitre leur point de jonction, ce qui en soit est très bien et l'arrivé des anbu pour en venir au secours de la team 7 arrive à point nommé avec un excellent pov de musachi mais de mon avis personnel,
Je continue à dire que tu ne devrais pas faire tant d'ellipse sur les personnages d'une même team. Naruto et hijo ont ecnore étaient à peine mentionné sur ce chapitre. Je pense que tu aurais pu leur donner une meilleure dimension, car je sais que tu es capable de rendre charismatique tes personnages et que c'est un tord de les faire passer sous silence. a mon avis, et sans prendre le risque de faire du hors sujet, cela aurait été interressant de faire monter le suspence un peu plus en montrant la scène de leur point de vue (comme celui avec hijo lors du dernier chapitre).
Mon idée serait que tu offres une certaine présence un peu plus significative qu'a des illusions.

Enfin voilà quoi, sinon j'aime vraiment beaucoup cette fic et je tiens a reconnaitre ton énorme talent ;).
(par contre, tu m'a fauché une part de mon idée sur un de mes perso m'enfin c'est pas grave. ;).

Bonne chance et a bientot ;)
Tayuya
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Message par Tayuya »

SOMPTUEUX !!! magnifique ! sublime ! j'ai a-do-rééé !! l'intervention des anbu est superbement menée, je n'arrive même pas exprimer toute mon admiration...
en gros, le POV de kakashi, la description des anbu et leur mentalité, l'attaque aussi soudaine que "prévisible", le suspens... alala... vivement la suite, vivement la suiiiite
ton meilleur chapitre, ou au moins mon préféré !
Jainas
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Message par Jainas »

avant toute chose : mdr le capitaine anbu... :grin:


Les choses serieuse commencent ? :twisted:
Le pov de Kakashi est très bon aussi, comme toujours, (et une mention spéciale pour le Gai miniature... ainsi que pour l'éclaire de génie d'Hijo ^^ :D )

Cela dit je rejoint un peu Kydash, certains persos ont tendance à être un peu beaucoup abandonnés quand ils n'ont pas de pov (mais je connais le même problème, donc je compaties, pour le moment je n'ai pas trouvé de solution tout à fait satisfaisante).
Oh, et peut être ce chapitre traine t'il peut être un peu inutilement en longueur, j'ai eu de petites impressions de lourdeur... Mais bon.

Ta revieweuse préférée ;-)
vampire-master
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Message par vampire-master »

Meuh non je ne t'avais pas oubliée. ^^
Juste que les chapitres se sont accumulés et il me fallait du temps pour rattraper mon retard. :lol:

Bien attaquons ce chapitre.
Chapitre dédié à Vampire-Master, l'enfant prodigue
:happy: :banane: Alors avec ça, ce chapitre ne peut être qu'excellentissime. 8-)

Un peu de sérieux. Très bon chapitre, tous les éléments commencent à se raccorder entre eux. En même temps, je t'avoue que c'est chiant de passer derrière Kydash parcequ'il cerne bien les choses et raconte tout ce que j'avais l'intention de dire, le bougre. :lol:
Alors comme ça a été dit, tu ne devrais pas passer autant à la trappe certains persos, et notamment Naruto et Hijo qui ont du gros potentiel d'exploitation. ;-)
J'ai trouvé quelques longueurs aussi dans ce chapitre, mais rien de bien grave.
C'est toujours aussi bon, continue.

ps : mention spéciale au Gaï inside Kakashi, trop bon. Je crois que j'avais oublié de te le dire la dernière fois.^^
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Arakasi
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Message par Arakasi »

Wow... Quatre reviews en une soirée! :grin:

Tout d'abord grand merci à tous les revieweurs!
Pour les remarques sur les POV zappés, je plaide coupable...
C'est vrai que j'ai eu tendance à zapper pas mal de persos dans ce chapitre, plus leur nombre augmente, plus c'est difficile à gérer. Et c'est un défaut de cette fic, cela se remarquerait peut-être moins si la parution des chapitres n'était pas si espacée. Mais je tenterais de m'arranger pour les prochains chapitres.
Le suivant risque d'être particuliérement euh... mouvementé. Comme vous l'avez probablement déjà deviné. Le rythme va devoir terriblement s'accélerer le temps de ce chapitre, Je me pencherais sur tous les persos en scéne pour garder ce rythme.
Aie Aie Aie!
Je sens qu'il va me faire suer celui-là...

Vampire-master/ Jainas:
Pour les longueurs, je crois que je vois ce que vous voulez dire. Certains passages sont passés comme des lettres à la poste au moment de l'écriture (Musachi et ses hommes par exemple ou le moment de l'embuscade), d'autres ont été plus poussifs, particuliérement la discussion entre Kakashi et "ce petit con de Gabanju" qui n'aurait pas du être aussi longue.

Hachement contente que Musachi et sa bande vous aient fait rire! Je voulais introduire un peu les anbus dans cette histoire et j'ai décidé de me taper un petit délire avec leur capitaine. Les passages d'humour risquent de se rarifier, vu la direction prise par cette fic, Musachi est venu à point pour me permettre de redonner un petit coup fouet niveau humour.

Kydash:
par contre, tu m'a fauché une part de mon idée sur un de mes perso m'enfin c'est pas grave. ;).
Pourquoi tout le monde m'accuse de piquer des idées non-publiées??? :cry: C'est pas juste, c'est moi qui devrait crier au vol! :lol:

Tayuya:
Que dire devant une telle review?
Merci! :bizou:
Dernière modification par Arakasi le ven. 24 mars 2006, 18:02, modifié 1 fois.
lebibou
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Message par lebibou »

Je vais faire simple pour commencer.

Je suis jaloux de ton capitaine Musachi ! Ce personnage m'éclate et c'est avec plaisir que j'ai lu le début de ton chapitre, le capitaine réussissant à animer la scène avec ce simple personnage bourru et grande gueule. (Comment ne pas aimer un personnage qui quitte 10 fois son poste, dont une fois pour harcelement sexuel, et qui le reprend autaut de fois ?)

Tu as bien retranscrit l'ambiance froide de cette univers enneigé.
Cette fois, c'est un chapitre blanc. (Me demandez pas pourquoi je compare les chapitres à des couleurs…) Mais je pense que si il est blanc, c'est pour que le rouge ressorte mieux aux prochains chapitres non ?

Bon, je vais te faire un reproche que l'on t'a déjà fait, c'est que le Naruto, sur l'ensemble de la fic, il est quasi inexistant. Assez marrant quand on sait que c'est l'objectif de Ohira.
Ce n'est pas vraiment grave quand on y réfléchit, mais je trouve ça dommage.
Oh, et j'ai un peu tendance à plus souvent mettre en scéne les personnages dont la psychologie me plaît, mais qui pourrait vraiment me le reprocher? ^ ^
Tout ceux qui voudrait voir la psychologie des personnages dont tu ne parles pas, non ? ^^
ils ont du talent,
Celui de Naruto ne serait il pas d'être le porteur d'un renard de dix mètres de haut, avec neuf queues et des envies de meurtre à ne plus savoir qu'en faire ?

La seconde partie du chapitre est un plus poussive, ce qui n'est pas un mal en soi, sachant que de toute façon, il faut bien que tout soit mis en place avant le début du big fight.

Bonne chance pour la suite.
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Arakasi
Gennin
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Message par Arakasi »

Ouf... Chapitre bouclé et il n'a pas été facile à écrire. Mais j'espére bien que vous aprécierez et j'attend vos commentaires.
Tu as bien retranscrit l'ambiance froide de cette univers enneigé.
Cette fois, c'est un chapitre blanc. (Me demandez pas pourquoi je compare les chapitres à des couleurs…) Mais je pense que si il est blanc, c'est pour que le rouge ressorte mieux aux prochains chapitres non ?
Brillante déduction et qui va bien se vérifier! :lol:

Chapitre trés peace and love comme vous vous en seriez surement douté... Mais je me calmerai un peu sur les suivants, un peu...
Bonne lecture!

CH14 : Juste un jeu.




Il tremblait.
Un frémissement constant, nerveux qu’il n’arrivait pas à contrôler. Dans une vague tentative pour le dissimuler, il croisa les bras contre sa poitrine, les mains enfouies sous les aisselles, les genoux recroquevillés. Il ne voulait pas qu’ils s’inquiètent pour lui, et surtout pas elle. Il ne voulait pas attirer la pitié et encore moins les regards, car les regards faisaient mal, si mal. Même maintenant, même alors qu’il devait pourtant leur avoir prouvé dix fois, cent fois, sa valeur, les regards continuaient à faire mal.
Il avait pourtant essayé, tellement essayé, essayé à s’en briser le corps, à s’en déchirer le coeur…
Leur prouver qu’il pouvait être fort.
Leur prouver qu’il pouvait être brave.
Être un ninja.
Être un homme.
Être l’un des leurs.
Mais il avait échoué. Tous les regards trop vite détournés qu’il croisait, tous les mots chuchotés sur son passage, tous les sourires forcés, les rictus de peur rapidement dissimulés le lui clamaient à la face. Il y avait bien quelques regards chaleureux, des mains tendues, quelques vrais sourires mais ils étaient si peu nombreux face à la marée de méfiance et de haine aveugles. Si peu nombreux… Trois ans auparavant, il avait cru voir enfin une lueur d’espoir, une lumière au bout du tunnel. De nouveaux sourires avaient illuminé sa vie, le monde s’était enfin éclairci : Iruka-sensei et ses offres plus ou moins spontanées de ramens, Sakura-chan et ses éclats de colères, Kakashi-sensei et ses ricanements étouffés , Ero-senin, Hinata et les autres, tous les autres…
Et puis toi, bien entendu. Toi avant tout, peut-être.
Toi qui ne m’a jamais rien dit. Toi qui n’a jamais voulu me laisser partager ta peine. Toi, toujours arrogant, toujours silencieux. Toi qui, mine de rien, m’a tendu la main au dessus des abîmes de la solitude. Toi qui m’a accepté.

L’espace d’une année, il s’était senti entouré, admis. Aimé. Et puis tout avait basculé brusquement, soudainement. Sasuke avait fui, abandonnant Konoha, abandonnant l’équipe sept, les abandonnant tous, fui pour ne jamais revenir. Mais il n’avait pas lâché prise, il n’avait jamais cessé de croire car malgré l’affrontement, malgré les paroles glacées et haineuses échangées, il était toujours vivant et cela devait avoir une signification. Il voulait croire à cette signification, car reconnaître que tout cela n’avait peut-être aucun sens, une simple erreur, une négligence, signifiait la fin de cette période d’espérance, le retour des ténèbres, la fin de tout ce qu’il avait si durement gagné.
Pendant trois ans, il s’était entraîné et il avait espéré.
Mais depuis une semaine, le doute s’était incrusté dans son cœur, sournois et discret, puis de plus en plus présent, de plus en plus insistant :
Ne le sens-tu pas ? Ne le sais-tu pas ? Tu t’en doutes bien, pourtant… Tu t’en doutes mais tu n’oses te l’avouer… Peur de l’avenir, petit lâche ? Peur d’affronter la vérité ?
Il te hait.
Tu as tenté de lui arracher sa vengeance, de le détourner de ses buts, de contrôler sa vie, il t’as hait pour cela et au fond n’était-ce pas compréhensible ? Qui étais-tu pour décider à sa place ? Et ce n’est pas seulement pour cela qu’il te hait à ce point… Avant tous les autres, avant tous tes prétendus amis, il a su. Il a su ce que tu étais réellement.
Monstre. Démon.

Il serra plus fort les bras autour de son torse, secouant doucement la tête, puis avec plus de véhémence. Il savait, il savait bien que ce n’était pas le cas, que Sasuke…
Vraiment ? Mais qu’en sais-tu ? Ne les sens-tu pas, ces regards ?
Regardez les bien ces fiers anbus. Ne vois-tu pas qu’ils détournent rapidement les yeux quand par erreur ils les posent sur toi ? Que cachent ces regards ? Du dégoût, du mépris, de la haine, de la peur ? Tu le sais bien pourtant, tu le sais, petit lâche… Observe-la bien ta très chère amie, ta compatissante Sakura-chan. Tu vois, elle baisse les yeux… Qu’a-t-elle peur que tu y lises ? De l’inquiétude ? De l’inquiétude pour qui ? Pour toi, crois-tu ? Ou pour elle… Elle a peur elle aussi, elle te craint. Et qui ne te craindrais pas ? Elle ne sait pas oh oui ! Elle ne sait pas mais elle se doute. Et quand elle saura…
NON ! Je n’y crois pas ! Ce n’est pas VRAI !

Il prit soudain conscience d’une douleur vive et abaissa ses bras, fixant d’un œil incrédule ses ongles tachés de sang. Ses doigts repliés en griffes avaient labouré la chair délicate de ses aisselles à travers même le tissu de la tunique orange, traçant des sillons rouges et douloureux. Il se força au calme, à apaiser sa respiration haletante. Ces pensées ne pouvaient venir de lui, il n’en avait jamais eu de tel.
Quelque chose tentait de se glisser en lui, quelques chose de noir, de malsain. Un long frisson le parcourut. Kyubi ? Kyubi, est-ce toi ?
Mais non, cela venait d’autre part, en partie du démon mais pas seulement.
De l’homme assis au bord de la falaise, de l’homme au sourire froid, de l’autre prédateur. Sous ses yeux, Ohira se releva et s’étira voluptueusement.
Et d’Hashika, du village lui-même, d’où semblaient monter en tourbillonnant, portés par le vent d’hiver, sentiments de haine, de rage et quelque chose d’autre, d’infiniment plus noir, d’infiniment plus mauvais.
- Naruto ?
Il sursauta violemment et la jeune fille qui se penchait vers lui eut un mouvement de recul instinctif. Sakura hésita puis lui sourit, presque timidement puis avec plus d’assurance.
- Je pense qu’il serait temps que nous parlions un peu, tu ne crois pas ? dit-elle sur un ton plutôt autoritaire.
Il ne réagit pas, la fixant d’un regard vide.
- Je pense… Oh et puis merde ! Naruto ! cracha-t-elle. Tu commences franchement à me taper sur les nerfs ! Si tu as un problème, tu sais très bien que tu peux m’en parler. Pourquoi faut-il toujours que tu te conduises comme un idiot obstiné et…
- Nous n’aurions pas du venir ici.
Il avait parlé d’une voix blanche, à peine plus forte qu’un murmure. Elle fronça les sourcils.
- Qu’est-ce que tu…
- Nous n’aurions pas du. Ce village… Tout est pourri par ici, pourri et mauvais. Nous n’aurions jamais du…
Elle le saisit par l’épaule, plongeant ses yeux émeraudes dans les siens au regard trop fixe :
- Naruto, tu…
Des hurlements explosèrent dans les rues d’Hashika en contrebas. Tout deux firent volte-face. Les anbus bondirent sur leur pieds, leur chef se précipitant vers le point de vue le plus proche. Un nuage de glace s’abattait sur le village à leurs pieds et les cris s’élevaient, de plus en plus forts malgré la distance.
Sans un regard pour ses gardiens ou pour le drame qui se jouait en bas de la colline, Meiyamoto Ohira se dirigea d’un pas lent et assuré en direction du capitaine anbu et s’immobilisa à ses côtés.





- Hééééé… Il semblerait que Hatake-san et vos hommes rencontrent quelques problèmes, hein ? Fichtrement dérangeant pour vous, pas vrai ?
Les cinq shinobis sursautèrent à l’unisson. Sakura sentit l’épaule de Naruto se tendre sous sa main, alors que le jeune blond semblait se recroqueviller un peu plus sur lui-même, ses yeux bleus légèrement exorbités fixés sur Ohira.
L’officier gronda et saisit l’homme par le devant de son kimono, l’attirant vers lui d’un geste brusque.
- Vous saviez ! rugit-il. Vous saviez pour ces hommes ! Comment… Qu’est ce que cela veut dire ?
Pour seule réponse, l’autre ne lui adressa qu’un large sourire muet.
Une main crispée agrippa un kunai.
Les anbus se penchèrent légèrement en avant, adoptant des postures d’attaque, alors que leur chef plaquait une lame contre le ventre d’Ohira.
- Vous saviez… Et vous nous avez mené droit dans un piége ! Si vous ne me dites pas immédiatement la raison de cette plaisanterie, je vous jure que je…
- Dans le mille ! gloussa joyeusement celui-ci.
- HEIN ? Que… ?
Le sourire de son vis-à-vis s’élargit, lui fendant presque le visage d’une oreille à l’autre, alors qu’il répétait :
- Dans le mille. Vous êtes très doué ! C’est exactement cela : une plaisanterie, rien qu’une bonne plaisanterie. Continuez à voir les choses ainsi et nous pourrons vraiment nous amuser !
- Vous vous foutez de moi, gronda l’anbu. Vous…
- Absolument pas. Ce n’est pas ma faute si les ninjas de Konoha semblent souffrir d’un manque désespérant d’humour…
Le ninja poussa un cri de rage incohérent, frappa l’homme de son poing droit. Du moins le tenta.
Meiyamoto se dégagea d’une torsion, évitant la lame acérée.
Un mouvement rendu flou par la vitesse. Sakura ouvrit la bouche pour crier un avertissement. Trop tard, un quart de seconde trop tard. Le cri de l’anbu se mua en un gargouillement étranglé alors qu’une main semblable à une serre agrippait son cou, broyant sa gorge.
Les yeux exorbités, le ninja rua, tenta d’hurler, de se dégager. Il lutta pour respirer, le corps agité de soubresauts.
Ohira commenta d’une ton léger et raisonnable, le ton tranquille presque affectueux d’un homme adulte réprimandant gentiment un enfant trop espiègle :
- Bah… Vous avez tort de le prendre comme cela. C’est un jeu, vous dis-je, rien qu’un jeu. Cela ne vous fait toujours pas rire ? Bien dommage…
Les doigts enfoncés dans la gorge de l’anbu se resserérent leur étreinte et du sang commença à sourdre entre les phalanges. L’officier râla. Les deux anbus restants bondirent en avant. Mais il ne leur laissa pas le temps d’intervenir, ni à sa victime celui de saisir l’arme accrochée à sa hanche que sa main tâtonnante tentait désespérément d’agripper.
Un feulement rauque plus proche de l’animal que de l’homme. Une gerbe de sang éclaboussa d’écarlate le kimono immaculé.
Le cadavre du shinobi vibrant encore du souffle de la vie fut projeté nonchalamment sur le côté, la gorge à moitié arrachée.
L’estomac de Sakura se révulsa. Un anbu lâcha un étrange petit bruit étranglé à mi-chemin entre le gémissement d’angoisse d’un enfant apeuré et le bruit d’un adulte ravalant difficilement la bile qui lui monte à la bouche, dans tous les cas peu commun pour un ninja confirmé. Naruto, silencieux et figé sous sa main, ne montra aucune réaction visible.
Ce qui pivota enfin vers eux conservait toujours l’apparence d’un homme, mais le visage, les yeux brûlants qui leur firent face n’avaient plus rien d’humain.
La chose gronda doucement.
Les dévisagea tour à tour de ses yeux rouges et déments.
Puis sourit.
- Jouons.



* * * * * * * * * * * * * * * *



Une brûlure vive à la joue.
Kakashi bondit en arrière, réprimant une brusque envie de jurer. Il n’avait pas été assez attentif, une erreur impardonnable pour un shinobi de son expérience. Pendant une demi seconde il avait hésité, une réaction vraiment stupide. Pendant une demi seconde, devant le regard soudain agrandi par la peur de son jeune, trop jeune adversaire, il avait hésité, avait retenu un coup sûr.
Vraiment stupide.
L’autre avait évidemment profité de la situation : ce petit salaud avait bel et bien essayé de l’éborgner !
A croire que Gai avait raison quand il affirmait qu’il baissait… A croire que s’occuper d’adolescents en crise l’avait amolli, rendu sentimental. Un comble vraiment…
Le champ de bataille ne laisse pas de place aux sentiments, aux remords, aux hésitations. On peut tenter de comprendre l’ennemi, tenter de pardonner, tenter de vivre une vie à peu prés correcte, tenter au fond d’être « un type bien ». Une fois rentré chez soi, une fois le sang et la crasse partis avec l’eau de la douche, le ventre plein, l’esprit non pas apaisé mais au moins endormi pour un temps, on peut tenter d’être humain.
Mais au milieu du combat, toutes les priorités s’inversent. Quand de toutes parts, des adversaires se ruent sur vous. Quand chaque mouvement, chaque clignement de paupières, chaque hésitation comptent. Quand le monde s’emplit de fureur. Quand la peur vous prend à la gorge. Quand à chaque instant la mort penchée sur votre épaule frôle de son souffle froid votre nuque, que ses mains glacées effleurent vos cuisses et votre dos, angoissante. Incroyablement excitante.
Alors, les choses devenaient simples, d’une simplicité extrême presque réconfortante. On en revenait toujours au bon vieux axiome, celui que tout ninja connaissait sans même que l’on n’ait jamais eu à l’enseigner. Celui que ni sans père, ni sans sensei, ni même Obito ne lui avait jamais appris, qu’il avait du comprendre seul comme c’était le cas de tous les shinobis depuis des générations :
Tue avant d’être tué.
Kakashi se laissa tomber un genou à terre, main gauche plaquée au sol, la main droite fendant l’air. Se jeta sur le côté, évitant une volée de shurikens, cadeau d’un nouveau adversaire impatient de se mêler à la partie, au moment le sort de dôton s’activait.
Son premier agresseur poussa un glapissement quand le sol se déroba sous ses pieds, l’enfouissant jusqu’à mi-poitrine.
Rouler, se redresser en appui sur le bras droit, faucher les jambes du second petit malin, lui trancher la gorge avant qu’il n’ait eu le temps de toucher le sol.
Et d’un.
Sauter, atterrir sur les épaules du premier adversaire, éviter un coup de lame en direction de sa cheville. Pas le temps de prendre une arme. Il saisit le jeune ninja par les cheveux, lui faisant redresser la tête et frappa violemment sa nuque. Le cou du jeune homme se brisa dans un craquement sinistre.
Et de deux.
Cela n’avait rien de glorieux, rien de propre, rien d’honorable. Kakashi pourrait se dégoûter après coup, une fois face à ses propres œuvres meurtrières, il pourrait avoir envie de vomir sur lui-même et sur le travail qu’il accomplissait. Il le ferait sûrement. Mais pas pour l’instant.
Pour l’instant, il avait trop à faire, trop à penser, à juger.
Ils étaient trop nombreux, peut-être pas d’un niveau exceptionnel bien que largement supérieur à celui des pauvres types qui les avaient attaqué la veille, mais bien trop nombreux. Pour deux ninjas ennemis expédiés, trois nouveaux apparaissaient. Même lui ne pourrait pas tenir longtemps à ce rythme. Il avait réussi à éviter une blessure vraiment handicapante, mais n’était pas resté intact pour autant. Le jounin pouvait sentir le sang chaud dégoulinait le long de son bras droit, ainsi qu’un humidité désagréable au niveau de sa cuisse, sans parler de la démangeaison juste en dessous de son œil gauche. Rien de bien grave, mais tôt ou tard l’un d’eux se montrerait plus rapide que les autres, aurait de la chance ou Kakashi baisserait sa garde ne serrait-ce qu’un instant…
Comment tous ses hommes avaient-ils pu lui cacher leur chakra ? Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Tu ne le sauras jamais, si tu ne survis pas, si tu ne reviens pas pour faire cracher la vérité à Ohira… Cerné par l’ennemi, la vue bouchée pas les bicoques, il n’arrivait plus à distinguer les anbus et encore moins Hijo. Oh bon sang, pourvu qu’il ne soit rien arrivé à cet andouille… Qu’il soit au moins encore en un seul morceau…
Il n’appréciait pas particulièrement le chuunin, mais Hijo était son équipier, en tant que tel il ne le laisserait pas périr. Si il avait la possibilité de lui venir en aide, bien entendu…
Des cris s’élevaient des ruelles voisine mais Kakashi aurait été bien en peine d’y distinguer une voix connue.
Une femme poussa un hurlement.
Il releva la tête en sursaut, dérapa sur la neige boueuse, évita de justesse un coup de pied qui lui aurait fracassé la mâchoire, ne parvint pas à garder tout à fait son équilibre et tomba à la renverse. Le jounin roula sur le sol se couvrant abondamment de boue, une pluie de coups s’abattant là où s’était trouvée sa tête une seconde auparavant.
Sakura. Naruto.




Mais bordeldemerdedeputaindebordeldemerdedeDieuàlacon qu’est ce que je fous ici ???
Le psychopathe souriant, les brigands, les anbus et maintenant ce foutu village rempli à craquer de tueurs, tous décidés à lui arracher la tête des épaules. La seule chose réconfortante dans toute cette histoire était qu’ils avaient probablement fini par toucher le fond, difficile de descendre plus bas même en faisant beaucoup d’efforts dans ce sens. D’un autre côté, Hijo conservait la bonne vieille certitude que le pire restait encore à venir. Les pires ennuis arrivent toujours par légion.
Probable que les dieux trouvent cela bien plus marrant.
Pour l’instant, Hijo se trouvait assez loin de toute préoccupation métaphysique. Une seule occupation l’absorbait entièrement : paniquer.
Contrairement aux idées reçues, le jeune ninja avait toujours considéré la panique comme un facteur déterminant de survie. Presque un art de vivre, ou de survivre. Le monde se divisait à ses yeux entre deux genres de personnes : celles qui, face à un tigre rugissant, gardaient tout leur sang-froid et lui servaient du « minou, minou » en lui chatouillant les crocs et celles qui paniquaient. Hijo avait toujours opté pour la solution la moins suicidaire.
Pas très glorieux pour un ninja, certes, mais il valait sûrement mieux être un shinobi de Konoha en mal de gloire qu’un shinobi de Konoha déchiqueté à coups de griffes.
La panique réveillait des ressources cachées chez Hijo, « bien cachées » auraient même ricané certains, mais le fait demeurait, il avait survécu à la plupart des situations de crise de sa courte vie en perdant les pédales.
Il zigzagua entre les maison croulantes qui semblaient trembler sur leur base, cherchant désespérément un abris quelconque où il pourrait au moins tenter de reprendre son souffle. Ce n’était pas vraiment une fuite, non… Plutôt un repli stratégique. Un toit explosa au dessus de sa tête, une pluie de tuiles et de neige s’abattit sur lui, alors que deux hommes atterrissaient devant son nez.
- Hey hey ! Où tu t’imagines foutre le camp comme ça, p’tit gars ? grogna le premier. Tu vas tout de même pas nous fausser compagnie sans même dire « au revoir », non ?
Son compagnon ricana et surenchérit :
- Pas très noble pour un brave ninja de courir se planquer en laissant tomber ses amis, tu trouves pas ?
Hijo réussit à s’empêcher de geindre et s’appuya des deux épaules contre une paroi de pierre, cherchant au désespoir une réponse quelconque. Un « Euh… On pourrait peut-être en discuter ? » ne lui parut pas très indiqué, la discussion n’entrait clairement pas dans les projets des deux armoires à glace qui lui faisaient face. Le premier ninja se rua à l’attaque. Il ne prit même pas la peine d’activer un sort de genjutsu et se jeta sans prévenir sur le chuunin.
Hijo paniqua.
Il saisit au dernier moment le poignet de son agresseur.
Plaqua sa main droite contre la pierre.
Bredouilla quelques mots.
Ferma les yeux avec un glapissement de frousse.
Tira en se jetant sur le côté.
L’autre poussa un cri qui fut brusquement coupé.
Hijo rouvrit les yeux.
Le second ninja considérait la scène, bouche béante, œil écarquillé, fixant Hijo avec stupeur, fixant surtout en fait ce qui restait de son camarade. Le chuunin jeta lui-même un regard au malheureux et gémit. Puis il prit une profonde inspiration et pointant un doigt tremblant sur son dernier adversaire, hoqueta :
- Je… Je… Je ne veux pas vous faire de mal. Et si… Si on en restait là, hein ?


* * * * * * * * * * * * * *


Un anbu hurla, quelque chose traversa son champ de vision en tournoyant projetant aux alentours un jet écarlate. Un bras ? Une jambe ? Il ne bougea pas.
Sakura cria.
La jeune chuunin percuta un arbre et s’effondra, crachant du sang. Du sang se mêlait également aux cheveux roses là où sa tête avait frappé l’écorce. Son cœur s’emballa mais il ne réagit pas.
Des bruits de chocs, un éclat de rire rauque et mauvais.
Un jet chaud éclaboussa son dos et sa nuque, alors que Naruto se recroquevillait un peu plus, à moitié inconscient du reste du monde. Les mains crispées sur son visage, luttant contre la douleur effroyable, contre la terreur, contre ce qui montait en lui à la vitesse d’une marée.
Kyubi rugissait.
Le démon luttait pour se libérer, déchirant son hôte de l’intérieur.
Il sentait les crocs invisibles lui lacérer le ventre.
Ne bouge pas. Surtout ne bouge pas.
Il voulait leur venir en aide, il le désirait vraiment, il aurait donner n’importe quoi pour pouvoir le faire. Mais quelque chose d’autre, éveillé en lui par ce lieu, par l’odeur enivrante du sang, ne désirait qu’une chose : se joindre au massacre. Sentir lui aussi la chair se fendre sous ses griffes. Redevenir ce qu’il avait été. Ses propres pensées et désirs se mêlaient étroitement à ceux de Kyubi devenant presque indiscernables les uns des autres. S’il se mêlait au combat, s’il commençait à tuer…
Concentre toi. Calme toi. Peut-être que si tu réussis à reprendre suffisamment le contrôle, peut-être pourras-tu…
Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser que les bruits de lutte s’étaient interrompus. Une ombre tomba sur lui, il releva la tête. L’être qui se dressait devant lui émettait des vagues de chakra irrégulières, un chakra noir, malsain, aussi ancien que le monde lui-même , un chakra auquel répondait celui étrangement semblable de Kyubi.
Meiyamoto Ohira baissa les yeux et lui sourit.
- Peur de tuer, petit lâche ? gronda-t-il. Tu aurais du te joindre à moi. Un peu trop tard maintenant… Mais tu peux toujours regarder si tu veux, la fin du spectacle ne va pas manquait d’intérêt.


* * * * * * * * * * * * *



Hijo déboula au croisement de deux ruelles et s’immobilisa le souffle haletant, cherchant désespérément un allié du regard. Il soutenait de la main droite son bras gauche blessé. Sa menace plutôt piteuse n’avait pas eu l’effet désiré, et il avait bien fallu se battre. Il n’aurait vraiment pas pu dire comment il s’en était tiré exactement, mais il était toujours vivant. Quant à son adversaire… Eh bien, peut-être valait-il mieux pour lui être mort. Hijo n’avait pas eu le courage de vérifier. Dieu, qu’est ce qu’il détestait faire cela !
Les combats continuaient dans les ruelles adjacentes. Une fois encore, il avait été ignoré à la fois par ses alliés ayant d’autres chats à fouetter et par ses ennemis trop occupés à tenter d’assassiner lesdits alliés. Il ne savait plus trop s’il devait s’en réjouir ou pleurer sur son sort. Il soupira, rassembla sa maigre réserve de courage. Bon, tu es un ninja de Konoha, un chuunin bordel ! Les ninjas de Konoha n’abandonnent pas leur coéquipiers, même quand ceci semblent oublier complètement leur existence. Alors bouge tes fesses et prouve-leur que tu n’est pas une limace apathique. Il s’imagina venant en aide à Kakashi Hatake et trouva l’idée si comique qu’il lâcha un petit ricanement nerveux.
Un bourdonnement étrange et soutenu s’éleva de l’arrière d’une habitation. Il tendit l’oreille, cela ne ressemblait à aucune technique qu’il connaisse. D’un autre côté, tes connaissances sont un petit peu limitées mais bon… Il n’aimait pas ce bruit. Sans même pouvoir l’identifier, il était sûr qu’il sous-entendait quelque chose de désagréable, voir d’extrêmement désagréable. Deux solutions s’offraient à lui : prendre ses jambes à son cou et filer le plus loin possible de la source du bourdonnement ou aller jeter un coup d’œil.
Il alla jeter un coup d’œil.
Il mettrait plus tard cette décision sur le compte d’une brusque montée de pulsions suicidaires, ce qui peut au fond arriver à tout le monde. Mais peut-être y avait-il une autre raison : une curiosité un peu malsaine, la fascination bizarre qu’exerçait ce bruit étouffé pourtant angoissant.
A l’arrière de la chaumière, se dressait un petit autel, d’apparence plutôt vulgaire, une grosse dalle posé sur deux pierres mal taillées. Mais l’ensemble dégageait une impression sinistre, presque morbide. Hijo remarqua des tâches sombres et brunâtres qui maculaient la pierre et il grimaça. Le bruit semblait émaner de l’autel lui-même agité d’une étrange vibration.
Une vibration presque vivante.
Soudain, foutre le camp le plus vite possible lui sembla une option tout à fait envisageable.
Ce village empestait. Il suppurait. Rien n’y était normal et ce « truc », quelle que soit sa fonction, était pire que tout le reste.
Des cris de rage retentirent et avant qu’il ait pu se mettre à l’abris, une tornade aux cheveux gris et à l’œil rouge étincelant dégringola du toit, amenant à sa suite un bon paquet de neige qui s’écrasa_ comme par hasard_ sur Hijo embusqué et trois ninjas surexcités. Kakashi se releva souplement, engloba la scène du regard et commenta d’un ton plutôt calme au vu des circonstances :
- Toujours vivant ?
Puis il fronça les sourcils :
- C’est quoi ça ?
Deux secondes plus tard, les cinq combattants, agresseurs y compris, écarquillèrent les yeux.




Sakura reprit connaissance.
Elle tenta de bouger la tête et ne put retenir une exclamation de douleur. Son crâne avait frappé de plein fouet une branche basse, la plongeant pour quelques minutes dans l’inconscience. L’esprit embrouillé, elle essaya de se remémorer ce qu’avait bien pu lui dire Shizune sur les traumatismes crâniens.
Sa vision s’éclaircit.
Un homme pendu la tête en bas la regardait d’un œil vide et mort. Le masque blanc à moitié arraché laissait voir son visage lacéré, le reste de son corps était coincé dans les branchages de l’arbre qu’elle avait percuté. Elle rendit pendant quelques instants son regard au cadavre, horrifiée mais incapable de détourner le regard. Les souvenirs des dernières minutes lui revinrent enfin.
Elle déglutit, abaissa les yeux.
A quelques mètres d’elle, le responsable du massacre toisait Naruto. Son ami levait un regard bleu exorbité sur l’homme_ le monstre ? La bête ? Elle ne se rappelait pas l’avoir vu se battre. Pourquoi n’attaquait-il pas ? Pourquoi ne tentait-il pas de tuer cet homme ? Il avait vu le massacre, avait vu les trois anbus se faire violemment mettre en pièces mais il n’avait pas réagi. Pourquoi ?
Ohira se détourna avec un ricanement, remarqua la jeune femme et lui adressa un clin d’œil :
- Réveillée jeune fille ? Je vous en prie, vous pouvez regarder aussi. Je suis sûr que cela vous plaira.
Le contraste entre le geste familier, le ton amical et le regard écarlate complètement fou l’horrifia peut-être plus encore que les anbus assassinés ou l’atonie de Naruto.
Meiyamoto s’approcha du bord de la colline, laissant son regard tomber sur le village où les combats se déroulaient toujours. Il fit quelques pas à gauche, puis à droite, cherchant quelque chose. Il s’immobilisa au pied d’un conifère et posant un genoux à terre et sans un regard pour les deux jeunes gens, écarta la neige de ses mains nues. Une dalle de pierre sombre apparu sous la couche givrée.
L’homme posa sa main couverte de sang encore chaud sur la pierre et macula de rouge la surface rugueuse, marmonnant d’une voix basse des paroles incompréhensibles.
Il releva la tête.
Le sol se mit à trembler.


Des flammèches de chakra noir dansaient sur la surface du l’autel comme agitées par un vent inexistant. Des formes noires et tordues semblaient s'agiter au milieu des flammes qui grandissaient, s’épanouissaient de plus en plus, couvrant bientôt tout l’édifice de pierre et léchant le sol glacé.
Un des ninja ennemis laissa échapper un bruit apeuré et commença à reculer à pas lents vers la ruelle la plus proche.
Cinq regards fascinés et ahuris suivaient cet étrange spectacle, leurs propriétaires oublieux pour quelques instants de leur propre combat.
L’œil rond, Kakashi fixait l’autel.
C’est quoi…


La terre commença à vibrer. Hijo agrippa par réflexe le bras de son supérieur. Celui-ci n’eut aucune réaction, n’essaya même pas de se dégager.
Le chuunin se demanda brièvement si flanquer une baffe à un jounin pour le ramener à la réalité pouvait être considéré comme un acte d’insubordination.
Là, c’est VRAIMENT le moment de foutre le camp !


Ohira plaqua ses deux mains sur la dalle, souffla un dernier mot.


… ce bordel ?
Le chakra s’éleva dans le ciel en un tourbillon sombre et vaporeux.


Hijo paniqua.


Naruto hurla.


Ohira sourit.


Sakura entendit un grondement s’élever du ventre de la terre.
Et Hashika explosa. Une immense boule de feu embrasa les maisons branlantes, engloutissant agresseurs et agressés avec la même impartialité meurtrière.
Son souffle brûlant vint caresser les deux jeunes gens et l’homme agenouillé qui se redressa, le visage en sueur, et se mit à rire, d’un rire d’abord bas et grave qui prit rapidement de l’amplitude pour s’élever de plus en plus fort, de plus en plus sauvage, emplissant toute la valais à présent déserte de ses échos sinistres.


* * * * * * * * * * * * *

L'auteur a-t-elle une déclaration à faire?
Ben... Euh... Non.
Dernière modification par Arakasi le mar. 04 avr. 2006, 09:22, modifié 2 fois.
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